Lesite archéologique de Pompéi est situé sur la côte ouest de l'Italie, au sud deNaples sur labaie du même nom. La ville antique de Pompéi était au cœur d'une riche région, laCampanie, que lesRomains qualifiaient de « Terre des dieux » pour safertilité, sa proximité avec la mer et son climat[s 1]. Aujourd'hui, une municipalité de laville métropolitaine de Naples porte toujours ce nom (Pompei) ; le site antique (Pompei Scavi) en est unhameau.
Le volcan, éteint depuis plusieurs siècles, n'était pas une source d'inquiétude pour les habitants de la région. Ils n'en ignoraient toutefois pas complètement la nature, comme en témoignent ces quelques lignes deVitruve (Ier siècle av. J.-C.) :« … on dit que les feux qui brûlent sous cette montagne ont autrefois éclaté avec une grande force, et jeté beaucoup de flammes dans tous les lieux d'alentour »[1]. La terre, riche comme le sont tous les sols d'origine volcanique, permettait, en particulier, laculture de la vigne et donc favorisait l'afflux de population. Le nombre d'habitants de Pompéi au moment de sa destruction se situait, selon une étude approfondie datant de 2017, dans une fourchette comprise entre 7 500 et 13 500 personnes[2].
Pompéi était donc une terre prospère quand elle fut entièrement dévastée par une éruption du Vésuve. La date du 24 août 79, déduite du récit dePline le Jeune, témoin direct de l'éruption, est celle communément retenue (notamment par l'UNESCO) mais des recherches récentes indiquent que l'éruption a certainement été plus tardive dans l'année, probablement le 24 octobre[4] (cf.infra).
Cette fin tragique explique en partie la renommée de la ville ; quant auxfouilles archéologiques[5], elles ont permis de mettre au jour une cité florissante, de faire revivre toute une société et la richesse de son histoire.
La ville se développe d'abord vers l'est puis dans les directions nord-ouest et sud-est jusqu'à atteindre près de 66hectares[7], dont 44 d'habitations, le reste étant constitué de jardins et de champs se concentrant principalement au nord de la voie d'Abondance.
La cité fut sujette desÉtrusques pendant presque cinquante ans (jusqu'en 474av. J.-C.) lorsque ceux-ci occupèrent la partie intérieure de laCampanie, comme le confirment les plus anciennes inscriptions trouvées à Pompéi enlangue étrusque, avant d'être englobée dans la zone d'expansion desSamnites. Ces derniers agrandirent notoirement la ville, édifiant alors le centre historique dont les vestiges sont aujourd'hui encore très importants. On le reconnaît notamment grâce à samuraille d'enceinte plus ancienne, à l'architecture de certaines maisons (celles qui sont caractérisées par l'atrium de typetoscan), aux édifices publics duForum Triangulaire et au Temple d'Apollon dans le Forum civil.
De474 à424, lesGrecs reprennent le contrôle de la ville, restaurent lestemples, développent un quartier au plan géométrique (région VI), et entourent Pompéi de nouvelles murailles.
En424, Pompéi est reconquise par lesSamnites qui prennent le nom deCampani en arrivant dans les plaines[8]. On se remet à parler l'osque, langue commune aux plus anciens occupants de sourceindo-européenne, lesOsques, et aux nouveaux occupants, les Samnites qui étendent les murailles de la ville.
Sylla utilise descatapultes à lancer des pierres pour ébrécher les murailles de Pompéi dont les blocs de tuf gravés aux lettres osques gardent les empreintes des boulets (porte du Vésuve au nord).
Pendant ce temps,Rome avait entrepris son avancée progressive vers l'Italie du Sud et avait commencé à mettre à mal la résistance des populations italiques. Les peuples samnites durent eux aussi se soumettre à l'Urbs, aprèscinquante longues années de guerre. Avec la conquête de laCampanie, Pompéi connut donc la domination des Romains, devenantsocia, statut qui comportait le maintien d'uneautonomie locale.
Cette longue période de prospérité s'interrompt avec la guerre[9] menée contre Rome par les cités italiques — dont Pompéi — afin d'obtenir la citoyenneté romaine. En mars90, les villes samnites se révoltent contre Rome lors de laGuerre sociale. Cette fois, Pompéi se joint à elles. La guerre est dure et les Romains conduits parSylla prennent Pompéi. Ils donnent l'assaut entre la porte d'Herculanum et la porte duVésuve. Dans ce secteur, la muraille porte encore les traces desprojectiles tirés par les machines de guerre romaines[10]. Il nous reste un autre témoignage dusiège de la ville : on a retrouvé à différents endroits des inscriptions enosque — six au total —, appelées inscriptionseituns à cause d'un mot qui s'y retrouve régulièrement[11] et destinées à permettre aux défenseurs de la ville de rejoindre leur poste rapidement sans se perdre au moment d'un assaut.
Les Romains ne reconstruisent pas une nouvelle ville sur celle des Samnites, mais s'installent dans Pompéi telle qu'elle était au temps des Samnites.
Comme par le passé, Pompéi continua à s'agrandir et à se développer dans tous les domaines, en particulier dans le secteur économique, largement favorisée par sonarrière-pays fertile et par sa position géographique enviable. Toutes les activités liées au commerce et autrafic maritime progressèrent. La richesse de Pompéi provenait de la terre. Les fertiles sols volcaniques étaient propices à laculture de la vigne (l'un desvignobles réalisé à partir ducépageHolconia[note 1], près de l'amphithéâtre, suggère que le propriétaire, la famille des Holconii, vendait directement sonvin aux spectateurs[12]), et la mer était poissonneuse. Même les pierres de la région rapportaient de l'argent aux gens du cru : elles faisaient les meilleuresmeules demoulin à huile de tout le pays. Le résultat de ce remarquable développement fut immédiat : à l'extérieur, il conduisit à un accroissement de Pompéi par rapport aux autres villes de Campanie ; à l'intérieur, la conséquence fut l'augmentation générale de la qualité de vie d'une grande partie des différentes classes sociales. C'est ainsi que la classe des commerçants et des entrepreneurs, qui avaient fait la fortune de Pompéi, ne cessa de se développer, favorisée par l'exportation de l'huile, du vin et des parfums issus de fleurs (rose,giroflée,crocus), feuilles (myrte,vigne), racines (iris,valériane) ou fruits (coing, myrte,laurier)[13].
Via dell'Abbondanza, la rue principale de Pompéi
L'économie florissante entraîna un accroissement démographique considérable, une augmentation du niveau de vie de la population ainsi qu'un embellissement de la ville. Les nouveaux riches, désireux de prévaloir sur la classearistocratique traditionnellement détentrice du pouvoir, entrèrent en compétition pour faire étalage de leur opulence par le biais de somptueuses demeures, d'objets et de bijoux précieux. Lestremblements de terre les années précédentes ayant à plusieurs reprises endommagé lesvillae des riches famillespatriciennes, beaucoup de cesfamiliae étaient parties s'installer dans des régions moins sismogènes et avaient vendu leurs propriétés à ces nouveaux riches, notamment desesclavesaffranchis ayant amassé de coquettes sommes dans le négoce, l'agriculture ou d'autres activités plus ou moins louches[14]. L'expansion urbaine se réalisa surtout le long de la voie de l'Abondance(via dell'Abbondanza), centre symbolique de la nouvelle classe émergente.
Les résultats d'une étude génétique américaine, publiée dans la revue scientifiqueCurrent Biology en novembre 2024, remet en cause les certitudes historiques sur l'identité de certains habitants de Pompéi : lesgénomes des corps étudiés « font systématiquement remonter leur ascendance en grande partie à des immigrants récents venus de l’est de la Méditerranée »[15],[16]. « À l'époque, l'Empire romain s'étendait de laGrande-Bretagne à l'Afrique du Nord et auMoyen-Orient, tandis que Pompéi était située à côté de l'un des ports les plus fréquentés du monde antique, où les navires arrivaient régulièrement d'Alexandrie en Égypte »[16].
Sur les plans politique et culturel, l'importance de Pompéi restait moindre. La cité doit sa célébrité tardive au fait d'être restée dans l'état même où elle se trouvait au moment de la catastrophe. Elle nous offre ainsi un aperçu direct de la vie des Romains de cette époque dans une petite ville de province.
En59, survient un événement suffisamment notable pour que l'historienTacite le juge digne d'être relaté (Annales, XIV, 17) : à l'occasion d'un spectacle degladiateurs à l'amphithéâtre, une rixe sanglante éclate entre les habitants de Pompéi et ceux de la ville voisine de Nocera, causant des morts et des blessés. Les autorités impériales interviennent et tout spectacle de gladiateurs est interdit à Pompéi pour une durée de dix ans. Une fresque de Pompéi retrouvée dans la maison I, 3, 23 en conserve le témoignage[17].
Le 5 février 62[note 2], Pompéi et les nombreux établissements à proximité duVésuve sont endommagés par un importanttremblement de terre qui détruit une grande partie desédifices publics et privés[20],[21]. La date fait encore débat, certains auteurs pensant que le séisme a eu lieu en63[22]. Lesbas-reliefs retrouvés dans laMaison de Lucius Cæcilius Jucundus illustrent la catastrophe de manière saisissante. Des travaux derestauration sont immédiatement entrepris, nombre d'entre eux s'achevant rapidement — surtout ceux qui concernent les édifices privés. La classe sociale la plus défavorisée subit de graves conséquences car ses maisons sont détruites. La plupart des édifices publics et privés étaient encore en phase de consolidation et de restauration lors de l'éruption duVésuve[23].
Vers 70, la cité subit une nouvelle série de secousses telluriques : une partie des habitants — ceux qui en ont la possibilité — quittent la ville pour des lieux plus sûrs, vendant leurs possessions à très bas prix à d'autres habitants, qui acquièrent ainsi de grandes propriétés.
Un auteur plus tardif,Dion Cassius (IIe-IIIe), relate les événements de manière plus succincte et mentionne les prodiges qui les auraient accompagnés (des géants ressemblant à desTitans seraient apparus avant et pendant l'éruption)[26].
La ville longtemps prospère était en déclin économique (le vin pompéien était de plus en plus concurrencé par le vingaulois, ce qui entraînait la reconversion des terres moins rentables). Cette crise et la ruine durable de Pompéi expliquent en partie qu'elle ne fut pas reconstruite[31].
On peut se faire une idée des institutions de Pompéi à l'époquesamnite grâce aux inscriptions enosque que l'on a retrouvées. La cité était dirigée par unmagistrat appelémeddix tuvtiks assisté d'un ou plusieurs magistrats appelésaidilis etkvaisstur. Il existait également une assemblée appeléekumbernnieis et d'une sorte desénat appelékumparakineis[32].
l'assemblée populaire appeléecomitium, composée de tous les citoyens de sexe masculin : sa seule fonction était d'élire les magistrats et de décerner des honneurs ;
le conseil, appeléordo decurionum, que l'on pourrait assimiler à une assemblée législative, dont les décisions étaient mises en œuvre par les magistrats. Ses membres portaient le nom dedécurion, une espèce de conseiller communal. De nouveaux membres étaient admis dans l'ordo tous les cinq ans. Les décurions avaient généralement déjà exercé unemagistrature, bien que ce ne fût pas toujours le cas. Il existe au moins un cas avéré d'enfant admis dansl'ordo decurionum, le jeune Numerius Popidius Celsinus, connu par une inscription célèbre. Les décurions avaient des pouvoirs aussi divers que l'attribution d'une statue honorifique à un citoyen distingué ou la décision de bâtir l'odéon ;
quatre magistrats élus appelésduumvirs ouduoviri, fonctionnant par paires, dont la fonction était annuelle. Les deux magistrats supérieurs s'appelaientduoviri iure dicundo. Comme leur nom l'indique, ils exerçaient la justice et s'occupaient de manière générale de l'administration de la ville. Ils présidaient l'assemblée de l'ordo decurionum. Tous les cinq ans, on élisait desduoviri quinquennales, une fonction particulièrement prestigieuse et recherchée, puisqu'ils étaient chargés de procéder aurecensement des citoyens et d'établir la liste de ceux qui étaient éligibles à une magistrature. Deux magistrats subalternes s'appelaientduoviri ædiles. Ces deuxédiles étaient responsables des travaux publics, des édifices sacrés, de l'organisation des jeux (ludi enlatin).
Lesfouilles ont mis au jour une ville figée au moment exact de l'éruption, il y a plus de 1 900 ans. L'état de conservation du site provient de la couche de matériaux éruptifs — jusqu'à sept mètres[33] — qui a recouvert le site et l'a protégé des pillages et des intempéries. Lescendres ont également brûlé tous les tissus vivants, puis se sont déposées, créant à la fois une gaine protectrice et une image en creux de l'objet détruit[34]. Grâce à l'ingénieuse technique demoulage développée parGiuseppe Fiorelli qui fait couler duplâtre au sein des poches de cendre (la décomposition desmatières organiques crée un espace vide au sein de ces poches) avant de briser la coque de cendre durcie, on peut voir aujourd'hui les victimes dans l'attitude où la mort les a surprises par asphyxie[35]. Certains tentèrent de fuir, de protéger leurs enfants ou de mettre leur argent à l'abri. D'autres sont restés terrés dans leur maison. La majorité des habitants se sont sans doute enfuis tant qu'il en était encore temps[note 3]. Au cours des fouilles effectuées depuis 1748, on a retrouvé quelque 1 100 corps[36],[37],[38] à Pompéi, victimes des chutes de pierres ponces ou desnuées ardentes qui ont suivi. Même si l'on tient compte des corps qui pourraient encore se trouver dans les parties non dégagées de la ville et de ceux qui n'ont pas été recensés, ces chiffres sont relativement faibles.
Certains de ces moulages sont exposés à l'Antiquarium, auxthermes deStabies. D'autres ont été laissés à l'endroit même de leur découverte.
Trois corps ont été découvertsrécemment[Quand ?] : une femme enceinte, un chien et un cheval. En mai 2023, les archéologues ont exhumé deux corps dans les ruines de la Maison des chastes amants. Les squelettes ont été mis au jour lors de travaux de maintenance. Il s'agit probablement de deux hommes d'une cinquantaine d'années selon la direction du parc archéologique[39].
Le site, qui occupe une superficie de22 hectares, a été fouillé, en 2024, sur les deux tiers de sa surface. À cette date, 1070 unités résidentielles dotées de plus de 13 000 pièces ont été dégagées[40].
Peu après l'ensevelissement de la ville, des gens — qu'il s'agisse de propriétaires ayant survécu ou de voleurs — vinrent récupérer des matériaux ou des objets de valeur dans différents bâtiments, dont des statues demarbre. Ils ont laissé des traces de leur passage, comme dans une maison où lesarchéologues modernes retrouvèrent sur un mur le graffiti suivant : « Maison creusée »[41]. Au cours des siècles suivants, le terrain de la ville fut occupé sporadiquement. Son nom et son emplacement furent progressivement oubliés, tombant dans l'anonymat du lieu-ditCività, la cité.
En 1592, au cours des travaux de creusement d'un canal visant à dévier le fleuve Sarno pour alimenter le village deTorre Annunziata nouvellement édifié, l'architecteDomenico Fontana découvrit quelques plaques de marbre, despièces de monnaie et des édifices antiques aux murs recouverts d'inscriptions ou de peintures : voilà la première découverte, fortuite, desvestiges de Pompéi. Il mit notamment au jour une pierre portant l'inscriptiondecurio pompeis (qu'il faut traduire par « décurion de Pompéi », c'est-à-dire un membre duSénat de Pompéi), mais on crut qu'il s'agissait d'une villa appartenant au général et homme d'État romainPompée[42]. Les travaux finis, Fontana fit recouvrir de terre la tranchée. La décision de recouvrir les peintures a pu être perçue à la fois comme un acte decensure (en raison de la teneur érotique de certaines peintures) et comme la volonté de préserver dans le climat hostile de laContre-Réforme[43].
En 1709, des fouilles furent menées dans la région à l'instigation du princeEmmanuel-Maurice de Lorraine, comte d'Elbeuf, amateur d'histoire. Ayant fait l'acquisition d'un champ où l'on avait découvert des débris de marbre, il fit creuser des puits et des galeries et mit au jour trois statues qu'il offrit auprince Eugène de Savoie. Il découvrit ensuite d'autresstatues qui allèrent enrichir lecabinet de curiosités de sa villa de Portici. Cette villa fut acquise en 1734 par le nouveau roi de Naples,Charles III d'Espagne, qui s'intéressa aux objets qu'elle abritait. En 1738, il fit reprendre les fouilles et en confia la responsabilité à l'ingénieur-arpenteurRoque Joaquín de Alcubierre. La découverte d'une inscription permit alors d'identifier le site avec l'ancienne cité d'Herculanum. En avril 1748, Alcubierre interrompit les fouilles d'Herculanum et entreprit de nouvelles fouilles dans la région de Torre Annunziata, au lieu-ditCivita, où il pensait découvrir le site deStabies.
Ce qui fit la particularité de ce dernier site — que l'on ne connaissait pas encore sous le nom de Pompéi —, à savoir la facilité des travaux, s'explique par le fait que la couche decendre y était bien plus facile à extraire que lacoulée pyroclastique solidifiée, d'une épaisseur de plus de 20 mètres, qui avait recouvertHerculanum. Comme la moisson d'objets d'art déterminait les priorités, de nouvelles découvertes spectaculaires à Herculanum détournèrent pourtant Alcubierre du site deCività. Les travaux n'y reprirent qu'en 1755. Les techniques de fouille étaient déplorables : on détruisait les pièces jugées indignes d'être exposées et onremblayait les édifices fouillés après les travaux. Lors de son séjour en Italie, l'érudit allemandJohann Joachim Winckelmann fut consterné par ces pratiques et les dénonça. Ses écrits contribuèrent à la célébrité d'Herculanum et de Pompéi.
L'identification du site fut confirmée avec la découverte d'uneinscription faisant référence àRes Publica Pompeianorum[44] puis sur lepiédestal d'une statue brisée de marbre blanc :« Le tribun Titus Suedius Clemens, par ordre de l'empereurVespasien Auguste, ayant pris connaissance des causes et fait relever les mesures, a restitué à la ville de Pompéi les terrains du domaine public qu'avaient envahis des particuliers »[45].
Karl Weber, qui succéda à Alcubierre, mit un terme aux pratiques consistant à détruire tout ce qui n'était pas intéressant. Il fut également le premier à dresser un plan des fouilles. À sa mort, un officier dugénie espagnol, Francesco La Vega, lui succéda en 1764. Les autorisations de visiter le site étaient accordées avec parcimonie, et ceux qui les obtenaient n'étaient pas autorisés à prendre des notes ni à faire des dessins ou des plans. Winckelmann écrivit : « On pousse la sotte jalousie si loin, qu'on ne m'a pas permis de marcher d'un pas régulier, parce qu'on soupçonnait que je voulais prendre les dimensions des lieux, comme je l'ai aussi fait en effet. » À cette époque, tout individu cultivé se devait d'effectuer ce que l'on appelait leGrand Tour : un voyage à travers l'Europe, dont un séjour enItalie constituait une étape indispensable pour se forger une culture classique, et les sites de Pompéi et d'Herculanum firent bientôt partie de ce circuit.Mozart visita Pompéi en 1770,Goethe en 1787.
En 1765, la découverte de l'Odéon entraîna l'arrêt des fouilles à Herculanum. Désormais tous les efforts se porteraient sur Pompéi. La découverte duTemple d'Isis au mois de juin de la même année suscita une immense curiosité et fut un des déclencheurs de l'égyptomanie[46]. En 1769, l'empereurJoseph II, dont la sœur avait épousé leroi de Naples, rendit à Pompéi une visite qui ne fut pas sans conséquence. On avait mis en scène à son intention la « découverte » d'objets dans une maison, qui porte depuis le nom de maison de l'Empereur Joseph II (VIII, 2,39). L'empereur ne fut pas dupe, mais s'enthousiasma pour les fouilles et suggéra à son beau-frère d'augmenter l'effectif des ouvriers du chantier et d'accélérer les travaux[47]. En 1771, la découverte de dix-huitsquelettes lors de l'exhumation de lavilla de Diomède, suscita une vive émotion. Après l'éruption de 1779, il fut jugé plus prudent de transférer les collections de la villa de Portici àNaples. Au cours des années 1780, La Vega s'efforça de conserver certaines peintures sur place, plutôt que de les enlever, ce qui constituait un nouveau progrès. On commença également à reconstituer des éléments des structures supérieures des habitations. Il s'agissait de conserver, avec beaucoup de précautions, la décoration des murs et lesmosaïques, ainsi que les objets d'art ou de la vie de tous les jours, afin de procurer au visiteur une sensation de vie au fort impact émotif.
En1799, après l'entrée des troupes françaises à Naples et la proclamation de laRépublique parthénopéenne, leGénéral Championnet ordonna des fouilles partielles confiées à l'abbé Zarilli. Une maison découverte à cette époque porte le nom du général. En1808, l'arrivée deJoachim Murat commeroi de Naples, avec sa femmeCaroline, relança l'enthousiasme archéologique pour le site. Sous son règne, l'architecteFrançois Mazois publia les deux premiers volumes de son œuvre,Les ruines de Pompéi. Au cours de cette période, la direction des fouilles fut confiée à deux hommes compétents et dévoués, Michele Arditi et Pietro La Vega.
Le retour desBourbons fut marqué par un recul de l'activité sur le site, par manque de moyens financiers. On alla jusqu'à revendre des terrains qui couvraient Pompéi, achetés sous Murat. Les visiteurs de marque continuèrent à affluer sur le chantier, où on persistait à mettre en scène des « découvertes » à leur intention. Pire, maintenant que des peintures étaient laissées en place, pour l'agrément des visiteurs, on les arrosait pour aviver leurs couleurs[48]. Le roi, qui souhaitait que ses hôtes puissent visiter Pompéi en tout confort, fit même enlever certaines des pierres qui permettaient de traverser les rues dans l'Antiquité, de façon que lescalèches puissent y circuler[49]. En1822, une nouvelle éruption du Vésuve déposa sur les ruines une couche decendre qu'il fallut déblayer. En 1840, on créa uneligne de chemin de fer entre Naples et la porte Marine pour faciliter l'accès au site.
Une nouvelle phase commença en1860, avec le directeur des fouilles nommé parVictor-Emmanuel II,Giuseppe Fiorelli, directeur dumusée national de Naples et directeur des fouilles à Pompéi et àHerculanum, à qui l'on doit l'ingénieuse méthode demoulage[s 4] grâce à laquelle furent reconstituées — en versant du plâtre liquide dans les espaces vides laissés dans les couches de pierre ponce et de cendres par quelque 1 150 corps humains, sans compter les animaux, les arbres et les objets en bois — les formes de tous lescorps organiques demeurés emprisonnés dans les coulées de l'éruption. On peut voir des habitants de Pompéi dans l'attitude où la mort les surprit. Il y en a qui tentent de s'enfuir, de protéger leurs enfants… ou de mettre leur argent à l'abri. Certains de ces moulages furent exposés dans l'Antiquarium de Pompéi, détruit au cours de laSeconde Guerre mondiale[note 4],[50]. D'autres ont été laissés à l'endroit même où les corps furent autrefois découverts. Dans les années 2000, les études d'archéoanthropologie menées parEstelle Lazer(en) sur 300 corps pétrifiés montrent que contrairement aux idées reçues, les victimes n'étaient pas majoritairement des personnes âgées, des femmes et des enfants, mais un échantillonnage très disparate, représentatif de la population hétérogène (Osques,Étrusques,Pélasges,Samnites,Romains,Grecs,Juifs)[51]. À la suite de l'examen des os, la taille moyenne estimée est de 1,54 mètre pour les femmes, 1,64 mètre pour les hommes et 10 % des squelettes montrent des signes d'arthrose[52].
Giuseppe Fiorelli publia un ouvrage qui retraçait l'histoire des fouilles sous les Bourbons (Pompeianorum Antiquitatum Historia publié de 1860 à 1864 en trois volumes) et fit dégager les maisons par le haut plutôt que de dégager d'abord les rues et de pénétrer dans les maisons par le bas[53]. On lui doit un plan des rues de Pompéi, qu'il divisa en neuf « régions » (quartiers limités par les grandes artères aboutissant à chacune des portes)[54] subdivisées en blocs de maisons (les îlots appelésinsulae) et en numéros de propriétés (maison ou boutique)[55]. Ces fouilles scientifiques n'empêchèrent pas des propriétaires de terrains voisins de revendre leurs propres découvertes[s 4]. Après Fiorelli, la direction des fouilles fut assurée par deux de ses disciples, qui poursuivirent les travaux dans son esprit :Michele Ruggiero (1811-1900) etGiulio De Petra (1863-1913).
La nouvelle méthode de fouille connut une vigoureuse impulsion auXXe siècle, d'abord sous la direction deVittorio Spinazzola (1863-1943) qui entreprit de dégager la rue de l'Abondance sur une longueur de 600 m, de manière à relier le secteur occidental des fouilles à l'amphithéâtre, situé à l'extrémité orientale de la ville. Ces fouilles permirent de mieux connaître la vie économique de la cité, en dégageant sa principale artère commerciale. Spinazzola s'est également attaché à reconstituer les maisons en élévation, chose qui avait été négligée par ses prédécesseurs. La direction des fouilles fut ensuite confiée àAmedeo Maiuri (1924-1961), chercheur qui étudia, inlassablement pendant trente-sept ans, l'archéologie pompéienne et campanienne. Sous sa direction, les régions I et II furent presque complètement dégagées.
Le, Pompéi a connu untremblement de terre qui a fait peu de dégâts, mais a fragilisé de nombreux édifices. Une restauration a lieu dans les années 1980 et 1990, des piliers en bois remplaçant lebéton armé des années 1950 et lespoutrelles enacier des années 1970, mais leur choix se révélant tout aussi contestable[59].
Le début duXXIe siècle voit surgir de nouveaux doutes sur l'état de conservation du site(en) et la qualité du travail derestauration des autorités, qui ont utilisé des matériaux modernes (béton) bien trop lourds[s 5]. En2008, Pompéi est placé sous la responsabilité de laProtection civile en vertu d'une déclaration d'état d'urgence, ce qui a pour effet de déposséder lasurintendance du site et de permettre aux entreprises de restauration de déroger aux procédures desmarchés publics, source decorruption et d'incompétence[s 6]. À la suite de l'effondrement de laSchola Armaturarum (et non de la caserne[s 5] ou de la maison[s 7] des gladiateurs, comme de nombreux médias l'ont erronément affirmé), également connue sous le nom deSchola Iuventutis (III, 3, 6), en novembre 2010[s 8], l'UNESCO a, en décembre de la même année, envoyé desexperts chargés de vérifier l'état de délabrement des vestiges alors qu'en 2012, plus que 10 % des maisons sont ouvertes aux visites et que seules cinq zones sont ouvertes contre cinquante dans lesannées 1960[s 9],[s 10].
Depuis, d'autres effondrements ont eu lieu[s 11],[s 12].
En mars 2012, est lancé le « Grand Projet Pompéi » estimé à 105 millions d'euros, dont 41,8 millions venant de l'Union européenne[s 13] : ce projet vise à restaurer cinq maisons endommagées et créer un système dedrainage deseaux pluviales afin de protéger les ruines de l'humidité. Cependant, laCamorra est accusée de faire pression sur les surintendants du site depuis l'ouverture des fouilles auXIXe siècle[s 6], de détourner lessubventions de restauration enrackettant les entreprises appelées à intervenir sur le chantier[s 14] et ainsi d'avoir intérêt à ce que leséboulements subsistent pour continuer à bénéficier des financements publics[s 15]. Cette main basse de lamafia est probablement en lien avec l'inculpation pour corruption,abus répétés de pouvoir,fraude, factures gonflées etescroquerie aux dépens de l'État de Marcello Fiori,commissaire extraordinaire de laProtection civile nommé par le premier ministreSilvio Berlusconi pour gérer Pompéi[s 10].
Lacrise économique que subit l'Italie à la fin desannées 2000 et le désengagement de l'État consécutif font qu'il ne reste quotidiennement que 6 ouvriers et 25 gardiens peu regardants sur l'immense site dont la restauration est confiée à des entreprises privées incompétentes, ce qui explique l'existence d'éboulements masqués (9 sur 10 ne sont pas déclarés), defouilles clandestines, de vols d'objets ou de fresques, dechiens errants dont lastérilisation s'est révélée inefficace, etc.[s 16].
À la fin de l'année 2015, dans le cadre du Grand Projet Pompéi, sixdomus restaurées, parmi lesquelles lafullonica de Stephanus, ont été rouvertes au public. En 2018 et 2019, à l'occasion de la sécurisation du front de fouilles, plusieurs nouveaux édifices ont été mis au jour comme la maison de Léda et le cygne, la maison d'Orion et la maison du Jardin[60].
En décembre 2018, des archéologues ont découvert des restes de chevaux attelés dans la Villa des Mystères[61],[62],[63].
En décembre 2020, unthermopolium, auberge où l'on trouvait de la nourriture et des boissons chaudes, a été fouillé dans la Regio V. Outre des fresques aux couleurs vives représentant des exemples des mets proposés, les archéologues ont découvert huitdolia (pots en terre cuite) contenant encore des restes de repas : canard, chèvre, porc, poisson, escargots[66]. Ils ont également trouvé un bol à boire en bronze décoré, du genre connu sous le nom depatère, des flacons de vin, une amphore et des vases en terre cuite utilisés pour cuire des ragoûts et des soupes. Une fresque représente un chien avec un collier et une laisse, rappelant peut-être aux clients de tenir leurs animaux attachés. Le squelette complet d'un petit chien adulte a également été découvert, mesurant seulement de 20 à 25 cm à l'épaule, ce qui témoigne de l'élevage sélectif des chiens à l'époque romaine[67],[66],[68].
En janvier 2021, un « grand char de cérémonie à quatre roues » bien conservé a été découvert dans le portique de la luxueuse villa de Civita Giuliana[69], au nord de l'enceinte de Pompéi, où une écurie avait déjà été découverte en 2018[70]. Le char est constitué de bronze et de panneaux de bois en noir et rouge, avec, à l'arrière, des médaillons gravés en argent et en bronze. On pense maintenant qu'il s'agit d'un carrosse nuptial élaboré et unique appelépilentum : ce char a été restauré en 2023 pour être exposé aux thermes de Dioclétien[71]. À proximité, les corps de deux fugitifs ont été retrouvés et moulés à l'aide de plâtre, ainsi que, dans une écurie, les restes de chevaux, dont un encore attelé.
En 2021, une tombe peinte exceptionnelle duIer siècleapr. J.-C. d'un affranchi nommé Marcus Venerius Secundio, contenant des restes humains momifiés, a été découverte à l'extérieur de la Porta Sarno[72]. Son inscription indique qu'il a obtenu la garde du temple de Vénus et l'adhésion aux Augustales, prêtres du culte impérial. L'homme s'est aussi distingué dans l'organisation de spectacles grecs et latins d'une durée de quatre jours, constituant la première preuve d'événements culturels grecs à Pompéi.
Référence cadastrale de Fiorelli : division de Pompéi en régions.
On doit àGiuseppe Fiorelli la division conventionnelle de la ville en neuf « régions », elles-mêmes divisées en îlots (insulae), à l'intérieur desquels chaque maison ou boutique est affectée d'un numéro, de manière à identifier un édifice en complétant son nom conventionnel le plus connu : par exemple, maison des Amants chastes, IX (région), 12 (îlot), 6 (numéro du bâtiment). Ce système officiel est toujours en usage.
Pompéi est dotée d'une enceinte de quelque 3 200 m de longueur[73], qui a connu plusieurs phases de construction. Ce n'est que sous le règne deMurat que l'entièreté du périmètre de ces fortifications fut reconnue (1813-1814)[74].
La première enceinte, construite vers 570av. J.-C.[75], fut érigée en pierres tendres locales, untuf volcanique gris-noir appelépappamonte qui délimitait une aire de63,5ha[76]. Sa longueur a fait l'objet de débats. Elle englobait la région VI, mais ne s'étendait certainement pas aussi loin vers l'est qu'actuellement. Elle correspondrait à la période étrusque de Pompéi.
Vers 300av. J.-C. fut bâtie la première enceintesamnite, faite de calcaire du Sarno, enopus quadratum. La ville atteint les dimensions qu'on lui connaît actuellement. Le mur double fait place à une muraille renforcée vers l'intérieur par unagger (talus vers l'intérieur des fortifications) soutenu à sa base par un petit mur. Les portes sont également dotées de fortifications plus sophistiquées.
Un peu plus tard, une deuxième phase samnite voit le renforcement de l'enceinte vers le nord, qui était le secteur le plus vulnérable. Pour cette phase, on emploie du tuf de Nocera. On en revient à une double courtine, la courtine intérieure étant plus élevée, et l'agger est agrandi.
Au cours de la dernière phase, à la fin duIIe siècle av. J.-C., certaines parties sont restaurées enopus incertum et furent bâties douze tours à intervalles irréguliers au nord, à l'est et au sud. Elles sont numérotées dans le sens inverse des aiguilles d'une montre[78] depuis le sud jusqu'à la porte d'Herculanum, et comportaient trois étages percés de meurtrières étroites aux étages inférieurs et d'ouvertures plus larges au troisième pour permettre l'emploi d'armes de jet. Ces tours étaient munies d'un revêtement enstuc, dont il subsiste des parties.
L'enceinte est percée de huit portes : la Porte marine, la Porte de Stabies, la Porte de Nocera, la Porte du Sarno, la Porte de Nola, la Porte de Capoue, la Porte du Vésuve et la Porte d'Herculanum. Ces noms modernes sont liés aux différents endroits vers lesquels elles mènent. Dans l'Antiquité, elles portaient des noms différents : la porte d'Herculanum s'appelaitPorta Saliniensis ouPorta Salis, c'est-à-dire la Porte du Sel, parce qu'elle menait auxsalines voisines[79].
Lesornières laissées par les roues des attelages[note 6] dans unevoie pavée de Pompéi, donnent une idée dutrafic[note 7] (leur charge étant limitée par leCode théodosien)[note 8] et indiquent un gabarit des véhicules relativement[note 9] normalisé[80]. Des bornes (gomphi) le long des rebords des trottoirs (umbones) permettent de monter ou descendre duvéhicule ou de la monture. Despassages piétons permettent de traverser la rue à pied sec. Des entailles en biseau sur les bordures droites aux intersections, signalent des virages trop serrés issus d'unecirculation à droite quand le trafic se fait à double sens[81].Fontaine publique.
Pompéi est divisée par un réseau de rues qui a évolué au fil des siècles. Le tracé des rues a évolué avec les différentes populations qui se sont succédé. Le noyauosque de la ville possède un tracé tortueux qui tranche avec l'urbanisme rectiligne des Grecs et desSamnites. Lecardo (du nord au sud) primitif de la ville est matérialisé par la rue de Mercure. Ledecumanus (est en ouest) le plus ancien est composé de la rue de la Mer et une partie de la voie de l'Abondance. Ces axes primitifs sont modifiés : lesdecumani sont matérialisés en 79 par l'axe allant de la Porte Marine à la Porte du Sarno (voie de l'Abondance) et par la rue de Nola pour le deuxièmedecumanus. Lecardo principal relie la Porte du Vésuve à la Porte de Stabies.
Les noms antiques des rues de Pompéi nous restent inconnus dans leur majorité. Une inscriptionosque près de la porte de Stabies a livré quelques noms : via Pompeiana, via Decuviaris, via Iovia, mais il s'agit fort probablement d'artères à l'extérieur de la ville[82]. Une autre inscription osque mentionne une « viu Mefiu » qui serait la rue située entre la rue de l'Abondance et la rue de Nola. Il est possible que seules les artères principales aient porté un nom et que les autres aient été affectées d'un numéro, comme semble l'indiquer une rue où l'on a retrouvé un graffiti « Via III »[83]. Les appellations actuelles des rues sont des noms conventionnels que les archéologues leur ont donnés pour l'une ou l'autre raison, des plus importantes, comme la rue de l'Abondance, qui doit son nom à la sculpture d'unecorne d'abondance, aux plus humbles, comme la ruelle des Squelettes, qui doit son nom à la découverte des squelettes de quatre personnes.
La voie de l'Abondance constitue ledecumanus maximus (principal) de Pompéi. Elle va de la rue deStabies auForum Civil puis de la rue de la Mer à la porte Marine pour son tracé le plus ancien. Elle relie les noyaux les plus importants de la ville : le Forum, les thermes de Stabies, l'amphithéâtre et laGrande Palestre. Dans sa plus grande largeur, elle fait 8,50 m.
La voie de l'Abondance crée un carrefour avec la rue deStabies : le carrefour d'Holconius. Une statue deMarcus Holconius Rufus(de) couronnée de laurier avait été placée à côté de l'un des quatre piliers de l'Arc de triomphe à quatre faces qui couronnait le carrefour. Sur un angle de ce même carrefour, une fontaine avec un bassin décoré d'un bloc sculpté représentant laConcorde tenant une corne d'abondance a donné son nom à la rue.
Il faut imaginer cette rue comme la plus représentative de la Pompéi romaine. Le grouillement des clients, commerçants, paysans, habitants avec les boutiques aux marchandises variées, ateliers, thermopolii et maisons en font la rue la plus vivante de la cité.
« Affiche électorale » peinte en lettres rouges sur le mur blanchi à la chaux d'une maison. Les femmes ne votaient pas mais certaines soutenaient des candidats (thermopolium d'Asellina)[84].
Peintes sur les façades des bâtiments (maisons, boutiques, édifices publics), plusieurs centaines deprogrammata ont été retrouvées dans les rues de Pompéi. Ressemblant à desaffiches électorales, ces programmes consistent plutôt en de brèves déclarations des commerçants, voire de simples particuliers, en soutien en faveur des candidats à l'édilité ou auduovirat. Cesrogatores (partisans ou sympathisants) embauchent desscriptores (littéralement peintres en signes) qui sont spécialisés[note 10] dans cette activité[85]. Il n'est pas rare qu'une « affiche » recouvre celle d'unecampagne électorale précédente, ce qui témoigne de la vitalité politique urbaine romaine, lafin de la République(en) ayant pu stimuler l'intérêt des citoyens pour les élections locales[86],[87].
Leforum était le centre de la ville, centrereligieux (où s'élevaient les principaux temples comme celui deJupiter, père de tous les dieux, d'Apollon et desLares) et centre politique, dans la mesure où c'était là que s'exerçait la justice, et que les institutions publiques municipales avaient leur siège. Enfin, c'était aussi le centre économique de la cité, l'endroit où s'effectuaient les tractations et les échanges commerciaux. Les entrepôts de denrées alimentaires et, parfois, le siège des catégories de métiers les plus représentatifs y trouvaient également place. On a retrouvé dans lavilla de Julia Felix une frise connue sous le nom de « Scènes de la vie du Forum », qui donne une bonne idée de l'animation de l'endroit et de la variété des activités qui s'y exerçaient : marchands ambulants, une dame faisant l'aumône à un mendiant, deux hommes rendant probablement la justice… Une des scènes les plus frappantes est une classe en plein air, dont les élèves détournent les yeux tandis que l'un d'eux, les fesses dénudées, reçoit une correction[88].
Le forum était un vaste domaine situé en un point central. Celui de Pompéi, qui compte une vaste aire rectangulaire dont le périmètre mesurait plus de 400 mètres (38 m sur 142 m)[89], se trouve dans le quartier sud-ouest ; il est donc excentré par rapport au centre habité. Le choix de cette zone fut déterminé par des raisons contingentes comme la nécessité de trouver un terrain suffisamment grand et plat, chose particulièrement difficile à Pompéi en raison de son emplacement sur un étagement lavique fortement incliné vers la mer.
L'image que le forum donnait autrefois de lui était à coup sûr plus grandiose et monumentale : il suffit de penser que cet endroit était parcouru sur ses trois côtés par une longue et élégante colonnade surmontée à son tour par une vaste galerie. Entre les colonnes étaient placées des statues de personnages illustres, ainsi que latribune destinée à accueillir les orateurs.
Sur le fond se dressait le grand escalier menant au Temple de Jupiter qui fermait la place d'une manière très scénographique. Ce temple était l'équivalent local dutemple de Jupiter capitolin, protecteur de Rome.
En parcourant le côté ouest duportique et en longeant le temple d'Apollollon, on voit, dans une niche creusée dans le mur extérieur du temple, lamensa ponderaria destinée au contrôle des poids et mesures. Du même côté du portique est situé un entrepôt de céréales (horreum).
La façade se situe au fond du chalcidicum et son entrée est revêtue d'unefrise sculptée sur lespiédroits et lelinteau. Desrinceaux d'acanthes avec des animaux s'y cachant sont sculptés dans le marbre. Ce type de sculpture rappelle le relief sculpté de l'Ara Pacis àRome. Après le tremblement de terre de 62, les plaques de marbre ont été retirées et stockées dans les petits locaux derrière la façade. La façade fut revêtue de briques en attendant une restauration. Deuxexèdres àabsides flanquées de niches rectangulaires rythment la façade. Les niches rectangulaires portent à leur base deselogia deRomulus etÉnée dont les statues étaient présentes. Il s'agit d'un programme iconographique comparable à celui duForum d'Auguste à Rome. Deux exèdres rectangulaires sont situées aux extrémités de la façade. On y accédait par quelques marches. Il s'agirait des tribunes destinées à la vente à la criée de la laine si l'on accepte l'hypothèse d'une bourse à la laine. Une tribune réservée à la déclamation deselogia lors des fêtes impériales est aussi possible. Deux pièces de service sont situées derrière la façade. Celle au nord sert de loge au gardien et celle du sud abrite un grand récipient en terre cuite encastré dans une plateforme pour recevoir les urines (voirinfra, la fullonica de Stephanus).
Une fois passée la façade, on pénètre dans une cour intérieure ceinte par un portique à colonnes corinthiennes en marbre sur un possible double ordre de colonnes. Cette cour est pavée de marbre, longue de 37,70 m et large de 19,16 m. Le long du portique est, s'aligne une série depiédestaux en marbre blanc ainsi que des pierres légèrement creusées. Uneciterne se situe au centre du portique ouest, côté cour, fermée par une dalle possédant encore son anneau. Le portique est large de 4 m. Son mur était revêtu d'un soubassement de marbre africain mouluré d'arabesques[p 1]. Ce décor a totalement disparu actuellement, mais reste décrit dans des livres de l'époque. Dans l'axe de l'entrée, entre deux massifs de blocage portant des bassins, on trouve une abside. Cette dernière est soutenue par deux piliers carrés et peinte en vert et rouge. Deux colonnes surmontées d'untympan précédait cette abside. Une statue de laConcorde fut découverte dans cette abside, mais la tête manquait. Elle portait encore des traces de dorure et de peinture rouge. Deux petits jardins avec deux niches semi-circulaires flanquaient les extrémités.
On pénètre dans lecryptoportique par deux portes du côté de la façade ouest. Il s'agit d'une galerie couverte avec des baies donnant sur le portique. Les murs étaient décorés de panneaux peints alternativement jaune et rouge avec de petits sujets au milieu. Le soubassement était peint en noir avec un décor de fleurs rouges et jaunes et de plantes. Au centre de la galerie est, une niche carrée peinte en vert et rouge à soubassement noir abrite une statue d'Eumachia consacrée par lesfoulons avec un piédestal portant une inscription :Eumachia L[uci] f(iliae) sacerd(oti) publ(icae) fullones ou « Les foulons ont dédié (cette statue) à Eumachia, fille de Licius, prêtresse publique ». Cette statue fut découverte le 2 mars 1820 et elle portait encore des traces de couleur rouge et verte[p 1].
Toute l'iconographie que l'on retrouve dans l'édifice d'Eumachia est inspirée par la politique augustéenne. Celle-ci devait tenir lieu de propagande électorale.
L'entrée principale se situe sur le côté est donnant sur le forum, précédée d'unchalcidicum ou vestibule. Cinq baies sont délimitées par des piliers en gros blocs de tuf gris[93]. On accédait à la salle principale par un escalier de quatre marches enbasalte et cinq portes, les trois centrales étaient flanquées de quatrecolonnes ioniques, tandis que les deux latérales étaient délimitées par des pilastres. Une entrée se trouve aussi sur chacun des côtés nord et sud. Ces entrées latérales sont creusées dans un mur de briques reliées aux deux colonnes d'angle et aux murs latéraux de la basilique.
L'intérieur est divisé en troisnefs par vingt-huit grandes colonnes corinthiennes faites de briques recouvertes destuc. Vingt-quatre demi-colonnes ioniques étaient appuyées contre les murs latéraux. Elles étaient elles-mêmes surmontées de demi-colonnes corinthiennes. Les murs portaient un décor dupremier style en stuc, dont il subsiste des fragments[94]. Un étage devait exister, mais on en sait peu de choses. Plusieurs hypothèses ont été avancées pour la couverture de la basilique. La plus répandue est celle d'une nef centrale découverte, seules les nefs latérales possédaient un toit. Maintenant, on suppose plus volontiers un toit en bâtière recouvrant l'ensemble reposant sur uneferme unique à tuile avec desantéfixes àpalmettes.
Outre ces aménagements, d'autres pièces plus discrètes aidaient au bon fonctionnement de la basilique. À l'est de la basilique, un avant-corps à deux étages abrite une pièce souterraine à laquelle on accédait par deux escaliers encadrant l'avant-corps. Il peut s'agir du lieu de dépôt des archives. Le tribunal est également flanqué de deux pièces carrées s'ouvrant sur deux colonnes d'antes. Ces pièces abritaient sans doute des officines liées aux activités de la basilique.
À l'extérieur de l'édifice, dans l'angle sud-est, une petite pièce rectangulaire possède un pavement surélevé par rapport à celui de la basilique. Cette pièce est accessible depuis lechalcidicum sans doute par un escalier en bois. Un puits de plus de 21 m de fonds occupe la partie Ouest. La partie Est possède un réservoir se remplissant de l'eau du puits grâce à uneroue hydraulique. On ignore à quoi servait exactement cette pièce. Peut-être alimentait-elle une fontaine à l'intérieur de la basilique, qui fut démantelée après le tremblement de terre de 62. Le puits était obstrué, sans doute a-t-il été abandonné avec l'arrivée de l'aqueduc d'Agrippa qui amena les eaux duSerino.
La façade principale du Macellum donne sur le forum. Le bâtiment n'est pas dans l'axe de ce dernier. Pour y remédier, lesboutiques qui occupent la façade sont de moins en moins profondes en allant du nord au sud. Le portique du forum masque la façade et crée avec celle-ci unchalcidicum ou vestibule. On suppose que les boutiques de cette façade devaient être des bureaux de change (tabernae argentariae). La façade monumentale est aménagée avec deuxpiédestaux recouverts de marbre. Ils supportaient deux statues ou deux colonnes sur lesquelles reposait unearchitrave s'appuyant sur les murs latéraux. Dans l'entrée, une niche était cantonnée par deux colonnes corinthiennes en marbre. L'entrée se trouvait donc limitée en deux accès de modeste dimension sur les côtés de cetédicule.
Il existe deux autres entrées pour le Macellum. Une entrée se trouve sur le côté nord avec à côté une niche où étaient peints des serpentspropitiatoires. Une entrée au sud-est donne sur la voie des Balcons Suspendus.
Cour du Macellum
À l'intérieur de l'édifice s'ouvre une grande cour. Elle est entourée d'un portique sur quatre côtés. Le côté sud possède onze boutiques ouvertes sur cette cour et possédant un étage. Les boutiques des côtés ouest et nord du Macellum ouvrent sur l'extérieur et sont isolées de ce dernier. Au centre de la cour, douze bases de colonnes sont placées endodécagone. Ces colonnes portaient un toit conique. Unetholos occupait ainsi le centre de la cour. Elle abritait un comptoir destiné à la préparation du poisson. Une fontaine en occupait le centre et permettait de toujours avoir de l'eau à disposition pour nettoyer les poissons. Le pavement de cette tholos était fait de galets cernés d'unlistel en marbre qui guidait l'eau sale vers un conduit sous-jacent. Des arêtes et des écailles ont été retrouvées en masse dans ce conduit.
La partie est du bâtiment est partagée en trois pièces. La pièce centrale est en fait unsacellum, une sorte de temple. Il se situe dans l'axe de la tholos et de l'entrée donnant sur le forum. Il possède une façade avec un escalier flanqué de deuxpodiums. La pièce abrite unédicule dont seule la base a été conservée. Elle servait de support à la statue d'un empereur dont seul un bras avec une main tenant une sphère subsiste. Les deux parois latérales possèdent chacune deux niches. Elles abritaient les statues honorifiques de personnalités locales ayant adopté l'iconographie impériale[95].
La pièce au sud du sacellum abrite deux longs comptoirs en « L » accolés et creusés d'un canal permettant l'écoulement continu de l'eau. C'est dans cette pièce qu'avait lieu la vente du poisson. Sa façade était aménagée avec deux colonnes. Des peintures duIVe style subsistent encore. Un mur montre un tableau où figurent des personnifications du Sarno et de l'Abondance entourées denymphes. Le mur central possède un panneau avec desGénies ailés portant des jeunes filles sur leurs épaules. Un deuxième panneau montrePénélope reconnaissant Ulysse surmonté d'unenature morte. Ces fresques ont été récemment restaurées.
Le forum occupe un espace presque triangulaire, d'où son nom. Un portique de quatre-vingt-quinze colonnes entoure le forum sur trois côtés. Le quatrième côté, au sud-ouest, est équipé d'unebalustrade et s'ouvre sur le panorama de labaie de Naples et sur l'embouchure du Sarno. La colonnade et lestylobate du portique ont été restaurés en 62. Sur le côté nord du portique, on trouve une fontaine et le socle d'une statue deMarcellus[Lequel ?]. Un muret longe la colonnade à l'est. Il crée ainsi un large corridor allant du nord au sud. On suppose qu'il s'agit d'une piste pour les courses athlétiques et équestres se déroulant pendant les fêtes religieuses.
Un templedorique archaïque occupe le centre du forum. Il n'en reste que lepodium. Il est orienté nord-ouest/sud-est. Le temple est en mauvais état de conservation : il a subi de nombreux remaniements pendant l'Antiquité et a été touché par un bombardement en 1943. Quatre remaniements ont été effectués entre la fin duVIe siècle et leIIe siècle av. J.-C. Selon les vestiges, la période la plus ancienne du temple correspond auVIe siècle av. J.-C.[98]. Il s'agit d'un templedoriquepériptère avec sept colonnes en largeur et onze colonnes en longueur. Ce nombre de colonnes ne respecte pas les normes classiques sans doute à cause du temple d'origine en bois. Ce dernier possédait quatre colonnes en largeur et six colonnes en longueur, mais pour une meilleure stabilité des colonnes ont été ajoutées. Leschapiteaux des colonnes possèdent uneéchine très aplatie, ce qui les fait remonter auVIe siècle av. J.-C. Lepronaos est composé de deux colonnescorinthiennes datant d'une restauration ultérieure. Le côté est de la cella possède une base rectangulaire décentrée. Cela démontre l'existence d'une seconde base sur le côté opposé. Deux divinités devaient avoir leur culte dans ce temple à doublecella. Il s'agirait deMinerve etHercule selon lesantéfixes découverts. En 62 le temple est très endommagé, et en 79 il n'est toujours pas restauré.
Une double enceinte rectangulaire se situe devant la façade du temple. Elle représente probablement l'hérôon ou lieu de culte du fondateur de la ville. Trois autels en tuf sont adjacents au temple et à l'hérôon.
Après l'hérôon, unetholos de sept colonnesdoriques renferme un puits creusé dans la lave. Une inscription enosque la présente comme un édifice élevé par les soins de Numérius Trebius,meddix tuticus (la charge publique la plus importante sous lesSamnites)[99],[100].
Au nord-ouest du temple, un siège en demi-cercle à griffes de lion en guise de pieds correspond à laschola[Laquelle ?]. Il a été réalisé par Lucius Spunius Sandilianus et Marcus Herennius Epidianus, lesduumvirs sousAuguste. Uncadran solaire était installée derrière cette schola.
Ils comportent deux sections, une réservée aux hommes et l'autre réservée aux femmes ; toutes les deux possèdent unfrigidarium (salle froide), untepidarium (salle tiède) et enfin uncaldarium (salle chaude)[102]. Le système de chauffage et de refroidissement des pièces s'effectuait à travers un système de tuyauterie inséré dans les interstices des murs.
Toutes les salles présentent une élégante décoration. Dans la section masculine — la partie la mieux conservée — on peut distinguer la pièce faisant office de vestiaire (apodyterium), dont l'entrée donne sur lavia delle Terme, puis le frigidarium circulaire orné de grandesniches, destucs et depeintures.
Dans le tepidarium des hommes, on peut admirer une splendidevoûte enberceau, travaillée en stuc, et une série detélamons (statues adossées aux piliers) en terre cuite placés entre des niches rectangulaires ; en outre, le caldarium possède une voûte en berceau et une abside dans le fond. La partie de l'édifice qui donne sur la rue comporte plusieurs boutiques.
Les thermes possèdent enfin une cour entourée d'arcades pour lesexercices gymniques en plein air, qui, dans les complexes réalisés à la suite, sera remplacée par une grandepalestre, généralement dotée d'une piscine.
Les thermes deStabies occupent une vaste zone comprise entre la ruelle du Lupanar, le carrefour d'Olconius et la rue de Stabiae. Ils constituent le complexe thermal le plus ancien de la ville. Leur construction date de l'époque de l'assujettissement de Pompéi à Rome et ils furent plusieurs fois agrandis et embellis par la suite afin de répondre aux nouveaux besoins de l'afflux de la population. L'édifice originel, celui qui est situé au-delà des arcades, date de la période samnite. Le plus récent, qui remonte à la restructuration d'époque romaine, est la partie qui donne du côté ouest. Ces thermes sont organisés selon des critères extrêmement fonctionnels.
L'ensemble thermal compte un système très ingénieux de bains répartis autour d'une aire centrale de plan trapézoïdal servant de palestre et entourée de portiques sur trois côtés[103]. Une piscine (natatio), pour nager, en occupe le côté ouest. Les Thermes de Stabies se composent de trois parties. Tout d'abord, les salles du secteur nord, celles qui sont les plus anciennes, dotées d'une série delatrines. Un second secteur comprend le groupe de bains privés situés derrière le portique septentrional. Le troisième secteur est situé dans la partie est : il se compose de vestiaires, d'un vestibule et de différentes pièces pour les bains froids (frigidarium), pour les bains tièdes (tepidarium) et pour les bains chauds (caldarium). Ces thermes présentent des divisions très marquées entre la zone réservée aux hommes et celle qui est réservée aux femmes.
Toutes les deux sont organisées de la même manière, mais la section féminine est plus simple et plus dépouillée. Les salles sont souvent décorées de stucs très raffinés et figurant parmi les plus beaux de l'art pompéien.
Il est également possible de discerner le système de réchauffement et de refroidissement des pièces fonctionnant à travers un réseau de tuyaux qui conduisent l'air et l'eau à diverses températures dans les interstices des salles.
Dans le troisième secteur, les bains publics sont agrémentés d'une piscine et de salles servant aux activités gymniques.
Fouillés dans les années 1980, lesThermes suburbains(it) sont, comme leur nom l'indique, situés en dehors des murailles, près de la porte de la Mer. Ces bains privés, aménagés au rez-de-chaussée d'une maison particulière autour d'une grande terrasse, d'où on jouissait d'une vue sur la mer, sont connus pour leur vestiaire (apodyterium) décoré de peintures à sujet érotique, dont deux représentent des rapports sexuels en groupe[104]. Ces peintures s'inspirent peut-être deL'Art d'aimer d'Ovide. Sous ces peintures érotiques se trouve une série de peintures de corbeilles numérotées, dont on ne s'explique pas la fonction exacte. Contrairement aux autres établissements thermaux de Pompéi, on n'a pas retrouvé de secteur réservé aux femmes[105].
Il s'agit d'un merveilleux exemple dethéâtre romain construit auIIe siècle av. J.-C.[106] et dont la scène fut par la suite transformée. Sa typologie se réfère à celle desthéâtres grecs dans la mesure où son architecture s'adapte à la forme naturelle du terrain. Il a été agrandi à l'époque d'Auguste par lesduumvirs Marcus Holconius Rufus et Marcus Holconius Celer. À l'occasion de spectacles, il pouvait être couvert par unvelarium, mais il ne possédait pas d'équipements stables comme l'Odéon. Sa capacité pouvait atteindre les 5 000 places[107]. On y jouait des comédies et des tragédies.
Une particularité de ce théâtre était le fond dont la scène pouvait bénéficier : la vue s'étendait sur la splendide couronne de montagnes situées à l'arrière-plan de Pompéi. Dans la partie sud du théâtre, une colonnade était destinée à accueillir les spectateurs durant les entractes ou au terme de représentations.
Des éléments qui le constituaient, il ne reste aujourd'hui que les gradins inférieurs (ima cavea), destinés aux personnages les plus importants de la ville. Ils sont recouverts de dalles de marbre. On aperçoit aussi une petite partie de la zone moyenne de la cavea (media cavea), ainsi que les vestiges de la scène romaine typique avecniches etédicules, restaurée après le tremblement de terre de 62. Trois portes permettaient aux acteurs de passer à l'arrière, dans lepostscaenium utilisé comme vestiaire. Des restes de bassins retrouvés au cours de tentatives de fouilles au-dessous du niveau de l'orchestre qui, contrairement à l'ancien usage grec, n'était pas utilisé pour les représentations scéniques, prouvent l'utilisation dejeux d'eau, particulièrement répandus dans lemonde romain.
Au moment de l'éruption du Vésuve, les réparations du tremblement de terre de 62 n'étaient pas encore achevées et les gradins, de même qu'une grande partie de la scène, n'étaient pas reconstruits.
Édifié auIer siècle av. J.-C. par lesduumvirs Caius Quinctius Valgus et Marcus Porcius[108], l'Odéon représentait l'un des exemples les plus harmonieux et équilibrés d'architecture de ce genre. Il s'agissait d'après la dédicace des duumvirs d'un théâtre couvert (theatrum tectum)[109]. Le toit était fondamental pour l'acoustique de l'édifice ; la présence de cet élément, avec d'autres caractéristiques architecturales, a permis d'identifier l'édifice comme étant unodéon. Plusieurs fresques duIIe style qui décoraient la scène, aujourd'hui disparues, confirment la date unitaire de l'édifice.
Il ne pouvait contenir qu'un millier des spectateurs[110], d'où son nom de petit théâtre. Il est assez bien conservé et bénéficie d'une disposition typique du théâtre grec avec une structure encaissée sur une pente naturelle du terrain. Il accueillit de nombreuses manifestations théâtrales et musicales. C'est ici notamment que l'on jouait lesreprésentations mimiques.
C'est un édifice imposant, de forme elliptique, mesurant 140 m sur 105 à l'extérieur[111], qui pouvait contenir 12 000 spectateurs (certaines sources avancent le nombre de 20 000) et dans lequel se déroulaient les combats de gladiateurs, fort appréciés des Pompéiens, comme en témoignent de nombreux graffitis ainsi que les « edicta munerum », c'est-à-dire les annonces des programmes des jeux, dont on a retrouvé 75 exemplaires[112]. L'amphithéâtre, construit vers 70av. J.-C.[113], est le plus ancien du monde romain découvert à ce jour.
Le grand gymnase, aussi appelépalestre, fut mis au jour parAmedeo Maiuri le long de la rue de l'Abondance. Construit sous Auguste, il mesure approximativement 142 mètres sur 107. Il est entouré sur trois côtés d'un portique de 118 colonnes, tandis que le quatrième côté, vers l'amphithéâtre, était doté de trois entrées monumentales. La cour était plantée de deux rangées de platanes, dont les archéologues ont retrouvé des traces. Certains de ces arbres étaient vieux de cent ans au moment de l'éruption de 79 et avaient donc été plantés à l'époque d'Auguste[114]. À la différence d'un gymnase de l'époque grecque, la palestre ne disposait pas de piste de course. En revanche, en son centre était creusée une piscine (natatio) de 34,50 m × 22 m dont le fond était en pente (de 0,90 m à 2,60 m)[115]. L'écoulement de la piscine était aussi utilisé pour nettoyer lesLatrines proches (foricae)[116]. La palestre servait aussi bien de terrain de sport que de marché aux esclaves ou de lieu d'enseignement à la jeunesse pompéienne.
La palestre avait subi de gros dégâts lors du tremblement de terre de 62, en particulier dans les canalisations d'alimentation de la piscine.
Son entrée principale se situe au nord, en prenant la voie de Stabies par un large passage derrière l'Odéon. Trois colonnesioniques dressées au sommet d'un escalier à trois degrés en compose l'entrée monumentale. Soixante-quatorze colonnes doriques[118] composent ce quadriportique.
En 62, à la suite du tremblement de terre et de l'intérêt grandissant pour les combats de gladiateurs, le quadriportique est transformé en caserne[119]. L'entrée monumentale est murée et un corps de garde est posté à côté d'une entrée secondaire. Les murs sont revêtus d'unparement enopus mixtum et lespilastres d'une grande salle sont revêtus de briques.
Au nord-est se situe le secteur consacré aux repas. Une grande cuisine avec une cheminée géante à quatre feux, des dépôts et uneexèdre précédée de quatre piliers, servant sans doute de salle à manger, composent cette partie de l'édifice. Un balcon en bois est construit au premier étage où se situe l'appartement dulaniste (entraîneur). Les autres côtés sont composés de chambres destinées aux gladiateurs. C'est dans ces pièces que l'on a découvert des armes de parade : quinze casques, desjambières, des ceintures de métal et un protège-épaule derétiaire. Les décorations des murs sont composées de fresques duIVe style. Une fresque représenteMars etVénus dans la salle à manger. Les chambres sont décorées avec des trophées d'armes de gladiateurs.
De nombreux squelettes furent découverts : dix-huit cadavres, dont celui d'un nouveau-né dans un panier. Deux squelettes ont été mis au jour dans un cachot avec desceps adhérant encore aux ossements. Le squelette d'un cheval richement harnaché fut également dégagé. C'est à partir de la caserne que démarrait la procession des gladiateurs et des animaux qui allaient combattre dans l'amphithéâtre.
Juste à l'intérieur de l'enceinte, près de la porte duVésuve, le château d'eau (castellum aquæ) distribuait l'eau de l'aqueduc de Serino (construit sousAuguste, qui alimentaient aussiNaples etMisène), vers les fontaines publiques, les bâtiments publics (piscines, thermes, latrines, etc.) et les demeures de particuliers. Il se situait sur le point le plus élevé de la ville. À l'intérieur, plusieurs grilles permettaient de filtrer l'eau, qui circulait ensuite dans toute la ville dans desfistules. Comme le terrain était en pente et que la pression risquait de faire éclater les canalisations, l'eau était dirigée vers des châteaux d'eau (castella secunda) disséminés dans la ville. On en a retrouvé quatorze[120], hauts de quelque six mètres, généralement situés à des coins de rue, desservant chacun les fontaines et les maisons d'un quartier. Les maisons les plus riches étaient dotées de bassins (nymphées), de fontaines et même de thermes privés. On a dégagé plus de quarante fontaines au coin des rues, de sorte que la plupart des Pompéiens habitaient à moins de 80 mètres de l'une d'entre elles[121]. Ces fontaines étaient généralement enbasalte, parfois entravertin ou en marbre, et les plus récentes furent construites entuff gris. Elles étaient formées d'une vasque rectangulaire, surmontée d'une pierre sculptée en forme de mascaron — simple écu,rosace,silène ou encore mufle de lion, les motifs sont variés — d'où jaillissait l'eau.
La moitié de ces fontaines fonctionnent à nouveau de nos jours, en partie comme dans l'Antiquité, mais ayant été raccordées dans les années 1930 au réseau de la ville moderne de Pompéi, parfois au prix d'adjonction de ciment sur les pierres d'origine, avec à long terme des effets délétères sur la conservation de ces dernières. Pour cette raison, à partir de 2012, dans le cadre des diverses restaurations prévues dans le « Great Pompeii Project » de l'Union européenne, parmi la quarantaine de fontaines répertoriées, douze ont été méticuleusement restaurées grâce à une somme d'environ 150 000 €. Parmi ces douze fontaines restaurées, huit furent préparées de telle sorte à effectivement faire partie de celles proposant de l'eau potable aux touristes. En 2017, il était attendu que celles des fontaines ne faisant pas partie du groupe de douze concernées par ce projet seraient de même peu à peu restaurées aussi, mais sur la base des financements plus classiques du site archéologique.
Le temple se dresse au centre d'un portique à quatre arcades, avec colonnes, qui s'appuie sur le mur d'enceinte de cette zone sacrée. Lacella, plus large que longue, est placée sur unpodium élevé, précédée d'unpronaos avec quatre colonnes sur la façade et deux sur les côtés. Un escalier, face à l'édifice, constitue l'accès principal. Un petit escalier donnant accès à une porte secondaire se trouve au sud.
De chaque côté de la cella et à l'extérieur des colonnes du pronaos, deux niches surmontées detympans triangulaires abritaient les statues d'Anubis et d'Harpocrate qui sont deux divinités liées au culte d'Isis.
Letemple de la Fortune Auguste(it) fut découvert le 23 octobre 1823. Il se situe à l'angle de la rue de la Fortune et de la rue du Forum. Il fut construit au début duIer siècle av. J.-C., à l'initiative de Marcus Tullius, duumvir de l'époque, de lagens Tullia, comme nous l'apprend l'inscription de l'architrave du sanctuaire[note 12]. Une autre inscription avec le nom de Marcus Tullius nous précise que le terrain sur lequel est bâti le temple lui appartient bien[note 13]. Elle se lisait sur un bloc de pierre enfoncé dans le sol, à la droite du temple, dans un petit terrain au sud. Une maison, sans doute la sienne, communique avec le sanctuaire. Le terrain était précédemment occupé par des boutiques et une maison dont le pavement en brique pilée peut se voir contre et sous le podium côté sud.
Endommagé par le tremblement de terre de 62, le temple ne fut restauré que dans la partie relative à la cella, alors que le portique était encore à terre au moment de l'éruption. L'édifice avait été dépouillé de ses plaques de marbre. D'après une étude récente du style et de la taille des plaques, ces dernières ont peut-être été réutilisées dans le temple de Vespasien. Lagens Tullia s'est installée à Pompéi à la suite de Sylla.Cicéron possédait une villa hors de la ville. Marcus Tullius est en fait un descendant deMarcus Tullius Cicero et un fidèle de l'empereur Auguste qui lui a donné le titre de tribun militaire, lui permettant de devenir chevalier. Pour s'occuper du culte, Marcus Tullius a financé un collège, dont les membres sont appelés Ministres du Culte, dont on possède deux inscriptions sur deux bases de marbre placées dans la cella[note 15].
Construit de lave et de pierres revêtues de stuc, il fermait ce côté de la place dépourvu d'arcades. Le temple, qui remonte auIIe siècle av. J.-C., fut réalisé en deux phases. Du premier édifice, il ne subsiste que lepodium[125]. Le second, projeté vers le début du siècle suivant, conduisit à l'agrandissement de la structure architecturale. L'édifice a conservé sur la façade les vestiges de hautes colonnes crénelées : elles se poursuivaient aussi le long des côtés jusqu'à lacella qui apparaît ample et assez allongée.
L'édifice, qui fut gravement endommagé lors du tremblement de terre de l'an 62, comme semble le démontrer l'absence presque totale d'éléments ornementaux, n'avait pas encore retrouvé sa splendeur d'antan au moment de l'éruption de l'an 79. En revanche, de chaque côté, deuxarcs de triomphe sont demeurés presque intacts.
Sous lepodium se trouvaient trois pièces souterraines voûtées qui servaient probablement defavissa, c'est-à-dire de remise pour les objets sacrés, ou de dépôt du trésor de la ville (ærarium), comme letemple de Saturne àRome.
Le temple d'Apollon : autel, cadran solaire et bronze statue of Apollon archer.
L'édifice présente des éléments architecturaux dérivant des styles italique et grec et possède une forme rectangulaire depéristyle : il est entouré de 48 colonnes. On accède à lacella intérieure, élevée sur sonpodium[129], par un long escalier. Vers le fond de lacella, unomphalos renvoie au culte de l'Apollon de Delphes. En face, se trouve l'aire sacrificielle. La partie centrale, celle qui contient l'autel du dieu, est entourée de colonnes.
Deux statues embellissent le sanctuaire : « Apollon archer » sur le côté est du portique et « Artémis » sur le côté ouest (les originaux sont conservés aumusée archéologique national de Naples)[130].
Uncadran solaire est disposé au sommet d'une colonne ionique en marbre à gauche de l'escalier menant à lacella. Lefût est orné d'une inscription qui rappelle les deux donateurs, les duumvirs Lucius Sepunius Sandilianus et Marcus Herennius Epidianus.
Letemple de Vespasien(it) était un petit édifice de culte qui a conservé une partie de sa façade et de sa structurepéristyle. Les murs latéraux sont ornés de fausses fenêtres dotées d'unfronton — et de lacella surélevée sur un socle. Celle-ci, placée au-dessus d'unpodium, était autrefois précédée de quatrecolonnes crénelées soutenant un fronton. En face, se trouve un autel en marbre blanc, décoré debas-reliefs. Celui qui fait face au forum représente le sacrifice d'un taureau[131]. Les bas-reliefs latéraux représentent les instruments du rite, tandis que sur la face arrière on peut voir une couronne de chêne entourée de lauriers.
L'édifice était encore incomplet au moment de l'éruption duVésuve. Tous s'accordent désormais à penser que l'édifice était dédié à un empereur ; il n'est toutefois pas certain qu'il s'agisse de Vespasien, comme le voudrait l'hypothèse selon laquelle l'édifice reconstruit après le tremblement de terre était totalement nouveau. L'attribution d'un temple précédent au génie d'Auguste reste possible. Sous cet empereur, en effet, une profonde restructuration du forum avait eu lieu.
Le site de Pompéi fut le premier qui révéla au monde moderne l'architecture précise des maisons romaines dans leur intégralité par la répartition et la fonction des diverses pièces, l'élévation des murs, le mobilier et la décoration intérieure. Le modèle de la maison pompéienne a fourni le plan type de lavilla suburbaine[132]. Néanmoins, il convient de signaler qu'une autre forme d'habitat spécialisé, l'immeuble de rapport à plusieurs étages (usuellement nomméinsula) où s'entassent les locataires de conditions modestes, est absente à Pompéi[note 16].
Domus du Mariage d'Argent, à Pompéi, aquarelle deLuigi Bazzani, signéeLuigi Bazzani POMPEI 1895.
L'urbanisation s'étale en surface, les maisons ont au plus un étage, et l'on constate que Pompéi est en grande partie une mixité sociale, car on n'a pas vraiment identifié de quartier pauvre. Les habitations vastes et luxueuses jouxtent, dans un même bloc, d'autres plus modestes, des boutiques, des restaurants et des ateliers d'artisans. Les riches propriétaires possédant une domus dans une artère passante tiraient profit de cette situation pour construire à front de rue des boutiques. Ces dernières étaient dotées d'un étage en mezzanine servant de chambre à coucher, que l'on appelait pergula.
On y a retrouvé dans le péristyle une statuette (« Petit Satyre portant une outre ») servant de bouche de fontaine. Elle est conservée aumusée archéologique national de Naples. La décoration de la villa est caractérisée par des arcades sur fond jaune, avec une représentation de plusieurs divinités et des motifs floraux qui ornent les pièces situées à côté dutablinum et dupéristyle grâce à une série de motifs décoratifs formés de poissons et d'oiseaux. Le péristyle était également agrémenté d'une piscine et de fontaines.
Bâtie à l'époquesamnite, sa décoration date d'époques successives. La partie réservée aux réceptions, caractérisée par une belle colonnade àchapiteaux corinthiens, est remarquable. Lepéristyle, qui comporte des arcades tout autour du périmètre de la piscine centrale, est très élégant lui aussi. Cette riche demeure, à la décoration picturale entièrement rénovée pendant les dernières années d'existence de Pompéi, constitue un exemple intéressant duIVe style, la fastueuse décoration d'un vastetriclinium en particulier, qui donne sur l'angle nord-ouest dupéristyle.
L'entrée par la rue deMercure représente la fusion de plusieurs maisons en une seule. Lecubiculum est un bel exemple de décoration intérieure. Elle est constituée de l'agrégation de trois habitations précédentes.
Lamaison de Castor et Pollux(it) est constituée de l'union de maisons plus petites rénovées à différentes époques. L'atrium présente un intérêt particulier, avec sa splendide colonnade aux chapiteauxcorinthiens. La décoration picturale de plusieurs salles est également très jolie, avec la série de tableaux descènes mythologiques représentant « Apollon etDaphné », « Adonis », « Silène » et « Scilla ». La Maison deCastor et de Pollux ou desDioscures doit son appellation à la représentation des « Dioscures » décorant l'entrée et qui est désormais exposée aumusée de Naples avec d'autres peintures qui ornaient les autres pièces.
Elle fut fouillée en 1875-76. En juillet 1875, on a retrouvé à l'étage de cette maison un coffre contenant 154tablettes de cire. Bien que la cire ait fondu, lestylet qu'on a employé pour écrire a laissé des traces sur le bois, de sorte qu'on peut encore lire le texte[134]. Ces documents du plus vif intérêt, qui constituaient les archives d'un banquier nomméLucius Caecilius Jucundus, concernent des transactions financières.
Laraire de la maison de Jucundus. Deux bas-reliefs étaient insérés dans la partie supérieure de sonpodium.
À gauche de l'entrée, se trouve lelaraire qui était orné de bas-reliefs rappelant letremblement de terre du 5 février 62 : l'un représentant le temple de Jupiter ébranlé et des sacrifices d'expiation décrétés à titre privé (sur le forum, devant un autel auquel sont destinés le porc et le taureau), l'autre l'écroulement de la porte du Vésuve. Un des bas-reliefs représentant des instruments de culte a été dérobé, tandis que l'autre a été mis à l'abri dans lemusée de la Civilisation romaine[135].
Dans l'atrium se trouvait unhermès qui supportait le buste en bronze d'un homme d'âge moyen portant l'inscription :« Felix, affranchi, a dressé ceci à notre Lucius ». Ce portrait réaliste au point de montrer une verrue pourrait être Lucius Cæcilius Jucundus lui-même ou peut-être le père[136] du célèbre banquier. Cette œuvre sculpturale précieuse est actuellement exposée au musée archéologique de Naples. Sur place, on peut en voir une copie.
Letriclinium était décoré de peintures mythologiques, dont le seul panneau bien conservé représenteThésée abandonnantAriane. Il se trouve au musée archéologique de Naples.
Sa construction date de la première partie duIIe siècle av. J.-C.[137], mais l'aspect sous lequel nous la voyons aujourd'hui remonte aux transformations de la fin duIIe siècle av. J.-C.
Détail de la Mosaïque d'Alexandre le Grand lors de la Bataille d'Issos.
L'atrium toscan appartient à la période et présente un sol en pierre. En revanche, le second atrium est de type hellénistique et comporte quatre colonnescorinthiennes.
Sa célébrité et son nom sont essentiellement liés à la petite sculpture en bronze retrouvée en 1830, représentant un « Faune dansant », petit chef-d'œuvre de l'art statuaire antique. Il ne faut cependant pas oublier laMosaïque d'Alexandre, conservée au musée archéologique de Naples[note 17]. Située dans la grandeexèdre entre le premier et le second péristyle[138] avant d'être déposée, elle est exceptionnelle par ses dimensions (elle mesure en effet 3,5 m sur 6 m) et le nombre detesselles employées (un million et demi)[139], mais aussi par sa puissance expressive : on y voit une foule de soldats, de lances et de chevaux saisis au moment oùAlexandre, désormais vainqueur et fier de ses troupes, s'apprête à infliger le coup de grâce à l'ennemi en fuite.
Parmi les autres pièces, les deux péristyles sont particulièrement dignes d'être mentionnés : le premier possède une colonnadeionique, en partie décorée, elle aussi, de mosaïque ayant pour sujet la flore et la faune de la région du Nil ; le second, plus grand, est agrémenté d'une colonnadedorique courant autour du jardin.
Lamaison de Julia Félix est une imposante propriété (prædia) qui occupe toute l'insula IV. Fouillée en 1757, elle fut ensuite à nouveau ensevelie. Le complexe a été à nouveau complètement dégagé en 1951-52. Elle est constituée de l'union d'unevilla romaine, d'unensemble thermal concédé à usage public et d'un ensemble de boutiques[140].
L'habitation proprement dite, munie de deux entrées, est vaste et luxueuse. Autrefois de nombreuses peintures l'embellissaient. Certaines ont été laissées en place ; d'autres ont été déposées et sont aujourd'hui conservées auMusée archéologique national de Naples. LeMusée du Louvre en possède également quelques-unes. Parmi les plus célèbres figurent les Scènes de la vie du forum, qui ornaient l'atrium. Le jardin, agrémenté de fontaines, de ponts et de colonnes, est suggestif. Dans la salletriclinaire, les lits sont en marbre. L'ensemble des bains (frigidarium, tepidarium, caldarium et aussi sauna) est organisé selon le schéma des bains publics et possède aussi une piscine en plein air. Originairement étroitement lié à la villa, cet ensemble fut par la suite destiné à l'usage des habitants de la ville en échange du paiement d'une taxe de location comme le prouve une inscription retrouvée sur place.
Le complexe des boutiques et des pièces situées le long de la ruelle, à l'ouest, fut lui aussi réalisé par la maîtresse de maison pour être loué[141]. À l'arrière de la villa s'étend une vaste zone destinée à la culture des fruits et des légumes.
Témoin très précieux de la peinture pompéienne, cette habitation était l'une des plus belles et des plus intéressantes de la ville. Son état de conservation permettait il y a encore quelques années, à plusieurs siècles de distance, d'apprécier la magnificence atteinte par les demeures de la classe sociale la plus aisée de Pompéi et d'observer comment la riche bourgeoisie locale tendait à afficher son prestige et son train de vie en égalant, sinon surpassant, en richesses décoratives les demeures aristocratiques.
Découverte en 1894[144], l'habitation est demeurée longtemps pratiquement intacte ou a été minutieusement reconstruite. Le jardin, quant à lui, a été reconstitué à partir des empreintes de racines laissées dans le sol ou d'objets mis au jour lors des fouilles successives. De même, un savant travail de reconstitution a fait retrouver au péristyle ses formes originales, fusion d'éléments architecturaux, sculpturaux et picturaux.
Dans le vestibule, on trouve une célèbre peintureapotropaïque : le dieuPriape, dont le gigantesque phallus repose sur un des bras d'une balance, tandis que sur l'autre se trouve une bourse d'argent.
Atrium de la Maison des Vettii.
La décoration de l'atrium — constituée de deux coffres-forts où les propriétaires conservaient leurs objets précieux — a pour sujet des « Petits Amours »[145] et « Psyché ». Le toit a été complètement recréé afin d'offrir une image plus vraie de cette époque. Les salles qui donnent sur l'atrium sont ornées de peintures avec desscènes mythologiques dont certaines possèdent un caractère expressif et immédiat.
Le grandtriclinium au nord du péristyle est célèbre pour ses peintures. Celles-ci recouvrent presque entièrement les murs (une partie a été perdue) et se découpent sur un fond rouge ; les figurations de grandes scènes mythologiques sont insérées dans de faux cadres : « Persée etAndromède », « Ariane etDionysos », « Daphné etApollon », « Poséidon etAmymoné ». La longuefrise, sur fond noir et tout autour des murs, représente des « Petits Amours » accomplissant divers métiers, d'une facture très raffinée (« Amours atteignant une cible, Amours portant une guirlande de fleurs, Amours vendant des parfums, Amours sur des chars, Amours orfèvres, Amours teinturiers, Amours célébrant des rites sacrés, Amours pendant la vendange, Amours célébrantBacchus, Amours vendant du vin »).
Reconstitution d'un mur peint de la salle au nord-est de la maison des Vettii.
Dans une salle tout aussi célèbre située au nord-est du péristyle, la décoration se développe sur trois registres : le bas du mur est occupé par une plinthe en faux marbre, tandis qu'au registre médian se trouvent des tableaux placés au milieu de panneaux rouges représentant « Dédale confiant une jument de bois àPasiphaé », « Ixion torturé », et « Dionysos découvrant Ariane endormie ». Enfin, au registre supérieur se déploient des mises en scène architecturales.
Dans une autre pièce du même secteur, à l'angle sud-est du péristyle, des peintures placées au milieu de panneaux jaune ocre encadrant des architectures imaginaires représentent : « Hercule tuant le serpent », « la torture deDircé » et « le supplice dePenthée ».
Un petit péristyle, situé au nord du grand péristyle, contient également des peintures mythologiques : « Héraclès surprenant Augé » et « Achille travesti en femme reconnu parUlysse à Skyros ».
Les communs, en particulier la cuisine, permettent de reconstituer la vie domestique.
Demeure particulièrement luxueuse, elle aurait appartenu à Gn. Poppæus Habitus, sans doute un membre de lagens Poppeia, dont faisait partiePoppée, femme deNéron. Son état de conservation permet d'apprécier tout spécialement son ensemble pictural ainsi que son architecture équilibrée et harmonieuse. Les dimensions relativement réduites de cette demeure, plutôt irrégulière, semblent avoir servi de stimulant au raffinement de la décoration et des objets, afin de lui conférer un plus grand sens de faste et de riche élégance.
Péristyle de la maison des Amours Dorées.
Elle doit son nom à la décoration de médaillons de verre incisés de figures d'amours incrustés de feuilles d'or, aujourd'hui disparue, située dans un des cubicula : les figures légères sont peintes sur une feuille d'or. La présence de grands masques théâtraux est une des caractéristiques de cette maison.
La disposition de la maison témoigne de l'évolution de ladomus italique sous l'influence du goût hellénistique. L'atrium, qui était le point focal de la maison, est détrôné au profit du péristyle, autour duquel s'agencent les pièces de réception[146].
La maison possède deuxlaraires. À l'angle sud-ouest du péristyle se trouve un beau sacellum (petit sanctuaire) décoré de figures d'Isis, d'Osiris, d'Anubis et d'Harpocrate : parmi les cultes orientaux présents à Pompéi, le plus en vue était celui d'Isis[147]. Du côté opposé se trouve un autre sacellum consacré à la triade capitoline, Jupiter, Junon et Minerve.
Un côté dupéristyle — sans doute la partie la plus belle de cette maison — est surélevé (péristyle rhodien) et surmonté d'un fronton[148] et a pratiquement la forme d'une scène de théâtre : cela révèle une inclination du propriétaire pour la recherche de solutions nouvelles et d'effet qui ne manquent cependant pas d'élégance et de sobriété. Letriclinium avec ses peintures représentant des scènes mythologiques commeThétis dans l'atelier deVulcain,Briséis etPatrocle,Jason etPélias. Cet espace était peut-être destiné à des représentations, comme le laissent supposer l'escalier et les trois accès.
Lamaison du Poète Tragique(en) s'appelle ainsi en raison de la présence d'une mosaïque représentant un « Maître de théâtre ». Remontant à l'époque impériale, c'était une demeure luxueuse dont plusieurs pièces étaient agrémentées d'une belle décoration. L'architecture apparaît composite, mais harmonieuse, avec des dimensions modestes, typique de la classe moyenne qui s'était enrichie lors de la dernière période de la vie pompéienne. La présence de deux boutiques tout près de l'habitation laisse supposer que le propriétaire, qui s'appellerait Aninus, fut un nouveau riche[149], exerçant une activité commerciale. À l'entrée se distingue le fameuxCave canem (« Attention au chien »), une des représentations les plus célèbres de Pompéi. L'atrium, qui vient ensuite, avec l'impluvium, était orné de scènes de l'Iliade. Il possède deux cubicula habituelles sur le côté, tandis que les petits escaliers mènent à l'étage supérieur. Dans letablinum on a retrouvé une représentation du « poète tragique » qui a donné son nom à la maison, ainsi que plusieurs autres peintures comme Admetus et Alceste. La série de peintures du triclinium a pour sujet des scènes mythologiques :Thésée etAriane,Vénus et des Amours. D'autres peintures au sujet mythologique décorent les murs des cubicula. La fresque du « Sacrifice d'Iphigénie » conservée au musée archéologique de Naples est très belle. Plusieurs experts ont reconnu en elle une copie du peintre grecTimanthe, duVe siècle av. J.-C..
C'est de la maison du Poète Tragique que l'écrivainEdward Bulwer-Lytton s'est inspiré pour la demeure de Glaucus, le personnage principal de son romanLes Derniers Jours de Pompéi. En France, elle inspira également le princeJérôme Napoléon pour l'aménagement de son appartement de l'avenue Montaigne àParis, où lui et ses amis s'habillaient en Romains.
Lamaison de Ménandre(en) est l'une des maisons pompéiennes les plus grandes et les plus riches[150], avec une décoration précieuse et se caractérisant par une disposition très complexe des pièces. Son nom dérive du portrait deMénandre, mais elle est également connue comme « maison de l'argenterie » en raison de l'impressionnante collection d'objets (au total 118 pièces d'argenterie) retrouvés en1930 dans une caisse placée dans ses caves, ainsi que de nombreuses autres en or et des monnaies qui sont actuellement exposés au musée archéologique de Naples.
Les salles situées à gauche de l'entrée contiennent des peintures avec des scènes extraites d'épisodes de l'Iliade. Après letablinum, se trouve lepéristyle, pièce élégante et enrichie d'une colonnade peinte. De là partent une série de salles : sur la droite, se trouvent la zone de la cuisine et des bains ; sur la gauche s'ouvre letriclinium flanqué de deux pièces dont les murs sont recouverts de fresques. Les exèdres, situées au-delà des pièces destinées au logement des domestiques, possèdent des peintures raffinées ayant trait à la mythologie et au théâtre (masques) ; s'y trouve le portrait du poèteMénandre.
Cassandre et Ulysse. Il tente d'éloigner la prêtresse qui enlace la statue de la déesse Athéna, protectrice de Troie. Pièce 4 de l'atrium mur gauche, fresque duIVe style, troisième quart duIer siècle.
La partie ouest de la maison est occupée par la zone réservée aux bains chauds : lecaldarium est très beau, avec sa décoration faite de mosaïques et de peintures demeurées presque intactes. Un secteur du logement était réservé au surintendant de la propriété, un affranchi dénomméÉros (son nom est inscrit sur le sceau retrouvé sur son corps) qui s'occupait des biens de la maison sous le titre de procurateur.
Dans les années 1920, les fouilleurs de l'équipe d'Amedeo Maiuri dénombrent dix-huit corps : dix dans le couloir, entre les pièces nobles et le logement des esclaves, trois dans l'écurie, deux dans la chambre de l'intendant du domaine. Qui étaient ces morts ? Des membres de cette riche famille de propriétaires ou bien des esclaves logés tout à côté afin d'être toujours disponibles ? Surtout, derrière l'entrée d'une salle à manger, on a retrouvé trois autres corps, dont un enfant ou un adolescent, à côté de pics et de pioches. Ceux-ci étaient probablement des pillards, piégés par l'effondrement des scories alors qu'ils étaient en train d'explorer la maison quelque temps après l'éruption[153].
Demeure parmi les plus cossues de la ville, la maison de Ménandre n'était cependant pas exempte de défauts. Sa situation, par exemple. Elle ne donne pas sur la rue principale de la ville, la rue de l'Abondance, mais se situe juste derrière, un peu en retrait, dans une rue de moindre importance. De plus, en l'an 79, c'était déjà une maison assez ancienne. La partie avant, qui représente le cœur de cette propriété, date sans doute duIIe siècle av. J.-C. D'où la taille réduite de l'atrium.
Lamaison de D. Octavius Quartio(it) doit son nom à un certain Octavius Quartio, dont on a retrouvé le cachet de bronze. Certains auteurs pensent qu'il s'agit du dernier propriétaire de la maison. Elle est également connue sous le nom curieux de « Maison de Loreius Tiburtinus » à cause des affiches électorales sur sa façade qui mentionnent un certain Loreius et un nommé Tiburtinus qui semblent être des personnages différents[154].
L'entrée s'ouvre sur le traditionnel atrium toscan qui permet de passer directement aupéristyle, de dimensions très réduites, mais au centre de salles richement décorées. La pièce de droite semble affectée au culte d'Isis, notamment en raison des évidentes évocations de style égyptien que l'on reconnaît dans le jardin. Elle possède une ample décoration picturale exécutée avec une haute perfection technique, qui constitue l'un des exemples les plus significatifs de peintures pompéiennes duIVe style.
Du côté opposé du petit péristyle s'ouvre la grande salle triclinaire, ornée de scènes picturales sur deux registres : le registre supérieur représente la lutte d'Hercule contreLaomédon, roi de Troie, et le registre inférieur des scènes de laguerre de Troie. L'un et l'autre mènent à une loggia avec arcades, longue et originale, ombragée par une tonnelle et bordée par un des canaux (appeléseuripi en latin) qui constituent les éléments distinctifs du splendide et vaste jardin situé en contrebas. L'eau destinée à alimenter un autre longeuripus qui traversait toute la longueur du jardin coulait du petit temple à quatre colonnes qui s'élève au centre des arcades. Il était décoré comme le premier, de sculptures évoquant lamythologie égyptienne. Les inventions hydrauliques grâce auxquelles l'eau des canaux pouvait s'écouler périodiquement dans le jardin, simulant les inondations du Nil, rappellent clairement l'Égypte.
« Vénus à la coquille », emplacement : maison de Vénus à la coquille.
Ce fut la demeure d'une famille aisée, comme on peut le déduire de la richesse des matériaux utilisés. Outre la représentation très pure de « colombes, fontaines et fleurs », la grande fresque « Vénus nageant » située sur le mur du jardin est remarquable. La scène est d'un aspect agréable : la déesse, dans une coquille, sillonne les eaux tandis que les petits Amours lui font escorte. La scène est peuplée d'oiseaux et de fleurs. Sur un côté, est représenté le dieu « Mars portant les armes ». D'autres pièces sont ornées de peintures, notamment certaines sur fond noir du plus bel effet.
La maison de Vénus était en cours de réparation au moment du grand cataclysme de l'an 79. Elle fut endommagée par les bombes en 1943. Restaurée depuis 1952, elle se trouva de nouveau dans la zone affectée par le dernier séisme de 1980.
Cette maison doit son nom à la découverte en 1938 d'unestatuette indienne en ivoire représentant une divinité indoue. On ignore comment elle est parvenue à Pompéi. Cet objet met en relief la problématique des rapports entre l'Empire romain et l'Inde et de manière plus générale l'Extrême-Orient.
Une fresque murale du laraire de la maison de l'Éphèbe a connu une certaine notoriété en raison de la représentation d'un fruit énigmatique que le botaniste italien Domenico Casella crut pouvoir identifier en 1950 comme unananas, posant ainsi la question d'éventuelles relations maritimes entre l'Ancien Monde et le Nouveau Monde en particulier l'Amérique du Sud. Ce fruit a été identifié par la suite comme le cône d'unpin parasol(Pinus pinea)[155]. La fresque est conservée au musée archéologique de Naples.
Fresque. Photographie :Behles &Sommer.Détails du péristyle de la maison de campagne (maison de Diomède), Mosaïques à Pompéi (ca.1820) parCharles Frédéric Chassériau (1802-1896), collaborateur deFrançois Mazois pour son ouvrageLes ruines de Pompéi (Planche XLVI et Planche XLIX de la Partie 2).
Elle constitue l'un des chefs-d'œuvre de l'architecture pompéienne, notamment en raison du concept très différent qui sous-tend la construction de cette demeure. De ce fait, tout en conservant certains caractères importants de lamaison-type romaine, elle occupe de vastes espaces lumineux et surtout elle s'élève sur plusieurs étages capables de suivre ainsi la forme du terrain et de structurer la maison de manière plus aérée et originale. Située le long de la rue des Tombeaux, cette habitation possède de vastes dimensions. Le noyau principal est celui du jardin, agrémenté d'une piscine. Les pièces donnent sur un côté du jardin et sont disposées à leur tour autour dupéristyle qui communique directement avec l'extérieur. La grandechambre avec l'abside se caractérise par son aspect spacieux et par l'ample vue dont elle bénéficie. La galerie offre elle aussi de beaux panoramas sur legolfe, ainsi que la terrasse qui s'étendait autrefois sur toute la longueur desarcades. À l'entrée de la villa se trouvent les bains, équipés d'une petite piscine. Une série de petits escaliers relient les différents étages de la maison entre eux, étages qui sont décalés, ce qui offre à l'architecture générale un mouvement supplémentaire. L'un de ces escaliers mène aucryptoportique, c'est-à-dire aux souterrains de l'habitation. Dans cette maison, dix-huit corps ont été retrouvés, nouveau témoignage du cataclysme qui frappa Pompéi en 79.
Lavilla des Mystères se trouve à l'extrême périphérie de Pompéi, à quelque 300 m de la porte d'Herculanum. Elle a été partiellement fouillée entre 1909 et 1910, puis en 1929-1930 sous la direction d'Amedeo Maiuri. Grandiose de par ses proportions et célèbre en raison de son superbe cycle de fresques[s 17], elle a suscité l'enthousiasme des spécialistes dès la découverte de ses premières pièces aussi bien pour la complexité, la particularité de son architecture que pour le merveilleux cycle pictural et pour l'interprétation de ce dernier, lié aux cultes religieux qui existaient à côté de la religion officielle. La villa fut construite aux environs duIIe siècle av. J.-C., mais elle fut rénovée et embellie à l'époque impériale[s 17], période au cours de laquelle elle acquit la splendeur qui est encore la sienne aujourd'hui, bien qu'en partie dépourvue des meubles et des objets précieux qui furent perdus après le tremblement de terre de l'an 62 lorsqu'elle fut abandonnée par son propriétaire. Une fresque de 3 mètres de haut sur 17 mètres de large figure une scène dont le contenu est débattu : selon Gilles Sauron, la fresque raconte les phases de l'initiation d'une jeune mariée au culte voué au dieuBacchus[157].Paul Veyne constate, lui, que l'accumulation des détails correspond à unpastos, une peinture matrimoniale qui présente les stéréotypes dionysiaques de l'iconographie conventionnelle, probablement inspirée d'un original grec adapté localement. Selon ce dernier, la fresque représente simplement les préparatifs d'un riche mariage et les festivités qui l'accompagnent[158].
Les esclaves desfullonicæ (fouleries) foulaient (piétinaient) les linges dans des bassins d'urine, d'eau et de soufre afin de blanchir les étoffes nouvelles ou anciennes. Ensuite ils étendaient le linge pour le faire sécher. Mais l'espérance de vie des esclaves diminuait fortement dans ces conditions de travail.
Fullonica de Stephanus
L'une desfullonicæ les mieux conservées est celle de Stephanus. Lafullonica de Stephanus a été fouillée entre 1912 et 1914 parVittorio Spinazzola. Le nom du propriétaire est issu des inscriptions électorales de la façade. Il s'agit d'une maison duIIe siècle av. J.-C. qui a été transformée enfullonica après le tremblement de terre de 62[159]. Le décor duIIe style subsiste encore dans lepéristyle. Une peinture de la façade sert d'enseigne au commerce. Il s'agit d'une fresque représentantVénus debout sur une barque tirée par des éléphants et accompagnée d'une inscription vantant la qualité du travail de lafullonica. Un portail en bois fermé de l'extérieur barrait l'entrée. Un moule en a été fait lors des fouilles. Plusieurs squelettes furent découverts derrière cette porte dont un accompagné d'une grosse somme d'argent (1089,5sesterces)[160]. Cette dernière devait être soit la recette du jour, soit la fortune de la victime.
L'entrée de lafullonica était très large afin de faciliter le passage des clients. À droite de l'entrée, une pièce devait être réservée à l'administration du commerce et aux dépôts des linges à reprendre ou à laisser. Dans le vestibule, les restes d'untorcular ou presse pour le repassage du linge ont été découverts.
L'impluvium a été transformé en bassin de lavage avec l'ajout d'un parapet. Comme il était à part de la zone de lavage du fond de la maison, on suppose qu'il devait servir au lavage des étoffes fragiles comme lelin. Le toit de l'atrium est plat et lecompluvium a été remplacé par une lucarne. Grâce à cette disposition inhabituelle, on bénéficie d'une terrasse à l'étage pour le séchage du linge. Un salon ouvrait sur cet atrium transformé où les clients pouvaient patienter en attendant leur linge.
Fresque dans lafullonica de Stephanus.
Unpéristyle s'ouvrait ensuite et au fond de ce dernier se trouvait la zone de lavage. Trois grandes cuves communiquant entre elles à des hauteurs différentes occupaient la majorité de l'espace. Cinq bassins plus petits, trois à l'est et deux à l'ouest, complétaient le dispositif. Le foulage aux pieds des étoffes avait lieu dans les petits bassins avec un mélange d'eau et de produits alcalins (soude ou urine) pour dégraisser les tissus. Après le foulage, l'étoffe était assouplie avec une argile appeléeterre à foulon pour dégraisser et assouplir l'étoffe. Un lavage et un rinçage étaient réalisés dans les grandes cuves. Une fois propres, les étoffes étaient mises à sécher sur la terrasse. Une cuisine avec un plan de cuisson et tous les ustensiles étaient mis à disposition des ouvriers ainsi que deslatrines.
Une boulangerie de Pompéi, avec sesmeules actionnées par des équidés[note 18] ou une main-d'œuvre humaine.Plaquesithyphalliques au niveau de l'entrée de la boulangerie de Modestus.
L'épaisse chape decendres produite par l'éruption de 79 a préservé pendant des siècles, parmi les nombreux témoignages exceptionnellement conservés à Pompéi, uneboulangerie complète, avec ses équipements : lesmeules, constituées de deux éléments en lave, capable de travailler l'une à l'intérieur de l'autre, les comptoirs pour le pétrissage du pain et le four pour la cuisson.
Le tout est organisé avec efficacité, de façon à coordonner le travail du personnel employé aux différentes tâches avec des critères qui surprennent par leur modernité. Une des meules a été remise en état, grâce à la reconstitution des parties en bois, rendant ainsi possible la démonstration de son fonctionnement qui, autrefois, s'effectuait par la force des bras des esclaves ou, plus souvent par la force des ânes.
On a retrouvé dans le four 81 pains carbonisés, de forme ronde avec des parties relevées, semblables à ceux qui apparaissent dans différentes scènes de la vie quotidienne peintes ou sculptées, présentés aux clients dans des corbeilles ou des rayonnages.
Plusieurs inscriptions démontrent que la vente du pain et desfouaces à Pompéi était confiée à des vendeurs ambulants, en plus des boutiques habituelles.
Lelupanar de Pompéi situé au coin de la ruelle du Balcon et de la ruelle du Lupanar dans la Région VII est le seul bâtiment de Pompéi clairement exclusivement dévolu à laprostitution[161]. D'habitude, les maisons de plaisirs se situent au premier étage des auberges, tavernes ou dans une chambre donnant directement sur la rue. D'après les inscriptions, les derniers tenanciers avaient pour nom Africanus et Victor.
Ces deux entrées donnent sur une petite salle où s'ouvrent cinq chambres avec des lits maçonnés. On plaçait sans doute un matelas sur la maçonnerie. Des latrines sont aménagées sur le côté ouest de la salle, derrière un muret. Les parois des chambres sont couvertes degraffiti inscrits augraphium. Plus de 120 inscriptions sont lisibles (vantardises, réclame, satisfactions, jalousies, regrets, etc.)[note 19]. L'intérieur a sans doute été réaménagé peu avant l'éruption de 79. Le crépi d'une des chambres conserve l'empreinte d'une monnaie postérieure à 72av. J.-C.[162]. Les parois de la salle d'entrée sont décorées d'encadrements et de guirlandes stylisées sur un fond blanc. Des tableaux à scènes érotiques sont peints au-dessus des portes. Au centre de la paroi nord, à côté de l'entréeno 18, unPriape est peint devant un figuier en tenant ses deux phallus.
Peinture du lupanar.
On accède à l'étage par un escalier dont la porte donne sur la ruelle menant au Forum. Une fenêtre ponctue l'escalier. Ce dernier débouche sur un balcon sur lequel s'ouvrent cinq chambres. Des lits en bois devaient avoir été installés dans ces chambres. Celles-ci sont plus vastes, avec un décor duIVe style plus raffiné et dépourvu de toute scène érotique.
La prostitution était une profession infamante au même titre que les professions d'acteur et d'usurier. Beaucoup de femmes portaient des noms grecs et orientaux, réputés pour leur exotisme. Le tarif d'une rencontre était très bas, en moyenne deuxas, l'équivalent de deux coupes de vin[163]. Ces établissements étaient fréquentés par des couches sociales défavorisées et les esclaves, d'où le prix peu élevé.Caligula avait créé un impôt sur la prostitution équivalent à un client par jour. Les prostituées ne pouvaient ni témoigner au tribunal ni hériter. Elles pouvaient éventuellement obtenir le titre dematrone en se mariant.
Laraire du thermopolium de Vetutius Placidus etdolia du comptoir.
Cethermopolium possède un beaularaire, un des édicules les mieux conservés et affecté au culte desLares, culte diffusé dans la plupart des habitations du monde romain. C'était une sorte de petit temple miniature, avec de petites colonnes surmontées de chapiteaux corinthiens, placé à droite du comptoir. À l'intérieur étaient représentées de part et d'autre d'une scène de sacrifice deux Lares, bras levé, et deux divinités protectrices de l'activité commerciale qui se déroulait ici :Mercure, patron du commerce, etDionysos, dieu du vin. Au-dessous, deux serpents encadrent un autel.
Ce « bar » était équipé d'un comptoir de vente en forme de L, dans lequel étaient insérées de grandes jarres (dolia). Dans l'une desdolia, on a retrouvé plus de 1 600 pièces de monnaie pour un montant de 585sesterces[164], d'un poids total avoisinant les trois kilos[165], l'équivalent de peut-être la recette de la journée.
Le faubourg occidental de Pompéi et ses nécropoles (ca. 1820) parCharles Frédéric Chassériau (1802-1896), collaborateur deFrançois Mazois pour son ouvrageLes ruines de Pompéi.
Comme c'est le cas pour toutes les villes romaines, les nécropoles étaient reléguées hors de Pompéi, le long des voies d'accès. Les tombes constituent une source importante d'informations sur la composition sociale de la cité. Les tombes de l'élite sont érigées bien en vue près des portes, tandis que celles des petites gens sont généralement situées plus loin. On trouve des tombes individuelles, mais également des sépultures collectives. La plupart des tombes datent de la période allant du milieu duIer siècle av. J.-C. au milieu duIer siècleapr. J.-C. Le mode d'inhumation peut également varier : enterrement ou — c'est le cas le plus fréquent pour la période romaine —crémation.
Nécropole de la porte de Nocera.
Les tombeaux les plus somptueux présentent une grande diversité architecturale. Les plus imposants sont des monuments àexèdre. D'autres ont la forme d'un autel ou évoquent un temple. On trouve parfois des bancs semi-circulaires (schola) pour permettre aux passants de se reposer, mais également aux membres de la famille de s'asseoir au moment de procéder à des rituels funéraires. Dans certains cas, un conduit en terre cuite relié à l'urne funéraire permet à la famille de procéder à des libations[166]. On a dégagé jusqu'à présent deux grandes nécropoles, celle de la porte d'Herculanum, de 1763 à 1838, et celle de la porte de Nocera, de 1951 à 1953.
Les murs des maisons de Pompéi sont souvent recouverts d'inscriptions qui, comme lesgraffitis actuels, sont de nature très diverse[s 18].
Elles traitent des sujets les plus disparates et permettent d'imaginer une vie sociale prise sur le vif et sans fard : boutades grivoises, commentaires sur une personne ou sur un événement, caricatures de personnages, pensées amoureuses, jugements sur une belle femme ou sur la jouissance à huis clos, aulupanar. Certaines concernent aussi la vente et l'achat de matériaux ou de bestiaux, ou encore les comptes de marchandises. D'autres se réfèrent aux spectacles municipaux ou vantent les champions qui se sont distingués dans les luttes. Enfin, certains graffitis peuvent être attribués aux enfants[167].
Enfin, on compte environ 3 000 inscriptions électorales à Pompéi et la plupart ont trait à la dernière année d'existence de la ville : d'ordinaire, les inscriptions précédentes étaient effacées pour faire place aux nouvelles, peintes (parfois gravées) à même les murs des maisons. Ces inscriptions, de couleur rouge ou noire[168] et, pour la majeure partie d'entre elles, en lettres majuscules, étaient écrites par des écrivains professionnels qui s'occupaient également des communications officielles, des sentences du tribunal, de l'achat et de la vente d'esclaves ainsi que des délibérations publiques.
Pompéi a laissé à la postérité des témoignages attachants, souvent très beaux et parfois saugrenus, du mode d'existence de ses habitants. Les fouilles de Pompéi ont exhumé d'innombrables peintures bien conservées. La plupart nous sont parvenues intactes et paraissent toujours aussi vivantes. L'extraordinaire diversité des trésors montre que l'art était partout présent à Pompéi. Souvent, presque toutes les parois internes et externes d'une maison étaient décorées de scènes mythologiques ou de portraits de famille. Des mosaïques, pleines de couleurs et de détails montrant des paysages, des scènes de bataille ou de théâtre, étaient cimentées sur le sol. Des peintures ou stucs ornaient des plafonds et des voûtes[169].
Les murs entourant les jardins étaient souvent peints de sujets aux couleurs vives. Les thèmes à la mode étaient les scènes de chasse, les paysages campagnards et marins. Les pièces intérieures présentaient des sujets plus variés : scènes mythologiques, natures mortes, oiseaux et autres animaux. Ce qui frappe avant tout dans la peinture pompéienne, c'est l'illusion du réel. Animaux et oiseaux semblaient animer jardins et intérieurs. Tel ce chien représenté en mosaïque sur le sol d'un couloir (cave canem), si vrai qu'il semble aboyer contre le visiteur.
Ces peintures transformaient la maison pompéienne en musée imaginaire. On entre, d'une certaine manière, dans l'univers spirituel des Pompéiens. Ils étaient des hommes fidèles à la nature, qui aimaient le bien-être et la bonne chère.
Traditionnellement, la peinture pompéienne a été divisée en quatre « styles » (on a plus affaire à un style de modèles et de règles qu'à des styles, qui désigne quelque chose de très personnel). Ils ont été définis par l'archéologue allemandAugust Mau d'après les textes deVitruve et d'après le Livre XXXV de l'Histoire naturelle dePline l'Ancien. La peinture murale reprend souvent les modèles et les images de la peinture de chevalet (aujourd'hui disparue), ce qui permet de s'en faire une idée.
Dans la dernière phase de ce style, des petits tableautins indépendants avec des scènes figurées apparaissent et annoncent le troisième style. Des scènes figurées, mythologiques et des mégalographies s'imposent comme à la Villa des Mystères. On voit également apparaître des décors de jardins (horti conclusi) et des natures mortes (xenta)
Dans une deuxième phase, on retrouve quelque chose de plus complexe, de plus chargé au niveau du décor extérieur. On retourne à des éléments architecturaux, et on multiplie les tableaux et les tableautins, dont les sujets reproduisent la peinture de chevalet.
Lequatrième style, ou style fantastique, s'étend de 50 à 79. Ce style fait un retour aux perspectives architecturales et à l'illusionnisme. Il s'agit d'une synthèse des deux styles précédents et du prolongement direct du troisième style. Le goût ornemental subsiste avec des décors exubérants, des dorures et des reliefs en stuc. Les couleurs sont plus nettes et des oppositions chromatiques apparaissent. L'architecture est peinte en trompe-l'œil sur unpodium et la zone centrale, qui est mise en avant, de la fresque est divisée en trois par desportiques à étages. Les thèmes sont mythologiques, naturalistes, montrent des scènes de la vie quotidienne, des natures mortes très fidèles ou des portraits. Ces scènes sont peintes avec une technique impressionniste. Des tapis en trompe-l'œil apparaissent aux murs avec au centre de petites figurines.
La remise en état des grandes fresques pompéiennes est une œuvre délicate à laquelle l'ordinateur apporte désormais une aide appréciable. Il est en effet possible de définir sur écran la nuance exacte qui permettra de restaurer au mieux les parties manquantes : une couleur manquante est obtenue en faisant la moyenne pondérée de toutes celles présentes sur la fresque.
Les sculptures parvenues jusqu'à nous témoignent d'une prédilection pour la statuaire de petites dimensions, car elle était conçue dans un but d'ameublement à insérer dans les pièces ou de décorations pour les jardins, pour les fontaines, lesatriums, ou lestablinums. Les grandes statues, c'est-à-dire celles qui revêtaient une fonction commémorative, étaient pour la plupart situées à l'intérieur du Forum. Le matériau préféré était le bronze, mais les petits chefs-d'œuvre en marbre, entuf et en terre cuite ne manquent pas. Le « Faune dansant », le « Silène ivre », le « Sanglier assailli » figurent parmi les œuvres dont la fraîcheur et l'immédiateté s'accompagnent d'une facture exquise. Le « Doryphore » mérite une mention à part : il s'agit d'une belle copie d'une splendide sculpture grecque. Plusieurs fragments de statues provenant pour la plupart du quartier du Forum et des temples consacrés à la Triade capitoline ont aussi été retrouvés.
Un combat de la partie 5 du manga (1996-1999) et anime (2018)JoJo's Bizarre Adventure prend place à Pompéi. On peut reconnaître plusieurs endroits du site dont la mosaïquecave canem
Le Variant (The Variant), deuxième épisode de la sérieMarvel StudiosLoki
↑Chevallier décrit l'activité à l'époque :« une foule colorée, bruyante, grouillante : enfants avec leurs pédagogues, saltimbanques, notables en chaises ou litières entourés de clients, soldats, marins, acteurs, « touristes » de passage, esclaves venus de lointaines provinces, femmes en toilette allant au bain ou au spectacle, vendeurs d'eau, colporteurs, portefaix, cavaliers, accroissant la confusion, sans oublier les mendiants et les voleurs ». CfRaymond Chevallier,Les voies romaines, Picard,,p. 124
↑Cette idée de standardisation des distances entre roues montre cependant des grandes variations selon les régions. CfJean-Pierre Adam,La construction romaine : matériaux et techniques, Picard,,p. 303.
↑Lesscriptores réalisent non seulement ces « affiches », mais aussi les enseignes de boutiques, les annonces en tout genre (jeux, ventes, etc.).
↑En latin comme suit :Eumachia L(uci) f(ilia) sacerd(os) publ(ica) nomine suo et M(arci) nimistri Frontonis fili chalcidicum cryptam porticum Concordiae Augustae Pietati sua pequnia fecit eademque dedicauit.
↑M(arcus) Tullius M(arci) f(ilius) d(uo) v(ir) i(ure) d(icundo) tert(ium) quinq(uennalia) augur, tr(ibunus) mil(itum) a pop(ulo), aedem Fortunae August(ae) solo et peq(unia) sua, « Marcus Tullius, fils de Marcus, duumvir, jure dicundo à trois reprises, quinquennale, augure, tribun militaire, élu par le peuple, a fait ériger le temple de la Fortune Auguste sur ses terres et à ses frais ».
↑M(arci) Tullii M(arci) f(ilio) area privata, « Marcus Tullius, fils de Marcus, espace privé ».
↑Agathemerus Vetti suavis caesiae prime Pothus Numitori Anteros lacutulent Ministri primae Fortunae Augustae iussi Marci Statii Rufi. Gnei Melissae DVID Publio Silio Lucio Volusio Saturnino coonsulibus ET Tauro Statilio Titio Platilio Aeliano consulibus Lucius Statius Faustus pro signo quod lege Fortunae Augustae ministorum ponere debebat referente Publio Pompio Amethysto quaestore basis duos marmorias decreverunt pro signo poniret.
↑Les exemples d’insulae de rapport les mieux conservées sont àOstie.
↑C'est à la découverte de cette mosaïque qu'elle a dû son premier nom, « maison de la grande Mosaïque », remplacé plus tard par son nom actuel.
↑hic ego puellas multas futui, « ici j'ai besogné plusieurs filles » (CIL IV, 2175).Felix bene futuis, « Félix, tu baises bien » (CIL IV, 2176), graffiti nominatif à la glorification du mâle. Cf.Virginie Girod,Les Femmes et le sexe dans la Rome antique,Éditions Tallandier,,p. 147.
↑hic ego puellas multas futui, « ici j'ai besogné plusieurs filles » (CIL IV, 2175).
↑Apollinaris medicus Titi Imp hic cacavit bene , « Apollinaris, médecin de l’empereur Titus, a ici bien chié » (CIL IV, 010619).
↑Claude Albore Livadie,Tremblements de terre, éruptions volcaniques et vie des hommes dans la Campanie antique, Naples, Centre Jean Bérard,, 232 p.(ISBN2-903189-29-3),p. 110
↑Jean-Pierre Adam et Michel Frizot,Dégradation et restauration de l'architecture pompéienne, Éditions du Centre national de la recherche scientifique,, 112 p.
↑P. G. Guzzo,« Pompéi italique et sa structuration urbaine », dans Pier Giovanni Guzzo,De Pithécusses à Pompéi. Histoires de fondations, Publications du Centre Jean Bérard,,p. 83-105
↑William Van Andringa,Quotidien des dieux et des hommes. La vie religieuse dans les cités du Vésuve à l'époque romaine, École française de Rome,,p. 177-179
↑Paul Veyne, François Lissarrague et Françoise Frontisi-Ducroux,Les mystères du gynécée, éd. Gallimard, 1998. ; cf. document viédéo Paul Veyne et Françoise Frontisi-Ducroux,Antiquité sexe, mystère et religion, Arts & Éducation Paris-Musées Centre Audiovisuel de Paris, mars 1995,vidéo en ligne surCanal U.
Claude Aziza (éd. scientifique) (textes choisis, présentés et commentés par Claude Aziza),Pompéi : Le rêve sous les ruines, Omnibus,, 1022 p., 20 cm(ISBN2-258-06025-7,SUDOC070444374).
Gabriel Zuchtriegel et Dominique Garcia,Pompéi, la magie des ruines : Un voyage dans les rues de la cité antique, Alisio,(ISBN978-2-3793-5421-2,SUDOC281276277).
« Pompéi : une nuée de découvertes »,La Science, CQFD, France Culture, 29 janvier 2025. Avec : Hélène Dessales (responsable de programmes de recherche à Pompéi), Emmanuel Botte (centre Camille-Jullian) etDominique Garcia (président de l'Inrap)
(en)Pompeiiinpictures ensemble très riche de photographies, accompagnées de plans, des différentes maisons, fresques et autres lieux, classés par région