Lapolitique d'apaisement dans lesrelations internationales vise à éviter la guerre en faisant des concessions à l'ennemi.
L'historienPaul Kennedy la définit ainsi :« politique de règlement des querelles internationales par l'admission et la satisfaction des États par la voie de négociation rationnelle et de compromis, évitant ainsi le recours à un conflit armé qui serait coûteux, sanglant, voire dangereux »[1].
En histoire, le mot vient directement de l'anglaisAppeasement, qui symbolise la politique étrangère britannique vis-à-vis duTroisième Reich entre 1933 et 1939.
Cette politique a été utilisée par les démocraties européennes, dans lesannées 1930, qui souhaitaient éviter la guerre avec les dictatures d'Allemagne et d'Italie, en gardant à l'esprit les horreurs de laPremière Guerre mondiale, surnommée la « der des Ders » enFrance. Le terme est plus souvent appliqué à la politique étrangère du Premier ministre britanniqueNeville Chamberlain envers leTroisième Reich allemand entre 1937 et 1939.
L'inaction des Alliés face à lacrise d'Abyssinie, laremilitarisation de la Rhénanie et l'Anschluss font partie intégrante de cette politique dite « d'apaisement ». Lesaccords de Munich, signés en 1938 entre laFrance, leRoyaume-Uni, l'Allemagne et l'Italie, sont le point culminant de sa politique étrangère, permettant àHitler d'occuper lesSudètes. Chamberlain lors de son retour àLondres déclarera :« Mes bons amis, pour la seconde fois de notre histoire, un Premier ministre britannique est revenu de l'Allemagne en apportant la paix avec honneur. Je crois que c'est la paix pour notre temps… Retournez à la maison et prenez un bon sommeil paisible. » (« My good friends, for the second time in our history, a British Prime Minister has returned from Germany bringing peace with honour. I believe it ispeace for our time… Go home and get a nice quiet sleep. »).
Horrifiés par les abominables massacres subis par la Grande-Bretagne au cours de la Première Guerre mondiale, et très désireux de rétablir des relations économiques normales avec l'Allemagne, les gouvernements britanniques successifs à partir de 1920 pensent qu'aucun homme sensé ne peut vouloir une nouvelle guerre, qui marquerait la fin de la civilisation. Aussi, ils ne veulent plus de confrontation diplomatique avec le Reich et se heurtent à l'intransigeance de la France, dès 1920, notamment sur le règlement desRéparations.
Vexé que ses recommandations aient été brutalement repoussées parClemenceau, au cours des négociations de paix,Keynes publie son célèbre pamphletLes Conséquences Économiques de la Paix, dans lequel il rend impossible tout redémarrage économique en Europe sans l'abolition desdites Réparations. Dès son arrivée au pouvoir, le, Hitler rentre dans une politique de surenchère vis-à-vis des vainqueurs de 1918, que ce soit à propos des Réparations ou de territoires et qui rencontre un fort écho à Londres. En effet, tous les gouvernants pensaient qu'Hitler, lui-même ancien combattant, ne pouvait pas vouloir raisonnablement une autre guerre ; aussi, la Grande-Bretagne devait accorder à l'Allemagne ce qu'elle revendiquait « légitimement », c'est-à-dire l'égalité des droits.
Pour cela, Hitler manipula certains aristocrates anglais,Lord Lothian,Lord Halifax, Lord Londonderry, ou des journalistes, commeGeoffrey Dawson, directeur duTimes, en les utilisant comme leviers pour affaiblir la position des diplomates duForeign Office. Ces personnes se réunissaient de façon informelle à la demande deLady Astor, dans son château de Cliveden. Ce groupe, dit leCliveden set, jouait le rôle d'unthink-tank pacifiste. Le grand adversaire de cette politique, dès 1933, étaitWinston Churchill ; il était aidé — et secrètement informé — parRobert Vansittard, sous-secrétaire permanent duForeign Office.
La Grande-Bretagne admit ainsi facilement le rétablissement de la conscription, la constitution de laLuftwaffe et l'accord naval avec le Reich (1935), l’occupation de la Rhénanie (1936), l'Anschluss avec l'Autriche et l'annexion desSudètes (1938). À chaque nouvelle violation dutraité de Versailles, l'opinion britannique, dûment chapitrée par une presse pacifiste, ne réagissait pas. Après l'annexion de la Bohème-Moravie en, l'opinion britannique bascula dans le sens de la fermeté, défendue à cor et à cri par Winston Churchill. Cette politique fut définitivement enterrée le, par l'entrée en guerre de la Grande-Bretagne.
Depuis les années 1930, le terme est synonyme de lâcheté et de faiblesse et est toujours utilisé dans le domaine desrelations internationales.