Les habitants de la commune s'appellent les Plougonvenois, Plougonvenoises[2].
En 1991, la commune a obtenu le Label « Communes du Patrimoine Rural de Bretagne » pour la richesse de son patrimoine architectural et paysager.[réf. nécessaire]
Plougonven se situe aux portes desmonts d'Arrée, à proximité duparc naturel régional d'Armorique auquel la commune vient d'adhérer en 2010. La commune porte le label "Commune du Patrimoine Rural de Bretagne".
Géologiquement, la majeure partie du territoire de Plougonven est formé de granites gneissiquesprécambriens (horst granito-gneissique de Guimiliau-Plougonven-Loc-Envel)[3].
Sonfinage[4] est très étiré dans le sens sud-nord (près de 10 kilomètres), formant pour plus des 4/5 du territoire communal un vaste plan incliné vers le nord mais très bosselé : dans sa partie méridionale l'on rencontre certaines crêtes de la partie orientale des monts d'Arrée : 282 mètres au sud-ouest aux Rochers du Cragou (en bretoncrag signifie “pierre”, “grès”), à la limite deScrignac ; 295 mètres à la Butte de Goariva, au sud-sud-ouest du bourg ; 307 mètres près du hameau de Pen-ar-Stang (sommet qui porte une antenne), 300 mètres à une "Butte du Télégraphe" (relais de l'ancientélégraphe Chappe) et 297 mètres près de Ty-Boullien, ces trois dernières buttes étant situées au sud-est du finage communal tout près du bourg deLannéanou, justifiant le qualificatif de "La Montagne" utilisé par les habitants pour désigner cette partie du territoire communal. Le finage communal déborde même un peu sur le versant sud du prolongement oriental desmonts d'Arrée, aux alentours des hameaux de Kergorre, Kermeur, Kerléoret, Kergreiz, Kervézec, Coat-Lohès, le Launay, Kerbiguet et Goasven. À l'inverse la partie nord-ouest du territoire communal, correspondant pour l'essentiel au terroir de la paroisse deSaint-Eutrope est à moins de 130 mètres d'altitude et beaucoup moins bosselée.
Représentations cartographiques de la commune
Carte OpenStreetMap
Carte topographique
Les limites du territoire communal. Carte interactive (double-cliquer sur la carte).
Le territoire de la commune est limitrophe de ceux de six communes :
Par contre, le finage est beaucoup plus étroit dans le sens ouest-est (moins de 4 kilomètres dans sa partie la plus large), formant unepresqu'île de confluence limitée des deux côtés par les vallées assez encaissées de deux cours d'eau qui ont leurs sources sur le territoire communal au pied du versant nord de l'Arrée : celle duJarlot à l'ouest, qui sépare Plougonven ducloître-Saint-Thégonnec et dePlourin-lès-Morlaix, se jette plus en aval dans larivière de Morlaix et la rivière de Plouigneau (dénommée dans sa partie aval le Tromorgant), affluent de rive droite duJarlot, à l'est, qui sépare Plougonven deLannéanou (en raison de son tracé, le finage de Plougonven s'étend jusqu'aux abords du bourg de Lannéanou) et dePlouigneau. La presqu'île de confluence entre le Jarlot et la rivière de Plouigneau forme la pointe nord-ouest du finage de Plougonven et s'abaisse jusqu'à 19 mètres d'altitude seulement, aux abords deMorlaix.
L'axe nord-sud formé par le Jarlot et le Squiriou, dont les bassins-versants sont séparés par un interfluve d'altitude modeste (225 mètres à hauteur de Kermeur) a facilité la construction en1891 de la voie ferrée duRéseau breton à voie métrique reliantMorlaix àCarhaix. Ce tracé suivant des fonds de vallée a toutefois eu l'inconvénient de placer les gares aux limites communales, éloignées des bourgs situés au milieu des lambeaux de plateaux : la gare de Coatélan, dite de Plougonven-Plourin, était à mi-distance, mais éloignée des deux bourgs ; de même pour celles duCloître -Lannéanou située près du hameau de Kermeur, loin des bourgs de Plougonven, duCloître-Saint-Thégonnec et deLannéanou, ou plus au sud, de celle deScrignac-Berrien éloignée également des deux localités. Cette voie ferrée ferma en1962 pour le trafic marchandises et1967 pour les voyageurs.
Si la majeure partie du territoire communal est mise en valeur par l'agriculture, des parties boisées subsistent, particulièrement le long des pentes des versants des vallées précédemment évoquées. Le bois deRosampoul, dans l'extrême nord de la commune (terroir deSaint-Eutrope) s'explique par la présence du château du même nom. Certaines hauteurs du versant nord de l'Arrée ont aussi conservé des bois (Bois de Goavira sur la butte du même nom, Bois de Gaspern). La partie méridionale, et en particulier la petite partie du versant sud de l'Arrée incluse dans le territoire communal porte des landes, en particulier les "Landes du Cragou[5]" et aux abords du "Menez Vergam[6]", mais ce dernier espace de grand intérêt écologique est certes limitrophe de Plougonven mais fait partie de la commune deScrignac.
La commune est située dans lebassin Loire-Bretagne. Elle est drainée par le Jarlot, le Beurc'Hoat, le Tromorgant, le ruisseau de Roudouhir[7] et divers autres petits cours d'eau[8],[Carte 1]. Le territoie communal est traversé par leligne de partage des eaux entre lebassin versant de larivière de Morlaix, via son affluent leJarlot et deux de ses sous-affluents, la rivière de Plouigneau, qui se jette au nord dans laManche et le ruisseau de Mézédern qui prend sa source près du hameau de Pen-ar-Stang en Plougonven d'une part et d'autre part le bassin-versant de l'Aulne dont le Roudouhir, qui sépare Plougonven deScrignac, et le Squiriou, qui sépare Plougonven ducloître-Saint-Thégonnec et deBerrien sont des affluents, et qui se jette dans l'Océan Atlantique via larade de Brest.
Ces cours d'eau ont permis par le passé la présence de moulins : 7 au moins sur la rivière de Plouigneau-Tromorgant Pont Glas, à Guernarhant, à Kerstrad, le Moulin Conant près de Mengleuz, Milin Goz à Kergreach, Moulin Bréon, Moulin Compézou ; 3 au moins sur le Jarlot à Moulin Cuzuliec, Moulin Marant, Moulin de l'Hermitage sans compter le Moulin Rabat sur un petit affluent du Jarlot, le ruisseau de Mézédern, au sud du bourg de Plougonven. Même le Roudouhir, dont seul l'extrême cours amont concerne Plougonven, garde les traces de deux anciens moulins à Launay (en ruines) et à Troglos. Bien sûr, selon la rive sur laquelle ces moulins ont été installés, ils appartiennent à Plougonven ou à l'une ou l'autre des communes limitrophes.
Plusieurs études ont été menées afin de caractériser les types climatiques auxquels est exposé le territoire national. Les zonages obtenus diffèrent selon les méthodes utilisées, la nature et le nombre des paramètres pris en compte, le maillage territorial des données et la période de référence. En 2010, le climat de la commune était ainsi de typeclimat océanique franc, selon une étude duCentre national de la recherche scientifique (CNRS) s'appuyant sur une méthode combinant données climatiques et facteurs de milieu (topographie, occupation des sols, etc.) et des données couvrant lapériode 1971-2000[14]. En 2020, le climat prédominant est classé Cfb, selon laclassification de Köppen-Geiger, pour la période 1988-2017, à savoir un climat tempéré à été frais sans saison sèche[15]. Par ailleursMétéo-France publie en 2020 une nouvelle typologie desclimats de la France métropolitaine dans laquelle la commune est exposée à unclimat océanique[16]. Parallèlement l'observatoire de l'environnement en Bretagne publie en 2020 un zonage climatique de la région Bretagne, s'appuyant sur des données de Météo-France de 2009. La commune est, selon ce zonage, dans la zone « Littoral doux », exposée à un climat venté avec des étés cléments[17]. Elle est en outre dans lazone H2a au titre de laréglementation environnementale 2020 des constructions neuves[18],[19].
L'associationBretagne vivante (SEPNB) s'est installée à Ti Butun, au bourg du Cloître-Saint-Thégonnec. Elle a pour but principal de gérer les 343 hectares delandes et detourbières qui constituent l'espace naturel desLandes du Cragou et du Vergam[23], classées "Espaces remarquables de Bretagne[5]", à cheval sur les communes deScrignac,Plougonven,Le Cloître-Saint-Thégonnec, qui appartient désormais pour sa majeure partie au département du Finistère, et organise des visites guidées liées à la protection de la nature et la découverte de l'environnement. Une politique de protection et de mise en valeur de ces espaces naturels grâce au fauchage régulier et au pâturage extensif des landes permet d'entretenir les hectares demolinie, delinaigrette et debruyères (dont lacallune) qui recouvrent le sol tourbeux, ainsi que des plantes plus rares comme lesrossolis (plantes carnivores), leslycopodes inondés (fougères primitives), lesorchidées ou lessphaignes de la Pylaie. Cet espace naturel abrite aussi une faune remarquable : lebusard Saint-Martin ("circus cyaneus") est l'oiseau (un rapace) le plus emblématique du site, mais aussi lebusard cendré, lecourlis cendré, l'engoulevent d'Europe, lefaucon hobereau, etc.[24]
Au, Plougonven est catégorisée commune rurale à habitat dispersé, selon la nouvelle grille communale de densité à7 niveaux définie par l'Insee en 2022[25].Elle est située hors unité urbaine[26]. Par ailleurs la commune fait partie de l'aire d'attraction de Morlaix, dont elle est une commune de la couronne[Note 5],[26]. Cette aire, qui regroupe 24 communes, est catégorisée dans les aires de 50 000 à moins de 200 000 habitants[27],[28].
L'occupation des sols de la commune, telle qu'elle ressort de labase de donnéeseuropéenne d'occupationbiophysique des solsCorine Land Cover (CLC), est marquée par l'importance des territoires agricoles (71,9 % en 2018), en augmentation par rapport à 1990 (70,8 %). La répartition détaillée en 2018 est la suivante : zones agricoles hétérogènes (37 %),terres arables (33,9 %), forêts (19,5 %), milieux à végétation arbustive et/ou herbacée (5,5 %), zones urbanisées (3 %), prairies (1,1 %)[29]. L'évolution de l'occupation des sols de la commune et de ses infrastructures peut être observée sur les différentes représentations cartographiques du territoire : lacarte de Cassini (XVIIIe siècle), lacarte d'état-major (1820-1866) et les cartes ou photos aériennes de l'IGN pour la période actuelle (1950 à aujourd'hui)[Carte 2].
Carte des infrastructures et de l'occupation des sols de la commune en 2018 (CLC).
Des traces de nombreuxmonuments mégalithiques datant dunéolithique ont été trouvées dans la commune (par exempleLes Deux Menhirs au sud de Kerglaz), ainsi que des fragments de tuiles prouvant une occupation romaine près de Keradraon et de la chapelle Saint-Gouron.
Plougonven a fourni un tombeau romain (ou untumulus réutilisé par lesgallo-romains) contenant cinq figurines égyptiennes, desshaouabtis en terre cuite vernissée[32], ce sont les seuls renseignements que nous possédons sur cette découverte ; on peut se demander s'il s'agit d'une sépulture à incinération ou à inhumation, cette tombe mal connue est exceptionnelle à plus d'un titre car les sépulturesosismes n'ont pas fourni beaucoup de figurines[33].
Plougonven est une des anciennes paroisses primitives de l'Armorique, qui englobait aussiSaint-Eutrope, simple quartier de la paroisse jusqu'en 1651, date à laquelle ce hameau est érigé en trève par l'évêque deTréguier (la paroisse dépendait de l'évêché de Tréguier). La paroisse de Plougonven était jadis partagée en neuffrairies : le Bourg, Kerhervé, la Forest, Kerangueven, le Duc, l'Abbaye, Quilliou, Kermorvan et Kervigaouez[35].
Trois grandes seigneuries aux liens familiaux nombreux se partagent la paroisse : celles de Kerloaguen, Garspern et Rosampoul. À lamontre (réunion de tous les hommes d'armes) de l'évêché de Tréguier en 1481, Plougonven est représenté par22 nobles dont les plus riches sont Guillaume Kerleoguen de Gazpern (500 livres de revenu) et Jehan de Kerleoguen de Rozampoul (300 livres de revenus)[35]. La famille de Kerloaguen était représentée aux montres etréformations de 1427, 1481 et 1543 et elle fut reconnue « noble et issue d'ancienne extraction chevaleresque » lors de la réformation de 1669. Cette famille avait une vitre dans la cathédrale Saint-Corentin de Quimper et possédait de nombreuses terres dont, à Plougonven, celles de Disquéon, de Rosampoul et de Gaspern. Cette famille semble disparaître vers la fin duXVIIe siècle[39]. C'est ainsi que deux des quatre justices de la justices de la paroisse relevaient de manoirs de moyenne envergure, celui de Rosampoul et celui du Gaspern, dont lesfourches patibulaires se dressaient au lieu-ditJustiçou (les Justices)[40].
En 1606, Jacques Pezron, prêtre de Plougonven, demande à être enterré dans l'une des tombes de prêtres, près du grand autel de l'église[42], ce qui prouve l'existence de cette habitude à cette époque.
Dans une enquête de 1679, François Bouyn écrit qu'il existe dans l'église de Plougonven sept chapelles nobles (quatre dans le bas-côté gauche et trois dans le bas-côté droit)[42] qui dessinent sur chaque flanc de l'église une série de pignons aigus garnis de crochets et ajourés de baies à réseau flamboyant[43].
En 1764, le sieur de Kerascët, Yves François Larcher, obtient de l'évêque de Saint-Brieuc (avec accord de l'évêque de Tréguier), la fondation d'un établissement de religieuses du Saint-Esprit, qui fondent une école à Plougonven, qui sont fermés et vendus comme bien national en1793 lors de laRévolution française.
AuXVIIIe siècle, les juridictions seigneuriales de Bodister et Kerampoul, de même que celles des paroisses voisines, tenaient leurs sessions au siège de lasénéchaussée, place des Halles, àMorlaix. Les seigneurs de Bodister avaient leurs armoiries dans les lobes les plus élevés de la maîtresse-vitre de l'église paroissiale Saint-Yves et étaient en supériorité dans toutes les autres fenêtres[44]. Ces vitraux ont été détruits entre 1804 et 1852 lors de travaux de restauration de l'église et remplacés par d'autres.
Les épidémies sont alors nombreuses : en1757, comte du Bois de la Motte gagne toute la région. L'intendant Dupleix écrit en1772 (une épidémie, semble-t-il defièvre typhoïde, sévit alors) au contrôleur général: "Les fièvres malignes et putrides qui circulent dans cette province, et qui ont déjà fait tant de ravages, viennent de se répandre dans plusieurs paroisses des environs deMorlaix, et on me mande qu'elles ont déjà enlevé beaucoup de monde, surtout dans les paroisses dePloujean,Plouigneau,Plourin, Plougonven etBotsorhel. Comme la cause de ces maladies est toujours l'extrême misère à laquelle les habitants sont réduits, ce n'est pas seulement avec des remèdes que l'on pourra se flatter de les guérir : il faudra y joindre des bouillons de viande qui, en fortifiant les malades, donnent plus de facilités aux remèdes de produire leur effet[45]".
Les seigneurs de Plougonven vécurent sans trop de heurts cette période troublée: trois d'entre eux seulement jugèrent opportun d'émigrer, les autres se terrèrent dans leurs manoirs[41]. En 1794, des agents du gouvernement révolutionnaire vinrent s'emparer du trésor de l'église et le calvaire fut abattu, mais sans en briser les morceaux, si bien qu'il était presque intact lorsqu'on le remonta en 1810. Yves Le Morin, désigné par le reste de la population pour être "volontaire" dans les rangs dessoldats de l'an II, devint aussitôt introuvable[42].
En 1790, une bande armée s'introduit à Plougonven chez un certain Nicolas Taldu, vole ses biens et viole sa femme Anne Philippe. Un dossier volumineux concernant cette affaire criminelle (149 feuillets) existe dans les archives de la sénéchaussée de Morlaix et fourmille de précisions concernant la maison concernée, le mobilier, les vêtements, etc.[47].
La loi du crée la commune de Plougonven "qui aura pour succursales l'Annéanou (Lannéanou) etSaint-Eutrope[50].
L'épidémie de choléra dite de Morlaix (frappant outre cette ville des communes commeLanmeur,Lannéanou,Ploujean,Botsorhel ..) sévit à Plougonven en1854, provoquant 45 décès[51]. En 1868, une autre épidémie de choléra sévit dans la commune, elle est connue à cause d'une anecdote sinistre : le, une jeune femme de 23 ans, décédée la veille croyait-on de cette maladie, aurait été enterré vivante à Bohaste dans cette commune[52].
En octobre 1867 le journalLa Petite Presse raconte, reprenant un article paru dans l'Écho de Morlaix écrit que le corps d'une jeune femme, Jeanne Philomène Jouêtre[Noe 1] , âgée de 25 ans, fut inhumé après que son décès ait été constaté, mais que le fossoyeur entendant du bruit au moment de recouvrir le cercueil de terre, celui-ci fut rouvert et la personne respirait encore ; transportée dans une maison, mais moribonde, elle décéda vraiment le lendemain[53].
Entre 1868 et 1877, de nombreuses délibérations du conseil général du Finistère à propos du classement "d'intérêt commun" et des travaux de modernisation consécutifs à ce classement, du chemin menant de Plougonven à la mer viaPlouigneau,Lanmeur,Guimaëc etLocquirec illustre les discordes entre les communes concernées à propos du financement des travaux. Ce chemin est fréquenté par les Plougonvelinois "pour se rendre à la grève prendre des engrais de mer[54]".
En1874, la commune est divisée en trois sections électorales, celle dite de Plougonven comprend le bourg, Kerhervé, La Forêt et Kerangueven : elle est peuplée alors de 2431 habitants et pourra élire 13 conseillers ; celle de Saint-Eutrope comprenant aussi Kervigouaez et Kermorvan, peuplée de 1086 habitants et qui aura le droit à 6 conseillers ; celle de Kergorre (dite aussi "de la Montagne"), comprenant aussi l'Abbaye, le Quilliou, le Duc, peuplée de 804 habitants et qui disposera de 4 conseillers[55]. Parmi les raisons invoquées pour cette décision: "la commune est très vaste, elle n'a pas loin de cinq lieues de longueur", "la section de Saint-Eutrope forme une paroisse distincte", "chaque dimanche un prêtre vient dire la messe dans la section de la Montagne", "les électeurs de la section de la Montagne s'abstiennent en grand nombre à case de la distance à parcourir[55]". Mais ce sectionnement est supprimé dès 1880.
Comme fréquemment ailleurs en Bretagne, l'alcoolisme était un problème grave : un article de la revue "La tempérance", daté de 1874, dit que la consommation d'alcool pur à Plougonven est en 1869 de 109 hectolitres soit une moyenne de2,53 litres par habitant : en conséquence des lois des 20 et reconduisent des surtaxes déjà décidées antérieurement (au moins depuis 1869) prévoient des surtaxes sur l'alcool pour un certain nombre de communes de France dont Plougonven (10 francs par hectolitre d'absinthe et d'eau-de-vie par exemple. Le conseil municipal de Plougonven était conscient du problème puisqu'il avait même demandé, en vain, que ladite surtaxe soit portée à 15 francs par hectolitre[56].
En 1878, la construction de deux écoles, une pour chaque sexe, est décidée, "les deux classes [actuelles] étant insuffisantes pour le nombre d'élèves des deux sexes qui fréquentent ces écoles[57]".
Selon des statistiques agricoles publiées en 1849 et concernant selon les productions des années comprises entre 1836 et 1846, la répartition de l'occupation des terres est alors la suivante : 2727 ha deterres arables, 2487 ha de landes et bruyères, 813 ha de bois, taillis et plantations, 634 ha de prairies naturelles, 5 ha de marais et étangs ; la commune possédait alors 22 moulins en activité. Les paysans de Plougonven cultivaient à l'époque 543 ha d'avoine, 545 ha defroment, 409 ha d'orge, 124 ha deseigle, 218 ha desarrasin, 2363 ha d'ajoncs d'Europe, 55 ha delin, 9 ha dechanvre, 82 ha de navets, betteraves, carottes et choux (dont 54 ha de navets et 6 ha de choux), 409 ha detrèfle, 136 ha de pommes de terre, 190 ha restant enjachère, et élevaient 800 chevaux (400 mâles, 350 juments, 100 poulains), 2500 bovins (dont 1800 vaches), 510 porcs, 352 ovins (64 béliers, 76 moutons, 135 brebis, 77 agneaux), 10 caprins (2 boucs et 8 chèvres), 1416 poules et 262 coqs, 118 canards, 4 oies, et possédaient 300 ruches à miel. En 1836, la population agricole est de 4382 personnes, soit la totalité de la population communale[60].
FinXIXe la construction de 67 écoles de hameaux a été autorisée dans le Finistère par deux décrets :
Le décret du qui a délégué une subvention pour 18 écoles de hameaux sur l'arrondissement de Quimperlé ; toutes ont été bâties.
Le décret du qui a délégué une subvention pour 50 écoles de hameaux sur les quatre autres arrondissements du département (Brest, Châteaulin, Morlaix, Quimper) à choisir dans les communes « dont le territoire est le plus étendu et les ressources les plus restreintes » ; 49 ont été bâties dont 2 à Plougonven (Kermeur et Saint-Eutrope)[62].
L'abbé Le Teurnier, né en 1793 au domaine de Guervénan, qui appartenait alors à sa famille, devint prêtre en 1816. Après avoir été vicaire àRiec-sur-Bélon, il devint dès 1817recteur dePlougasnou, puis en 1821 dePlouguer, en 1823 dePlomodiern, etc. changeant fréquemment de paroisse car il n'était jamais content de ses affectations jusqu'au jour où il obtint de se consacrer totalement auxmissions diocésaines, utilisant notamment de nombreuxtaolennoù. Nomméchanoine, il mourut à Guervénan en 1884 ; son tombeau, œuvre du sculpteurYann Larhantec, se trouve toujours dans l'ancien cimetière[63].
Répondant en 1904 à une enquête de l'inspection académique, un instituteur de Plougonven écrit que « la généralité des habitants comprend le français » ; il ajoute que le clergé « sous prétexte de se faire mieux comprendre en donnant l'enseignement religieux en breton, entend entretenir les populations sous sa domination, résister et prêcher la résistance au gouvernement »[64].
L'établissement comportait alors plusieurs pavillons, ceux des malades étant distincts de ceux des services généraux, et 200 lits au départ (400 lits dès la fin des années 1920, constamment occupés) et disposait du matériel médical moderne de l'époque : radiologie, laboratoire de bactériologie, service de désinfection, buanderie électrique.
Les pavillons sont disséminés dans un parc de plus de trente hectares, quatre pour les hommes, trois pour les enfants des deux sexes, cinq pour les femmes. Les pavillons des malades ont été construits selon les meilleurs plans "lean to" américains du moment : les dortoirs sont occupés par une seule rangée de lits et sont séparés de la galerie de cure par des châssis-vitres pouvant s'ouvrir complètement depuis le sol jusqu'au plafond. C'était là, pour l'époque, une forme totalement nouvelle d'hospitalisation des malades tuberculeux, particulièrement propice à des cures d'air intensives. Trente-six chambres séparées existaient aussi, en plus des dortoirs.
L'établissement reçoit alors des malades tuberculeux pulmonaires, envoyés là par les dispensaires, originaires presque exclusivement du département duFinistère[67]. Quelques malades extérieurs au Finistère sont toutefois acceptés : un rapport du préfet des Côtes-du-Nord mentionne toutefois onze tuberculeux de ce département en traitement à Guervénan en 1935[68]. Les malades admis doivent être valides, non constamment alités, même si la plupart sont toujours porteurs du bacille lors de leur entrée dans l'établissement. La plupart des malades peuvent ainsi se rendre par eux-mêmes aux réfectoires[69].
Parmi lesdéportés de la seconde guerre mondiale originaires de Plougonven :
François Dru, né le à Plougonven, est déporté « NN » au SonderlagerHinzert entre le et le, en provenance de Paris, gare de l'Est. Autre lieu de déportation :Wittlich où il décède le[71].
François Marie Le Gall, né le à Plougonven, est déporté deCompiègne le vers le KLBuchenwald. (matricule : 42904). Autre lieu de déportation :Dora, où il décède le[72].
Yves Tanné[73], né le à Plougonven, pris lors de la rafle des 60 otages[74] du àMorlaix. Il est déporté deCompiègne le vers le KLBuchenwald. (matricule : 43011). Autres lieux de déportation :Flossenbürg,Hradischko (dans l'actuelle République tchèque). Revenu vivant des camps[75].
Club deFootball : JUP, fondé en 1932 par Guy Plougonven. Il est resté un fervent supporter de cette équipe qu'il qualifie comme son "équipe de cœur". L'équipe masculine évolue en R2, et les féminines en R2.
En 1768, Plougonven compte "cinquantefeux deux tiers et un quart de feu, y compris ceux de Saint-Eutrope, sa trève[86]". En 1886, la paroisse de Saint-Eutrope a 1080 habitants, comptabilisés au sein de la population plougonvelinoise[87].
L'évolution du nombre d'habitants est connue à travers lesrecensements de la population effectués dans la commune depuis 1793. Pour les communes de moins de 10 000 habitants, une enquête de recensement portant sur toute la population est réalisée tous les cinq ans, les populations de référence des années intermédiaires étant quant à elles estimées par interpolation ou extrapolation[88]. Pour la commune, le premier recensement exhaustif entrant dans le cadre du nouveau dispositif a été réalisé en 2005[89].
En 2022, la commune comptait 3 398 habitants[Note 6], en évolution de −1,82 % par rapport à 2016 (Finistère : +2,16 %,France horsMayotte : +2,11 %).
La densité de la population communale en 2007 est de 46 habitants au km². Entre 1999 et 2008, lesolde naturel a été négatif : en 10 ans, la commune a enregistré 323 naissances et 400 décès, soit un déficit naturel de 77 personnes. Lesolde migratoire est toutefois légèrement positif. En 2007, les 65 ans et plus étaient 751, contre 502 pour les 0 à 14 ans, ce qui montre un net vieillissement de la population. Tous ces chiffres ne prennent pas en compte la population de l'important établissement pour personnes âgées du Guervénan situé dans la commune[92].
En 2017, Plougonven était la 63e commune du département en population avec ses 3 496 habitants (territoire en vigueur au), derrièreSaint-Évarzec (62e avec 3 529 habitants) et devantPlobannalec-Lesconil (64e avec 3 474 habitants).
Depuis lesannées 1980, un club de jazz, le Coatélan, accueille les plus grands artistes internationaux, et notamment le mythique groupe desJazz Messengers, dirigé par le batteurArt Blakey. Le club fermera définitivement ses portes en 2017.
Le centre médical du Guervenan dépend depuis 1995 du Centre hospitalier deMorlaix. Anciensanatorium soignant les malades tuberculeux depuis les années 1920, il s'est transformé en un établissement désormais totalement rénové accueillant un foyer d'accueil pour traumatisés crâniens, une résidence médicalisée de soins de longue durée pour les personnes âgées, un centre de réadaptation psycho-social, un centre de traitement des maladies respiratoires, etc[97].
La chapelle Saint-Souron a disparu : elle se trouvait à trois kilomètres au sud-ouest du bourg et est représentée sur le cadastre de 1838. Vendue commebien national le24thermidoranIII (), elle était en ruines en 1895. Elle invoquait saint Souron (ou Surmin ou encore Sulmin), inconnu par ailleurs. Il était invoqué pour obtenir la guérison de la fièvre[106].
Jean Larcher ou Jean L'Archer (Jehan Larcher l'Ancien), poète breton décédé avant 1530, est né à Plougonven. Il est l'auteur duMirouer de la Mort écrit en1519,mystère de 3 602 vers.
François Kerneau, né àLézardrieux en 1743, prêtre en 1767, fut pourvu de la cure de Plougonven en 1780, et c'est là qu'il mourut en 1818[108]. Il a écrit ou à tout le moins recopié, car il n'est pas certain qu'il en soit l'auteur, lesNotes pour l'explication des tableaux des missions et retraites, ouvrage daté de 1783, totalement rédigé en breton à l'exception de son titre, qui explique comment commenter lestaolennoù[109]. Par ailleurs, un de ses sermons, daté de 1789, sur « le pardon des injures » a été conservé et se trouve aux Archives départementales du Finistère[110].
Abbé Bernard-François-Marie Le Teurnier : né au Guervénan en Plougonven le et décédé au même endroit le, fut un prédicateur célèbre pour son éloquence dans lestaolennoù (tableaux de mission).
Léopold-René Léséleuc de Kerouara, né àSaint-Pol-de-Léon en 1814, ordonné prêtre àRome en 1845, docteur en droit civil et canonique, docteur en théologie, fut curé de Plougonven, puis évêque d'Autun en 1872-1873. Il mourut subitement le à Autun[111].
Yann Larc'hantec, né le à Plougonven et décédé le à Landerneau, fut auXIXe siècle un sculpteur successeur des Prigent etRoland Doré. Il sculpta les autels de l'église et érigea le tombeau de l'abbé Le Teurnier. Il restaura le calvaire dans sa beauté primitive, les couleurs en moins, après sa destruction lors de laRévolution française ; les croix sont de lui comme la tête du diable (1897).
Yves Morcel, né le à Plougonven, aviateur décédé en service commandé le alors qu'il était à bord d'un avion d'entraînementHD-14 de labase aérienne d'Istres.
« Si le coq ne chante que trois fois, c'est signe de malheur ».
« Quand les pies font un défilé, à pied, c'est signe de mort et d'enterrement ».
« Dans les champs à trois cornières (champs triangulaires), il y a presque toujours des trésors. Et si vous en trouvez un que vous ne réussissiez pas du premier coup à amener au jour, il sera trois cents ans sans se remontrer ».
Un conte :
Histoire de « Jopig an drez » ou « Joseph les ronces » recueillie à Plougonven par Ignace Madec[113].
La chanson de Petit-Jean (en bretonSôn Jannig, mais il en existe une traduction française) a été recueillie de la bouche d'un enfant de chœur de Plougonven par François-Marie Luzel en 1864. Son texte est disponible en breton et en français dans le recueil Mélusine[114].
Edouard Zier,Seulette, Hachette, 1898 (roman dont l'héroïne est une orpheline rescapée d'un naufrage et dont l'action se déroule dans la région de Plougonven).
↑Les moyennes interannuelles (écoulements mensuels) ont été calculées le 29/07/2024 à 02:06 TU à partir des 690 QmM (débits moyens mensuels) les plus valides du 01/07/1966 au 01/06/2024.
↑Les moyennes interannuelles (écoulements mensuels) ont été calculées le 29/07/2024 à 02:07 TU à partir des 571 QmM (débits moyens mensuels) les plus valides du 01/12/1976 au 01/06/2024.
↑Les ruisseaux intermittents sont représentés en traits pointillés.
↑Population municipale de référence en vigueur au 1er janvier 2025, millésimée 2022, définie dans les limites territoriales en vigueur au 1er janvier 2024, date de référence statistique : 1er janvier 2022.
↑Louis Chauris,Étude tectonique des granites précambriens de la région de Morlaix, Comptes rendus hebdomadaires de l'Académie des sciences, tome 274, 14 février 1972,Gallica
↑a etbDaniel Joly, Thierry Brossard, Hervé Cardot, Jean Cavailhes, Mohamed Hilal et Pierre Wavresky, « Les types de climats en France, une construction spatiale »,Cybergéo, revue européenne de géographie - European Journal of Geography,no 501,(DOI10.4000/cybergeo.23155).
↑La civitas des Osismes à l'époque gallo-romaine, Louis Pape, Librairie C. Klincksieck, 1978,p. 169 et A-144 et A-145.
↑Ces figurines sont visibles au Musée départemental breton àQuimper ; L. Richard, « Recherches récentes sur le culte d'Isis en Bretagne » dansRevue d'Histoire des Religions, 1969,no 2,p. 145, avec bibliographie.
↑Auguste Longnon,Les noms de lieux en France, leur origine, leur signification, leurs transformations, 1973 [(ISBN0-8337-2142-9)]
↑ab etcLouis Le Guennec,Notice sur la commune de Plougonven, Morlaix, 1911 (réédition Mouez Ar Vro, Morlaix, 1922)
↑Christiane Prigent,Pouvoir ducal, religion et production artistique en Basse-Bretagne de 1350 à 1575, Maisonneuve et Laroze, 1995, [(ISBN2-7068-1037-8)].
↑Jean Rohou, "Catholiques et Bretons toujours ? (essai sur l'histoire du christianisme en Bretagne)", éditions Dialogues, Brest, 2012,(ISBN978-2-918135-37-1).
↑Marie-Paule et Bernard Kernéis,Les écoles de hameaux : deux programmes d' envergure à la fin du XIXe siècle dans le Finistère, revue "Le Lien", Centre généalogique du Finistère, n° 151, septembre 2019. Site des auteurshttp://www.roch-gad.eu
↑Daniel Bernard, « Le clergé séculier dans le Finistère en 1790 »,Bulletin Diocésain d'Histoire et d'Archéologie, Quimper 1941,p. 94.
↑Notes pour l'explication des tableaux des missions et retraites, ouvrage daté de 1783, cité fréquemment et analysé dans : Fanch Roudaut et Ronan Calvez, « Les animaux dans les taolennoù : une image globalement négative » inRegards étonnés : de l'expression de l'altérité… à la construction de l'identité, « Mélanges » offerts au Professeur Gaël Milin (2003) 27-40", consultablehttp://hal.univ-brest.fr/docs/00/44/18/25/PDF/Roudaut_Calvez_Regards_etonnes_.pdf
↑Archives départementales du Finistère, cote 188 G 15