Lepopulisme de droite est uneidéologie politique qui combine les valeurs de l'extrême droite ou de ladroite avec les thèmes et la rhétorique dupopulisme.
Pour le chercheur Arthur Borriello, le populisme ne suit pas seulement« une logique politique de dichotomisation de l’espace social, entre le peuple et les élites considérées comme responsables de la frustration du plus grand nombre », comme théorisé parErnesto Laclau, mais recèle également« un contenu politique (ce n’est pas une pure logique formelle, comme le concevait Laclau) : en tant que mouvement populaire, il vise à une extension des droits politiques et sociaux des classes populaires ». Il considère ainsi que le populisme est« fondamentalement « de gauche », ou en tout cas, orienté vers l’émancipation populaire », indiquant :« Les éléments de populisme qu’on prête souvent à l’extrême droite ne sont, à mon sens, que des accessoires rhétoriques et ne constituent pas du tout le socle de l’extrême droite, qui est axée autour de thèmes nationalistes et autoritaires et n’a pas pour priorité une extension du domaine des droits des « petites gens », bien au contraire. Au risque d’être contre-tendance, j’irais même jusqu’à dire que le populisme de droite est une contradiction dans les termes, d’une certaine façon »[6].
Selon le journaliste et essayiste Daniel Binswanger, la perte de la croyance dans leprogrès, observée au début duXXIe siècle,« est une des donnes fondamentales qui expliquent la résurgence du populisme de droite »[7].
Depuis 2013, le parti de droite populiste le plus populaire en Allemagne estAlternative pour l'Allemagne (AfD)[8] qui a réussi à terminer troisième auxélections fédérales allemandes de 2017, devenant le premier parti populiste de droite à entrer auBundestag. Auparavant, les partis de droite populiste n'avaient obtenu de sièges que dans les parlements des États allemands ; il obtient par ailleurs de très bons résultats lors d'élections régionales, comme enSaxe ou enBrandebourg, où il termine deuxième. Le mouvementPEGIDA est aussi considéré comme étant de droite populiste pour sa rhétorique anti-migrants et anti-islamisation[9],[10].
EnBelgique, les principaux partis de droite populiste néerlandophones sont leVlaams Belang et laN-VA, qui ont recueilli respectivement 11,95 % des voix et 18 élus, et 16,03 % des voix et 25 élus auxélections fédérales belges de 2019. En Belgique francophone, le principal parti de droite populiste dans est leParti populaire, qui a recueilli 1,11 % des voix lors des élections fédérales de 2019.
À la fin des années 1980, leParti réformiste du Canada, dirigé parPreston Manning, est devenu un autre mouvement populiste de droite formé en raison des politiques duParti progressiste-conservateur du Canada, decentre-droit, qui ont aliéné de nombreuxBlue Tories et conduit à un sentiment de négligence dans l'Ouest canadien. Motivé initialement par un désir de donner une voix à l'Ouest canadien, le Parti réformiste a élargi sa plateforme pour inclure un mélange de politiquessocialement conservatrices et populistes de droite. Il est passé d'un parti marginal à une force politique majeure dans les années 1990 et est devenu le parti de l'opposition officielle avant de devenir l'Alliance canadienne. L'Alliance a finalement fusionné avec le Parti progressiste-conservateur pour former l'actuelParti conservateur du Canada, après quoi la faction de l'Alliance a abandonné certaines de ses idées populistes et socialement conservatrices.
En août 2018, le député conservateurMaxime Bernier quitte le parti et fonde le mois suivant leParti populaire du Canada, qui s'est autoproclamé constituer un « populisme intelligent » et a été décrit comme un mouvement « populiste de droite ». Bernier a perdu son siège auxélections fédérales de 2019, et le Parti populaire recueille un peu plus de 1 % des voix . Toutefois, lors desélections fédérales de 2021, il enregistre de meilleures performances et obtient près de 5 % du vote populaire[13].
Pierre Poilievre, décrit comme populiste par certains journalistes[14], remporte l'élection à la direction du Parti conservateur du Canada en 2022 et devient simultanément le chef du parti et de l'Opposition officielle. Certains journalistes ont comparé Poilievre aux populistes républicains américains tels queDonald Trump etTed Cruz ; cependant, de nombreux journalistes ont rejeté ces comparaisons en raison des positions de Poilievre en faveur dudroit à l'avortement, de l'immigration et dumariage homosexuel[15].
Au début des années 1970, leParti du progrès était l'un des plus grands partis de droite populiste d'Europe. Lors deslégislatives de 1973, elle devient la deuxième force politique du pays avec 16 % des voix.
Il fut peu à peu supplanté par leParti populaire danois, qui obtient auxlégislatives de 2015 21 % des voix et 37 siège au Parlement. Ce parti soutient une réduction de l'immigration venant de pays non-occidentaux et l'assimilation culturelle des migrants[16]. Cependant, étant donné l'appropriation du thème de l'immigration par l'ensemble de la classe politique, le Parti du progrès a obtenu un très mauvais score en2019, avec 8,73 % et 16 députés.
La Finlande est le pays nordique avec la plus ancienne tradition populiste de droite, avec le Parti rural (1959-1995) puis le Parti des Finlandais, qui a obtenu 20,1% des voix auxélections législatives de 2023[17].
Le principal parti populiste de droite français est leRassemblement national (RN)[18], même si ce parti ne se revendique pas d'extrême droite ou de droite. C'est l'un des plus grands partis populistes de droite en Europe.
Le principal parti populiste de droite anglais estUKIP. Anti-immigration et eurosceptique, il contribua notamment à la victoire du référendum pour la sortie de l’union européenne, leBrexit, que ses membres réclamaient depuis la naissance du parti. Cependant, depuis la victoire duBrexit, le parti obtient de faibles scores, étant notamment concurrencé par leParti du Brexit.
Avec la montée de l'immigration en Italie depuis la fin des années 1990, le LN se tourna de plus en plus à la critique de l’immigration de masse en Italie. Le parti, qui s'oppose également à l'immigration clandestine, est critique envers l'islam et propose la sortie de l'Italie de lazone euro. Il est considéré comme un mouvement eurosceptique et, en tant que tel, a rejoint le groupeEurope libertés démocratie auParlement européen après leélections européennes de 2009. Le parti participa à plusieurs gouvernement dont l'actuel avec leMouvement 5 étoiles.
LeParti du progrès est souvent considéré comme populiste de droite. Il devient l'un des principaux partis norvégien dès 1989 et entre dans la coalition gouvernementale en 2013 à l'issue des législatives de 2013[23], jusqu'en 2020[17].
En Suède, lesDémocrates de Suède, dont plusieurs membres fondateurs ont des liens avec la mouvancenéonazie, entament un processus de déradicalisation puis réalisent une percée électorale à partir 2010. Ils participent depuis 2022 à un accord de coopération gouvernementale[17].
↑Le politologuePhilippe Raynaud écrit en 2023 :« Depuis une quarantaine d'années, la vie politique française a été marquée, parallèlement à la montée progressive de la droite populiste, par l'idée longtemps dominante que celle-ci se heurterait toujours, pour finir, à un « front républicain » suffisamment puissant pour l'empêcher d'arriver au pouvoir. Cette évidence a disparu et il semble queMarine Le Pen pourrait finalement crever le plafond de verre auquel elle s'est heurtée jusqu'à présent. », cf Philippe Raynaud,« Jean-Luc Mélenchon, la stratégie de l’autodestruction »Le Point, 4 août 2023 (lire en ligne)