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Lepossibilismelibertaire est un conceptanarchiste élaboré en Espagne dans les années 1930.
Le terme apparaitrait pour la première fois, en 1922 et 1923, dans les discours de l'anarcho-syndicaliste catalanSalvador Seguí[1] et est repris, en, parLa Revista Blanca : « nous devons intervenir en politique pour occuper les positions de la bourgeoisie »[2].
Ce courant postule que, dans le cadre historique des débuts de laSeconde République espagnole (en 1931, l'anarcho-syndicalisme est illégal) et sans sacrifier aux finalités propres de l'anarchisme, il est nécessaire de participer aux institutions démocratiques et d'exercer le pouvoir politique pour faire évoluer la société.
Lepossibilisme libertaire joue un rôle important pendant larévolution sociale espagnole de 1936, notamment au travers des participations gouvernementales de ministres issus des rangs de laConfédération nationale du travailanarcho-syndicaliste. Certains auteurs considèrent cette participation au pouvoir comme une « trahison », alors que d'autres font valoir que cela était nécessaire pour gagner laguerre contre lefranquisme et dépasser l'anti-étatisme considéré comme un « infantilisme révolutionnaire ».

En à Barcelone, leManifeste des Trente est lancé par des militantssyndicalistes de laConfédération nationale du travail. L'appel est notamment signé parJoan Peiró (secrétaire général de la CNT en 1922-1923),Ángel Pestaña (secrétaire général de la CNT en 1929) ouJuan López Sánchez. Qualifié detrentisme, ce courantidéologique défend une ligne définie comme « modérée » au sein dumouvement libertaire espagnol. D'abord exclu de la Confédération, il se réunifie avec la tendanceanarcho-syndicaliste, en au congrès de Saragosse, autour du projet decommunisme libertaire qui fait de lacommunelibertaire la pièce maîtresse de la société post-révolutionnaire.
Fin 1932, est fondé leParti syndicaliste qui participe auxélections de février 1936 et rejoint leFront populaire avec deux élus au Parlement :Ángel Pestaña et Benito Pabón.
En 1938, le secrétaire général de laConfédération nationale du travail (CNT),Horacio Prieto propose que laFédération anarchiste ibérique devienne unParti socialiste libertaire et participe à la vie démocratique et aux élections. Au plenum national d' de la CNT, il exprime sa conviction que « l'action vraiment décisive ne peut s'exercer qu'à partir des organes du pouvoir », les erreurs de l'anarchisme espagnol étant dues à « l'esprit de naïveté du Mouvement et à son manque de plans concrets ». Et il précise : « Je ne suis ni Bakounine ni Malatesta, je ne suis qu'Horace. [...] Le jour où je pense que je ne suis plus anarchiste, je m'en irai »[3].
En, lors du congrès clandestin de la CNT à Madrid, son secrétaire par intérim,José Exposito Leiva propose également la création d'unParti libertaire.
Le,Miguel García Vivancos et d'autres membres de l'exil libertaire espagnol dontGregorio Jover signe le « Manifeste des dix-sept » qui appelle à la création d'une représentation parlementaire d'unParti ouvrier du travail émanant des rangs syndicaux de la CNT[4].
Aujourd'hui, des organisationsanarcho-syndicalistes telles laSveriges Arbetares Centralorganisation (SAC) ou laConfédération générale du travail (Espagne) participent aux élections syndicales et perçoivent des subventions publiques pour leurs activités.
SelonMax Nettlau, le terme depossibilisme est utilisé, à la fin des années 1870, parPaul Brousse, anarchiste français et membre de laFraternité internationale fondée parMikhaïl Bakounine, dans une lettre à son ami espagnol Garcia Vinas et au paronyme de ce dernier,García Viñas. Sous cevocable, il définit un réformisme révolutionnaire qui parviendrait ausocialisme libertaire sans révolution mais par la participation électorale[5].