Le magazine est géré parPlayboy Enterprises qui tire son chiffre d'affaires de la télévision, de l'édition de magazines, d'Internet et des produits dérivés de sa marque. Le numéro du printemps 2020 est le dernier, après 66 ans de présence dans les kiosques, le groupe privilégiant dorénavant sa présence sur Internet.
Playboy a été édité dans de nombreux pays. Uneédition française est apparue en1973 et a connu plusieurs interruptions de publication.
Playboy est créé en1953 parHugh Hefner, dans sa ville natale deChicago dans l'Illinois où il fonde le son entreprise d'édition,HMH Publishing Corporation (HMH étant les initiales d'Hugh Marston Hefner) avec pour tout capital 3 000 dollars et un budget de lancement réduit (600 dollars d'apport personnel et 8 000 dollars d'actions cédées à des amis)[2]. Il s’agit d’un mensuel avec des photos de femmes nues, ainsi que des articles sur lamode et l'art de vivre. Après plusieurs idées de titres — Stag Party[3],The Gentlemen's Club,Top Hat,Sir,Satyr,Pan,Bachelor —, Hugh Hefner et son associéEldon Sellers s'arrêtent sur le titre dePlayboy.
Le lancement du magazine est monté sur un coup de bluff. Hugh Hefner contacte les marques pour annoncer dans un magazine qu’il promet sexy et novateur… les fonds récoltés lui permettent de le produire[4]. Le premier numéro sort le, avecMarilyn Monroe en couverture[5]. Il titre « Playboy, divertissement pour hommes » (Playboy, entertainment for men) et annonce « Pour la première fois en couleurs dans la presse, les fameux nus de Marilyn Monroe », mais n'a pas de date au cas où les ventes n'auraient pas été bonnes, Hefner pensant attendre plusieurs mois que ce premier numéro soit épuisé pour pouvoir lancer le second[6]. C’est un succès immédiat. En quelques semaines, le titre se vend à plus de 50 000 exemplaires à 50 cents le numéro. Le second numéro est publié en janvier1954.
De 1965 à 1989, le siège social se situe dans lePalmolive Building àChicago renommé à l'occasionPlayboy Building.
Dans lesannées 1970, le magazine vend presque 9,5 millions d’exemplaires à travers le monde, toutes éditions confondues. La meilleure vente est celle du numéro de novembre1972 de l'édition américaine : 7 161 561 exemplaires.Pam Rawlings faisait la couverture[7]. La concurrence est de plus en plus présente :Penthouse etHustler dès les années 1970 puis d'autres titres commeFHM ouMaxim. Depuis, les ventes sont en déclin : quelques centaines de milliers par numéro, en 2019.
En,Reuters révèle que le groupe Playboy, au vu du déficit de 8 millions de dollars qu'a coûté en 2009 l'édition du magazine, s'apprête à déléguer la majeure partie de la production du magazine à la société de médiaAmerican Media Inc.[8]. Le groupe conserve cependant la ligne éditoriale du magazine, mais doit faire face à une chute des ventes.
En,Playboy fête son soixantième anniversaire avec une couverture et une série de photos consacrées àKate Moss[9],[10].
En, l'équipe dePlayboy annonce qu'elle va cesser de publier desphotos de nus à partir du numéro de[11],[12].
L'expérience n'est guère concluante, car le magazine renoue avec la tradition des modèles intégralement dénudés à partir du numéro double de mars/. La publication prend un rythme bimestriel, chaque numéro comprenant une Playmate pour chacun des deux mois.
Le, Hugh Hefner, le fondateur dePlayboy, meurt à l’âge de 91 ans[13].
En 2019, la publication du magazine devient trimestrielle, soit quatre numéros par an[14].
Dans un monde désormais régi par les images, le sexe, la transparence et la production d'informations,Playboy se destine aux hommes d'intérieur intéressés par le design. À sa création, il choque, dans une Amérique marquée par les valeurs familiales et lemaccarthysme et où le père de famille modèle rentre tranquillement chaque soir dans son pavillon de banlieue. Il s'appuie sur trois figures mythiques de lavirilité : le « libertin duXVIIIe siècle » à l'exemple deCasanova, le « dandy esthète et cultivé » commeGeorge Brummell etOscar Wilde[16] (sans ses connotations homosexuelles) et le « teenager, consommateur amoral, amateur de sexe, drogues et rock'n roll ». Il fait entrer le plaisir de la consommation dans l'univers masculin, alors que celle-ci était jusque-là associée aux femmes.
Son modèle est l'homme célibataire, polygame, vivant dans unpenthouse rempli de nouvelles technologies. La playmate (« Bunny girl ») est censée être multiple, contrairement au play-boy, unique ; elle s'oppose fondamentalement à la femme au foyer typique américaine.
Le manoir d'Hugh Hefner, où vivent une trentaine de jeunes filles (aux troisième et quatrième étages) devient un nouveau modèle de lieu érotique, visant à remplacer le pavillon de banlieue familial, qui s'était érigé dans l'après-guerre en « espace hétérosexuel dominant » ; le lieu (dont il a puisé l'inspiration chez l'architecteLudwig Mies van der Rohe[17], qu'il meuble de pièces de designers et qu'il situe au centre-ville, à une époque où celui-ci est considéré comme mal-famé) est mis en valeur dans les pages du magazine. Le lit, jusque-là espace privé de repos, devient un lieu de vie et de communication à part entière, où Hefner passe désormais son temps, en robe de chambre et en pantoufles au milieu d'appareils modernes comme la télévision ou le système de surveillance vidéo ; à contrario de l'homme qui travaille à l'extérieur est désormais promu l'homme domestique.
Hefner achète son premier manoir à Chicago en1959 (au premier étage duquel se trouve une salle de tournage, où sont montées les centaines d'heures de tournage du bâtiment, rempli désormais de caméras et qui furent plus tard montrées dans l'émission téléviséePlayboy Penthouse) et son second à Los Angeles en1971 (où est aménagé un jardin hippie rempli d'animaux vivant en liberté, ainsi qu'une grotte où furent tournés plusieurs films érotiques)[18].
Le célèbre logo, qui représente un profil stylisé delapin portant unnœud papillon de smoking, a été dessiné par l'artisteArt Paul pour le deuxième numéro du magazine et est apparu sur la couverture de chacun des numéros depuis. Le lapin est plus ou moins caché dans le graphisme de l'image de couverture et les lecteurs peuvent jouer à le retrouver.
Hefner a dit qu'il avait choisi lelapin comme mascotte pour sa « connotation sexuelle humoristique ». Le premier choix avait été un cerf à grands bois, et c'est au dernier moment que sa tête a été remplacée par celle du lapin[19].
Hugh Hefner popularisaThe Girl Next Door (« La fille d'à côté ») en, alors qu'une secrétaire dePlayboy,Janet Pilgrim posa pour le magazine. Elle futplaymate trois fois (un record), en juillet1955, en décembre1955 et en octobre1956.
Une des images de référence entraitement d'images est issue de l'exemplaire de novembre1972. Il s'agit de la page centrale, la photo de laplaymate du mois,Lena Söderberg (plus couramment appeléeLenna).
Jeane Manson fut miss avant de devenir chanteuse et actrice[20].
Pamela Anderson est laplaymate qui est apparue le plus souvent sur la couverture duPlayboy (14 fois de 1990 à 2016).
Avant de devenir réalisateur de films,Russ Meyer futphotographe pourPlayboy pendant les premières années du magazine et sa femme, Eve Meyer, fut mêmeplaymate en 1955.
Distribution du magazinePlayboy en 2009 : en rose foncé, les pays où le magazine est distribué. en rose clair, ceux où il ne l'est plus.
En plus de l'édition originale américaine dont il a pu se vendre environ 1,5 million d'exemplaires chaque mois, il a existé de nombreuses éditions locales publiées dans différents pays[21] ainsi qu'une édition enbraille publiée depuis 1970 auxÉtats-Unis par laBibliothèque du Congrès[22].Chaque édition locale a une politique éditoriale qui lui est propre, même si de nombreux échanges se font d'un pays à l'autre, et particulièrement depuis l'édition américaine. En particulier, les playmates peuvent être particulières à l'édition locale, même si les playmates américaines apparaissent souvent dans ces publications étrangères - et en fonction des réglementations de chaque pays.
Voici la liste des éditions locales existantes ou ayant existé[23]
En 1985, le magazine change d'éditeur et redémarre sa numérotation. Un slogan apparaît en couverture, « Tous les plaisirs de l'homme », au-dessus d'actrices françaises (Nathalie Baye,Zabou Breitman etArielle Dombasle) et quelques chanteuses (Elli Medeiros etCaroline Loeb). La fin des années 1980 est également marquée par le défilé deCoco-girls.
En 1989, seuls quelques numéros ont paru avec la mention « Édition spéciale ».
Le tournant desannées 1990 est particulièrement marqué par une chute des ventes[25].
Depuis, une nouvelle série de l'édition française dePlayboy est publiée par le Groupe 1633 (qui publie également les magazinesRolling Stone,FHM etNewlook).
En, Playboy inaugure une nouvelle formule[26]« en s'inspirant de l'esprit d'origine et de l'âge d'or du lapin, l'ambition est de faire un magazine à l'image de la France et de sa capitale : glamour et sexy, intelligent et populaire » selon le rédacteur en chef[27]. Certaines célébrités françaises ont fait la couverture :Ludivine Sagnier,Lou Doillon,Isild Le Besco,Emma de Caunes,Juliette Binoche, mais aussi la BelgeHelena Noguerra…
À partir de 2009, sa périodicité est bimestrielle et ses numéros sont thématiques. L'édition française dePlayboy est suspendue en.
En, une nouvelle édition ressort dans les kiosques. Le magazine est désormais trimestriel et sans nudité frontale[28].
Le succès du magazinePlayboy a motivé la publication d'autres magazines[29] tels que des hors-séries et d'autres séries commePlayboy's Book of Lingerie ou encorePlayboy's Vixens.
Depuis 1986, une édition spéciale présente une rétrospective des playmates de l'année précédente (soit 1985 en 1986) intituléePlayboy's playmate review présentant pour chacune d'elles plusieurs pages avec des photos inédites.
En France, le magazineLes Filles de Playboy a été publié jusqu'en 2014.
↑ChristineSeib, « Hefner's Daughter Christie Walks Away from Playboy Enterprises »,The Times, London,(lire en ligne, consulté le)
↑André Akoun,Les Communications de masse : l'univers des masse media,Hachette,,p. 208.
↑Le directeur du magazine depresse masculineStag le menaçant de poursuite, Hefner renonce à ce titre.Estelle Bardelot,La nouvelle presse masculine française, Atelier national de reproduction des thèses,,p. 96.
Kathryn Leigh Scott,The Bunny Years,The Surprising Inside Story of the Playboy Clubs : The Women Who Worked as Bunnies and Where They Are Now, Pomegrenate Press, Los Angeles, 1998