La part de l'électricité dans la consommation finale d'énergie mondiale s'élevait à 21,2 % en 2023. La production mondiale d'électricité était issue en 2024 des combustibles fossiles pour 58,6 %, du nucléaire pour 9,0 % et des énergies renouvelables pour 31,6 % (hydroélectricité 14,2 %, éolien 8,0 %, solaire 6,8 %, biomasse et autres 2,5 %). Les deux principaux pays producteurs d'électricité en 2024 totalisent près de la moitié de la production mondiale : Chine 32,4 % et États-Unis 14,8 %.
La production d'électricité et de chaleur est en 2022, au niveau mondial, responsable de 43,8 % des émissions de CO2 liées à l'énergie. Ces émissions sont attribuables au charbon à 73,9 %, au gaz à 21,5 % et au pétrole à 4,6 %.
En 1882, Thomas Edison construit la centrale dePearl Street Station, première aux États-Unis. Elle abrite six dynamos « Jumbo » mues par desmachines à vapeur, celle-ci étant produite grâce aucharbon, et fournit du courant continu dans un rayon de 800 m[5]. D'une capacité de 1 200 lampes, elle éclaire85 maisons, bureaux et boutiques deManhattan[6]. Moins d'un an plus tard, d'autres centrales, toujours plus puissantes, éclairent plus de430 immeubles new-yorkais avec plus de 10 000 ampoules. C'est également la première centrale àcogénération, dont la chaleur résiduelle est distribuée aux bâtiments voisins et la vapeur vendue aux usines locales. La technologie sera par la suite adoptée dans le monde entier.
En 1890, lecourant alternatif sort vainqueur de laguerre des courants l'opposant aux partisans du courant continu. La production centralisée d'électricité se généralise alors, grâce autransport de l'énergie à haute tension, sur de longues distances.
Le classement de l'énergie nucléaire dans les énergies durables fait l'objet de débats enEurope. En 2022, des conditions au « label vert » sont fixées par l'Union européenne concernant le futur de l'électricité d'origine nucléaire. Les projets de construction de nouvellescentrales nucléaires devront avoir obtenu un permis de construire avant 2045. Les travaux permettant de prolonger la durée de vie des centrales nucléaires existantes devront avoir été autorisés avant 2040[8].
Mais la plupart des processus de production d'électricité, y compris ceux qualifiés de durables, exercent une influence dommageable sur l'environnement.
Émissions mondiales de CO2 liées à l'énergie par secteur économique en 2019[11].
Électricité, 40 %
Transports, 23 %
Industrie, 23 %
Bâtiments, 10 %
Autres, 4 %
La production d'électricité etde chaleur est en 2022, au niveau mondial, responsable de 43,8 % des émissions de CO2 liées à l'énergie, devant les transports (23,3 %), l'industrie et le bâtiment (18,4 %), le secteur résidentiel (5,7 %), le secteur tertiaire (2,3 %) et les autres industries énergétiques (4,9 %)[12]. Ces émissions sont attribuables au charbon à 73,9 %, au gaz à 21,5 % et au pétrole à 4,6 %[13].
Selon les estimations de l'Energy Institute, le charbon assure 34 % de la production mondiale d'électricité en 2024 ; au total, 58,6 % de la production mondiale d’électricité provient des combustibles fossiles. Les émissions de CO2 liées à l'énergie sont estimées à 35 492 Mt, en hausse de 1,3 % par rapport à 2023 et de 8,1 % depuis 2014[14].
En raison desruptures d'approvisionnement en gaz russe en 2022, l'Allemagne entend recourir davantage aux centrales à charbon[15] et défend l'extension de lamine de Garzweiler[16]. En Asie, les multiples projets de centrales à charbon risquent aussi de mettre à mal les objectifs climatiques[17],[18],[19],[20]. Ainsi, entre le premier semestre 2019 et le premier semestre 2021, l'augmentation de la production électrique des centrales à charbon enChine a été supérieure à la production de l'ensemble des centrales à charbon de l’Union européenne au premier semestre 2021.« Latransition du secteur électrique chinois devient pourtant cruciale »[21],[22],[23]. En 2021, la production d'électricité a fortement augmenté, couverte à hauteur de plus de la moitié par la hausse de la combustion du charbon. Mais l'IEA pense que l'augmentation attendue de la production d'électricité dans les prochaines années sera de plus en plus assurée par les énergies renouvelables[24]. Richard York etThe Shift Project affirment qu'à l'échelle mondiale, les énergies renouvelables ont plus tendance à s'ajouter aux énergies classiques qu'à les remplacer, en particulier dans le domaine de l'électricité[25],[26]. Une étude publiée en 2015 par le département de recherche et développement d'EDF, qui simule le fonctionnement du système électrique européen avec de l'éolien et du photovoltaïque, nuance ces affirmations. Elle conclut que 700 GW d'énergies renouvelables intermittentes permettront de réduire de 160 GW les moyens conventionnels de base (thermiques pour l'essentiel), mais exigeront 60 GW demoyens de production de pointe (back-up, également thermique pour l'essentiel) pour assurer la satisfaction de la demande lors des périodes sans vent et sans soleil ; l'économie de moyens de production conventionnels sera donc de 100 GW[27].
Lespales deséoliennes sont faites d'unmatériau composite comprenant unematrice de résines thermoplastiques et thermodurcissables et un renfort de fibresde carbone oude verre. Elles ne sont pas recyclées. À partir de 2025, au moins la moitié des nacelles et des pales devront réglementairement être recyclées[39].
Lespanneaux solaires photovoltaïques sont composés essentiellement de verre, d'aluminium et de semi-conducteurs (leurs équipements annexes, tels lesonduleurs etaccumulateurs, sont catégorisés commedéchets électroniques). Tous ces matériaux sont hautement recyclables et peuvent être incorporés à la fabrication de nouveaux panneaux ou à d'autres processus industriels.PV Cycle annonce ainsi un taux devalorisation de 94,7 % pour un module photovoltaïque à base de silicium cristallin avec un cadre en aluminium[40].
L'extraction du minerai d'uranium peut poser des problèmes de pollution. Ainsi, à la suite de l'épuisement de lamine d'Akouta au Niger en 2020, une vingtaine de millions de tonnes de résidus de traitement, qui contiennent à peu près 80 % de la radioactivité, sont stockés à l'air libre. L'exploitant s'est engagé à les protéger par un sarcophage[41]. Concernant le stockage des déchets nucléaires, bien que les études relatives à la sûreté duCentre de stockage de la Manche soient très positives, le site n'est pasbanalisable à l’issue des300 ans ; il convient donc d'en garder la mémoire[42].
Les centrales thermiques, qu'elles soientnucléaires ou àcombustible fossile, rejettent de la chaleur[48] dans les cours d'eau, dans la mer ou dans l'atmosphère (avec un rendement de 34 %, une centrale évacue environ deux fois plus de chaleur qu'elle ne produit d'électricité). Ces rejets de chaleur engendrent une« nuisance directe sur l’environnement de la centrale »[49].
L'empreinte au sol mesure la superficie utilisée, directement et indirectement, par une activité humaine. Elle peut être considérée comme un indicateur de l'artificialisation des sols. L'empreinte au sol de la production d'électricité a fait l'objet de plusieurs études. En particulier, l'étude publiée en par laConvention des Nations unies sur la lutte contre la désertification (UNCCD) et l'Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA) fournit, à partir d'une compilation d'études d'impact, une estimation de l'empreinte au sol ou « intensité d'utilisation des terres » des principaux modes de production d'électricité (en mètres carrés par mégawattheure) : nucléaire 0,1, gaz naturel 0,2, charbon 0,2 (mine souterraine) ou 5 (mine à ciel ouvert), éolien 1, géothermie 2,5, hydroélectricité (grands barrages) 10, solaire photovoltaïque 10, solaire thermodynamique 15, biomasse 500[60]. Une autre étude, publiée en, donne des estimations peu différentes, en hectares par térawattheure et par an (médianes) : nucléaire 7,1, géothermie 45, éolien 130 (empreinte) ou 12 000 (espacement), biomasse (déchets) 130, gaz naturel 410 (empreinte) ou 1 900 (espacement), hydroélectricité 650, charbon 1 000, solaire thermodynamique 1 500, solaire photovoltaïque (centrale au sol) 2 000, biomasse (culture dédiée) 58 000. Les estimations de type « empreinte » ne prennent en compte que les composants physiques de la centrale, alors que celles de type « espacement » y ajoutent les espaces inoccupés entre ces composants (pour un parc éolien, les espaces entre les mats des éoliennes)[61].
Selon l'association négaWatt, les modèles d’éoliennes de 100 mètres installés en France dans les années 2010 ont une fondation d'une vingtaine de mètres de diamètre, pour une profondeur de 3 mètres et une masse de béton de 800 tonnes, armée de 40 tonnes d’acier. Ainsi, la consommation annuelle de béton pour la filière éolienne représente en France 0,5 % de la production nationale, et l’éolien contribue à hauteur d'environ 1,5 % à l’artificialisation des terres[50].
Le développement des énergies renouvelables intermittentes nécessitera uneinterconnexion plus poussée[62] : un« système électrique avec une part très élevée d'énergies renouvelables s’accompagnerait d’une plus grande empreinte territoriale des réseaux », ce qui pose un problème d'acceptabilité sociale, d'aprèsRTE et l'IEA[63],[33].
Lescentrales houlomotrices utilisent l'énergie mécanique des vagues qui est convertie en énergie de fluide via desbéliers hydrauliques, puis qui est transformée en énergie mécanique via une turbine, qui entraîne un générateur électrique (exemplela machine Pelamis).
Les fermeséoliennes utilisent l'énergie du vent qui est transformée en énergie mécanique via unrotor composé de plusieurspales, qui entraîne un générateur électrique ; le couple étant appelé unaérogénérateur.
Lesgroupes électrogènes utilisent l'énergie mécanique d'un moteur à explosion, qui entraîne un générateur électrique.
Toutes les centrales ci-dessus fonctionnent par conversion finale de l'énergie mécanique en énergie électrique par l'intermédiaire d'une génératrice comme unemachine synchrone (alternateur) qui produit ducourant alternatif ou unedynamo qui produit ducourant continu.
En conséquence, un plan journalier de production d'énergie est établi par lesfournisseurs d'électricité et les différents moyens de production sont activés au gré des variations de consommation prévues ou imprévues. Par exemple,en France, lescentrales nucléaires fournissent la « base », c'est-à-dire de très grandes quantités d'électricité (de 900 à 1 450 MW par centrale) ; lescentrales thermiques peuvent démarrer en quelques heures et fournissent la « semi-base », en service permanent ou saisonnier ; enfin, lesbarrageshydro-électriques répondent en quelques minutes à la « pointe » de consommation électrique.
Source des données :Agence internationale de l'énergie[69] pour 2000 et 2023,Energy Institute pour 2024[14]. PV = photovoltaïque ; EnR = énergies renouvelables ; solaire th. = solaire thermodynamique. L'Energy Institute regroupe la biomasse avec la géothermie et les autres « petites » EnR.
Production d’électricité des principaux pays en 2023 et 2024
NB : l'AIE prend en compte la production des centrales de pompage-turbinage dans la production hydroélectrique, alors que l'EI l'en exclut, car elle n'est pas renouvelable. Cela explique l'écart entre 2023 et 2024 pour des pays comme le Japon.
Le rapportElectricity 2025 de l'Agence internationale de l'énergie estime que la demande d'électricité a augmenté de 4,3 % en 2024 contre 2,5 % en 2023. L'AIE prévoit qu'elle va continuer à progresser de près de 4 % par an jusqu'à 2027, et que 85 % de cette croissance se situera dans les pays émergents, en particulier en Chine (+6 % l'an), en Inde (+6,3 % l'an) et dans le sud-est asiatique. En Chine, la part de l'électricité dans la consommation finale atteint 28 %, bien plus qu'aux États-Unis (22 %) et dans l'Union européenne (21 %) ; l'industrie compte pour près de 50 % dans la croissance de la demande chinoise, en particulier la production de modules photovoltaïques, de batteries et de véhicules électriques, qui représentent le tiers de la croissance ; la consommation d'électricité descentres de données en Chine pourrait doubler d'ici 2027. L'AIE prévoit que la demande d'électricité dans les pays avancés va représenter 15 % de la croissance mondiale, alors que leur demande est restée inchangée de 2021 à 2024, pour alimenter les véhicules électriques, les pompes à chaleur, les centres de données et l'électrification de l'industrie. La croissance de la production d'électricité sera couverte à près de 95 % par les énergies renouvelables et le reste par le nucléaire. Les émissions de CO2 devraient se stabiliser après leurs hausses de 1,4 % en 2023 et 1 % en 2024. La part du charbon dans la production devrait tomber au-dessous du seuil de 33 % et la production à partir de gaz naturel augmenterait de 1 % l'an. La croissance des épisodes de prix négatifs ainsi que de prix très élevés dus à des combinaisons de très faibles productions éoliennes et solaires (lessècheresses énergétiques) observés durant l'hiver 2024-2025 en Europe doit inciter à accroître la part des centrales pilotables[70].
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En,200 régulateurs de l'énergie et11 associations régionales ont créé une Confédération internationale des régulateurs de l'énergie (ICER)[74] pour échanger des informations sur les « bonnes pratiques » concernant les questions liées à la régulation de l'énergie.
Quatre thèmes et groupes de travail ont été retenus par l'ICER :
sécurité de l'approvisionnement ;
changement climatique (leG8 des ministres de l'énergie, réuni à Rome en, avait demandé aux régulateurs de se coordonner pour une meilleure adaptation aux dérèglements climatiques) ;
Le rapportWorld Energy Outlook 2024 de l'Agence internationale de l'énergie prévoit que plus de la moitié de l'électricité de la planète sera d'origine bas carbone d'ici 2030. Mais le monde, toujours dépendant d'énergies fossiles, est encore« loin d'une trajectoire alignée » sur les objectifs de neutralité carbone en 2050. L'AIE s'attend à un pic des émissions mondiales de CO2 avant 2030, mais s'alarme qu'« en l'absence d'une forte baisse par la suite, le monde est en passe d'atteindre une hausse de2,4 °C des températures moyennes mondiales d'ici la fin du siècle »[75].
L'Allemagne sortira du nucléaire en 2022 et du charbon en 2030[76] et sa production électrique doit être entièrement assurée en 2050 par les énergies renouvelables, dont les insuffisances à certaines périodes doivent être couvertes par de l'hydrogène ou des hydrocarbures synthétiques[77],[78]. Le pays devra importer massivement de l'hydrogène vert[79], en particulier d'Afrique, dont un atlas est élaboré à cet effet[80].
↑Laurent Delcayrou et Corentin Riet,The Shift Project,Vers la résilience des territoires : Pour tenir le cap de la transition écologique, Éditions Yves Michel,(ISBN978-2-36429-217-8),p. 30.
↑(en) Florian Koblochet al., « Net emission reductions from electric cars and heat pumps in 59 world regions over time » [« Réductions nettes des émissions des voitures électriques et des pompes à chaleur dans 59 régions du monde en fonction du temps »],Nature,(lire en ligne).