ils jouent un rôle significatif dans de nombreuses cultures, en tant que déités et symboles religieux, ou sujets de contes, de légendes et d’œuvres d’art diverses (livres, films, etc.) ;
ils jouent un rôle important dans leursécosystèmes ;
Le premierinventaire ichtyologique deFrance semble être celui dePierre Belon, en 1555,La nature et la diversité des poissons avec leurs pourtraicts représentés au plus près du naturel[4].
Le termepoisson est plus précisément employé pour désigner lescrâniates nontétrapodes, c'est-à-dire des animaux avec uncrâne cartilagineux ou osseux qui protège la partie antérieure du système nerveux, possédant desbranchies toute leur vie et qui peuvent posséder des nageoires, mais pas de pattes[8]. Les poissons ne forment pas un groupephylogénétiquement homogène, contrairement auxoiseaux ou auxmammifères (voirplus bas).
Un poisson typique est « à sang froid » ; il possède un corps allongé lui permettant de nager rapidement ; il extrait ledioxygène de l'eau en utilisant ses branchies ; il possède deux paires de nageoires, les nageoires pelviennes et les nageoires latérales, habituellement une ou deux nageoires dorsales, une nageoire anale et une nageoire caudale ; il possède une mâchoire double, pour lesgnathostomes, ou simple, pour lesagnathes ; sa peau est généralement recouverte d'écailles ; il estovipare.
Les poissons ont des formes très diverses : cedragon des mers, proche de l'hippocampe, se confond avec les algues grâce à la forme de ses nageoires.
Chacune de ces caractéristiques comporte toutefois des exceptions. Lesthons, lesespadons et certaines espèces de requins sontentre sang chaud et sang froid, et peuvent élever leur température corporelle au-dessus de celle de l'eau ambiante[9]. Et de la même façon, lalampris-lune semble être un cas unique de poisson à sang chaud. La forme du corps et les performances natatoires varient considérablement, des nageurs très rapides capables de parcourir dix à vingt longueurs de leur corps par seconde (thons, saumons) aux poissons très lents mais mieux manœuvrants (comme lesanguilles ou lesraies) qui ne dépassent pas 0,5 longueur par seconde[10]. Plusieurs groupes de poissons d'eau douce extraient le dioxygène de l'air comme de l'eau en utilisant des organes variés. Lesdipneustes possèdent deuxpoumons similaires à ceux des tétrapodes ; lesgouramis ont un « organe labyrinthe » qui fonctionne de la même manière ; lesCorydoras extraient le dioxygène par l'estomac ou l'intestin[11]. La forme du corps et la position des nageoires varient énormément, comme en témoigne la différence entre leshippocampes, leslophiiformes, lespoissons globes ou lessaccopharyngiformes. De même, la surface de la peau peut être nue (murènes) ou couverte d'écailles de différents types : placoïdes (requins et raies), cosmoïdes (cœlacanthes), ganoïdes, cycloïdes et cténoïdes[12]. Certains poissons passent même davantage de temps hors de l'eau que dedans, comme lespériophthalmes qui se nourrissent et interagissent entre eux sur des terrains boueux et ne retournent dans l'eau que pour se cacher dans leur terrier[13]. Certaines espèces peuvent êtreovovivipares ou vivipares.
À l'opposé des groupes tels que lesoiseaux ou lesmammifères, les poissons ne forment pas unclade : le groupe estparaphylétique, c'est-à-dire qu'il ne comporte pas tous les descendants de leur ancêtre commun[14],[15],[16]. Pour cette raison, la « super-classe Pisces » n'est plus utilisée enclassification phylogénétique, chaque clade devant comporter tous les descendants du même ancêtre, ce qui amènerait à y adjoindre lesTétrapodes (et donc les mammifères). Elle est par contre conservée dans certainesclassifications évolutionnistes modernes[3].
Les poissons sont classés dans les groupes principaux suivants (engrisé et précédés de l'obèle « † », les taxons éteints) :
Certains paléontologues considèrent que lesconodontes sont deschordés et les considèrent comme des poissons primitifs ; voir l'articleVertébré.
Les différents groupes de poissons pris tous ensemble comprennent plus de la moitié des vertébrés connus. En 2025, la base de donnéesFishBase dénombre plus de 36 000 espèces de poissons, classées en 5 257 genres, 630 familles, 84 ordres et 10 classes[17]. Un tiers de toutes ces espèces est renfermé dans les neuf plus grandes familles, qui sont (des plus grandes aux plus petites) :Cyprinidae,Gobiidae,Cichlidae,Characidae,Loricariidae,Balitoridae,Serranidae,Labridae, etScorpaenidae. D'un autre côté, environ 64 familles sontmonotypiques (ne contiennent qu'un seul genre, parfois monospécifique)[18].
Les poissons contemporains sont les vertébrés chez lesquels on observe les plus grands et les plus petits génomes (parmi les vertébrés), phénomène qui a une« signification évolutive » encore incomprise[19]. Legénome est plus petit chez les poissons à nageoires à rayons que chez les poissons cartilagineux, hormis chez lespolyploïdes (qui explique en grande partie les variations de taille de génome au sein de ces deux groupes)[19]. Le génome des poissons d'eau douce (eteurybiontes) est plus grand que celui des espèces apparentées marines etsténobiontes[19]. Les différences de taille de génome ne semblent pas liées autaux métabolique propre à l'espèce mais elles sont positivement corrélées avec la taille des œufs, ce qui peut évoquer un lien avec l'évolution des soins parentaux[19].
Évolution des vertébrés selon un diagramme axial représentant les cinq grandesclasses (poissons[20], amphibiens, reptiles, oiseaux et mammifères). La largeur des axes indique le nombre defamilles dans chaque classe (lestéléostéens, poissons à squelette complètement osseux et ànageoires rayonnantes, représentent 99,8 % desespèces de poissons, et près de la moitié des espèces de vertébrés)[21].Haikouichthys ercaicunensis, unique espèce de son genre, est un poissonagnathe éteint.
Par leur diversité morphologique, physiologique, comportementale et écologique, les poissons représentent un remarquablesuccès évolutif[22].
Dans un contexte évolutif, l'ensemble destaxons désignés par le terme poisson n'est plus considéré homogène, ces taxons ayant des histoires évolutives différentes et formant donc différentsclades[2].
Certains pensent que les poissons ont évolué à partir d'une créature du typeascidie (dont les larves ont des ressemblances avec les poissons primitifs) ; les premiers ancêtres des poissons auraient alors conservé leur forme larvaire à l'état adulte parnéoténie, mais l'inverse est aussi possible. Les fossiles candidats au statut de « premier poisson » connus sontHaikouichthys,Myllokunmingia etPikaia.
Les tout premiers fossiles de poissons ne sont guère nombreux, ni de bonne qualité : peut-être les poissons primitifs étaient-ils rares ou mal fossilisables ou les conditionstaphonomiques mauvaises. Cependant, le poisson devint une des formes de vie dominantes du milieu aquatique et a donné naissance aux branches évolutives menant aux vertébrés terrestres comme lesamphibiens, lesreptiles et lesmammifères.
L'apparition d'une mâchoire articulée semble être la raison majeure de la prolifération ultérieure des poissons, car le nombre d'espèces de poissons agnathes devint très faible. Les premières mâchoires ont été trouvées dans les fossiles deplacodermes. On ignore si le fait de posséder une mâchoire articulée procure un avantage, par exemple, pour la préhension ou la respiration.
Les poissons ont aussi coévolué avec d'autres espèces (prédateurs, pathogènes et parasites notamment, mais aussi parfois des espèces symbiotes). Durant leurs migrations (longues et sur de longues distances pour les saumons et lamproies, et plus encore pour les anguilles), ils peuvent transporter (dispersion) un certain nombre de propagules d'autres organismes (ectoparasitisme,endozoochorie, œufs viables non digérés[23], etc.).
Lesagnathes regroupent des animaux àcorde dorsale et à crâne, mais sans mâchoires. Leur vie en milieu aquatique les a fait longtemps classer parmi les poissons.
La plupart des études récentes basées sur les comparaisons de séquences d'ADN soutiennent que les myxines et les lamproies sont étroitement apparentées. On parlera alors du groupe descyclostomes[24].
Les myxines et lamproies partagent des caractères morphologiques ancestraux à tous lescraniés, qui sont perdus chez lesgnathostomes. Leur bouche rudimentaire, qui se comporte comme une ventouse, ne possède pas de mâchoires, et ne peut donc pas modifier son ouverture. Leursquelette est cartilagineux et composé d'une capsule crânienne et d'une colonne vertébrale sans côtes.
Si les agnathes actuels sont peu nombreux, de nombreuxfossiles d'agnathes sont présents dans lessédiments dupaléozoïque. Les agnathes furent les tout premierscrâniates à apparaître. Certains agnathes fossiles, comme lesostéostracés sont plus proches parents desvertébrés à mâchoire que deslamproies etmyxines. Par exemple, ils possèdent des membres pairs (nageoires pectorales) à la différence de ces dernières[24]. Lesconodontes sont un type d'agnathes préhistoriques ayant développé des « dents » sans avoir jamais développé demachoires.
Chez lesChondrichthyens, aussi appelés « poissons cartilagineux », il n'y a globalement pas d'ossification endochondrale. Le squelette est donc très majoritairement composé de cartilage, et pas d'« os vrai »[2]. On peut y trouver les différentes espèces derequins, deraies et dechimères. Il faut ajouter que les « os vrais » peuvent tout de même être observés chez les Chondrichtyens, mais en petite quantité[26].La généralisation de l'os enchondral ne se trouvera que chez lesostéichtyens, étant par ailleurs leur synapomorphie principale.
Les principales synapomorphies des chondrichthyens incluent une couche de cartilage calcifié prismatique et, chez les mâles, les nageoires pelviennes portent des claspers pelviens (organes servant à l'accouplement)[2].
Comme leur nom l'indique, l'innovation la plus notable des poissons osseux est l'os. Le tissu osseux périchondral qui renforçait certains cartilages se généralise, et conduit à deux types d'os d'origines différentes :
l'osenchondral (associé aumésoderme), qui remplace au cours du développement les pièces cartilagineuses du squelette interne ;
surtout, l'osdermique, qui se forme à partir du derme (d'origine mésodermique), apparaît. Il donne les os de la boîte crânienne et les ceintures scapulaires, ainsi que les rayons des nageoires (qui évolueront ultérieurement en membres).
On observe aussi la présence de sacs aériens connectés au tube digestif qui donneront les poumons des vertébrés terrestres et lesvessies natatoires desActinoptérygiens. Ces sacs aériens sont soupçonnés chez certainsGnathostomes fossiles. Les tentatives d'émancipation du milieu aquatique seraient alors apparues dans ce clade.
Les principales fonctionnalités évolutives explorées au niveau des poissons osseux sont l'articulation de la mâchoire, de plus en plus structurée, et la forme et la mobilité des nageoires.
le membre monobasal : l'attache basale se réduit à un seul élément (fémur, omoplate et humérus) et des muscles permettent l'articulation indépendante des rayons (doigts) ;
les dents se couvrent d'émail.
Il apparait donc évident, vu les membres de ce groupe, que pour rendreholophylétique le groupe des poissons (c'est-à-dire pour qu'il contienne tous les descendants de sondernier ancêtre commun, et donc le considérer valide du point de vuecladiste), il faudrait y inclure tous lesvertébrés terrestres dont les humains font partie. Certainsévolutionnistes ont souligné que l'idée d'appeler l'homme un poisson était absurde et qu'il était donc préférable d'accepter comme valides les groupesparaphylétiques[27].
Les cellules épidermiques sont toutes vivantes, éliminations sans modification, elles tombent. Peu épais (5 -9 couches cellulaires), il y a des échanges osmotiques et ioniques.
Certains poissons pélagiques développent sur leur épiderme une coloration à fort contraste dorso-ventral. L'interprétation la plus classique est qu'il s'agirait d'unecoloration cryptique permettant une sorte de camouflage anti-prédateur baptiséeombre inversée : la coloration sombre dorsale leur permet de se confondre avec les fonds marins et les rend moins visibles d'unprédateur aviaire ; la coloration blanche du ventre aurait une valeur adaptative, en les rendant moins visibles d'un prédateur venant des profondeurs (requin, thon) qui est ébloui par la luminosité des rayons solaires (confusion avec la lumière ambiante à travers lafenêtre de Snell)[29].
La plupart des poissons se déplacent en contractant alternativement les muscles insérés de chaque côté de la colonne vertébrale. Ces contractions font onduler le corps de la tête vers la queue. Lorsque chaque ondulation atteint la nageoire caudale, la force propulsive créée pousse le poisson vers l'avant.
Les nageoires du poisson sont utilisées comme stabilisateurs. La nageoire caudale sert aussi à augmenter la surface de la queue, augmentant ainsi la poussée lors de la nage, et donc la vitesse. Le corps fuselé des poissons permet de diminuer les frictions lorsqu'ils nagent, et donc d'éviter qu'ils soient ralentis par la résistance de l'eau. De plus, leurs écailles sont enrobées d'un mucus qui diminue les frottements.
Presque toutes les formes d'alimentation sont observées chez les poissons, mais les modes parasitaires semblent rares ou inexistants (la lamproie n'est pas un poisson au sens taxonomique le plus restrictif du terme).Le régime alimentaire d'une espèce mal connue ou nouvellement découverte peut être étudié par des analyses du contenu stomacal et des analyses isotopiques.
Des cailloux, microplastiques et parfois du sédiment et des os ou écailles de poissons sont souvent trouvés dans les estomacs de poissons (une étude ayant porté sur 5 000 estomacs de poissons appartenant à plus de 70 espèces démersales différentes, échantillonnés à intervalles bathymétriques de 250 m au nord-est de l'océan Atlantique, à des profondeurs allant de 500 à 2 900 m[30]. Des cailloux ou graviers n'ont été trouvés que dans les estomacs de poissons pêchés à 500–1 000 m de profondeur (taux : 4,6 % à 500 mde profondeur, 1,1 % à 750 m et 1,3 % à 1 000 m[30]. Des sédiments étaient présents dans 9 % des estomacs et des écailles chez 7 % des poissons, des estomacs avec des contenus. Sédiments et échelles co-produites dans l'estomac des poissons d'alimentation principalement benthopélagiques[30].
Mâle deChromis viridis fécondant les œufs déposés par une femelle sur une branche decorail. La papille génitale (analogue d'un « pénis ») est visible.
De nombreuses espèces de poissons, tels les demoiselles (Pomacentridés), les poissons-zèbres (Cyprinidés) ou les néons (Characidés), etc. ont un instinctgrégaire et préfèrent vivre en bancs. D'autres, tels les requins, sont plutôt solitaires. Certains sont même si agressifs que la rencontre d'un congénère peut entraîner la mort de l'un d'eux après une rude bataille : c'est le cas ducombattant du Siam (Anabantidés) chez les mâles. La plupart des poissons sontovipares : la femelle dépose ses ovules et le mâle les féconde, de manière externe ; cependant, certains poissons sontovovivipares, comme de nombreuxrequins, et il y a alors un accouplement avec fécondation interne. Certains s'occupent de leurs œufs ou de leurs petits (protégés dans la bouche des parents chez certaines espèces comme celles de la famille desApogonidae, ou dans une poche ventrale du mâle chez leshippocampes) et d'autres (qui pondent beaucoup plus d’œufs) abandonnent leurs œufs à leur sort, dans l'eau ou sur un support.
Dans les années 2010, des études scientifiques relèvent chez plusieurs espèces une sensibilité et des comportements sociaux plus complexes qu'imaginés jusqu'alors[31].
Par exemple, desraies manta ont démontré des comportements associés avec laconscience de soi. Placés dans untest du miroir, les individus ont démontré un comportement inhabituel, apparemment destiné à vérifier si le comportement de leur reflet correspond toujours à leurs propres mouvements[32].
Deslabres nettoyeurs ont également passé le test du miroir dans une expérience indépendante, réalisée en 2018[33],[34].
Des cas d'usages d'outils chez les poissons ont également été mentionnés, notamment chez des poissons de la famille deschoerodons, ceux du genreToxotes et chez lamorue de l'Atlantique[35].
En 2019, des chercheurs ont démontré que lesAmatitlania siquia, une espèce de poisson monogame, développent une attitude pessimiste quand ils sont privés de la présence de leur partenaire[36],[37].
La plupart des poissons ont uncycle nycthéméral (et dorment la nuit[38], en pleine eau ou posés sur un substrat, parfois couchés sur le flanc) et saisonnier. Certains ont une activité plutôt nocturne. De nuit, en aquarium comme dans la nature, certains poissons changent de couleur[38],[39]. Des changements électriques du cerveau passant en phase de sommeil ou d'éveil montrent ces changements (8–13 Hz dans le noir, 18–32 Hz à la lumière chez lamorue) proches de ceux observées chez les mammifères[38].
Lamigration est un phénomène instinctif[40] présent chez de nombreuses espèces de poissons. Peu de poissons sont absolument sédentaires, hors quelques espèces coralliennes ou vivant dans des eaux fermées. La plupart des espèces marines et de rivière, accomplissent (individuellement ou de manière grégaire) des déplacements saisonniers ou migratoires.
Beaucoup de poissons migrent de manière cycliquement régulière (à l'échelle du jour ou de l'année), sur des distances de quelques mètres à des milliers de kilomètres, en relation avec les besoins dereproduction ou en nourriture, les conditions de température ; dans certains cas, le motif de la migration n'est pas connu.
À partir du dioxyde de carbone dissous dans l'eau, les poissons marins produisent constamment dans leur intestin des carbonates peu solubles.
Par exemple, leflet européen synthétise et rejette chaque heure et en moyenne 18 micromoles de carbone par kg de poisson (sous forme decalcite)[1]. Les poissons contribueraient ainsi de 3 %[41] à 15 %[42] du puits de carbone océanique (voire 45 % si l'on prenait les hypothèses les plus « optimistes »)[1]. De plus, les poissons ont une marge de tolérance à la température[43] et un climat chaud associé à lasurpêche tendent à réduire le nombre de grands poissons ; or, une petite taille du poisson et une eau plus chaude favoriseraient cette formation de carbonates de calcium ou de magnésium (qui sont éliminés avec la nécromasse, les fèces ou des boulettes demucus)[1].
Hélas, ces carbonates plus riches enmagnésium sont aussi plus solubles à grande profondeur. Ils peuvent alors relarguer une partie de leur carbone, mais en tamponnant le milieu, au point que cela pourrait expliquer jusqu'à un quart de l'augmentation de l'alcalinité titrable des eaux marines dans les 1 000 mètres sous la surface (cette anomalie de dureté de l'eau était jusqu'ici controversée car non expliquée par les océanographes)[1].
Hélas encore, c'est aussi dans les zones les plus favorables à ce piégeage du carbone (plateaux continentaux où se concentre environ 80 % de la biomasse en poisson) que la surpêche est la plus intense et que leszones mortes ont fait disparaître le plus de poissons.
Le poisson est unaliment consommé par de nombreuses espèces animales, dont l'Homme. Le motpoisson désigne donc aussi un terme decuisine faisant référence à l'ensemble des aliments préparés à partir de poissons capturés par le biais de lapêche ou de l'élevage. Trois quarts de laplanète Terre sont couverts d'eau et de nombreuses rivières sillonnent l'intérieur des terres, ce qui fait que le poisson a fini par constituer, depuis la nuit des temps, une partie importante durégime alimentaire des humains dans presque tous les pays du monde.
La principale source de tension entre l'industrie de la pêche et la science halieutique est la recherche d'un équilibre entre la conservation des espèces pêchées, et la préservation du revenu des pêcheurs. Dans des zones comme l'Écosse,Terre-Neuve ou l'Alaska, où l'industrie des pêches est le principal employeur, le gouvernement est particulièrement impliqué dans cet équilibre[47], en maintenant à la fois un stock suffisant et des ressources suffisantes pour les pêcheurs. D'un autre côté, les scientifiques promeuvent une protection toujours accrue pour les stocks, en prévenant que de nombreux stocks pourraient disparaitre dans les cinquante prochaines années[48].
Selon leWWF,« 80 % des stocks mondiaux de poissons utilisés à des fins commerciales sont déjà surpêchés ou menacés de l’être. Par ailleurs, 40 % de tous les animaux marins capturés finissent commeprises accessoires et sont rejetés morts ou moribonds par-dessus bord. Et comme le poisson d’élevage est le plus souvent nourri avec de l’huile de poisson et/ou de lafarine de poisson, les élevages contribuent également au pillage des mers »[49].
Pollution de l'eau, des sédiments et destruction des habitats
Une des menaces sur lesécosystèmes (marins et d'eau douce) est la dégradation physique, chimique et écologique deshabitats ; celle-ci est causée par lapollution de l'eau, la construction de grandsbarrages, leréchauffement, l'eutrophisation, l'acidification et la baisse du niveau d'eau par les activités humaines, et doivent faire face à la concurrence et aux pathogènes d'espèces introduites[51].Un exemple de poisson en danger à cause d'un habitat modifié est l'Esturgeon blanc, vivant dans les cours d'eau enAmérique du Nord, ceux-ci ayant été modifiés de différentes manières[52].
L'introduction d'espèces exotiques dont beaucoup sont devenuesinvasives s'est produite à de nombreux endroits et pour de nombreuses raisons, dont leballastage desnavires de commerce. Un exemple bien connu et étudié est l'introduction de laperche du Nil dans lelac Victoria. À partir desannées 1960, la perche du Nil introduite pour la pêche a progressivement exterminé les 500 espèces decichlidés que l'on ne trouvait nulle part ailleurs que dans ce lac ; certaines espèces ne survivent que grâce à des programmes de reproduction en captivité, mais d'autres sont probablement éteintes[53]. Parmi les espèces de poissons invasives ayant causé des problèmes écologiques, on peut noter lescarpes, lestête-de-serpent, lestilapias, laperche européenne, latruite fario, latruite arc-en-ciel ou lalamproie marine.
Lerequin-baleine, le plus grand poisson au monde, est classé comme « vulnérable ».
En 2006, laliste rouge de l'UICN comprenait 1 173 espèces de poissons menacées d'extinction[54]. Cette liste incluait des espèces comme lamorue de l'Atlantique, leCyprinodon diabolis, lescœlacanthes ou legrand requin blanc. Comme les poissons vivent sous l'eau, ils sont plus compliqués à étudier que les animaux terrestres ou les plantes, et on manque toujours d'informations sur les populations de poissons. Les poissons d'eau douce semblent particulièrement menacés, car ils vivent souvent dans des zones restreintes.
De nombreuses études ont porté sur la douleur[56],[57],[58] la souffrance[59],[60], l’évitement de la douleur[61],[62], la peur[63],[64] telle que perçue par les poissons, sur la composante d’affectivité ou de personnalité qu’ils expriment[65], des états apparentés à des émotions[66], ou sur leur bien-être en pisciculture[67],[68] ou en aquarium, avec des conclusions parfois opposées. Ces questions ont des enjeux juridiques et éthiques car les pays développés tendent à introduire de l’éthique animale etenvironnementale dans leurs législations (par ex en Suisse depuis 2005 :« personne ne doit de façon injustifiée causer à des animaux des douleurs, des maux ou des dommages, les mettre dans un état d’anxiété ou porter atteinte à leur dignité d’une autre manière. Il est interdit de maltraiter les animaux, de les négliger ou de les surmener inutilement », tout comme sont interdites« les autres pratiques sur des animaux qui portent atteinte à leur dignité »[69]). Depuis lesannées 1980 les indices d’un stress et d’une perception de la douleur s’accumulent et les poissons, qui sont de moins en moins considérés comme des machines biologiques qui ne seraient animées que par des réflexes simples. Ils disposent comme nous de deux types d’axones (fibres A delta et fibres C) impliqués dans la nociception, et la douleur affecte leurs capacités mémorielles et d'apprentissage[70]. Lamorphine supprime la perception de la douleur chez le poisson (comme chez l'escargot)[71]. L’étude de leurs capacités cognitives[72], de mémorisation et d’apprentissage[73],[74] conduit à des conclusions similaires. On distingue généralement la nociception[75],[76] (inconsciente, qui désigne un stimulus douloureux remonté vers le cerveau) de la « perception douloureuse ». James Rose considère que les cerveaux d’animaux sansnéocortex (cas du poisson) n’auraient pas de vraie perception (consciente) de la douleur et que le comportement du poisson ne serait que réflexe. « Posséder des nocicepteurs est une condition nécessaire mais pas forcément suffisante pour ressentir la douleur » rappelle Jean-Marc Neuhaus qui ajoute qu’on ignore à quel moment (ou quels moments) de l’évolution la sensibilité à la douleur et son importance évolutive ; il est possible que des poissons des espèces éloignées des mammifères perçoivent la douleur via des mécanismes internes différents de ceux des mammifères. En 2014, après une revue de la littérature scientifique puis des débats entre ses membres, tout en restant prudente et en reconnaissant l’absence de certitudes, laCommission fédérale d'éthique pour la biotechnologie dans le domaine non humain (CENH, sise en Suisse ; pays où l’art. 120 de la Constitution fédérale impose une prise en compte de la dignité de la créature) a conclu qu’il « est difficile de dénier toute sensibilité à la douleur au moins à certains poissons » ; il n'y a « aucune bonne raison de conclure que les poissons seraient insensibles » à la douleur... Un rapport rendu public à Berne par la commission invite les pêcheurs, éleveurs et chercheurs à « utiliser les poissons avec attention et respect », ces animaux devant « faire l’objet d’un respect moral indépendant de leur utilité pour l’être humain »[77]. Mais ces résultats ont été tempérés par d'autres études dont celle de James Rose (Université du Wyoming) qui, en 2012 dans la revueFish and Fisheries, estimait que les poissons ne peuvent pas ressentir quoi que ce soit car dépourvus des structures nerveuses adéquates. Les réactions observées par certaines études relèveraient non pas de la douleur, mais de lanociception, c’est-à-dire de seuls réflexes[77]. La CENH recommande une utilisation plus « éthique » des poissons, en limitant la souffrance des poissons pêchés, qui souffrent de décompression, meurent par asphyxie et souvent après de multiples traumatismes[77]. Elle invite aussi les pisciculteurs à mieux tenir compte des besoins de chaque espèce, et elle souhaite que la pêche à la ligne soit soumise à une attestation de compétence[77]. Elle invite aussi à interdire - de manière générale - l’utilisation des poissons à des fins de bien-être (Fish pedicure)[77].
Le poisson est un symbole de croyance et de foi qui permet aux chrétiens de s'identifier et d'afficher leur religion au cours des premiers siècles du christianisme[78]. Ainsi la forme du poisson est devenue l'emblème de cette nouvelle religion avant que la croix ne la complète puis la remplace partiellement[79].
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