En 1824,Henri Navier commença la réalisation d'un pont suspendu à cet emplacement. Des complications techniques obligèrent à le détruire, en 1828, avant son achèvement.
Lors de la décision d’organiser une Exposition universelle en 1900, il fut décidé de détruire lePalais de l’Industrie pour le remplacer par deux palais, de part et d'autre d'une voie qui prolongerait la place des Invalides. Aussi, lepont de la Trinité ou pont Troïtsky (un autre pont très semblable au pont Alexandre-III), a été construit par laSociété de construction des Batignolles sur laNeva àSaint-Pétersbourg en Russie, pour l'Exposition universelle de Paris.
Le pont fut réalisé en acier moulé. Afin de résister à l'énorme poussée horizontale, il fut doté deculées très massives.
Les fondations furent creusées sous caisson pressurisé grâce auprocédé Triger. Il y eut vingt-neufaccidents de décompression plus ou moins sérieux, mais aucun mortel. Un seul ouvrier périt dans les caissons à la suite d'un accident.
C'est un pont métallique de 45 mètres de large composé d'une seule arche de 107 mètres comprenant trois points d'articulation, permettant de franchir laSeine sans point d'appui intermédiaire. Il s'appuie sur desculées très massives (larges de 44 m et épaisses de 30 m), pour résister à l'énorme poussée horizontale de l'arche surbaissée[n 3]. Ces culées sont percées de deux tunnels en pierre pour la circulation de la berge. La décoration exubérante du pont repose essentiellement sur les quatre pylônes portant des groupes équestres en bronze doré figurant les renommées[5].
Le pont a plusieurs fois changé de couleur ; il est passé du gris au vert-brun puis au gris perle. Il a repris ses couleurs d'origine lors de son unique restauration en 1998[6].
Ses contreforts côtérive droite ont abrité entre 2006 et 2017 uneboîte de nuit appelée leShowcase, aménagée dans un hangar à bateau désaffecté.
La culée droite du pont est confiée en 2017 par la mairie de Paris à Plateau Urbain, Freegan Pony, La Belle Friche, Ya+K ainsi que la Ressourcerie du Spectacle. Ces cinq associations ouvrent Le Génie d'Alex, un centre culturel éphémère ouvert à tous, avec espaces d’expositions, concerts, ateliers, soirées, construction de mobilier en DIY, yoga, jeux, agriculture urbaine, cantine, bar solidaire.
La culée gauche est occupée de 1999 à 2012 par un squat artistique aménagé par l'association Les Gardiens du pont. À l'origine le site accueille la maquette d'un projet de film du réalisateurPatrick Brunie, cofondateur de l'association, puis se diversifie en proposant expositions culturelles auprès de jeunes artistes et soirées techno. En 2014, après un appel d'offres, l'exploitation du lieu est confiée par la Mairie de Paris à un investisseur, Addy Bakhtiar, qui gère déjà la boîte de nuit le Showcase, sur la rive opposée[7],[8].
Les culées qui forment la voûte pour la circulation de la berge sont habillées de blocs de granite deSenones taillés enbossage[n 4].
La charpente est composée de 15 arcs d'acier moulé formés, chacun des 32 voussoirs de fonte moulée.
Du fait de sa grande portée pour une faible hauteur, le pont Alexandre-III exerce une importante poussée latérale. Afin d'éviter l'écartement des ancrages, les berges ont été considérablement renforcées au moyen d'immenses massifs de béton, sans doute les plus importantes fondations jamais réalisées. Les colonnes monumentales semblent des allumettes en comparaison : leurs fondations étant indépendantes de celles du pont, leur rôle est d'ailleurs uniquement décoratif.
Deux des quatre pylônes : les statues et les colonnes ioniques sont encalcaire blancoolithique deChauvigny[9]. Elles sont surmontées de renommées en bronze doré.Enfant conduisant un lion parJules Dalou. Les vases enguirlandés et les inscriptions sont en marbre blanc (probablement de Carrare)[9].
Les architectes Joseph Cassien Bernard et Gaston Cousin ont été désignés à la fin de 1896 et entrèrent en fonction en, après l'adjudication des travaux de la partie métallique. Sur cet ouvrage, les architectes n'ont été chargés que de la partie décorative, la structure ayant été décidée bien avant, en 1895, au moment où les ingénieurs Résal et Alby ont été mis à la disposition des services de l'Exposition.
Le caractère urbain de l'ouvrage servant de référence à l'Exposition universelle a conduit à traiter soigneusement sa décoration. Les deux architectes ont donné un décor abondant qui permet de vérifier ce jugement de Jean Résal :« On a le droit, et en certains cas le devoir, d'orner et de décorer des ouvrages, à condition de ne pas les dénaturer : il faut s'interdire de façon absolue le camouflage et le maquillage […] Toute mesure qui facilite la claire intelligence d'un ouvrage est bonne ; toute mesure prise à l'encontre de ce but est mauvaise[10]. »
Le pont est illuminé par 32 candélabres en bronze qui ont été réalisés par l'établissement Lacarrière, également connu pour la réalisation du lustre monumental de l'Opéra Garnier[11].
Les quatrerenommées au sommet des pylônes d'entrée représentent :
Truelle commémorant la pose de la première pierre ; don des époux impériaux.
Une médaille du graveurDaniel-Dupuis commémore la pose de la première pierre du pont. Elle porte les figures allégoriques de la Paix, de la France et de la Russie ainsi que la Nymphe de la Seine et des vues de l'ouvrage projeté. Un exemplaire en est conservé aumusée Carnavalet (ND 865).
Lors desJeux olympiques de Paris 2024, le pont constitue notamment le point de départ et d'arrivée du triathlon pour les épreuves hommes, dames et relais mixte[15].
Plongeoir installé sur le pont Alexandre-III en.
Vue sur le pont Alexandre-III depuis la piste d'athlétisme flottante installée en.
Une des deux plaques du pont témoignant desJO 2024.
↑Les parapets du quai sont décorés de quatre petits obélisques de ce même granite gris des Vosges. Ces parapets sont en calcaire lacustre deChâteau-Landon. La balustrade est en calcaire fossilifère (rudistes, rendus apparents par l'érosion) de l'Échaillon. CfChristiane Sabouraud (dir.),Guide de la géologie en France, Belin,,p. 300
Schneider et Cie,Le Pont Alexandre-III à Paris. Pont roulant de montage, montage des arcs, Paris, Librairie polytechnique C. Béranger, 1900(lire en ligne sur Gallica,gallica.bnf.fr).
Documents numérisés du pont Alexandre-III auxArchives nationales. Ces documents iconographiques, qui permettent de suivre l’évolution du projet et le cheminement de la réflexion de ceux qui ont participé à la conception de l’ouvrage, sont consultables depuis l'inventaire de l'Exposition universelle de 1900, dans la partie dédiée à cet ouvrage, accessible en ligne surla salle des inventaires virtuelle.