Le site de Pont-Croix est comparable à celui deQuimper, car les deux villes se sont installées sur un plateau incliné dominant au nord un estuaire est-ouest qui fait ensuite un angle droit pour déboucher sur la côte plus à l'ouest et au midi. Si les parties nord et est dufinage communal sont situées sur un plateau vers une soixantaine de mètres d'altitude, atteignant même l'altitude maximale de 72 mètres à la limite nord de la commune, la ville est située sur le versant exposé plein sud et en pente forte (le centre-ville est toutefois sur un replat entre 35 mètres et 25 mètres d'altitude) derive droite dufleuve côtier, leGoyen, à la limite entre sa partie fluviale et sa partie maritime (aber), là où se trouvait traditionnellement le dernier gué permettant de le traverser, remplacé ensuite par un pont sur lequel un moulin à marée a été édifié auXVIe siècle (depuis un pont a été construit plus en aval entreAudierne etPlouhinec) et où s'interrompaient les possibilités de navigation, Pont-Croix étant par le passé un port maritime. Des rues en pente forte, notamment la Petite Rue Chère et la Grande Rue Chère (celle-ci en partie formée d'escaliers) relient le centre-ville au port.
À l'embouchure se trouvent les ports d'Audierne et dePoulgoazec distants de 6 km. Lechenal navigable, dont la largeur moyenne est de 50 mètres, serpente entre des plages de sable qui découvrent à marée basse, lebanc de Suguensou étant le plus important ; les sinuosités du chenal et l'absence d'unchemin de halage étaient de sérieux obstacles à la navigation, même si les bateaux ont depuis toujours remonté l'estuaire duGoyen pour faire de Pont-Croix un port de mer (l'anse de Porz-an-Listri fut longtemps un simpleport d'échouage), ne pouvant accueillir que des bateaux de 20 à 30tonneaux, exportant les denrées agricoles de la région et important du sel et du vin). « Il se tient à Pont-Croix un marché de cendres de goémon, qui sont transportées à Audierne où on les charge à bord des bateaux » écrit l'ingénieur des Ponts et Chaussées de la circonscription de Quimper en 1907.
La vallée duGoyen suit depuis sa source située à 20 km àPlonéis unfossé tectonique qui se prolonge au-delà du coude de laria du Goyen jusqu'à labaie d'Audierne. Sa rive droite avait été utilisée pour établir le tracé de la ligne de chemin de fer à voie métrique reliant Pont-Croix à Audierne.
Pont-Croix : la ville et au premier plan la ria du Goyen.
Pont-Croix : vue d'ensemble de l'agglomération située sur le versant de rive droite du Goyen.
Le pont du fond de la ria du Goyen et le moulin à marée.
Pont-Croix : le pont sur le Goyen et ses environs vu depuis la rue de Stangalon.
En 2010, le climat de la commune est de typeclimat océanique franc, selon une étude duCNRS s'appuyant sur une série de données couvrant lapériode 1971-2000[1]. En 2020,Météo-France publie une typologie desclimats de la France métropolitaine dans laquelle la commune est exposée à unclimat océanique et est dans la région climatiqueBretagne orientale et méridionale, Pays nantais, Vendée, caractérisée par une faible pluviométrie en été et une bonne insolation[2]. Parallèlement l'observatoire de l'environnement en Bretagne publie en 2020 un zonage climatique de la région Bretagne, s'appuyant sur des données de Météo-France de 2009. La commune est, selon ce zonage, dans la zone « Littoral », exposée à un climat venté, avec des étés frais mais doux en hiver et des pluies moyennes[3].
Au, Pont-Croix est catégorisée bourg rural, selon la nouvelle grille communale de densité à7 niveaux définie par l'Insee en 2022[8].Elle est située hors unité urbaine[9] et hors attraction des villes[10],[11].
La commune, bordée par l'océan Atlantique, est également une commune littorale au sens de la loi du, diteloi littoral[12]. Des dispositions spécifiques d’urbanisme s’y appliquent dès lors afin de préserver les espaces naturels, les sites, les paysages et l’équilibre écologique dulittoral, tel le principe d'inconstructibilité, en dehors des espaces urbanisés, sur la bande littorale des 100 mètres, ou plus si leplan local d’urbanisme le prévoit[13].
L'occupation des sols de la commune, telle qu'elle ressort de labase de donnéeseuropéenne d’occupationbiophysique des solsCorine Land Cover (CLC), est marquée par l'importance des territoires agricoles (78,2 % en 2018), en diminution par rapport à 1990 (80,4 %). La répartition détaillée en 2018 est la suivante : zones agricoles hétérogènes (45,3 %),terres arables (32,9 %), zones urbanisées (13,7 %), forêts (7,3 %), zones humides côtières (0,8 %)[14]. L'évolution de l’occupation des sols de la commune et de ses infrastructures peut être observée sur les différentes représentations cartographiques du territoire : lacarte de Cassini (XVIIIe siècle), lacarte d'état-major (1820-1866) et les cartes ou photos aériennes de l'IGN pour la période actuelle (1950 à aujourd'hui)[Carte 1].
Carte des infrastructures et de l'occupation des sols de la commune en 2018 (CLC).
Statuette gallo-romaine surnommée « Vénus impudique » (villa de Kervenennec).
Fragments d'enduits peints avec incrustation de coquillages (villa de Kervenennec, probablementIIIe siècle après J.-C.).
Fragment d'enduit peint avec incrustation de coquillages (villa de Kervenennec, probablementIIIe siècle après J.-C.).
Unevoie dite romaine a donné un tracé rectiligne à une route prenant en écharpe le plateau qui domine la ville sur un itinéraire qui joignait Quimper à laPointe du Van. S'il n'y a pas trace de fortifications, la tradition a gardé le souvenir du quadrilatère de rues dénommé le « Tour du Chastel » indiquant l'emplacement au milieu de la ville moderne de l'ancien château du Moyen Âge.
Le château fortifié de Pont-Croix, probablement construit par Sinquin, fut rapidement abandonné (sa fille, Plesou, se maria avec Alain de Tyvarlan [Tivarlen] et les époux habitèrent la forteresse de Tyvarlan). Il ne reste rien du château, mais il est toutefois à l'origine du bourg, les premières maisons s'étant construites autour de lui. La seigneurie passa en 1391 aux mains de la famille de Rosmadec en raison du mariage d'Alix de Tyvarlan avec Jean Ier de Rosmadec[20].
L'emplacement de Pont-Croix qui en fait un lieu stratégique à la jonction duCap Sizun, dont elle est la capitale seigneuriale, et duPays Bigouden, lui confère un rôle commercial et administratif majeur, car elle est à la fois le lieu defoires réputées et le siège d'unesénéchaussée. Elle héberge de nombreux membres des professions judiciaires, procureur, notaires, sergents de justice, dont une partie est au service des propriétaires de terres nobles. Elle a le statut apparent d'une ville, mais pas les attributs attachés, puisqu'il n'y aura pas de communauté de ville sous l'Ancien Régime et que malgré la superficie remarquable de sa chapelle et l'importance du clergé attaché, la paroisse restera unetrève deBeuzec-Cap-Sizun jusqu'en 1791.
La famille de Rosmadec et la création du marquisat
En1596, pendant les troubles de laGuerre de la Ligue, Christophe d'Arradon[23], surnommé « Le baron deCamors », à la foisligueur (il avait par exemple participé à la reprise deBlavet, alors tenue par leshuguenots, le) et brigand, dévaste les ports d'Audierne et de Pont-Croix, puis s'installe au château du Cosquer enCombrit et, de là, opère des raids dans la région de l'embouchure de l'Odet, rançonnant les marchands dePont-l'Abbé et l'Île-Tudy[24].
La Fontenelle s'empara de Pont-Croix, peut-être vers la mi-septembre1595 (selon lechanoine Moreau) ou en1597 selon d'autres chroniqueurs, à la tête d'une troupe de cavaliers :
« Le canton de Cap-Sizun, aujourd'hui Pontcroix, avait été, jusqu'alors, épargné par La Fontenelle. Cependant les habitants de cette localité vivaient dans des transes perpétuelles, sous la menace de l'invasion de ce véritable chef de barbares. La ville n'étant pas pourvue de murailles, ils transformèrent en fort l'église collégiale de N. D. de Roscudon, et y déposèrent tout ce qu'ils possédaient de plus précieux, prêts à s'y réfugier eux-mêmes en cas d'alerte. La Fontenelle, informé de ces faits et du lieu où se trouvait le butin, se mit un jour en marche, avec une troupe bien armée, pour tenter de s'en emparer. (...) La nouvelle en arrive aux habitants de Pontcroix. La population s'assemble en armes, promptement rejointe par les habitants des environs, accourus à l'appel des cloches. À la hâte, on barricade et retranche, comme on peut, les routes et chemins aboutissant à la ville, mais il est trop tard pour entreprendre des travaux de défense, et bientôt les troupes de La Fontenelle, sautant les tranchées, escaladant les obstacles, envahissent la place, au grand émoi de la population, jusqu'alors si tranquille ! Lecapitaine de Pontcroix était le sieur de La Villerouault[25], époux de Jeanne de Kerbullic[26], qui, dit-on, ce jour-même recevait à sa table son excellent ami, messire Jean Le Cosquer, prêtre pieux et instruit, natif de Pontcroix et recteur de la paroisse dePouldreuzic[27]. »
Comme les bourgeois qui n'avaient pu fuir s'étaient retranchés dans la tour de l'église, le chef brigand fit traîner dans celle-ci par des chevaux des fagots de genet vert pour allumer un feu et déloger les assiégés en les enfumant et prendre les biens qu'ils avaient cru mettre à l'abri. Ce stratagème ayant échoué en raison des nombreuses ouvertures de la tour du clocher, La Fontenelle promit par un serment solennel de laisser la vie sauve aux assiégés s'ils se rendaient, « la tour ne pouvait être forcée qu'à l'aide du canon ou par la famine ». La Fontenelle « se tailla la part du lion dans les trésors amassés dans l'église et abandonna le reste au pillage de ses soldats » ; il fit pendre le capitaine de La Villerouault, le recteur Cosquer et quelques autres, fit déshonorer en public Jeanne de Kerbullic par ses soldats (nous pourrions aussi dire « se déshonora et déshonora ses soldats en ordonnant le viol collectif de Jeanne de Kerbullic par ses soldats », car qui perdit son honneur ?) et commença à massacrer « tous ceux des habitants de Pontcroix qui avaient pris part à la défense de la tour » ; selon la tradition, les massacres perpétrés par les reîtres auraient fait dévaler des flots de sang sur les pavés pentus de la Grand rue Chère et n'arrêtèrent que lorsque « soudain, à la grande surprise de tous, les cloches de Notre-Dame de Roscudon commencèrent à sonner toutes seules »[27].
L'hospice civil Saint-Yves fut fondé en 1698 ; il fut la propriété de la comtesse de Forcalquier, Marie-Françoise-Renée Carbonnel de Canisy[28], marquise de Pont-Croix depuis 1756 (Louis-François Tréhot de Clermont assure la gestion du marquisat jusqu'à la Révolution française)[29]. L'hôpital Saint-Yves est alors le seul du Cap-Sizun, accueillant de 20 à 30 malades ; il possède une école, ainsi qu'une "fontaine minérale" réputée pour sa capacité de guérison[20].
En1759, une ordonnance deLouis XV ordonne à la paroisse de Pontcroix [Pont-Croix] de fournir 11 hommes et de payer 72livres pour « la dépense annuelle de lagarde-côte de Bretagne »[30]. Cette même année, pendant laGuerre de Sept Ans, lechevalier de Mirabeau embarqua deux compagnies de miliciens de la capitainerie de Pont-Croix à bord duSuperbe, lequel coula lors de labataille des Cardinaux, sessabords n'ayant pas été fermés. « Ce pays a souffert une des plus grandes calamités qui puissent arriver à un canton. (...) C'était tous des laboureurs ; ils ont été engloutis au nombre de cent (...). Des veuves nous redemandent leurs maris, des orphelins leurs pères » écrit le chevalier de Mirabeau le[31].
En 1771 Pont-Croix possède unsénéchal, huit procureurs, dix-sept notaires, cinq sergents. Le seigneur a droit dehaute justice et possède sur la place du Marché unpilori, avec collier de fer, etfourches patibulaires à la sortie de la ville (les potences se trouvaient dans le"Parc an justiciou", dans le quartier de la Croix)[20].
De nombreuses familles nobles des environs possédaient unhôtel particulier en ville ou unmanoir à proximité comme les Jouan de La Ville Jouan, Saint-Alouarn, Rousseau, Rospiec de Trévien, Du Marhallac'h, Le Baillif de Porsaluden, Gonidec de Keramel, etc.
« Pontcroix ; gros bourg, dans un fond, sur la route deQuimper àAudierne ; à 6lieues un quart à l'ouest-nord-ouest de Quimper, sonévêché ; à 46 lieues deRennes. On y compte 760 communiants[32]. (...). Le marquisat de Pontcroix fut acquis en 1756 par Madame la comtesse de Forcalquier[Note 2], qui possède cette seigneurie avechaute,moyenne etbasse justice[33]. »
Au siège duPrésidial, dit ensuite la « Maison commune », furent rédigés, en 1789, lescahiers de doléances, « pardevant Louis Tréhot de Clermont[Note 3],sénéchal et premier Juge Civil et Criminel de la Juridiction ». Celui-ci siégera comme député suppléant du Tiers-État aux États-Généraux, puis à l'Assemblée constituante.
« Les pavés de cette commune sont détestables, la descente du haut de la ville au port est dangereuse. La ville est sans promenade publique, sansposte aux chevaux, sans jardin botanique ; la seule fontaine qu'on emploie est bonne, mais sans ornement, la halle louée huit cents francs à un particulier est en assez mauvais état. Les boucheries[probablement l'auteur évoque les abattoirs], le cimetière sont dans l'intérieur de la ville, la municipalité mal logée, les prisons exécrables, mais presque toujours vides. Dans un incendie, on n'y trouveroit ni sceaux, ni pompes, ni crochets pour abattre un pan de muraille et couper la communication du feu. Dans une maladie, pas unapothicaire. (...) Je n'ai parlé que de la partie supérieure de Pont-Croix, elle est assise sur un plateau, sur un monticule élevé, des maisons mal bâties descendent jusqu'à la mer et couvrent la colline. Rien au monde d'aussi mal pavé, d'aussi malpropre, cette partie ressemble à des ruines : elle est entrecoupée de murs et de jardins qui, de loin, ne sont pas désagréables à l'œil. La rivière ou le bras de mer[leGoyen ] qui coule au pied de la montagne, sépare cette commune de Keridreuf, petit village dans le canton de Plouinec[Plouhinec ]. On le dit plus ancien que Pont-Croix, auquel il se joint par un pont de cent quinze pas[34]. »
La ville de Pont-Croix élit quatre délégués (De Clermont, Durest Le Bris, Billette, Gabriel Guézennec), pour la représenter à l'assemblée dutiers-état de lasénéchaussée de Quimper au printemps 1789[35].
La ville devient chef-lieu dedistrict de1790 à1795. La loi du « relative à la circonscription des paroisses dudistrict de Pont-Croix » donne à laparoisse de Pont-Croix comme succursaleBeuzec[36]. La vie municipale à Pont-Croix en 1790-1791 a été décrite par J.M. Pilven dans un article du « Bulletin de la Société archéologique du Finistère »[37].
Alain Guézennec, ancien sergent à Pont-Croix, en vertu de la loi du 5 nivôse an II () qui rendait l'école primaire obligatoire et gratuite, prit la suite de l'abbé Quillivic pour tenir école dans la chapelle de la communauté des Ursulines mise à sa disposition par le district, mais trop âgé (67 ans), il fut vite incapable de tenir sa fonction. Jean-Marie Marteville lui succéda le 5 fructidor an IV () ; en ventôse an VI, il a 24 élèves, dont 8 viennent des communes environnantes : 3 dePlogoff et dePlouhinec, 1 deCléden et dePrimelin[39]. Le couvent des Ursulines, transformé un temps en caserne en 1793, est vendu commebien national en 1796 à Louis Tréhot de Clermont[Note 8] ; sa chapelle fut transformée enTemple de la Raison.
Jacques Cambry décrit ainsi Pont-Croix vers 1795 :
« Les pavés de cette ville sont détestables, la descente du haut de la villa au port est dangereuse. La ville est sans promenade publique, sansposte aux chevaux, sans jardin botanique ; la seule fontaine qu'on y emploie est bonne, mais sans ornement ; la halle, louée huit cents francs à un particulier, est en assez mauvais état. Les boucheries, le cimetière sont dans l'intérieur de la ville[Note 9], la municipalité mal logée, les prisons exécrables, mais presque toujours vides. Dans un incendie on n'y trouveroit [trouverait] ni sceaux, ni pompes (...). Dans une maladie, pas unapothicaire. Le médecin et les deux chirurgiens du district ne peuvent suffire à leurs travaux, on demande dessages-femmes, faute de soins une multitude de malheureuses meurent en couches[40]. »
Sous leConsulat, unchouan, Le Goff, garçon-meunier à Pont-Croix, dit « La Grandeur », qui faisait partie de la bande qui assassinaYves Marie Audrein, évêque de Quimper, fut abattu dans un hameau deLaz (Finistère) après des combats entre cette bande de chouans et des militaires « bleus » (troupes républicaines) le 27 pluviôse an IX (.
Jean-Marie Abgrall, ordonné prêtre en 1870, fut pendant 16 ans enseignant de dessin et d'archéologie au petit séminaire de Pont-Croix avant de poursuivre sa carrière à Quimper. Il fut aussi architecte, construisant notamment la chapelle Saint-Vincent au sein du petit séminaire de Pont-Croix entre 1902 et 1905 ; il la considérait comme son chef-d'œuvre.
A. Marteville et P. Varin, continuateurs d'Ogée, décrivent ainsi Pont-Croix en 1845 :
« Pontcroix ; ville ; commune formée par l'ancienne paroisse de ce nom ; chef-lieu dedistrict ; aujourd'hui cure de 2e classe ; bureau de poste ; bureau d'enregistrement ; brigade degendarmerie à cheval ; chef-lieu de perception. (...). Principaux villages : Kervennec, Kergroas, Kervilien, Kergadel, Lanriscar, Lannéen. Superficie totale : 774 hectares dont (...) terres labourables 432 ha, prés et pâtures 49 ha, bois 17 ha, vergers et jardins 17 ha, landes et incultes 216 ha (...). Moulins : 6 (de Saguensceau, de Lannéen, de Tréfrest, à vent ; de Lespoul, Vert, de Saguensceau, à eau). Pont-Croix est une petite ville située sur la route de Nantes à Audierne, et en même temps sur unbras de mer ourivière qui aboutit à labaie d'Audierne. Bâtie sur un plateau assez élevé, cette ville se compose d'un assemblage irrégulier de maisons qui descendent de l'éminence sur laquelle elle est assise au petit port, où remontent des bateaux de 30 à 40tonneaux. Depuis quelques années, Pontcroix s'est beaucoup embellie : les pavés, jadis horribles, ont été améliorés et une promenade assez jolie a été aménagée à l'entrée de la route venant de Nantes, ou pour mieux dire de Quimper. L'église de Pontcroix est remarquable par unclocher assez élancé et découpé à jour ; leportail est aussi d'un travail remarquable et accuse unciseau aussi spirituel que délicat. Le bras de mer ou rivièreGoyazen, qui borde la commune de Pontcroix, la sépare d'un village qui passe pour être beaucoup plus ancien que cette ville, et pour avoir été par le passé chef-lieu de cette localité (voyezPlouhinec). (...). Il y afoire à Pontcroix les troisièmes mercredis de chaque mois, etmarché le jeudi. Géologie : constitution presque entièrementgranitique ; cependant lemicaschiste entoure la ville. Cette roche a cela de particulier qu'elle offre de nombreux gisements desulfure et decarbure de fer. On parle lebreton[42]. »
L'expulsion des Sœurs desFilles du Saint-Esprit qui tenaient l'école privée en vertu de laLoi sur les congrégations provoqua des incidents : le,1 500 manifestants s'opposent pendant trois heures à l'intervention de la troupe, qui doit démolir une barricade de voitures dans la rue menant à l'école. SelonLa Dépêche de Brest « plusieurs prêtres ont leur soutane arrachée, mise en lambeaux ; des manifestants ont la figure en sang. Le sol est jonché de chapeaux, de bâtons et de sabots »[45].
En 1903, lecuré-doyen de Pont-Croix, A. Théphany, écrit : « Il est donc, même à Pont-Croix, impossible, pour le moment du moins, et d'ici longtemps, de songer à donner l'instruction religieuse au plus grand nombre autrement que dans la langue bretonne »[46].
En 1905 est construite la chapelle du séminaire, destyle néoroman.
Le (le gouvernement avait décidé en 1906 la suppression des petits séminaires, à la suite de laloi de séparation des Églises et de l'État), 534 soldats et gendarmes, sous la direction du préfet en personne, enfoncent les porte du petit séminaire et expulsent enseignants, élèves et parents qui, prévenus, ont passé la nuit en prières et en pleurs. L'établissement confisqué par l'État en 1910. Replié au Likès de Quimper, le petit séminaire de Pont-Croix rouvrit en 1919[41].
Entre 1921 et 1960, 90 % des élèves du petit séminaire de Pont-Croix viennent de la campagne ou de toutes petites villes[41].
La Bretonne représentée parRené Quillivic sur le monument aux morts de Pont-Croix est Marianne Olivier, diteMarianne-an-Tocar, modiste, qui avait perdu son mari et deux de ses enfants pendant la guerre[48]. Au pied du monument est écrit enbreton, la langue maternelle de tous les poilus pontécruciens :Hor gwad d'ar vro. Hon ene da Zou (« Notre sang au pays. Notre âme à Dieu »).
Les halles de Pont-Croix, construites vers 1650 (détruites en 1950).
Le petit séminaire rouvre en 1919. De nombreuses tensions existaient alors entre les partisans de la religion et les défenseurs de la laïcité. Selon le témoignage d'Yvonne Savina, épouse Mourrain, dans la décennie 1920, les prêtres par exemple n'autorisaient que quatre bals par an lors de mariages et ceux-ci devaient en représailles, être célébrés à l'église à 7 heures du matin.
Jeanne Nabert dans son roman « Le cavalier de la mer » paru en 1931 écrit notamment à propos des halles que le maire Arsène Kersaudy et son épouse avaient accaparé pour les besoins de leur négoce :
« (...) Les gens de Bourg Le Cap[en fait Pont-Croix] en étaient tombés à ce point qu'ils ne sentaient plus l'humiliation d'avoir cédé à leur tyran un bâtiment public et tenaient stoïquement leurs marchés sous le soleil brûlant qui faisait crever porcs et moutons, ou sous les grandes pluies qui pourrissaient les laines et les grains, tandis que les ballots de la mairesse s'entassaient gratuitement à l'abri des halles. »
La première séparation entre le hameau Kéridreuff et la commune dePlouhinec fut de nature religieuse, en 1924. « Le 5 novembre 1923, une quarantaine de familles du hameau de Kerydreuff adressent à l'évêque de Quimper,Mgr Duparc, une pétition par laquelle elles demandent à être rattachées 'pour tout le spirituel' à la paroisse de Pont-Croix, en raison de la grande distance qui les sépare de leur église. [...] Lechapitre de lacathédrale de Quimper, réuni en séance extraordinaire le 2 octobre 1924, donne, à l'unanimité, un avis favorable au "démembrement" de la paroisse de Plouhinec et au rattachement de Kerydreuff à celle de Pont-Croix. Le même jour, l'évêque décrète l'annexion à Pont-Croix du quartier concerné »[50].
La ligne ferroviaire àvoie métrique surnommée « train carottes », exploitée initialement par lesChemins de fer armoricains, fut inaugurée le et ferma le, ne fonctionnant donc que 33 ans à peine. La voie ferrée partait dePont-l'Abbé et desservait les gares dePlonéour-Lanvern,Tréogat,Pouldreuzic,Plozévet,Plouhinec, Pont-Croix, pour aboutir àAudierne ; la ligne desservait aussi des arrêts facultatifs supplémentaires comme celui dePlovan[51]. « C'était un train mixte de marchandises et de voyageurs, qui a eu un impact important sur la vie économique et sociale enpays bigouden et dans lecap Sizun » a écrit l'historien Serge Duigou.
La « compagnie Surcouf », un corps-franc derésistants membre du réseauLibération-Nord, participe aux combats de Pors Lesven enBeuzec-Cap-Sizun le où 18 résistants trouvèrent la mort[53]. Parmi les membres de ce groupe de résistants, le chef ducorps franc Alain Cotonéa[54], sous-lieutenant de la compagnie décoré de laMédaille de la Résistance, né en 1912[55], Roger Gargadennec, né le, et Jacques Colin[56], né en 1923, tous trois à Pont-Croix ; ce dernier fut blessé le lors d'un combat au cours d'un parachutage d'armes àMahalon.
Pendant l'Occupation, les Allemands réquisitionnèrent une bonne partie du Petit séminaire.
Un groupe de résistance, dirigé par le notaire Morvan, membre du réseau "Libé-Nord" fut actif à Pont-Croix en 1944.
En1946, le vieux quartier outre-Goyen de Keridreuff est annexé par Pont-Croix aux dépens de Plouhinec, commune encore très rurale bien que beaucoup plus peuplée. La même année, la municipalité décide de faire démolir les anciennes halles, couvertes encharpente, emblématiques du dynamisme économique passé, pour cause de vétusté. La gare est fermée en 1947.
Le petit séminaire, qui eut jusqu'à 450 élèves, ferme en deux temps : il perd le second cycle en 1960 et ferme totalement en1973[Note 23], laissant un grand espace inoccupé au cœur de la ville.
Le développement du tourisme de masse renforce la position de petit centre commercial jusqu'aux années 1960, mais un déclin progressif des fonctions de centralité atteint la ville jusqu'à la fin duXXe siècle.
La construction en 1972 du nouveau pont sur le Goyen à Audierne rend désormais impossible la remontée du Goyen en direction de Pont-Croix pour la plupart des bateaux.
En 1981, Anna Moullec, dernière propriétaire privée de la maison du marquisat, en fit don à la commune de Pont-Croix.
Racheté en l'an 2000 par Lucien Peuziat, qui a entrepris de le restaurer et d'en faire en partie un lieu culturel, le Petit Séminaire et ancien collège Saint-Vincent a été victime d'un violent incendie ravageant plus de la moitié des bâtiments dans la nuit du.
L'abattoir de Pont-Croix a fermé en 2017 et le projet de le reconstruire a été abandonné au profit de celui duFaou, plus central dans le département. Un projet d'abattoir mobile (pour des abattages à la ferme) doublé d'un laboratoire de découpe, existe toutefois[58].
La première cuvée des "Coteaux de Laneon", un vin rosé produit à parti du vignoble planté sur unadret, sur la rive droite du Goyen, a été produite en 2022[59].
L'évolution du nombre d'habitants est connue à travers lesrecensements de la population effectués dans la commune depuis 1793. Pour les communes de moins de 10 000 habitants, une enquête de recensement portant sur toute la population est réalisée tous les cinq ans, les populations de référence des années intermédiaires étant quant à elles estimées par interpolation ou extrapolation[60]. Pour la commune, le premier recensement exhaustif entrant dans le cadre du nouveau dispositif a été réalisé en 2007[61].
En 2022, la commune comptait 1 635 habitants[Note 25], en évolution de +3,28 % par rapport à 2016 (Finistère : +2,16 %,France horsMayotte : +2,11 %).
Ruelles pavées dévalant en escalier vers la rivière, le Goyen :Petite Rue Chère etGrande Rue Chère (le nom « Chère » est dérivé du verbe « choir » car ces rues en forte pente dévalent en escaliers du centre de la ville vers la ria du Goyen).
Manoir de Pors Lesguen, datant de 1420 (situé Place de l'église).
Fontaine Notre-Dame de Roscudon à l'Est de la ville.
Ancien Petit Séminaire St-Vincent (enceinte privée et annexes communales). La "Mission patrimoine" dirigée parStéphane Bern a octroyé en 2021108 000 euros au Petit séminaire de Pont-Croix pour les travaux d'urgence et de mise hors d'eau du bâtiment[64].
Le moulin de Keridreuff est un moulin intermédiaire, situé sur un cours d'eau, mais qui fonctionnait aussi commemoulin à marée.
Pont-Croix : le manoir de Pors Lesguen (XVe siècle).
La Grande Rue Chère 1.
La Grande Rue Chère 2.
La Petite Rue Chère 1.
La Petite Rue Chère 2.
Pont-Croix : maison ancienne dans le quartier de Kerydreuff.
Le"Youtar" est désormais unevoie verte, ouverte aux cyclistes et aux piétons, longue de 12 km, qui part d'Audierne et va jusqu'à Pors-Péron (enBeuzec-Cap-Sizun) en longeant larive droite duGoyen et en passant par Pont-Croix, qui a été inaugurée le et qui reprend en partie le tracé de l'ancienne voie ferrée surnommée de ce nom[66].
Hyacinthe le Carguet[67] a raconté[68] des histoires dejeteurs de sort, se déroulant pour plusieurs d'entre d'elles au niveau du pont de Suguensou, situé entre Audierne et Pont-Croix, longtemps surnommé « pont Physique » car l'abbé Roland Guizouarn[69], professeur de physique-chimie au petit séminaire de Pont-Croix, surnommé le « père Physique », avait l'habitude d'y conduire les séminaristes lors de la promenade dominicale ; par exemple il se disait que des paysans s'en revenant de la foire de Pont-Croix étaient jetés dans le fossé à cet endroit et détroussés de leurs gains par une force surnaturelle[70].
Les Termagies (dans ce roman, l'auteure raconte aussi ses vacances à Loctudy).
Le cavalier de la mer (1931, prix du premier roman, éditions Plon, réédition Coop Breizh). Dans ce roman, l'auteure conte les aventures du médecin Guyonvarc'h inspiré par son père et décrit la bourgeoisie pontécrucienne à travers la description de « Bourg-le-Cap », nom fictif derrière lequel transparaît celui de Pont-Croix. Ce roman fut à l'époque mal reçu par une partie de la population locale et lui valut un procès en 1933.
Jean-Yves Lagadec (né à Pont-Croix, décédé en (inhumé à Pont-Croix) ; lexicographe, professeur debreton. Il est à l'origine du premier dictionnaire en breton en 1995.
↑Nicolas Louis de Plœuc, né le àLandudec, décédé le auchâteau du Guilguiffin en Landudec, conseiller auParlement de Bretagne ; il s'est marié avant 1738 avec Marie Françoise de Kervenozaël et, après la mort de celle-ci, le à Quimper avec Jeanne-Guillemette du Boisguéhenneuc.
↑Armand Louis Tréhot de Clermont, né le à Pont-Croix (fils de Louis François Tréhot de Clermont qui fut le premier maire de Pont-Croix entre 1790 et 1792), décédé le à Pont-Croix
↑Guillaume Herpeu, né le à Kerydreuff enPlouhinec.
↑Pierre Olivier d'Argent de Kerbiquet, né le à Pont-Croix.
↑Jean Pierre Le Baillif de Porsaluden, né le à Pont-Croix, chevau-légers de la garde du roi.
↑a etbLouis-François Tréhot de Clermont, né vers 1728 (probablement à Paris), qualifié de « bourgeois de Paris » lors de son mariage célébré le à Pont-Croix avec Élisabeth Rohou, mort le à Pont-Croix.
↑Ce rapprochement des boucheries et du cimetière illustre les préoccupations d'hygiène de Jacques Cambry.
↑Armand Tréhot de Clermont, né le à Pont-Croix (fils de Louis Tréhot de Clermont), sénéchal de la juridiction du marquisat de Pont-Croix, puis avocat, député auxÉtats généraux, puis à l'Assemblée nationale, décédé le à Pont-Croix.
↑Lediocèse ouvre en 1961 un petit séminaire à Keraudren, dans la périphérie brestoise et deux juvénats à Châteaulin et Quimper pour tenter de contrer la crise du recrutement du petit séminaire de Pont-Croix, jugé trop excentré, mais ces établissements fermèrent en 1969
↑Population municipale de référence en vigueur au 1er janvier 2025, millésimée 2022, définie dans les limites territoriales en vigueur au 1er janvier 2024, date de référence statistique : 1er janvier 2022.
↑Charles François Marie Le Bris du Rest, né le à Pont-Croix. Son père Raymond Charles Le Bris, sieur du Rest, était notaire et procureur au marquisat de Pont-Croix.
↑Jean-François Daniélou, né le à Pont-Croix, décédé le à Pont-Croix
↑Charles Armand Félix Hignard, né le à Pont-Croix, décédé le. Il habitait le manoir de Tréfrest.
↑Jacques-Pierre Boulain, né le à Pont-Croix, décédé le à Pont-Croix.
↑Gabriel François Onésime Gigaud de Saint Martin de La Plagne, né le àPort-Louis (Morbihan), décédé le au bourg de Pont-Croix.
↑Armand Félix le Bris du Rest, né le à Pont-Croix, décédé le à Pont-Croix.
↑a etbDaniel Joly, Thierry Brossard, Hervé Cardot, Jean Cavailhes, Mohamed Hilal et Pierre Wavresky, « Les types de climats en France, une construction spatiale »,Cybergéo, revue européenne de géographie - European Journal of Geography,no 501,(DOI10.4000/cybergeo.23155,lire en ligne, consulté le)
↑Christophe d'Arradon, quatrième des cinq fils de René d'Arradon, seigneur de Kerdréan, Qinipily,Camors, Botblezven, La Grandville, chevalier du roi et de Claude de Guého, capitaine de 50 hommes d'armes, frère deRené d'Arradon et deGeorges d'Arradon
↑Sous la direction deYves Le Gallo,Le Finistère de la Préhistoire à nos jours : Avant-propos. Les origines administratives, Bordessoules,, 592 p.(ISBN2-903504-37-7), page 14.
↑Jean-Baptiste Ogée,Dictionnaire historique et géographique de la province de Bretagne,t. 3,(lire en ligne).
↑Voyage dans leFinistère ou État de ce département en1794 et1795. Imprimerie-Librairie du Cercle Social, An VII1799 (réédition « Société archéologique du Finistère », Quimper, 1999(ISBN2-906790-04-4))
↑Jacques Cambry, « Voyage dans le Finistère ou État de ce département en 1794 et 1795 », Imprimerie-Librairie du Cercle Social, an VII (1799).
↑ab etcJean Rohou, « Catholiques et Bretons toujours ? (essai sur l'histoire du christianisme en Bretagne) », éditions Dialogues, Brest, 2012, [(ISBN978-2-918135-37-1)]
↑A.Marteville et P.Varin,Dictionnaire historique et géographique de la province de Bretagne,t. 2,(lire en ligne).
↑D'après un article du journalLe Télégramme de Brest et de l'Ouest du 22 octobre 1984, reprenant des propos tenus par Roger Gargadennec lors d'une conférence.
Quand bringuebalait le train youtar, Serge Duigou, Éditions Ressac, Quimper, 1984.[historique de la ligne de chemin de fer à voie étroite Douarnenez-Audierne qui a desservi Pont-Croix de 1894 à 1946]
Quand s'essoufflait le train carottes, Serge Duigou, Éditions Ressac, 1984.[historique de la ligne de chemin de fer à voie étroite Pont-l'Abbé-Audierne qui a desservi Pont-Croix de 1912 à 1935]
Pont-Croix, une des plus belles halles de la province sous le pic des démolisseurs, Roger Gargadennec, Les Cahiers de l'Iroise, 1987.
Auguste Téphany,Notice sur Pont-Croix, Res Universis, Paris, 1993 (reprise de l'édition restaurée de 1901), collection « Monographies des villes et villages de France »
Au pays d'Audierne (1900-1950). Le petit monde de Fanch Kérisit, Paul Cornec et Jean-Jacques Doaré, Éditions du Cap-Sizun, 2015.
Pont-Croix sur topic-toposd'après l'ouvrage de Flohic éd.,Le Patrimoine des communes du Finistère, sous la dir. d'Anita Six, avec la collab. de Jérôme Le Bel, Charenton-le-Pont, 1998, 2 vol. (Le patrimoine des communes de France, 29)(ISBN2-8423-4039-6).