Ne doit pas être confondu avecPolymétrie.

Lapolyrythmie consiste à superposer plusieursrythmes d'accentuations différentes, par exemple binaires et ternaires[1]. Chaque partie rythmique est appelée « motif » quand il s’agit d’un rythme qui se répète.
La notion de rythmique, et donc de polyrythmie, ne se limite pas à des parties depercussions. On peut donc construire le rythme « de base » suivant (ce rythme est souvent appelé un « trois sur quatre ») :
| Partie 1 en 4/4(3 mesures) : | o | × | × | × | o | × | × | × | o | × | × | × |
| Partie 2 en 3/4(4 mesures) : | o | × | × | o | × | × | o | × | × | o | × | × |
Les o symbolisent chacun unenoire et les × un soupir (un silence de la durée d’une noire).
On constate alors qu'on retrouve la position initiale au bout d'une période de 12 temps (3x4 temps sur 4x3 temps). Une application plus compliquée peut être de concevoir desmesures composées, ou d’inclure desdivisions artificielles :triolet,quintolet…
Note sur l’exemple : cet exemple résulte d’un changement de mesure (d’une mesure à 4/4 on passe à une mesure à 3/4) et donc d’une « polymétrie » plus que d’une polyrythmie.
Dans une mesure binaire (par exemple 2/4), une première portée constituée de 4croches superposées à une seconde constituée de 2 triolets de croches sont un bon exemple de polyrythmie.
Lesmusiquesafricaines,indiennes etarabes utilisent de multiples formes de polyrythmie. EnOccident, dès leMoyen Âge, elle est présente dans lespolyphonies médiévales[2] et demeure surtout dans lesmusiques folkloriques particulièrement ducentre de l'Europe.Igor Stravinsky avecLe Sacre du printemps en 1913 transcende cette technique suivi parBéla Bartók etCharles Ives. Plus tard, les techniques demusique minimaliste telles que le déphasage théorisé parSteve Reich (Drumming, 1971) utiliseront des procédés très savants de polyrythmie.Philip Glass utilise la polyrythmie dans son albumGlassworks, comme introduction (Ouverture) et conclusion (Closing). Celle-ci prend la forme de triolets opposés à des croches (notée 3:2).
Wolfgang Amadeus Mozart, dans le dernier mouvement de sonQuatuor pour hautbois en fa majeur, à la mesure 95, superpose au 6/8 initial maintenu par les cordes (2 fois 3 croches par temps), une mesure écrite C (4/4), mais en fait un 2/2 (2 fois 4 croches par temps), donnant à la partie de soliste une impression de « décollage » d'une grande virtuosité. Son tour de force le plus complexe pour l'époque est d'avoir superposé trois danses à la fin du premier acte de sonDon Giovanni, plaçant ainsi sur deux mesures à 3/4 d'unmenuet (orchestre I), trois mesures à 2/4 d'unecontredanse (orchestre II) et six mesures à 3/8 d'unedanse allemande (orchestre III), « spacialisant » ainsi un bal à plusieurs pistes de danses dans les jardins de la maison de don Giovanni. Dans l'étudeop. 25,no 1 deChopin, la main gauche doit parfois jouer cinq doubles croches d'égale durée pendant que la main droite en joue six. Si on découpe le temps en trente parties cela donne :
# X----X----X----X----X----X----X# X-----X-----X-----X-----X-----X
Iannis Xenakis ira encore plus loin en mélangeant lestempos. Parmi les œuvres les plus difficiles en matière de polyrythmie, les pièces pour orgue deJean-Louis Florentz se distinguent particulièrement, notammentLes Laudes etDebout sur le Soleil, où le compositeur superpose parfois des croches avec des triolets et des quintolets.
Beaucoup de musiques récentes telles que lejazz, lerock progressif ou lamusique d’Amérique latine comme lasamba ou lasalsa utilisent aussi cette technique. On en retrouve aussi l'usage dans leheavy metal, et plus particulièrement dans ledjent,metal progressif,mathcore, ou math metal. Le groupe de metalMeshuggah est aussi spécialisé dans la polyrythmie.Conlon Nancarrow est reconnu pour avoir poussé la polyrythmie expérimentale à sa limite grâce à l'utilisation d'unpiano mécanique. Il est le premier à avoir introduit des constantes mathématiques tels quee etπ dans la rythmique de ses œuvres.
Enjonglerie, des notions de polyrythmie au niveau du rythme deslancers apparaissent en 2005 sur la liste de discussionrec.juggling. Le but est de dissocier le travail desmains pour sortir des modes de jonglerie classiquesasynchrone etsynchrone. Les séquencessiteswap polyrythmiques introduisent de nouveaux rythmes en solo et enpassing car elles sont composées de séries de lancers synchrones et asynchrones. Par exemple une séquence polyrythmique 2 sur 3 présente un lancer synchrone suivi de trois lancers asynchrones c’est-à-dire que les mains jettent en même temps (gauche et droite), puis trois lancers à tour de rôle (gauche, droite, gauche ou inversement). Les X marquent les temps où les mains lancent (identique aux temps frappés du polyrythme correspondant en musique).
| rythme à 3 temps | X | X | X | X | X | X | ||||||
| rythme à 2 temps | X | X | X | X |
Sur les autres projets Wikimedia :