La posture générale des artistes rattachés à la mouvance post-punk peut se résumer dans cette déclaration de Allen Ravenstine dePere Ubu en 1978 :« Les Sex Pistols chantentNo Future, mais il y a un futur et nous essayons de le construire[4]. » Le post-punk joue un rôle important dans la scène musicale indépendante desannées 1980, et contribue à la gestation de plusieurs courants majeurs du rock, dont lerock gothique, lerock industriel, lerock indépendant ou lerock alternatif[5].
Jon Savage etNick Kent, travaillant respectivement pour les hebdomadaires anglaisSounds et leNME, sont les premiers à utiliser le terme post-punk à la fin des années 1970. Pour l'historien et journaliste anglais Simon Goddard, le triptyque post-punk qui va asseoir les fondations du mouvement est constitué des albumsReal Life deMagazine,The Scream deSiouxsie and the Banshees et dupremier album dePublic Image Ltd, tous les trois sortis en 1978[6]. Pour Pat Gilbert deMojo,« le premier véritable groupe post-punk est Siouxsie and the Banshees », notant leur influence sur Joy Division pour l'utilisation de la répétition d'un motif[7]. Le musicologue John Robb argumente aussi que le tout premier concert des Banshees était« proto post punk » avec une« section rythmique hypnotique »[8].
La posture revendiquée par des figures emblématiques du post-punk, comme Public Image Ltd., qui incluaitJohn Lydon, ancien chanteur du groupe emblème du punk rock, lesSex Pistols, peut même être interprétée comme une volonté de rupture vis-à-vis du mouvement punk, très vite récupéré par l'industrie musicale et condamné selon certains à n'être plus qu'« une parodie de lui-même »[4]. Une bonne part des groupes de post-punk sont toutefois des groupes issus de lapremière vague punk dont la musique a évolué, commeThe Slits,The Stranglers ouWire. Le groupeJoy Division issu de la seconde vague, a notamment cité Siouxsie and the Banshees et leur premier album comme« une de nos grosses influences [...] pour la façon inhabituelle de jouer de la guitare et de la batterie »[9].
En France,Yves Adrien, qui théorisa les concepts d'Afterpunk, et de NovöVision (dans son livre éponyme), puis de diskö, ainsi que son discipleAlain Pacadis, ne sont pas étrangers à l'essor de ce genre culturel[10].
Rétrospectivement toutefois, le terme est réutilisé à grande échelle pour qualifier des groupes jouant une musique rejoignant certains préceptes du punk, sans que pour autant le lien avec le mouvement punk proprement dit soit nécessairement établi pour certains d'entre eux. En ce sens le terme même de « post-punk », impliquant l'idée d'une succession chronologique, peut être trompeur. Un bon exemple estThe Residents, groupe fréquemment affilié au post-punk[11], mais formé à la fin desannées 1960.Pere Ubu, formé en 1975 à l'écart de la scène punk mais cependant considéré comme l'un des chefs de file du post-punk[12], est un autre cas caractéristique. La même chose pourrait être dite de courants musicaux comme lamusique industrielle ou lano wave : tous constituent de bons paradigmes illustrant le fait que le post-punk peut davantage être considéré comme un mouvement parallèle au punk, né de préoccupations artistiques et idéologiques en partie communes à une époque (la fin des années 1970), sans pour autant se résumer à n'en être qu'une simple excroissance[13],[14],[15].
Le post-punk assume l'héritagepunk et une certaine indépendance vis-à-vis de l'industrie musicale. Cependant, le son est généralement plus complexe etarty que celui du punk rock classique, qui lui est beaucoup plus direct et violent. Cette tendance se traduit dans l'invention d'une musique plus expérimentale, plus radicale et peut-être plus rebelle en ce sens. Des groupes comme Public Image Ltd. ouJoy Division laissent de côté les revendications terre-à-terre du punk pour se centrer sur des préoccupations plus intérieures et immatérielles[16]. Tout comme le punk cependant, le mouvement post-punk utilise lesmédias de masse comme canal privilégié d'expression et nourrit de nombreux fanzines et labels indépendants[16] — principalement en Europe (Londres etBerlin).
L'historien Clinton Heylin situe les débuts du post-punk entre et avec l'arrivée du guitariste John McKay au sein de Siouxsie and the Banshees, la formation des groupesMagazine et Public Image Ltd, et la décision de Wire de passer d'un quintet à un quartet en éliminant toutes les parties superflues de leurs morceaux[17]. Peu de groupes à l'époque revendiquaient faire partie d'un tel mouvement. En fait dès les débuts de la vaguepunk rock de la fin desannées 1970, on parle très vite dans la presse musicale de « new wave », celle-ci incluant des formations post-punk, mais également et notamment depunk et depower pop.
On peut dire que de nombreuses formations purement post-punk ayant une sensibilité plus mélodique et pas seulementarty, à l'image de Siouxsie and the Banshees, Joy Division,The Cure,The Psychedelic Furs etEcho and the Bunnymen sont des groupes new wave (oucold wave selon la terminologie utilisée en France). Plus tard le terme « new wave » est utilisé pour désigner les formations pop recourant auxsynthétiseurs au début des années 1980. Étant donné que le terme comprend également des groupes aux productions formatées, très commerciales et légères comme l'italo disco, orienté dancefloor et destiné aux discothèques, sans oublier quelques groupesNouveaux Romantiques,synthpop beaucoup moinsunderground, on dut quasiment inventer au milieu des années 1980, le terme « alternatif » pour désigner les formations n'étant ni associées à l'image plus légère et proche de lapop de la new wave, ni à l'aspect synthétique ou électronique.
↑(en) ClintonHeylin,Babylon's Burning : From Punk to Grunge (en français Babylon's burning : du punk au grunge),Penguin Books,, 694 p.(ISBN0-14-102431-3), From this vantage point, if there is a 'true' starting-point for English post-punk, it may be Siouxsie & the Banshees' recruitment of guitarist John McKay, or the formation of Magazine and PiL, which places it somewhere between August 1977 and May 1978. Or perhaps Wire's decision to turn from a quintet into a quartet and slow down the songs in January 1977; or the reformulation of the Banshees after the 100 Club Punk Festival the previous September?