Cet article concerne la première révolution anglaise. Pour la seconde, voirGlorieuse Révolution. Pour les différentes guerres civiles anglaises, voirGuerre civile anglaise.
Lapremière révolution anglaise (English Civil War pour les historiensbritanniques), également appeléeGrande Rébellion, se déroule de 1642 à 1651[1] sous le règne deCharlesIer. Cette révolution a pour conséquence le jugement puis l'exécution du roiCharlesIer le àWhitehall près deWestminster. La monarchie est abolie et une « République », appeléeCommonwealth d'Angleterre, est instaurée avecOliver Cromwell à sa tête. Cetterévolution marquante pour l'Angleterre et l'Europe est une étape cruciale dans la transformation du pouvoir royal anglais, qui s'oriente progressivement vers unemonarchie constitutionnelle.
Elle aura des conséquences majeures sur l'ordre européen initiant une longue série de révolutions.[réf. nécessaire]
Le terme« guerre civile anglaise » (enanglais :English Civil War) apparaît le plus souvent au singulier, bien que les historiens divisent souvent le conflit en deux ou trois guerres distinctes. Celles-ci s'étendent à l'ensemble duroyaume d'Angleterre (y compris laprincipauté de Galles). Les conflits concernaient également des guerres avec l'Écosse et l'Irlande, et des guerres civiles en leur sein.
Contrairement aux autres guerres civiles en Angleterre, qui se concentraient sur la question de savoir qui devait gouverner, ces conflits concernaient davantage la manière dont les trois royaumes d'Angleterre, d'Écosse et d'Irlande étaient gouvernés. L'Encyclopædia Britannica 1911 a appelé cette série de conflits la« Grande Rébellion »[3], tandis que certains historiens – notamment desmarxistes comme Christopher Hill (1912-2003) – ont longtemps privilégié le terme de« Révolution anglaise »[4].
Jusqu'à la Révolution, l'Angleterre était unemonarchie absoluede jure. Leparlement anglais était un comité consultatif temporaire qui était convoqué et dissous à volonté par le monarque[Selon qui ?].
Le parlement avait deux chambres. LaChambre des lords comprenait les membres les plus importants de l'aristocratie et du clergé. LaChambre des communes comprenait des députés élus. Le droit de suffrage était limité aux citoyens les plus riches, bien que quelques circonscriptions (potwalloper boroughs) élisaient leurs représentants ausuffrage universel masculin[6]. La chambre des communes représentait lagentry – la noblesse non titrée et la hautebourgeoisie. Les pouvoirsde facto du parlement dérivaient de l'absence d’une armée royale permanente[5] et de l'importance de la gentry anglaise. La création des nouveaux impôts était impossible sans leur coopération. L'Écosse et l'Irlande avaient aussi des parlements, mais ils étaient moins puissants[7],[8].
Dès les premiers jours, son règne sur l’Angleterre est chaotique. Il est la proie de conspirations catholiques visant à le renverser avec, en 1603, les conspirations connues sous le nom demain plot etbye plot (conspiration principale etconspiration accessoire). D'autre part, ceux qui espéraient que la succession s'accompagnerait d'un changement de gouvernement sont déçus lorsque, suivant un accord conclu en secret avec leRobert Cecil, 1ercomte de Salisbury, Jacques conserve les membres du Conseil privé d’Élisabeth, renforcé par quelques membres écossais[13]. De plus, il se met à dos leparlement anglais en tentant certaines réformes, comme le développement de l'union entre les couronnes d'Écosse et d'Angleterre pour créer un royaume unique, sous l'autorité d'un seul roi, avec un seul parlement et une seule loi[14]. Or, le Parlement est contre cette réforme et, en 1604, il refuse que Jacques prenne le titre de roi de Grande-Bretagne, ce qui n'empêchera pas le roi de s'autoproclamer en malgré les recommandations des parlementaires[1]. C'est donc un enchaînement de sujets de discorde entre Jacques et les Anglais, déjà défavorables au fait qu'un Écossais dirige leur pays. En plus des problèmes politiques, JacquesIer mène un train de vie très extravagant, et dilapide les richesses du pays dans ses loisirs[15].
Depuis 1603, un même roi règnait sur l'Angleterre, lepays de Galles et l'Écosse. Toutefois, l'Écosse et l'Angleterre demeuraient deux royaumes distincts, disposant chacun d'un parlement propre.CharlesIer, roi depuis 1625, désire réaliser le rêve de son père,Jacques Stuart : unifier l'Angleterre, l'Écosse et l'Irlande dans un même royaume[18]. Ces aspirations inquiètent certains Anglais, qui craignent pour leurs droits. En effet, Charles, comme son père, se réclame dudroit divin, et n'accepte pas les limites que la tradition impose au roi d'Angleterre. D'autres événements contribuent à tendre la situation. En 1625, Charles épouseHenriette-Marie de France, une catholique, dans un pays à large dominationanglicane.
En 1627, le favori du roi, leduc de Buckingham, échoue lors d'une expédition destinée à rompre lesiège de La Rochelle ; leparlement entame alors contre lui une procédure d’« impeachment ». Le roi y répond par la dissolution du parlement[18]. Le nouveau parlement lui demande de signer laPétition des droits en[18]. Charles accepte, car il a besoin du soutien du parlement pour pouvoir lever de nouveaux impôts.
Charles, qui n’a besoin du parlement que pour lever des impôts, a besoin d'argent, mais il sait qu'il ne peut compter sur un réel soutien de la part des parlementaires. Il s'abstient donc de convoquer le parlement et a recours à des moyens détournés pour tenter d'augmenter ses revenus. Ces procédés ne sont pas illégaux, mais sont perçus comme contraires aux libertés, et entretiennent des rancœurs.
Des réformes religieuses suscitent également des hostilités. En Angleterre, lespuritains accusent sans raison Charles de vouloir rétablir lecatholicisme[18] et de protéger les rentes de situation par des monopoles.
Charles, voulant unifier les pratiques religieuses de ces deux royaumes, cherche à imposer en Écosse un nouveau livre de prières sur le modèle anglican[20]. L'entreprise aboutit à des émeutes qui s'enveniment ; la guerre civile éclate et les insurgés écossais connaissent des succès.
En 1640, pour faire face à la rébellion, Charles a besoin de lever de nouveaux impôts. Un nouveau parlement est convoqué. Celui-ci profite de l'occasion pour exposer ses griefs au roi, qui le dissout au bout de quelques semaines, c'est lecourt parlement. Charles reprend donc laguerre en Écosse sans nouveaux moyens financiers. Mais, face à une situation financière intenable, il se résigne en novembre à convoquer un nouveau parlement.
Le nouveau parlement se montre encore plus hostile envers Charles : il vote plusieurs lois destinées à défendre ses droits contre le pouvoir royal, notamment laGrande Remontrance. Le parlement interdit notamment au roi de le dissoudre[19]. À partir de ce moment, on proposera au Roi différentes voies possibles pour envisager une issue au conflit. Le roi s'opposera à chacune des propositions qui lui seront faites, jugeant qu'elles menacent l'institution royale, et c'est précisément pour ces raisons que la guerre éclatera[1].
Les positions royalistes sont en rouge et les parlementaires, en vert (1642-1646).Bataille de Naseby, le 14 juin 1645, où la victoire des Parlementaires sur les Royalistes a marqué un tournant décisif dans la guerre civile anglaise.Olivier Cromwell succède au roi Charles1er avec le titre de « Lord Protecteur ».
Lapremière guerre civile a lieu de 1642 à 1646. LeLong Parlement contourne la volonté du roi et monte une armée dirigée par lecomte d'Essex, afin de contrer une invasion écossaise ainsi que les actions de reprise de pouvoir du roi par ses partisans appelés lesRoyalists. Cette guerre engendre la fermeture des théâtres en 1642 (par décret duLong parlement le), conduisant les auteurs anglais à se réfugier à Versailles ou à Paris avec la cour de la reineHenriette[21].
Parmi les forces royalistes, se distingue un neveu du roi, leprince Rupert.CharlesIer disposait de près de 10 000 hommes, mercenaires pour la plupart, dont la solde pose un problème financier aigu. Parmi les forces parlementaires, il y a un puritain, représentant au Parlement,Oliver Cromwell. Ce dernier est graduellement pressenti comme un successeur possible à CharlesIer notamment pour ses vertus militaires[1]. En effet, à la suite des tournures des débuts de la Première guerre civile, laNew Model Army est constituée par le Parlement grâce à l'arrivée desÉcossais. C'est Cromwell qui semble aux yeux du Parlement le meilleur pour mettre en place l'Armée nouveau modèle (New Model Army) composée de soldats professionnels soudés par une foi intense, dont le fer de lance sont les célèbres régiments de cavalerie des « Têtes-Rondes ». De ce moment, débute l’ascension de Cromwell vers le pouvoir[1].
D' à, pendant cette période d'un an, les Royalistes remportent plusieurs succès, s'emparant notamment deBristol, duYorkshire et de laCornouaille. Toutefois, leurs victoires deEdgehill en et deNewbury ne sont pas décisives, etLondres reste hors d'atteinte. La fortune change de camp lorsque les Écossais rejoignent le camp des Parlementaires dirigés par Olivier Cromwell[1], en échange de la promesse d'établir unsystème presbytérien en Angleterre. Leur aide permet àOliver Cromwell de battre les Royalistes àMarston Moor en et à la secondebataille de Newbury en. Défait successivement àNaseby en juin et àLangport en, dans l'incapacité financière de lever d'autres troupes,CharlesIer choisit de se rendre auxÉcossais en[17].
Pendant laguerre civile, le Parlement (dont les effectifs avaient diminué au point de ne compter guère plus de 150 députés) a disposé tant depouvoirs législatifs que depouvoirs exécutifs. Ses décisions sont prises sous forme d'ordonnances ayant force de loi. Après la mort, en, deJohn Pym qui fait figure de chef virtuel de la révolution, le centre de gravité des Communes glisse vers les éléments les plus intransigeants qui réclament une totale liberté de conscience, une Église décentralisée, sans évêque ni tutelle royale. L'indépendance totale de chaque paroisse en est le principe de base. Hostiles à tout compromis avec le roi, les indépendants veulent arriver à l'abolition pure et simple de la monarchie. La réforme de l'Église est mise en œuvre petit à petit : l'exécution deWilliam Laud en est un symbole, mais la mesure essentielle est la suppression de l'épiscopat[19]. En pleine tentative de négociation, le roi rejette en un projet constitutionnel soumis par le gendre deCromwell,Henry Ireton, qui lui retire tout contrôle sur l'armée et la politique étrangère. Pour sortir de l'impasse,CharlesIer se réconcilie avec lesÉcossais : il envahit l'Angleterre en avril-. Cette seconde guerre civile s'achève dès le mois d'août par la victoire deCromwell sur les Écossais àPreston[17].
Le Parlement impose le jugement du roi etOliver Cromwell participe au procès[1] qui se déroule du 20 au devant un tribunal spécial, choisi par la soixantaine de députés siégeant encore aux Communes (Parlement croupion). La condamnation de « Charles Stuart » pour haute trahison est acquise d’avance. Cromwell et d'autres personnages importants du pouvoir signent la condamnation à mort du roi Charles[1]. Il est décapité à Whitehall, près de Westminster, le, à l'âge de48 ans.
Laguerre anglo-écossaise de 1650-1652 est parfois décrite comme une « troisième guerre civile anglaise ». Tandis que laconquête cromwellienne de l'Irlande continue, une partie de laNew Model Army est rappelée enÉcosse afin de lutter contre les covenantaires (Covenanters).CharlesII est en exil et a été couronné en Écosse[1]. Il s'efforce de prendre le commandement des armées écossaises.
La mort du roi permet de fixer de nouveaux repères géopolitiques pour le Royaume d'Angleterre. Cromwell ayant gravi les marches du pouvoir durant les premières années de la révolution, il occupera naturellement la tête du nouveau gouvernement anglais. Cromwell choisit le titre de « Lord-protecteur », reprenant ainsi un titre de la période monarchique. Après l'établissement du chef et du gouvernement, Cromwell définit avec le Parlement le premier Protectorat qui régnera jusqu'aux limites de la révolution en faisant de l'Angleterre une république, commela république de Venise.
Un texte officiel fixera les lois fondamentales de la République, anticipant ainsi les constitutions contemporaines[23],[1].
Fin de la révolution, mort de Cromwell et Restauration
À la fin de la révolution, certains parlementaires suggèrent que Cromwell devienne roi, mais il refuse et meurt en 1658 à la suite de troubles rénaux. Son filsRichard prendra la relève.
En 1660, la restauration de la monarchie des Stuarts et de Charles II[1] s'impose comme la solution aux problèmes idéologiques révolutionnaires.
Christophe Tournu,Un Penseur républicain à l’époque de la première révolution anglaise : John Milton, Areopagitica (1644), The Tenure of Kings and Magistrates (1649), Société d'études anglo-américaines desXVIIe et XVIIIe siècles, 2012.