Gorge profonde, 1970. La révolution pornographique et le début de « l'Âge d'or » du genre.
Lapornographie est la« représentation complaisante — à caractère sexuel — de sujets, de détailsobscènes, dans une œuvre artistique, littéraire ou cinématographique », cette représentation explicite d'actes sexuels finalisés ayant pour but de susciter de l'excitation sexuelle[1].
Le terme se confond avec sa perception à travers le prisme desfilms pornographiques, soit d'une représentation d'actes sexuels ayant pour objectif d'exciter sexuellement le spectateur[2],[3].
Une immense industrie de consommation de la pornographie est apparue grâce à l'utilisation descassettes vidéos, desDVD, puis d'Internet.
Lapornographie amateur est également devenue très populaire et se distribue via Internet.
Les difficultés d'une définition et ses limites
Origine étymologique
Apparu ausiècle des Lumières, le mot « pornographie » désignait alors plus spécifiquement les études concernant laprostitution. Cette définition se retrouve dans sonétymologie, le motpornographie dérivant dugrec ancienπορνογράφος /pornográphos, lui-même un dérivé deπόρνη /pórnê signifiant « prostituée » et deγράφω /gráphô, qui signifie « peindre », « écrire » ou « décrire ». On le dérive sous les termesporno (abréviation française), etporn (abréviation anglo-américaine)[4].
Pornographie et érotisme
Exemple de photo érotique — ou « porno soft » — montrant un mannequin dans une pose suggestive.
André Breton avait pour formule« La pornographie, c'est l'érotisme des autres[5] », afin de démontrer simplement que ce qui choque l'un en s'apparentant à de la pornographie peut être toléré par un autre et s'inscrire plus élégamment dans l'érotisme — ceci valant pour des individus, des temps ou des civilisations. Ce terme peut donc être considéré comme négatif sur la frontière aussimorale que fluctuante de l'érotisme. Ce constat démontre que la définition de la pornographie est surtout basée sur la perception des individus, comme l'affirme Marie-Anne Paveau qui qualifie la pornographie d'une « affaire de réception, de regard, voire d'imagination »[4]. Ainsi, il s'agit d'une« construction, par les mots et/ou les images, plus ou moins sophistiquée, et donc une activité de représentation du rapport sexuel, représentation directe et explicite »[6]. D'ailleurs, la nudité est un élément essentiel de la pornographie, mais n'est pas garante de celle-ci : la pornographie exige une réception basée sur l'excitation.
De son côté,Michela Marzano affirme que la différence entre érotisme et pornographie est dans le récit :
« Là où l'érotisme est un récit — en images ou en mots — du désir qui pousse un être à la rencontre de l'autre, la pornographie […] ne vise jamais à raconter une histoire et représente des individus qui ne se reconnaissent pas comme sujets de leur désir[7]. »
Non seulement l'érotisme est-il davantage rattaché à la narrativité, mais il est aussi beaucoup plus associé à l'art que la pornographie.
Depuis les années 1970 et son assimilation à la production defilms X, la pornographie est à la fois portée par le milieu de lacontre-culture et décriée par ses opposants comme uneindustrie du sexe plus intéressée par un intérêt mercantile de naturemafieuse[8][non neutre] (légalement proche duproxénétisme) que par une quelconque expression de laRévolution sexuelle. Devant le constat d'une importante dissymétrie homme/femme (acteur/spectateur, relation à l'homosexualité…), un rapprochement de la pornographie et de laprostitution peut s‘établir : non seulement dans les formes de représentation féminine, mais aussi dans un mode d'exploitation financier et physique du corps féminin[non neutre]. Ceci permet alors de différencier plus explicitement les domaines ducomportement sexuel, de l'érotisme et de la pornographie.
De même, certaines personnes acceptent en dehors d'une logiquesexuelle la représentation des parties intimes de l'être humain, comme lesnaturistes, mais ne peuvent accepter la représentation réaliste de l'acte sexuel — pour des raisons très variables, allant de la pudeur à l'association de l'acte sexuel à quelque chose de honteux ou de bestial, qui tend à abaisser la dignité de l'être humain (argument auquel on peut opposer celui de l'acte de se nourrir que nous partageons aussi avec les animaux et que l'on élève plus aisément au rang d'art, contre-argument auquel on peut opposer ladéfécation que nous partageons avec les animaux et que nous ne pratiquons pas en public). Pour d'autres[Qui ?], ce n'est pas l'acte qui est honteux, mais le fait de s'exhiber et de se livrer au désir d'autrui en niant ainsi sa propre dignité humaine (on s'abaisse à n'être qu'un moyen de satisfaction). Dans ces cas, la pornographie est alors synonyme devulgarité ou d'obscénité.[réf. nécessaire]
Champs de représentations
On trouve des représentations d'actes sexuels dans la plupart des sociétés humaines depuis laPréhistoire. Les fonctions de ces représentations restent mal connues : ainsi, on[Qui ?] associe souvent de telles scènes à des rites de fécondité de l'Antiquité auMoyen Âge (qui restent cependant hypothétiques).[réf. nécessaire]
Aujourd'hui, la pornographie est un enjeu de débat social essentiellement à cause des moyens de reproduction technique (selon l'expression deWalter Benjamin) — photographie, cinéma, vidéo, Internet — qui donnent à ces images une audience quasiment universelle. Le réalisme de l'image photographique ou cinématographique a également modifié notre perception de la pornographie : alors que toute représentation littéraire ou artistique était jusque-là frappée du sceau de l'imaginaire (l'écrivain a pu imaginer ce qu'il raconte, et le peintre reconstituer ce qu'il nous montre), la photographie, même si elle est mise en scène de façon artificielle et parfois même manipulée, nous montre quelque chose qui indubitablement a existé, a effectivement eu lieu (cf. les analyses deRoland Barthes dansLa Chambre claire[9]). Cette forme nouvelle de pornographie en tire incontestablement un pouvoir de fascination inédit qui explique la large diffusion de ces images, mais également les débats qui les entourent : le sort des actrices pornographiques (beaucoup moins souvent des acteurs) est au cœur des débats — sont-elles contraintes ? le font-elles uniquement pour l'argent ? est-ce « un métier comme un autre » ? — tandis que les modèles éventuels des célèbres estampes japonaises ou des sculptures érotiques hindoues suscitent moins l'interrogation.
Histoire
Antiquité
Couple ayant un rapport sexuel. Peinture murale, à Pompéi.
Les images pornographiques sont nombreuses dans tout l’Empire romain[10]. Elles sont présentées aux yeux de tous sans aucune censure. Elles sont aussi bien moulées sur descéramiques sigillées que peintes à l'intérieur des riches villas aristocratiques et deslupanars afin de distraire une noblesse avide de licencieuses représentations. Cet art contribue à rappeler les interdits tout en faisant rire par d'odieuses situations[11].
EnChine, une richelittérature existe et de nombreux artefacts (peintures etsculptures) montrent une liberté de représentation de lasexualité. EnInde également, la culture a produit de nombreuses représentations d'actes sexuels notamment à l'extérieur destemples, car la culture valorisait la sexualité dans sa dimension « sacrée » (voir à ce sujet l'article sur leTantrisme).
En1533,Pantagruel deRabelais a été condamné comme ouvrage « obscène » par laSorbonne. Cette condamnation portait sans doute moins sur l'obscénité du livre que sur son esprit général (que l'on peut qualifier decarnavalesque), trop éloigné des enseignements de l'Église. L'œuvre de Rabelais témoigne en outre d'une mentalité pour laquelle la sexualité faisait encore pleinement partie de la vie humaine et n'était pas considérée comme un sujet « tabou », interdit à la représentation et au discours commun. À cette époque, une catégorie comme la « pornographie » était en fait inconnue, et l'accusation d'obscénité visait beaucoup plus des comportements que des représentations (écrites ou graphiques). C'est aussi l'époque où l'on redécouvre l'Antiquité et le nu qui n'est pas considéré comme obscène.
C'est à l'époque de laRéforme et de laContre-Réforme que l'on situe la distinction occidentale entre ce qui serait « érotique » (lenu artistique, par exemple) et ce qui serait « pornographique », c'est-à-dire illicite et condamné à la clandestinité (même si ce ne sont pas les termes employés à l'époque classique). La contrainte exercée sur les mœurs fait donc à ce moment de la pornographie un exercice deliberté et desubversion[12].
Un auteur pornographique d'une grande prolixité (neuf œuvres totalisant 2000 pages) futAndré-Robert Andréa de Nerciat (1739-1800). Sa philosophie érotique est aux antipodes de celle encore timorée de Crébillon fils et de celle transgressive et cruelle du marquis de Sade[réf. souhaitée]. En réalité, son œuvre élabora une sexualité solaire, heureuse, joyeuse, humoristique[réf. souhaitée].Félicia ou Mes Fredaines,Les Aphrodites,Le Diable au corps mettent en scène ses personnages lubriques, faussement innocents, retors et malins (la comtesse de la Motte-en-feu, Madame Durut, l'abbé Cudard) dans des situations burlesques, pleines de vivantes audaces scéniques[14].
La littérature « pornographique » émerge néanmoins progressivement dans l'espace public à partir de la fin duXIXe siècle et auXXe siècle. Un fait particulièrement marquant est la création en 1893 par Eugène de Budé du Bureau international contre la littérature immorale, qui entraine l'organisation àBerne en 1897 par des philanthropes majoritairement protestants d'un premier congrès international ciblant la« littérature immonde », et enfin, l'ouverture à Paris le 21 et 22 mai 1908, du Congrès international contre la pornographie, regroupant une cinquantaine d'associations ou ligues de moralité européenne : les organisateurs annoncent clairement leurs intentions, mettant en œuvre la défense des« États civilisés contre l'ordure », considérant que« l'Europe est en danger », et appelant à réprimer« l'écrit obscène qui menace tous les peuples ». Sont en première ligne de mire, la presse dite « grivoise », qui pullule depuis les années 1890, et pas seulement en France, ses illustrations, son prix d'achat peu élevé, sa présence dans les kiosques, et le fait que de plus en plus de monde, en ville comme à la campagne, y a accès. Ce congrès fait, au passage, le procès du « Paris galant », duGay Paris, un état d'esprit qui« contamine » toutes les capitales. Le congrès dénonce aussi l'organisation souterraine des producteurs de matériels pornographiques, les catalogues et les envois qui circulent par voie postale, à travers tous les pays : plus besoin de boutique sur rue. LeRoyaume-Uni possède un arsenal juridique efficace, lePost Office Protection Act (1884), qui exige des services postaux une plus grande vigilance ; durant le congrès, ces lois et règlements sont mises en avant, alors que la France et les Pays-Bas n'en connaissent aucune d'équivalente. Des « ligues de vertu », associations bien souvent aux fondements religieux, sont durant ces deux jours mobilisées. En France, leur voix s'expriment à travers l'avocat criminaliste et sénateurRené Bérenger (1830-1915), surnommé par certains journaux« le Père la pudeur ». Ce congrès débouche sur un accord international signé le 4 mai 1910 entre tous les pays européens : toutes les services de police unissent leurs efforts afin de luter contre la vente et la diffusion de telles publications[16].
Par ailleurs, non seulement laphotographie, mais désormais lecinéma permet de générer nouvelles formes d'images pornographiques « prises sur le vif » et d'un réalisme inédit. Ces images circulent pendant de nombreuses années « sous le manteau » avant d'apparaître progressivement au grand jour.
Dans les années 1960, la pornographie tire parti des technologies qui évoluent comme le cinéma ou leslecteurs de DVD[17].
Le principal obstacle à la pratique libre de lasexualité s'explique par l'opposition desreligions, pour lesquelles la sexualité ne doit être accomplie que dans le cadre privé, entre personnes mariées, et pour lesquelles certains actes sexuels sont interdits. La pornographie est définie comme unpéché. Mais avec le recul progressif des religions, tout particulièrement enOccident, on commence à assister à une véritablerévolution sexuelle. Dans les années 1970, les films pornographiques sont autorisés dans les salles de cinéma enFrance et dans la plupart des pays occidentaux, même si ceux-ci sont parfois attaqués par différents groupuscules[19]. Diverses restrictions viennent cependant encadrer cette diffusion, en particulier une interdiction générale auxmineurs. En France notamment, une nouvelle loi rend plus difficile la production de films à caractère pornographique, avec le classement « X » qui multiplie les contraintes de diffusion : alors que certains films pornographiques (ou jugés comme tels) étaient jusqu'alors diffusés sur les écrans des cinémas des « Grands Boulevards », cette nouvelle loi taxe fortement les cinémas réputés pornographiques, qui deviennent un secteur « spécialisé » et marginalisé. On assiste ensuite à la disparition quasi totale de ces salles dans les années 1990, conséquence, entre autres, de l'apparition de lacassette vidéo, permettant une consommation à domicile, plus aisée et moins stigmatisante.
Dans ce contexte où la sexualité est devenue omniprésente dans différents médias, certains s'interrogent sur les effets sociologiques et psychologiques de cette survalorisation du sexe (ousexualisation excessive). Le cinéma pornographique présente, outre les caractéristiques physiques et les comportements hors-norme des acteurs (accentués par les effets demontage), une sexualité qui se focalise sur la génitalité et la performance. Ainsi représentée, la pornographie véhicule de vieux mythes sur la sexualité (rôle actif de l'homme, focus sur l'orgasme coïtal de la femme, recherche de l'orgasme simultané du couple, etc.)[20].
Le développement d'Internet permet aux contenus pornographiques de se diffuser plus largement encore depuis le début des années 2000, en particulier en permettant de contourner les restrictions de diffusion liées à l'âge qui existent même dans les pays les plus permissifs, ainsi que les restrictions liés aux prix de vente. Le développement des vitesses de connexion permet l'émergence de sites de téléchargement puis de diffusion en « streaming » de vidéo, largement accessible dans les pays occidentaux au milieu des années 2000, ce qui modifie profondément la structure du marché en favorisant une consommation strictement privée de ces productions. La variété des sites à caractère pornographique est grande, allant de pages très chargées en images et en publicité à des pages à l'esthétique très soignée. L'industrie pornographique alimente d'ailleurs une confusion stratégique entre les productions professionnelles et personnelles[7]. Les nombreuses catégories de médias que présentent les sites pornographiques sont révélatrices de la grande liberté de visionnement que procure la toile : la navigation anonyme permet d'explorer des espaces numériques tabous sans risque[7]. Ainsi, la diffusion de la pornographie sur le Web atteint un public diversifié. Lacyberpornographie se veut donc un espace numérique où le sujet et ses désirs sont transmis comme une vérité dans un discours très catégorisé[7].[pas clair] Le Web a conféré à la pornographie une visibilité qu'elle n'avait jusqu'alors jamais connue, via laVOD, mais aussi et surtout travers de sites destreaming gratuits, au contenu souventpiraté. Si le cloisonnement entre le monde de la pornographie (plus ou moins stigmatisée) et la sphère publique n'est pas totalement étanche, la barrière est bien présente et maintenue sous la pression de différents groupes sociaux plus ou moins actifs (beaucoup deféministes sont hostiles à la pornographie, mais également des associations familiales, des groupes religieux, des militantsanti-capitalistes hostiles à « l'exploitation commerciale des corps » – les motifs avancés par les uns ou les autres peuvent s'opposer ou converger).
La diffusion de la pornographie sur Internet – notamment via lessites gratuits commeYouPorn ouPornHub – a contraint l'industrie ducinéma pornographique à revoir son modèle économique. De nombreux studios spécialisés ont disparu, et d'autres ont été rachetés par les propriétaires des principaux sites pornographiques[22],[23].
Catégories
On distingue souvent la pornographie de l'érotisme, qui consiste à représenter la sexualité avec des aspirations artistiques élevées, en se concentrant également sur les sentiments et les émotions, tandis que la pornographie implique la représentation d'actes d'une manière sensationnelle, en se concentrant entièrement sur l'acte physique, de manière à susciter des réactions rapides et intenses[24]. La pornographie est généralement classée comme étant soitsoft, soithard. Une œuvre pornographique est qualifiée dehard si elle a un contenuhard, aussi petit soit-il. Les deux formes de pornographie contiennent généralement de lanudité. La pornographie soft contient généralement de la nudité ou de la nudité partielle dans des situations sexuellement suggestives, mais sans activité sexuelle explicite, sans pénétration sexuelle ou sansfétichisme « extrême »[25], tandis que la pornographie hardcore peut contenir une activité sexuelle graphique et unepénétration visible, y compris des scènes de sexe non simulées.
Genres
La pornographie englobe une grande variété de genres. La pornographie mettant en scène des actes hétérosexuels constitue l'essentiel de la pornographie et est « centrée et invisible », ce qui marque l'industrie commehétéronormative. Cependant, une part importante de la pornographie n'est pas normative, présentant des formes non conventionnelles de scénarios et d'activités sexuelles telles le porno amateur, le porno présentant des personnes handicapées, le porno produit par des femmes, le porno queer, le BDSM et la modification corporelle[26].
La pornographie peut être classée en fonction des caractéristiques physiques des participants, dufétichisme, de l'orientation sexuelle, etc. La pornographie de réalité et devoyeurisme, les vidéos d'animation et les actes légalement interdits influencent également la classification de la pornographie. La pornographie peut appartenir à plusieurs genres :
Lasexualité et ses manifestations directes ou indirectes, des représentations de l’acte sexuel aux signes dudésir en passant par les symboliques de l’amour, font en effet partie intégrante de lalittérature et ne sont pas confinées à un genre spécifiquement « érotique » ou « pornographique », aux frontières d'ailleurs floues et discutées.
Les auteurs de livres pornographiques font souvent usage de pseudonymes, mais cette littérature ne cesse d'être lue et étudiée. Selon leDictionnaire du littéraire, cette littérature« manifeste le rôle de la littérature comme transgression des codes en même temps qu'affirmation de ce que ces codes valorisent en secret »[29].
Le célèbre tableaunaturalisteL'Origine du monde a été peint parGustave Courbet, à la demande d'un diplomateturc, en1866, dans une période (Second Empire) où les mœurs étaient très austères et policées (il s'agit dans ce cas plus de l'Empire ottoman, pays du commanditaire, que de la France, pays du peintre). Ce tableau, qui ne circula qu'au sein de collections privées, fut considéré par les quelques intimes du peintre et du propriétaire de l'œuvre comme hautement « pornographique » ; il eût pu être interdit et provoquer les foudres de la censure s'il s'était trouvé sous les yeux de tous. Il fut, à un moment, propriété du psychanalysteJacques Lacan qui le dissimula dans un cadre à double fond. Lacan commanda à son beau-frère, l'artisteAndré Masson, un nouveau masque ; ce seraPaysage anthropomorphe, un paysage de collines et buissons qui reprend les contours du tableau caché[30]. Depuis1995, le tableau a rejoint la collection dumusée d'Orsay et est exposé parmi d'autres tableaux de Courbet, signe que la notion de pornographie est relative aux mœurs d'une époque.
Dans ses cahiers,Léonard de Vinci a laissé plusieurs dessinsobscènes, l'un notamment de son assistantSalaï posant pour un ange tout en étant affublé d'une érection (angelo incarnato). Beaucoup de ces dessins, longtemps censurés, restent à découvrir. On a même cru découvrir — arguant cette parole mystérieuse du peintre« Misérables mortels, ouvrez les yeux ! » — une pornographie cachée dans plusieurs de ses œuvres les plus célèbres (La Vierge aux rochers, etc.)[31].
Toutefois, bien qu'elle soit présente dans la pensée philosophique, la pornographie a toujours été marginalisée puisque l'histoire occidentale l'a opposée à lavertu et à lamorale.Ruwen Ogien affirme d'ailleurs que « l'influence libératrice deMichel Foucault, pour tout ce qui concerne la recherche relative à la sexualité, n'a pas suffi à rendre le thème philosophiquement respectable »[32].
Les premiers films pornographiques sont quasiment contemporains de l'invention du cinéma. Dès l'époque ducinéma muet, des films pornographiques, réalisés et interprétés par des anonymes, sont diffusés de manière clandestine ou semi-clandestine dans des clubs privés, des baraques foraines ou desmaisons closes.
Même s'il ne pouvait pas s'agir d'une production de type industriel, certains pensent que ce passage à une pornographie cinématographique constitue une rupture. Si la représentation pornographique existait bien avant, le vecteur cinématographique lui confère un réalisme et une puissance de suggestion qu'aucun support ne proposait jusqu'alors. Il ne s'agirait pas seulement d'une nouveauté, mais d'une inflexion forte qui signale en même temps la puissance du cinéma. Ce dernier aurait eu cette tentation dès sa naissance dans la mesure où sa puissance de captation fonctionne comme un pouvoir sur autrui, ce que l'exposition de l'intime manifesterait tout particulièrement[33].
Après 1969, le cinéma pornographique sort de la clandestinité, et est progressivement autorisé dans l'ensemble des pays occidentaux. La pornographie audiovisuelle se transforme en véritableindustrie tandis que de nombreux studios de production de films pornographiques apparaissent, notamment auxÉtats-Unis et enScandinavie, et qu'un« star-system » se développe autour des actrices et acteurs les plus connus. La majorité des productions pornographiques s'adressent à un publichétérosexuel, mais l'industrie propose également des films consacrés à toutes les formes légales de sexualité : le marché de lapornographie gay, notamment, se développe dès les années 1970. Les films pornographiques sont initialement diffusés dans dessalles spécialisées, avant que ces lieux ne soient supplantés, à partir des années 1980, par la consommation de vidéos à domicile. Les choix de l'industrie pornographique influencent parfois directement certains secteurs : ainsi le succès duVHS deJVC par rapport à son concurrent direct aux États-Unis, leBetamax, est en partie dû au choix de l'industrie pornographique de commercialiser des cassettes VHS et non Betamax[34]. Le phénomène ne s'est cependant pas reproduit avec le successeur duDVD : alors que l'industrie pornographique avait annoncé lors duCES 2007 àLas Vegas sa préférence[35],[36],[37] pour le formatHD DVD et non pour leBlu-Ray, ce dernier remporta finalement la guerre des supports hautes définitions.
Le tournant de l'Internet, dans les années 2000-[010, a radicalement bouleversé le secteur du cinéma pornographique : de nombreux studios de production ont dû revoir leurs budgets à la baisse. Beaucoup ont fini par disparaître ou ont été rachetés par des groupes propriétaires de sites commeYouPorn etPornHub[22].
Les magazines
Dans un registre plus érotique (car ne présentant pas depénétration sexuelle), les principaux magazines aux États-Unis sontPlayboy etPenthouse. Dans un registre ouvertement pornographique,Hustler a une place toute particulière de par son histoire et surtout celle de son créateurLarry Flynt.
En France, la revueUnion traite desexualité avec des photos dans une optique devoyeurisme, tandis queSwing est la publication historique des pratiquants de l'échangisme.
Toujours en France, l'expression de« magazine de charme » est utilisée pareuphémisme de bienséance pour désigner des revues érotiques et non pornographiques telles queLui,Newlook, etc. On parle de même de « presse de charme ».
L'arrivée d'Internet a fait exploser la diffusion de la pornographie, tout en contraignant l'industrie du cinéma pornographique à revoir radicalement son modèle économique. La diffusion demultimédia y est plus facile et touche un public plus large, banalisant en quelque sorte le commerce d'images sexuelles. Des sites peuvent être consacrés à une actrice ou un acteur de films pornographiques, ce qui permet de fidéliser une clientèle. Internet a en outre facilité aussi le développement de films réalisés par des amateurs.
Un système d'indexation fine permet aux utilisateurs de ces sites de retrouver le contenu désiré par l'entremise de ce que François Perea appelle des « pornotypes »[38]. Il s'agit de catégories nominales ou verbales ciblant une notion recherchée précise. Cela peut être une caractéristique physique, une nationalité, une pratique, un genre, etc. Pour Perea,
« l’entreprise pornographique de monstration repose ainsi sur ce que nous avons appelé des pornotypes, qui consistent en une atomisation catégorielle qui, plutôt que proposer une image globale et simplifiée du personnage ou de l’action, le réduit à un trait prégnant, rendu saillant et représentatif par une sorte de réduction métonymique. »
En d'autres termes, lestags oumots-clefs liés à la catégorie recherchée augmentent les chances du pornophile de trouver le type spécifique de contenu qu'il souhaite consulter.
En lien avec cette notion de « pornotypes », Marie-Anne Paveau soumet l'idée qu'il existerait ce qu'elle appelle des « pornèmes »[6], c'est-à-dire des mots ou termes ayant une connotation quasi exclusivement pornographique.« Le pornème pourrait se définir comme un élément langagier spécifique du discours pornographique, un mot appartenant à la pornographie considérée comme un lexique spécialisé »[6]. Par exemple, les mots relevant de la pratique sexuelle : gorge profonde, levrette,threesome, bukake, creampie, gapping, etc. Un autre cas de figure est l'usage du « X » commesubstantif etadjectif. Paveau affirme qu'« en tout cas, ce mot d'une lettre s'est lexicalisé et s'emploie comme nom (« le X », « regarder du X »), comme adjectif (« un film X », « une actrice X », « la loi X »), et même comme verbe : ixer est en effet construit par dérivation sur X »[6]. De même, le nombre69 ou « soixante-neuf » peut aussi être considéré comme un pornème compte tenu de sa relation à la position sexuelle que sa graphie suggère. Finalement, les sigles tels queBDSM,BBW,MILF, MOFO, et autres sont eux aussi des pornèmes puisqu'ils désignent des catégories bien établies dans la communauté pornographique.
Certains réseaux de particulier à particulier (P2P) sont accusés de favoriser la diffusion decontenu pornographique impliquant des mineurs. Une enquête duGeneral Accounting Office a montré le lien entre réseaux d'échange de fichiers et la pornographie juvénile. Le vice-président directeur de Sharman Networks, propriétaire deKaZaA, Alan Morris, a nié cette accusation devant un comité sénatorial américain ().
L'évaluation chiffrée de la pornographie sur Internet s'effectue via des analyses ou des extrapolations qui, n'offrant pas de véritables sources fiables, sont souvent contestées et critiquées.
Les analystes spécialistes du commerce sur l'Internet estiment qu'un site pornographique peut gagner entre 10 000 et 15 000 dollars chaque jour. Certains des plus anciens sites ont des revenus de presque 2 millions de dollars par mois[39].
Les internautes ont dépensé près de 1 milliard de dollars pour accéder à des sites pornographiques en1998.
En1998, il y avait plus de 100 000 sites pornographiques commerciaux et 200 nouveaux sites apparaissaient quotidiennement[40].
En 2024 et selon les statistiques issues de la réglementation DSA, 59 pour 100 de la population espagnole totale consulte chaque mois l'un des trois plus gros sites mondiaux[41].
Sur 57 millions d'Américains accédant à Internet, près de la moitié consultent des sites pornographiques pendant 1 à 10 heures par semaine[42].
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Les détracteurs de ces études leur opposent qu'ils omettent le fait que beaucoup de sites pornographiques sont petits, ou n'arrivent pas à dégager de bénéfices, dans une concurrence trop pléthorique. Cette tendance est renforcée par l'échange gratuit de fichiers sur Internet comme pour les autres médias numériques.
En 2010, une étude menée par Optenet, société spécialisée dans le filtrage réseau et la sécurité informatique, estime que« les contenus pornographiques occuperaient près de 37 % du total des pages web »[45].
L'apparition, à partir du milieu des années 2000, de sites Web (YouPorn,PornHub,xHamster…) proposant enstreaming, sur le modèle deYouTube, du contenu pornographique gratuit (mêlant des vidéos amateur et des productions professionnelles piratées) a conduit à un profond changement des habitudes de consommation : la pornographie est encore plus aisément accessible via ces« tubes » qui représentent environ 90 % de la consommation en ligne[réf. nécessaire], et la majorité des studios de production de films pornographiques « à l'ancienne » ont été contraints à repenser leur modèle économique, ou de disparaître. Le groupeMindGeek (anciennement Manwin), propriétaire de plusieurs des principaux« tubes », a ainsi pu racheter un grand nombre de sociétés de production, s'assurant un quasi-monopole sur l'industrie pornographique.
Internet a également permis le développement des activités enwebcam, qui représentent l'un des secteurs les plus lucratifs de la pornographie[22],[23]. Selon une étude de l'IFOP pour le site de cam sexePlaisx.com, un jeune sur six de moins de 25 ans (16 %) a déjà fréquenté un site de webcam pour y visionner unsex show[46].
Dans la culture populaire
La pornographie est une source souvent détournée par les humoristes, chanteurs paroliers, caricaturistes, parodies de bande dessinées.
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Milo Manara oriente sa carrière de dessinateur autour de la sensualité, la pornographie et l'érotisme, définissant ce dernier comme l'« élaboration culturelle du sexe »[47].
Pastiches
Tintin est probablement l'une des bandes dessinées les plus pastichées[48].
Chansons
L'artisteMarie Reno s'amuse duMerci qui dans une chanson parodique[49].
Législations
Droits sur la pornographie dans le monde
Pornographie légale
Pornographie légale sous restrictions
Pornographie illégale
Pas d'information
Lapédopornographie est condamnée par les diverses législations en vigueur sur l'abus sexuel sur mineur. Concernant la pornographie impliquant des adultes, un grand nombre d'États réglementent strictement la liberté de publication des œuvres pornographiques : âge minimum d'accès requis, limitation des lieux d'accès, limitation des choses représentables.
La diffusion et la pratique de la pornographie est majoritairement autorisée dans la quasi-totalité des pays occidentaux, en raison de la baisse progressive de l'influence desreligions (tout particulièrement en raison de ladéchristianisation de la société occidentale). Cette libéralisation n'a cependant été que progressive, et parfois très lente (l'« immoralisme » était ainsi durement réprimé sous ladictature de la Révolution argentine,national-catholique, de 1966-73).
La constitution de l'Oregon (33e État desÉtats-Unis, créé en novembre 1857) avait interdit la possession de documents pornographiques. La Cour suprême de l'Oregon a aboli cette loi en 1987 dans l'affaireState v. Henry(en)[50]. Avec l'affaireMiller v. California en 1973 en Californie a été redéfinie l'obtention de matériel obscène. Cela regroupe énormément d'œuvres littéraires et artistiques deGore Vidal (Myra Breckinridge) àD. H. Lawrence ouGustave Flaubert…
En revanche, elle reste interdite dans la totalité des pays arabo-musulmans[51].
Cette interdiction s'explique principalement pour des raisons religieuses, l'islam, comme de nombreuses autres religions, condamnant lasexualité débridée. Pour celles-ci, en effet, la sexualité doit être réservée aucadre privé des couples hétérosexuels et légitimes (donc mariés), et certains actes sexuels sont considérés comme interdits et répréhensibles (par exemple lasodomie, ou la pénétration pendant lesrègles).
EnChine, des vendeurs de rue proposent ouvertement des DVD pornographiques, mais elle est néanmoins interdite et les peines encourues peuvent aller jusqu'à l'emprisonnement à perpétuité[52]. SelonReporters sans frontières, le prétexte de « pornographie » a permis au gouvernement de censurer des sites Web en Chine[53].
LeJapon n'autorise pas la représentation des organes génitaux, qu'on voit donc parfois floutés sur les images. La pornographie y est néanmoins très aisément accessible[non neutre], et constitue un marché important.
EnFrance, l'article 227-24 duCode pénal édicte que« le fait soit de fabriquer, de transporter, de diffuser par quelque moyen que ce soit et quel qu'en soit le support un message à caractère violent ou pornographique ou de nature à porter gravement atteinte à la dignité humaine, soit de faire commerce d'un tel message, est puni de trois ans d'emprisonnement et de 75 000 euros d'amende (375 000 euros pour les personnes morales) lorsque ce message est susceptible d'être vu ou perçu par un mineur. » Depuis1994, l'outrage aux bonnes mœurs n'est constitué que si le message pornographique atteint les mineurs. Vendeurs de presse et loueurs de vidéo doivent masquer lesmagazines etDVDérotiques ou pornographiques, ainsi que vérifier l'âge de leur clientèle. En revanche les affiches de telles revues apparaissent fréquemment dans l'espace public, donc à portée d'enfants, et si les images font généralement l'objet d'une censure minimale pour éviter d'éventuelles poursuites sur la base de cette loi (en particulier : mamelons féminins recouverts de pastilles noires ou d'étoiles blanches), les titres à caractère ouvertement pornographique semblent faire l'objet d'une tolérance tacite par les pouvoirs publics. Des associations delutte contre la publicité et des associations familiales combattent ce qui est considéré comme une hypocrisie de la législation, et en 2018, l'humoristeFlorence Foresti s'est scandalisée de ce que des affiches de ce type soient placées dans les rues à la vue de tous[54].
Alors que jusque dans les années 1960, toute représentation d'actes sexuels était jugée « pornographique » et interdite dans la plupart des pays occidentaux, cette représentation s'est ensuite généralisée, tout d abord en Scandinavie, avec le mouvement de « libération des mœurs » (maîtrise par les femmes de leur fécondité, via la légalisation de lacontraception et de l'avortement, augmentation du nombre desdivorces, revendicationsféministes portant notamment sur le « droit au plaisir », émergence dumilitantisme homosexuel). Mais le développement de la pornographie suscite aujourd'hui des réactions diverses, parfois extrêmement négatives.
Ces critiques d'origines diverses — féministes ou issues de différents mouvements deréaction morale — peuvent être synthétisées en trois points :
Les conditions de réalisation des images pornographiques impliqueraient une exploitation forcée des actrices, contraintes par la violence ou par la misère à des pratiques sexuelles auxquelles elles répugneraient. L'abus est en tout cas manifeste et légalement condamnable lorsqu'il concerne des enfants : la lutte contre lapédopornographie a dû en particulier devenir beaucoup plus active avec le développement de l'Internet, qui en a facilité la diffusion. À ces critiques majeures s'ajoute une critique secondaire concernant les risques de transmission demaladies sexuellement transmissibles encourus par les acteurs et actrices n'utilisant pas de préservatifs, tout en incitant certains spectateurs à adopter despratiques à risques ;
D'autres critiques portent sur les effets supposés de la pornographie sur les spectateurs : par la multiplication des scènes deviolences faites aux femmes, la pornographie serait une incitation auviol. En outre, l'on constaterait que la pornographie développe chez certains spectateurs des phénomènes dedépendance les poussant à augmenter leur consommation de telles images. Il n'existe cependant pas de consensus scientifique sur ces supposés effets[57] ;
Les critiques portent sur les valeurs que véhicule la pornographie à réduire les femmes à n'être que des « objets » et ramènerait les relations amoureuses à de simples rapports sexuels.
Des membres de l'organisationFemen ont manifesté au Salon de l'érotisme à Paris – Le Bourget le 23 mars 2013 contre l'image des femmes dans la pornographie[58] (à cette occasion l'animateur a répété « you rape yourself » puis « they are porn stars »[59]).
L'industrie pornographique et le VIH
L'apparition duvirus de l'immunodéficience humaine (VIH) dans les années 1980 cause la mort de plusieurs actrices et acteurs de films pornographiques. Durant un temps[précision nécessaire], le port dupréservatif est la règle auxÉtats-Unis, mais les productions avancent que des films avec des rapports protégés sont moins achetés que ceux sans protection, par conséquent, une proportion croissante de films sont réalisés sans préservatifs. Pour encadrer l'industrie et limiter les risques, l’Adult Industry Medical Health Care Foundation est créée aux États-Unis, organisme qui se charge de tester les actrices et acteurs tous les mois et de recenser tous les partenaires sexuels, de manière à lancer une alerte dans les plus brefs délais dès qu'un cas de séropositivité est déclaré afin d'interrompre l'activité de toute personne susceptible d'avoir été contaminée. Dès lors, seuls quelques cas ont été recensés, bien souvent en dehors de l'industrie américaine (commeDarren James contaminé lors d'un tournage auBrésil) ou en dehors des plateaux de production (commeMarc Wallice consommateur de drogue parintraveineuse).
Concernant les films homosexuels, le port du préservatif est de règle.[Information douteuse]
À partir de 2006,Act Up-Paris entame un travail sur la prévention dans les milieux de la pornographie. En juin 2006,Act Up-Paris publie une tribune dansLibération afin d'imposer le port du préservatif à la production pornographique à travers le monde[61].
Depuis quelques années[Combien ?], l'industrie pornographique brésilienne l'impose et ceci pour plusieurs raisons. L'avantage avancé est de montrer aux personnes qu'il est possible de prendre du plaisir avec un préservatif. Cet effet aurait eu un rapport positif dans la population brésilienne[réf. souhaitée].
L'incitation à la violence
Certaines études montrent que la violence sexuelle vis-à-vis des femmes pourrait être favorisée par l'usage de la pornographie[62],[63]. D'autres sont plus pondérées en reconnaissant que la pornographie n'est pas le seul facteur[64]. D'autres études encore montrent que les effets de la pornographie sont variables[65]. La pornographie servirait en effet à certains individus d'exutoire dans lequel des fantasmes et pulsions seraient libérés, ce qui permettrait que ceux-ci ressurgissent de manière moins fréquente dans la vie réelle[réf. nécessaire]. D'autres travaux montrent qu'il est peu pertinent d'isoler la pornographie de l'ensemble des valeurs et des représentations présentes dans d'autres médias[66]. Quoi qu'il en soit, il n'y a pas de consensus sur la question et lesdiverses corrélations révélées par ces études n'impliquent pas nécessairement la cause[non neutre].
Dans une interview donnée la veille de son exécution, le tueur en sérieTed Bundy estime que le développement de son attirance pour la violence a été généré par le visionnage de films pornographiques[réf. souhaitée].
Féminisme
Le parcours de quelqu'un commeOvidie peut servir à illustrer le rapport qu'entretient leféminisme avec la pornographie en France. Ovidie a commencé sa carrière professionnelle comme actrice de films pornographiques puis comme réalisatrice de films, notamment documentaires non pornographiques. Alors que le féminisme était plutôt dominé par la lutte contre la pornographie, elle considérait qu'il pouvait exister un « féminisme pro-sexe » ou « sex-positif » dans lequel la pornographie, ou en tout cas une certaine forme de pornographie de qualité, pouvait servir à l'émancipation des femmes par l'appropriation de leur corps. Dans les années 2010, elle arrête la pornographie au moment où celle-ci devient plus disponible que jamais de manière gratuite et illimitée sans restriction d'âge (ou avec des restrictions d'âge facilement contournable par simple clic) au moyen d'une connexion à internet. Dans son film documentaire sorti en 2014À quoi rêvent les jeunes filles ?, elle s'interroge sur son parcours et remet en question la possibilité d'un féminisme pro-sexe compatible avec une pornographie de masse. Cette enquête auprès des jeunes filles des nouvelles générations l'amène à constater que la pornographie n'a pas contribué à l'émancipation féminine et que, tout au contraire, sa diffusion de masse semble contribuer à approfondir l'aliénation des nouvelles générations. Elle poursuit ce questionnement dans ses films suivantsL'éducation sexuelle des enfants d'internet (2019) et, en enquêtant sur l'industrie du porno, dansPornocratie (2017)[réf. nécessaire]. Dans l'ouvragePornographie et désarroi des corps et des sentiments, la professeure d'université Divina Frau-Meigs observe que ce qui motive la gent féminine à regarder du contenu pornographique est la peur du rejet masculin. En visionnant ce type de contenu, celles-ci intègreraient inconsciemment la représentation d’être seulement un orifice, ce qui est très réducteur pour la femme[67].
La question de la pornographie, à l'instar dutravail du sexe en général, clive les mouvements féministes. Pour de nombreuses féministes, la consommation de pornographie est légitime et doit être comprise dans un cadre plus large où la sexualité est fortement chargée moralement et où les normes en matière de sexualité, notamment féminines, doivent êtrerepensées[Comment ?][68][réf. incomplète].
Une étude menée à l'Institut Max Planck de Développement Humain àBerlin indique unecorrélation entre la consommation de pornographie et des atteintes de certaines zones du cerveau, pouvant provoquer une altération de processus cognitifs cruciaux. Selon les travaux des chercheurs allemands publiés le jeudi 29 mai 2014 aux États-Unis, des hommes qui passent beaucoup de temps à regarder de la pornographie sur internet paraissent avoir moins de matière grise dans certaines parties du cerveau et une activité cérébrale réduite.« Nous avons constaté un lien négatif significatif entre le fait de regarder de la pornographie pendant plusieurs heures par semaine et le volume de matière grise dans le lobe droit du cerveau » indique l'étude.« Ces effets pourraient indiquer des changements dans laplasticité neuronale résultant d'une intense stimulation ducentre du plaisir », ajoutent-ils dans cette étude, publiée en ligne dans leJournal of the American Medical Association, Psychiatry. Les auteurs ne peuvent toutefois pas prouver que ces phénomènes sont provoqués par une grande consommation de pornographie et jugent que davantage de recherches sont de ce fait nécessaires. Mais selon eux, ces travaux fournissent la première indication de l'existence d'une corrélation entre le fait de regarder de la pornographie et une réduction de la taille et de l'activité du cerveau en réaction à une stimulation sexuelle.[réf. nécessaire]
Une étude publiée dans la revueJournal of the American Medical Association, Psychiatry observe une corrélation entre une consommation d'images pornographiques élevée, et une détérioration des connexions entre lestriatum et lecortex préfrontal, la couche extérieure du cerveau liée au comportement et au processus décisionnel.« Des individus dont le volume du striatum est plus petit pourraient avoir besoin de plus de stimulations externes pour avoir du plaisir. Ils chercheraient ainsi dans la vue de films pornographiques davantage de plaisir, ce qui pourrait aussi conduire à en consommer de plus en plus », créant une sorte de dépendance, conclut l'étude[69].
L'addiction à la pornographie n'est pas reconnue ni dans le DSM 5 ni dans la CIM 11 (les deux manuels diagnostiques de référence) et il n'existe pas de consensus scientifique à son propos[70],[71].
À la fin des années 2010, alors que tous les genres de pornographie sont disponibles de manière gratuite et illimitée sur Internet sans aucune véritable restriction, se développe sur les réseaux sociaux occidentaux la mode du « no fap », c'est-à-dire la volonté d'éviter et d'inciter à éviter de regarder de la pornographie à des fins demasturbation, en particulier auprès des jeunes hommes célibataires. Sont mis en avant les effets négatifs potentiels engendrés par une pratique de la masturbation trop fréquente, notamment la perte de volonté et de confiance en soi qui n'est pas favorable à l'accumulation d'énergie et de frustration nécessaire pour trouver et séduire un partenaire sexuel. Le « No Nut November », un challenge restreint au mois de novembre, se développe sur ce thème depuis les États-Unis à partir du début des années 2010, mais gagne vraiment en popularité vers 2017 et atteint la France en 2020[non neutre].
Immoralité ou nihilisme
Certains détracteurs de la pornographie lui reprochent de nier lasubjectivité humaine, de détruire les relations sentimentales à l'autre en en faisant l'instrument d'un plaisir insatiable. Ce caractère insatiable du désir mis en scène, dans la surenchère des signes de la jouissance (hurlements orgasmiques, frénésie des pulsions, multiplication presque sans limites des partenaires, réduction de l'être humain à la seule pulsion sexuelle) marqueraient paradoxalement l'absence totale du désir : en effet, désirer, c'est désirer quelqu'un ; l'élimination de la dignité d'autrui, par des pratiques de domination, anéantit le corps en le transformant en « viande » à consommer, alors que c'est cet être que l'on désirait[72].On pourra tout de même nuancer cette critique en envisageant le caractèrerévélateur et noninitiateur de la déconsidération humaine : il est possible que ce refus de reconnaissance de l'autre en tant que personne eût été d'ores et déjà présent, consciemment ou non, chez l'individu avant son passage à l'acte : la pornographie aurait alors seulement été une incitation renforçant de tels idéaux au point d'autoriser, du point de vue de l'être, leur application.[réf. nécessaire]
Certains[Qui ?] précisent que la pornographie brise l'idée même de l'intimité en voulant quetout soit absolument visible, alors que l'intimité est par définition ce que l'on montre à très peu, ou bien même ce qu'on ne peut absolument pas dévoiler. Ce serait alors un refus de l'autre comme autre, une vision caricaturale et en cela un manque fondamental de respect.[réf. nécessaire] Cette critique est néanmoins discutable dès lors qu'on se réfère à l'intention de la pornographie : les individus mis en scène, qu'ils soient amateurs ou professionnels, n'en demeurent pas moins consentants dans la diffusion de l'œuvre filmée (par opposition auxsex tapes, réalisées sans le consentement des individus réalisant l'acte sexuel et violant alors effectivement leur intimité).[pertinence contestée]
La pornographie refuserait par l'obsession de l'image et de la visibilité ce qui en l'autre reste toujours en partie inaccessible, distant, c'est-à-dire différent. Elle rendrait le rapport intime formaté, ou encore « prévisible ». Sans doute qu'une certaine peur de la relation peut permettre de comprendre cette attitude, mais sans l'excuser.[non neutre] Sans être le mal absolu, la pornographie cinématographique serait le symptôme d'une difficulté réelle, mais mal surmontée[33]. D'autre part, selon le sociologue nord-américainMichael Kimmel, la banalisation de contenus à caractère pornographique sur Internet aurait des effets néfastes sur la capacité même de certaines personnes à gérer lafrustration sexuelle dans la mesure ou ils peuvent en quelques clics assouvir leursfantasmes. La pornographie sur le net rendrait les hommes inaptes à supporter ou dépasser les insatisfactions inhérentes à la condition humaine, se réfugiant dans une sexualité de l'immédiateté et duvoyeurismenarcissique plutôt que dans la recherche de partenaires réels[73].
Les détracteurs de la pornographie dénoncent une banalisation de la pornographie dans la société actuelle, considérant que cette banalisation est caractéristique de la passivité des spectateurs qui l'acceptent sans aucune conscience morale. Ils[Qui ?] citent parfois à l'appui cette phrase deFiodor Dostoïevski[réf. nécessaire] : « L'Homme est une ordure, il s'habitue à tout. » (Crime et châtiment). Ou encore cette formule d'Alexandre Soljenitsyne :« On asservit bien mieux les peuples avec la pornographie qu'avec les miradors. »
Les partisans de la pornographie[Qui ?] s'opposent à ces arguments, considérant que ce type de discours ne s'appuie sur aucune donnée fiable concernant les spectateurs de pornographie. Ainsi,Virginie Despentes note :« Les articles et ouvrages consacrés au genre sont extraordinairement nombreux. Les études sérieuses le sont moins, on se donne rarement la peine d'enquêter sur les réactions des hommes qui consomment du porno. On préfère imaginer ce qu'ils ont dans le crâne que poser directement la question. »[74] Jacques Attali soutient que les conditions antérieures liant sentiment amoureux et sexualité disparaissent, « le monde ne sera plus qu'une juxtaposition de solitudes et l'amour une juxtaposition de masturbations »[75].
Les processusneurobiologiques mis en jeu lors d'une activité pornographique existent également, en partie, chez l'animal :
« Laperception et lareprésentation de l’activité sexuelle possèdent aussi, comme chez l’animal, un effet d’augmentation de lamotivation, si bien que la pornographie met en jeu des mécanismes élémentaires communs à l’animal et à l’être humain[76]. »
L'être humain cherche, dans ses activités sexuelles, à maximiser le plaisir érotique. Les images pornographiques — peut-être davantage chez l'homme que chez la femme[77][source insuffisante] — augmentent l'excitation sexuelle et l'intensité des plaisirs érotiques.
Les « études pornographiques »
Les études pornographiques visent à étudier les représentations sexuelles, dans le texte ou dans l’image et, au-delà, à réfléchir à l’origine de ces représentations ainsi qu'à leur impact sur les pratiques des individus[78].
Ce domaine de recherches relié auxsciences sociales émerge aux États-Unis au cours des années 1990, par le biais descultural studies, et grâce aux travaux de Robert Stoller et Linda Williams, cette dernière inventant le concept deporn studies dès 1989 au sein de l'université de Californie à Berkeley, puis à l'université Duke[79]. En France, dès 2003,Ruwen Ogien, avecPenser la pornographie tente de dépasser le conflit binaire « pour ou contre ». Fin 2005, lesPresses universitaires de France éditent unDictionnaire de la pornographie regroupant les contributions d'une centaine de chercheurs du monde entier[80].
Dans les années 2010, les chercheurs insistent sur la nécessité des études pornographiques par le renouveau des controverses autour de l’influence de la pornographie sur les jeunes (découverte de la sexualité,épilation…) et de la diffusion massive de pornographie permise par Internet[81]. En 2014, les Britanniques Clarissa Smith et Feona Attwood fondentPorn Studies, une revue académique trimestrielle, appelant à la nécessité de combiner plusieurs perspectives sur l'étude de la pornographie, qui regroupent plusieurs disciplines tels que lapsychologie, lasociologie, lesétudes culturelles, l'éducation, lapédagogie ainsi que des études sur la pornographie en tant quegenre cinématographique etperformance[82].
↑cf.Jean Goulemot,Ces livres qu'on ne lit que d'une main : lecture et lecteurs de livres pornographiques auXVIIIe siècle, Aix-en-Provence, Alinéa, 1991
↑Alain Corbin,Le temps, le désir et l'horreur. Essais sur leXIXe siècle, éditions Champs/Flammarion,p. 81-90.
↑Annie Stora-Lamarre, « Le livre en question. La censure au Congrès international contre la pornographie (Paris, 1908) », in:Mil neuf cent. Revue d'histoire intellectuelle, 1989,no 7,p. 87-98 —lire sur Persée.
↑Et bien avant l'écriture, avec les peintures rupestres comme l'a analysé Georges Bataille dansLa Peinture préhistorique. Lascaux ou la naissance de l'art, publié en 1955.L'érotique de l’art préhistorique
↑C'est d'abord de la littérature avant d'être de l'érotisme. Tout comme leroman policier, lascience-fiction, elle ne peut être classée dans un genre mineur s'opposant à unelittérature noble
↑Paul Aron, Denis Saint-Jacques, Alain Vial (dir.),Le dictionnaire du littéraire, Paris, Quadrige, Presses universitaires de France, 2014 2002, 814 p.,p. 246
↑Islam on Pornography: A Definite No NO By Abdul Malik Mujahid,« If someone is looking at someone committing Zina (sex outside of marriage) whether it is in movies or pictures or the actual thing, it's all Haram », he adds.Islam on Pornography: A Definite No NO.
Pauline Jeanne, « Pornographie et prostitution », inProstitution et société, mouvement du Nid,no 91, septembre 1991
Guy Hénaut,L'École du viol : porno-addiction et crimes sexuels, Chambéry, éd. Exergue, 1997
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Jean-Jacques Pauvert,Anthologie historique des lectures érotiques, 4 volumes, Paris, éditions Stock / Spengler, 1995, complétés par un tome 5 :De l'infini au zéro, 1985-2000, publié en 2001
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Articles
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