Ce sont des sols caractérisés par unhorizon O épais de typemor, un horizon E cendreux, décoloré et sans structure, et un horizon B ditspodique composé d'une accumulation dematières organiques (acides fulviques principalement) et d'oxydes de fer, appauvri enaluminium, plutôtsiliceux.
Le mot « podzol » est d'originerusse et signifie « sous les cendres » (en russe :под,pod = « sous »,зола,zola = « cendres ») et se réfère probablement à l'expérience des paysans russes qui avaient l'impression de trouver une sous-couche decendres (couche lessivée ouhorizon E) lors du premierlabourage d'un sol vierge de ce type.
C'est un sol des régions froides et humides que l'on retrouve notamment sous lestaïgas (nord de l'Ontario ou de laRussie). Il accompagne également — mais plus rarement — certainesforêts tempérées deconifères, ainsi que des régions chaudes comme certaines parties deslandes de Gascogne ou de laFloride, où les sols sablonneux ont desnappes phréatiques fluctuantes (variantes humiques du podzol nordique ouHumod).
Ce sol occupe près de 4 % des terres émergées (et non gelées).
Sur les podzosols poussent desconifères, mais aussi desfougères etbruyères. Ces types de sols sont le plus souvent pauvres et peu adaptés à l'agriculture mais les pluslimoneux bien drainés peuvent être très productifs pour les cultures, si on pratique unchaulage et un apport d'engrais.
Étant donné que ces podzols sont généralement corrélés à lataïga ou autres forêts derésineux, normalement confinées aux zones froides où les processus biologiques sont ralentis, larégénération naturelle du sol prend un temps extrêmement long par rapport au temps qu'il a fallu pour le dégrader.
Lapodzolisation est la destruction desargiles par desacides organiques.Il s'agit du transport de substances sous forme dechélats, c'est-à-dire de complexes organométalliques, formés par des molécules organiques et des métaux comme lefer ou l'aluminium.Les conditions pour la podzolisation sont :
milieu fortement acide (du fait de laroche-mère ou de la végétation acidifiante, comme la plupart desconifères ou leséricacées).
Sous ces conditions, lapercolation d'eau produira unlavage intense du sol et entraîne les particules métalliques en profondeur. Ceci a pour effet, d'une part d'acidifier le sol en surface, et d'autre part de précipiter les métaux en profondeur.L'acidité superficielle provoque une altération des minéraux de l'argile, qui chaque fois libèrent des éléments qui subissent lalixiviation par les eaux d'écoulement, et enrichissent le milieu en minéraux résistants (quartz, fer, aluminium...). Ceux-ci sont ensuite complexés par les molécules organiques et entraînés vers leshorizons plus profonds.À la surface le sol sera blanchâtre, typique de l'horizon E, appauvri en matière organique et enrichi enquartz.
L'acidification d'un sol peut conduire à sa podzolisation ou bien accélérer ce processus lorsqu'il est déjà en place. L'acidification des sols est une tendance anthropogénique lourde[1] :
«
L'acidification des sols a plusieurs origines, souvent conjuguées :
Les dépôts acidifiants ou d'azote sous forme ammoniacale issus des activités humaines, qui sont une des causes principales car les acides apportés sont forts.
L’acidification naturelle, liée aux acides organiques (en général faibles) libérés par l'activité des organismes vivants du sol lors de la décomposition de la litière et des radicelles. Certains résineux à feuilles coriaces (épicéas, pins sylvestres) sont réputés avoir une litière "acidifiante", contrairement aux résineux à feuilles tendres (douglas, sapin) ;
L'acidité due à la croissance des arbres : au cours de la croissance, les arbres absorbent plus de cations que d'anions, or, à chaque fois qu'elles absorbent des cations nutritifs, les racines excrètent des protons. Ainsi, plus la croissance est forte, plus le sol s'acidifie. »
— P. RIOU-NIVERT, Les Résineux: Écologie et pathologies (2005), p.84
Dans le cas de peuplements et plantations de résineux, leur rôle direct dans l'acidification des sols est controversé. Deux facteurs sont à examiner :
Litières et acidification :
« À l'origine des transformations observées sous résineux, il y a lacomposition de la litière. Les aiguilles de conifères sont riches en lignine et contiennent dans leur cuticule des substances lipidiques de la famille des résines, des bitumes et des cires. Ces substances sont difficilement dégradées par les agents microbiens de la minéralisation ; la décomposition se fait donc lentement (5 à 7 ans pour l'épicéa) et la litière a tendance à s'accumuler. Cette décomposition libère par ailleurs des acides organiques susceptibles de contribuer à l'acidification des horizons de surface.Cependant, comme nous l'avons vu, il ne s'agit là que d'une des composantes du phénomène général d'acidification des sols dont la cause principale est l'augmentation des dépôts atmosphériques liée à la pollution. Nous avons signalé que les résineux avaient malheureusement, du fait de leur feuillage dense et persistant, un pouvoir de filtrage de l'air bien supérieur à celui des feuillus et concentraient les effets de cette pollution. Pourtant, pendant longtemps, le phénomène d'acidification a été attribué à la seule composition de la litière des résineux. »
— Id. p.143-144
Règles sylvicoles importantes :
« Sur les sols sensibles à la dégradation [...]un minimum de précautions s'impose, valables également d'ailleurs pour les sols "intermédiaires" (en général acides).Tout d'abord, voicice qu'il ne faut pas faire : planter un résineux très productif et acidifiant, à forte densité, ne pas l'éclaircir et faire une coupe rase vers 40 ans en emportant les arbres entiers sur un chantier de façonnage. On est alors sûr d'exporter le maximum d'éléments minéraux et d'altérer la fertilité de la station. On reconnaît là, malheureusement, la sylviculture simpliste appliquée récemment encore à l'épicéa dans bien des secteurs de l'Est de la France, ou d'ailleurs. »
Il se rencontre dans des régions côtières et ainsi que dans des régions intérieures élevées qui possèdent toutes deux des conditions climatiques humides et fraîches, mais également dans des dépressions tourbeuses.
Dans le cas du podzosol ferro-humique, on distingue une couche humique de typemor ainsi qu'un horizonAe élevé et clair, on retrouve plus de 5 % de carbone organique dans les 10 premiers centimètres de l'horizonBhf.
Les sous-groupes du podzosol ferro-humique sont au nombre de 10: orthique, à orstein, placique, durique, fragique, luvisolique, sombrique, gleyifié, à orstein gleyifié, sombrique gleyifié.
La principale caractéristique de ce groupe est sa teneur en carbone organique dans l'horizonBf, moins de 5 %.On peut noter que la majeure partie des podzosols typiques sont des podzosols de type humo-ferrique.
On compte également 10 sous-groupes au podzosol humo-ferrique: orthique, à orstein, placique, durique, fragique, luvisolique, sombrique, gleyifié, à orstein gleyifié, sombrique gleyifié.
IUSS Working Group WRB:World Reference Base for Soil Resources, fourth edition. International Union of Soil Sciences, Vienna 2022,(ISBN979-8-9862451-1-9). ([1]).
IUSS Working Group WRB: Base de référence mondiale pour les ressources en sols 2014, Mise à jour 2015. Rapport sur les ressources en sols du mondeNo 106, FAO, Rome 2018.(ISBN978-92-5-308369-5). (PDF 3,9 MB).