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| Prison Sainte-Pélagie | ||||
La façade de la prison,rue du Puits-de-l'Ermite, à Paris, parEugène Atget en 1898. | ||||
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| Coordonnées | 48° 50′ 33″ nord, 2° 21′ 10″ est | |||
Géolocalisation sur la carte :Paris Géolocalisation sur la carte :Île-de-France Géolocalisation sur la carte :France | ||||
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| Type | Prison | |||
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Laprison Sainte-Pélagie est une anciennemaison de détention parisienne, détruite en 1899.
Elle se situait au niveau de l'actuel groupe d'immeubles[1] de larue de la Clef, au carrefour de larue du Puits-de-l'Ermite[2] dans le5e arrondissement de Paris. L'entrée de la prison se trouvait à la hauteur de l'actuelleplace du Puits-de-l'Ermite.

Le nom deSainte Pélagie lui fut donné parce que cette sainte fut comédienne de la ville d'Antioche et devint illustre par sa pénitence et par sonmartyre.
Créée par la « Fondation des filles repenties » en 1662, elle fut établierue du Puits-de-l'Ermite, à Paris (dans l'actuel5e arrondissement), en 1665.
Elle s’est d’abord appelée « le Refuge ». Elle est conçue, en réaction aux mauvais traitements qui étaient infligés aux pensionnaires de laSalpêtrière, parMadame de Miramion suivant alors les préceptes deVincent de Paul[3].
Destinée aux « filles repenties », elle devint vite un lieu d'internement pour« filles et femmes débauchées ».
En 1790, Sainte-Pélagie devint maison d'arrêt, recevant tous les « exclus » de lagrande Révolution (en premier les royalistes, en dernier les républicains), puis prison départementale en 1811.
Prison pour hommes, elle recevra une première femme en la personne deManon Roland, épouse de l’ancien ministre et idole des Girondins, qui dira : « Moi la seule femme dans cette geôle ! Quelle horreur et quel honneur ».
La répression étatique y occasionnant l'emprisonnement fréquent de chansonniers parisiens, ceux-ci finissent par créer dans leur cellule lagoguette desBiberons qui publie en 1825 un volume :La Marotte de Sainte-Pélagie. Il connaît deux éditions[4].
Prison réservée aux « affaires de mœurs », « prison pour dettes », Sainte-Pélagie sera « promue » et dévolue aux détenus politiques au mois de.
Les prisonniers pour dettes sont transférés en 1834 à laprison de Clichy.
« Cette prison est beaucoup trop petite pour tous ceux qu'elle renferme. Ce sont :
1° des condamnés à un emprisonnement plus ou moins long ;
2° des hommes détenus pour dettes dans la proportion ordinaire d'un quart à un tiers ;
3° des garçons dits à lacorrection paternelle, dans la proportion d'environ un vingt-cinquième[5]. »
La mortalité annuelle moyenne de 1815 à 1818 est d'un détenu sur 24,48.
Émile de La Bédollière précise en 1860 dans sonDictionnaire des besoins usuels dans Paris que l'adresse officielle de la prison Sainte-Pélagie est 14, rue du Puits-de-l'Ermite. Comme pour les 11 autres prisons parisiennes :
« On peut visiter les prisonniers deux fois par semaine, le jeudi et le dimanche, à l'aide d'un permis qu'il faut demander au 3e bureau de la1re division de lapréfecture de police de Paris. Les parents seuls sont autorisés[6]. »
Le dimanche, une révolte, appuyée par plusieurs sections de laSociété des amis du peuple éclate parmi les détenus ; elle fera un mort, le typographe Jacobeus.

Les années suivantes, laSociété des droits de l'homme, naguère secrète, se consacre alors, suivant ses convictions, à entretenir l’agitation républicaine contre lamonarchie de Juillet. Ses têtes pensantes :François Arago etÉtienne Arago,Louis Blanc,Victor Schœlcher,Alexandre Ledru-Rollin,Auguste Blanqui etGodefroy Cavaignac, organisent la nuit d'émeutes du, pendant laquelle tous les habitants d'une maison de larue Transnonain, d'où était parti un coup de feu, furent massacrés par l'armée. Cet événement inspira le « massacre de la rue Transnonain », célèbre dessin d'Honoré Daumier. Le, 164 « conjurés » sont arrêtés et transférés à Sainte-Pélagie, sans aucun jugement. Barbès et Cavaignac organiseront de l'intérieur même de la prison, le, « la grande évasion » en sortant avec 26 autres des 164 « conjurés » de cette prison parisienne réputée « infranchissable ».
L'édifice, devenu insalubre, sera finalement démoli entre juin 1899 et février 1900[7]. Voici ce qu'en disait à sa seconde incarcérationÉvariste Galois :
« Porte aussi massive que rébarbative, murs épais d'un mètre qui le disputent à l'horreur de sombres couloirs, suintant la crasse, le froid et le désespoir. Tout ici sent la Mort !Dante a dû y venir, rédiger sesEnfers[8]. »
Sont ci-dessous détaillés quelques-uns des plus illustres personnages ayant été mis en prison à Sainte-Pélagie :
Louis-Rémy Aubert-Roche (1810-1874), médecin spécialiste de lapeste.
Dans 3 intéressantes lettres relatives aux troubles qui suivirent l’élection deLouis-Napoléon Bonaparte, Louis Aubert-Roche écrit de Sainte-Pélagie : « Si vous saviez ce que j’ai vu et appris dans cette prison de Sainte-Pélagie ; que d’horreurs !! » ().Réunion de 3 lettres autographes signées à F. de Montrol, député. Paris (prison de Sainte-Pélagie), 12, 15 et ; 3 pages in-4°, suscription au dos.
François Xavier Audoin (1765-1837), homme politique, écrivain. Il est arrêté le 21 floréal an II (), victime des dernières opérations deRobespierre contre les derniersSans-culottes. À Sainte-Pélagie (où il resta en permanence au secret), il écrira un mémoire qui deviendra célèbre :À l'intérieur des maisons d'arrêt. Transféré au Luxembourg puis auFort de Ham (où sa détention ne sera pas trop sévère, puisqu'il y partageait son lit avec son épouse) le 5 prairial an III (), il sera enfin jugé, condamné et amnistié en brumaire an IV (1797).
Libre, il se fait journaliste et publieraLe Publiciste Philanthrope. En 1802, avocat au barreau de Paris, il n'aura plus de rôle politique et ne sera d'ailleurs pas inquiété sous la Restauration.
Auteur de nombreux ouvrages, on lui doit notamment:
Étienne Arago (1802-1892).
Zo d'Axa (1864-1930). Écrivain, anarchiste, poursuivi à travers toute l'Europe pour ses idées, en décembre 1892, il est finalement arrêté dans le consulat du Royaume-Uni, en principe inviolable, àJaffa. Enchaîné comme un droit commun, il est embarqué sur le navireLa Gironde pour Marseille. En arrivant, Zo d'Axa y passe quelques jours en prison, avant d'être transféré à Paris, où il passe 18 mois à Sainte-Pélagie comme politique, ayant, bien sûr, refusé de signer une demande en grâce.
En, libéré, il publie :De Mazas à Jérusalem qu'il a écrit en prison. Succès, critiques unanimes, on s'incline devant la valeur et la personnalité de l'homme et de l'œuvre.Jules Renard etOctave Mirbeau, l'encenseront, tout commeGeorges Clemenceau qui dira de lui : « D'Axa, cet anarchiste hors de l'anarchie ».
Jeanne Bécu, comtesse du Barry (1743-1793), fut emprisonnée à Sainte-Pélagie le. Elle s'y trouva en compagnie de Madame Roland, des épouses des Girondins telles Mmes Brissot et Pétion ainsi que de nombreuses femmes et jeunes filles de toutes conditions. Comme Madame Roland, elle fut transférée à la Conciergerie peu avant son supplice.
Pierre-Jean de Béranger (1780-1857),chansonnier
Félix Julien Jean Bigot de Préameneu (1747-1825). Cerévolutionnaire modéré, est le fils d'un avocat duParlement de Bretagne, à Rennes. En 1767, il devient, lui-même, avocat au parlement de Rennes, puis docteur en droit, en 1768. En 1778, il achète une charge de conseiller, juste avant de monter à Paris occuper les fonctions d'agent général des États de Bretagne.
Le, élu député de la Seine, il s'installa sans hésiter sur les bancs des modérés, se montrant très actif au Comité Législatif, votant contre la poursuite des prêtres insermentés (), contre les mesures proposées au sujet desémigrés (). Il présida la Législative du 15 au. Le, il fit adopter une mesure visant à interdire la présentation des pétitions par des hommes armés. Enfin, au, il prit la défense de la famille royale. Menacé, il se retire en Bretagne pour se faire oublier. Arrêté le, il fut ramené à Paris et incarcéré à Sainte-Pélagie. Lachute de Robespierre le sauva sans doute de la guillotine. Libéré le, il regagna Rennes par épisodes, avant de devenir l'un des 4 rédacteurs du Code civil, puis Ministre de Napoléon, de mourir à Paris et d'y être inhumé.
Auguste Blanqui. En 1861 il est de nouveau arrêté, condamné à quatre ans de prison, et enfermé à Sainte-Pélagie, d’où il s'évade en 1865.
Aimé Picquet du Boisguy (1776-1839), ancien officierchouan, emprisonné pendant lesCent-Jours, pour avoir tenté de partir enBretagne, participer à laChouannerie de 1815.
Nicolas de Bonneville (1760-1828). Libelliste, traducteur, imprimeur, fondateur duCercle social.Arrêté sur ordre du Préfet de police, il était en détention à Sainte-Pélagie en 1804, où il a côtoyé son ami et admirateur Charles Nodier. Poursuivi à plusieurs reprises pour des critiques contre le Premier consul publiées dans son journalLe bien informé et accusé d'être un ennemi du gouvernement, il fut ensuite assigné à résidence dans sa ville natale d'Évreux, sur décision de Fouché.
Aristide Bruant. En 1884, avecÀ la Villette (prison de Paris (1837-1900) qui servait de dépôt pour les condamnés à mort), il entame toute une série de chansons sur les quartiers de Paris. Il décrit les bonheurs, misères et préoccupations des petites gens, non sans une certaine démagogie, avec une certaine facilité mais, non sans une certaine poésie. À Zévaco qu'il croisa à Sainte-Pélagie en 1890 il dira : « Parler tragique ? Oui, mais sur un fond rigolo ! »
Armand Carrel, journaliste, incarcéré du au pour ses écrits peu appréciés par les autorités de lamonarchie de Juillet.
Godefroy Cavaignac (1800-1845), journaliste républicain. En 1834, laSociété des droits de l'homme, naguère secrète, se consacre à entretenir une agitation aussi républicaine que permanente contre lamonarchie de Juillet. Ses têtes pensantes,François etÉtienne Arago,Louis Blanc,Victor Schœlcher,Ledru-Rollin,Blanqui et Cavaignac, organisent la nuit d'émeutes, du. Le, 164 « conjurés » sont arrêtés et transférés à Sainte-Pélagie, sans aucun jugement.Barbès et Cavaignac organisent de l'intérieur même de la prison, le « la grande évasion » en sortant avec 26 autres des 164 « conjurés » de cette prison parisienne pourtant réputée « infranchissable » par un souterrain reliant la prison à l'hôtel Pourfour du Petit situé sur larue Lacépède.
Michel Chevalier (1806-1879), homme politique. En 1830, après laRévolution de juillet, il devient un adepte de la doctrinesaint-simonienne[9] et éditeur du journalLe Globe[10], qui sera interdit en 1832 lorsque la « secte des Simoniens » est décrétée contraire à l'ordre public. En tant qu'éditeur, il est condamné à six mois de prison, qu'il effectue à Sainte-Pélagie[11].
Émile Chodruc-Duclos (1780-1842), humaniste (?), ultra-royaliste. D'aprèsLes Célébrités de la rue, paru en 1868 : Vint le Consulat. Duclos, ardent royaliste, portait au Consul la même haine vouée naguère aux républicains, il persista dans une systématique d'opposition. Dès queFouché, ministre de la Police, apprit sa présence dans la capitale, il le fit écrouer à l'Abbaye. Lui, pour sortir de là, demanda audience à Fouché. Ce dernier, qui achetait volontiers âmes et hommes ; croyait fermement que toute conscience était à vendre. Il l'« invita » à partir pour les îles. Duclos feignit d'accepter et promit de s'embarquer mais, à peine libéré ; il se retrouva en Vendée à la tête d'un groupe d'insurgés. Bientôt, le généralHédouville soumit les dissidents de l'Ouest, puis il délivra un passeport à chacun d'eux, à charge pour les amnistiés de se rendre deux fois par mois en préfecture, exhiber leur exeat. Duclos, qui évidemment, ne voulut point s'y conformer, fut déporté à Vincennes puis transféré, à Sainte-Pélagie où l'écrivain,Charles Nodier (1780-1844) l'a connu. Voici quelques lignes desSouvenirs de la Révolution où l'on voit l'opinion de Nodier sur cet ardent royaliste (DansLes célébrités de la rue, Paris, 1868, s.n.) :
« L'aristocratie de Sainte-Pélagie rappelait quelques beaux noms, tous dignes duGotha : M. de Custines, parent du malheureux général ; M. de Fénelon, officier supérieur des Chouans, sous le nom de Télémaque ; M. de Beauvais, dit Chabrias ; M. de Rességuières, aujourd'hui (1828) commandant d'une de nos colonies ; M. de Navarre ; M. d'Astorg ; M. d'Hozier, l'aîné, si soigneusement recherché, si fidèle à sa tenue d'étiquette, qu'on l'aurait toujours cru paré… pour un gala à Versailles. Tous aussi dignes que compassés ; seul M. Émile Duclos (de Bordeaux), dont M. d'Hozier lui-même aurait peut-être eu quelque peine à illustrer la généalogie, se faisait remarquer entre nos patriciens les plus huppés par la majesté de sa tournure, par la libéralité magnifique de sa dépense, par l'affable dignité de ses manières. Las, M. Duclos est bien cet infortuné dont la raison… a dégénéré en monomanie. C'est Diogène, le barbu du Palais-Royal ! De Sainte-Pélagie, Duclos passa à Bicêtre et y resta jusqu'à l'entrée des alliés, en 1814. Ils ouvrent les portes de la prison, et vaincus la veille, ils en sortent en triomphateurs. »
— Charles Nodier, Souvenirs de la Révolution
Mais, revoici, Diogène-Chodruc-Duclos, un peu plus loin dans lesMémoires deDumas :
« Un jour, Chodruc voit Charles Nodier, qu'il avait connu à Sainte-Pélagie, condamné politique comme lui, devant lecafé de Foy ; il le fixe attentivement, fait mine de vouloir lui parler, se ravise et passe son chemin. Je descendais vers le Louvre, Nodier parti, je rencontre Chodruc, qui venait droit à moi : « Dumas, êtes-vous lié avec Nodier ? me dit Chodruc. — Oui, répondis-je, et je l'aime de tout cœur. — Ne trouvez-vous pas qu'il vieillit singulièrement ? Oui, eh bien ! savez-vous pourquoi ? — Non, et je serais heureux de le savoir. — Nodier vieillit parce qu'il se néglige, et rien ne vieillit un homme comme de se négliger. » Chodruc trouvant que quelqu'un se néglige ! c'est inimitable, et la conviction avec laquelle il avait osé poser ce principe ! tout cela m'avait beaucoup frappé ! »
— Alexandre Dumas, Mémoires, Paris.

Gustave Courbet (1819-1877), peintre. Accusé d'avoir usurpé des fonctions publiques en tant qu'élu au Conseil de laCommune et surtout de s'être rendu complice de la destruction de lacolonne Vendôme, renversée le, est arrêté le. Son procès devant le troisièmeConseil de guerre commence le suivant. Après deux mois d'audiences, le jugement, prononcé le, condamne le peintre à 500 francs d'amende et six mois de prison qu'il purgera à Sainte-Pélagie.
Jean-Baptiste Courtois, chimiste et salpêtrier, emprisonné pour dettes de à.
Gustave Chaudey, incarcéré puis fusillé dans la cour de cette prison le.
Gustave Paul Cluseret (1823-1900), officier, homme politique. En 1862, en Amérique où il combat dans laguerre de Sécession contre les Confédérés, il est promu général et fait citoyen américain. Revenu en France, il adhère à lapremière Internationale. En 1868, interné à Sainte-Pélagie pour ses articles dans le journalL'Art, il est finalement banni du fait de sa citoyenneté américaine.
Théodore Combalot (1797-1873), prêtre diocésain, missionnaire apostolique.Prêtre de choc, en 1830, un rapport de police le désigne comme : « prêtre ambulant et suspect, aux idées fantasques ». De 1825 à 1832, il se montre un ardent partisan des idées nouvelles et n'hésite pas à entrer dans des polémiques publiques des plus brûlantes du temps. En 1843, il publie un violentMémoire sur la guerre faite à l'Église et à la société par le monopole universitaire. Il est condamné à 4 000 francs d'amende et à 15 jours d'emprisonnement à Sainte-Pélagie. Ses chefs-d'œuvre oratoires ont été publiés en 1894. « Introduction aux Constitutions des Religieuses » (1839-1840) dansTextes Fondateurs, Auteuil, 1991[12].
Paul-Louis Courier (1772-1825), pamphlétaire. Condamné pour un pamphlet, leSimple Discours, à deux mois de détention. La veille du jour où expirait cette peine, Courier fut tiré de Sainte-Pélagie et conduit devant le tribunal pour un nouveau pamphlet :Pétition pour les villageois qu'on empêche de danser… Il en fut quitte cette fois pour une simple réprimande.Il récidivera avec lePamphlet des Pamphlets, où il écrira : « …Allez mon bon monsieur, et ne péchez plus ; allez, allez donc à Sainte-Pélagie ».
Honoré Daumier (1808-1879) peintre, sculpteur. En 1832, condamné pour ses caricatures, il purge 6 mois à Sainte-Pélagie. Il fonde, à sa sortie, le journalLe Charivari où il créera, bien plus tard, le personnage deRatapoil. En 1835, il se rendra célèbre par un dessin non moins célèbre : leMassacre de la rue Transnonain. En 1845, après sa série « les Gens de justice »,Baudelaire le compare àDelacroix etIngres. En 1871, délégué des Beaux-Arts à laCommune, il s’oppose à la proposition deCourbet d’abattre lacolonne Vendôme.
Émile Debraux (1798-1831) chansonnier, poète etgoguettier. En 1822 un recueil de ses chansons est saisi à la requête du procureur du roi. Il est emprisonné un mois à Sainte-Pélagie où il retrouve Alexis Duménil, Bonnin, Magalon,Alexandre Barginet, Eugène de Pradel et d'autres écrivains[13].
Édouard Drumont (1844-1917), fut emprisonné à Sainte-Pélagie du au, purgeant une peine de trois mois de prison infligée par la cour d'assises de la Seine pour avoir diffamé le députéAuguste Burdeau, rapporteur de la commission parlementaire chargée de se prononcer sur le renouvellement des avantages accordés au conseil de régence de laBanque de France. Dans un article de son quotidien "La libre parole", Drumont avait accusé Burdeau d'avoir reçu des fonds de la part d'un des membres du conseil de régence, le banquierAlphonse de Rothschild, pour conclure au renouvellement des privilèges. Depuis sa cellule, il va révéler un à un les noms des politiciens et journalistes corrompus et révéler les mécanismes de l'escroquerie duscandale de Panama, qui paraitront dans son journal,La Libre Parole[14].
Édouard Ducret (1854-1900), directeur-rédacteur en chef deLa Cocarde et ami de Drumont, est condamné, le, à un an de prison pour usage de faux après avoir mené une campagne diffamatoire contreGeorges Clemenceau. Ce dernier a été accusé de corruption sur la base de documents forgés par l'escroc récidivisteLouis-Alfred Véron dit « Norton ». Transféré à Sainte-Pélagie à sa demande le, le journalisteboulangiste y purge sa peine dans le quartier de la « Petite Sibérie »[15], où il rédige un ouvrage (Comment se fait la politique - Les dessous de l'affaire Norton, Paris, Chamuel, 1894) pour se disculper auprès de ses lecteurs.
Charles Duveyrier (1803-1866), poète et dramaturge. Le, il est condamné aux assises de Paris pour « attentat à la morale » et « association illégale » à une peine de six mois d'emprisonnement aux côtés deBarthélemy Prosper Enfantin — condamné à un an de réclusion — etMichel Chevalier, qu'il effectue à leurs côtés à Sainte-Pélagie[16].
Barthélemy Prosper Enfantin (1796-1864), l'un des principaux chefs de file du mouvementsaint-simonien, condamné en 1832 à un an de prison pour paroles et écrits libéraux. Durant son séjour en captivité, confortablement logé avecChevalier dans un agréable appartement de quatre pièces, il cultive une riche correspondance avec ses disciples et écrit: « Nous sommes ici comme des princes ». Gracié par le roi, il sort de prison en.
Émile Eudes (1843-1888): leaderblanquiste élu membre du comité central et général de laCommune de Paris. Le, il participe à la vaine attaque blanquiste contre la caserne des pompiers deLa Villette, afin de trouver des armes, ce qui lui valut d'êtrecondamné à mort. Il fut fait prisonnier à la prison Sainte-Pélagie. Au cours du voyage pour aller visiter son mari, sa femme croise à nouveau le chemin deLouise Michel qui s'y dirigeait dans le même but[17]. Il fut sauvé in extremis par ladéfaite de Sedan[18].
Évariste Galois (1811-1832), mathématicien. Pour la police : « Agitateur patenté », en 1831, lors d'un banquet républicain, Évariste lance, un couteau à la main, un toast :« ÀLouis-Philippe s'il trahit ! » Cette fois, c'en est trop : arrêté par la police du roi, il est enfermé à Sainte-Pélagie. Devant ses juges, il revendique son toast régicide et plaide pour la République. Le jury populaire l'acquittera. À peine a-t-il recouvré sa liberté que la police, saisissant le premier prétexte, le reconduit à Sainte-Pélagie. Une tentative d'assassinat est même organisée contre lui dans les murs de la prison. Il mourra finalement, « bêtement », des suites d'un duel avec un autre républicain pour« une infâme coquette ». Gravement blessé, c'est un paysan qui le recueillera pour le conduire à l'hôpital Cochin où il succombera à une péritonite.
Alfred-Léon Gérault-Richard, chansonnier, journaliste et militant socialiste. Plusieurs séjours, le dernier pour outrages au président de la République après son article A bas Casimir ! dansLe Chambard socialiste. Condamné à un an de prison et incarcéré fin 1894, Gérault-Richard est élu député du 13e arrondissement de Paris à une élection partielle le et libéré début février par la loi d'amnistie votée après la démission deJean Casimir-Perier et l'élection deFélix Faure.
Charles Gille (1820-1856), chansonnier révolutionnaire, en 1846 après la dissolution de la très politiséegoguette des Animaux qu'il a fondé en 1839, il fait un séjour de six mois à Sainte-Pélagie pour « activités illégales ».
Pierre Gosset (1764-1844),prêtre réfractaire de laManche.
Paschal Grousset (1844-1909), journaliste, écrivain et homme politique. Son journal prend part à une polémique assez forte entre deux journaux corses. S'estimant diffamé dans un article signé parPierre-Napoléon Bonaparte, cousin de Napoléon III, Grousset lui envoie en ses collaborateursVictor Noir et Ulrich de Fonvielle pour convenir d'une réparation par les armes. La rencontre de Noir et de Bonaparte tourne mal, et Noir est assassiné. Bonaparte sera condamné par la Haute Cour de justice à payer des dommages et intérêts. Les journalistes deLa Marseillaise Rochefort, Fonvielle, Pain et Grousset, eux, seront condamnés pour outrage envers l'Empereur durant le procès, et emprisonnés à la prison Sainte-Pélagie.
Fortuné Henry (1821-1882), poète, journaliste et maroquinier. Il fut emprisonné comme opposant à Napoléon III à la suite du coup d'État du, puis comme militant socialiste membre de l'Internationale ouvrière en 1867. En 1871 il devint d'un des membres de la Commune.
Antoine Jay (1770-1854), homme politique et écrivain français. Il fut emprisonné un mois dans la prison à cause d'un des articles de saBiographie des Contemporains, qu'il écrivit avecBenjamin Constant et Étienne de Jouy. Il publiera ensuite avec Jouyles Hermites en prison[19].
Étienne de Jouy (1764-1846), écrivain français et membre de l'Académie française. Emprisonné en 1823 avec Antoine Jay (lire ci-dessus).
Florian de Kergorlay (1769-1856), homme politique, ancien pair de France, ancien président du conseil général de l'Oise. Emprisonné à Sainte Pélagie de novembre 1830 à mai 1831 et de octobre 1835 à février 1836 pour avoir manifesté son opposition au régime de lamonarchie de Juillet.
Jean-Jacques Koechlin (1776-1834), homme politique. En, 1822, ayant dans une brochure :Relation historique des événements qui ont eu lieu àColmar en 1822, accusé l’administration d’avoir usé de moyens infâmes pour éprouver le loyalisme de populations paisibles ; il fut taxé delèse-majesté et condamné à douze mois de prison (ramenés en appel à six mois), qu’il purgea à Sainte-Pélagie, et à trois mille francs d’amende, somme qui fut couverte par une souscription publique. Son attitude courageuse lui valut une immense popularité. Reçu àMulhouse en triomphe à sa libération, il y fut magistralement réélu aux législatives de 1824.
Mademoiselle Lange (1772-1816), actrice de lacomédie-française, incarcérée, en1793, avec les comédiens, à la suite des représentations dePaméla ou la Vertu récompensée deFrançois de Neufchâteau[20].
Paul Lafargue (1842-1911). Condamné à la suite d'une conférence dans l'Allier, il séjourne à Sainte-Pélagie (de 1883 à 1885), où il en profite pour écrire.
Félicité Robert de Lamennais (1782-1854). Sa brochure :le Pays et le Gouvernement lui vaut en 1840, d'être enfermé un an à Sainte-Pélagie, où il écrivitUne Voix de prison, publiée en 1843.
Sosthène de La Rochefoucauld, duc de Doudeauville (1785-1864), pour "insolences répétées envers le roi (Louis-PhilippeIer)
Louis Lemercier de Neuville (1830-1918), journaliste.
Jules Lermina (1839-1915), romancier et journaliste[21].
Prosper-Olivier Lissagaray : Incarcéré début 1870 pour « offenses envers les personnes de l'empereur et de l'impératrice » ou plutôt àÉmile Ollivier. Il y écritJacques Bonhomme - Entretiens de politique primaire. Il dénonce également dansL'Avenir du Gers le meurtre deVictor Noir. Il en ressort le.
Charles Longuet (1839-1903), militant socialiste et personnalité de la Commune de Paris, gendre de Karl Marx, y séjourne en 1864-1865[22]
Jean-Baptiste Marino (1767-1794), administrateur de police destitué, arrêté et d'abord détenu à laprison de la Bourbe pour « outrage à la représentation nationale » fut ensuite transféré à la Conciergerie (), puis - avecFroidure et Soules, également anciens policiers - à Sainte-Pélagie (). Ils furent, sous prétexte de complicité dans l'attentat perpétré dans la nuit du 22 au contreJean-Marie Collot d'Herbois condamnés à mort à l'issue du procès dit de l'affaire des chemises rouges et guillotinés le.
Joséphine Mézeray (1774-1823), actrice de lacomédie-française, incarcérée, en1793, avec les comédiens, à la suite des représentations dePaméla ou la Vertu récompensée deFrançois de Neufchâteau[20].
Charles Nodier (1780-1844), écrivain,historien.
Né à Besançon de Suzanne Pâris et de père inconnu. En 1796, Il fonde avec des amis une société secrète, les Philadelphes. Les Philadelphes organisent, en 1799, une représentation parodique des séances duclub des Jacobins. Il est obligé de fuir pour éviter l'arrestation. En 1801, il publie à Paris son premier romanLes Proscrits qui obtient un certain succès et composela Napoléone, ode violemment anti-bonapartiste. Il rencontre Lucile Franque qu'il fréquente secrètement.
En 1803 : double peine : Lucile Franque meurt et il passe 36 jours à Sainte-Pélagie pour avoir composéla Napoléone. En 1804, renvoyé à Besançon, il y fréquente des suspects politiques et doit de nouveau fuir à la campagne. Son séjour en prison l’inspirera pour sesSouvenirs et portraits de la Révolution publié en 1841.
Gérard de Nerval (1808-1855), écrivain, poète.
Incarcéré brièvement à Sainte-Pélagie en pour tapage nocturne rue des Prouvaires, il se lie d'amitié avec le mathématicien républicainÉvariste Galois[23]. Ce séjour en prison lui inspire le poème ci-dessous, paru dansPetits Châteaux de Bohème (1853).
Dans Sainte-Pélagie,
Sous ce règne élargie,
Où, rêveur et pensif,
Je vis captif,
Pas une herbe ne pousse
Et pas un brin de mousse
Le long des murs grillés
Et frais taillés!
Oiseau qui fend l'espace…
Et toi, brise, qui passe
Sur l'étroit horizon
De la prison,
Dans votre vol superbe,
Apportez-moi quelque herbe,
Quelque gramen, mouvant
Sa tête au vent !
Qu'à mes pieds tourbillonne
Une feuille d'automne
Peinte de cent couleurs
Comme les fleurs !
Pour que mon âme triste
Sache encor qu'il existe
Une nature, un Dieu
Dehors ce lieu,
Faites-moi cette joie
Qu'un instant je revoie
Quelque chose de vert
Avant l'hiver !
— Gérard de Nerval,Petits Châteaux de Bohème, POLITIQUE (1832)
Gérard de Nerval fait une relation de son séjour à la prison de Sainte-Pélagie dansMémoire d’un parisien.
Jean-Jacques Pillot (1808-1877), figure du communismenéo-babouviste et suspecté d’avoir participé auxjournées de mai 1839, il est écroué à Sainte-Pélagie du 14 juin 1839 au 5 février 1840.
Émile Pouget (1860-1931) anarcho-syndicaliste, journaliste. Fondateur duPère Peinard, un véritable brûlot, Pouget a l’anarchisme prolétarien. Dès les premiers numéros, il exalte les mouvements de grève. L’un des premiers, il sent tout ce que l’on peut tirer d'une grève générale et, dès 1889, il écrit : « Oui, nom de Dieu, faut tout foutre en l'air, y a plus que ça aujourd’hui : la grève générale ! »
Face à une telle propagande, les poursuites pleuvaient dru et Pouget, allait faire de temps à autre des séjours à Sainte-Pélagie. Ce qui n’empêchait pasLe Père Peinard de paraître, des « frangins » allant à tour de rôle chercher la copie à même la prison…
En 1900, il fonderaLa voix du peuple, organe hebdomadaire de laCGT.
Pierre-Joseph Proudhon (1809-1865). En, Proudhon est un des trente opposants à la Constitution, adoptée par 739 voix. En, il est incarcéré pour trois ans à Sainte-Pélagie pour « offense au Président de la République » (du au). Là, il écrit lesConfessions d'un Révolutionnaire,L'Idée générale de la Révolution etLa Philosophie du Progrès. Écrivant même en 1852 : « Louis-Napoléon cet infâme aventurier, bâtard adultérin de la fille de Joséphine, fils et petit-fils de catins, inepte, incapable… ». Il n'est cependant pas inquiété à sa sortie de prison. Il profite de ce séjour pour épouserEuphrasie Piégard, jeune et belle ouvrière (immortalisée par le tableau deGustave Courbet,Proudhon et ses filles).
Mademoiselle Raucourt (1756-1815), actrice de lacomédie-française, incarcérée, en1793, avec les comédiens, à la suite des représentations dePaméla ou la Vertu récompensée deFrançois de Neufchâteau[20], pendant six mois.
Élisée Reclus (1830-1905), géographe, anarchiste. En 1870, engagé comme simple soldat pour défendre la jeune République contre laPrusse, fait prisonnier, le, lors de la sortie de Châtillon (avec 1 500 de ses camarades). Il est interné d'abord aucamp de Satory, puis à Sainte -Pélagie et enfin sur un ponton àBrest. Il est condamné, le 15 nov. 1871 à la déportation enNouvelle-Calédonie pour l'unique raison d'avoir participé à la Commune de Paris.
Louis-Xavier de Ricard (1843-1911), écrivain, qui s'illustra par la publication desLettres occitanes, est connu pour le procès que lui fitMgrDupanloup « pour outrages aux bonnes mœurs » : le poète était athée. Défendu parGambetta, il passa trois mois à Sainte-Pélagie (avec 1 200 francs d’amende). « Telle est la religion dès qu’elle a le pouvoir et celui de juger » dira-t-il. Du moins le procès lui donna une notoriété suffisante pour … vendre enfin ses ouvrages.Membre de laCommune, il collabora auJournal officiel de la Commune.
Lebaron de Richemont († 1853), qui prétendait êtreLouis XVII, fut enfermé à Sainte-Pélagie entre 1833 et 1835, date à laquelle il s'en évada avec deux autres détenus. Condamné en 1834 à un peine de douze ans de réclusion pour complot contre la sûreté de l'État et plusieurs délits de presse, il bénéficia d'une amnistie royale en 1840.
Jean Richepin, condamné à un mois de prison pour outrage aux bonnes mœurs, à la suite de la publication deLa Chanson des gueux (1876).
Hubert Robert (1733-1808). Peintre de la Révolution, incarcéré à Sainte-Pélagie en 1793. Témoin privilégié, c'est surtout la face cachée des choses qui l'attire. Peintre de ruines, il repère les lézardes, il saisit l'architecture à son automne. La comédie révolutionnaire, l'ascension et la chute de Robespierre ne le surprennent pas. « La Révolution est comme Saturne, elle dévorera tous ses enfants » a ditVergniaud. Ces paysages inédits, mélancoliques et saisissants, ne sont-ils pas : « Les tableaux d'un monde qui court, passionnément, à sa ruine. »
« Oui, j'ai peint laBastille aux premiers jours de sa démolition. Hommage aux démolisseurs ? Certainement pas. J'ai simplement remarqué que sous cet angle et dans cet éclairage rougeâtre, la forteresse ressemblait à un bel édifice romain dont on hâterait la ruine. Cela rejoignait les thèmes fondamentaux de mon œuvre. N'y cherchons pas un acte de rupture avec l'ancien régime. Nulle ingratitude de ma part. De l'indifférence plutôt. Un monde meurt, un autre naît qui lui ressemblera probablement pour l'essentiel, malgré quelques changements superficiels. On détruit une prison, on en peuplera d'autres. On exposa mon tableau au Salon de 1789. Je passais alors pour un révolutionnaire. Quelle plaisanterie ! MaFête de la Fédération, le 14 juillet 1790 qui me valut un brevet de civisme, est avant tout une peinture du ciel… Quant auPont du Gard en ruines n'est-il pas un idéal réaliste ? »
— D'après leJournal imaginaire de mes prisons en ruines, Hubert Robert, parClaude Courtot.
Henri Rochefort (1831-1913).
Manon Roland, vicomtesse de la Platière, née Jeanne Marie Phlipon (1754-1793), femme politique, écrivaine. Ardents partisans de la Révolution, les Roland s'élèveront pourtant contre ses excès. Ils devinrent très impopulaires ; les accusations pleuvent. Au matin du, elle est arrêtée et incarcérée àl'Abbaye puis à Sainte-Pélagie (où elle écrira ses célèbresMémoires de prison, publiées en 1795 qui furent discrètement récupérés parJacques Nicolas Vallée). Finalement, elle sera transférée à laConciergerie.
Faussement accusée de sympathies royalistes parRobespierre qui cherche à « décapiter » l'opposition girondine. Jugée le 8 nov. 1793, la sentence rendue à 14 h 30, sera exécutée le soir même. Passant devant la statue de la Liberté, elle se serait exclamée : « Ô Liberté, comme on t'a jouée ! »[24] Informé de cette mort tragique, son mari,Jean-Marie Roland, réfugié àRouen se suicidera le.
Lamartine dira d'elle : « Derrière toute grande œuvre, il y a toujours une femme ».
Jean-Antoine Roucher, emprisonné d' à pour être transféré à laprison Saint-Lazare.
Sade, Donatien-Alphonse, marquis de Sade (écrivain français, 1740-1814). Fameux romancier, à partir du nom duquel fut forgé le motsadisme. En 1798, le « divin marquis » (qui en fait était comte) fit paraîtreJuliette, en 6 volumes, livre plus obscène encore queJustine. En 1801, on saisit une nouvelle édition deJustine etJuliette en 10 vol. et 100 gravures. Le, Sade fut arrêté de nouveau (peut-être pour un pamphlet, contre Joséphine, qu'on lui attribua), enfermé à Sainte-Pélagie et transféré le àCharenton, comme fou incurable… Il y mourut le.
Claude-Henri de Rouvroy de Saint-Simon[25]
Jules Vallès (1832-1885) Il fonde à Paris en 1850, le Comité des Jeunes qui tente en vain de soulever le Quartier Latin contre le coup d'État du (proclamation du Second Empire).À la suite de cet événement, son père, Louis Vallèz, obtint, le, que son fils soit reconnu « atteint d'aliénation mentale » et admis à l'asile d'aliénés Saint-Jacques de Nantes.Jules Vallès en sort le grâce à la pression exercée sur son père par ses amis.
Jules Vallès est l'auteur deL'Argent (1857), de la trilogie de Jacques Vingtras, sorte d'autobiographie romancée :L'Enfant 1879,Le Bachelier 1881,L'Insurgé qui paraîtra après sa mort.
Fondateur de l'hebdomadaire d'oppositionLa Rue, il est interné à deux reprises à Sainte-Pélagie, en 1868 pour deux articles parus dansLe Globe etLe Courrier de l'intérieur.
En 1871, il prend fait et cause pour laCommune dont il soutient l'action avec son journalLe Cri du Peuple. Condamné à mort, il se réfugie à Londres.Après l'amnistie de 1880, il rentre à Paris et relance, avec succès, Le cri du peuple, porte-drapeau des opinions socialistes et libertaires.
L'actriceCharlotte Vanhove y est incarcérée en 1793, considérée comme « suspecte ».
Eugène-François Vidocq (1775-1857), Forçat, policier, détective privé. Peut- être le plus célèbre des « Saint-pélagiens », il inspira àBalzac le personnage deVautrin dans :Splendeurs et misères des courtisanes.
En 1827, après seize années passées au service de la loi, il démissionne de ses fonctions de chef de la Sûreté. En 1832, rappelé aux affaires parCasimir Perier, chef du gouvernement de lamonarchie de Juillet ; il démissionne en 1834 pour créer une « entreprise plus lucrative » : le Bureau de renseignements universels au 12, rue Cloche-Perche, à Paris. Il ouvre ainsi la première agence de détective privé qu'il dirige tout en publiant quelques ouvrages : les premiers volumes deMes Mémoires, unDictionnaire de l'Argot,Les Chauffeurs du Nord en 1836 ;Les Vrais Mystères de Paris, sur le modèle du roman-feuilleton à succès d'Eugène Sue.
Mais son agence, est jalousée par la police parisienne qui, le, perquisitionne les lieux et emmène Vidocq à Sainte-Pélagie. Relaxé, puis libéré le puis de nouveau arrêté à l'été 1842, le détective est cette fois-ci accusé d'« escroquerie, usurpation de titres et arrestation arbitraire » (c'est le monde à l'envers). Lourdement condamné (à 5 ans de prison et 3 000 F d'amende), il fait appel et est libéré le.
Vidocq, en 1847, après une tournée de conférences à succès en Belgique et en Angleterre, cède son agence de Renseignements universels. Après larévolution de février et l'instauration de laSeconde République, l'ancien détective se mettra encore au service du pouvoir bonapartiste qui le fait incarcérer le, à laConciergerie, afin de soutirer quelques renseignements, auprès des « militants socialistes, les émeutiers du ».
Eugène-François Vidocq mourra, le, au 2 rue Saint-Pierre de Popincourt, à l'âge « respectable » de quatre-vingt-deux ans.Vallès aura pour lui ces derniers mots : « Il n'a guère que l'âge qui fut respectable. Si ce diable deTalleyrand était à la politique ce que Vidocq était à la Police ; ce dernier eut plus de chance : il boitait des deux côtés… »
Michel Zévaco (1860-1918). Journaliste anarchiste et romancier populaire (romans de cape et d'épée : cf.Les Pardaillan. Polémiste virulent, sa cible préférée fut le ministre de l’Intérieur,Constans, qu’il provoqua en duel, ce qui lui vaut d’être assigné devant un tribunal pour « provocation au meurtre ». Malgré la brillante plaidoirie deMarcel Sembat, il est condamné à quatre mois de prison et mille francs d’amende, et incarcéré à Sainte-Pélagie du au. Il y rencontreraBruant.
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