

Lesprimitifs flamands[a] sont, selon une expression apparue auXVe siècle, les peintres actifs dans le sud desPays-Bas bourguignons auxXVe et XVIe siècles, notamment dans les villes florissantes deBruges,Gand,Tournai,Bruxelles etAnvers. L’Exposition des Primitifs flamands et d'Art ancien qui s'est tenue à Bruges en 1902 a fait le succès de ce groupe de peintres caractéristique de laRenaissance flamande.
Cette période d'intense activité artistique débute approximativement avec les carrières deRobert Campin et deJan van Eyck[b] et se poursuit au moins jusqu'à la mort deGérard David en 1523[2]. La fin de cette période ne fait pas l'unanimité parmi les historiens de l'art : beaucoup considèrent qu'elle dure jusqu'à la mort dePieter Brueghel l'Ancien en 1569, ou jusqu'à larévolte des Gueux de 1566, ou encore jusqu'au début duXVIIe siècle. Cette période correspond à celle de laRenaissance italienne, mais elle est vue comme une culture artistique indépendante de l'humanisme qui caractérise les développements dans le centre de l'Italie[3]. L'art des primitifs flamands correspond à la fois à l'aboutissement de l'héritageartistique médiéval du nord de l'Europe et à une évolution vers une acceptation de l'idéal développé à laRenaissance. C'est pourquoi il est à la fois catégorisé dans lapeinture de la Renaissance et dans le stylegothique international.
Les plus célèbres d'entre eux sontJan van Eyck,Hans Memling etGérard David (Bruges),Rogier Van der Weyden (Bruxelles),Robert Campin[c] (Tournai),Dieric Bouts (Louvain),Joos van Wassenhove etHugo Van der Goes (Gand),Jean Provost (Mons),Henry Blès (Dinant),Joachim Patenier (Anvers),Jérôme Bosch (Bois-le-Duc) etPieter Brueghel l'Ancien (Anvers et Bruxelles)[5]. Ces artistes ont réalisé d'importantes avancées dans la représentation de la nature et dans l'illusionnisme de la représentation. Leurs œuvres présentent souvent uneiconographie complexe. Les sujets traités sont soit des scènes religieuses ou des portraits, soit plus rarement des peintures narratives et des sujets mythologiques. Les œuvres de cette période sont le plus souvent peintes sur bois, soit sur un panneau unique, soit sur plusieurs panneaux composant unretable plus complexe : untriptyque ou unpolyptyque.
Les villes deFlandre et des régions voisines sont descommunes puissantes au cours dubas Moyen Âge. Elles connaissent à cette époque une grande prospérité économique en devenant une plaque tournante majeure du commerce européen, voyant naître les premières formes d'économie capitaliste. Cela profite à l'essor d'une importante bourgeoisie urbaine, qui devient une puissante oligarchie locale détenant une grande partie du pouvoir et désireuse de se représenter et d’accéder au prestige en passant commande d’œuvres d'art. Le sud desPays-Bas devient un centre politique et économique important en Europe, reconnus pour ses produits de luxe. Durant leXVe siècle la majeure partie des Pays-Bas étant réunie au sein de l'État bourguignon, la prospérité économique des villes ne manque pas d'attirer le duc de Bourgogne et sa cour qui s'installent àBruges et àGand (où ils font face à plusieurs révoltes urbaines visant à défendre et réaffirmer l'autonomie des villes), puis àBruxelles. L'influence des ducs, devenus de puissants souverains européens, participe également au dynamisme artistique de la région. Les peintures des primitifs flamands s'exportent dans toute l'Europe. Les peintres développent des ateliers afin de répondre à une demande toujours plus grande. Comme pour d'autres métiers, des corporations de peintres, lesguildes, apparaissent et proposent une formation pour accéder à un statut de peintre, attirant des apprentis venant des régions voisines. Ils produisent aussi bien pour des commandes de particuliers que pour le marché libre, la clientèle étant diverse : bourgeois locaux, simples artisans aisés, nobles, clercs, marchands et banquiers étrangers.
L’école des primitifs flamands introduit deux innovations majeures en peinture qui sont caractérisées comme un véritable tournant dans l’histoire de l’art européen : lapeinture à l'huile et le réalisme des représentations[6].
La peinture à l’huile permet d’obtenir une pureté et une luminosité des couleurs bien plus grandes que la détrempe, de rendre une ample gamme de tons et de reproduire l’effet de la transparence et des nuances en étalant de multiples couches très minces d'un mélange de résines naturelles, assouplies d'un peu d'huile siccative, et de pigments, parfois appeléglacis. La plupart des supports de ces peintures sont des panneaux de bois.
Ces peintres ont en commun leur réalisme et leur naturalisme qui se manifestent par le rendu fidèle et très méticuleux des figures humaines, de leurs vêtements, des intérieurs bourgeois et sacrés qui servent de décors, des végétaux et des paysages des Pays-Bas. Ils s'inspirent directement de la nature et transposent volontairement les scènes religieuses dans le réel quotidien de leur époque.
Pour ces deux nouveautés, le retable de l'Agneau mystique deGand, peint par les frèresHubert etJan van Eyck, est considéré comme un chef-d’œuvre fondateur.
Contemporains des peintres italiens duQuattrocento, ils sont parfois considérés comme des peintres dugothique tardif ou au contraire de laPremière Renaissance. Ils restent fidèles au style gothique dans les formes élancées des personnages ainsi que les architectures inspirées de celles du nord de l'Europe. Ils utilisent des méthodes différentes de celles des italiens pour représenter laperspective mais ils font aussi connaissance avec la perspective géométrique des Italiens.
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