
Lapresse satirique est un genre depresse écrite qui utilise l'humour, l'ironie, lacaricature, lesarcasme ou laparodie pour commenter et critiquer l'actualité.Elle ne cherche pas à informer de manière neutre ou objective, mais àdénoncer, ridiculiser oufaire réfléchir par le biais durire ou de laprovocation[1],[2].
EnFrance, elle apparaît lors de laRévolution française de 1789, à la faveur de laDéclaration des droits de l'homme et du citoyen, qui proclame en ses articles 10 et 11 laliberté d'opinion etd'expression. Elle connaît ensuite un essor particulier sous laMonarchie de Juillet[3].
Faire rire le lecteur en donnant une image volontairement déformée de la réalité, tel est l'un des buts de la presse satirique, but commun à lacaricature, utilisée à l'origine dans la presse satirique avant qu'elle n'intègre également la presse généraliste[4]. Mais si le« fondement de sa démarche [la presse satirique] est de mettre à nu, de façon comique, un défaut, un vice, un mensonge observé dans la société », comme le définit Souleymane Bah dans une thèse soutenue en 2004, la presse satirique n'a pas pour seul but de divertir : il s'agitin fine de dénoncer les travers et les fautes morales observés au sein de la société, notamment chez les puissants[5].

Les journaux satiriques apparaissent en France avec laRévolution française[6]. Cependant, ils eurent un essor considérable sous lamonarchie de Juillet. En effet, observateurs critiques de leur temps et, bien souvent, des gouvernants, ils ne peuvent se développer qu'avec uneliberté de la presse minimale[4]. Les titres satiriques sont ainsi bien souvent – avec les journaux d'opinion – les premières victimes de lacensure.
Dans la première moitié duXIXe siècle, l'image – essentiellement la caricature – est souvent privilégiée, à une époque où l’illettrisme demeure important[7] ; la presse satirique est la première à s'approprier réellement l'image pour la fabrication de son discours[8],[9].
De 1830 à 1835, la presse satirique connaît une phase d'expansion importante due à la grande liberté de la presse qui prévaut alors – celle-ci découle de laCharte de 1830, qui abolit la censure, mais cesse avec les lois de septembre 1835, qui instituent un contrôle préalable à la parution[4],[10]. Fondé en 1829 et jusque-là à vocation artistique, le journal illustréLa Silhouette devient partisan et satirique – il est même condamné en avril 1830 pour une caricature du roiCharles X de France. Nés durant cette période,Le Corsaire (1823),La Glaneuse (1831, Lyon),La Caricature (1830) etLe Charivari (1832) – républicains – ainsi queLe Revenant (1832) etLe Brid’Oison (1832) –légitimistes – dénoncentLouis-PhilippeIer et lamonarchie de Juillet. Le directeur deLa Caricature et duCharivari,Charles Philipon, caricature le roi Louis-Philippe enpoire à des fins satiriques ; le procédé remporte un grand succès et se répand à travers le pays[11]. Pour contrer l'opposition qu'il rencontre, le régime met la main surLe Figaro (quotidien satirique fondé en 1826) en janvier 1832 et crée en octobre de la même annéeLa Charge, aux fins satiriques[4]. Si le tirage de ces journaux demeure limité au regard d'autres titres de la même époque, leur influence politique n'en demeure pas moins réelle[12].
Au cours de ce siècle, de nombreux autres titres satiriques se créent et disparaissent :Le Hanneton (1862-1868),Le Nain Jaune (1863-1876),La Lune (1865-1868),L'Éclipse (1868-1876),Le Grelot (1871-1903),La Petite Lune (1878-1879),Monde plaisant (1878-1885),Les Hommes d'aujourd'hui (1878-1899),Le Droit du peuple illustré (1879-1881), etc.
Créé opportunément en 1894 alors qu'éclate l'affaire Dreyfus,Le Rire, hebdomadaire humoristique à tendance satirique, remporte un grand succès durant la première moitié duXXe siècle ; il cesse de paraître en 1950.
La presse satirique poursuit son développement dans la première moitié duXXe siècle – 1902 voit ainsi naîtreL'Assiette au beurre, journal satiriqueanarchiste – mais disparaît presque totalement durant laPremière Guerre mondiale, sous l'effet conjoint de la pénurie d'auteurs due à la mobilisation, des difficultés économiques et de la censure[13]. Naissent toutefois en1915Le Canard enchaîné, titre satirique et d'investigation toujours publié aujourd'hui,La Baïonnette, consacré à la Grande Guerre qu'il dépeint avec humour, ainsi queLe Crapouillot,journal de tranchées satirique qui perdure après-guerre[14]. De 1908 à 1919 paraît aussiLes Hommes du jour, une feuille d'inspirationlibertaire, qui dresse chaque semaine le portrait d'une personnalité, généralement politique[15].
Le mensuelHara-Kiri est lui publié de 1960 à 1985, avec des périodes d'interdiction par la censure. Sa version hebdomadaireHara-Kiri hebdo, interdite en 1970, renaît peu après sous le nom deCharlie Hebdo qui paraît jusqu'en 1982.Minute, hebdomadaire satirique de droite puis d'extrême-droite, est créé en 1962. Paraissent sur de courtes périodesSiné Massacre (1962-1963), ouvertement anti-gaulliste,L’Enragé (1968), dont le succès est grand lors deMai 68, etLa Grosse Bertha (1991-1992), engagé à gauche[16]. Une partie de l'équipe deLa Grosse Bertha quitte le journal en 1992 pour relancerCharlie Hebdo.
AuXXIe siècle,Le Canard enchaîné etCharlie Hebdo font figure de principaux titres satiriques. Sont créés lors des décennies 2000 et 2010Siné Hebdo (2010) puisSiné Mensuel (2011), après queSiné a quittéCharlie Hebdo en 2008[Note 1], ainsi que le site InternetBakchich (2006). Il existe également des publications satiriques régionales : le mensuelLe Ravi (2003) à Marseille, le bimestrielLe Fakir (1999) à Amiens, lequel s'ouvre à des sujets nationaux à partir de 2009, etc.
Sur le web, les articles de sites commeEl Manchar,Le Gorafi,Le Journal de Mourréal ouNordpresse commentent des événements réels ou imaginaires avec un ton satirique, se faisant lespastiches de la presse traditionnelle[17].

La presse satirique apparaît au Royaume-Uni à l'époque victorienne (XIXe siècle), soit plus tardivement qu'en France. Le plus influent des titres satiriques anglais – il est publié jusqu'en2002 – est fondé en1841 :Punch. Inspiré duCharivari français, dont il tire son nom initial –The London Charivari –, il paraît chaque semaine, met l'illustration à l'honneur et est destiné aux classes supérieures[18]. D'autres journaux lui embrayent le pas, tels l'hebdomadaireFun, lancé en 1861, ouJudy, hebdomadaire humoristique au ton plus policé, fondé en 1867 ; tous deux sont davantage bon marché[19].
Dans la seconde moitié duXXe siècle se développent les journaux satiriques de fausses informations à tendanceparodique, telsPrivate Eye, précurseur britannique créé en 1961,The Onion, journal américain fondé en 1988 et emblème du genre, ouThe Daily Mash, site web britannique créé en 2007.
Plusieurs titres satiriques britanniques sont créés dans lesannées 2000 :The Lemon Press,The Tart, etc.

L'Allemagne voit ses premiers titres satiriques d'envergure paraître au cours duXIXe siècle, à l'image de la France et du Royaume-Uni.Kladderadatsch, fondé à Berlin en 1848 et engagé politiquement, est longtemps populaire ; il devient antisémite dans les années 1920 et cesse de paraître en1944.Fliegende Blätter, hebdomadaire humoristique à caractère apolitique, paraît quant à lui de 1845 à 1944[20]. En 1872,Rudolf Mosse lance l'hebdomadaireUlk, qui devient en 1911 le supplément de deux quotidiens allemands ; sa publication se poursuit jusqu'en 1933.Simplicissimus, créé àMunich en 1896 et publié de manière discontinue jusqu'en 1964, s'intéresse à l'autorité et aux injustices. En 1896 naît égalementJugend, une revue littéraire et artistique aux textes satiriques qui disparaît en 1940, malgré des opinions esthétiques proches de cellesnational-socialistes[21].
Après laSeconde Guerre mondiale est publié à Berlin de 1945 à 1954Ulenspiegel, qui joue un rôle important dans le renouveau démocratique d'alors et la liberté d'expression qui le caractérise[22]. LeXXe siècle voit aussi la création deEulenspiegel – seul journal satirique deRDA – en 1946[23],[24] et du mensuelTitanic, en 1979, à la large diffusion et toujours publié[25].

LaSuisse compte un titre satirique en langue allemande publié de1875 à nos jours :Nebelspalter ; il connaît son apogée dans lesannées 1930, s'opposant aunazisme et aufascisme. Depuis la fin de la parution du britanniquePunch en 2002,Nebelspalter est le plus ancien magazine satirique au monde. Sa parution est mensuelle depuis fin 1996[26].
La presse satirique a la réputation de n'avoir jamais eu grand succès enSuisse romande (francophone), en raison de la faible longévité des titres qui y ont vu le jour[27],[28].Jack Rollan, rompu à la critique des injustices, lance en 1952Le Bon Jour de Jack Rollan, qui est publié six années durant et dont la diffusion atteint les 100 000 exemplaires à son paroxysme[29]. En 1970 et 1971,Rolf Kesselring etJean-Marc Elzingre éditentLa Pomme[30]. De 1970 à 1975 est publiéLa Pilule, puis en 1979Le Crétin des Alpes, tous deux à l'initiative de Narcisse Praz[31],[32]. Seule la revueLa Distinction, sous-titrée« Revue de critique sociale, politique, littéraire, artistique, culturelle et culinaire » et diffusée àLausanne depuis 1987, peut se targuer d'une longévité supérieure à une décennie – il s'agit de la plus ancienne parution satirique suisse francophone toujours publiée[33].
Au cours des années 2000, plusieurs titres satiriques francophones sont créés mais périclitent rapidement (notamment1er degré - Le journal des gens aisés parMix et Remix etSaturne, parAriane Dayer). Lancé en décembre 2009, l'hebdomadaireVigousse est le seul à être toujours publié en 2014[34].
Le premier titre satirique illustré belge,Le Manneken, voit le jour en 1827[35]. En 1838, une copie duCharivari français est publiée à Bruxelles – avec un jour de décalage par rapport à l'édition parisienne ; elle se transforme en 1854 enCharivari belge et bénéficie dès lors de dessins originaux[35].
En Belgique, laliberté de la presse est garantie dès laConstitution de 1831, ce qui permet le développement de feuilles satiriques, mais n'empêche pas que celles-ci fassent l'objet de pressions et procès. Les journaux satiriquesMéphistophélès etL’Argus seront ainsi l'objet de poursuites en 1847 pour injure envers« la personne du roi », poursuites qui n'aboutiront toutefois pas[36].

LeXIXe siècle est marqué par l'opposition entre cléricaux catholiques etlibéraux, auxquels s'ajoutent un temps lesunionistes – ils prônent une alliance entre les précités contre la politique du roiGuillaume Ier des Pays-Bas ; cette vive confrontation offre un terreau fertile au développement de la presse satirique, notamment anti-cléricale. D'autant qu'en 1848, ledroit de timbre est aboli. Comme l'explique Laurence Van Ypersele, docteur en histoire à l'Université catholique de Louvain :
« Dès cette époque, les journaux satiriques anticléricaux se mettent à foisonner :L’Argus est créé en 1844 etMéphistophélès en 1848, l’Uylenspiegel deFélicien Rops naît en 1856,Le Rasoir de Victor Lemaître paraît de 1869 à 1884 etLa Bombe où sévit G. P. Gargousse, de 1878 à 1884, etc. L’arrivée des catholiques au pouvoir en 1884, et ce jusqu’en 1914, suscite de nouvelles feuilles telles queLa Patrouille de 1884 à 1891,Le Gourdin de 1885 à 1887 ouLa Trique en 1905[36]. »
Ainsi,Baes Kimpe, journalnéerlandophone libéral et radicalement anti-clergé, est quant à lui fondé en 1857 à l'occasion des élections communales belges.Baes Kimpe est publié jusqu'en 1859 et voit sa diffusion atteindre les 10 000 exemplaires – un nombre élevé pour l'époque[37],[38]. À l'inverse, les titres satiriques cléricaux se font rares. Les deux seuls notables, toujours selon Laurence Van Ypersele, seraientLe Tirailleur (1881-1891) et son successeurLe Sifflet (1904-1914)[36].
Pourquoi Pas ?, fondé en 1910, est essentiellement consacré à la politique jusqu'à sa disparition en 1989[39]. En 1945 est crééPan, inspiré duCanard enchaîné français et très lu du « Tout-Bruxelles »[40]. Toujours en langue française, parait en 1990Ubu-Pan, à caractère politique[41]. En néerlandais,'t Pallieterke, une revue satirique conservatrice, est publiée depuis 1945.
En 2010,Le Poiscaille voit le jour dans la région deLiège ; bimensuel satirique, il est animé par des bénévoles[42].
En 2014 naît le siteNordpresse qui parodie letabloïdSudinfo ; l'auteur de ce site en crée d'ailleurs d'autres qui prodiguent aussi de fausses informations[43].
Les premiers journaux satiriques italiens apparaissent au cours duXIXe siècle. En 1856,Il Pasquino est fondé àTurin, afin d'offrir une vitrine àCasimiro Teja. Ce journal satirique ne disparaît qu'en 1930 sous le fascisme. ÀBologne est fondéeLa Rana (de 1864 à 1900) et àMilanLo Spirito Folleto (1848). La nouvelle capitale,Rome, voit naître en 1892L'Asino, un journal satirique engagé à gauche[44]. En 1907 naissent deux périodiques nommésIl Mulo : l'un disparaît en 1908, l'autre en 1925[45].Il Becco Giallo, fondé en 1926, est un influent magazine satirique antifasciste des années 1920 ; il est contraint à l'exil en 1926 et trouve refuge en France, où il paraît jusqu'en 1931[46].Pino Zac crée en 1978Il Male, l'un des magazines satiriques italiens les plus célèbres, avec une diffusion qui atteint parfois les 48 000 exemplaires[47] ; il disparaît en 1982 mais renaît en 2011[48]. En 1982 àLivourne est crééIl Vernacoliere, un mensuel axé sur la satire politique et sociale initialement diffusé enToscane ; il est toujours publié[49].
L'Irlande possède un journal d'investigation politique au ton satirique,The Phoenix, créé en 1983 et toujours publié[50].
En 2011, le magazine satirique et féministeBayan Yanı est lancé enTurquie[51].
Le continent africain est marqué par de nombreux régimes peudémocratiques voireautoritaires ; la presse satirique peine ainsi parfois à s'y développerlibrement, mais lorsqu'elle y parvient, elle rencontre un large succès (l'audience reste néanmoins limitée du fait du manque d'infrastructures de communication et de transport). Ce notamment car elle s'attache alors à dénoncer avec virulence les régimes en place et la corruption qui les accompagne couramment[52],[53]. Au milieu duXXe siècle, ladécolonisation de nombreux pays africains débute ; jusqu'alors, la presse existante, aux mains descolons occidentaux et guère satirique, se veut média d'instruction voire d'acculturation. Avec l'émancipation des peuples africains, le besoin de fédérer chaquenation autour d'unÉtat conduit bien souvent à l'instauration departis uniques et à l'instauration d'unecensure étatique[54]. Laquelle n'empêche pas la naissance de nombreux titres satiriques, particulièrement dans lesannées 1990[55].
Il existe depuis 2001 un bimensuel satirique panafricain,Le Gri-Gri international, originaire duGabon (où sa publication est interdite) et édité à Paris.
EnAlgérie, dans les années 1990,El Menchar fut l'un des premiers journaux satiriques dans le genre, mettant en scène le ballet des partis politiques survenu à la suite du printemps algérien.
En 2013, le siteEl Manchar est lancé, reprenant le nom de l'ancien journalEl Menchar[56].
AuBurkina Faso, à l'orée des années 1990, sous le régime deBlaise Compaoré, la liberté de la presse se développe – de manière éphémère et limitée[Note 2]. Plusieurs titres indépendants sont créés, parmi lesquels un hebdomadaire satirique francophone : leJournal du jeudi. Fondé en août 1991, il traite essentiellement de l'actualité burkinabé[57],[58]. Un mensuel,Le Marabout, hébergé par leJournal du jeudi, paraît une année durant, de 2001 à 2002[59].
AuCameroun,Le Popoli, créé en 2003 sur les vestiges du satirique éphémèreLe Messager Popoli (édité parLe Messager), se présente sous forme de bande dessinée. Avec 8 000 exemplaires diffusés en moyenne, il est l'un des journaux les plus lus au Cameroun, ce qui n'empêche pas son fondateur et rédacteur en chef, Nyemb Popoli, d'être à plusieurs reprises menacé, placé en détention, voire roué de coups par les forces de l'ordre, en 2011[55].
Le premier journal satirique arabe a été fondé en Égypte en 1877 parYaqub Sannu : il s'agit deAbou Naddara (L'homme aux lunettes), rédigé en arabe dialectal égyptien, paru d'abord auCaire, puis àParis, où son fondateur dut s'exiler pour des raisons politiques. Le journal, à partir du moment où il est publié à Paris, propose deslithographies illustrant les articles.
Par ailleurs en 1908 un Espagnol, Santis, arriva en Égypte où il a collaboré en tant que caricaturiste dans plusieurs journaux. Avec son travail, il créa ce que l’on pourrait appeler « l’école égyptienne de portraits satiriques »[60]. Un Arménien, Sarujan, employé comme caricaturiste par la presse égyptienne en 1927, fut l’un des pères fondateurs de la satire, aussi bien dessinée qu’écrite. Ses disciples les plus célèbres, Abdel Samia et Raja, fondèrent la première école purement égyptienne de caricature entre les années 1920 et 1950. Cette époque fut le point culminant de l’intérêt des Égyptiens vis-à-vis de la politique[60].
Sous la dictature d'Ahmed Sékou Touré, un seul titre paraît enGuinée :Horoya, le journal officiel du régime. À la mort du président en 1984,Lansana Conté renverse le gouvernement intérimaire ; au début des années 1990, le multipartisme et une certaine liberté de la presse sont instaurés, avant que le régime ne devienne dictatorial. C'est durant cette période de liberté, en 1992, que naît l'hebdomadaireLe Lynx, inspiré duCanard enchaîné français. Il ne cesse, tout au long de la décennie, de s'opposer au pouvoir, incarné par Lansana Conté[57].
Au Mali, la chute deMoussa Traoré lors ducoup d'État de 1991, la mise en place duComité de transition pour le salut du peuple puis l'élection d'Alpha Oumar Konaré permettent une libéralisation progressive des médias et une ouverture démocratique. C'est dans ce contexte qu'est fondéLe Scorpion en mai 1991, premier périodique satirique du pays, toujours en activité au début des années 2020[61]. De 1992 à 1997, une dizaine de publications en partie satiriques, volontiers critiques du pouvoir politique, voient le jour, parmi lesquellesLa Cigale muselée,Le Vendu,Le Hérisson,L'Aurore,La Cravache,Sud Info etLe Zénith — toutes disparues à la fin des années 2010[62]. En 2001 est fondé l'hebdomadaireLe Canard déchaîné, exclusivement satirique[62].
Au Maroc,Le Canard libéré est publié depuis 2007. En 2016, le site d'informations parodiques et satiriquesAkhnapress (renommé ensuite Bopress) y voit le jour.
LeNiger, qui a connu une démocratisation des médias — auparavant tous étatiques — dans les années 1990, compte deux principaux périodiques satiriques,Moustique (fondé par le dessinateur etcaricaturisteHousseini Salifou et aujourd'hui disparu)[63] etLe Paon africain (fondé en 1992 par Moustapha Diop, toujours publié dans les années 2000)[64],[65].
LeSénégal – indépendant depuis 1960 et doté d'un régime démocratique – voit naître en 1977 l'un des tout premiers journaux satiriques africains, et premier du genre au Sénégal,Le Politicien, qui s'inspire duCanard enchaîné français[57]. Le titre sénégalais tire parfois jusqu'à 70 000 exemplaires et, par son indépendance des formations politiques et de l'État (avec lequel il est parfois en délicatesse), séduit un large public[66],[67]. En 1987, des difficultés financières voient le jour et le titre périclite ; plusieurs de ses journalistes fondent alors l'hebdomadaire satirique et d'investigationLe Cafard libéré, toujours publié dans les années 2010[57].
AuTogo,Le Kpakpa désenchanté voit le jour en 1991[68]. EnCôte d'Ivoire,Gbich allie humour et satire politique depuis 1997 ; son tirage a un temps atteint les 37 000 exemplaires[69].
La presse satirique naît enTunisie auXIXe siècle[réf. souhaitée].
AuXXIe siècle, elle est notamment représentée par l'hebdomadaire satiriqueEl Gattous, publié depuis 2011, lors de la chute du régime deZine el-Abidine Ben Ali.
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