La commune est située dans lebassin Loire-Bretagne. Elle est drainée par l'Aulne, le canal de Nantes à Brest, le l'Aulne, la Douffine, le ruisseau stêr roudou[1], le ruisseau de Kerambellec[2], le Vernic[3] et divers autres petits cours d'eau[4],[Carte 1].
La canalisation de l'Aulne dans le cadre de la création ducanal de Nantes à Brest dans le premier tiers duXIXe siècle a entraîné la construction d'écluses : d'amont vers l'aval, les écluses du Vuzid et de Saint-Algon en amont de Pont-Coblant et de Stéreon, de Coat Pont, de Tréziguidy, du Guilliec, de Penn-ar-Pont en aval. Un port fluvial fut aménagé à Pont-Coblant, hameau développé sur les deux rives de l'Aulne, à cheval sur les communes de Pleyben et Gouézec ; son trafic fut important en raison de la proximité de carrières d'ardoise désormais fermées. L'essor de ce hameau fut arrêté aussi par la fermeture du canal à la navigation commerciale dès 1942.
Le pont de Pont-Coblant sur l'Aulne (Canal de Nantes à Brest).
Une station de surveillance des crues de l'Aulne est installée à Pont-Coblant[7] ; la dernière crue très importante a eu lieu le, mais des crues se produisent fréquemment, par exemple fin-début[8] ou le[9] ou encore le.
Lecanal de Nantes à Brest est un canal, chenal et un estuaire et un cours d'eau naturel navigable sur une grande partie de son cours, d'une longueur de364 km. Il prend sa source dans la commune deNort-sur-Erdre et se jette dans laLoire àNantes[10].
Plusieurs études ont été menées afin de caractériser les types climatiques auxquels est exposé le territoire national. Les zonages obtenus diffèrent selon les méthodes utilisées, la nature et le nombre des paramètres pris en compte, le maillage territorial des données et la période de référence. En 2010, le climat de la commune était ainsi de typeclimat océanique franc, selon une étude duCentre national de la recherche scientifique (CNRS) s'appuyant sur une méthode combinant données climatiques et facteurs de milieu (topographie, occupation des sols, etc.) et des données couvrant lapériode 1971-2000[13]. En 2020, le climat prédominant est classé Cfb, selon laclassification de Köppen-Geiger, pour la période 1988-2017, à savoir un climat tempéré à été frais sans saison sèche[14]. Par ailleursMétéo-France publie en 2020 une nouvelle typologie desclimats de la France métropolitaine dans laquelle la commune est exposée à unclimat océanique[15]. Parallèlement l'observatoire de l'environnement en Bretagne publie en 2020 un zonage climatique de la région Bretagne, s'appuyant sur des données de Météo-France de 2009. La commune est, selon ce zonage, dans la zone « Littoral doux », exposée à un climat venté avec des étés cléments[16]. Elle est en outre dans lazone H2a au titre de laréglementation environnementale 2020 des constructions neuves[17],[18].
Au, Pleyben est catégorisée bourg rural, selon la nouvelle grille communale de densité à7 niveaux définie par l'Insee en 2022[22].Elle appartient à l'unité urbaine de Pleyben, une unité urbaine monocommunale constituant une ville isolée[23],[24]. Par ailleurs la commune fait partie de l'aire d'attraction de Pleyben - Châteaulin, dont elle est une commune du pôle principal[Note 5],[24]. Cette aire, qui regroupe 18 communes, est catégorisée dans les aires de moins de 50 000 habitants[25],[26].
L'occupation des sols de la commune, telle qu'elle ressort de labase de donnéeseuropéenne d'occupationbiophysique des solsCorine Land Cover (CLC), est marquée par l'importance des territoires agricoles (86,4 % en 2018), une proportion sensiblement équivalente à celle de 1990 (87 %). La répartition détaillée en 2018 est la suivante :terres arables (66 %), zones agricoles hétérogènes (14 %), forêts (10,4 %), prairies (6,3 %), zones urbanisées (2,9 %), zones industrielles ou commerciales et réseaux de communication (0,4 %)[27]. L'évolution de l'occupation des sols de la commune et de ses infrastructures peut être observée sur les différentes représentations cartographiques du territoire : lacarte de Cassini (XVIIIe siècle), lacarte d'état-major (1820-1866) et les cartes ou photos aériennes de l'IGN pour la période actuelle (1950 à aujourd'hui)[Carte 2].
Carte des infrastructures et de l'occupation des sols de la commune en 2018 (CLC).
Le nom de la localité est attesté sous les formesPleiben auXIe siècle etPleyben dès 1241[29].Pleyben fut l'une des paroisses primitives de l'ancienneArmorique auVIe siècle et connue d'abord sous le nom dePlebs Yben (« bourg d'Yben », lequel serait un saint breton plus ou moins mythique connu sous les noms desaint Yben ou saint Ethbin) (à l'origine aussi du nom dePleyber-Christ), le nom étant parfois transcrit auhaut Moyen Âge sous les variantesPleizben ouPleiben[29].
Les origines ne sont pas connues avec certitude, mais la toponymie de plusieurs lieux-dits comme « Le Moustoir » (Ar Moster, le monastère en breton),Le Cloître-Pleyben (nom actuel d'une commune voisine), Lanvézennec,Stang ar Abbat (« vallée de l'abbé »),Ster ar manac'h (« rivière du moine »),Ilisven (« église blanche ») laisse supposer une origine monastique. Selon lecartulaire de Landévennec,Idunet,They etEthbin auraient quitté l'abbaye de Landévennec pour remonter l'Aulne, le premier s'arrêtant àChâteaulin, y fondant le prieuré de Loc-Yonet ; saint They aurait remonté l'Aulne plus en amont, installant sonermitage à l'emplacement actuel du Vieux-Bourg deLothey et Ethbin serait allé un peu plus loin, fondant Pleyben[30].
LesTempliers y auraient eu une léproserie àKerlann (à l'époque nomméKeranclanff) et l'abbaye du Relec possédait des terres dans la paroisse[31]. La chapelle de Lannélec (anciennementTrefnescop en breton, « quartier de l'évêque » en français) correspondrait à un ancienprieuré dépendant de l'abbaye de Landévennec[32]. Par la suite, Pleyben conserva comme trève Le Cloître-Pleyben.
La devise de Pleyben est « Pleiben war'raok atao » (« Pleyben toujours en avant »).
Avec Le Cloître-Pleyben et Lennon, Pleyben formait le « pays Bidar »[34], l'un des pays bretons ethnologiques traditionnels, les communes voisines deChâteauneuf-du-Faou,Plonévez-du-Faou etCollorec formant le « pays Dardoup ».
Undolmen (datant dunéolithique) existait près de Kerasquer, mais il a disparu, probablement auXIXe siècle. Quelques pièces archéologiques dumésolithique ont été trouvées sur le territoire de la commune et un coffre de l'âge du bronze à Roz ar C'hallez (disparu). Des toponymes comme Vuzit et Boixière montrent quelques implantationsgallo-romaines[35]. Un dépôt d'armes en bronze, d'origine celte, a été trouvé à La Boëssière, sur une petite colline dominant l'Aulne[36].
Le château de Tréziguidy(Maner Coz) se trouve à mi-chemin entre Pleyben et Châteaulin, sur un promontoire dominant une boucle de l'Aulne d'un abrupt de70 mètres dans un site exceptionnel contrôlant l'Aulne, ce qui était important à une époque où les cours d'eau étaient les meilleures voies de pénétration vers l'intérieur des terres, à l'époque des invasionsvikings par exemple. Cette ancienne place forte fut habitée dès leXIe siècle certainement, leIXe siècle peut-être, par la puissante famille féodale des Trésiguidy, probablement d'origine franque, le nom « Tréséguidy » pouvant sans doute se traduire par « la maison de Sigwin », Sigwin en germanique voulant dire « victorieux »[37]. Plusieurs membres de cette illustre famille ont participé auxCroisades (Jean et Maurice de Trésiguidy ont participé à la première croisade, Thomas et un autre Maurice à la septième croisade où ce dernier aurait été fait prisonnier et aurait fait le vœu de construire à son retour une chapelle, ce serait l'origine de la chapelle de Guénily où un vitrail illustre cet évènement). Un autre Maurice de Trésiguidy est évêque de Rennes entre 1260 et 1282. Le, un autre encore Maurice de Trésiguidy, dans le cadre de laguerre de Succession de Bretagne, participe auCombat des Trente contre les Anglais (qui eut lieu entrePloërmel etJosselin) et « fut l'un de ceux qui s'y comporta le mieux »[38] ; il participa par la suite au siège deRennes en 1357, puis fut ambassadeur du roiCharles VI, effectuant des missions en Espagne, et fut ensuite nommé « Capitaine de la Ville de Paris » en 1381. D'autres membres de cette famille, Yvon et Olivier de Trésiguidy, participèrent également à la guerre de Succession de Bretagne. Une Jehane (ou Jothane) de Trésiguidy épousa un vicomte du Faou ; sa tombe se trouve dans la chapelle Notre-Dame de Châteaulin.
Trésiguidy était sous l'Ancien Régime une puissantebaronnie, dotée d'une juridiction seigneuriale[39]. Les seigneurs de Trésiguidy exerçaient leur droit dehaute justice ainsi que de moyenne et basse justice au manoir des Salles (disparu) enSaint-Ségal, avaient un domaine s'étendant sur 27 villages (= hameaux) de la trève de Guénily, sans compter les nombreuses autres fermes et les hameaux possédés dans lestrèves et paroisses avoisinantes commeLannédern,Saint-Ségal,Châteaulin,Quimerc'h,Lopérec,Brasparts (à Kerjean par exemple),Lothey (village de Buors par exemple) ainsi que la forêt de Guily. Le domaine disposait d'une chapelle (des vestiges subsistent), d'un moulin (en ruines)[40].
L'inventaire après décès de Louis-Jean-Marie de Kerret, « juveigneur[44] des anciensprinces et comtes de Léon, chevalier seigneur de Quillien, du Guernaultier et autres terres », décédé en 1782, époux de Sylvie Aléno, est retranscrit intégralement sur le site Internet du Conseil général du Finistère sous le titreLe document Quillien et donne une bonne idée de l'état de la fortune et ds biens d'une famille noble à cette époque[45].
La construction de l'église Saint-Germain, achevée en 1583, a été interrompue pendant une vingtaine d'années du temps des guerres de la Ligue, mais achevée néanmoins avant la fin de celles-ci en Bretagne. Bien que possédant l'une des plus belles églises de la région, dont les deux clochers, avec les arcades qui les reliaient, dominaient majestueusement la grand'place et se voyaient de toute la région, les habitants de Pleyben auraient pris ombrage de la construction d'autres beaux enclos paroissiaux jusque dans le Léon comme àBerven ouLanhouarneau[46], d'où la construction du clocher-porche qui débute en1588, mais en1590 les paroissiens de Pleyben se joignent à ceux des paroisses voisines commePlouyé,Collorec,Landeleau et plusieurs autres pour chasser les « royaux » (= partisans du roiHenri IV), commandés parLa Tremblaye, qui occupaientCarhaix. Cette « boutade » (= révolte, jacquerie) enflamme toute la région. « La rogue paroisse de Pleyben se vantait de battre l'ennemi à elle toute seule » écrit le chanoine Moreau[33]. Mais ces paysans commandés par le sieur du Bizit, Guillaume de Kerpérennez et le prêtre Linlouët (de Pleyben tous les deux) mal organisés et mal armés, refusant d'attendre ceux des paroisses voisines deLennon,Gouézec,Briec,Châteauneuf, etc., qui s'étaient également soulevés, furent mis en déroute au pont du Moulin du Duc près de Carhaix.
La châtelaine de Roscanou enGouézec, veuve, était lors desguerres de la Ligue une farouche partisane des « royaux » (partisans du roiHenri IV) et n'hésitait pas à le faire savoir, menaçant de ruiner le pays et elle était très haïe par les paysans de la région qui soutenaient laLigue. En septembre1590, elle reçut de nombreux hôtes en son château, « 60 à 80 chevaux » dit le chanoine Moreau qui poursuit : « Le bruit couru incontinent qu'il y avait grande troupe de royaux à Roscanou et croyant que c'était pour les perdre, ils firent sonner le tocsin par toutes les paroisses. »[33] Les paysans de la région, parmi eux de nombreux paysans de Pleyben, allèrent faire le siège du château de Roscanou qu'ils pillèrent et incendièrent; plus de quatre-vingt-dix personnes périrent soit par le fer, soit par le feu « dont soixante gentilshommes et chefs de maisons » dont Claude Du Chastel, baron de Kerlec'h ; Robert De Kerlec'h, seigneur du Plessis enPloumoguer ; Pierre de Vieux-Châtel, abbé de l'abbaye Saint-Maurice de Carnoët, le sieur de Kerlouet, le sieur du Hirgars enCrozon, etc[47]. Le chanoine Moreau poursuit : « Tout ce que l'on put sauver du feu fut pillé par toutes les communes, qui ne laissèrent rien que ce grand nombre de corps tout nus d'un côté et de l'autre »[48].
En punition, les principaux notables de la paroisse furent conduits en prison, les uns àQuimper, d'autres àDouarnenez dans le repaire deLa Fontenelle, comme otages jusqu'à ce que la paroisse s'acquitte de ses charges et on infligea à Pleyben l'entretien d'une garnison de soldats dans le bourg, de s'acquitter de fouages et les paroissiens durent vendre calices et croix d'argent dont ils étaient si fiers pour régler leurs rançons et amendes[46]. Il fallut interrompre les travaux de la tour-porche de l'église ; qui furent terminés seulement en1654. Une dizaine d'années plus tard, l'aisance étant revenue, les deux retables dumaître-autel, puis duRosaire furent successivement commandés et le calvaire complètement transformé afin de devenir l'un des plus beaux de Bretagne.
Le célèbre prédicateurJulien Maunoir prêcha desMissions à Pleyben en1665 et en1676[49]. Mort en 1683, quelques années plus tard des miracles lui sont attribués à Pleyben : en 1686, Jean Pezron, de Pleyben, qui avait été treize ans sans marcher fut guéri et il en fut de même en 1687 pour Jeanne Le Joncour, originaire de la paroisse également[50].
Le, se déroule àLothey, village situé sur l'autre rive de l'Aulne par rapport à Pleyben, la clôture solennelle d'unemission prêchée par desJésuites. Une grande procession, ponctuée de représentations de diverses scènes de la vie duChrist qui requièrent un grand nombre d'acteurs, a lieu, accompagnée de nombreuxcantiques nécessitant là aussi nombre de choristes. Les paroisses voisines devaient donc, assez souvent, fournir une partie des acteurs, d'autant que les rôles étaient plus particulièrement tenus par les jeunes gens, les jeunes filles et les enfants.
Cette procession s'était déroulée avec le succès habituel. Tous les témoins reprirent le chemin de leurs foyers. Les paroissiens de Pleyben descendirent vers le passage de Trésiguidy, proche du vieux bourg de Lothey, et empruntèrent le bac, qui coula.
Stèle commémorative du drame de Trésiguidy.
La tradition recueillie par une « gwerz » rend le passageur responsable de la catastrophe. Ce batelier aurait manqué de prudence en embarquant à la fois trop de passagers. Messire Paul de Kerlec'h du Chastel, seigneur baron de Trésiguidy, dont le château dominait l'Aulne (Maner-Koz) aurait prévu le malheur et aurait crié au passeur :
« Paour kez, paour kez, den fall, Re adud lakeez em bag ! » « Pauvre malheureux, mauvais homme, Trop de gens vous amenez dans votre bateau. »[52]
Ce serait donc le poids trop fort des passagers qui aurait fait couler l'embarcation. Dans le naufrage, 61 personnes de Pleyben périrent. Mais, d'après la complainte, le nombre total des victimes s'élevait à 77.
« Pevar-ugent nemet tri Oa beuet a bak Treguidi » « Quatre-vingt moins trois Furent noyés dans la barque de Trésiguidy. »
Sans doute 16 des victimes appartenaient à des paroisses voisines. D'autre part, on a tout lieu de croire que trois personnes au moins furent sauvées, ce qui laisse supposer que 80 personnes au moins avaient embarqué dans le bac.
Le journalLe Courrier du Finistère décrivit l'incident ainsi : « Quelles scènes déchirantes se passèrent alors ! quelle désolation pour certaines familles qui perdaient, en même temps, deux ou trois membres ! La pensée que leSeigneur avait reçu dans le ciel ces âmes, qui venaient de chanter ses louanges, pouvait seule adoucir leur grande douleur »[53].
Pour commémorer la traversée, une croix de bois, peinte en rouge, fut érigée à l'entrée du château de Trésiguidy, sur le bord de la route de Pleyben àChâteaulin (l'ancienne route qui passait à Guénily). La croix n'existe plus, mais l'agglomération de maisons construites dans son voisinage s'appelle encore aujourd'huiAr Groaz-Ru.
Une complainte, colportée dans les foires et marchés par les chanteurs ambulants, fit connaître l'événement à plusieurs lieues à la ronde. Selon la « gwerz », tous les passagers n'auraient pas été noyés : en effet, le chien de Verouri, ferme voisine du lieu tragique, aurait sauvé trois des naufragés. Accouru à la rencontre de son maître, ce chien l'avait vu disparaître dans l'abîme. Immédiatement, il se jeta à l'eau pour le secourir. Deux autres personnes furent d'abord ramenées par lui à la berge. La troisième fois l'animal trouva et sauva celui qu'il cherchait. Mais il fut impossible de lui faire continuer le sauvetage.
Les registres paroissiaux ont conservé les noms et âges des victimes enterrées dans le cimetière de Pleyben. Presque toutes étaient des enfants ou des jeunes gens. Soixante et une victimes ont été enterrées dans le cimetière de Pleyben dans une grande fosse creusée au pied du calvaire qui se trouvait à l'époque près du porche sud, au pied de la grande tour, les 16 autres probablement dans les paroisses voisines dont ils étaient issus[53].
Au début duXVIIIe siècle, le « corps politique » (conseil de fabrique) de Pleyben demande la création d'une foire : « Le bourg de Pleyben est considérable et est habité par des bourgeois et par une grande quantité d'artisans de toutes professions et de tous métiers » écrit-il[54].
En 1743 le corps politique de la paroisse de Pleyben demande « de faire les réparations qu'il faut sur les murs autour du symittière[cimetière] de façon que ny chevaux ny cochons ny autres animaux n'y puissent entrer »[55].
En 1771, des archives prouvent que lemarquis de La Fayette possédait les terres du Lun et de Kerguillé à Pleyben[56].
Vers 1780, selonJean-Baptiste Ogée[57], « le pays est très désagréable pour les voyageurs à cause des montagnes et des vallons dont il est plein ». Par contre « les terres sont bien cultivées, les pâturages abondants, les prairies très-bonnes; mais les landes sont malheureusement très-étendues ».
En 1780, une cinquantaine de carriers originaires des Ardennes arrivèrent dans la région de Châteaulin et commencèrent à ouvrir des ardoisières, par exemple à Pont-Coblant[58]. Selon Louis Charpentier, dans une monographie intitulée"De Funnay à Ty Mur. Mémorable aventure d'Escailleurs ardennais qui s'en furent au pays d'Armor, exploiter les pierres d'ardoises", vers 1777 desArdennais, venant principalement de la région deFumay, vinrent trouver du travail dans les ardoisières de la vallée de l'Aulne, apportant avec eux l'art de mieux tailler l'ardoise. Dans l'impossibilité de trouver leur lieu réel d'origine, P.-A. Limon les surnomme "Parisiens" dans son livre"Usages et règlements locaux en vigueur dans le Finistère" publié en 1857, et les ardoises bretonnes furent surnommées"parisiennes". Cette immigration concerna principalement les communes dePort-Launay,Châteaulin,Lopérec,Saint-Coulitz, Pleyben,Lothey,Gouézec,Lennon,Spézet,Motreff,Châteauneuf-du-Faou etSaint-Goazec. Les noms de famille se sont transformés au fil du temps : les Waslet sont devenus Voachelet, Les Lefèvre sont devenus Lefeuvre, les Bouchy Bouché, etc[59].
Lerecteur de Pleyben écrit en1817 à propos de la misère dans sa paroisse :
« Les pauvres y fourmillent parce que les ouvriers n'y trouvent plus d'ouvrage. Le nombre des pauvres cette année est double de l'année dernière, parce que ceux qui ne voulaient pas aller à l'aumône avaient vendu meubles, hardes pour vivre et n'ont rien aujourd'hui et, malgré tout cela, bien des gens n'ont vécu, une bonne partie de l'année, que de légumes, d'oseille, de feuilles de pommes de terre. Les pauvres gens courent tout le jour par la glace, les pluies pour avoir une dizaine de pommes de terre, quelquefois moins[60]. »
Le le curé provisoire de Pleyben (le recteur est décédé) écrit que « la maladie continue toujours (...). Nous n'en pouvons plus (...). Depuis la mort de notre Pasteur, nous avons fait plus de 30 grands enterrements, mais plusieurs ont été faits sans prêtre, car il est rare de nous trouver à la maison »[61].
La construction, commencée en1806 et achevée en1833, puis la mise en service ducanal de Nantes à Brest ont entraîné un essor économique sensible, facilitant par exemple les exportations d'ardoises par péniches : en 1852 on recense dix-neuf carrières d'ardoises sur les quatre communes de Pleyben,Lothey,Gouézec et Lennon[62]. La carrière de Stéréon, proche de l'écluse de Stéréon[63], est la plus importante, ses propriétaires s'étant munis d'appareils d'extraction des ardoises et de pompage de l'eau perfectionnés[64]. En 1876, est créée la Société des Ardoisières de l'Ouest qui a son siège social à Nantes et exploite des carrières d'ardoises à Pont-Coblant ainsi qu'àNoyant-la-Gravoyère près deSegré[65]. Mais le déclin survient avant même la fin duXIXe siècle,L. Gallouédec écrit en 1893 : « Les ardoisières (...) traversent aussi une période de décadence : on les exploite encore presque partout le long du canal, àPort-Launay, àSaint-Coulitz, àLothey, àChâteauneuf et jusqu'àSpézet ; mais le travail s'est bien ralenti. Mille ou 1 200 ouvriers s'y employaient autrefois. Les ardoises, amenées par le canal àPort-Launay, s'exportaient non seulement en Bretagne, mais sur toutes les côtes de la Manche et jusqu'àDunkerque. Par malheur, le mode d'extraction était primitif, on manquait même de treuils pour monter du fond de la mine les blocs de schistes qu'il fallait aller chercher à dos d'homme. (...) Au lieu de 1 200 ouvriers, les ardoisières aujourd'hui en comptent à peine 500 »[66]. Selon la même source, en 1892, l'on dénombre toutefois encore vingt-huit carrières d'ardoise à ciel ouvert et sept exploitées souterrainement dans l'arrondissement de Châteaulin. En 1911 les carrières d'ardoise font encore vivre huit cents ouvriers en Centre-Bretagne dans les cantons de Pleyben,Huelgoat,Gourin,Malestroit,Ploërmel etMaël-Carhaix[67].
Une grève dure éclate en avril1892 aux ardoisières de Pont-Coblant : « Une grève a éclaté il y a quelques jours aux ardoisières de Pont-Caublanc(sic); comme elle continue, on commence à s'émouvoir ; c'est d'ailleurs la première fois qu'un fait pareil se produit dans le pays. (...) Jusqu'à présent, les grévistes, au nombre de 350, sont très calmes ; mais si le travail, interrompu depuis huit jours, ne reprend pas bientôt, on ne sait ce qu'il adviendra, car tous les ouvriers sont dans une misère affreuse. Ceux qui travaillent au fond, soit de jour, soit de nuit, touchent unfranc et cinq centimes à un franc et trente centimes, les autres, les fendeurs, de un franc trente-cinq à un franc quarante par jour. Tous sont chargés de famille. On souhaite ardemment dans la contrée qu'une petite augmentation leur soit accordée. D'ailleurs, les ouvriers sont raisonnables, leur ambition est d'arriver à gagner un franc cinquante. (...) »[68].
Une description datant de1889 raconte : « (...) Nous prîmes la route de Pleyben. Des hauteurs où s'ouvre le grand chemin, les carrières offrent au regard un paysage étrange. Le rayonnement du soleil sur les ardoises bleues avait des miroitements singuliers, avec des alternatives de reflets et de pâleur. (...) Tout ce coin est couvert de bruyères, de landes et de bois. (...) Dans les champs, le blé noir est encore debout. (...) Voici un char-à-bancs et une douzaine de gens endimanchés pèle-mêle là-dedans se dirigeant vers Châteaulin »[69].
L'ardoisière de Stéréon employait encore 70 ouvriers en 1926 ; elle ferma en 1955. Deux autres ardoisières existaient à Stergourtay et Park ar Pont, employant chacune une cinquantaine de personnes[70].
À la fin duXIXe siècle, la région reste pauvre ; L. Gallouedec écrit en1893 : « Il vous semblera aussi que le pays de l'Aulne est par endroits un peu désert, que trop de fermes ont encore le toit de chaume sur des murs de pierre cimentés seulement de boue. Si vous y passez enfin vers la fin du mois d'août, vous y verrez avec étonnement battre le blé au fléau, un instrument que vous croyiez banni du monde civilisé depuis la découverte des machines à battre. C'est surtout en tirant sur la montagne, versPlounévez-du-Faou,Saint-Herbot,Plouyé,Scrignac, que vous serez frappé de ces traces d'ignorance et de misère. Au contraire vers le canal, par lequel arrivent les engrais calcaires ainsi que les instruments aratoires modernes, l'aspect est très florissant. (...) L'avoine, le sarrasin et le seigle occupent encore plus de place que le froment, mais celui-ci, qui s'étend chaque année, est déjà cultivé suffisamment pour que le pain blanc ait presque partout remplacé le pain noir dans l'alimentation quotidienne »[66]. Le même auteur évoque « les bœufs gras », les « moutons renommés », les « chevaux de trait léger très recherchés par l'artillerie » élevés dans la région. Il poursuit : « Ici les maisons ont bonne apparence : les murs sont enduits d'une couche riante de chaux blanche, les toits sont d'ardoise, les fenêtres s'ouvrent largement ; un étage surmonte souvent le rez-de-chaussée ; à l'intérieur enfin, les vieux meubles bretons, l'armoire patriarcale, le lit clos, l'horloge, la huche, les bancs qui servent de siège, tout lui sous l'entretien incessant des ménagères. On est bien loin du taudis de la montagne. » Le même auteur ne décrit qu'en une seule phrase le bourg de Pleyben : « Pleyben n'est point trop déparée par sa place trop grande et mal aplanie. »
Portrait d'un homme de Pleyben vers 1870 (photographie deJoseph Villard).
Église et calvaire de Pleyben près Châteaulin (dessin publié dansFélix Benoist,La Bretagne contemporaine, tomeFinistère, 1867).
En 1843, des foires se déroulent le troisième mardi de chaque mois ainsi que les,,1er août et[72].
Frank Davies[73], dans le dernier chapitre intituléLutte bretonne et fête populaire à Pleyben" de son livre "Chasse aux loups et autres chasses en Bretagne décrit un tournoi degouren organisé à Pleyben vers le milieu duXIXe siècle :
« Sur une prairie propice et à l'ombre des châtaigniers, les spectateurs étaient réunis en grand cercle (...). [Les] juges faisaient tourner leurs fouets et leurs bâtons à la figure des assistants, et en plus de leur fonction de maintenir le cercle, surveillaient le jeu des combattants (...) [L]es paysans [étaient] habillés, hommes et femmes, dans leurs costumes de fêtes différents. (...) Ceux des hommes (...) ressemblaient à ceux portés auXVIe siècle. (...) Il y avait lehaut de chausses, la veste et le gilet rond bleu clair ou rouge, ornés de boutons ; la large ceinture de cuir entourant la taille et fermée par une boucle de métal (...) de grande dimension, et puis le chapeau à larges bords et les cheveux flottants pour achever le tableau (...)[74]. »
Une brigade de gendarmerie à pied est créée à Pleyben en1873[75] ; elle remplace apparemment une brigade à cheval qui existait antérieurement. Cette brigade est dispersée en 1913, mais la décision est annulée en 1914[76].
L'ossuaire de Pleyben servit un temps d'école[77]. En1879, le même conseil général vote une subvention en faveur de la construction d'une école de filles qui est en cours à Pleyben[78]. En1886 est créée la « Société anonyme de l'école chrétienne de Pleyben » pour ouvrir une école avec internat de garçons[79]. En1902, une école privée de filles ouvre à Pleyben en remplacement de celle dePlonévez-du-Faou, tenue par lessœurs du Saint-Esprit, fermée par décision gouvernementale[80].
La compagnie de sapeurs-pompiers est créée en1898[81] même si la commune disposait d'une pompe à bras dès1880.
Les écoles de hameaux de Pont-Coblant, Pont-Keryau et Quilliégou
le décret du qui a délégué une subvention pour dix-huit écoles de hameaux sur l'arrondissement de Quimperlé ; toutes ont été bâties ;
le décret du qui a délégué une subvention pour cinquante écoles de hameaux sur les quatre autres arrondissements du département (Brest, Châteaulin, Morlaix, Quimper) à choisir dans les communes « dont le territoire est le plus étendu et les ressources les plus restreintes » ; 49 ont été bâties dont trois à Pleyben (Pont-Coblant, Pont-Keryau et Quilliégou)[82].
En1848, la nuit du 24 au, pendant l'ouragan qui sévit cette nuit-là, la foudre tombe sur le clocher de l'église, heureusement protégé par un paratonnerre, ce qui évite une catastrophe comme celle qui survient cette nuit-là àLoqueffret pendant la messe de Noël[83].
En1887 un terrible et curieux accident survient à Pleyben: un garçon d'une dizaine d'années, Joseph Goïc, était monté dans l'une des tours de l'église pour sonner les cloches à l'occasion d'un baptême. À un moment donné, voulant arrêter subitement la grosse cloche, il se suspendit à son cordage. Mais celle-ci, continuant son mouvement de sonnerie, enleva le sonner par delà la chambre des cloches et, à l'oscillation suivante, le heurta avec violence contre cette galerie. L'enfant lâcha prise et fut précipité, broyé,25 mètres plus bas, mourant instantanément[84].
En1891, la commune bénéficie d'un legs de 100 000 francs dû à la générosité de Corentin Le Bas, originaire de Quimperlé et ancien propriétaire de l'hôtel de Lille et d'Albion à Paris, qui vient de mourir, laissant une fortune de deux millions de francs[85].
Le voyage du président de la République Félix Faure (1896)
L'église et le calvaire de Pleyben vers 1900 (lithographie d'Albert Robida)Le calvaire de Pleyben photographié par Paul Gruyer avant 1905
Le, le président de la RépubliqueFélix Faure venant deCarhaix où il était arrivé par le train, prend une voiture escortée par « la cavalcade des gars en veste bleue ocellées de broderies naïves. (...) Sur le bord des chemins (...) des hommes recueillis, tête nue, muets, des femmes agenouillées, le chapelet à la main, priant comme à l'église pour cet homme qui passe, rapide, qu'ils ne reverront jamais plus, et qui représente la France »[86].« De quatre kilomètres en quatre kilomètres, les fils des cultivateurs des environs se réunissaient, en selle ou montant à cru sur leurs chevaux les plus fringants, se chargeaient d'escorter la voiture du président de la République »[87] qui, après un bref arrêt àChâteauneuf-du-Faou, fait une courte halte de vingt minutes à Pleyben avant de continuer versChâteaulin où il reprend le train en direction deQuimper dans le cadre d'un voyage en Bretagne[88],[89].
Le journalLe Temps, après avoir évoqué la pluie battante tout le long du trajet entre Carhaix et Châteaulin écrit : « les paysans ne s'étaient pas laissés troublés par le jeu des grandes eaux célestes et, à tous les carrefours, sur les rocs au milieu des ajoncs, dans les fleurs violacées des bruyères, on apercevait des groupes pittoresques de Bretons et de Bretonnes venus parfois de fort loin pour voir ce qu'ils n'avaient jamais vus : le chef de l'État. Dans leur attitude se révélait toute l'âme bretonne ; fiers, silencieux, recueillis, ils semblaient presque en prière, les hommes découverts, tenant dans leurs bras croisés leur chapeau de feutre aux larges rubans de velours, les femmes pour la plupart agenouillées, les plus vieilles appuyant leur menton sur le bout de leur solide bâton »[90].
Ce fut la seule visite d'un chef d'État français dans l'histoire de Pleyben.
Jour de procession à Pleyben entre 1903 et 1920 (photo auteur inconnu).
En réponse à une enquête épiscopale organisée en 1902 parMgr Dubillard,évêque de Quimper et de Léon en raison de la politique alors menée par le gouvernement d'Émile Combes contre l'utilisation dubreton par les membres du clergé, lerecteur de Pleyben écrit que dans sa paroisse la secondemesse, à prédication française est « fréquentée presque exclusivement par les fonctionnaires et les personnes du bourg », les autres préférant la messe en breton[91].
Camille Vallaux écrit en 1905 que Pleyben, « avec ses carrières en décadence du Pont de Coblant[Pont-Coblant] » semble être le cœur de l'émigration : « 70 ouvriers quittent tous les ans la commune de Pleyben sans esprit de retour, et c'est versAngers que la plupart se dirigent[92].
Un bureau téléphonique fut mis en service à Pleyben le[93].
Des jeunes paysans finistériens, notamment huit familles de Pleyben, émigrent pendant la décennie 1920 en direction duPérigord et du sud-ouest de la France ; certains s'installèrent dans lePérigord, notamment dans lecanton de Seyches et dans la région deMonflanquin[96].
Le, le maire de Pleyben prenait un arrêté interdisant au curé de la commune, l'abbé Kervendal, la vente, l'exposition ou la distribution de tous imprimés, journaux, sous le porche ainsi que dans le square de l'église, incluant le calvaire et l'ossuaire. Le curé fit un recours en Conseil d'état et cet organisme annula l'arrêté du maire[97].
En, des commerçants de Pleyben, lors du départ du contingent de troupes allemandes d'occupation, demandèrent aux autorités allemandes d'en envoyer un autre[103].
Le maquis de Penarpont (Pen-ar-Pont) - Beuzit- Keralliou
Entre le et le, un maquisFTP se mit en place entre les écluses du Guillec et de Penarpont (l'écluse de Penarpont se situe sur l'Aulne, à la limite des communes de Pleyben et Lothey), les résistants (parmi eux, Auguste Le Guillou[104], Jean Charles, Jacques Poquet, Jean Baugion)[105] se cachant dans une grotte, puis dans l'ardoisière de Roz-Divez, située entre les écluses de Penarpont et du Guilliec. Ils furent rejoints par d'autres, en particulier des réfractaires duSTO, trois Belges et deux déserteurs russes de laWehrmacht basée à Brest, Nicolas Filatov et Philippe Petroschitzki.
En, un agent du groupe deGuy Vissault de Coëtlogon, Joseph Le Ruyet, qui était parvenu à infiltrer ce groupe de résistants provoqua l'arrestation de trois d'entre eux (Jean L'Hours, Le Doaré et Flaud)[106]. Le, alors que les maquisards de Pen-ar-Pont étaient à Quimper pour y attaquer la prison Saint-Charles, des parachutistes allemands encerclaient la carrière du Quinquis et y détruisirent tout. Le maquis se réorganise alors dans un bois situé à la limite de Gouézec et de Lothey, près des fermes de Keralliou et Beuzit en Lothey. Parmi les autres actions de ces maquisards, le déraillement d'un train chargé de granulats (destinés à la construction duMur de l'Atlantique) à la carrière du Hinguer enCast, le déraillement d'un train de munitions allemandes sur la voie ferrée de Quimper à Brest à Quimerc'h et l'attaque de la prison Saint-Charles à Quimper[107]. En représailles, le, quinze personnes sont fusillées dans le bourg deQuimerc'h. Trahis par l'un d'entre eux, des résistants sont arrêtés par laFeldgendarmerie allemande le. Sept d'entre eux furent fusillés le sur les dunes deMousterlin enFouesnant (un Belge, G de Neve ; les deux déserteurs russes ; L. Gouillou, duRelecq-Kerhuon ; Robert Le Cren, deKerfeunteun[108] ; Charles Levenez, deCrozon ; Laurent Pennec, deLangolen) et 5 disparurent (un Belge, Théophile Mertens[109] ; F. Le Baut, deGouézec ; J. Le Du, deLe Cloître-Pleyben ; Marcel Milin, deChâteaulin[110] ; Yves Sizun, deLanderneau)[105]. Un monument commémoratif, inauguré le, se trouve à l'écluse de Penarpont.
Par décret du 8 brumairean X est créé le canton de Pleyben regroupant les communes deBrasparts, le Cloître-Pleyben,Edern, Gouezec,Lannedern, Lennon,Loqueffret,Lothey et Pleyben.
Parti: au 1er de sable au rencontre de vache d'or, au 2e d'azur à l'épi de blé d'or posé en pal ; à la barre d'argent brochante, chargée de trois mouchetures d'hermine de sable.
Devise / Cri
Pleiben war raok atao
Détails
Les armoiries rappellent la spécialisation de la commune dans une agriculture reposant sur la polyculture autour des céréales et de l'élevage des bovins. Présenté sur le site officiel de la commune[120].
Pleyben avait 6 000 « communiants » vers 1780[57], mais la paroisse incluait alorsSaint-Ségal etLe Cloître.
L'évolution du nombre d'habitants est connue à travers lesrecensements de la population effectués dans la commune depuis 1793. Pour les communes de moins de 10 000 habitants, une enquête de recensement portant sur toute la population est réalisée tous les cinq ans, les populations de référence des années intermédiaires étant quant à elles estimées par interpolation ou extrapolation[121]. Pour la commune, le premier recensement exhaustif entrant dans le cadre du nouveau dispositif a été réalisé en 2007[122].
En 2022, la commune comptait 3 649 habitants[Note 7], en évolution de −0,98 % par rapport à 2016 (Finistère : +2,16 %,France horsMayotte : +2,11 %).
L'essor démographique de la commune dans la première moitié duXIXe siècle est lié à la construction ducanal de Nantes à Brest qui facilita ensuite les transports, entre autres celui des ardoises provenant des ardoisières de Pont-Coblant. L'apogée de la population date de la fin duXIXe siècle : 5 683 habitants en 1891, soit un gain de 2 007 habitants (+54,6 %) en98 ans entre 1793 et 1891. La population stagne ensuite jusqu'à laPremière Guerre mondiale. La majeure partie duXXe siècle se caractérise par un déclin presque continu, Pleyben perdant 2 144 habitants (-38,7 %) en88 ans entre 1921 et 1999. À la fin duXXe siècle, la commune est moins peuplée qu'en 1793 et le reste encore aujourd'hui, même si la première décennie duXXIe siècle montre un certain regain démographique, la commune ayant regagné214 habitants en dix ans entre 1999 et 2009. Pleyben bénéficie du désenclavement routier, de l'implantation d'entreprises dans sa zone d'activités et de la proximité de Châteaulin.
Lesolde naturel reste légèrement négatif (-0,2 % l'an en moyenne entre 1998 et 2007 (43 naissances pour60 décès par exemple en 2007). Par contre, lesolde migratoire, longtemps négatif, est redevenu positif depuis 1975 (+1,1 % l'an en moyenne entre 1998 et 2007). La structure par âges de la population montre toutefois une population relativement vieillie: les65 ans et plus forment 21,3 % de la population et les moins de15 ans 19,0 % seulement en 2006 ; cette année-là, par tranches d'âges de15 ans, c'est toutefois la tranche d'âge des30-44 ans qui était la plus nombreuse (20,4 % de la population totale)[125].
L'agriculture se caractérisait traditionnellement par unepolyculture, principalement de céréales, associée à l'élevage bovin. Les dernières décennies ont vu se développer un importantélevage hors-sol de porcs et de volailles.
Des entreprises agro-alimentaires valorisant des spécialités régionales se sont développées, la plus connue étant les « galettes de Pleyben » (biscuiterie), d'autres fabriquant crêpes, chocolat[127] et tripes.
Une zone d'activités, dénommée « la Croix du Dreverz », a été aménagée à proximité de l'échangeur de lavoie express, au sud de la commune.
La chapelle Notre-Dame de Lannélec, vue du sud-ouest.
La chapelle Notre-Dame de Lannélec, vue du sud-est.
Pleyben : calvaire de Lannélec,Ecce Homo, Christ en croix avec les deux larrons.
La chapelle Notre-Dame de Bonne-Nouvelle à Garz-Maria, datée initialement duXVIe siècle mais, détruite par la foudre en 1746, elle a été reconstruite auXVIIIe siècle[132]. Elle aurait, selon la tradition, été initialement construite par une demoiselle de la Boissière qui aurait promis de construire une chapelle en l'honneur de Notre-Dame si la peste qui avait envahi la paroisse venait à cesser[133].
La chapelle de Guénily[134], anciennementGuern-Ilis-Pénity, date de1689 mais une chapelle plus ancienne existait précédemment, qui aurait été fondée à la suite d'un vœu fait par un seigneur de Trézéguidy pendant lesCroisades. Ses trois autels et une vitre portent les armes des seigneurs de Trésiguidy, Paul de Kerlec'h et son épouse Catherine Françoise Fouquet. Elle abrite aussi de nombreuses statues (saint Joseph,saint Éloy,saint Barthélemy,saint Paul,saint Nicodème,saint Philibert, Notre-Dame du Vrai Secours (uneVierge à l'Enfant dénommée aussi Notre-Dame de Guénily)[135].
Pleyben : la chapelle de la Madeleine et son calvaire (vue de face).
Pleyben : la chapelle de la Madeleine et son calvaire (vue de côté).
Pleyben : la fontaine de la chapelle de la Madeleine (encastrée dans sa façade).
La chapelle Neuve[144] (ou « chapelle de la Congrégation ») : sa première mention remonte à l'an 1700, mais la chapelle actuelle date de 1889 ; elle est située en plein bourg de Pleyben[145]. Elle a été récemment enrichie d'une remarquable fresque dite « de l'apocalypse ».
La maison du patrimoine : datant de1709, elle servit de « petit collège » (= école) pour les jeunes filles, créée par « Messire Nouël Favennec, escholier, maître d'école » jusqu'à sa fermeture en 1791 ; elle servit ensuite de commerce. C'est un témoignage du patrimoine bâti de la grand'place auXVIIIe siècle, les autres maisons de l'époque ayant disparu. Restaurée par la Communauté de communes, elle abrite désormais l'office du tourisme.
L'écluse de Trésiguidy, sur l'Aulne, à la limite entre Pleyben et Lothey, date de 1822 et est munie d'une passe à poissons depuis 1908. Les vestiges d'un moulin se voient encore sur la rive gauche[147]. La maison éclusière a été construite entre 1822 et 1828[148].
L'écluse de Koad Pont (écluse n° 228) sur le Canal de Nantes à Brest (Aulne canalisée ; limite entre les communes de Pleyben etLothey).
L'écluse de Trésiguidi [Trésiguidy] (écluse n° 230 du Canal de Nantes à Brest).
La maison éclusière de Trésiguidy (écluse n° 230 du Canal de Nantes à Brest).
Pont-Coblant : ce site pittoresque, au bord de la vallée de l'Aulne canalisée, est idéal pour une balade le long duchemin de halage ou pour une partie de pêche à la ligne. Un club nautique propose en outre d'y pratiquer le canoë. Le camping municipal de Pleyben est implanté en bordure de l'Aulne[149].
Le chalandVictor, dernier vestige de la batellerie ayant navigué sur le canal de Nantes à Brest, visible au pont de Ti-Men, à la limite des communes de Pleyben, Gouézec et Lennon.
Le chaland « Victor », dernier vestige de la batellerie sur lecanal de Nantes à Brest, visitable au pont de Ti-Men).
Joseph Le Prédour, né à Pleyben en1758, notaire à Quimper, puis juge à Châteaulin, fit partie des 26 administrateurs du Finistère guillotinés àBrest le 3 prairial an II (). Le Prédour laissait une femme et six enfants, dont l'aîné avait à peine six ans. « On procéda », dit sa veuve, « à la vente de tous les meubles qui composaient notre ménage. » Des trois fils de Le Prédour, l'un devint médecin-chef de la Marine à Brest, un autre vice-amiral[151].
Jeanne Marie le Guillou dite Jenny, née à Pleyben le 22 octobre 1800 d'un père couvreur. Elle s'installe à Paris dans les années 1816. Elle deviendra la gouvernante, l'amie et la confidente du peintreEugène Delacroix, qui lui offrira son portrait, exposé au musée du Louvre. Jenny décède à Paris le 13 novembre 1869.
Charles-Louis-Baptiste Lebreton, né le àPloërmel, fils d'un percepteur de Pleyben, devint chirurgien de marine (il assista au bombardement puis à laprise d'Alger par la marine française le) puis fut médecin à Pleyben en 1834 : il y propagea les idées démocratiques. D'opinion libérale et républicain, il lutta contre lamonarchie de Juillet et élu le représentant du Finistère à l'Assemblée constituante où il soutint legénéral Cavaignac et s'opposa àLouis-Napoléon Bonaparte, désapprouvant par exemple l'expédition de Rome[152]. Il ne fut pas réélu lors des élections à l'Assemblée législative la même année. Après d'autres échecs électoraux, il est à nouveau élu député en, s'inscrivant à la gauche républicaine, mais ne fut pas député longtemps en raison de la dissolution de la chambre. Il fut aussi conseiller général en 1871[153]. Il refusa la Légion d'honneur. Il meurt en à Pleyben[154].
Corentin Halléguen, né à Pleyben le, avoué àChâteaulin, fut maire de cette ville à partir de 1881. Conseiller général de Châteaulin depuis 1882, il fut sénateur, s'inscrivant à lagauche républicaine entre 1894 et sa mort le à Châteaulin[155]. Son fils,Théodore Halleguen fut député du Finistère de 1906 à 1910.
Louis Gargam, né le à Pleyben, élève au grand séminaire de Quimper, fut volontaire pontifical en 1831, combattant dans les rangs de l'armée papale contre les partisans de l'unité italienne en particulier lors de combats àCeprano. Ordonné prêtre en 1865, il fut nommé àLanderneau puis fut recteur dePlomodiern de 1883 à 1891. Il mourut le à la maison Saint-Joseph deSaint-Pol-de-Léon[156].
Gabriel Miossec, né le àDinéault (Finistère), fils de Yves-Gabriel Miossec (1839-1900), qui fut également député, fit ses études à l'École d'agriculture de Grignon, puis s'occupa d'agriculture et du commerce des vins. Maire de Pleyben, il succède le à son père comme député de la première circonscription de Châteaulin, combattant laloi sur les associations, la loi sur les retraites ouvrières et la loi sur les boissons, est réélu en 1902 mais fut battu auxélections législatives de 1906. Il s'installa alors comme industriel àAudierne. Il décéda le àRueil-Malmaison (Seine-et-Oise). Son fils Gabriel Miossec (1901-1983) fut également député entre 1962 et 1973.
Germain Cozien, né le à Pleyben, ordonné prêtre du diocèse de Quimper le, docteur en théologie à Rome en 1903, fut professeur à l'abbaye de Quarr dans l'île de Wight (où se sont exilés les moines de l'abbaye de Solesmes à la suite de laloi sur les congrégations) à partir de 1911, puis abbé de ladite abbaye de 1921 à 1960. Il restaure l'abbaye de Fontgombault en 1948. Ilmeurt le à Solesmes
Pierre Cloarec né à Pleyben le 14 mars 1909. Coureur cycliste il participe à son premiertour de France en 1933. Lors de l'épreuve de 1939 il gagne 2 étapes. La guerre va interrompre sa carrière. Directeur de l'équipe de l'Ouest en 1947 il verra son leaderJean Robic remporter l'épreuve. Il décède le 7 décembre 1994 à Pont-l'Abbé.
Yves Le Foll, né à Pleyben le. Ancien élève de l'École Normale Supérieure de l'Enseignement Technique (ENSET, aujourd'huiENS Cachan). MairePSU deSaint-Brieuc de 1965 à 1983. Député des Côtes-du-Nord, aujourd'huiCôtes-d'Armor (1967,1973). Décédé à Saint-Brieuc le.
Yeun ar Gow (ou ar Go), à l'état-civil Yves Le Goff, écrivain breton, né à Pleyben, au lieu-dit Kernevez, le, mort àGouézec le.
Quand un jeune homme avait une jeune fille en vue, il allait couper une branche de hêtre qu'il mettait en travers de la porte de sa belle qui devinait très bien de qui et de quoi il s'agissait.
Quand certains mariés ne s'entendaient pas, on les hissait dans une charrette et on les promenait autour du village pour leur faire honte. Après de semblables promenades, plusieurs, déjà séparés, revenaient paisiblement et pour de bon au logis familial.
Le soir de la noce, on servait chez les nouveaux mariés un repas plantureux. Le mets le plus répugnant à prendre était le chocolat mélangé au vin blanc dans un vase de nuit qui n'avait jamais servi, heureusement d'ailleurs. Le fou rire éclatait lorsque l'un ou l'autre pêchait dans le plat des grains de chapelet faits de pain et d'ail. Quand les nouveaux mariés refusaient un plat ou faisaient grise-mine devant le plat offert, on leur passait sur le visage letorch listel noir de suie.
La préparation des aires neuves en terre battue exigeait un malaxage sérieux. Pour y parvenir, des concours de danses étaient organisés. Les garçons entraînaient les filles du voisinage dans la glaise où elles s'enfonçaient jusqu'aux genoux. Pour évoluer gracieusement dans un tel milieu, les jeunes gens devaient faire preuve d'une virtuosité étonnante. Le soir, la fermière distribuait six mouchoirs de poche faits de sa main aux meilleurs danseurs de la journée[158].
La légende du diable de Pont-Coblant : Quand on voulut transporter les ardoises de Pont-Coblant vers le Léon, on s'aperçut que le pont de bois de Pont-Coblant ne serait pas assez solide. Le diablePolig fit alors des offres au maître-carrier pour construire un solide pont de pierre, contre l'âme du premier vivant qui le traverserait. L'accord fut conclu. Au lever du jour, le pont était terminé. Le maître-carrier siffla alors son chien qui était sur l'autre rive. L'animal bondit et traversa le pont, au grand désappointement du diable berné une fois de plus (transcrit parRené Trellu).[réf. nécessaire]
↑Les moyennes interannuelles (écoulements mensuels) ont été calculées le 29/07/2024 à 02:06 TU à partir des 372 QmM (débits moyens mensuels) les plus valides du 01/01/1993 au 01/06/2024.
↑Les moyennes interannuelles (écoulements mensuels) ont été calculées le 29/07/2024 à 02:06 TU à partir des 696 QmM (débits moyens mensuels) les plus valides du 01/07/1966 au 01/06/2024.
↑Les ruisseaux intermittents sont représentés en traits pointillés.
↑Michel d'Amphernet de Pontbellanger est un arrière-petit-fils dunabab René Madec.
↑Population municipale de référence en vigueur au 1er janvier 2025, millésimée 2022, définie dans les limites territoriales en vigueur au 1er janvier 2024, date de référence statistique : 1er janvier 2022.
↑a etbDaniel Joly, Thierry Brossard, Hervé Cardot, Jean Cavailhes, Mohamed Hilal et Pierre Wavresky, « Les types de climats en France, une construction spatiale »,Cybergéo, revue européenne de géographie - European Journal of Geography,no 501,(DOI10.4000/cybergeo.23155).
↑Frank Davies, en fait révérend E.W.L. Davies, vint chasser deux années de suite en Bretagne, probablement en 1854 et 1855, mais ne publia ses souvenirs en anglais que vingt ans plus tard en 1875.
↑Frank Davies,Chasse aux loups et autres chasses en Bretagne, éditions des Montagnes Noires, 2012,(ISBN978-2-919305-22-3).
↑Rapport mensuel de François Ripert, préfet d'Ille-et-Vilaine et de la région Bretagne, période du 1 au, cité par Éric Rondel,Crimes nazis en Bretagne (septembre 1941-août 1944), éditions Astoure, 2013,(ISBN978-2-36428-032-8).
↑Auguste Le Guillou, né le àBrasparts ; percepteur à Châteaulin, il participe au maquis de Pen-ar-Pont, puis à celui deSpézet-Saint-Goazec (compagnie Stalingrad, renommée Châteaulin le, puis Victoire lorsque ce groupe de résistants se réfugie àLeuhan) ; capitaine FTP, Auguste Le Guillou participa à la libération de Châteaulin, puis aux combats du Menez-Hom et de la presqu'île de Crozon.
↑Marcel Milin, né le à Châteaulin, lieutenant FTPF, chef du maquis de Penarpont-Beuzit-Keralliou, incarcéré à Quimper, puis au Château-Rouge à Carhaix, siège de laGestapo où il fut torturé. Son corps n'a jamais été retrouvé, voirMemorialgenweb.org.
↑« On doit la création du lycée à la rencontre, au début des années 1960, de Suzanne Ploux, maire de Pont-de-Buis, députée et conseillère générale du canton du Faou, et Mathieu Quilleveré, maire de Pleyben, patron d'une entreprise du bâtiment » ([2]).
↑Guy Leclec, "La maîtresse-vitre de la chapelle Notre-Dame de Lannélec en Pleyben", Bulletin de la Société archéologique du Finistère, tome CXXII, 1993
Jean-Marie Agrall,Pleyben : son calvaire, son église, Éditions Jos, Châteaulin, 1983, 15 p.(ISBN2-85543-006-2)
Guy Leclerc,Pleyben : son enclos et ses chapelles (photographies de l'auteur et de Jean-Paul Gisserot), Paris, 2007 (réd.), 31 p.(ISBN978-2-87747-940-0)
Patrick Thomas et Loïc de Cargouët,Pleyben, le calvaire, CMD, Montreuil-Bellay, 1999, 45 p.
André Legrand,Pleyben, Éditions Ouest-France, Rennes, 1979.
Michel Penven,Le canal de Nantes à Brest en Centre-Finistère, Association sur les traces de François Joncour, Spézet, 1993.
Paul Peyron,Jean-Marie Abgrall,Pleyben (Notices des paroisses du diocèse de Quimper et de Léon),inBulletin de la commission diocésaine d´architecture et d´archéologie,vol. iv, 1914.