Graphie classique (alpin) : Toteis/Totes los/les/leis èssers umans naisson liures e egaus en dignitat e en drechs/dreits. Son dotats de rason e de consciéncia e si devon comportar los/les/leis uns amb los/les/leis autres dins un esperit/espirit de fraternitat.
Graphie mistralienne (alpin) : Tùteis/Tuches lous/les/leis èssers umans naichon/naisson libres e eigars/eigaus en dignita e en drechs/dreits. Soun doutas de resoun/reisoun e de counsciència e si devon coumpourtar lous/les/leis uns embé lous/les/leis autres dins/dien/den un esperit/eiperit de fraternita.
Graphie classique (niçois) : Toti/Toi lu èstres umani naisson liuri e egali en dignitat e en drechs. Son dotadi de rason e de consciença e si devon comportar lu uni ambé lu autri dins un esperit de fraternitat.
Graphie mistralienne (niçois) : Tóuti/Toui lu èstre umani naisson libri e egali en dignita e en drech. Soun doutadi de rasoun e de counsciènça e si devon coumpourta lu uni embé lu autri dins un esperit de fraternita.
Graphie classique (maritime/rhodanien) : Totei/Toei leis èssers/èstres umans naisson liures e egaus en dignitat e en drechs. Son dotats de rason e de consciéncia e si/se devon comportar leis uns ambé leis autres dins un esperit de fraternitat.
Graphie mistralienne (maritime) : Tóutei/Touei leis èstre uman naisson libre e egau en dignita e en dre. Soun douta de resoun e de counsciènci e si devon coumpourta leis un emé leis autre dins un esperit de fraternita.
Graphie mistralienne (rhodanien) : Tóuti lis èstres uman naisson libre e egau en digneta e en dre. Soun douta de resoun e de counsciènci e se devon coumpourta lis un emé lis autre din un esperit de fraternita.
Il existe une polémique sur le statut du provençal, simple dialecte ou langue à part entière au sein de la langue d'oc.
La création duFélibrige — qui s’institue commeacadémie — coïncide avec une forme de renaissance du provençal[5],[U 1] qui connait à partir de la seconde moitié duXIXe siècle et jusqu’auXXe siècle des travaux denormalisation orthographique qui aboutissent à la création de deux normes : l'une dite « moderne » ou « mistralienne » et l'autre dite « classique » car se voulant transdialectale, plus proche des graphies médiévales et ducatalan[6].
La part de provençalophones est difficile à estimer. Le provençal est classé par l’Atlas interractif UNESCO des langues en danger dans le monde comme langue en situation sévère d’extinction[9].
Tout comme l’emploi antérieur delimousin rappelait l’origine géographique des premiers troubadours,provençal peut se référer à la provenance de certains troubadours.Jean-Claude Bouvier pense qu’il s’agit d’une référence semi-consciente à l’ancienneProvincia Romana. Il voit aussi à travers cette appellation un besoin d’affirmer la romanité de cette culture et de cette littérature[13].
L’appellation « langue provençale » peut néanmoins servir de nom alternatif pour désigner la variété de langue d’oc parlée en Provence.Philippe Blanchet estime en effet qu’il faut promouvoir les appellations locales afin de favoriser un « sentiment d'appartenance » basé sur les régions historiques[19]. Il reprend la notion delangue polynomique (oulangue Ausbau) en proposant la séparation de la langue d'oc en plusieurs langues, au contraire des promoteurs de la notion depolynomie qui conservent sous la même langue-toit ses différentes variantes, à l'instar dubasque unifié. L'enquête « Famille » menée par l’INSEE-INED en 1999 montre que sur l’ensemble du territoire occitan plus de 70% des sondés nomment leur langue « patois ». Ce nombre diminue dans les régions à forte identité comme la Provence — où en fonction desdépartements il oscille entre 26 et 50% des sondés — et laGascogne — où il tombe à 28% des sondés —. Il ressort de cette enquête que l’occitan serait la langue la plus exposée à la désignation « patois »[19].
La classificationdialectologique du provençal au sein de l'espace occitan diffère selon les auteurs entre les partisans d'une vision « nord-sud » (occitan oriental) et « est-ouest » (occitan méridional ou occitan moyen). Les parlers inclus dans le domaine dialectal provençal varient selon les chercheurs : si la majorité y range le rhodanien, le maritime et leniçois, l'inclusion duvivaro-alpin est sujette à caution. Son rattachement au provençal n'est toutefois pas reconnu par l'ensemble de la communauté scientifique, qu'il s'agisse de sources anciennes (Klinkenberg[14],Pierre Bec) ou plus récentes[20]. Les seules inclusions qui fassentconsensus sont celles du dialecte rhodanien, rendu célèbre par Frédéric Mistral, et du dialecte maritime, la langue deVictor Gelu. Ces deux variétés seront donc celles majoritairement développées dans la suite de cet article.
Selon Frédéric Mistral[M 1], les sous-dialectes du provençal sont : lerhodanien, parlé dans la partie occidentale desdépartements desBouches-du-Rhône et deVaucluse, jusque dans la région deNîmes (partie orientale duGard) ; lemarseillais[d] entre les villes deMarseille, d'Aix, deSalon, d'Apt, deToulon et l'arrondissement deGrasse ; leniçois dansNice et ses environs (le fleuveVar servant de frontière avec le maritime) ; l'alpin autour deDigne qui est une zone de transition entre les parties nord-occitane (rhodano-alpine) et méridionale (maritime, niçois). Mistral exclu du dialecte provençal levivaro-alpin, qu'il nommedauphinois et sous-divise en :briançonnais,diois,valentinois etvivarais[M 1].
Jules Ronjat fait partie des partisans de la vision orientaliste : chez lui le « provençal général »[e] est constitué dumaritime, durhodanien et duniçois.
Pour Jean-Claude Bouvier, le provençal possède quatre sous-dialectes : leprovençal alpin, levivaro-dauphinois, lerhodano-méditerranéen et lenissart[13]. Il ne s'oppose pas à une distinction entre les variétésrhodanienne etméditerranéenne mais cette subdisvion lui paraît plus littéraire que scientifique[13]. Jean-Claude Bouvier estime néanmoins que la notion de frontière dialectale demeure relative[21],[13]. Son choix d'inclure dans l'espace provençal les variétées vivaro-dauphine et alpine est motivé par des considérations géographiques, culturelles mais également linguistiques. LeRhône et laDurance sont les deux grands cours d'eau autour desquels se sont structurés les échanges séculaires entre les zones montagneuses et le milieu méditerranéen. Les échanges liés au secteur agricole se sont majoritairement faits du Nord vers le Sud. Aucun centre économique et culturel d'un poids comparable à Avignon, Aix, Marseille, Toulon,Nice ouNîmes n'a ainsi pu se développer ni dans les moyennes vallées du Rhône ni plus en altitude. Cette absence a empêché la formation d'une unité dialectale dinstincte de celle du Sud et a même encouragé un sentiment d'appartenance à une communauté dialectale commune[13].
Guy Martin reprend dans le livre « Grammaire provençale » des délimitations similaires à celles proposées par Allières. Il n'opère pas de distinction particulière entre ce que Mistral appelle « dialecte provençal » (sud-occitan) et « dialecte dauphinois » (nord-occitan) mais, à la différence de Mistral, il nomme la partie nord-occitane orientaledialecte rhodano-alpin (ouvivaro-alpin) et la partie sud-occitane orientaledialecte rhodano-méditerranéen en gardant les délimitations mistraliennes (alpin,marseillais,niçois,rhodanien). Guy Martin divise les parlers provençaux de l'arc alpin en trois sous-dialectes : l'intra-alpin (central,méridional,septentrional) ; le nord-rhodanien (méridional,septentrional) et l'inalpin (outransalpin). Il fait de même avec les parlers maritimes (occidental,varois,oriental), niçois (côtier,intérieur,oriental), et bas-rhodaniens (central,oriental,occidental,septentrional) et dégage une « zone d'interférence » entre les dialectes rhodanien et maritime, et entre les dialectes maritime et alpin[22].
Délimitation linguistique : 1 Limite de la langue occitane 2 Limite de dialecte 3 Limite de sous-dialecte
Délimitation historique : 4 « Limite de la langue provençale » selon le point de vue de Philippe Blanchet[7],[23] : a « La Provence historique et culturelle » b « Zones extérieures de culture provençale » c « Zone historique provençale ayant appartenu au Piémont de 1388 à 1713 et surtout de culture alpine » d « Zone dauphinoise aujourd'hui rattachée à la région Provence Alpes Côte d'Azur » e « Pays niçois (Provençal jusqu'en 1388, Piémontais jusqu'en 1860, aujourd'hui rattaché à la région Provence Alpes Côte d'Azur »
Si nous laissons de côté l'utilisation de provençal pour désigner l'ensemble d'oc, l'extension du provençal reste un objet de débat :
L'usage de la majorité des linguistes et de l'Unesco consiste à réduire son extension au « dialecte provençal » tel que défini par Pierre Bec[24].
La tradition romaniste a longtemps inclus levivaro-alpin dans le provençal. C'est par exemple le cas deRobert Lafont qui inclut ce dialecte — sous l'appellation « provençal alpin » — dans le provençal auquel il adapte la graphie classique de l'occitan[25] ou de Jean-Claude Bouvier, qui dans sa description du provençal, le nomme « nord-provençal ».
L'école désignant le provençal comme une langue indépendante du reste du domaine d'oc inclut également (sous la désignation de « provençal alpin ») l'essentiel du domainevivaro-alpin (sauf la rive droite duRhône, appelée « vivarois ») et le niçois. L'inclusion des parlers desAlpes dans le provençal s'explique davantage par référence à la grande Provence historique et à la conscience linguistique des usagers que par la typologie linguistique. La variation importante qu'implique ce regroupement a amené la réutilisation du concept delangue polynomique apparu à l'origine pour lecorse[7].
La place du niçois dans le provençal fait aussi débat.[réf. nécessaire]
Comme dans le nord de la France, la substitution de la langue d’oc en lieu et place du latin peut être vu, au départ, comme la conséquence d’une forme de déclin culturel. Les institutions religieuses non militaires conserveront, elles, l’emploi du latin. L’introduction de la langue d’oc dans les actes administratifs peut aussi être l’illustration d’un rapport de force entrelaïcs etclercs[27]. En tout cas, la langue vulgaire gagne en prestige au fil du temps.
Dès la fin duXIe siècle la Provence est parfaitement définie comme entité historique et géographique[13]. Les troubadours provençaux sont rares avant la fin duxiie siècle[A 1]. Les plus anciens textes que sontBoëcis (ou poème surBoèce) et laChanson de sainte Foy d'Agen ne sont pas des œuvres provençales. La langue classique des troubadours s'est construite par imitation des premiers troubadours qui étaientlimousins (Bernard de Ventadour),poitevins (GuillaumeIX d'Aquitaine)[A 2] ou originaires de laMarche limousine[A 3]. On rencontre ainsi dans les anciens textes gascons et languedociens des exemples « poitevinismes » comme chezCercamon et son discipleMarcabru ouJaufré Rudel qui utilisent le graphème « ch » en lieu et place de « c » dans des positions où leur dialecte gascon a toujours conservé le son [k]. Si la langue littéraire offrait une certaine unité que ne possédait pas la langue ordinaire, on ne peut néanmoins pas parler d'orthographe pour qualifier la graphie des troubadours qui souffrait de ceJoseph Anglade appelle « le caprice du scribe »[A 4], ni même dekoinê mais descripta régionales[28]. Le passage du latin à la langue vulgaire dans les actes administratifs demanda auxscribes médiévaux de faire preuve d'inventivité pour parvenir à noter des sons inexistants en langue latine. En effet, l'alphabet latin ne permettait pas de noter lesconsonnes affriquées ni les distinctions entre voyelles ouvertes et fermées[28] ni lapalatalisation de /l/ et /n/.
Les auteurs de laRenaissance utilisaient la lettre « y » pour plus facilement faire ressortir les diphtongues (« rey » au lieu de « rei »). Cet usage est déjà visible dans lesLeys d'Amors. Les auteurs abandonnent la déclinaison à deux cas en usage au Moyen Âge (cas sujet / cas régime).
Leromantisme remet à l’honneur le Moyen Âge et inspire une nouvelle génération d’écrivains. Un premier congrès rassemblant divers auteurs provençaux se tient en 1852 àArles. Ce premier succès encourage la tenue le 21 août 1853 à l’hôtel de ville d’Aix-en-Provence du « Festival des Trouvères ». À la fois exhaltés par cette expérience et déçus que leurs propositions ne trouvent que peu d’écho parmi leurs pairs, sept poètes provençaux décident de créer un mouvement visant à réhabiliter la langue provençale[29]. Selon la légende, le Félibrige est ainsi fondé le 21 mai 1854 auchâteau de Font-Ségugne parPaul Giéra,Joseph Roumanille,Théodore Aubanel,Anselme Mathieu,Jean Brunet,Alphonse Tavan et Frédéric Mistral[30].
À la fin des années 1930, le Félibrige et l'occitanisme regroupent des hommes et des femmes aux opinions politiques diverses[31]. SiLouis Alibert,Pierre-Louis Berthaud,Philadephe de Gerde,Jean Lesaffre,Charles Maurras etJoseph Salvat représentent une droiteréactionnaire proche des idées de l’Action française ;Pierre Azéma,Antoine Conio,Charles Camproux,Ismaël Girard,Marius Jouveau,Georges Reboul,Max Rouquette etLéon Teissier sont l'incarnation d'une « gauche plurielle » allant de ladémocratie-chrétienne ausocialisme voire à l'extrême-gauche[32],[33]. Lefascisme n'a en revanche eu aucun écho parmi les défenseurs de la langue d'oc en raison probablement du sort réservé par l'extrême-droitefranquiste auxCatalans. Depuis le début de laGuerre d'Espagne les militants de la langue d'oc, tous bords politiques confondus, soutiennent en effet leurs « frères »[34] persécutés par unFranco soutenu par l’Allemagne et l’Italie[31]. L'occitanisme est représenté par laSociété d'études occitanes (S.E.O) qui deviendra après guerre l'Institut d'études occitanes (I.E.O). Lorsque la France entre en guerre le 3 septembre 1939, l'ensemble des courants du militantisme d'oc va exprimer sa fidélité à la patrie. Certains commePierre-Louis Berthaud vont chercher à mettre en avant un « esprit propre à la civilisation occitane » ; un esprit attaché à la dignité humaine et plaçant la liberté au dessus de tout ; un esprit naturellement opposé au nazisme[31]. Consécutivement à la défaite de l'armée française en mai 1940, lemaréchalPhilippe Pétain est nomméPrésident du Conseil le 16 juin 1940. L'Armistice est signée le 22 juin de la même année et, le 10 juillet 1940, l'Assemblée nationale offre les pleins pouvoirs au Maréchal qui promulgue alors une nouvelle Constitution. C'est la naissance de « l’État français », que l'on nomme aujourd'hui « Régime de Vichy ». Les militants de la langue d'oc sont, comme une grande partie de la population française, sensibles à l'esprit de repentance voulu par Pétain mais c'est surtout l'idée de « retour à la terre » qui les séduits[31]. Depuis 1892, chaque génération de militants a constitué un courant opposé à lacentralisation et a produit son manifestefédéraliste[31]. Félibres comme occitanistes vont profiter du régime de Vichy pour réclamer des mesures en faveur de la langue d'oc. Bien évidemment ils n'ont pas attendu la guerre pour se manifester et ont régulièrement interpellé les autorités sur la question de l'enseignement de la langue d'oc. La dernière doléance avant-guerre fut adressée en 1939 àJean Zay alorsMinistre de l'Éducation nationaleet des Beaux-Arts. Il s'agissait d'une initiative de la « Commission permanente de l’enseignement du provençal » — un organisme proche d'Occitania et dirigé parPaul Ricard et Antoine Conio — pour demander« l'introduction de la langue d’oc parmi les langues qui peuvent être présentées à l’examen dubaccalauréat série B »[31].
La plupart des caractéristiques linguistiques, dont la somme est spécifique du provençal par rapport aux dialectes occitans voisins, apparaissent entre leXVIe siècle et leXVIIe siècle[35].
Diversification des articles définis : en provençal les articles définis singuliers sontlou (graphie mistralienne)lo (graphie classique) [lu] et « l' » (devant une voyelle) au masculin (sou /so [su] existe dans lesAlpes-Maritimes, àGrasse et dans lesAlpes-de-Haute-Provence à Castellane ;sel est quant à lui utilisé devant une voyelle),la [la] etl' (devant une voyelle) au féminin (sa dans les Alpes-Maritimes, àCastellane et à Grasse) ; si les articles définis plurielsli(s) [li]~[lij] (rhodanien),lei(s) [lej] (maritime) etsei(s) [sej] (Alpes-Maritimes, Castellane, Grasse ;s' devant une voyelle) sontépicènes, en niçois on utiliselu [ly] au masculin pluriel etli [li] au féminin pluriel. Lanorme classique préconise l'articlelei(s) en provençal. Toutefois, certainsoccitanistes comme Robert Lafont préfèrent, tout en respectant les généralités de l'écriture classique, utiliserli(s) et ainsi mieux respecter le dialecte rhodanien.
Vocalisation des « -l » finaux en [w] : « soulèu /soleu [sulɛw] pour « soleil » alors que le latin populairesoliculus s'est souvent transformé en conservant le « l » final comme enfrançais et enlanguedociensau [saw] pour « sel » (comme engascon et dans une large partie dunord-occitan).
Diphtongaison générale des [ɔ] toniques (> [we], [wɔ], [wa] selon les zones et les mots) dans une grande partie du domaine, hors parlers rhodaniens[36] (phénomène généralisé, contrairement au gascon et au languedocien où ce phénomène est plus localisé et sporadique)[h].
Maintien de la distinction entre /v/ et /b/, commune avec le limousin, l'auvergnat et le vivaro-alpin, alors que languedocien et gascon confondent généralement les deux phones en /b/ (bêtacisme).
Maintien de la prononciation des « -n » finaux, avecnasalisation partielle de la voyelle antérieure, comme dans une partie du domaine gascon, alors que le phone n'étant maintenu que dans un nombre relativement réduit de termes dans les autres dialectes :pichoun /pichon > [piˈt͡ʃũᵑ] contre [piˈt͡ʃu] en languedocien.
Maintien du « r » intermédiaire [ɾ] qui remplaça le « l » (soldat >sourdat /sordat). D'autres régions du domaine occitan connaissent de tels phénomènes de rhotacisme.
Prononciation « -ien » du « -ion » final dans le dialecte maritime (poupulacien contrepoupulacioun /populacion « population »). Lanorme mistralienne écrit « -ien » ; selon les auteurs, les deux formes peuvent être utilisées en graphie classique mais il s'agit d'une entorse à la norme.
En provençal, la plupart des consonnes finales étymologiques et morphologiques ne sont pas articulées. C'est notamment le cas des marques grammaticales comme les « -s » du pluriel des noms et des adjectifs, qui disparaissent ou sont remplacées par des « -(e)i », contrairement au reste de l'occitan (exemple :lei bèlei filhas /l(e)i bèll(e)i fiho, le « -s » final étant amuï)[i]. Frédéric Mistral précise l'évolution du pluriel en provençal dans son dictionnaire[M 2] : d'abord, on écrivait enancien provençalde bellas mans qui se rapproche aujourd'hui de l'alpin et du languedocien dont l'origine dialectale était autrefois unitaire, cette forme se transforma ensuite ende bellai man ce qui correspond là encore à une évolution plus diphtonguée (autre exemple :mas >mai ; également conservé en alpin et en languedocien), il s'ensuivit l'évolution encore présente dans le sous-dialecte maritime actuelde bèllei man, le phénomène se poursuivit en rhodaniende bèlli man avec la suppression du « -s » muet du pluriel (sauf en liaison avec une voyelle dans le mot suivant) et l’amuïssement du « -e » — qui sera supprimé par simplification orthographique — au profit du « -i ». Les classicistes écrivent la forme standard du provençal ende bèlei mans où « ei » doit être prononcé [ej] en maritime et [i]~[ij] en rhodanien dans un souci de renforcement de l'unité du dialecte provençal.
Les voyelles du provençal sont issues du latin.Tous les dialectes provençaux possèdent les phones vocaliques [i], [y], [e], [ɛ], [a], [u], [o] et [ɔ]. Leur utilisation est variable selon les localités.[réf. nécessaire] Le rhodanien possède en plus le phone [ø][37]et le vivaro-alpin les phones [œ] et [ə].[réf. nécessaire]
La lettre « a » se prononce [a] comme en français, sauf si elle est atone et en position finale, ce qui produit un son entre [ɔ] et [ə]. La graphie mistralienne emploie la lettre « o », alors qu'une partie du domaine provençal prononce [a] ou [u] ; la graphie classique écrit « a »[Ho 1],[38]. La lettre « e » se prononce [e] dans toutes les graphies, mais en norme mistralienne, elle vaut aussi [ɛ] lorsqu'elle précède « -ll », « -rr » ou « -r » suivi d'une consonne[39],[40].Si la graphie mistralienne enregistre les différentes évolutions de la lettre « e » en provençal, la graphie classique choisi de masquer les différences sous-dialectales. Pour éviter la multiplication des variantes, la norme classique propose de toujours noter « e » même si les locuteurs prononcent [i], [y], [a] ou [e]. Ainsi, elle recommande d'écrire en provençal maritime « e » mais de le prononcer [i] lorsqu'il est suivi de « nh » ou « lh » (ce même « e » est prononcé [ø] en rhodanien) ou après « ch » et « tg » ; d'utiliser « e » à la place de « a » lorsqu'il y a un « r » suivi d'une consonne (mercat au lieu demarcat) et de noter « e » pour « u » dans des mots où entreArles etMarseille, on prononce [y] lorsque « e » et suivi de « b », « p », « f », « v » et « m » (frema doit donc être préféré àfruma). Pour simplifier cette règle, certains utilisateurs de l'écriture classique écriventMarsilha,fruma etmarcat qui sont plus conformes à leur prononciation. En revanche, « e », n'exprime jamais la valeur [ə] qu'on peut trouver en français. La lettre « u » se prononce [y] comme en français, enlombard ou enpiémontais. Les deux graphies suivent les usages des troubadours et notent « u » le son [u] dans les diphtongues et les triphtongues. La lettre « o » présente le plus de différence entre les deux normes : chez les félibres « o » vaut [ɔ] (idem pour « ò » qui marque l'irrégularité de l'accent tonique), « ó » vaut [o] et « ou » vaut [u] ; chez les classicistes « o » vaut [u] et « ò » [ɔ]. En début de mot, « o » se prononce [ow] en graphie classique (les mistraliens écriront « óu »). L'accent grave sur « o » permet de préciser l'emplacement de certaines diphtongues oralisées par la graphie classique comme « ouo », « oua » et « oue », que les rhodaniens ne prononcent pas car ils se limitent à la prononciation [ɔ].[réf. nécessaire]
Tous les dialectes provençaux possèdent lesphones consonantiques [m], [b], [p], [f], [v], [ɥ], [n], [t], [d], [s], [z], [ɾ], [l], [ɲ], [j], [ŋ], [k], [g], [w] et [ʁ]. Leur utilisation est variable selon les localités. Levivaro-alpin est le seul à posséder les phones [θ], [ð], [ʒ], [ʃ] et [ʎ] ; le maritime et leniçois et le sud-rhodanien ont lesaffriquées [t͡ʃ] et [d͡ʒ] contrairement au nord-rhodanien qui a [t͡s] et [d͡z].
Lesdiphtongues provençales sont [aj], [ej], [ɛj], [ɔj], [uj], [aw], [ɛw], [ew], [iw], [ɔw], [ow], [ja], [jɛ] [je], [jɔ], [jœ], [ju], [ɥe] et [ɥœ][41]. Leur orthographe a varié selon les auteurs et les époques : les auteurs de laRenaissance, par exemple, utilisaient la lettre « y » (« rey » au lieu de « rei ») que les troubadours n'employaient pas[M 3] et qu'aucun courant moderne denormalisation n'a repris.
Les variations dans la notation des diphtongues entre les écritures classique et mistralienne sont superficielles et tiennent pour certaines seulement par l'apparition ou la suppression d'un accent. En graphie classique et mistralienne elles s'écrivent respectivement[42],[M 4] :
↑Plus localement, on retrouve les prononciationswej ouwɛj.
↑La diphtongue « oui » en norme mistralienne résulte d'une francisation du « o » - prononcéu dans lalangue d'oc ancienne que reprend la norme classique.
↑En rhodanien, elle est prononcéeœ notamment après une consonne suivie deʁ oul.
↑Les autres sous-dialectes provençaux ne possèdent pas ce son et le remplacent parɥe (fuòcfjɔ devint ainsifuecfɥe(k)).
Les diphtongues changent de valeur selon leurtonicité. Lorsque « ai » et « au » sont toniques elles se prononcent [aj] et [aw] (aiga ['aigɔ],sauvar ['sawva]), quand elles sont atones [ej] et [ow] (aiguier [ej'gje],sauvança [sow'vaŋsɔ]). Elles peuvent aussi se prononcer [ij], [i] et [uw], mais également [u], notamment en rhodanien. Ces prononciations en [ij] et [i] très présentes dans le sous-dialecte rhodanien concernent la finale atones des articles, adjectifs et pronoms pluriels (nosautrei [nu'zawtʁi]).
L'utilisation du tréma indique l'absence de diphtongue (diérèse) et la prononciation de la syllabe à l'unité (flaüta [fla'ytɔ]).
En écriture classique, les « o » en début de mot peuvent se prononcer [u] mais la prononciation tend généralement à les diphtonguer en « ow » commeoliva >óulivo ;observatòri >óusservatori ;occitan >óucitan. Cette diphtongue est uniquement oralisée en écriture classique.
Dans le langage courant, les prononciations [ɔ], [œ] et [a] tendent à se confondre. À ce titre,Frédéric Mistral émettait l'hypothèse que les Niçois pouvaient adopter -o à l'écrit comme le reste des Provençaux[M 4]. D'ailleurs, le NiçoisJean Badat utilisait parfois -o dans son journal : « Tant sagiament foget menado la causo che monsur foget signour como esi so es che non serio si si fosco menat autroment ero perdut tot lo rest de som pais »[43].Philippe Blanchet montre que la lettre -e fut employée temporairement à Marseille «...Aguet doües coüestes enfonçades... »[7]. En chanson, les lettres finales atones sont souvent appuyées.
maritime, rhodanien et vivaro-alpin :[ɔ]
maritime et rhodanien : [ə]
niçois, région deNîmes et vivaro-alpin (région deGap) :[a]
maritime : muet seulement s'il est précédé d'un -i (exemple :democracia où le-ia se prononce [i]).
E a subi plusieurs évolutions en provençal que l'écriture mistralienne remplace par les lettres -a-, -i, -u. À l'inverse, l'écriture classique oralise ces transformations en maintenant -e pour limiter la multiplication des variantes.
norme classique : [a] pour une avant -rr ou -r suivi d'une consonne. Lee se prononce [y] (d'Arles à Marseille) avant unb,p,f,v,m.
E suivi d'unlh ounh se prononce en [i] en provence maritime, et [œ] en provence rhodanienne
i
i
[i] [j] après une voyelle [i] ou [j] avant une voyelle
í
i
[i]
-ion final
-ioun,-ien
[juⁿ]
maritime :[jeⁿ]
rhodanien, niçois, vivaro-alpin :[juⁿ]
ò
o,ò,oua,oue,ouo
[ɔ]
Pour -ò la prononciation est identique au a/o final atone des écritures classique et mistralienne.
rhodanien :[ɔ]
maritime varois, vivaro-alpin et niçois :[wa]
vivaro-alpin et niçois :[wɔ]
maritime marseillais :[we]
ó
ou
[u]
Entre Marseille et Toulon, la lettre se prononce[ɔ] si elle est suivie d'un -r.
o
ou
[u]
Entre Marseille et Toulon, la lettre se prononce[ɔ] si elle est suivie d'un -r.
u
u
[y] [w] après une voyelle [y] ou [ɥ] devant une voyelle
maritime, rhodanien : muet, sauf en liaison (rarement :[k] dans les mots internationaux)
maritime oriental, niçois, vivaro-alpin : [k]
ç
ç,ss
[s] devanta, o, u
-ç final
s
[s] (mais muet après une diphtongue ou un -r ; exemple : març)
cc placés devante, i
c,cc
[ks (s)]
d
d
[d]
-d final
-d
[t], muet
maritime, rhodanien : muet, sauf en liaison (rarement : [t] dans les mots internationaux)
maritime oriental, niçois, vivaro-alpin : [t]
dd
d
[d]
f
f
[f]
g
g
[g], [d͡ʒ]
maritime, niçois, vivaro-alpin :
[g]
[d͡ʒ] devante, i
rhodanien, vivaro-alpin :
[g]
[d͡z] devante, i
-g final
muet
gu devante, i
gu
[g]
j
j
[d͡ʒ], [d͡z]
maritime, niçois, vivaro-alpin :[d͡ʒ]
rhodanien, vivaro-alpin :[d͡z]
l
l
[l], [ɾ]
En maritime, le -l suivi d'une consonne se prononce parfois comme un -r roulé (les deux sons se mélangent). Par exemple,cultura etsoudat (« soldat » avant vocalisation du -l en -u) se prononce [kuɾtuɾa] et [suɾda] en roulant légèrement les -r (plus exactement en les battant). Les deux graphies admettent les deux formes.
-l- entre deux voyelles
l,r
[l], [ɾ]
Frédéric Mistral explique à l'entrée « L » de son dictionnaire qu'un « l » intermédiaire en maritime et en alpin se permute souvent avec un « r ».
maritime, vivaro-alpin : [ɾ] apicale brève (battue) entre deux voyelles.
-l final
-u (parfois)
[l], muet
Dans la majeure partie des dialectes, -l final est muet dans un motparoxyton.
ll
l
[l]
m
m
[m] en général [ⁿ] [m],[ⁿ] devant une consonne (semi-nasalisation de la voyelle précédente)
-m final
-n
[ⁿ] (semi-nasalisation de la voyelle précédente), [m],[ⁿ]
maritime, rhodanien, niçois :[ⁿ] (semi-nasalisation de la voyelle précédente)
[n],[ⁿ] devant une consonne (semi-nasalisation de la voyelle précédente)
-n final
-n
[ⁿ] (semi-nasalisation de la voyelle précédente)
nn
n
[n]
-nd final -nt final
-d -t
[ⁿ],[ⁿt, ⁿ],[ⁿt]
maritime, rhodanien :[ⁿ] (semi-nasalisation de la voyelle précédente)
niçois :[ⁿt, ⁿ]
vivaro-alpin :[ⁿt]
p
p
[p]
-p final
p
[p], [w], muet
maritime, rhodanien : muet, sauf en liaison (rarement : [p] dans les mots internationaux)
maritime oriental, niçois :
[p] en général
[w] dans trois motstròp, còp, cap =[ˈtʀɔw, ˈkɔw, ˈkaw] qui peuvent aussi s'écriretròup, còup, caup (cap, « cap maritime », se prononce[ˈkaw] maiscap, « tête », se prononce[ˈkap])
qu
qu,c,k (quelques mots)
[k]
r
r,l
[ɾ] apicale brève (battue) [ʁ]
rhodanien : [ʁ] quand elle est seule entre Avignon et Saint-Rémy-de-Provence.
maritime, rhodanien :[ʀ] (roulé) quand elle est seule, [ɾ] (son se confondant avec -l) quand elle est seule entre voyelles à Toulon, Aix, Marseille et Arles.
vivaro-alpin : [ɾ] ou aussi, éventuellement,[ʀ] (roulé).
rr entre deux voyelles
rr
[ʁ], [ɾ]
maritime, rhodanien, niçois :[ʁ].
vivaro-alpin : [ɾ] ou aussi, éventuellement,[ʀ] (roulé).
-r final
-r
[ʀ] (partiellement muet), [ɾ]
maritime, rhodanien, niçois :
[ʀ]
muet dans les verbes à l'infinitif se finissant en-ar[a],-ir[i],-er[e]
Cependant,-s muet est prononcé [z] devant un mot qui commence par une voyelle (liaison).
ss entre deux voyelles
ss
[s]
t
t
[t]
-t final
t
[t] muet dans les adverbes en -ment. muet dans les participes présents.
maritime, rhodanien : muet (rarement : [t] dans les mots internationaux)
niçois : [t]
vivaro-alpin :
[t]
muet dans certains mots, en particulier les participes passés terminant par une voyelle + « -t »[44]
tg devante, i tj devanta, o, u
g devante, i j devanta, o, u
[d͡ʒ], [d͡z]
maritime, niçois, vivaro-alpin : [d͡ʒ]
rhodanien, vivaro-alpin: [d͡z]
tz entre deux voyelles
s
[d͡z], [z]
maritime, rhodanien : [d͡z]
vivaro-alpin, niçois : [z]
v
v
[v]
x
ss
[ks (s)],[gz (z)], [s]
[ks (s)]
[gz (z)] dans le préfixeex- devant une voyelle
[s] devant une consonne
z
z,s
[z]
La prononciation des consonnes finales dans le dialecte provençal est fluctuante. Dans les sous-dialectes rhodanien et maritime, celles-ci tendent le plus souvent à s’amuïr et c'est pour cette raison que l'écriture mistralienne, calquée sur le rhodanien, tend à les enlever. Par exemple, le -at final désignant le participe passé s'écrit -a en mistralien (proussimita) - contre -at en classique (proximitat). Étant donné que les sous-dialectes niçois et alpin sont plus conservateurs dans la prononciation des consonnes finales, comme certains autres dialectes occitans, l'écriture classique tend à les remettre afin d'unifier au mieux la langue d'oc. Les dialectes sont ainsi davantage oralisés (écriture classique) que transcrits (écriture mistralienne).
B : se prononce comme en français et remplace parfois la lettre -v comme pourtrabalh (clas) /trabai (mist) « travail » qui provient du latintravallum et écrit enancien occitan trabal, trebalh, trebaill, etc.
C et P : en position finale elles se prononcent essentiellement enProvence orientale et alpine.
H : plus courant jadis (home > òme) n'est conservé que dans les diagrammes « lh », « nh » et « ch ». L'écriture mistralienne l'emploie aussi mais plus rarement (« lh » y est conservé dans leLanguedoc mais la prononciation diffère du provençal classique) ; dans cette écriture, « lh » est souvent remplacé par un « i » (fuelha > fueio) ou un simple « h » (brilha > briha) selon que la syllabe est tonique ou atone, alors que « nh », qui a inspiré la langue portugaise, a été remplacé par « gn » comme en italien et en français (banha > bagna).
L etR : se prononcent comme en français sauf en maritime et alpin (mais aussi dans l'Hérault et en gascon) où un -l entre deux voyelles se prononce souvent [ɾ] apico-dental faiblement battu (comme le -r entre deux voyelles, similaire au -r italien). C'est pour cela que la norme félibréenne qui fixe la règle « un r entre deux voyelles vaut [ɾ] » accepte lesdoublets « poulit »/« pourit » et « salado »/« sarado » là où la norme classique note « polit » (joli, gentil) et « salada » (salade). En effet, Mistral précise que le -r seul, y compris entre deux voyelles, se prononce faiblement battu presque comme un -l ; -l et le -r ont ainsi tendance à voir leur prononciation se confondre dans ces cas. Lorsque deux -r se suivent, il se prononce comme en français. Le -r final, réintroduit dans les infinitifs en écriture classique (cantar, tenir, etc.) est muet, sauf en vivaro-alpin. Cependant, chez les félibres il est essentiellement prononcé dans les mots à monosyllabiques (exemples : car, mar, etc.).
N et M : elles ont la même prononciation (-n nasal), sauf à l'initial.
S : est très variable. Elle tend généralement à se prononcer sauf dans les formes du pluriel ou dans la plupart des noms de lieux et communes.
Les consonnes « k » et « w » sont absentes de l'écriture classique. La première est remplacée par « qu » (kilo > quilò) ou « c » (kabyle > cabile) alors que la seconde est remplacée par « v » (Wikipédia > Viquipedia). L'écriture mistralienne n'utilise également pas « w » mais emploie « k » pour douze mots dans le dictionnaire provençal-français de Frédéric Mistral :karabe (succin,ambre jaune) ;kaulin (kaolin) ;kepi (képi) ;kermés (kermès) ;Kerounièio (Chéronée) ;kersounèso (chersonèse) ;kilougramo (kilogramme) ;kiloumètre (kilomètre) ;kinarredoun (cynorrhodon) ;kirié (kyrie) ;kiriello (kyrielle) etkirsch (kirsch). L'auteur précise d'ailleurs que cette lettre est presque inusitée en langue d'oc moderne et était plus employée dans l'ancien occitan. C'est prétendument dans unsouci de simplification que les classicistes ont remplacé la lettre « k »[réf. nécessaire].
X : la lettre « x » est particulière. Étant donné que l'écriture mistralienne tend à baser l'écriture des dialectes sur la prononciation, elle restreint sa prononciation au son [ks] comme dans le languedocien « prouximitat » prononcé [pruksimi'tat] (correspondant au groupe consonantique -cs). Frédéric Mistral indique que les « provençaux ne se servent jamais de cette lettre » et qu' « ils la remplacent par s ou ss ». Les occitanistes ont choisi de généraliser l'utilisation de la lettre -x mais en lui donnant différentes prononciations comme enfrançais. Ainsi, en écriture classique « proximitat » se prononce [pʁusimi'ta] en provençal (-x identique à celui deBruxelles) et [pruksimi'tat] enlanguedocien. Entre deux voyelles, « x » peut se prononcer [z] ou [jz] comme dansexercici [ejzeʁ'sisi / ezeʁ'sisi].
Les digrammes en écriture classique sont les suivants :
CH:se prononce [t͡ʃ] en maritime comme dans pichon [pit͡ʃun] et [t͡s] en rhodanien comme dans pichòt [pitsɔ].
LH : se prononce toujours en (j) sauf parfois en fin de mot où il peut être amuï. Il se prononçait autrefois [ʎ] comme « gl » en italien et se conserve essentiellement enlanguedocien et en vivaro-alpin. Il était encore sporadiquement conservé dans quelques mots en provençal moderne comme dans le parler varois du sous-dialecte maritime qui notefiuelho[M 5] pour « feuille » contrefueio dans le provençal standard de la norme mistralienne.
NH : se prononce toujours [ɲ] (comme le français « montagne » qui s'écritmontanha enoccitan) sauf en position finale où il se prononce [ŋ] comme danspan.
GN : se prononce parfois [ɲ]. Exemples :digne,ignorar,signar, etc.
TZ : se prononce [s]
L'écriture félibréenne emploie de « ch » mais a modernisé les autres. Ainsi, l'écriture ancienne -tz passe à -s, -nh à -gn et -lh passe fréquemment à -i ou -h, mais se maintient dans de rares mots provençaux très localisés et s'emploie à l'écrit dans d'autres dialectes de l'occitan.
Dans un souci d'une meilleure réunification à l'écrit de la langue d'oc et par calque de l'orthographe catalane, l'écriture classique réemploie certaines consonnes doubles se prononçant dans des dialectes particuliers et que l'écriture mistralienne a supprimé par simplification orthographique (seulement pour le provençal standard).
Quand deux consonnes se suivent, les deux graphies ne prononcent que la seconde. Cependant, la première propose une autre solution en vocalisant les premières consonnes comme -b, -c, -g, -p en -w.Exemples : absolut [owsu'ly], adoptar [adow'ta]. Elle propose aussi la transformation de -c en [j] après -e et -è. Exemples : lectura [lej'tyrɔ], objectar [owdʒj'ta].
Le dictionnaire provençal-français du CREO-Provença (IEO) précise que des débats existent quant au maintien de certains groupes consonantiques du fait de l'alourdissement qu'ils peuvent générer. Ainsi, là où le -t desetmana peut-être facilement assimilable comme dansviatjar, le -p danspsicologia et le -ns dansconstatar le sont moins. C'est pourquoi, précise l'ouvrage, certains classicistes écriventsicologia,costatar, etc.
Les dialectes provençaux partagent les articles définis singulierslou (lo en graphie classique) au masculin[M 6] etla au féminin[M 7]. Ils s'élident devant une voyelle. En niçois, on peut également trouver après la prépositioneme/embe (« avec ») les articlesei,ai etau à la place delou[SC 1]. Au pluriel, le rhodanien possèdeli(s) (orthographiélei(s) en graphie classique) le maritimelei(s)[M 8], leniçoislu au masculin etli au féminin[SC 2], levivaro-alpinlous (los en graphie classique),les etlei (par influence des parlers de la plaine) au masculin etlas au féminin. Dans le massif alpin, les formesrou etra (phénomène derhotacisme) existent aussi. Dans les Alpes-Maritimes (versCoaraze etRoquestéron), à Grasse et à Castellane on retrouve aussi les articles définissou (so en graphie classique) etsel (seulement devant une voyelle) au masculin,sa au féminin,sei(s) au pluriel. Sur le même modèle, les articles indéfinis sontun au masculin,uno (una en graphie classique) au féminin,di(s) au pluriel en rhodanien (aligné sur le maritimedei(s) en graphie classique),de en niçois. Quant àuni(s) etunei(s) ils s'emploient pour parler de choses doubles[M 9].
Chez Brueys, qui écrivait à Aix vers 1600, on trouve tantôt leis (leis damos, leis omes) tantôt las (las terros, las fremos).[réf. souhaitée]
En ancien occitan, le marqueur du pluriel pour les substantifs était un « -s » final que les dialectes maritime, niçois et rhodanien ne prononcent plus — saufliaison — contrairement au vivaro-alpin qui l'a maintenu. Ainsi, pour les trois premiers sous-dialectes seul l'article permet désormais d'identifier à l'oral si la forme est ausingulier ou aupluriel. La graphie mistralienne ne note pas ce « -s » lorsqu'il est inaudible ; les substantifs peuvent alors sembler invariables :la poumo, lei poumo. La graphie classique l'écrit systématiquement. Pour lesadjectifs, la marque du pluriel est soit « -s » ou « -ei(s) » (« -i(s) » en rhodanien et en niçois) selon leur position dans la phrase :deis òme braves,de braveis òmes. C'est lorsque l'adjectif est placé devant le nom auquel il se rapporte qu'il se termine par « -ei(s) ». Toutefois certains adjectifs commebèu (« beau »),bòn (« bon ») etpichon (« petit ») possèdent une flexion complète que le tableau ci-dessous récapitule (les formes en graphie mistralienne sont indiquées entre parenthèse) :
En Provençal, ce sont les terminaisons des verbes qui indiquent le sujet. La langue possède des désinences verbales suffisamment distinctives pour rendre inutile le recours au pronom personnel sujet, qui ne sert qu'à insister :Iéu, ai parlat (Moi, j’ai parlé)[45]. Les provençaux utilisent un verbe réfléchi — se + verbe (si + verbe en maritime) — pour exprimer le pronom indéfini « on » et la première personne du pluriel « nous »[46],[45] :Se dis que lou mariage es uno flour poulido (on dit que le mariage est une jolie fleur) ;se sian imagina (nous nous sommes imaginés).
Les verbes provençaux se rangent en trois groupes selon leur infinitif : le premier groupe fait ses terminaisons en « -ar » (« -a » en graphie mistralienne), le deuxième en « -ir » (« -i » en graphie mistralienne) et le troisième en « -er » ou « -e » (« -e » ou « -é » en graphie mistralienne).
Ci-dessous la conjugaison des dialectes rhodanien et maritime selon la norme classique et la norme mistralienne. Les dialectes niçois et vivaro-alpin seront traités dans des articles spécifiques.
Pòsque/Posque ou Pogue Pòsques/Posques ou Pogues Pòsque/Posque ou Pogue Posquem/Pousquen ou Pouguen Posquetz/Pousquès ou Pouguès Pòscan/Poscon ou Pogon
Le provençal connaît à l'écrit comme à l'oral des variations locales, plus visibles en écriture mistralienne qui les valorise qu'en écriture classique qui les minimise pour les revaloriser dans le langage parlé. Voici un exemple de cette variation avec la traduction de la phrase « Les belles filles jouent tous les jours sur la colline » :
Dialecte
Norme mistralienne
Norme classique
Prononciation phonétique
Maritime
« Lei bèllei fiho juegon toutei/touei lei jou(r) dins la couolo/coualo/couelo. »
« Lei bèlei filhas jògan totei/toei lei jorns dins la còla. »
lej ˈbɛlej fijɔ ˈdʒɥeguⁿ ˈtutej/twej lej ˈdʒu(ʁ) diⁿ la ˈkwɔlɔ/ˈkwalɔ/ˈkwelɔ
Niçois
« Li beli filha juègon toui lu jou dins la couòla. »
« Li bèli filhas jògan toi lu jorns dins la còla. »
li ˈbɛli ˈfija ˈdʒɥɛguⁿ/ˈdʒɥegɔⁿ ˈtuj ly ˈd͡ʒu diⁿ la ˈkwala/ˈkwɔla
Rhodanien
« Li bèlli chato/fiho jogon tóuti li jour dins la colo. »
« Lei bèlei chatas/filhas jògan totei lei jorns dins la còla. »
li ˈbɛli ˈtsatɔ/ˈtʃatɔ/ˈfijɔ ˈdzɔgɔⁿ/ˈdʒɔgɔⁿ ˈtuti li ˈdzuʁ/ˈdʒuʁ diⁿ la ˈkɔlɔ
Lemaritime, également nommé « central » ou « marseillais »[M 1], est parlé sur un territoire recouvrant les départements desAlpes-de-Haute-Provence, desBouches-du-Rhône, desAlpes-Maritimes et duVar. Il possède deux variantes : le marseillais proprement dit et le varois plus influencé par sa proximité géographiques avec les dialectes niçois et alpin (l'arrondissement de Grasse est par exemple une zone de transition entre varois et niçois). Le maritime possède des caractéristiques propres : les pluriels des adjectifs se font en-ei(s) et non en-i(s) comme c'est le cas en rhodanien, les « o » toniques peuvent être diphtongués en « ouo » [wɔ], « oua » [wa] et « oue » [we][M 4], les pronomsme,te,se deviennent en maritime — tout comme en niçois —mi,ti,si, la conjugaison diffère du rhodanien puisqu'au présent de l'indicatif, la terminaison de la première personne du singulier est « -i » et non « -e », la désinence des substantifs en « -ien » remplace celle en « -ion / -ioun » du rhodanien[M 14] (la graphie classique oralise cette différence et recommande d'écrire « -ion » par souci de pan-occitanité, mais certains classicistes perpétuent l'usage du « -ien » aussi bien à l'oral qu'à l'écrit[j]), la chute très marquée de nombreuses consonnes finales, la suppression de certaines consonnes intervocaliques, que ne connaît pas le rhodanien, induite par des contacts entre parlers de la plaine et parlers de la montagne lors destranshumances (ce phénomène est plus visible dans les zones inter-dialectales).
Le varois comporte des spécificités liées à la conservation de certaines caractéristiques propre à l'ancien provençal que l'on retrouve encore dans le sous-dialecte alpin de Digne ou lerhodano-alpin plus au nord. Ce maintien plus important d'archaïsmes s'explique par les migrations de population qu'a connu le Var depuis les Alpes-de-Haute-Provence et par les transhumances entre plaines et montagnes.
Le maritime de l'arrondissement de Grasse, est quasi identique au parler varois. Il ne se distingue que par la conservation de lettres consonantiques finales « -c » et « -p » à l'oral ainsi que par le maintien de « -ion / -ioun » en final au lieu de « -ien ».
une réalité linguistique car même si les linguistes rattachent ce dialecte au provençal, la langue possède des traits particuliers bien identifiés ;
une perception géographique et sociolinguistique car le Comté de Nice qui fut longtemps séparé du reste de la Provence a développé une identité propre. Le rattachement du niçois aux autres dialectes provençaux est par conséquent parfois remis en cause par certaines personnes ou associations.
Étant donné que le niçois est le dialecte provençal qui a le moins divergé de l'ancien provençal et que ce qui est devenu le Comté de Nice a été séparé pendant un temps du reste de laProvence, il convient de traiter sa question dans une page plus spécifique.
Lerhodanien est parlé entre les villes d'Arles,Saint-Rémy-de-Provence,Cavaillon,Carpentras,Orange,Avignon,Nîmes etBeaucaire[49]. Les sous-dialectes locaux sont les parlers duVentoux, ducomtat (aux environs de Carpentras), de la vallée du Rhône (vers Nîmes, Arles, Avignon, Orange etBollène). En rhodanien, les pluriels adjectivaux sont réduits à-i(s), les graphèmes « ch » et « j » (« g » devant « e » et « i ») se prononcent respectivement [t͡s] et [d͡z] en nord-rhodanien contrairement aux autres dialectes qui disent plutôt [t͡ʃ] et [d͡ʒ], les « o » toniques ne sont pas diphtongués, l'article pluriel estli(s) et nonlei(s) (les classicistes rhodaniens écrivent « lei(s) » mais prononcent [li(s)], certains comme Robert Lafont simplifient et notent « li(s) » en accord avec leur prononciation[m]), la conjugaison possède ses propres spécificités.
SelonJean-Pierre Tennevin, le dialecte rhodanien est celui qui, ayant subi le plus d'évolutions et« d'usures phonétiques », présente les sons les plus atténués, les« plus doux » à l'oreille[50].
Les « juifs du pape », communautés juives d'Avignon, deCarpentras, deCavaillon, de l'Isle-sur-la-Sorgue et duComtat Venaissin ont développé un dialecte judéo-provençal particulier, connu sous le nom deshuadit, se distinguant peu du provençal proprement dit, si ce n'est par quelques différences de prononciation et des termes propres aujudaïsme. Le dernier locuteur connu, l'écrivainArmand Lunel, est décédé en 1977. Grâce aux lectures de Frédéric Mistral ainsi qu'à correspondance avec Albert Lunel et son petit-fils Armand, quelques termes shuadits sont présents dans le Trésor du Félibrige[51],[52] :aquire « là » ;cabussado « mikvé » ;coudolo « matsa » ;gouïn « goy » ;anlèt « talit »,sagata « égorger », « rater la couture d'une étoffe »[53] ;sagataire « boucherkasher », etc.
Levivaro-alpin (aussi nommé « alpin », « gavot », « rhodano-alpin ») est parlé entre la haute vallée de laLoire et la plaine duPô, dans un espace comprenant l'ancienne province duVivarais (territoire historique de laProvence ancienne), leVelay et leForez, lesAlpes méridionales de part et d'autre de lafrontière franco-italienne (vallée italo-occitanes) leDauphiné et le nord de laProvence, ainsi qu'une poche enCalabre. Il est bordé au nord par lefrancoprovençal (ou « arpitan ») et à l'est par lepiémontais. Son rattachement au provençal est, selon certains chercheurs, plus culturel que linguistique (contrairement au niçois, linguistiquement proche du maritime mais culturellement distinct) et relève de lasociolinguistique, même si les intenses échanges entre Haute et Basse Provence ont, comme Victor Gelu l'a décrit, mutuellement influencé et rapproché les deux variétés de provençal. La zone autour de Digne-les-Bains constitue un espace de transition entre le sous-dialecte maritime et le vivaro-alpin.
Le vivaro-alpin présente d’importantes variations linguistiques internes pouvant amener à questionner la pertinence de son existence, même si, comme le notePhilippe Martel, ces variations « sont surestimées » voire caricaturées par les locuteurs (qui ont perdu une pratique régulière qui fluidifiaitde facto l’intercompréhension)[54].
Ce dialecte se singularise entre autres par son caractère conservateur : maintien de la prononciation des « -r » finaux des infinitifs, des « -l » finaux en [l] (ils sont parfois prononcés [ɾ]), de la prononciation sans amuïssement des « -a » finaux en [a] (sauf à l'ouest de la vallée de laVésubie où on prononce [ɔ] comme en maritime et en rhodanien).
Le vivaro-alpin partage avec lelimousin et l'auvergnat (autres variétésnord-occitanes) lapalatalisation des phones [k] et [g] devant « a » : [t͡ʃ]chantar « chanter » et [d͡ʒ]jauta « joue » contrecanta /cantar etgauto /gauta. Cette palatalisation dans la toponymie permet de mesurer le recul du vivaro-alpin par rapport au provençal, par exemple àOrange (Aurenga >Aurenja).
La désinence verbale de la première personne du singulier est « o » (comme en francoprovençal et en piémontais) :parlo « je parle » au lieu deparle (rhodanien) /pàrli (maritime) ;parlavo « je parlais » à la place deparlave (rhodanien) /parlàvi (maritime) ;parlèro « j'ai parlé, je parlerai » contreparlère (rhodanien) /parlèri (maritime).
Le passage de « l » à « r » (rhotacisme) est fréquent :barma pourbalmo /balma (languedocien) « grotte » ;escòra pourescòla « école » ;saraa ousaraia poursalada « salade ». Ce trait est partagé par le dialecte maritime. Dans le val de Suse (Oulx,Bardonèche…), le « r » rhotarique, roulé, se différencie du « r » guttural à la française. Lanorme de l'école du Pô adaptée à ces parlers respecte cette distinction en notant « ŗ » ou « ř » le phone [ʁ].
Les « -m » finaux sont prononcés [m] à l'est et [n] à l'ouest.
En l'absence d'un pouvoir politique propre à laProvence, ou à l'équivalent d'une institution de normalisation comme l'Académie française, aucun système d'écriture n'est unanimement approuvé et adopté. Néanmoins, depuis lexxe siècle, lagraphie mistralienne et lagraphie classique sont les deux normes les plus couramment employées, même si les écritures « patoisantes » n'ont jamais cessé d'être utilisées. Bien que l'usage de la graphie classique croisse, la norme mistralienne domine toujours l'espace provençal du fait de facteurs traditionnels et culturels. Des controverses complexes existent entre les partisans des deux normes sur le statut du provençal — simple dialecte de l'occitan ou langue à part entière ? — ; l'utilisation d'une graphie particulière n'est pas toujours l'indice d'une prise de position dans le débat et, malgré ces oppositions, on dénombre aussi des actions unitaires[55]. Les partisans d'une langue polynomique existent[56], tout comme ceux qui souhaiteraient la mise en place de standards régionaux.
On recense des auteurs favorables à la stabilité de la norme et d'autres en rupture avec elle. Ces derniers se montrent ouverts aux usages flottants, aux localismes, et à davantage de phonétisation pour éviter certaines règles jugées trop complexes de la graphie classique.
Les graphies « phonétisantes » ou « oralisantes » parfois dénommées péjorativement « patoisantes » sont des codes écrits pensés pour rendre le plus fidèlement possible à l'écrit les réalisations orales et la variété dialectale[57]. Elles sont apparues au cours duxvie siècle, non sans critiques[n], lorsque les usages scripturaux médiévaux se sont perdus, et, même si elles ont été abondamment utilisées entre lesxvie siècle etxxe siècle, elles sont en train de disparaître à cause de la raréfaction des locuteurs natifs[57]. En effet, ces graphies reposent sur un pacte entre l'auteur et le lecteur : le second doit maîtriser le parler du premier sinon, il ne pourra en déchiffrer le code écrit[o],[p]. En Provence, elles sont bâties à partir d'emprunts soit à la norme française soit à l'italienne, car ce sont les deux langues d'alphabétisation des provençaux[57]. On peut citerVictor Gelu etGustave Bénédit parmi les auteurs employant ce type d'écriture.
Leniçois s'est écrit au moyen d'orthographes dites « italianisantes », car inspirées par les codes italiens, entre lexviie siècle et le milieu duXXe siècle, mais elles ont été peu à peu abandonnées à la suite de l'annexion duComté de Nice à l'Empire français. Elles empruntaient notamment le graphème « gli » pour noter le son [ʎ] (« igli » chezJoseph Micèu qui le réduit à « gl » en fin de mot ;Joseph-Rosalinde Rancher, influencé par le français, emploie « il » en position finale)[58], « c » (devant « e » et « i ») et « ci » (devant « a », « o » et « u ») plutôt que « ch » pour transcrire le son [t͡ʃ] (« ch » se prononce [k] comme enitalien), « gh » pour obtenir le son [g] devant « e » et « i » (à la place du traditionnel graphème « gu »), « gi » devant « a », « o » et « u » pour maintenir la prononciation [d͡ʒ] (au lieu de « j »), la lettre « ç » n'est pas employée.
La graphie dite des « trouvères marseillais » provient des traditions d'écriture desXVIIe et XVIIIe siècles. Ces trouvères marseillais sont des auteurs écrivant selon des normes indépendantes mais ayant en commun de noter des consonnes muettes étymologiques :Claude-François Achard,Pierre Bellot,Marius Decard,Étienne Garcin,Félix Peise et Jean-François Roux notent tous les « -r » infinitifs et les « -s » pluriels[U 2]. En 1784, dans son Dictionnaire de la Provence, Achard opte pour une graphie grammaticale et étymologique. Il orthographie les mots selon leur racine (par exemplenatien « nation » d'après lelatinnatio), retranscrit les consonnes finales muettes (bec « bec » [be],nuech « nuit » [nɥe],prim « mince, fluet » [priⁿ]), et note, alors qu'ils ne sont plus prononcés dans la région marseillaise, les « -r » des infinitifs, les « -s » du pluriel et les « -t » des participes et des adjectifs masculins. Achard restaure l'usage du graphème « lh » médiéval (bien que le son [ʎ] se soit réduit à [j] en provençal), mais emprunte certaines conventions orthographiques françaises : « ou » pour le son [u], (souleou) « gn » pour [ɲ], « o » pour les voyelles finales atones provenant du a latin prononcées [ɔ][59]. Bellot et Decard notent aussi les « -t » des participes passés, les prétérits « -et », remplacent le graphème « ll » par le médiéval « lh » ; si le marseillais rétablit aussi les « ch » finaux, l'aixois va plus loin en restaurant la terminaison « -m » de la première personne du pluriel, les « -ment » des adverbes, les « -r » finaux nécessaires pour expliquer la formation des dérivés. Decart différencie la conjugaison de la deuxième personne du pluriel de celle de la deuxième personne du singulier en la notant « az ».Étienne Garcin conserve quant à lui le « t » latin de la troisième personne du pluriel[U 3]. Ces auteurs ont concentré leur réflexion sur l'aspect consonantique du provençal et ont continué d'utiliser un système vocalique inspiré par le français[U 2].
Les travaux deSimon-Jude Honnorat serviront de base à l'élaboration de la graphie classique.
Simon-Jude Honnorat reste proche de la graphie des trouvères marseillais mais s'en détache en restaurant le graphème « -a » pour les voyelles issues du a latin post-tonique[59] et en employant ledigramme « ge » pour noter le son [d͡ʒ] devant les lettres « a », « o » et « u » sans changer le radical (mangear « manger » qu'il indique se prononcermandjà[H 1],[60]) dans une démarche similaire au « gi » italien (mangiare [man.ˈd͡ʒa.re]) et au « ge » français pour le son [ʒ] (« mangeons » [mɑ̃.ʒɔ̃]).
Damase Arbaud rétabli quant à lui le « -tz » de la deuxième personne du pluriel (pourtant réduit à [s] ou même par endroit totalement amuï) et le « -m » de la première personne du pluriel[59].
Lanorme mistralienne, ou « norme moderne », a été mise au point parJoseph Roumanille au cours des années 1850 dans le but de limiter les distorsions entre oral et écrit. Dans ce but, les marqueurs grammaticaux tel que les « -r » infinitifs (maintenus dans un premier temps avec un tiret[U 1],[q]) les « -s » pluriels et les « -t » des participes passés sont supprimés dans les dialectes où ils ne sont plus prononcés. Cette norme n'est néanmoins pas phonétique puisque de nombreuses consonnes muettes continuent d'être notées car elles permettent de distinguer deshomophones, par souci d'étymologie, à cause des dérivations ou parce qu'elles s'entendent en liaison.
Tout en établissant des règles orthographiques précises, cette norme admet des variations dialectales ; ainsi aucune forme de mot n'est arbitrairement privilégiée ni élevée au rang de standard. Elle utilise les graphèmes « gn » pour retranscrire le son [ɲ] et, en dehors des diphtongues et des triphtongues où l'usage médiéval d'écrire « u » a été conservé, retranscrit par « ou » le son [u] — même s’il existe une subtilité en conjugaison —[61] ; le graphème « lh » existe mais « h » et « i » le remplacent en provençal. La graphie mistralienne a inventé les graphèmes « òu » [ɔw] et « óu » [ow][62],[63] (mais aussi [u] tonique[7]). Elle a également amorcé un début de transdialectalisme en retranscrivant par un seul graphème des réalisations différentes entre les dialectes maritimes et rhodaniens[64]. Bien que s’appuyant sur les compétences des locuteurs alphabétisés en français[65], elle n’est néanmoins pas un calque de l’orthographe du français. On assimile souvent la norme mistralienne à une transcription du rhodanien mais les travaux dePierre Vouland[66] ont montré de nombreuses différences morphophonologiques entre le rhodanien parlé et le provençal écrit.
Tout d'abord partisan du système graphique d'Honnorat, Mistral, sous la pression de Roumanille[5], finit par opter pour l'écriture dite « mistralienne » afin de faciliter l'apprentissage écrit du provençal aux habitants du Midi. L'adoption de l'écriture de Roumanille ne s'est pas faite sans heurts, sans débats préalables ou critiques houleuses[67],[U 2]. C'est en partie à cause des choix orthographiques duSaint-Rémois que certains partisans de l'écriture classique décidèrent de faire sécession du Félibrige pour fonder laSociété d'études occitanes où ils développeront la norme classique.
LeFélibrige emploie la norme mistralienne depuis sa fondation en 1854 tout comme d'autres mouvements plus récents tel queParlaren ainsi qu'une grande partie des écrivains, chanteurs, enseignants et institutions locales.
Depuis 2006, unConseil de l'écrit mistralien (Consèu de l'Escri Mistralen abrégé en « CEM »), organe interne du Félibrige, a été créé à l'initiative du majoralBernard Giély avec pour mission de compléter l'œuvre lexicographique de Mistral[68].
Lanorme de l'école du Pô est une graphie cisalpine élaborée par des poètes et des linguistes pour représenter les spécificités duvivaro-alpin desVallées occitanesitaliennes. Le graphème « eu » ne note pas [ew] mais [ø] comme en français, enlombard, engénois et enpiémontais, « ë » représente le son [ə], « ç » le son [θ] et « x » le son [ð], les digrammes « dz », « sh » et « zh » valent respectivement [d͡z], [ʃ] et [ʒ], « ii » note une succession desemi-voyelles, l'accent circonflexe indique une voyelle longue (ëncoû « encore »), la lettre « n » est doublée pour marquer une différence entre une consonne finale nasalisée (an « ils ont ») et une consonne finale apicale (ann « année »). Les graphèmes « lh » et « nh » sont maintenus.
Lagraphie classique de base est une version simplifiée de lagraphie classique élaborée par un groupe de travail qui se réunissait au Centre culturel deCucuron dans les années 1970[59]. Elle propose d'abandonner « -tz » au profit de « -s » en position finale sauf pour la conjugaison de la deuxième personne du pluriel, de noter conformément à la prononciation « -ié » plutôt que « -iá » à l'imparfait et pour les substantifs féminins concernés, de simplifier l'écriture des groupes consonantiques « tg » (viage et pasviatge « voyage »), « tj » (viajar à la place deviatjar « voiturer, voyager »), « tl » (espala au lieuespatla « épaule ») et « tm » (semana contresetmana « semaine ») qui sont réalisés comme des consonnes simples en provençal. Cette graphie n'est pas très employée en dehors de contributions sporadiques dans le mensuel « Aquò d’Aquí »[U 4] bien qu'un recueil de textes ait été publié en 1982[69] dans cette graphie tout comme un « Manuel pratique de provençal contemporain »[70].
Au début des années 1980, une graphie mélangeant le système consonantique de la norme classique et le système vocalique de lanorme mistralienne a été proposée par le professeurJean-Claude Bouvier[71]. L'association « Dralhos Novos : per l'unitat grafico » utilise cette orthographe depuis 1999[59].
Depuis les années 2000, il existe en Provence[76] une association importante — Collectif Provence — pour qui le provençal est« une langue à part entière, proche mais distincte de l'occitan du Sud-Ouest de la France »[77], sans toutefois rejeter son appartenance à l'ensemble des langues d’oc[78],[79]. Ce mouvement, déjà présent auparavant par exemple via l'Union Provençale, souhaite imposer l'usage exclusif de la norme mistralienne et confirmer la volonté de la population en faisant du provençal une langue à part entière[80],[81],[82]afin de contrer la dynamique orchestrée par les classicistes languedociens qui tend à se développer partout dans le Midi depuis des décennies notamment enProvence, où on retrouve plusieurs auteurs classiques en dialecte provençal commeRobert Lafont.[non neutre]À l'inverse de cette association culturelle tout aussi politiquement marquée que ses opposants[78]Interprétation abusive ?, leFelibrige — société savante fondée parFrédéric Mistral,Joseph Roumanille,Théodore Aubanel,Jean Brunet,Paul Giéra,Anselme Mathieu etAlphonse Tavan le 21 mai 1854 — propose la définition suivante qui fut adoptée lors du Conseil Général de laSanto-Estello (Sainte-Estelle) deGrasse en 1999 :« Le Félibrige retient comme seule terminologie pour être employée et défendue : la langue d’oc dans la diversité de ses parlers (Auvergnat, Gascon, Languedocien, Limousin, Provençal »[83].
En2003, à la suite de l'action des uns et des autres, le Conseil régional de PACA a émis successivement deux vœux à la demande d'élus différents :
le : « La langue provençale et la langue niçoise sont les langues régionales de la Région Provence-Alpes-Côte d'Azur »[84]
le : « Le Conseil Régional de Provence-Alpes-Côtes d’Azur affirme solennellement que la langue occitane ou langue d’Oc est la langue régionale de la région Provence-Alpes-Côtes d’Azur : le provençal rhodanien, le provençal maritime, le niçard et l’alpin sont les formes régionales de la langue occitane ou langue d’Oc en Provence-Alpes-Côtes d’Azur. »[85]
En2016, le Conseil Régional de PACA émet une nouvelle résolution dont le préambule contient une phrase ambigüe, parlant à la fois dela langue d’oc et de langues : « Ainsi, sur l’ensemble du territoire régional se sont développées des langues qui ont su véhiculer jusqu’à nous les traditions et les spécificités culturelles de l’histoire de notre région et de ses divers territoires : le provençal, le gavot ou le nissard. Cette pluralité linguistique est la spécificité de notre région dans l’espace de la langue d’oc »[86].
Voici quelques expressions usuelles(graphie mistralienne / graphie classique):
Bono annado, bèn granado e bèn acoumpagnado / Bòna annada, ben granada e ben acompanhada. En français :bonne année, bien prospère, et bien accompagnée (de santé).
Se fai pas lou civié avans d'avé la lèbre. / Se fai pas lo civier avans d'aver la lèbre. En français, littéralement :On ne fait pas le civet avant d'avoir le lièvre. Soit l'équivalent du proverbe français :il ne faut pas vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué (Jean de La Fontaine, livre 5, fable 20L'ours et les 2 compagnons).
Fa(i) de bèn a Bertrand te/ti lou rendra en cagan / Fa(i) de ben a Bertrand, te/ti lo rendrà en cagant. En français : fais du bien à quelqu'un, et il t'envoie promener. Assemblage de faire, bien, à, Bertrand, il, te, le, rendre, en et caguer. D’après "le Parler Marseillais", ce proverbe n’avait rien de vulgaire à l’origine car c’était, avant de faire tomber le " r " : "Faï dè ben a Bertrand, té lou rendi en cargant" (= en accablant).
« Arles en France, Aix en Provence, Nice en barbarie[M 15]. Ce proverbe traduit la guerre civile de l'Union d'Aix qui opposa les pro-angevins (Arles, Marseille, le Rhône, Antibes, notamment) aux pro-napolitains (Aix, Toulon, Nice et la majeure partie de la Provence) et qui se traduit par l'acte deDédition de Nice à la Savoie et l'amputation auComté de Provence des anciens territoires féodaux de Nice et de son futur arrière pays.
De nombreux mots d'origine provençale ont migré vers lefrançais.Il est souvent difficile de savoir précisément quels sont ces termes car les philologues et leurs dictionnaires étymologiques emploient souvent le terme deprovençal, en lui donnant le sens de langue d'oc, pour qualifier l'origine d'un mot. Le contact intense entre le provençal et le français (répandu en Provence entre 1880 et 1950) a produit un français particulier à la Provence, très célèbre (film deMarcel Pagnol par exemple) et parfois stéréotypé, de sa prononciation (l'accentprovençal etmarseillais) à son vocabulaire, sa grammaire et ses modalités d'interactions[90],[91].
Quelques exemples :
balade etballade :balado / balada (mot présent dans d'autres dialectes occitans ; danse)
s'esclaffer :esclafa / esclafar (éclater)
mascotte :mascoto / mascòta (sortilège)
qu'es acò (mot présent dans d'autres dialectes occitans ; à l'orthographe fluctuante par méconnaissance de son origine : par exemple, kézaco) :Qu'es acò ? / Qu'es aquò ? (Qu'est-ce que c'est ?)
garrigue :garrigo / garriga plantation dechêne kermès (mot présent dans d'autres dialectes occitans ; appelégarric en provençal)
Les sentiments :
amour :amour / amor, de l'ancien occitan Amor (prononcé "amour") - les équivalents des mots en -or en occitan (calor, flor, etc.) correspondent aux mots français en -eur (chaleur, fleur) et le mot "amour" aurait dû donner "ameur" en français.
Le sens du motprovençal est contingent à la période historique dans laquelle il est employé. Selon le contexte ou l'époque, il signifielangue d'oc ou l'idiome parlé enProvence. Ainsi, dans le premier cas l'auvergnat ou le limousin sont du provençal mais pas dans le second.
Le termeproensales est utilisé auXIIIe siècle par les écrivains italiens désignant la langue parlée dans la moitié sud de la France, par référence auxprovinciæ romanæ de l'Empire romain qui désignaient la Gaule méridionale.Frédéric Mistral la présente comme« la lengo prouvençalo, la langue provençale, la langue du midi de la France et de la Catalogne, nommée aussilengo d'O, langue d'Oc. »[92]. D'autres appellations sont employées ensuite, lelimousin par les catalans, lalangue d'oc parDante, lecatalan par les savants duXVIIe siècle, ou celle très peu usitée demondin inventée à Toulouse[93].
AuXIXe siècle les romanistes à la suite de Raynouard et jusqu'à Anglade, reprennent le termeprovençal par généralisation pour désigner à la fois l'occitan des troubadours en tant qu'« ancien provençal », et l'occitan moderne dans son ensemble. Mais ce terme introduisait une ambiguïté avec le parler de laProvence, l'occitan troubadouresque n’étant pas apparu en Provence, et ayant plus d’analogies avec le languedocien ou le limousin.
Le provençal est considéré parFrédéric Mistral aussi bien comme une langue à part entière (comme en témoigne son texte "la lengo prouvençalo" dansl'Armana prouvençau de 1856) que comme un dialecte de la langue d'Oc (appelé aussi provençal) dans son dictionnaireLou Tresor dóu Felibrige, comme en témoignent ses écrits dans« La lengo prouvençalo o lengo d'O »[49], « Lou parla dóu Rose, emé lou parla marsihés, formon ce qu'apelan pu particulieramen la lengo prouvençalo. » (Le parler du Rhône, avec le parler marseillais, forment ce que l'on appelle plus particulièrement la langue provençale) ou encore« La lengo prouvençalo se parlo encaro en Franço dins mai de vint despartamen : es que, se parlo pas pertout la memo causo » (La langue provençale se parle encore en France dans plus de vingt départements: elle ne se parle pas partout de la même façon). Ce qui n'est pas sans créer d’ambiguïté entre les termes de langue et de dialecte. Toutefois, l'auteur soutient dans l'ensemble de ses ouvrages qu'il existe une langue provençale ou langue d'Oc (ensemble du Midi de la France) et qu'elle est parlée depuis des siècles à travers ses dialectes. Il montre donc l'importance de préserver les distinctions dialectales. C'est par ailleurs cette forte atténuation des distinctions dialectales dans la graphie classique d'Alibert qui oppose ses partisans à ceux de la graphie mistralienne qui préserve davantage les variétés dialectales de la langue d'Oc.
Le motprovençal sert aussi, particulièrement jusqu’au milieu duXXe siècle[94], à désigner l’ensemble de la langue d’oc. C’est notamment le cas chezFrédéric Mistral[95] et dans les dictionnaires d’Honnorat,Dictionnaire provençal-français ou dictionnaire de la langue d’oc[96] et deMistral,Le Trésor du Félibrige, dictionnaire provençal français embrassant les divers dialectes de la langue d’oc moderne ou les ouvrages de référence deRonjat,Essai de syntaxe des parlers provençaux modernes[97] etGrammaire historique des parlers provençaux modernes[98]. Le mot reste utilisé dans le milieu romaniste pour désigner l’ensemble de l’occitan[99]. Cette synonymie est également affirmée parEmmanuel Le Roy Ladurie[100].
LorsqueFrédéric Mistral publieLou Tresor dóu Felibrige, dictionnaire de la langue d'oc moderne en deux volumes, il comprend le termeprovençal comme une acception du termelangue d'oc ; en sous-titre du dictionnaire, il précise :Dictionnaire provençal-français, embrassant les divers dialectes de la langue d'oc moderne, soit, comme il est mentionné dans la note 1,tous les mots usités dans le Midi de la France. Il y écrit qu'óucitan (qu'il traduit paroccitain ouoccitanien) est synonyme de « languedocien » ou de « méridional » et renvoie à « langue d'oc »[M 16].Le motoccitan est issu de celui d'Occitanie dont Mistral dit qu'il est le« nom par lequel les lettrés désignent quelquefois le Midi de la France et en particulier le Languedoc. » De même, il précise« le mot Occitania ou Patria Linguæ Occitanæ est la traduction usitée dans les actes latins duXIIIe siècle etXIVe siècle pour désigner la province du Languedoc[101]. »
Actuellement, l'usage chez les linguistes est d'utiliser le motprovençal spécifiquement pour la variante parlée en Provence et la formulelangue d'oc ouoccitan pour parler du languedocien ou de la langue dans son ensemble.
↑Le code ISO 639-3 étaitprv avant son retrait et sa fusion avecoci en 2007. Le codeoci-prv est utilisé surEndangered Languages Project.
↑L'appel au calme envoyé par Louis XVI après la révolution française de 1789 est envoyé en provençal et non en français sur le territoire provençal.
↑Dès les années 1920, les pécheurs des petites villes côtières avaient pour habitude de s'interdire de parler provençal en arrivant sur le quai, à terre, et de l'interdire à leurs enfants, par déférence pour ceux qui ne comprendraient pas la langue jugée vulgaire (Blanchet).
↑On parle de dialecte « maritime » dans la terminologie contemporaine.
↑Le terme « parlers provençaux modernes » représente l'ensemble de la langue d'oc dans ses travaux.
↑Joseph Anglade avance que « i » serait dans le Nord et « j » dans le Sud, car la rime « -aja » est rare chez les troubadours.)
↑Joseph Anglade pense qu'il pourrait s'agir non pas d'un signe graphique mais d'un indice pour une prononciation différente.
↑Lelanguedocien ne note pas la vocalisation du -s du pluriel en /j/, qui est pourtant fréquente : « lai beloi filjos ». L'aranais note les pluriels en -i : « es aranesi ».
↑Aquo d'Aqui, magazine provençal d'expression classique et mistralienne, exemple d'utilisation populaire du -ien pour remplacer le -ion,https://www.aquodaqui.info/
↑La tendance populaire est de respecter la tradition et d'écrire « nissart » avec un double -s. Les mistraliens et les occitanistes promeuvent l'utilisation de -ç pour se rapprocher du nom antique de la cité : « Nicæa ».
↑Le linguiste Auguste Brun écrit en préface deBellot dansVeillées provençal :
« Le joug des règles, ils le secouent ; l'orthographe, ils n'en ont pas soucis. Chacun agit à sa guise, écrit les mots comme il les prononce, et de là naissent l'arbitraire et la confusion… (au contraire) Bellot se garde bien de ne faire aucune différence entre l'infinitif et le participe, tandis que la plupart des auteurs qui se servent du provençal mêlent tout, brouillent tout, confondent tout et semblent n'avoir aucune idée des dérivés, de l'étymologie et de la syntaxe. Ils francisent le provençal et provençalisent le français. »
↑Achard écrit à ce sujet,(Dictionnaire de la Provence et du Comtat Venaissin) :
« Tous les Auteurs modernes qui ont écrit en provençal se sont fait une orthographe arbitraire ; le plus grand nombre a écrit le Provençal comme on le parle. De là la confusion entre les Infinitifs et les Participes, et une variation constante dans certains mots qui rend la langue provençale très-difficile à lire, pour ceux qui n’en ont pas contracté l’habitude. Nous avons cru devoir établir une syntaxe provençale qui se rapprochant de l’ancienne, facilitera aux Provençaux la lecture des Écrivains en cette langue qui viendront après nous, ou qui nous ont précédés. »
↑Le poète gascon,Jasmin, fait le constat suivant,(Mous noubèls souvenis) :
« Et qu'és acos ? escarraougnon ma lengo, Coumo s’abioy escribut d'aleman ! ! Y passon touts l'un aprèt l'aoutre et fan Un loun tchampiou de moun chan de mezengo...? (...) mais me cridon talèou, En me baillan lour journal flamben nèou... « ! Tè ! Legis ! aqués mots nous chagrinon. »(...)Sou muts daban nostro lengo escribudo ; La parlon touts, sâbon pas la legi ; Et qu’est cela ? Ils écorchent ma langue comme si j’avais écrit de l’allemand ! Ils y passent tous l’un après l’autre et font un brouhaha de mon chant de mésange ?...[…] Mais ils me crient aussitôt, en me donnant le journal flambant neuf : Tiens ! Tiens ! lis ! Ces mots nous chagrinent.[...] … Ils sont muets devant notre langue écrite. Ils la parlent tous, ils ne savent pas la lire. »
↑En 1852, dans Li Prouvençalo, premier recueil de poésie des futurs félibres, on peut ainsi lireabena-r,abrasa-r.
↑Par exemple en employant « -ç » comme lettre finale à la place de « -ts » en ancien provençal et en généralisant son usage à l'initial ou en milieu de mot.
↑On peut par exemple citer le Festival de théâtre provençal deFuveau dont les représentations se font exclusivement en provençal
Frédéric Mistral,Lou Tresor dóu Felibrige ou dictionnaire provençal-français embrassant les divers dialectes de la langue d'oc moderne, Aix-en-Provence, Remondet-Aubin, 1878-1886(lire en ligne)
« Il existe, çà et là, dans l’espace occitan, quelques velléités localistes, refusant de reconnaître l’unité de la langue d’oc, se référant à « des langues d’oc » […]. Les tenants de ces positions sont cependant extrêmement minoritaires, en termes de reconnaissance populaire (même si leur influence est parfois sensible en Provence, Béarn ou Auvergne). L’immense majorité des universitaires, comme l’immense majorité des militants, y compris les tenants actuels de la graphie mistralienne, admet l’unité de la langue d’oc dans sa diversité dialectale. »
↑« On distingue plusieurs aires dialectales au sein même de l’occitan. […] À l’est du gascon et au sud du nord-occitan, une troisième aire, l’occitan moyen, comprend le languedocien, le provençal et le niçard (Nice). Le provençal se particularise notamment par des traits grammaticaux résultant de la disparition des consonnes finales. » inEncarta« Copie archivée »(version du surInternet Archive)
« Estimam qu'al punt de vista de la grafia, cal conciliar nòstras tradicions classicas, los resultats de l'estudi scientific de la lenga, la grafia mistralenca e la grafia catalana (Nous estimons que du point de vue de la graphie, il nous faut concilier les traditions classiques, les résultats de l'étude scientifique de la langue, la graphie mistralienne et la graphie catalane). »
↑« La langue d’Oc », surSite officiel duFélibrige(consulté le) :« Le Félibrige considère à égalité les différents parlers réunis sous le vocable de langue d’Oc. Strictement conforme à l’idée mistralienne, le Félibrige ne peut considérer tel ou tel parler d’Oc comme une langue à part entière. Tous les parlers d’oc sont la langue d’oc.Par la délibération suivante ; le Félibrige a tenu à rappeler, lors de son congrès annuel du 24 mai 2010 à Castillonnès (Lot et Garonne), que la seule terminologie de langue d’oc doit être retenue, employée et défendue :Le Félibrige réaffirme sa décision adoptée en Conseil Général lors de la Santo-Estello de Grasse en 1999 : « Le Félibrige retient comme seule terminologie pour être employée et défendue : la langue d’oc dans la diversité de ses parlers (Auvergnat, Gascon, Languedocien, Limousin, Provençal).Il rejoint en cela la définition établie par la DGLFLF (Délégation générale à la langue française et aux langues de France) Observatoire des pratiques linguistiques du Ministère de la Culture et de la Communication : « Chaque variété [de la langue d’oc] est l’expression pleine et entière de la langue qui n’existe qu’à travers ses composantes ».Cette définition n’est autre que celle que Frédéric Mistral retient pour l’intitulé complet de son Tresor dóu Felibrige « Dictionnaire provençal-français embrassant les divers dialectes de la langue d’oc moderne ». ».
↑DanièleDossetto, « La langue comme clé mais d’autres clefs que la langue : douze ans de recompositions mistraliennes en Provence‑Alpes‑Côte‑d’Azur »,Lengas. Revue de sociolinguistique,no 72,,p. 51–82(ISSN0153-0313,DOI10.4000/lengas.114,lire en ligne, consulté le)
↑Guy Martin, Bernard Moulin, Grammaire provençale (écriture classique)
↑Philippe Blanchet, « Frontières historiques et culturelles », dansZou, Boulégan ! Expressions familières de Marseille et de Provence,Éditions Bonneton, 2000.
↑Frédéric Mistral,Mes origines : mémoires et récits de Frédéric Mistral, Paris, Plon-Nourrit,, 254 p.(lire en ligne),p. 155 :
« Et considérant que, des deux derniers Congrès, celui d’Arles et celui d’Aix, il n’était rien sorti qui fit prévoir un accord pour la réhabilitation de la langue provençale ; qu’au contraire, les réformes proposées par les Jeunes de l’école avignonnaise, s’étaient vues, chez beaucoup, mal accueillies et mal voulues, les Sept deFont-Ségugne délibérèrent, unanime de faire bande à part et, prenant le but en main, de le jeter où ils voulaient. »
↑abcde etfYanLespoux, « Aux origines de la revendication occitaniste en faveur de l’enseignement de la langue d’oc : les propositions du Nouveau Languedoc et d’Occitania »,Lengas. Revue de sociolinguistique,no 65,,p. 29–48(ISSN0153-0313,DOI10.4000/lengas.907,lire en ligne, consulté le)
« Ue, coumo voucalo simplo, es particuliero au parla dóu Rose ; à sa plaço s’entènd dins d’àutri dialèite la ditongo ue, que s’escriéu emé li mémi letro (ansin vue se legis en Avignoun pèr lou son simple, que li Franchimand escrivon eu, à Marsiho pèr l’unioun di voucalo u e e reünido en un son coumpausa). »
« Ceux qui ont mal à propos substitué l'o à l'a final des substantifs et des adjectifs féminins n'ont pas fait attention qu'ils n'étaient pas conséquents avec eux-mêmes : car lorsqu'ils ont voulu former des mots composés, ils ont, comme toujours, été obligés de revenir au mot non altéré. C'est ainsi qu'en ajoutant la désinence ment (esprit, manière de faire), àregla, par exemple ils ont faitreglament, tandis qu'ils auraient dû écrire ce mot, d'après leurs principes,regloment, parce qu'il est composé derèglo, et dement, suivant leur orthographe »
↑Charles Arnoux,Le Bréviaire de la langue provençale où sont groupés par ordre d'idées les mots et expressions des divers domaines de la vie. : Avant-propos pour faire connaissance avec le lecteur et lui présenter la douce langue provençale.(lire en ligne)
↑Guy Martin et Bernard Moulin, Gramatica provençala, CREO-Provença-IEO, Calade Diffusion (ÉDISUD), pages 20-21
↑André et Michel Compan,Histoire de Nice et de son Comté, Éditions Campanile,p. 148
↑Charles Arnoux,Le Bréviaire de la langue provençale où sont groupés par ordre d'idées les mots et expressions des divers domaines de la vie. : Avant-propos pour faire connaissance avec le lecteur et lui présenter la douce langue provençale.(lire en ligne)
↑a etbBernard Giély,La grammaire du verbe provençal, Prouvènço d'aro,, 710 p.
↑J.J Chabaud,Grammaire française expliquée au moyen de la langue provençale ou nouvelle méthode, Marseille, Camoin,, 149 p.(lire en ligne)
↑« Progresser en nissart, Leçon 13 : Mais pourquoi écrivez-vous…una plassa de Nissa,una plaça de Nissa ouuna plaça de Niça ? », surLou Sourgentin :« Ce qui, par contre, était critiquable, c’était la prétention de certains félibres de faire écrire, dans notre langue, niçard, avec un d final : en effet ce -d, parfaitement compatible avec la prononciation du provençal (d final muet), ne l’était pas avec la prononciation niçoise (t final sonore) qui rendait nécessaire le recours à la forme niçart conforme à la spécificité phonétique du niçois et employée par les bons auteurs. »
↑a etbFrédéric Mistral, La lenga provençala o lenga d'Oc, IEO de Paris,no 106
↑ab etcHervéLieutard, « Les systèmes graphiques de l’occitan. Un kaléidoscope des représentations et des changements linguistiques »,Lengas. Revue de sociolinguistique,no 86,(ISSN0153-0313,DOI10.4000/lengas.4076,lire en ligne, consulté le)
↑« Progresser en nissart, leçon 11 : Mais pourquoi écrivez-vous…falhita,bulhì,filha,travalhà,travalh ? Ou du bon usage dulh », surLou Sourgentin :« Plus précisément, on trouvera chez ces deux auteurs legli en position intervocalique. Exemple : lafueglia (la feuille). Micèu, influencé par le français, fait souvent précéder legli d’uni inutile et écritvieiglia,paiglia,taiglia, alors que Rancher écritvieglia,taglia,paglia. En position finale, nos deux auteurs adoptent des solutions différentes : Micèu conserve la notationgli (réduite àgl) et écrit donctravaigl,rouigl (la rouille),recueigl (le recueil). Rancher, lui, est influencé par l’orthographe du français et écrittravail,badail (bâillement),douil, (broc, cruche),ueil (œil),rail (braiment),ferrouil (verrou),tail,buil (ébullition), etc. »
↑abcd eteJean Sibille, « Écrire l’occitan : essai de présentation et de synthèse. »,Écrits divers – Ecrits ouverts, Inalco / Association Universitaire des Langues de France,,p. 17-37(lire en ligne)
« Honnorat, à qui la linguistique est si redevable, intercale pour adoucir leg, une devanta,o,u :Encouragear, encourager. Cet expédient emprunté à l’orthographe d’oïl n’a pas fait fortune. Nul ne doit s’en plaindre. »
↑La terminaison de la troisième personne du pluriel « -on » ne se prononce pas [ɔⁿ] ou [ɔn] mais [u] (en rhodanien) et [un] (en maritime) ; c'est une astuce de Mistral pour distinguer les « oun » atones.].
↑Marius Jouveau,Grammaire provençale : Essai de pédagogie régionale IV, Aix-en-Provence, Porto Aigo,(lire en ligne)
↑Le graphème « ch » retranscrit aussi bien [t͡s] (rhodanien) que [t͡ʃ] (maritime) ; « j » / « g » (devant « e » et « i ») [d͡z] (rhodanien) que [d͡ʒ] (maritime), « ue » se prononce [ɥe] en maritime et [ø] en rhodanien (Mistral prononce donc niue [njø] « nuit »).
« (À propos de la lettre« r ») D'ailleurs pourquoi cet ostracisme, pourquoi traiter cette lettre avec plus de rigueur que tant d'autres qui ont été conservées par vous bien que l'oreille ne les perçoit pas davantage ? »
↑ab etcPhilippeBlanchet, « Usages actuels du provençal dans la signalétique urbaine en Provence : motivations, significations et enjeux sociolinguistiques »,Revue de l'Université de Moncton,vol. 36,no 1,,p. 255–287(lire en ligne, consulté le)
↑Sur l’espace couvert, voir l’article de Danièle Dossetto. "La langue comme clé mais d’autres clefs que la langue : douze ans de recompositions mistraliennes en Provence‑Alpes‑Côte‑d’Azur".Lengasno 72, 2016.p. 51-82.lire en ligne
↑Il s'appuie sur la thèse de Philippe Blanchet,Le provençal, essai de description sociolinguistique différentielle, Peeters, 1992, qui compile un certain nombre de théories sociolinguistiques mettant en avant « la conscience linguistique et les usages effectifs des locuteurs et des institutions », tout en en rejetant d'autres (comme la notion dediglossie)
↑Ph. Blanchet, op.cit. Stephen Wurms, dans l'Atlas des langues en péril dans le monde, UNESCO, 1996 et sa réédition en ligne, 2009, ne distingue pas le provençal de l'occitan mais de l'ensemble des dialectes d’oc : auvergnat, gascon, languedocien, limousin et vivaro-alpin.
↑Sylvie Sagnes. "Unité et (ou) diversité de la (des) langue(s) d’oc : histoire et actualité d’une divergence".Lengasno 71, 2012. Pp. 51-78.Lire en ligne.
Les traditions provençales font partie intégrante de la culture provençale.
La langue originelle de la Provence est le provençal codifié par Frédéric Mistral.
Notre région ne se nomme pas PACA mais Provence (ou, pour le respect de ses limites géographiques et historiques, Pays de Provence).
Nous demandons aux candidats à l’élection régionale de se prononcer sur les mesures suivantes :
La prise en compte comme langue de France du provençal, langue codifiée par Frédéric Mistral. Son enseignement doit se faire en graphie mistralienne.[...] ». "Les questions posées aux candidats des élections régionales. Pour une Région Provence au service de sa langue et de sa culture". Site du Collectif Provence.Lire en ligne
↑« l’abrogation de la graphie dite « classique » (ou occitane) en Provence ». "7 lettres essentielles pour la reconnaissance du provençal ". Site du Collectif Provence.Lire en ligne
↑Philippe Blanchet,Le parler de Marseille et de Provence, dictionnaire du français régional, Éditions Bonneton, Paris, 2004 (version revue et corrigée duDictionnaire du français régional de Provence, Paris, Bonneton, 1991)
↑Philippe Blanchet, « Frontières historiques et culturelles », dansZou, Boulégan ! Expressions familières de Marseille et de Provence],Éditions Bonneton, 2000.
↑Jules Ronjat, Montpellier, Société des Langues Romanes, 1930-41. Dans sa grammaire J. Ronjat définit aussi, au tome IV, le provençal comme dialecte (A, dans sa nomenclature).
↑Constanze WETH. « L'occitan / provençal ».Manuel des langues romanes, Edited by Klump, Andre / Kramer, Johannes / Willems, Aline. DE GRUYTER. 2014. Pages: 491–509. ISBN (lire en ligne): 9783110302585
↑« Qu’est-ce que le Midi ? Une vaste région qui se caractérise d’abord par l’existence de ce qu’on peut appeler les pays d’oc, c’est-à-dire de langue provençale ou occitane. » Emmanuel Le Roy Ladurie. "Portrait historique de la France du Sud".L’’Histoire,no 255 (juin 2001).p. 34. (lire en ligne)
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
Philippe Blanchet,Le provençal : essai de description sociolinguistique et différentielle, Institut de Linguistique de Louvain, Louvain, Peeters,(lire en ligne).
Bernard Giély,Grammaire du verbe provençal, Prouvènço d'aro,.
Jules Ronjat,Grammaire istorique (sic) des parlers provençaux modernes, Montpellier, Société des langues romanes, 1930-1941(lire en ligne).
Joseph Anglade,Grammaire de l'ancien provençal ou ancienne langue d'oc : phonétique et morphologie, Paris, C. Klincksieck,(lire en ligne).
Frédéric Mistral,Lou Tresor dóu Felibrige ou dictionnaire provençal-français embrassant les divers dialectes de la langue d'oc moderne, Aix-en-Provence, Remondet-Aubin, 1878-1886(lire en ligne).
Ciel d'oc : le Centre International de l’Écrit en Langue d’Oc (Ciel d'oc) a numérisé en collaboration avec l'Université de Provence de nombreuses œuvres littéraires et périodiques en provençal.