LaPremière République, officiellement nomméeRépublique française, est le nom conventionnellement donné par les historiens à la période correspondant à l'ensemble des régimes républicains de la France deseptembre1792 àMai 1804. Amenée par laRévolution française, la Première République succède à lamonarchie constitutionnelle qui disparaît le avec la prise dupalais des Tuileries par lessans-culottes, annonçant une nouvelle guerre d'exercice du pouvoir enEurope. Elle exerce sa souveraineté sur les territoires actuels de laFrance et sur toutes les provinces duSaint-Empire situées sur la rive gauche duRhin et formant les territoires actuels de laBelgique, duLuxembourg et d'une partie de l'actuelleAllemagne.
leConsulat, entre le et le, est issu ducoup d'État du 18 Brumaire et défini par laConstitution de l'an VIII. Le Consulat prend fin avec l'instauration duPremier Empire. Dans laConstitution de l'an XII, il est précisé que le gouvernement de la République est confié à un empereur héréditaire. Pas plus que son instauration, l’abolition de la République n’est jamais officiellement proclamée[3]. L'usage du nom, qui avait alors son sens latin d’État ou d'organisation de l'État, dans le sens queJean Bodin donnait à ce mot[4] appliqué à la royauté, tombe ensuite en désuétude pour disparaître complètement en1808. Lorsqu'il sera repris, il aura pour unique signification un système démocratique électif.
La déclaration de guerre à peine votée, la France, espérant une victoire rapide, envahit la Belgique, alors territoire duSaint-Empire. Dans le but de s'emparer deMons, elle livre sans succès lecombat de Quiévrain les 29 et etcelui de Marquain le. attaque, toujours sans succès,Tournai et doit faire face à une contre-offensive.
En juillet 1792, leduc de Brunswick, général des armées austro-prussiennes, fait publier lemanifeste de Brunswick, dans lequel il fait peser la menace d'une destruction deParis en cas d'atteinte àLouis XVI ou à lareine. Cette déclaration, rédigée dans les milieux émigrés, provoque l'effet inverse : elle ne fait qu'exacerber les troubles politiques issus de laRévolution et augmente le ressentiment des différentes factions politiques vis-à-vis de l'Europe anti-révolutionnaire.
Durant lesviolences du, une foule de Parisiens, qui n'ont pas oublié les tueries des hommes deLa Fayette (massacre de Nancy,fusillade du Champ de Mars en juillet 1791) prend d'assaut lepalais des Tuileries et massacre près de 600gardes suisses, puis appelle à la chute de la monarchie. La famille royale se réfugie dans lasalle du Manège, qui abrite alors l'Assemblée législative. La peur d'un nouveau mouvement anti-révolutionnaire fait éclater de nouvelles violences. Pendant la première semaine de septembre 1792, des foules de Parisiens s'introduisirent dans les prisons de la ville pour tuer plus de la moitié des prisonniers, dont des nobles, des membres du clergé, des prisonniers politiques, mais aussi des criminels de droit commun, comme des prostituées, des voleurs, des meurtriers, etc. Ces épisodes sont connus sous le nom de « massacres de septembre ».
En raison de cette flambée de violence et de l'instabilité politique de la monarchie constitutionnelle, six membres de l'Assemblée législative sont chargés de la surveillance de futuresélections. La Convention qui en résulte est fondée sur la double idée d'abolir la monarchie et de rédiger une nouvelle constitution. La première action de la Convention sera de proclamer la République et de retirer ses pouvoirs politiques auroi. Ce dernier devient alors un citoyen ordinaire, auquel est donné le nom de « Louis Capet » ; nom sous lequel il sera jugé dès décembre 1792, pour crime de haute trahison, reconnu coupable le 16 janvier etguillotiné le.
Durant l'hiver 1792 et le printemps 1793, Paris est durement touchée par la famine. La nouvelle Convention fait peu pour y remédier jusqu'à la fin du printemps 1793, et se préoccupe plutôt de la guerre toujours en cours. Finalement, le, la Convention crée leComité de salut public, auquel on confie une tâche monumentale :
« Remédier au mouvement radical constitué par lesEnragés, aux pénuries alimentaires et aux émeutes, auxrévoltes de Vendée et de Bretagne, aux récentes défaites desarmées révolutionnaires, et à la désertion de son commandement général. »
Le Comité de salut public institue en fait une politique de terreur, laguillotine étant réservée à toute personne perçue comme ennemie de la République.
Malgré un mécontentement grandissant à l'égard de la Convention nationale en tant qu'organe dirigeant du pays, celle-ci rédige la Constitution de l'anI (1793), elle-même ratifiée par un vote populaire au début du mois d'août. Ce texte, qui proclame lesuffrage universel à une époque où il commençait à poindre auxÉtats-Unis, constitue un recul pour la bourgeoisie, qui avait jusqu'alors réussi à maintenir lesuffrage censitaire. Il oblige également les pouvoirs publics à secourir les nécessiteux. L'importance accordée au Comité de salut public et ses pouvoirs vont grandissant. Les droits garantis par laDéclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789 et par la nouvelle Constitution sont alors suspendus. Le Comité procède à des milliers d'exécutions contre les ennemis réels et supposés de la jeune République, au point que l'on surnomme la guillotine le « rasoir national », entre autres. La politique et les lois du Comité conduisent laRévolution à un niveau alors jamais atteint. Lecalendrier révolutionnaire est introduit, des églises dans et autour de Paris sont fermées pour continuer ladéchristianisation de la République,Marie-Antoinette estjugée etexécutée, laloi des suspects est instaurée, etc. Des membres de plusieurs factions et groupes révolutionnaires sont exécutés, notamment desHébertistes et desDantonistes.
Décret de la Convention abolissant la royauté, 21 septembre 1792 (Archives nationales).
Le, le Directoire est établi. Le pouvoir est partagé entre une chambre haute appelée leConseil des Anciens comprenant 250 membres, une chambre basse appelée leConseil des Cinq-Cents et un gouvernement exécutif de cinq membres appelé le Directoire (d'où le nom de cette période historique), qui n'a aucune autorité sur les deux Conseils. Chaque année, un des Directeurs est remplacé par un nouveau, élu par le Parlement. LeConseil des Cinq-Cents est chargé de proposer les lois, qui doivent ensuite être adoptées par leConseil des Anciens. Les deux chambres sont censées exercer un contre-pouvoir à un exécutif trop important, se protégeant ainsi de l'émergence d'une nouvelle dictature par une séparation stricte des pouvoirs.
Malgré lessuccès militaires de Bonaparte en Italie, le régime est marqué par l'instabilité, la corruption et de graves problèmes financiers. Les Directeurs, souvent incapables de s'entendre, rendent difficile la prise de décisions, alors que le Parlement est le théâtre de violentes oppositions partisanes, comme ce fut le cas lors des coups d'État du18 fructidor anV () ou du30 prairial anVII (). Le Directoire a duré quatre années et prend fin avec lecoup d'État du 18 brumaire (anVIII,).
Napoléon Bonaparte est nommé Premier Consul, prenant alors la tête de l'exécutif. Il a le pouvoir de nommer aux principales fonctions publiques et il a un certain pouvoir d'initiative en matière législative. De même, le Premier Consul se retrouve doté de pouvoirs importants en diplomatie et en matière militaire. La constitution ne rompt cependant pas complètement avec la collégialité du Directoire, puisqu'il y a toujours trois consuls (bien que les deux derniers d'entre eux n'aient qu'un pouvoir consultatif).
Parallèlement à ce pouvoir exécutif puissant, sont instituées quatre assemblées :
LeConseil d'État, dont les membres sont nommés par le Premier Consul, chargé de préparer les projets de lois, et d'assister le chef de l'État dans le jugement du contentieux administratif. Son rôle est défini dans la Constitution de l'anVIII, comme suit :
« Sous la direction des consuls, un Conseil d'État est chargé de rédiger les projets de lois et les règlements d'administration publique, et de résoudre les difficultés qui s'élèvent en matière administrative. »
LeSénat conservateur, dont le rôle est d'abord de veiller à laconservation de laConstitution, d'où son nom, et d'élire les membres duCorps législatif et duTribunat, les juges de cassation et les commissaires à la comptabilité. Le Sénat compte soixante membres inamovibles, âgés d'au moins quarante ans, nommés par Bonaparte, qui à leur tour, cooptent vingt autres sénateurs. Progressivement, le pouvoir de cette assemblée va s'étendre, puisqu'elle sera plus tard chargée de rédiger des textes législatifs, les sénatus-consultes, institués par la Constitution de l'anX.
Constitution an VIII et l'Empire français.
Bonaparte va s'employer à rendre le Consulat durable. Dans un premier temps, il rétablit la paix dans la République. Il met fin aux insurrections dans l'Ouest de la France, soit par des négociations, soit par une présence militaire. Il permet au clergé, chassé depuis laRévolution, de revenir sur le territoire national. Plus important encore, il met fin aux guerres avec les autres nations européennes, notamment avec l'Autriche.
Le Consulat est également une période d'affermissement de l'État. Dès 1802, le budget de la France est équilibré. LaBanque de France est créée en 1800, alors que la Constitution prévoit également la création de laCour des comptes. Les préfets sont institués par laloi du 28 pluviôse an VIII (), qui définit également plus finement le maillage administratif français. La justice, quant à elle, devient de plus en plus autoritaire, même si le Consulat ne remet pas en cause l'égalité de chaque citoyen devant la loi. Notons enfin que le Consulat marquera le retour du pouvoir religieux dans une France révolutionnaire auparavant réfractaire à toute intervention du clergé dans la vie publique. Souhaitant reconstruire un lien social plus fort après la destruction de lasociété d'ordres qui caractérisait l'Ancien Régime, Napoléon Bonaparte, à la suite de négociations avec le papePie VII, promulgue leConcordat de 1801, qui permet dès 1802 de réorganiser la présence de l'Église catholique romaine dans la République française.
L'opposition à Napoléon et au Consulat est rapidement réduite au silence. Les mouvementsjacobins et royalistes sont contrôlés, et la presse est muselée, Bonaparte fait supprimer une soixantaine de journaux opposés au régime en janvier 1800.