Ensyntaxe traditionnelle, laproposition subordonnée, appelée aussidépendante, est uneproposition sans autonomiegrammaticale, ayant un sens insuffisant, qui remplit dans unephrase complexe une fonction analogue à celle d’un terme àfonction syntaxique dans unephrase simple. Son statut hiérarchique est établi par rapport à au moins une autre proposition de la phrase complexe, appeléeprincipale[1],[2],[3],[4],[5].
Bien qu'essentiellement traditionnelle, Grevisse et Goosse 2007 a une autre conception. Cette grammaire juge inutiles les notions « proposition principale » et « proposition subordonnée », avec l’argument que lesujet n’est passubordonnée auprédicat, par conséquent une entité commeQui dort dîne est une phrase dans laquelle il y a une proposition comme sujet, mais il n’y a pas une proposition principale et une proposition subordonnée. En revanche,dîne est leverbe principal, prédicat de la phrase,dort étant le prédicat de la proposition. Cette grammaire prend en compte lesmots (verbes,mots denature nominale, etc.) en tant qu’entités qui peuvent subordonner une entité appelée simplement « proposition »[6].
Enanglais on peut également omettre le pronom relatif s’il n’a pas la fonction de sujet :We got on the first bus (that) we saw « Nous sommes monté(e)s dans le premier bus que nous avions vu »[18].
Dans la proposition principale il peut y avoir un terme en corrélation avec le mot de jonction de la subordonnée. L’élément corrélatif marque de façon supplémentaire la relation entre les propositions, en annonçant le rapport syntaxique entre elles[19]. En fonction de la langue donnée, cet élément peut être de plusieurs natures grammaticales :
Enhongrois, le corrélatif peut être également unpronom personnel de la troisièmepersonne au lieu d’unpronom démonstratif :Számítokrá, hogy meghívnak a kongresszusra « Je compte être invité(e) au congrès » (litt. « J’y compte qu’ils m’invitent au congrès »)[25].
En hongrois, les cas d’emploi de corrélatifs sont plus fréquents que ceux où on n’en emploie pas. En même temps, ces cas sont plus fréquents et plus fréquemment obligatoires que dans les autres langues mentionnées ici, ex.Katiazt mondja, hogy fáj a feje « Kati dit qu’elle a mal à la tête » (litt. « Kati cela dit, qu’elle a mal à la tête »)[32].
Les types de subordonnées et leurs classifications sont très différents en fonction des grammaires et des grammairiens, même traitant d’une même langue[3],[35].
Dans desgrammaires du français on trouve des classifications selon le mot de jonction (en relatives, conjonctives etinterrogatives indirectes), selon lemode du prédicat de la subordonnée (un mode personnel, l’infinitif, leparticipe), selon la fonction du terme correspondant de la phrase simple (sujet,complément du verbe, complément de l’antécédent nominal,complément circonstanciel) ou selon la place de la subordonnée : antéposée ou postposée par rapport à la proposition principale, ou bien imbriquée dans celle-ci.
Grevisse et Goosse 2007, par exemple, traite des propositions suivantes :
relative :Son cocher,qui était ivre, s’assoupit tout à coup (Gustave Flaubert)[36] ;
Dans certains ouvrages de spécialité de langue anglaise il y a une classification des subordonnées selon la nature des mots qu’elles peuvent remplacer pour remplir les fonctions syntaxiques de ceux-ci, en[47] :
adverbiales :If you touch me, I’ll shout « Si tu me touches, je crie » ;
nominales :He told methat you would come « Il m’a dit que tu viendrais » ;
relatives (pouvant remplacer unadjectif) :A girlthat I knew appeared in the newspaper « Une fille que je connaissais a paru dans le journal ».
Une autre classification est faite selon la nature du mot de jonction, en propositions relatives (introduites par un pronom ou un adverbe relatif), relatives interrogatives (introduites par unpronom ou un adverbe interrogatif) et conjonctives (introduites par une conjonction ou par un mot appelé « pronom adverbial », ex.wherein « dans le/la/lesquel(le)(s) »[3].
Dans certaines grammairesroumaines, les subordonnées sont d’abord groupées en non circonstancielles et circonstancielles, puis on établit une typologie selon leurs fonctions dans la phrase complexe analogues avec celles des termes correspondants dans la phrase simple : sujet, complément, etc. (non circonstanciels), respectivement de lieu, de temps, etc. selon lasémantique spéciale du rapport circonstanciel[35].
On trouve aussi une classification semblable à la première concernant l’anglais (voir plus haut), selon que la fonction de la subordonnée est pareille à celle de mots de trois natures :
nom :
sujet :E foarte importantce-mi spui « C’est très important, ce que tu me dis »[48] ;
prédicat (correspondant à l’attribut du sujet) :Tatăl său eraceea ce dorise el însuși « Son père était ce qu’il avait lui-même souhaité »[49] ;
complément d’objet direct :Au aflatcă v-ați întors « Ils/Elles ont appris que vous étiez rentré(e)(s) »[50] ;
complément d'agent :Primul avion românesc a fost construitde cine știm cu toții « Le premier avion roumain a été construit tout le monde sait par qui » (litt. « Le premier avion roumain a été construit par qui savons tous »)[51] ;
adjectif :
attribut du sujet (proposition prédicat) :Pădurea eracum o visasem eu « La forêt était comme je l’avais rêvée »[52] ;
épithète (proposition relative) :Nu mai întâlnise o ființăcare să-l impresioneze atâta « Il n’avait pas rencontré d’être qui l’impressionne autant »[53] ;
adverbe :
compléments circonstanciels, les mêmes espèces que les propositions adverbiales selon Grevisse et Goosse 2007 (vois plus haut), plus
Les grammairesBCMS[54] établissent les types de subordonnées premièrement selon leurs fonctions analogues à celles des termes correspondants de la phrase simple. Dans une grammaireserbe, par exemple, on distingue des propositions[55] :
sujet :Poznato jeda kafa škodi srcu « Il est connu que le café nuit au cœur » ;
complément d’objet direct :Tražili smoda se ukine porez na knjige « Nous avons demandé qu’on élimine l’impôt sur les livres » ;
prédicat (attribut du sujet) :Cilj ove rezolucije jeda se prekinu sukobi « Le but de cette résolution est que les conflits cessent » ;
épithète (proposition relative déterminative) :Životinjekoje žive na dalekom severu imaju debelo krzno « Les animaux qui vivent dans l’extrême Nord ont une fourrure épaisse » ;
apposition (proposition relative explicative) :Davorin Jenko,koji je komponovao srpsku himnu, bio je Slovenac « Davorin Jenko, qui a composé l’hymne serbe, étaitslovène » ;
compléments circonstanciels (espèces de propositions détaillées dans la classification suivante).
Deuxièmement, dans cette grammaire, les subordonnées sont classées selon leur contenu, en[56] :
déclaratives, régies par des verbes comme « dire », « penser », « sentir » ou « vouloir », étant selon la classification ci-dessus des propositions objet direct ou sujet ;
interrogatives indirectes ;
relatives (les propositions épithète et apposition de la classification ci-dessus) ;
de temps, de manière, de cause, de but, de conséquence, de concession et de condition dans le sens de celles des grammaires françaises ;
de lieu :Možete sestigdegod želite « Vous pouvez vous asseoir où que vous vouliez ».
L’une des typologies parmi d’autres, selon une grammaire hongroise pour apprenantsfrancophones, comprend les types de propositions ci-dessous (corrélatifs et antécédents soulignés, et en parenthèse s’ils sont facultatifs)[57] :
prédicat :A kisfiú nemazé,aki felnevelte « Le petit garçon n’est pas à celui qui l’a élevé » ;
sujet :Akik keresik, (azok) megtalálják egymást « Ceux qui se cherchent se trouvent » ;
complément d’objet direct :Azt mondtam neki,hogy vigye le a szemetet « Je lui ai dit de descendre les ordures » (litt. « Cela je lui ai dit, qu’il/elle descende les ordures ») ;
circonstancielles :
de lieu :Ott élünk,ahol a barátaink « Nous vivons là où vivent nos amis » ;
de temps :Akkor gyere,amikor Mária nincs itthon « Viens quand Mária n’est pas à la maison » (litt. « Alors viens, quand… ») ;
de manière :Tegyenúgy,ahogy jónak látja « Faites comme bon vous semble » (litt. « Faites ainsi, comme… ») ;
de concession, obligatoirement sans corrélatif/antécédent :Szeretem Máriát,holott sok rosszat mond rólam « J’aime Mária bien qu’elle dise beaucoup de mal de moi » ;
de cause :
avec corrélatif facultatif :(Azért) iszom,mert szomjas vagyok « Je bois parce que j’ai soif » (litt. « (Pour cela) je bois, parce que… ») ;
obligatoirement sans corrélatif/antécédent :Mivel meleg van, kinyitom az ablakot « Comme il fait chaud, j’ouvre la fenêtre » ;
de but :Megfésülködött,nehogy rendetlennek találják « Il/Elle s’est coiffé(e) pour qu’on ne le/la trouve pas négligé(e) » ;
de condition :Csakúgy fogtok boldogulni,ha szorgalmasan dolgoztok « Vous vous réaliserez si seulement vous travaillez assidûment » ;
de conséquence :Annyira megijedtem,hogy majdnem elszaladtam « J’ai eu tellement peur que j’ai failli m’enfuir » ;
rectionnelles (correspondant en général aux compléments d’objet indirect engrammaire française) :Arról kell gondoskodnod,hogy mindig tele legyen a hűtőszekrény « Il te faut veiller à ce que le réfrigérateur soit toujours rempli » (litt. « À cela il te faut veiller, que… ») ;
correspondantes de la proposition relative dans les grammaires françaises :
qualitative (correspondant à une épithète) :Csakazok a színésznők játszanak a darabban,akiket kedvel az igazgató « Ne jouent dans la pièce que les actrices qui ont les faveurs du directeur » (litt. « Seulement ces actrices-là jouent dans la pièce, qui… ») ;
quantitative (correspondant à une expression de la quantité) :Annyi vizet eressz a kádba,amennyit akarsz « Fais couler dans la baignoire autant d’eau que tu veux » ;
possessive (correspondant aucomplément du nom exprimant un possesseur) :Annak a kezét szorította meg,aki elsőnek üdvözölte « Il a serré la main de celui qui l’avait salué le premier » ;
appositive :Láttam az új üzletet,azt,amelyik a sarkon nyílt « J’ai vu le nouveau magasin, celui qui vient d’ouvrir au coin de la rue ».
Dans les grammaires traditionnelles roumaines, BCMS ou hongroises, on considère que le prédicat de la subordonnée, comme celle de la proposition en général, doit être un verbe à un mode personnel (certaines interjections aussi selon des grammaires roumaines). Mais dans les grammaires françaises il s’agit aussi de prédicat exprimé par une forme nominale du verbe. Cette vision part du fait que dans une même langue, une subordonnée peut être lesynonyme syntaxique dusyntagme d’une forme nominale du verbe, surtout de l’infinitif. Exemples :
De même, des subordonnées dans une langue sont équivalentes de syntagmes de formes nominales du verbe dans une autre langue. Dans le cas de l’infinitif, par exemple, cela s’explique par le fait que, dans certaines langues, celui-ci à un poids plus important que dans d’autres pour exprimer desprocès subordonnés lorsque son sujet est identique à celui de son mot régissant, par rapport à leur expression par une subordonnée. Par exemple, sans qu’aucune des deux constructions soit exclue, le roumain ou le serbe ont une préférence pour la subordonnée, et le français ou lecroate pour l’infinitif. Klajn 2005 remarque qu’une phrase telle queHoćuspavati « Je veux dormir », avec l’infinitif, aurait en serbe l’air d’unarchaïsme ou d’un croatisme au lieu deHoćuda spavam (litt. « Je veux que je dorme »)[60], étant donné que lestandard serbe admet l’emploi de l’infinitif seulement avec lesverbes modaux, comme dans l’exempleMožemo ući « Nous pouvons entrer » donné plus haut.
Dans les grammaires françaises on prend en compte laproposition infinitive, par certains auteurs si seulement son sujet est différent de celui de son verbe régissant, ex.Nous regardions les avionss’éloigner dans la nuit[62].
Pour d’autres auteurs il s’agit de proposition infinitive également si le sujet est unique :Il pensaitavoir trouvé la solution[2].
Certains auteurs traitent aussi de laproposition participiale, lorsque le verbe au participe a son propre sujet. Il peut s’agir du participe[63] :
présent :Il lui a opposé un argumententraînant la conviction ou
passé :Le chatparti, les souris dansent.
Le mode personnel du prédicat de la subordonnée peut dépendre de plusieurs facteurs : le sens du mot régissant, le mot de jonction, le type de la subordonnée, la façon dont lelocuteur voit le procès exprimé (lamodalité). Dans des phrases équivalentes en deux langues comparées, le mode personnel du prédicat de la subordonnée peut être différent, parfois parce que l’une des langues ne possède pas un certain mode que l’autre possède, d’autres fois même quand les deux langues le possèdent.
Par exemple, en roumain, en BCMS ou en hongrois, le prédicat de la proposition de condition introduite par la conjonction correspondant àsi peut être auconditionnel, mais en français il doit être à l’indicatif, bien que cette langue aussi ait le conditionnel. Exemples :
Dans un même type de subordonnée, le prédicat peut être à des modes différents en fonction du sens de son verbe régissant. Si, par exemple, ce verbe exprime la certitude, le prédicat de la subordonnée complément d’objet direct ou sujet est à l’indicatif ou au conditionnel :
Dans un même type de subordonnée, le prédicat peut être à des modes différents en fonction du mot de jonction. En français, par exemple, certaines locutions conjonctives demandent l’indicatif dans certaines propositions de temps, et le subjonctif dans d’autres :Au moment où j’allais sortir (indicatif),j’ai constaté que j’avais oublié mon portefeuille[71] vsEntraînez-vous jusqu’à ce que voussoyez (subjonctif)satisfait de vos progrès[72].
La place de la subordonnée peut dépendre de son type, de son mot de jonction ou de l’intention du locuteur de la mettre en relief.
La proposition relative, par exemple, est en général placée juste après son antécédent, ce qui fait souvent qu’elle soit imbriquée dans la principale :
On peut changer la place de certaines subordonnées, surtout en les déplaçant de leur place habituelle, après la principale, devant celle-ci, dans le but de la mettre en relief :
Kalmbach, Jean-Michel,La grammaire du français langue étrangère pour étudiants finnophones (version 1.1.4.), Jyväskylä (Finlande), Université de Jyväskylä,(ISBN978-951-39-4260-1,lire en ligne)
Szende, Thomas et Kassai, Georges,Grammaire fondamentale du hongrois, Paris, Langues et mondes – l’Asiathèque,, 573 p.(ISBN978-2-915255-55-3,lire en ligne)