
Leprocès de Buchenwald (également appeléaffaire 000-50-9) est un procès decriminels de guerre conduit par l'armée des États-Unis dans lazone d'occupation américaine autribunal militaire deDachau. Le procès se déroula du11 avril au dans l'anciencamp de concentration deDachau, transformé fin encamp d'internement.
Lors de ce procès, 31 personnes furent inculpées pourcrimes de guerre liés aucamp de concentration de Buchenwald et à sescamps satellites. À l'issue du procès, les 31 accusés furent reconnus coupables. Le procès de Buchenwald faisait partie desprocès de Dachau qui furent tenus entre 1945 et 1948[1].



« Les porcs dans les écuries SS reçurent une meilleure alimentation, comparé à la nourriture des prisonniers.
— Peter Zenkl, vice-premier ministre tchécoslovaque, ancien détenu de Buchenwald, témoigna en premier pendant le procès de Buchenwald à partir de la mi-avril 1947[2]. »
Lorsque les troupes américaines atteignirent lescamps de concentration duReich allemand dans les dernières phases de laSeconde Guerre mondiale, elles n'étaient pas préparées à affronter les atrocités commises dans les camps de concentration. La prise en charge desMuselmann et l'enterrement des milliers de prisonniers victimes demarches de la mort, d’exécutions ou de la faim constituèrent une tâche difficile pour l'armée des États-Unis. Avant la libération ducamp de concentration de Buchenwald le, les soldats américains avaient pris des photos après la prise ducamp de concentration d'Ohrdruf (en), un camp annexe de Buchenwald, illustrant les terribles circonstances de l'évacuation du camp[3]. Dès le, le commandant suprême des forces alliées,Dwight D. Eisenhower, se rendit dans le camp de concentration d'Ohrdruf et, après cette terrible visite, demanda à des politiciens américains et britanniques, des représentants desNations unies et à la presse américaine de visiter le camp afin de montrer au Monde les atrocités commises par leTroisième Reich[4]. Le, 1 000 habitants deWeimar sous commandement américain furent mandatés pour visiter le camp de concentration de Buchenwald où ils purent observer les dernières traces de l'extermination de masse. D'autre part, des habitants résidant à proximité durent enterrer les victimes des marches de la mort[3].
Dans le cadre de l'US War Crimes Trial Program, un programme américain visant à instaurer des normes juridiques et un système judiciaire pour poursuivre lescriminels de guerre allemands, les enquêteurs américains débutèrent rapidement leurs enquêtes afin d'identifier les responsables de ces crimes[5]. En peu de temps, les auteurs furent rapidement arrêtés et emprisonnés, dont le dernier commandant du camp,Hermann Pister, arrêté en par des soldats américains àMunich. L'état-major du Commandement fut interné dans uncamp de prisonniers de guerre àBad Aibling et interrogé peu après la fin de la guerre en 1945 par leCounter Intelligence Corps[6]. Au moins 450 anciens détenus de Buchenwald furent appelés comme témoins, dontHermann Brill (en), et deux camions contenant du matériel documentaire appartenant au commandant du camp furent utilisés comme preuves. En raison de laCommission consultative européenne deLondres, l'armée américaine deThuringe remit les pièces à conviction à l'administration militaire soviétique en Allemagne (SMAD) le. Après des enquêtes préliminaires contre plus de 6 000 personnes jusqu'à l'automne 1945, environ 250 suspects furent arrêtés. Cependant, les témoins n'étaient souvent plus en mesure de les identifier, ou les photos incriminantes n'étaient pas correctement attribuées ; tandis que certains suspects réussirent à s'enfuir[4],[7].
En raison de la présence de nombreux suspects enzone d'occupation soviétique ou détenus par l'armée Rouge, ainsi qu'au vu du nombre de ressortissants de l'Union soviétique ayant péri dans le camp (environ 15 000 ; soit plus que toutes autres nations impliquées), le gouvernement militaire américain en Allemagne (OMGUS) considéra l'Union soviétique chargée du processus judiciaire. Le, l'adjoint au gouverneur militaire,Lucius D. Clay, proposa au chef de l'administration militaire soviétique en Allemagne,Vasily Sokolovsky, de transférer le procès de Buchenwald au gouvernement soviétique. Après de longues négociations et une inspection hésitante des dossiers de l'enquête, les autorités soviétique manifestèrent leur intérêt pour une procédure concernant uniquement les tueries de masse àGardelegen, où 1 000 prisonniersfurent brûlés vifs. Après la remise de 22 accusés aux autorités militaires soviétiques, il fut convenu d'effectuer la même procédure pour les accusés du camp de concentration de Buchenwald et deMittelbau-Dora. Le fut stipulé comme la date du transfert des détenus et des preuves étendues concernant Buchenwald et Mittelbau ; cependant, aucun représentant de l'administration militaire soviétique ne viendra au point de rencontre de la zone frontalière. Mais après 14 heures d'attente, les prisonniers et les preuves furent tant bien que mal ramenés au centre de détention deDachau[8].

Des négociations privées concernant la compétence de la procédure de Buchenwald survirent à cause d'une critique internationale tardive significative. En particulier, laCommission des crimes de guerre des Nations unies, une commission desÉtats alliés chargée de poursuivre les crimes de guerre commis par les puissances de l'Axe, exigeait déjà au début de 1946 la mise en œuvre du procès de Buchenwald devant untribunal international. Les autorités militaires soviétiques n'ayant manifesté aucun intérêt envers ce procès, les autorités judiciaires françaises et belges annoncèrent leur volonté de mener à bien le procès, mais cette option fut rejetée par la cour américaine face à l'immense travail de traduction à effectuer. L'enquêteur principal de l'armée américaine força le début du processus, qui s'acheva à la fin de[9].

La plupart des inculpés étaient membres du personnel du camp, mais lechef des SS et de la police,Josias,prince héréditaire de Waldeck et Pyrmont, avait été inculpé, car le camp de concentration de Buchenwald se trouvait sous sa juridiction. Le commandant du camp,Hermann Pister, les membres du commandement, trois des médecins du camp, des officiers supérieurs de la SS ainsi que la veuve du premier commandant,Ilse Koch, furent inculpés. De plus, les chefs de quartier, les commandants de détachement, trois prisonniers fonctionnaires et employés civils furent également jugés[10].
La base légale du processus était l'administration juridique et pénale de, basée sur les décrets du gouvernement militaire. La loi n° 10 du du Conseil de contrôle, selon laquelle toute personne mise en examen pourcrimes de guerre,crimes contre la paix etcrimes contre l'humanité pourrait être condamnée, n'a joué aucun rôle important dans ce processus[11].
Les accusés photographiés par les forces militaires américaines à partir d'
Sur les 31 personnes inculpées pourcrimes de guerre, toutes sont reconnues coupables.
11 seront exécutés, 10 sont condamnés à morts mais voient leur peine transformée, 5 sont condamnés à la prison à vie, 4 sont condamnés à 10, 15 ou 20 ans de prison.
Ilse Koch, condamnée à la prison à vie, se suicide en prison en 1967.
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