Depuis1990, laRoumanie est unerépubliquedémocratique àrégime semi-présidentiel, où le Premier ministre est lechef du gouvernement issu du parti majoritaire au parlement. Lepouvoir exécutif est détenu par le gouvernement tandis que lepouvoir législatif est partagé entre le gouvernement et les deux chambres duparlement. C'est latroisième république de l'histoire du pays, les deux précédentes étant laRépublique populaire roumaine (1948-1965) et laRépublique socialiste de Roumanie (1965-1989) mises en place par lerégime communiste de Roumanie ; c'est aussi laseconde période demultipartisme, la première ayant fonctionné pendant soixante ans sous lamonarchie constitutionnelle, de1878 (indépendance du pays) à1938 (instauration ducarlisme).
Fonction | Nom | Parti | Depuis |
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Président | Ilie Bolojan | Indépendant(éluPNL) | |
Premier ministre | Marcel Ciolacu | PSD |
Le président est élu au suffrage universel direct pour un mandat de cinq ans. En tant quechef d'État, il est chargé de la sauvegarde de la Constitution, des affaires étrangères et du bon fonctionnement des autorités publiques. Il est également le commandant suprême des forces armées et président du Conseil suprême de défense nationale. Il nomme le Premier ministre sur conseil du parti majoritaire au parlement. Si aucun parti ne détient la majorité, il consulte au préalable l’ensemble des partis représentés. Le Premier ministre nomme les autres membres du gouvernement. Lui et ses ministres répondent politiquement de leurs actes devant le parlement.
Leparlement de la Roumanie est unsystème bicaméral formé duSénat (composé de 137 sénateurs) et de laChambre des députés (composée de 334 députés). Les membres des deux chambres sont élus pour quatre ans, la dernière fois en.
La politique roumaine est liée aux grands enjeux régionaux :
De sa création en1859 jusqu'en juin1940, la Roumanie a été une « tête de pont »francophile (aux élitesfrancophones) de laFrance et de l'Angleterre, tout en essayant, avec des succès divers, de limiter les représailles de ses puissants voisins. De février1938 à la fin de l'année1989, la vie politique s'appauvrit considérablement, à l'image de l'autonomie de la société civile vis-à-vis des autorités, car le pays subit trois régimesdictatoriaux :carliste,fasciste etcommuniste.
Depuis1990 la Roumanie connaît à nouveau ladémocratie et sa vie politique a retrouvé sa complexité d'antan, avecplusieurs partis politiques majeurs et une forte tendance à lacohabitation, les électeurs donnant souvent auparlement une majorité politique opposée au parti duprésident ou inversement.
À l'Est, la Roumanie voisine avec la République de Moldavie, qui partage avec elle unehistoire commune, lamême langue, les mêmes traditions populaires,culinaires etmusicales, mais qui comprend une importantediaspora russe, a subi de 1812 à 1918 et depuis 1940 un important processus culturel derussification, et se situe dans lasphère d'influence russe. AuXXIe siècle, les 20 millions deRoumains se trouvent toujours, comme tout au long deleur histoire, aux limites et à cheval sur deuxzones d'influence majeures : ainsi laRoumanie (17,4 millions de roumanophones sur 20 millions d'habitants) se trouve aujourd'hui dans l'Union européenne (depuis 2007) et dans l'OTAN (depuis 2004), où la puissance dominante sont lesÉtats-Unis, tandis que la République deMoldavie (2,6 millions de roumanophones sur 3,6 millions d'habitants) se trouve pour sa part (depuis 1992) dans laCEI et est observatrice de laCommunauté économique eurasiatique, communautés où la puissance dominante est laRussie. Lesrelations entre les deux pays dépendant davantage de ces « nouveaux blocs » que de facteurs locaux, mais n'en ont pas moins une influence déterminante sur le quotidien des populations.
Une partie importante de lapopulation roumaine estime que l'histoire du pays après laSeconde Guerre mondiale a commencé par le « putsch soviétique » du. Les électeurs avaient accordé au minusculeParti communiste roumain environ 3 à 5 % des voix mais, malgré ce score très bas, les communistes sont arrivés au pouvoir et l'histoire a montré le rôle de l'URSS dans cette prise du pouvoir. La dictaturestalinienne a commencé dès 1945 avec la prise de contrôle duRoyaume de Roumanie par leparti communiste roumain mais larépublique « populaire » roumaine n'a été proclamée que le.
Ce régimetotalitaire, d'inspirationmarxiste-léniniste, était caractérisé par[1] :
En prenant le pouvoir, le Parti communiste roumain a tourné le dos à l’idéal communiste dont il se réclamait : deux dictons populaires de l’époque de ladictature communiste étaient que « PCR » signifiait « pile, combinații, relații » soit « piston, magouilles, relations », et que dans ce régime, « toutes les briques de l'édifice sont théoriquement égales, mais pratiquement celles d’en bas doivent supporter le poids de celles d’en haut »[2].
La phase la plus connue à l'étranger de l'histoire du communisme en Roumanie est le régime des épouxCeaușescu, appelé « national-communisme » par l'historienne françaiseCatherine Durandin en raison de la teinte isolationniste prise sous cette présidence, dont les manifestations (exacerbation duprotochronisme, duculte de la personnalité et de la destruction dupatrimoine et de l'environnement au nom de la « systématisation du territoire ») ont duré vingt-cinq années, sans être spécifiques à la seule Roumanie, mais en y prenant des aspects caricaturaux.
Outre les traumatismes psychologiques[3] et sociaux, les conséquences de cette dictature prolongée sont égalementéconomiques : alors que le régime essayait de contrôler toute la terre arable et d'industrialiser le pays à outrance, le processus de modernisation s'est longtemps embourbé dans beaucoup de régions rurales où les paysans ont fait de la résistance (parfois armée) à lacollectivisation, adoptant des techniques d'agriculture traditionnelle et locale certes archaïques (sans motorisation), mais qui leur permettaient d'échapper aux famines, comme à la fin desannées 1980. Même de nos jours, plus de vingt ans après la fin de la dictature, les paysans ont du mal à renoncer à leur terre pour faire des exploitations plus intensives, et nombreux sont les citadins à garder un potager-poulailler de subsistance à la campagne, à la fois par méfiance envers lesproduits industriels, mais aussi « au cas où... on ne sait jamais ce que l'histoire réserve »[4].
La transition commence par unepériode de partage de la sphère publique (omniprésente à l'époque communiste) entre dessphères privées sous les présidences deIon Iliescu (1989-1992,1992-1996 et2000-2004) et d'Emil Constantinescu (1996-2000). Dans cette première phase, le slogan d'Ion Iliescu « nous ne vendons pas notre pays » (« nu ne vindem țara ») se traduit par une législation protectionniste, peu d'investissements étrangers et une privatisation « interne » à bas prix au profit de la classe politique, issue des rangs duparti communiste et de l'ancienne haute administration. À partir de 2002, l'idée d'une adhésion à l'Union européenne fait son chemin dans cette classe politique devenue de plus en plus économique, des facilités sont accordées aux investisseurs étrangers et la Roumanie, avec une croissance économique de 8,3 % et un taux de chômage d'environ 6,2 % à la fin de l'année2004, devient un « pôle de croissance » de l'Europe, du moins jusqu'à lacrise financière des années 2010 due à ladérégulationmondiale, qui mit fin au « rêve libéral » pour la plupart des Roumains (beaucoup d'entreprises qui avaient délocalisé en Occident pour s'implanter en Roumanie dans les années 2000, délocalisent depuis 2010 de Roumanie pour s'implanter enInde, enIndonésie, enÉthiopie).
Ladictature se réclamant ducommunisme et autoproclamée « démocratie populaire », qu’a exercée entre le et le leParti communiste roumain, a été reconnue en2004 par leParlement roumain comme « génocidaire », ayant « conçu et mis en œuvre un plan concerté et prémédité d’extermination sous prétexte delutte des classes et de praxis révolutionnaire »[5]. Avec lagrande famine ukrainienne des années 1930[6], c’est le seul cas de reconnaissance juridique officielle d’un crime de masse commis sur critères « politiques » et « sociaux » comme « génocide » (même leGoulag, leLaogai ou legénocide cambodgien ne sont pas juridiquement reconnus comme génocides, car la définition internationalement reconnue pour un génocide postule qu’il ait été commis exclusivement sur critères « nationaux, ethniques, raciaux ou religieux »).
Mais c’est dès les semaines qui ont suivi laLibération de 1989 que les hommes politiques ayant alors pris le pouvoir, telsIon Iliescu ouPetre Roman eux-mêmes communistes un mois auparavant, ont lancé à la télévision des slogans comme « à bas le communisme », « combattons pour notre liberté », « nous voulons une société pluraliste » ou « à bas le Parti communiste » (qui a d’ailleurs été dissout durant un an : 95 % de ses membres détruisirent leurs cartes, tandis qu’environ 150 000 rejoignirent d’autres partis, notamment leFront de salut national devenuParti social-démocrate[7]; une minorité d’anciens membres constitua en unParti socialiste du travail, devenu en 2003 l’Alliance socialiste qui reprit en 2010 le nom de Parti communiste roumain[8]).
Après la Libération, un grand nombre d’ouvrages historiques parut, dévoilant au grand jour les crimes de ce régime, étudiées par des commissions d’historiens comme l’officielle « Commission historique d’investigation et d’analyse des crimes du régime communiste », coordonnée parVladimir Tismăneanu (en)[9] ; en outre, un « Mémorial de la Résistance et des victimes du communisme » a été fondé en1993 par d’anciens dissidents àSighet[10]. Ces travaux ont préparé la reconnaissance officielle de 2006, qui impute au régime 2.215.000 victimes en 45 ans soit environ 10 % de la population[11].
Ce rapport de 660 pages qui commence par une citation deJules Michelet à propos de la Révolution française et se présente comme un « premier pas vers une analyse historique plus exhaustive de la période communiste », a suscité des réactions contrastées tant en Roumanie qu’à l’étranger. Hors-frontières, de nombreux historiens et juristes ont critiqué l’entorse faite par la Roumanie (comme l’Ukraine) au principe selon lequel seuls des critères « nationaux, ethniques, raciaux ou religieux » définissent un « génocide », à l’exemple dugénocide arménien, de laShoah ou de laPorajmos. En Roumanie même, les leaders anciennement communistes, devenusnationalistes commeAdrian Păunescu ouCorneliu Vadim Tudor (président duparti d'extrême-droite PRM), ont invectivé à la télévision Vladimir Tismăneanu ou fait siffler dans l’enceinte du parlement le présidentTraian Băsescu pour avoir approuvé ces travaux.
Ils ont tenté de discréditer le rapport, qualifié de « ridicule, plein d’erreurs culturelles et historiques » et critiqué pour avoir comptabilisé non seulement les 975.000 victimes directement dues à la répression (détention, tortures, exécutions), mais aussi celles dues à l’indigence des familles des détenus politiques (privées de toute ressource), à lapénurie institutionnalisée dont souffrait une grande partie de la population, auxdisettes provoquées par lesréquisitions, au manque d’énergie et donc de chauffage, au manque de sécurité dans le travail, à l’emploi massif des prisonniers pour les travaux dangereux et de grande envergure, et au manque de soins aux plus faibles de par l’insuffisance des fournitures médicales et pharmaceutiques.
« J'ai trouvé dans ce rapport les raisons pour lesquelles je peux condamner, au nom d’un État démocratique, le régime communiste en Roumanie où d’anciens dignitaires communistes occupent toujours des positions importantes dans la politique, les affaires et les médias » a déclaré au parlement le présidentTraian Băsescu (proche deslibéraux) sous les sifflets et les huées de l’oppositionsocialiste etnationaliste. À la même date (, soit 16 ans après la fin du régime communiste), la Fondation pour une Société ouverte avait publié un sondage[12] indiquant que les Roumains considèrent le communisme réel, tel que le pays l'a connu, comme :
Après le, il s'agit de la politique de la Roumanie comme sous-ensemble de celle de l'Union européenne.
L'entrée des autres partis roumains auParlement européen a surtout profité aux libéraux européens (qui voient ainsi leur nombre augmenter de 17 %), aux partis de centre-droit et aux euro-députés socialistes grâce auPSD roumain.
C'est celui-ci, issu duFront de salut national fondé par l’ex-communisteIon Iliescu qui a toujours gardé, depuis plus d'un quart de siècle, le pouvoir économique et la majorité ou une forte influence parlementaire, même dans les brèves périodes (1996-2000 et depuis 2014) où la présidence a été assurée par des candidats de l'opposition issue de ladissidence. En Roumanie, ladémocratie est de type parlementaire : le président, nomme lePremier ministre qui forme le gouvernement, mais rien ne peut être fait sans l'approbation du Parlement, où lePSD a toujours été majoritaire seul ou en coalition. Après l'effondrement de ladictature, lanomenklatura desapparatchiks, devenus desoligarques dans la nouvelleéconomie de marché, a rejoint surtout le PSD qui applique une politiqueéconomique libérale (larges privatisations, indépendance de la Banque centrale), s'est rapprochée fortement de l’OTAN et de l’Union européenne, mais a oublié la composante sociale. Cela paupérise une partie de la population : la corruption rampante provoque la colère et le désespoir des couches populaires.
Début 2007, l’extrême droite dépasse les 20 parlementaires nécessaires pour constituer un groupe parlementaire européen, d’aprèsBruno Gollnisch, membre du Front national en France : c’était le plus haut score jamais atteint par leparti de la Grande Roumanie deCorneliu Vadim Tudor. Après ce pic, consécutif à la crise économique (les prix ont été multipliés par 2400 et la BNR finit par émettre des coupures de un million de lei soit environ 27 euros), les partis nationalistes roumains ensembleplafonnent à moins de 6%. D’ailleurs, le groupe a eu du mal à se former, car les cinq membres du « parti de la Grande Roumanie » sont difficilement classables dans la catégorie « extrême-droite » et lors de l’annonce de cette alliance, une grande partie de ces membres n’était pas au courant, mais contente car ainsi leur parti allait recevoir 50 000 euros par parlementaire et par an. Les formations d’extrême droite roumaines (La Grande Roumanie et Nouvelle Droite notamment) ont en commun l’antisémitisme, des positionsxénophobes et expansionnistes, en prônant l'annexion de laMoldavie et des discours anti-hongrois[13].
L’adhésion en à l’Union européenne n’empêche pas la Roumanie d’être touchée de plein fouet par lacrise financière des années 2010, même si les médias occidentaux ne lui accordent pas la même attention qu’à laGrèce. Les mesures drastiques d’austérité (réduction des salaires de 25 %, réduction de 20 % des retraites déjà très faibles, passage de la TVA de 19 % à 24 %, augmentation de toutes les taxes et impôts, licenciement sans indemnité de 200 000 fonctionnaires) mènent à l’élection présidentielle roumaine de 2014 de l'opposantKlaus Iohannis, mais le PSDVictor Ponta, ayant la majorité au Parlement, garde la direction du gouvernement[14] jusqu’à ce que les manifestations contre la corruption l’obligent, déjà en, à démissionner en faveur deLiviu Dragnea puis dugouvernement Grindeanu qui poursuivent la même politique[15].
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