Poséidon (engrec ancienΠοσειδῶν /Poseidôn, encrétois, enbéotienΠοτειδάων /Poteidáōn) est undieu majeur de laGrèce antique, où il intervient principalement en tant que dieu de lamer, desséismes et deschevaux, plus généralement une incarnation de la force brute de la nature, possédant également d'autres pouvoirs et attributs dérivés des précédents, par exemple ceux liés aux sources et à la fertilité.
Dans les mythes, il est unCronide, l'un des fils deCronos et deRhéa, frère deZeus, qui reçoit lors du partage du monde la souveraineté sur les mers, tout en étant soumis à l'autorité suprême du roi des dieux. Plusieurs récits relatent ses échecs à devenir le protecteur de cités, notammentAthènes. Il intervient régulièrement dans d'autres mythes, rarement en tant que personnage principal, mais il peut avoir un rôle important dans l'intrigue, notamment en exécutant une vengeance contre une faute commise envers lui ou un autre dieu. On lui prête de nombreuses conquêtes en plus de son épouseAmphitrite, et une importante progéniture, composé de personnages souvent violents et menaçants, mais aussi de héros fondateurs de lignées humaines importantes.
Les cultes de Poséidon sont répandus dans tout le monde grec, où il est en particulier invoqué pour protéger des périls lors des voyages en mer, des tremblements de terre et des raz-de-marée, parce qu'il a le pouvoir d'apaiser les forces de la nature. Il est également invoqué en tant que dieu des chevaux, pour permettre le contrôle de leur force lors de courses. Ses sanctuaires se trouvent rarement dans les espaces urbains mais plutôt en marge des espaces habités, notamment sur des promontoires rocheux dominant la mer, des îles, ou à proximité de sources. Plusieurs jouent le rôle de lieu de refuge et servent de lieux de réunion de ligues de cités.
LesRomains l'assimilent à leurNeptune (enlatinNeptūnus), qui conserve essentiellement les traits marins du dieu grec. Cela explique pourquoi Poséidon est avant tout considéré dans les représentations modernes comme le dieu de la mer des Grecs, laissant de côté ses autres compétences.
Noms
Étymologie
L'étymologie de Poséidon est discutée, et aucune des propositions avancées ne fait consensus[1],[2],[3],[4].
Le nom se présente sous différentes variantes selon les dialectes :po-se-da-o (Poseidaon ?) enmycénien,Poteidán endorien,Poseidōn en grec classique. La principale différence se fait entre les formes commençant parpos- et celles commençant parpot-, cette dernière semblant correspondre à la forme originale[1],[5],[6].
La première partie du nom est généralement interprétée par le grecpotei- signifiant « Seigneur », « Maître » ou « Époux »[7],[3]. La seconde partie du nom est celle qui pose le plus de problèmes.Paul Kretschmer a proposé qu'il s'agisse deda-, « terre », et que le nom originel du dieu signifie « Époux de la Terre ». Cette étymologie est souvent reprise, mais elle a été critiquée.Walter Burkert la juge impossible à prouver[1],[5],[6]. Parmi les autres propositions avancées : « celui qui connaît le chemin (de la mer) », « Seigneur de l'eau »[8].
Reste la possibilité que le nom ne soit pas d'origine grecque et indo-européenne, mais « pré-hellénique », ce qui expliquerait les difficultés d'interprétation[6],[4].
Épithètes
Comme les autres grandes divinités grecques, Poséidon dispose dans les textes antiques d'épithètes (ou épiclèses) qui révèlent certaines de ses qualités et compétences. Plusieurs dizaines sont attestées, ce qui le place parmi les divinités qui en a le plus, après (mais loin derrière)Zeus,Apollon,Artémis etAthéna[9]. Dans ces textes, elles peuvent suivre le nom du dieu (par exemplePoséidon Sôter, « Poséidon sauveur »), ou bien elles peuvent le remplacer. Dans les poèmes, notamment ceux d'Homère, il est souvent désigné comme l'« Ébranleur du sol/de la terre »,Ennosigaios/Ennosichthon[10]. Dans le culte, il dispose de nombreuses épithètes, qui renvoient en général au pouvoir pour lequel on l'invoque. Parmi les plus courantes se trouventAsphal(e)ios « Inébranlable », qui protège des séismes et aussi des tempêtes maritimes, etHippios qui renvoie à son rôle de maître des chevaux[10]. Un bon nombre d'autres épithètes renvoient aux compétences telluriques et chevalines du dieu[11]. En revanche celles liées au domaine maritime sont moins nombreuses[12]. Parmi les épithètes renvoyant à des lieux, la plus courante estHelikonios, qui fait référence à la cité d'Hélikè (à moins qu'il ne s'agisse dumont Hélicon)[13].
Origines
Premières attestations : les tablettes mycéniennes
Durant lapériode mycénienne palatiale (v.XIIIe siècle av. J.-C.), Poséidon fait partie des divinités apparaissant dans les tablettes comptables enlinéaire B documentant des livraisons d'offrandes (dosmoi) qui leur sont faites. Il est notamment très présent dans les tablettes provenant dePylos, où il semble avoir le statut de dieu principal[5],[14]. Il figure parmi les divinités recevant du souverain local des offrandes en céréales, vin, taureaux, fromages, peaux de moutons et miel[15]. S'y trouve aussi mentionnée son pendant féminin,Posidaeia, qui disparaît par la suite[16], ainsi qu'un sanctuaire à son nom (Posidahion)[17] voire des membres de son clergé (Posidawes)[18],[19]. On trouve également à Pylos un dieu nomméEnnosidas, une des épithètes de Poséidon aux époques postérieures, donc une divinité indépendante qu'il a assimilée après l'époque mycénienne[20].
Hypothèses sur les origines
Les recherches sur les origines de Poséidon se sont plus intéressées à son association au cheval et aux eaux douces terrestres qu'à ses fonctions marines, qui sont généralement considérées comme un ajout tardif[21],[22].
Fritz Schachermeyr a consacré un ouvrage spécifique à la question. Selon lui, Poséidon a pour ancêtre un dieu-cheval indo-européen aux compétences avant tout chthoniennes. Le cheval représente l'esprit divin (numen) et est lié à l'élément liquide, à la fertilité et au monde souterrain, plusieurs mythes associant cet animal et la création de sources. Lors de l'arrivée des premiers locuteurs de langue grecque en Grèce, ils assimilent ce dieu à un dieu minoen, parèdre de la déesse de la Terre minoenne, ce qui expliquerait son nom « époux de la Terre »[23],[24],[22]. Il développe également l'idée selon laquelle le culte hellénique de Poséidon en tant que dieu du cheval pourrait être lié à l'introduction du cheval et du char de guerre d'Anatolie en Grèce vers 1600av. J.-C., que reprendWalter Burkert[25].Martin P. Nilsson a rejeté l'idée de fusion avec un dieu minoen pour voir en Poséidon un dieu proprement grec, qui serait originellement bien associé à l'eau, dérivé d'un dieuindo-européen des eaux douces et salées ayant l'aspect d'un cheval[26],[27].
M. Robertson est plus sceptique et considère que les résultats des recherches sur les origines du dieu n'ont pas donné de résultat solide[28]. R. Gordon considère de son côté que la manière dont ses domaines de compétence se relient reste insaisissable, alors que sa compréhension permettrait d'expliquer ses origines[22].
Un ancien dieu souverain ?
L'image de « dieu déchu » qui ressort des mythes dans lesquels Poséidon perd la souveraineté sur des territoires face à d'autres dieux, et plus encore sa subordination à son frèreZeus ont donné naissance à diverses interprétations historiques selon lesquelles Poséidon serait originellement un dieu souverain, voire céleste (en tout cas sans lien avec la sphère marine), qui aurait ensuite été relégué au second plan lorsque Zeus en vient à assumer le rôle premier. Cette reconstitution historique a été proposée parUlrich von Wilamowitz-Moellendorff, puis reprise et développée dans d'autres travaux[29],[30],[31].
C. Doyen est parti de l'importance de Poséidon dans les tablettes mycéniennes dePylos, où il aurait eu le statut de dieu principal, figure souveraine et paternelle, pour tracer ensuite son déclassement au profit de Zeus[32].
« En dehors de tous les noms attribués par les poètes à Poséidon pour embellir leurs vers et des noms particuliers que chacun lui donne, mais qui ne sont que des appellations locales, on lui accorde en général les surnoms suivants :Pélagaios (Marin),Asphalios (Inébranlable) etHippios (Patron des chevaux). »
Dès l'époque desépopées homériques, Poséidon est défini comme le dieu de la mer, trait qu'il conserve durant le reste de l'histoire grecque[5],[34],[6],[10]. Il porte alors des épiclèses telles qu’Epaktaios « sur la côte » àSamos,Pelagios « marin » àAthènes et àRhodes,Pontios « de la mer » aucap Ténare[35]. Une de ses épiclèses les plus répandues,Asphaleios « de la stabilité », peut également être employée en contexte marin, puisqu'à Aigéai enCilicie elle partage un autel avecAphroditeEuploia « bonne navigation »[36]. Nombre de ses sanctuaires sont situés sur les côtes littorales, notamment sur des promontoires tels que lecap Sounion,cap Ténare,cap Mycale[37],[10], et plusieurs villes côtières portent des noms dérivés du sien, commePotidée enChalcidique etPoseidonia enLucanie[38].
Poséidon/Neptune sur son char tiré par deux hippocampes, entouré de poissons ;Océan etThétys sont représentés en dessous.Zeugma,IIIe siècle. Musée archéologique deGaziantep.
Plus spécifiquement,« en tant que dieu marin, Poséidon est plutôt celui de la mer soulevée que de la bonace » (P. Lévêque et L. Séchan)[46]. Il est la force brute de la mer, qu'il déchaîne ou apaise. Il commande aux tempêtes, aux raz-de-marée et aux flots violents qui rendent les voyages maritimes imprévisibles[37],[47],[48]. La fête des Gerastia àGeraistos enEubée qui lui est consacrée aurait pour origine une tempête particulièrement destructrice, peut-être celle qui aurait fait sombrer la flotte d'Ajax le petit au retour deTroie[15]. Ceux qui s'embarquent sur la mer peuvent donc l'invoquer donc sous son appellation PoseidonSôter, « Sauveur » (notamment aucap Sounion), afin de l'apaiser et qu'il leur épargne les tempêtes, les flots impétueux et les naufrages[46],[44],[42].
Poséidon est un dieu des pêcheurs, notamment ceux allant pêcher du thon en haute mer, qui lui font de nombreuses offrandes[44],[42]. On lui consacre àLampsaque des offrandes de poissons. Certains de ses sanctuaires ont des viviers de poissons où il est en revanche proscrit de puiser[46]. Les frais du culte du sanctuaire de PoséidonPhykios (lié aux algues marines,varech) deMykonos (v. 220-200 av. J.-C.) sont financés par une taxe sur la pêche[46],[49].
Poséidon est également révéré par les marchands maritimes, on place sous son patronage les constructions d'aménagements portuaires, et on considère que les victoires lors de batailles navales sont dues à son soutien[50]. En revanche, étant donné qu'il est associé au caractère brutal de la mer, les pilotes de bateaux se placent plutôt sous le patronage d'Athéna que le sien[37],[51]. Pour autant, Poséidon ne semble pas être la divinité vers laquelle les navigateurs et voyageurs maritimes grecs se tournent en priorité pour arriver à bon port, car sa présence dans ce domaine est plus limitée qu'on ne le suppose généralement. Il semble certes y jouer un rôle important à l'époque archaïque, mais par la suite les offrandes se dirigent plutôt versZeus etApollon[52]. Dans l'onomastique il n'est pas non plus le dieu le plus associé au domaine maritime, carAphrodite dispose de plus d'épiclèses renvoyant à cette sphère[12].
Il est généralement considéré que l'arme-attribut de Poséidon, letrident, est une représentation de sa fonction de dieu marin, car c'est l'arme des pêcheurs de thon[53],[44],[54], mais d'autres y voient plutôt un attribut de la foudre (en lien avec les tempêtes marines ?) ou de la royauté (motif d'origine indo-européenne)[15]. Dans l'art, le dieu est également souvent représenté accompagné d'un dauphin, de poissons et de monstres marins[53],[15]. Concernant le dauphin,Hygin (AstronomieII, 17) rapporte un récit suivant lequel cet animal aurait aidé Poséidon à retrouverAmphitrite alors qu'elle fuyait ses avances, et qu'en remerciement le dieu l'aurait placé parmi lesconstellations. Un motif populaire est la représentation du dieu sur son char marin tiré par deshippocampes, entouré deNéréides, detritons soufflant dans des conques, et de poissons[55]. Ce type de décor du dieu avec unthiase marin est repris pour les représentations du romainNeptune, qui intègre avant tout de Poséidon ses attributions et qualités de dieu marin[55].
Un dieu des séismes
Par bien des aspects Poséidon est lié à la terre et aux forces telluriques. Il est avant tout reconnnu comme un dieu desséismes, souvent affublé de l'épithèteEnnosigaios/Ennosidas/Ennosichthon/Seisichthon « ébranleur du sol/de la terre », ou encoreGaiaochos « celui qui tient la terre (en tant que maître ?) » etTemeliouchos « qui tient les fondations »[56],[57],[58],[48],[36]. Il est celui qui provoque les grondements du sol de la même manière queZeus fait tonner le ciel[34].
Dans le culte, Poséidon est donc invoqué pour la protection des lieux d'habitations contre les séismes ou la conjuration de la faute censée les avoir provoqués, notamment quand il estAsphaleios « qui ne tangue/tremble pas », donc « de la stabilité » ou « l'inébranlable », particulièrement populaire en Asie Mineure[57],[58],[60],[36]. Dans ce dernier cas, il est sollicité non pas pour sa capacité à ébranler la terre, mais pour sa faculté à la stabiliser et à l'apaiser. Certains des autels qui lui sont dédiés pourraient d'ailleurs avoir été érigés après des séismes, dans le but de prévenir une nouvelle catastrophe[61].
Le rôle de bâtisseur de murailles que Poséidon prend dans la mythologie pourrait être lié à la protection qui est attendue de lui pour les constructions humaines menacées par des séismes[34]. Dans ces domaines, il a un rôle de consolidateur des constructions, notamment des fortifications (en tant qu’Asphaleios), ainsi que des portes (Pylaios,Empylaios) et des lieux d'accès (Potibaterios,Prosbaterios)[62],[63].
EnThessalie, il est particulièrement vénéré sous le nom PoséidonPetraios, « de la pierre », qui offre au pays des plaines fertiles arrosées par le fleuvePénée, par la séparation de montagnes qu'il provoque par ses séismes selon Hérodote[64] :
« Les Thessaliens eux-mêmes disent que [Poséidon] a fait le vallon étroit par lequel le Pénée roule ses eaux, et ce sentiment est vraisemblable. Quiconque pense en effet que [Poséidon] ébranle la terre, et que les séparations qu’y font les tremblements sont des ouvrages de ce dieu, ne peut disconvenir, en voyant ce vallon, que [Poséidon] n’en soit l’auteur. Car ces montagnes (l’Olympe et l’Ossa), à ce qu’il me paraît, n’ont été séparées que par un tremblement de terre. »
Poséidon présente de fortes affinités avec lecheval, plutôt sous son aspect sauvage et ombrageux. Le culte de PoséidonHippios « du cheval »/« équin » est très répandu en Grèce[57],[34] et associé aux courses de chevaux et à leur élevage[58]. D'autres épiclèses encore l'associent à ce champ de compétence :Hippodemon « maître des chevaux »,Hippodromios « de l'hippodrome »,Hippokourios « des cavaliers »,Elates « conducteur »,Hippegetes « conducteur de chevaux », voireImpsios « du joug » (en thessalien)[66]. Dans l'art, Poséidon est l'un des rares dieux représenté chevauchant, sur un cheval ou unhippocampe, hybride de cheval et de poisson. Il est aussi représenté dans des scènes comprenant des chevaux[67],[68].
Dans l'Antiquité plusieurs hypothèses circulent quant à l'origine de cette association, ainsi que le rapportePausanias, qui sa propre idée sur la question (VII, 21, 8-9) :
« On peut penser que le dieu a reçu le nom d'Hippios pour bien des raisons ; pour ma part cependant, je présume qu'il doit ce nom à sa qualité d'inventeur de l'équitation. En tout cas, Homère, dans les concours de chevaux, a fait lancer à Ménélas un défi de prêter serment selon ce dieu :« La main sur tes chevaux, par celui qui porte la terre, par l'Ébranleur du sol, jure donc que tu n'as pas entravé la course de mon char, par ruse, volontairement. » Pamphos aussi, qui a composé pour les Athéniens les plus anciens de leurs hymnes, déclare que Poséidon est :« Donateur de chevaux et de navires aux toiles bien tendues. » C'est donc à cause de l'équitation et non pour un autre motif qu'il a reçu ce nom. »
Certains chercheurs modernes pensent que le lien entre l'animal et le dieu pourrait être lié au fait que le cheval est une créature chthonienne, mais ce point reste discuté[25].
Selon une tradition mythologique ancienne deThessalie (réputée pour ses chevaux), sous son surnomPetraios il est le père du premier cheval, Skiphios, fruit de sa semence et de la Terre ou d'un rocher ; dans une variante il est sorti du sol après qu'il l'ait frappé de son trident[57],[34],[70],[64]. Il est également le père des chevaux légendairesPégase etArion[71],[72]. Divers mythes de transformation animale (thériomorphisme) rapportent comment Poséidon se métamorphose en cheval pour s'accoupler avecDéméter, uneÉrinye ou uneHarpie[34],[72]. Dans d'autres mythes, Poséidon offre des chevaux à son fils Idas, à son protégéPélops, et àPélée lors de son mariage avecThétis[73]. Des récits relient les chevaux aux sources, autre élément de la puissance de Poséidon, comme celui de la naissance de la sourceHippocrène des flancs dumont Hélicon, formée par un coup de sabot de Pégase[73].
Dans le culte, certains de ses sanctuaires possèdent des hordes de chevaux[57],[4], et des courses de chevaux sont organisées en son honneur[57]. Ce lien se voit encore dans le fait que des chevaux sont sacrifiés à Poséidon, notamment par noyade[25], alors qu'ils le sont rarement pour d'autres dieux[4].
L’Hymne homérique àApollon (vers 229-238) évoque un rituel du sanctuaire de Poséidon àOnchestos enBéotie, au cours duquel le conducteur d'un char tiré par un cheval saute du véhicule et laisse le cheval le tirer à vide jusqu'à ce qu'il se brise. Le sens du rituel est discuté : le but est peut-être que le cheval amène le char dans un bosquet sacré de Poséidon mentionné dans l'hymne, où il pourrait alors être consacré au dieu. Le rituel est en tout cas relié au rôle équestre du dieu[74],[19],[75].
PoséidonHippios est à plusieurs reprises associé àAthénaHippia, également liée aux chevaux. Leurs compétences respectives ne semblent cependant pas se recouper : selon ce qu'ont mis en avant M. Detienne et J.-P. Vernant, Poséidon est plutôt lié à la puissance du cheval et à son aspect sauvage, donc à la canalisation de sa force, tandis qu'Athéna est liée à son contrôle et sa direction, donc à la maîtrise de leur conduite par les cavaliers et conducteurs de chars. Elle est donc plutôt invoquée pendant les courses de chevaux, tandis que Poséidon l'est avant ou après[76],[51]. Néanmoins Poséidon est bien plus souvent associé aux chevaux qu'elle ne l'est.Hippia est la seule épiclèse chevaline d'Athéna, alors que Poséidon en comprend plusieurs. Du reste, comme vu plus haut, plusieurs des épiclèses de Poséidon l'associent bien à la maîtrise du cheval, et pas seulement à sa fougue[66].
De façon plus marginale, Poséidon est invoqué comme le taureauTaureos, et on lui sacrifie souvent des taureaux[77],[57],[37].
Un dieu des forces de la nature
La question de la conciliation des trois domaines principaux où Poséidon exerce ses pouvoirs, voire de l'identification du « noyau » d'où dérivent les différentes variantes du dieu, a fait l'objet de nombreuses propositions. S'y greffent des réflexions sur d'autres traits moins répandus du dieu, mais qui pourraient dériver des précédents. Il n'existe pas de consensus sur ce sujet, et la nature profonde de Poséidon, si tant est qu'elle existe, peut paraître insaisissable[22].
S'ajoute à cela le fait que Poséidon est souvent mentionné comme un dieu des eaux douces et des sources terrestres, qu'il fait jaillir du sol, ce qui renvoie sans doute plus à son rôle terrestre que marin (les eaux souterraines semblent vues par les Grecs comme une cause physique des tremblements de terre)[78],[79],[58], même si cela peut aussi être vu comme une manière de chercher à lier les deux autour de l'eau[25],[79]. Cela donne au dieu un rôle nourricier, les eaux qu'il fournit permettant d'abondantes moissons, comme l'évoqueEschyle (Sept contre Thèbes, 304-311)[80]. W. Burkert voit en ce Poséidon des sources un seigneur des profondeurs, si ce n'est des eaux abyssales, équivalent àEnki dans lamythologie sumérienne[81]. Ses sanctuaires de l'intérieur des terres sont souvent situés près de rochers, d'étangs, de sources et de fontaines[10].
Pour unifier ces différents traits, il est souvent considéré que Poséidon est une incarnation des forces brutes de la nature, élémentaires ou élémentales, voire que c'est sa nature originelle[82],[83],[84],[48],[85]. Cette explication rejoint les réflexions sur les origines du dieu déjà évoquées, qui postulent pour la plupart que Poséidon n'est pas un dieu de la mer à l'origine, mais plutôt une divinité terrestre liée aux chevaux et aux sources. DéjàWalter Pötscher a proposé que le fondement de l'identité de Poséidon soit la puissance pure, qui s'exprime à la manière des émotions humaines, mais à travers des phénomènes naturels. Cela permettrait de comprendre pourquoi il est à la fois associé aux tempêtes maritimes et aux tremblements de terre[86],[22]. Cette idée a été formulée différemment par la suite :
P. Lévêque et L. Séchan :« il est, au premier chef, un dieu des forces essentielles de la nature, de la terre profonde qu'il ébranle et vivifie, des eaux courantes »[87] ;
W. Burkert :« Poséidon demeure une force incarnée de la nature. La tempête en mer et le séisme sont les formes d'énergie les plus violentes auxquelles l'homme doit inévitablement faire face, de même que le cheval est la plus puissante énergie que l'homme puisse contrôler. Le dieu représente une puissance face à laquelle on peut lutter, avec laquelle il faut toujours compter »[82] ;
J. Bremmer :« L'association de P[oséidon] avec l'énergie nerveuse du cheval, la puissance imprévisible de la mer et de la terre et la force brute des guerriers extatiques montre qu'il était associé aux puissances terrifiantes de l'homme et de la nature »[88].
J. Larson :« Poséidon est à l'origine un dieu des forces élémentaires et géologiques : sources vivifiantes, inondations désastreuses, gouffres par lesquels l'eau coule ou recule, tremblements de la terre. Finalement, il régna sur la mer vaste et imprévisible, provoquant tempêtes et raz-de-marée »[89].
Conjointement, ses attributions terrestres et maritimes lui confèrent une« fonction de maîtrise des forces de la nature » (J. Bremmer)[90]. Les Grecs anciens voient derrière les catastrophes naturelles telles que les raz-de-marée et les tremblements de terre des manifestations la même puissance, celle de Poséidon, et font appel à lui pour les prévenir[91].
Autres fonctions
Au-delà des trois compétences de Poséidon clairement reconnues dès l'Antiquité et dans les études modernes, d'autres fonctions possibles du dieu ont été proposées.
Certains ont vu en Poséidon unedivinité chthonienne, liée à la terre et au monde souterrain. C'est notamment le cas de ceux qui interprètent son nom comme « époux de la Terre »[92],[34]. Le cheval serait également lié à cette sphère[25]. Le lien avec la sphère chthonienne s'étend parfois au monde des morts : aucap Ténare, le sanctuaire de Poséidon abrite un oracle des morts[48].
Dans cette catégorie encore figure — au moins selon certaines interprétations — la dénomination PoséidonPhytalmios, qui préside à la croissance des plantes, et est vénéré dans tout le monde grec. Il est lié à la végétation et à la fertilité des sols, renvoyant selon certains à son rôle de dieu des sources, et/ou peut-être originellement et fondamentalement à la paternité[78],[93],[10],[94].
Selon N. Robertson, le fait que le mois dédié à Poséidon,Poseideon, et la grande fête du dieu qui s'y déroule, lesPoseidea, qui se retrouvent dans de nombreuses cités, soient situés au début de l'hiver, en décembre/janvier, renvoie à une fonction agraire du dieu. Il servirait à préparer le retour de la fertilité. Il relie cela aux épiclèses du dieu liées à la procréation (Phytalmios,Pater,Genesios) et également à son association courante àDéméter, déesse agraire[95].
Des lignées et des ethnies grecques tracent leur origine légendaire jusqu'à Poséidon, qui joue pour elles le rôle de figure ancestrale et unificatrice, père d'un héros fondateur :Hygin dans sesFables (186) rapporte une tradition qui en fait le père d'Éole et Béotos, fondateurs respectifs des lignées desÉoliens et desBéotiens[5],[58], àTrézène il est reconnu comme le père du héros fondateurThésée[5]. Plusieurs de ses sanctuaires servent de point de ralliement d'amphictyonies ou defédérations : sur l'île deCalaurie près des côtes d'Argolide, aucap Mycale enIonie, àOnchestos enBéotie[58],[5],[48].
C'est donc une figure patriarcale, intervenant dans le champ de la reproduction, plus particulièrement celle des mâles. Certaines de ses épiclèses renvoient à cette fonction :Genethlios « de la naissance »,Patragenes/Patrogeneios « de la lignée paternelle », si ce n'est aussiPhytalmios « qui fait pousser », généralement lié aux plantes, mais peut-être plus largement lié à la parenté et la filiation[94]. Le rôle de dieu de la fertilité que semble prendre Poséidon par moments, notamment visible par son association aussi bien dans les mythes que le culte avec le cheval (et secondairement au taureau), notamment dans les récits où il est un étalon s'accouplant, le relie encore à la virilité et la masculinité[10].
Certains ont aussi souligné le rôle de Poséidon dans plusieurs rites de passages en lien avec des associations masculines et la consommation de vin (en principe réservée aux adultes). ÀÉphèse de jeunes hommes participant à la fête de PoséidonHelikonios sont surnommés « taureaux », ce qui a été rapproché par F. Graf de rites de passages des bandes de guerriers (Männerbund) ayant des parallèles dans les traditions celtes et germaniques. Poséidon aurait alors selon J. Bremmer un rôle de dieu des associations masculines et des rites de passage. Cela le relierait à ses autres traits où il incarne la force brute, cette fois-ci celle des guerriers extatiques, qui ressortirait aussi du fait que parmi sa progéniture se trouvent des personnages sauvages et cruels (Cyclopes,Aloades,Busiris,Procuste)[37],[96]. Ces associations aux guerriers et à des cultes dont les femmes sont exclues lui donnent selon lui une stature de « dieu macho » (Macho-Gott)[40].
F. de Polignac voit de son côté en Poséidon un dieu du « tenir ensemble », garant des équilibres dans le paysage et dans la vie politique. Cette interprétation s'oppose à celles qui considèrent le dieu comme une puissance déchue et négative. Cela ressortirait notamment de son association aux détroits et aux isthmes, qui en fait un dieu des ouvertures mais aussi des fermetures des points passages, donc de leur stabilisation[97]. À sa suite et en opposant Poséidon àDionysos, force du déliement, S. Lebreton voit dans le dieu du « tenir ensemble » un« maître de l'assise et garant de la transmission patrilinéaire [qui] reste bien ancré du côté des mâles et de la stabilité, même si la fougue des chevaux et la ramification des algues (qu'il fait croître sous le nom Phykios à Mykonos) assouplissent son portrait[98]. »
Relations avec les autres divinités
Comme toute divinité d’une religionpolythéiste, Poséidon est loin d’être un être isolé. Ses fonctions s'éclairent particulièrement par l'analyse de ses rapports avec certaines divinités avec lesquelles il est souvent mis en rapport, que ce soit en complémentarité ou en opposition, en premier lieuAthéna etDéméter.
Un membre de la première génération des grands dieux
Poséidon est le fils deCronos et deRhéa et le frère deZeus, d'Hadès, deDéméter, d'Héra et d'Hestia, faisant partie de ce qui est souvent désigné comme la première génération des « Olympiens »[99].
Dans les épopées homériques et hésiodiques, Poséidon est aux ordres deZeus, malgré quelques velléités d'autonomie et de traitement égalitaire[102]. Il participe à laTitanomachie et à laGigantomachie. Une fois le triomphe de Zeus assuré, ses deux frères Poséidon et Hadès reçoivent leur part du monde, respectivement les mers et les Enfers, où ils peuvent exercer leur rôle souverain. Cependant, à la différence du roi des Enfers, dans les mythes Poséidon interagit beaucoup avec le monde des humains vivants[103],[104].
Poséidon occupe une place importante dans les panthéons grecs aux côtés des autres divinités majeures, comme l'indique sa présence dans les différents groupes de « Douze Dieux » (Dodekatheon) vénérés dans plusieurs cités[105].
Il est souvent mis en paires avec deux divinités de la seconde génération des Olympiens,Athéna etApollon, dans des associations que W. Burkert juge marquées par une opposition entre un dieu vieux et deux jeunes divinités. La première est souvent associée ou opposée à Poséidon en lien avec le cheval comme vu plus haut, en plus des disputes autour du territoire athénien, formant selon cet historien« un efficace chassé-croisé de force élémentaire et de savoir technique. » Le second est souvent associé à Poséidon dans les cultes, notamment lors des fêtes fédérales desDoriens àCnide et desIoniens aucap Mycale, dans les épopées ils construisent ensemble les murailles deTroie et ne s'affrontent pas sur les champs de bataille bien qu'ils soutiennent des camps opposés. Leur association pourrait s'expliquer« comme une polarité entre jeune et vieux, entre la vigueur de la jeunesse et les profondeurs aquatiques », et avoir un lien avec les initiations[106].
Comme son frèreZeus, Poséidon se voit attribuer de nombreuses relations amoureuses et par conséquent de nombreux enfants. Il s'agit souvent dehéros ou degéants au caractère violent (notamment des adversaires deHéraklès et deThésée), reflet du fait que leur père est l'incarnation de la « force brute ». Dans d'autres cas il est le père de héros et donc l'ancêtre de lignages et ethnies prestigieux[107],[53],[108].
Un récit d'union du dieu sous la forme chevaline lui prête selon les variantes une compagne différente : uneÉrinye ou une Harpie selon des scholies de l’Iliade, la déesseDéméter (mais semblable à une Érinye ou sous l'épiclèseErinys) selon lePseudo-Apollodore etPausanias, ce dernier d'après une variantearcadienne du mythe qui lui donne pour enfantsArion et une fille non nommée, connue seulement sous l'épithèteDespoina (la Maîtresse)[72],[71].
LaDanaïdeAmymoné est également séduite par le dieu, qu'elle appelle à l'aide alors qu'elle est poursuivie par unSatyre, et lui donne un fils,Nauplios. Cette union inspire un drame satyrique (perdu) à Eschyle[110],[109].
Poséidon et Thésée. Vase attique à figures rouges, v. 470 av. J.-C.Villa Getty.
Le cas deThésée, né d'Éthra, est plus problématique, puisque sa paternité est débattue : en généralÉgée est présenté comme le père du héros, mais d'autres fois c'est Poséidon[111]. Des vases archaïques représentant des scènes de poursuite d'Éthra par Poséidon indiqueraient que la tradition selon laquelle le dieu est le fils du héros existerait déjà à cette période[112]. La confusion vient peut-être du fait qu’Égée est un avatar humanisé de Poséidon[102].
Diodore de Sicile (V, 55) évoque son union avec l'héroïneHalia, qui lui donna six fils et une fille,Rhodé. Les fils, sous l'emprise d'Aphrodite, essayent de violer leur mère, et sont tués par leur père. Halia se suicide en se jetant dans la mer. L'île deRhodes tirerait son nom de la fille de Poséidon, et vénèrerait Halia sous le nom de Leucothée, divinité liée à la mer[113].
Il est l'éraste du jeunePélops, qu'il enlève et amène sur l'Olympe, de même que Zeus l'a fait auparavant avecGanymède.
Un dieu déchu et marginalisé ?
Poséidon etAthéna (identifiés par des inscriptions). Vase à figures noires duPeintre d'Amasis, v. 540 av. J.-C. Cabinet des Médailles.
Plusieurs mythes présentent Poséidon comme un perdant, un dieu rejeté ou déchu d'une part de sa puissance au profit d'autres divinités. Au-delà de sa soumission à l'autorité de son frèreZeus lors du partage des honneurs entre les divinités, dans plusieurs traditions il entre en rivalité avec une autre divinité pour la possession d'une contrée et échoue : face àAthéna àAthènes, face à Zeus àÉgine, face àHéra enArgolide, etc.[41],[40].
L'opposition de Poséidon à différentes divinités garantes de l'ordre dans la cité mais aussi de l'intelligence et de la technique, en particulierAthéna, a pu être vue à la suite des travaux deMarcel Detienne et deJean-Pierre Vernant[51], comme une évocation symbolique de la mise au pas et de la marginalisation de la force brute et imprévisible, qui doit être mise à l'écart des relations humaines[114],[60]. De fait, ce dieu« n'a jamais été étroitement associé aux grandes réalisations de la société de lapolis et dissocié des valeurs morales, du progrès intellectuel ou de la technologie » (R. Schumacher)[115] et de manière significative, ses sanctuaires sont la plupart du temps situés dans des lieux situés aux marges des cités, ou du moins en dehors des villes[40],[84],[116].
Le fait que Poséidon ait reçu en apanage la mer, qui a une connotation négative pour les anciens Grecs, serait selon J. Bremmer un signe de sa relégation aux marges du monde civilisé[117]. Selon le même, l'association courante (mais opaque et mystérieuse pour les analyses modernes[118]) du dieu avec la déesseDéméter pourrait s'expliquer par le fait que celle-ci aurait également été vue comme problématique pour l'ordre social et excentrique[119].
Syncrétismes et interprétations
Poséidon est interprété par lesRomains comme l'équivalent de leur dieuNeptune, qui se retrouve également chez lesÉtrusques sous le nom deNethuns. C'est initialement un dieu des eaux terrestres, qui s'enrichit ensuite des traits de Poséidon et de son iconographie, en devenant un dieu des mers, invoqué en particulier pour la protection des voyages en mer. Il est également marié àAmphitrite et souvent représenté en compagnie de créatures marines[120],[121]. Cela explique pourquoi la postérité a surtout retenu de Poséidon son rôle de dieu marin, laissant de côté ses attributs telluriques et équins. Neptune est de plus un dieu à la personnalité apaisée, à la différence du colérique Poséidon, au point que certaines de ses représentations deviennent des allégories de la paix[55].
Avec l'implantation de royaumes et de colons hellénistiques au Proche-Orient, Poséidon a été interprété comme l'équivalent de divinités locales occupant une position majeure dans le panthéon : la divinité patriarcaleEl (littéralement « le dieu »), le dieu souverainBaal (« le Maître », « le Seigneur »), qui fait plutôt partie de la catégorie des « dieux de l'Orage » (ce qui lui donne un aspect fertilisateur, parce qu'il amène la pluie), le grand dieutyrienMelqart àLarnaka (Chypre). Poséidon est plus particulièrement assimilé aux dieux protecteurs deBérytos (Beyrouth) et d'Ascalon (Ashkelon), cités qui le font figurer sur leurs monnayages à l'époque romaine. Les marchands de Bérytos qui s'installent àDélos à l'époque hellénistique s'organisent autour d'une association cultuelle de « Poséidoniastes », placée sous le patronage du dieu de leur cité. ÀPalmyre, une inscription l'identifie à une des manifestations du dieu El, appelée « créateur/possesseur de la terre » (palmyrénienʾL qwnrʿ), qui rappelle son épiclèseGaiaochos[122],[123],[124].
EnAfrique romaine, le dieu Neptune/Poséidon est comme ailleurs dans le monde romain occidental associé aux eaux terrestres et maritimes et à la navigation. DéjàHérodote (IV, 188) mentionne que Poséidon fait partie des divinités majeures desLibyens. Une inscription deLeptis Magna évoque un El « propriétaire de la terre » (qnʾrṣ) identique à Neptune, dont le nom rappelle celui du dieu auquel Poséidon est assimilé àPalmyre[125]. Une inscription deThapsus enTunisie évoque un PoséidonKarpodote, épiclèse qui peut être vue comme l'équivalent du latinfrugifer qui fait référence à la croissance des plantes. Selon A. Cadotte, dans l'aire libyque Neptune/Poséidon serait plutôt assimilé à une divinité locale qui a un caractère agraire[126].
Images
Dans l'art, Poséidon est représenté comme un homme d'âge mûr, barbu, généralement nu ou torse nu. Son apparence est similaire à celle de son frèreZeus, au point qu'il est difficile de les distinguer s'ils ne sont pas accompagnés d'attributs permettant de les distinguer, en premier lieu le trident et le foudre. C'est pour cela qu'il existe un débat quant à savoir lequel des deux est censé représenter la statue en bronze mise au jour aucap Artémision (dieu de l'Artémision)[127],[104].
Les plus anciennes représentations assurées de Poséidon datent du troisième quart duVIIe siècle av. J.-C. et proviennent dePenteskouphia près deCorinthe. Il s'y trouve manifestement un lieu de culte dédié à Poséidon, avec la dénominationAnax « Seigneur » inconnu par ailleurs, et à son épouseAmphitrite. Ce site a livré de nombreuses tablettes votives (pinakes) peintes et inscrites, retrouvées dans un dépôt où elles avaient été mises au rebut vers la fin duVIe siècle av. J.-C. Elles sont produites par des potiers dans le cadre d'un culte local dont la nature reste encore soumise à diverses hypothèses. Le dieu y est figuré vêtu d'une tunique (chiton) et d'un manteau (himation), coiffé d'un diadème et armé de son trident, et par la suite il est souvent entouré de poissons. Il est à plusieurs reprises représenté avec son épouse, notamment sur un char dont il tient les rênes[128],[129],[35],[130].
Poséidon. Berlin, Altes Museum (Antikensammlung).
Poséidon tenant un poisson. Berlin, Altes Museum (Antikensammlung).
Poséidon et Amphitrite sur un char. Berlin, Altes Museum (Antikensammlung).
Poséidon tenant son trident et un poisson. Médaillon d'un kylix attique à figures rouges, v. 520-510 av. J.-C. Étrurie.Musée national du Danemark.
Scène de poursuite avec Poséidon. Face A d'un lécythe à figures rouges, vers 460-450 av. J.-C.Metropolitan Museum of Art.
Sculptures
Dans la sculpture, la seconde moitié duIVe siècle av. J.-C. voit l'apparition du type du « Poséidon du Latran », dont l'original serait une statue en bronze faite parLysippe et exposée àCenchrées près deCorinthe. Elle représente le dieu le dieu au repos, une jambe levée, tenant son trident de sa main gauche. Elle devient très populaire dans le monde romain, comme l'attestent ses nombreuses copies[127].
L'époque hellénistique voit le développement de représentations du dieu sur son char tiré par des hippocampes, avec son trident, accompagné d'un dauphin, entouré de diverses créatures marines. Il figure notamment ainsi sur la frise nord duGrand Autel de Pergame représentant laGigantomachie, dont il ne reste que des fragments[127].
De la même période date la grande statue en marbre du Poséidon deMilos, le représentant dans une posture d'autorité, brandissant un trident (disparu) de sa main droite, accompagné d'un dauphin[127].
Il semble que les statues de Poséidon soient nombreuses à l'époque romaine, carPausanias en mentionne souvent, au point qu'il se pourrait que ce dieu soit l'un des dieux les plus représentés par cette forme d'art[104].
Poséidon, Apollon et Aphrodite sur la frise du Parthénon.British Museum.
Poséidon du Latran, copie sur marbre d'après un original sur bronze de Lysippe. Musées du Vatican.
Statuette en bronze, d'après le type du Latran.Musée Correr, Venise.
On représente également Poséidon sur des monnaies, depuis les alentours de 500 av. J.-C., principalement son visage de profil ou debout brandissant son trident, parfois chevauchant un cheval ou un hippocampe, ou dans la pose du Poséidon du Latran[131]. À l'époque hellénistique sur des monnaies commémorant des victoires navales, modèle qui est repris parOctave pour commémorer labataille d'Actium[127]. Des monnaies à l'effigie de Poséidon se retrouvent au Proche-Orient (Bérytos,Arados,Ascalon,Apamée), où il est souvent associé à un poisson, et jusqu'enAfghanistan (royaumes gréco-bactriens)[132].
Statère en argent dePoseidonia (v. 530-500 av. J.-C.) représentant Poséidon brandissant son trident.
Statère en or deTarente (v. 320 av. J.-C.), représentant Poséidon etTaras, fils du dieu et fondateur légendaire de la ville.
Tétradrachme en argent deDémétrios Poliorcète (frappé v. 289-288 av. J.-C.) représentant Poséidon dans la pose de la statue du Latran.
S'il n'existe pas demythe grec centré sur Poséidon, il intervient dans beaucoup d'événements, notamment à travers ses nombreuses relations amoureuses et ses tout aussi nombreuses disputes. Un motif récurrent est la colère du dieu et son rôle en tant que vengeur, qui passe souvent par des créatures qu'il a suscité contre la personne qu'il doit châtier. On retrouve donc dans la littérature le fait qu'il représente la force brute et le chaos[104]. Dans l'ensemble, en dépit de son statut de divinité majeure, Poséidon apparaît peu dans les œuvres littéraires antiques. T. Gantz considère que dès l'époque archaïque c'est une figure « discrète »[133] et R. Hard remarque que sa présence diminue après[134].
Poséidon est un personnage des épopées homériques[135], et même s'il y fait assez peu d'apparitions il joue un rôle décisif à plusieurs moments[133]. Il apparaît principalement comme un dieu marin, et ces textes ont grandement contribué à forger l'image du dieu en tant que souverain des mers, notamment par la description de son palais sous-marin et de son cortège fait d'êtres marins[136],[137].
Ses rapports avecZeus, que l'épopée présente comme son frère aîné, ne sont pas toujours cordiaux, comme l'indique son discours de l’Iliade où il rejette les ordres de son frère que lui transmetIris[100].
Malheur ! Il (Zeus) a grande valeur, mais il a parlé au-delà des bords, puisqu'il veut me contraindre de force, moi qui ai le même honneur que lui. Nous sommes trois frères nés de Cronos, que Rhéa a mis au monde, Zeus, moi et en troisième Hadès, qui règne sur ceux d'en bas. Toutes les choses ont été partagées en trois, chacun a eu son lot d'honneur ; moi, j'ai gagné d'habiter pour toujours la mer grise, une fois les sorts agités ; Hadès a gagné les ténèbres brumeuses ; Zeus, le vaste ciel, dans l'éther et les nuages. La terre, quant à elle, est commune à tous, ainsi que le grand Olympe. Je ne vivrai donc pas selon le coeur de Zeus. Qu'il reste, tranquille, malgré sa force, dans le troisième lot qui est le sien ! Que jamais il ne cherche à m'effrayer avec ses bras, me croyant vil. Il gagnerait plus à attaquer ses filles et fils de mots terrifiants, puisqu'il les a engendrés lui-même, et ils entendraient ses commandements, même sous la contrainte.
L’Odyssée lui fait jouer un rôle majeur dans le déroulement de l'intrigue, en le présentant sous un jour colérique et vindicatif[142],[143]. C'est sa colère contreUlysse, après que ce dernier ait aveuglé son fils leCyclopePolyphème, qui entraîne le long périple du héros[102]. Il s'oppose pour cela àAthéna, protectrice du héros. Le dieu apparaît alors sous son aspect violent, déchaînant les éléments contre Ulysse alors qu'il a quitté l'île deCalypso, puis punissant lesPhéaciens qui lui ont apporté son aide pour qu'il rentre dans son pays[144]. Ce récit évoque également (IV, 502) le fait qu'il aide Athéna à exercer sa vengeance sur lesAchéens après le viol de la princesse troyenneCassandre parAjax, fils d'Oïlée dans son temple, en provoquant le naufrage de leur flotte et la mort du fautif, motif repris et développé dans d'autres textes par la suite[145].
Mythes de partage du monde
Une catégorie de mythes particulièrement importants pour la définition de la figure de Poséidon sont ceux durant lesquels il entre en rivalité avec une autre divinité pour la possession et la protection d'un territoire et de ses populations[53],[146].
Les récits les plus fameux sont ceux relatifs à sa rivalité avecAthéna pourAthènes. Poséidon offre à la cité une source d'eau salée (une « mer », visible dans l'Érechthéion du temps dePausanias), créée sur l'Acropole d'un coup de son trident, tandis qu'Athéna lui offre l'olivier. Le roi athénienCécrops fait appel aux autres grands dieux pour trancher, et le présent d'Athéna est jugé le plus utile, lui permettant d'emporter le duel. De rage, Poséidon inonde la plaine d’Éleusis ; dans une variante il échoue à le faire, en raison de l'intervention d'Hermès[53],[147]. Ce récit était représenté sur lefronton ouest duParthénon, mais ce groupe de sculptures n'est plus connu que par des fragments[55].
Dans les autres mythes de ce type, il perdÉgine contreZeus etNaxos contreDionysos[53],[148]. ÀTrézène, qu'il dispute à Athéna, Zeus choisit un compromis en partageant la cité entre les deux[53],[148]. ÀCorinthe, qu'il dispute àHélios, le géantBriaré chargé du jugement concède l'acropole au dieu solaire etIsthmia à Poséidon[148]. AvecApollon ont lieu des échanges : il lui aurait laisséDelphes, qui lui appartenait, en échange ducap Ténare, ou bien, selon un autre récit, contre l'île deCalaurie[40].
Ainsi un passage à propos de la fontaine nommée Arné (VIII, 8, 2) rapporte le récit local selon lequel lorsqueRhéa accoucha de Poséidon elle le déposa dans un troupeau d'agneaux (arnés, d'où le nom de la source) et trompaCronos en lui disant qu'elle avait accouché d'un poulain, qu'il avala à la place du nouveau-né. Pausanias, au départ plutôt enclin à voir dans ces variations locales sur Cronos aux mythes panhelléniques des balivernes, s'est ravisé pour plutôt y voir des sortes de contes philosophiques[152]. Les interprètes modernes se sont plutôt intéressés au fait que le substitut est un jeune cheval, ce qui le relie à un des domaines de compétences principaux du dieu[70].
« Voici encore ce que racontent en substance les Arcadiens : quand Rhéa eut accouché de Poséidon, elle le déposa dans un troupeau pour qu'il partageât la vie des agneaux ; ce qui valut son nom à la source, c'est que les agneaux (arnés) paissaient autour d'elle. Rhéa dit à Kronos qu'elle avait mis au monde un cheval et lui donna, au lieu de son enfant, comme elle lui donna par la suite, au lieu de Zeus, une pierre enveloppée de linges. Ces récits des Grecs, j'avais personnellement tendance, en commençant mon ouvrage, à les considérer plutôt comme des niaiseries ; mais, parvenu à l'Arcadie, j'ai pris à leur sujet une attitude prudente que voici : ceux des Grecs que l'on tenait pour sages formulaient autrefois leurs récits en se servant d'énigmes et non pas directement ; j'ai donc conjecturé que les traditions relatives à Kronos sont une sorte de conte philosophique des Grecs. Aussi, en ce qui concerne les dieux, utiliserons-nous les traditions. »
À propos du sanctuaire de PoséidonHippios àMantinée (VIII, 10, 2-4), il rapporte qu'il fut reconstruit sur ordre de l'empereurHadrien, autour des ruines de l'ancien afin de ne pas les détruire. La légende locale rapporte que les frèresAgamédès etTrophonios, architectes légendaires, l'ont érigé en premier, en interdisant son entrée aux humains en la barrant d'un simple fil de laine, ce qui suffisait alors à inspirer la crainte des choses divines. Le roi arcadien Aipytos s'en moquait, coupa le fil et en punition il fut emporté par une vague marine qui le tua[153]. Ce récit a pu être rapproché d'autres provenant d'Irlande et donc peut-être à un héritage indo-européen[154].
Autres attestations dans la littérature mythologique
LaThéogonie d'Hésiode, récit de glorification deZeus et de sa lutte pour le pouvoir, fait de Poséidon un auxiliaire de celui-ci, qu'il soutient en combattant à ses côtés. C'est lui qui referme sur lesTitans les portes d'airain duTartare (vers 732-733)[41].
Un courtHymne homérique (groupe de textes qui, contrairement à ce que leur dénomination traditionnelle indique, n'a pasHomère pour rédacteur) est dédié à Poséidon[159]. Il reprend les principales caractéristiques du dieu, à la fois divinité terrestre et marine,« dompteur de chevaux et sauveur de navires », et donne plusieurs de ses épithètes les plus courantes :
« L'objet de mes chants, est, pour commencer, le grand Poséidon qui met en branle la Terre et la Mer inlassable, le dieu marin qui possède l'Hélicon et le vaste domaine d'Æges : les dieux t'ont attribué, Ébranleur de la Terre, le double privilège d'être dompteur de chevaux et sauveur de navires ! Salut, Poséidon, qui transportes la Terre, dieu à la sombre chevelure ! ô Bienheureux, viens, d'un cœur bénévole, secourir ceux qui vont sur la mer ! »
— Hymne homérique à Poséidon (trad. J. Humbert)[160].
Après l'époque archaïque apparaissent les mentions littéraires de plusieurs autres récits impliquant Poséidon, notamment ceux repris parDiodore de Sicile et lePseudo-Apollodore dans saBibliothèque.
Ce sont en particulier ces deux textes qui donnent les versions complètes des récits impliquant Poséidon et le couple royal crétoisMinos-Pasiphaé, évoqué de manière partielle par des sources antérieures. Selon Diodore, le roi Minos avait promis au dieu de lui sacrifier chaque année son plus beau taureau, mais une année il ne peut s'y résoudre et lui sacrifie une bête moins belle, tandis que selon le Pseudo-Apollodore le roi prie le dieu de lui envoyer par la mer un beau taureau pour qu'il lui sacrifie mais là aussi il épargne la bête. La faute, quelle qu'elle soit, provoque la colère du dieu envers le roi, et en vengeance il inspire à son épouse la reine Pasiphaé une passion pour le taureau épargné, qui donne naissance auMinotaure[161],[162].
Parmi les autres vengeances exécutées par Poséidon dans des récits mythologiques et épiques par la création d'êtres monstrueux et violents, le dieu fait sortir de l'eau un taureau monstrueux pour provoquer la mort d'Hippolyte, comme le lui à demandé le père de celui-ci,Thésée. Il crée aussi le monstre marin qui se déchaîne contre l’Éthiopie dans le mythe d'Andromède[134].
Poséidon apparaît dans le mytheplatonicien de l'Atlantide (Critias,Timée). L'île d'Atlantide est son domaine, où il s'éprend de Clito qu'il installe dans un superbe palais entouré d'eau. Elle lui donne cinq paires de jumeaux, qui sont à l'origine des dix circonscriptions de l'île. L'aîné, Atlas, reçoit de son père la suprématie sur les autres et fonde la lignée des rois de l'Atlantide. Elle connaît des âges fastes, puis son expansion est stoppée par sa défaite par Athènes, et la ville est détruite par un tremblement de terre et d'un raz-de-marée qui l'engloutit[163],[164]. On reconnaît dans ce mythe dont le sens est très discuté le thème de la rivalité entre Poséidon etAthéna (l'Atlantide étant présentée comme un double négatif d'Athènes), voire celui du caractère brutal du dieu qui rejaillit sur sa progéniture[165].
Copie d'une monnaie deBérytos d'époque romaine représentant Poséidon/Neptune saisissant une femme, peut-êtreBéroé.
Poséidon joue aussi un rôle dans l'intrigue de la dernière grande composition épique de l'Antiquité grecque, lesDionysiaques deNonnos de Panopolis (composée v. 450-470). Il dispute au personnage principal du récit, le dieuDionysos, la main de lanympheBéroé (assimilée à une des conquêtes de Poséidon,Amymoné), dans la ville qu'elle incarne,Bérytos (Beyrouth). Aucun des deux ne parvenant à la séduire par leurs discours et promesses, ils se livrent à un duel sous le regard des grands dieux, durant lequel Poséidon reçoit l'aide de plusieurs personnages de la mythologie grecque liés à lui, dontProtée,Nérée et lesNéréides ainsi que les dieux des fleuves et des mers.Zeus donne finalement la main de Béroé à Poséidon, ce qui représente le seul échec du héros du roman. Si ce récit s'appuie sans doute sur la mythologie de Bérytos dont Poséidon (assimilé auBaal local) est le dieu principal, il intègre des thèmes proprement grecs comme la lutte de Poséidon contre d'autres divinités pour la possession d'un territoire sous l'arbitrage d'autres dieux, la particularité du récit étant qu'il est pour une fois proclamé vainqueur[166].
Sanctuaires et cultes
Comme pour les autres grandes divinités « panhelléniques », les sanctuaires et cultes de Poséidon se retrouvent dans tout le monde grec[167], avec une popularité peut-être plus prononcée dans lePéloponnèse (cf.Diodore de Sicile,V, 49, 4)[168] et enBéotie (selonAristarque de Samothrace[3]), voire en Asie Mineure à l'époque romaine en tant que divinité tellurique servant à protéger contre les séismes[169]. Certains de ces lieux de cultes sont mieux documentés que d'autres grâce aux textes antiques (notamment, là encore, laDescription de la Grèce dePausanias pour l'époque romaine impériale) et aux données archéologiques et épigraphiques collectées par les recherches modernes.
Carte de la Grèce avec localisation des sanctuaires de Poséidon et autres sites mentionnés dans l'article.
Isthmia et les concours isthmiques
Statue colossale de Poséidon. Provenant d'Isthmia, sans doute issue d'un atelier d'Aphrodisias. Époque romaine.Musée du Prado.Vestiges du temple de Poséidon à Isthmia.
Dans la région deCorinthe, Poséidon dispose àIsthmia d'un de ses principaux sanctuaires dans le monde grec. Il se développe vers la première moitié duXIe siècle av. J.-C., en tant que lieu de culte en plein air. La popularité qu'acquiert progressivement le lieu doit s'expliquer par sa localisation sur l'isthme de Corinthe, sur un plateau aisément accessible aux communautés des environs, tout en étant situé sur un terrain neutre, à l'écart des principaux sites d'habitat de la région. La présence de céramiqueprotogéométrique semble indiquer la tenue de banquets rituels durant les premiers temps d'utilisation du site. Une terrasse est aménagée auVIIIe siècle av. J.-C., puis au début du siècle suivant un temple est construit, de typehécatompédon (cent pieds de long) avecpéristyle. Un imposant autel de 30 mètres de long se trouvait devant lui. Les animaux sacrifiés sont surtout des moutons, des chèvres et des cochons. De petites pierres ont été retrouvées en grande quantité sur le site sacrificiel : elles pourraient avoir été jetées sur les animaux par les personnes assistant au sacrifice, avant leur immolation. Les dépôts votifs y sont cependant plus modestes aux époques anciennes que ceux d'Olympie et deDelphes. Ils comprennent peu de figurines en métal, mais de nombreux taureaux en terre cuite, ainsi que des bijoux. AuVIIIe siècle av. J.-C. le matériel devient plus riche, ce qui semble indiquer que le lieu devient plus « aristocratique » : tripodes et bols en bronze, armes et armures, en plus de nombreuses figurines en terre cuite. Le temple est détruit vers 470, et remplacé par un autre de style classique[170],[171]. Le sanctuaire d'Isthmia est alors un lieu de culte de Poséidon, mais aussi de son épouseAmphitrite et du hérosMélicerte/Palémon, mort noyé avec sa mèreIno, les deux étant vus comme des protecteurs des marins. Les grottes artificielles situées sur le site comprenant des espaces de banquet pourraient être dédiées à son culte, ou bien à celui de puissances chthoniennes indéterminées[35].
C'est le lieu de déroulement d'une des principales fêtes religieuses panhelléniques, dont les débuts sont placés par la tradition en 582 av. J.-C., faisant partie de la « période » avecOlympie,Delphes etNémée. S'y déroulent des concours panhelléniques, lesjeux isthmiques, qui selon la légende trouvent leur origine dans les jeux funéraires organisés parSisyphe après la mort deMélicerte (une autre tradition en fait plutôt une commémoration deThésée). Les vainqueurs des épreuves reçoivent une couronne de feuilles de pin, remplacée plus tard par du persil. Les épreuves sont de type athlétique, poétique et hippique. S'y déroulent notamment des courses hippiques de quatre stades, rarement attestées ailleurs, peut-être en l'honneur de Poséidon en tant que dieu des chevaux. L'hippodrome se situe à l'écart du sanctuaire, à une distance de deux kilomètres. Sur place se trouvent un théâtre et un stade[35],[172].
Poséidon Helikonios
Une desépiclèses les plus répandues de Poséidon dans le monde grec estHelikonios, déjà évoqué parHomère (Iliade,XX, 40)[173], qui tire son nom d'un lieu de culte majeur du dieu. Les historiens débattent quant à savoir s'il s'agissait dumont Hélicon enBéotie ou bien de la cité d'Hélikè enAchaïe. Les avis penchent plutôt en faveur de la seconde, car il est assuré qu'elle comprend un lieu de culte à Poséidon alors que le premier non, et que des sources littéraires antiques pointent également en faveur de cette identification[13],[174].
Monnaie d'Hélikè, représentant la tête de Poséidon au droit et au revers un dauphin et un trident. DébutIVe siècle av. J.-C. ou v. 300 av. J.-C. Münzkabinett (Berlin).
Hélikè est située sur la côte sud-ouest dugolfe de Corinthe, enAchaïe, dans une région très soumise aux risques sismiques, ce qui pourrait expliquer la présence d'un sanctuaire à Poséidon. Le nom du sanctuaire pourrait provenir de celui dusaule[175]. Le site archéologique a été recherché pendant longtemps, avant son identification en 2001. Des constructions cultuelles datées duVIIIe siècle av. J.-C. y ont été mises au jour : un autel daté d'environ 760-750, un premier temple daté d'environ 710-700, et les traces d'un second datés duVIIe ou VIe siècleav. J.-C. Les objets rituels mis au jour sur place indiquent que l'activité cultuelle pourrait remonter au milieu duIXe siècle av. J.-C. et se prolonge jusqu'à l'époque classique. Il comprend des figurines en bronze et en terre cuite, des armes en fer, de la joaillerie, ainsi que des restes d'animaux sacrifiés. Il n'y a aucune certitude sur le dieu qui y est vénéré, mais les fouilleurs du site penchent pour Poséidon[176]. Quelques pièces de la cité, dont la datation est discutée (début duIVe siècle av. J.-C., ou autour de 300), représentent le dieu et ses attributs (trident, dauphins, hippocampe)[177].
Ironie de l'histoire, la cité de Hélikè et son sanctuaire sont détruits par un tremblement de terre et un raz-de-marée en 373 av. J.-C. Il n'est donc pas étonnant que les anciens Grecs y aient vu la volonté de Poséidon, et aient cherché quelle faute les habitants de la ville avaient pu commettre envers lui pour le courroucer au point qu'il ne veuille plus de l'existence de la ville et de son propre lieu de culte. L'explication d'Héraclide du Pont, reprise par plusieurs auteurs après lui, est que les gens d'Achaïe ont manqué de respect à une délégation ionienne en leur refusant la possibilité de sacrifier au dieu. L'histoire a été complétée par d'autres auteurs qui ont rajouté au récit la mise à mort des envoyés, parfois jusque sur l'autel même du dieu[91],[178]. Cela n'empêche pas la cité d'être reconstruite, et sans doute de continuer à être un lieu de culte à Poséidon[179].
Si les récits de la destruction d'Hélikè font référence à des émissaires venus deIonie, c'est que cette région portait une vénération particulière à PoséidonHelikonios. On ignore dans quelles conditions son culte est implanté là-bas, mais il se pourrait que les colons grecs ayant fondé les cités ioniennes soient venus pour partie de la région d'Hélikè, d'où ils avaient été chassés par les Achéens. Ils ont en tout cas gardé des liens avec le sanctuaire d'Hélikè[180]. Le sanctuaire fédéral des cités ioniennes, lePanionion, est dédié à PoséidonHelikonios. Initialement situé aumont Mycale, il a été déplacé à proximité d'Éphèse pour plus de sécurité. Le culte du dieu est répandu dans les différentes cités ioniennes :Priène a un lien fort avec ce dieu, etPausanias (VII, 24, 5) mentionne qu'il a des autels àMilet et àTéos[181].
Messénie et le cap Ténare
Les tablettes mycéniennes indiquent que Poséidon est la divinité majeure dePylos, enMessénie occidentale, auXIIIe siècle av. J.-C. Cela trouve un écho dans les épopées homériques. Le roiNestor de Pylos est le fils deNélée, fils de Poséidon et deTyro. Dans l’Odyssée (III, 4-11), lorsqueTélémaque lui rend visite, il assiste à des sacrifices de bovins à Poséidon sur une plage, présidés par le roi de Pylos accompagné de ses fils[182].
À l'époque archaïque, Poséidon est connu en Messénie sous le nom dePohoidan et vénéré à Hélos et à Akrovitika dans le territoire deThouría[182]. Les fouilles du second site, situé sur la côte, indiquent qu'un lieu de culte existe au moins depuis 1100-1050 av. J.-C. Il semble assuré qu'il soit dédié à Poséidon au moins à compter duVIe siècle av. J.-C. Un fragment de vase en céramique porte le nom du dieu (Π]ΟΗΟΙΔΑ[ΝΙ). De cette époque datent des objets votifs en bronze et en fer, notamment des rames et des gouvernails, qui semblent indiquer qu'il s'agit d'un lieu de culte de pêcheurs, ainsi que des figurines d'animaux couramment associés à Poséidon : des taureaux, un cheval, un hippocampe. La fête en l'honneur du dieu qui se tient à Thouria a sans doute lieu dans ce sanctuaire[183].
Grotte localisée sur le site du Ténare, potentiellement le lieu où se déroulait l'oracle des morts de Poséidon.
Le principal sanctuaire de Poséidon dans le sud duPéloponnèse est celui ducap Ténare (Tainaron), situé à l'extrémité sud de la péninsule, au bout de lapéninsule du Magne. Il est sous le contrôle desSpartiates après leur conquête de la Messénie, et devient un de leurs sanctuaires majeurs, Poséidon du Ténare (Tainarios) ayant par ailleurs un lieu de culte aux abords de Sparte même. Comme d'autres lieux de culte du dieu, c'est un lieu de refuge important, qui accueille notamment desHilotes et des esclaves en fuite. Le séisme qui dévaste Sparte en 464 a été attribué à une punition de Poséidon du Ténare, les Spartiates s'étant rendu coupables d'avoir pénétré dans son espace sacré pour capturer des Hilotes qui s'y étaient réfugiés. La fête majeure du sanctuaire, les Tainaria, a lieu durant trois jours, marqués par des danses, des jeux et peut-être une cérémonie de couronnement de la statue du dieu par des Hilotes. Le site, localisé au fond d'une petite baie, n'a pas fait l'objet de fouilles. Il comprend les ruines d'un sanctuaire qui pourrait dater de l'époque hellénistique, et a été reconverti en église par la suite. Il a également livré des taureaux et des chevaux votifs en bronze, ainsi que des stèles commémorant l'affranchissement d'esclaves. Les textes antiques rapportent que le site comprend un oracle des morts, qui a lieu dans une grotte servant de lien entre le monde des vivants et celui des morts. Celle-ci, mentionnée parStrabon etPausanias, semble identique à celle actuellement localisée dans un petit abri situé aux abords du rivage, qui comprend de modestes aménagements (murs en pierre) qui ne peuvent être datés avec certitude[184],[185].
Athènes et le cap Sounion
Poséidon occupe une place importante dans les mythes fondateurs de l'autochtonie athénienne. Il est le concurrent malheureux d'Athéna pour devenir la divinité protectrice d'Athènes, et soutientÉleusis dans sa guerre contre Athènes et son souverainÉrechthée, dont il cause la mort. L'Acropole d'Athènes a un lieu de culte dédié au héros, l'Érechthéion, où Poséidon est également vénéré, avec une épiclèseErechtheios fusionnant les deux. Selon le témoignage dePausanias, ce lieu de culte comprenait aussi le puits d'eau salée créé par le dieu lors de la dispute pour la possession de la cité[186]. Il en résulte un rapport ambivalent de Poséidon à la cité athénienne. En tout cas aucune fête majeure de la cité n'est organisée en son honneur[187]. Bien qu'on trouve en Attique le mois nommé d'après Poséidon, la seule évocation d'une fête appeléePosidea vient d'une inscription donnant un calendrier cultuel local, d'origine indéterminée (peut-êtreMarathon)[188].
Le principal lieu de culte de Poséidon enAttique est situé sur le promontoire ducap Sounion, au sud-est d'Athènes. L'espace sacré comprend en fait deux lieux de culte principaux, situés chacun sur un point élevé, consacrés à Poséidon et àAthéna, là encore associés pour la protection de la cité, et probablement des lieux de culte héroïques. Le sanctuaire de Poséidon semble le plus important du lieu, situé à un point de passage d'importantes routes maritimes, et il est généralement interprété comme lié à sa fonction marine. Il est actif au moins dès la fin duVIIIe siècle av. J.-C., et rapidement populaire, dépassant le cadre local, comme l'attestent les trouvailles d'objets votifs en bronze, allant jusqu'au début duVe siècle av. J.-C. Parmi eux se trouvent des objets exotiques (comme des amulettes orientales) témoignant du fait que c'est un lieu de passage sur les routes maritimes. Un important temple archaïque est érigé, puis détruit en 480/479 par lesPerses. Un nouveau temple est construit par les Athéniens dans la seconde moitié duVe siècle av. J.-C., avec d'importants moyens. Ses ruines dominent encore le site. En revanche les périodes suivantes n'ont quasiment pas livré de matériel votif. S'y tiennent d'importantes festivités, tous les quatre ans (pentétériques) selonHérodote (VI, 87, 8), durant lesquelles se déroulent probablement les régates du Sounion évoquées dans un discours de l'orateurLysias (XXI, 5)[189].
LeCap Sounion, avec le sanctuaire de Poséidon et d'Athéna à son sommet.
Autre vue du sanctuaire du cap Sounion.
Le temple de Poséidon au cap Sounion.
Poséidon est également vénéré àÉleusis dans le sanctuaire deDéméter, autre déesse à laquelle il est couramment associé. Il y est surtout vénéré sous l'épiclèsePater « Père », mais un décret honorifique de 20/19 av. J.-C. mentionne également ses appellationsProsbaterios « de l'accès/entrée » (également connu à Delphes[190]) etTemeliouchos « qui tient les fondations »[186]. L'aspect chevalin du dieu,Hippios, reçoit également un culte àColone, en association avecAthénaHippia[191].
Trézène et Calaurie
Pièce de bronze deTrézène où la face montreAthéna et le dos letrident de Poséidon (v. 325/300 av. J.-C.).
Poséidon occupe une place importante dans la mythologie et les cultes de la cité deTrézène, située dans le nord de l'Argolide. Cela est principalement documenté parPausanias dans saDescription de la Grèce. CommeAthènes, la cité est à l'origine disputée entreAthéna et Poséidon, mais cette fois-ci ils se la partagèrent, à la suite de l'intervention deZeus. Dans la ville même, Poséidon est honoré sous les épiclèsesBasileus « roi » et Athéna sous ceux dePolias « de la cité » etStehnnias « forte ». Les pièces de monnaie sont frappées d'un côté du trident de Poséidon, de l'autre de la tête d'Athéna (II, 30, 6). Poséidon est également selon plusieurs récits le père du hérosThésée, né dans cette ville. En dehors des murs de la ville se trouve un temple à PoséidonPhytalmios, qui préside à la croissance des plantes, créé pour apaiser le dieu après qu'il a rendu la terre du lieu stérile à la suite d'une faute des habitants locaux (II, 32, 8). À proximité se trouve un sanctuaire deDéméterThesmophoros, également liée à l'agriculture, dont la fondation est attribuée au héros Althépos, fils de Poséidon. On trouve aussi dans la cité une sourceHippocrène, dont la tradition locale (similaire à celle concernant la source du même nom enBéotie) rapporte qu'elle a été créé par un coup de sabot dePégase (II, 31, 9)[192],[193].
Le territoire civique de Trézène comprend l'île deCalaurie (Kalaureia, l'actuellePoros), où se trouve un important et vénérable sanctuaire à Poséidon. Selon ce que rapporte Pausanias (II, 33, 2), l'île était initialement consacrée àApollon qui l'échange contreDelphes avec Poséidon. Il mentionne également le fait que le sacerdoce y est exercé par une jeune fille, qui abandonne la charge au moment où elle se marie[194]. Comme d'autres sanctuaires de Poséidon, c'est un lieu d'asile, dont le plus illustre réfugié futDémosthène, qui s'y empoisonna. Ce fut également, sans doute en lien avec ce rôle d'asile, le centre d'une amphictyonie regroupant sept cités, organisation qui est néanmoins très peu documentée, et dont la datation est discutée[195],[192]. Le temple est situé au centre de l'île. Il remonte au moins auGéométrique ancien, auIXe siècle av. J.-C., et existe jusqu'à l'époque hellénistique. Un temple y a été construit dans le dernier quart duVIe siècle av. J.-C., puis des édifices à portiques (stoas) sont à leur tour construits dans les deux siècles suivants. Il y a peu de traces d'activités rituelles : des restes de céramiques, de poissons et d'ossements d'animaux dans une fosse attestent sans doute de la pratique de banquets cultuels[196],[197].
Cyclades et Ténos
Le site du sanctuaire de Poséidon et d'Amphitrite à Kionia sur Ténos.
On s'attendrait à ce que Poséidon, en tant que dieu de la mer et des activités maritimes, suscite une grande ferveur dans les îles desCyclades, mais ce n'est manifestement pas le cas. Certes il est vénéré sur plusieurs îles, et on trouve des attestations du mois dePosideion et des fêtes desPosideia sur plusieurs d'entre elles. Certaines de ses épithètes liées à la mer sont bien attestées :Nauclarios àDélos,Phykios àMykonos etPelagios àThéra (inscrit sur une sculpture de dauphin). Mais les dénominations terrestres (Gaiaochos,Asphaleios,Temeliouchos) et équines du dieu (Hippegetes à Délos) y sont tout autant si ce n'est plus présents[198].
« Ténos a une ville qui n'est pas grande, mais le sanctuaire de Poséidon, lui, est grand ; il se trouve dans un bois en dehors de la ville, et il est digne d'être vu : on a aménagé de grandes salles de banquet, signe qu'une foule importante de pèlerins des îles voisines participe au sacrifice des Poseidonia »
Selon les dires dePhilochore (fragment 175), cité parClément d'Alexandrie, on vénère à Ténos le dieu en tant que « Docteur »Iatros. Cette épiclèse, généralement réservée àApollon, n'est pas attestée ailleurs pour Poséidon, au point qu'on a pu douter de la fiabilité de la source, d'autant plus qu'aucune inscription ou objet votif trouvé sur place ne vient appuyer cela. R. Étienne a néanmoins souligné que le romainNeptune présente à l'occasion des pouvoirs de dieu guérisseur, et que ce type de culte se développe à la période hellénistique, qui coïncide justement avec l'essor du sanctuaire[201],[202].
Les recherches archéologiques conduites par l’École française d'Athènes ont pu dater le début d'activité du culte de Poséidon vers le milieu duIVe siècle av. J.-C.,Amphitrite ne semblant vénérée que dans un second temps. La plus ancienne construction attestée est une fontaine. L'apogée du sanctuaire semble dater du début duIIe siècle av. J.-C., à la seconde époque de laligue des Nésiotes, dont il sert alors de lieu de rassemblement, qui est placée sous la coupe deRhodes. On y a d'ailleurs trouvé des inscriptions de marins rhodiens adressées à diverses divinités pour obtenir leur protection. Le déclin de la cité rhodienne après 166 semble s'accompagner de celui de Ténos et de son sanctuaire. Le temple reste de dimensions modestes. Un autel monumental y a été mis au jour, ainsi que des fragments de statues colossales qui pourraient correspondre à un groupe représentant Poséidon et Amphitrite mentionné dans la littérature antique. D'autres représentent des créatures marines. Le site comprend également des lieux de cultes pour la fratrieApollon-Artémis. Des programmes de constructions sont attestés jusqu'au milieu duIIe siècle de notre ère. Le sanctuaire semble tomber en ruines lors des troubles duIIIe siècle de notre ère[199],[203].
Pour l'essentiel, la réception de la figure de Poséidon après l'époque antique se fait par le biais du dieu romainNeptune qui a repris certains de ces aspects, lorsqu'il est devenu un motif dans la culture de l'Europe occidentale, qui connaît avant tout la culture grecque par le biais de son adaptation par les Romains. Cela explique que le dieu soit avant tout passé à la postérité sous le nom de Neptune, principalement en tant que dieu des mers, moins sous ceux liés aux séismes et aux chevaux, avec un tempérament moins colérique et plus apaisé.
Neptune est souvent représenté dans l'art européen à partir de laRenaissance. Il se retrouve notamment dans des fontaines sculptées (Fontaine de Neptune) et des peintures, en général dans une posture sereine qui semble inspirée de l’Énéide deVirgile, avec un air serein et souverain. Son tempérament plus orageux, lié aux forces de la mer, est représenté à l'occasion, notamment dansNeptune et Triton duBernin (1622-3) etNeptune calmant la tempête deRubens (1635). Les compositions plus riches, inspirées de l'Antiquité, représentant le dieu entouré des incarnations des éléments marins, dites du « triomphe de Neptune », sont courantes, ainsi que les scènes de ses amours avecAmphitrite ouAmymoné. Ces représentations ont tendance à humaniser le dieu et à lui faire perdre en majesté[204]. Dans l'art du début duXIXe siècle, Neptune est encore représenté pour orner des fontaines ou des peintures reprenant des sujets de mythologie antique, en revanche par la suite il se raréfie[205].
Poséidon apparaît dans la série animéeL'Odyssée de 2002. Il est le principal antagoniste et désire se venger d'Ulysse, qui a pris Troie et blessé son fils lecyclope. Son statut de dieu lui interdit toutefois d'agir directement, le forçant à prendre des complices ou faire appel à des créatures de lamythologie grecque. Il est présenté comme un dieu tyrannique, hypocrite, menteur et manipulateur sans scrupules.
Entre 1992 et 2005, le satellite franco-américainTOPEX/Poséidon étudia les océans de laTerre : il mesure les courants océaniques et les niveaux des mers[208].
Poséidon apparaît dans des romans jeunesse (la sériePercy Jackson deRick Riordan[214],Le Sceptre de Poséidon de Géraldine Cabon).
Jeux vidéos
On le retrouve dans les médias les plus modernes, comme lesjeux vidéo ou bien les animations issues souvent desmangas ou encore en informatique (le programme d'assistant de diagrammePoseidon for UML[215]) :
Poséidon a fait de multiples apparitions dans la série de jeux de l'universGod of War deKratos.
Lazoologie évoque les fonds marins avec laposidonie de Méditerranée, une algue envahissante parfois même surnommée « chiendent de mer »[216]. Lesauroposéidon est l'un des plus imposants dinosaures et sa signifiante masse a inspiré à ses découvreurs, dans la décennie 1990, l'aspect divin des tremblements de terre de Poséidon et ils le nommèrent le« dieu des tremblements de terre saurien »[217].
↑Annick Fenet,Les dieux olympiens et la mer : Espaces et pratiques, Rome, Publications de l’École française de Rome Publications de l’École française de Rome(lire en ligne),p. 171-187.
↑Nicolas Richer, « Remarques sur Poséidon et les rois de Sparte »,Ktèma : civilisations de l'Orient, de la Grèce et de Rome antiques,no 40,,p. 255-266(lire en ligne).
↑Sylvain Lebreton,« Quand les dieux tiennent les murs de la ville : autour de quelques inscriptions hellénistiques, entre fortifications et polythéisme », dans Jean-Louis Podvin et Éric Roulet (dir.),Des forts et des ports : hommage à Joëlle Napoli, Düren et Maastricht, Shaker,(lire en ligne),p. 34-38.
↑« P.s Verbindung mit der unruhigen Energie des Pferdes, der unvorhersagbaren Macht von Meer und Erde und der rohen Gewalt ekstatischer Krieger zeigt, daß er mit den schreckenerregenden Mächten im Menschen und in der Natur assoziiert war. » :Bremmer 2001, col. 204.
↑« Poseidon is in origin a god of elemental, geological forces: life-giving springs, disastrous floods, chasms through which water flows or recedes, and tremors in the earth. Ultimately he ruled the vast and unpredictable sea, causing storms and tidal waves. » :Larson 2007,p. 57.
↑a etbLudovic Thély,Les Grecs face aux catastrophes naturelles : Savoirs, histoire, mémoire, Athènes, École française d’Athènes,(lire en ligne),p. 21-42.
↑« Poseidon is a god of elemental powers, who was never closely associated with the high achievements of the polis-society, and dissociated from moral values, intellectual advance or technology. » :Schumacher 2005,p. 65.
↑CorinneBonnet et EdwardLipiński,« Poséidon », dans Edward Lipiński (dir.),Dictionnaire de la civilisation phénicienne et punique, Turnhout,Brepols,,p. 358-359.
JeanRudhardt,« Eau (divinités de l') dans la mythologie grecque », dans Yves Bonnefoy (dir.),Dictionnaire des mythologies et des religions des sociétés traditionnelles et du monde antique, Paris, Flammarion, (1reéd. 1981),p. 645-655.
SylvainLebreton,« Dionysos au miroir de Poséidon : portraits onomastiques croisés », dans Corinne Bonnet (dir.),Noms de dieux : Portraits de divinités antiques, Toulouse, Anacharsis,,p. 101-131.
« Poséidon, le dieu aux cheveux bleus », surFrance Inter, émission « Quand les Dieux rôdaient sur la Terre », présentation Pierre Judet de la Combe,(consulté le)