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Platon

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Pour les articles homonymes, voirPlaton (homonymie) etPlato.

Platon
Πλάτων /plátôn
Copie d'un buste de la fin duIVe siècle av. J.-C.
Naissance
Décès
Vers347 av. J.-C. (~ 80 ans)
Athènes, époque classique
Sépulture
Inconnu, Tomb of Plato, Athens(d)Voir et modifier les données sur Wikidata
École/tradition
Fondateur de l'Académie
Principaux intérêts
Idées remarquables
Œuvres principales
Influencé par
A influencé
La majeure partie de la philosophie occidentale, une partie de laphilosophie islamique
Adjectifs dérivés
platonicien, platonique, platonisant
Père
Mère
Fratrie

modifier -modifier le code -modifier WikidataDocumentation du modèle

Platon (engrec ancien :Πλάτων / Plátôn/plá.tɔːn/[1]), né en428 /427 av. J.-C. et mort en348 /347 av. J.-C. àAthènes, est unphilosophe antique de laGrèce classique, contemporain de ladémocratie athénienne et dessophistes qu'il critiqua vigoureusement. Il reprit le travail philosophique de certains de ses prédécesseurs, notammentSocrate dont il fut l'élève, ainsi queParménide,Héraclite etPythagore, afin d'élaborer sa propre pensée. Celle-ci explore la plupart des champs importants, c'est-à-dire lamétaphysique, l'éthique, l'esthétique et lapolitique. Il eut notamment comme élèveAristote à l'Académie qu'il a lui-même fondée à Athènes.

Son œuvre, composée presque exclusivement dedialogues, produit les premières formulations classiques des problèmes majeurs de l'histoire de la philosophie[2]. Chaquedialogue de Platon est l'occasion d'interroger un sujet donné, par exemplele beau ou lecourage. Il y développe une méthode qu'il appelledialectique oumaïeutique. Il voua la majeure partie de son activité à laphilosophie première, mais il se consacra aussi aux apparences et aborda l'histoire naturelle dans laquelle il voulut établir deux principes :

  • l'un subissant, comme lamatière, appelé récepteur universel ;
  • l'autre agissant, comme unecause, qu'il rattache à la puissance du dieu et duBien.

Platon développe une réflexion sur les Idées communément appeléethéorie des formes ou théorie des Idées, dans laquelle la réalité sensible est considérée comme un ensemble d'objets participant de leurs modèles immuables. La Forme suprême est le principe duBien, englobant lesarchétypes du Juste, du Bon et duBeau. Laphilosophie politique de Platon considère que la Cité juste doit être construite selon le modèle du Bien en soi. DansLa République, il développe en conséquence l'idée duphilosophe roi.

La pensée de Platon n'est pas monolithique. Une partie de ses dialogues aboutissent à desapories philosophiques : apportant une solution aux problèmes posés, ils ne constituent pas une réponse unique et définitive. Un long débat a donc agité les commentateurs pour déterminer si Platon professait une philosophiedogmatique ousceptique.

Il est généralement considéré comme l'un des premiersphilosophes grecs, sinon comme l'inventeur de la philosophie, au point queWhitehead a pu dire :« La philosophie occidentale n'est qu’une suite de notes de bas de page aux dialogues de Platon »[3].Théophraste, parlant des philosophes, dit de Platon qu'il fut le premier par la renommée et le génie, tout en étant le dernier dans la chronologie.

Biographie

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Platon, copie du portrait exécuté parSilanion pour l'Académie vers370 av. J.-C.,Centrale Montemartini.

La vie de Platon est mal connue[4]. La plus ancienne biographie de Platon qui nous soit parvenue,De Platone et dogmate eius[5], est due à un auteurlatin duIIe siècle,Apulée. Toutes les autres biographies de Platon — Diogène Laërce,Olympiodore le Jeune[6],Philodème (si l'on considère que les fragments de sesAcademica ne constituent pas une biographie, sans quoi il faut le considérer comme le premier avantApulée) et les auteurs anonymes desProlégomènes et de laSouda[7] — ont été écrites plus de cinq cents ans après sa mort. À l'exception de quelques données considérées comme certaines, les informations sur sa vie doivent toujours être prises avec circonspection.

Jeunesse

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Article détaillé :Jeunesse de Platon.

Platon est né àAthènes dans ledème deCollytos, en428/427 av. J.-C.— Diogène Laërce le fait toutefois naître àÉgine — deux ans après la mort dePériclès[p. 1].

Platon est issu d'unefamille aristocratique[8]. Sa généalogie est incertaine du côté de son père,Ariston d'Athènes[9], qui prétendait descendre deCodros, dernierroi légendaire d’Athènes. Elle est mieux établie pour sa mère,Périctionè[10], qui descendait deDropidas[p. 2], frère dulégislateurSolon[p. 3]. Périctionè est également la cousine germaine deCritias et la sœur deCharmide, deux desTrente Tyrans d'Athènes en404 av. J.-C.

Généalogie de la famille Platon.

Platon a deux frères,Adimante de Collytos etGlaucon, sans doute plus jeunes que lui[11], ainsi qu'une sœur,Pôtonê (mère deSpeusippe, successeur de Platon à la tête de l’Académie[8]). La mère de Platon, veuve quelque temps après sa naissance, se remarie avec son oncle maternel,Pyrilampe. De leur union naît un fils, Antiphon, demi-frère de Platon, narrateur duParménide. Selon les usages des grandes familles de son pays, Platon aurait dû recevoir le nom de son grand-père Aristoclès, et il est possible que ce soit son véritable nom ; « Platon » (Πλάτων /plátôn, « large et plat ») n’aurait été qu’un surnom[Note 1],[p. 4] qui signifierait : « aux larges épaules » du fait de sa carrure athlétique, « au large front », ou encore « au style ample »[12]. Platon était un bel homme aux larges épaules si l'on en croitÉpictète[13] et un buste qu’Ennius Quirinus Visconti[14] considérait comme authentique.

Formation

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Buste de Parménide, penseur ionien qui a influencé la pensée de Platon.

Selon Diogène Laërce, Denis, maître d’école, grammairien, professeur de lettres, a été l’un des maîtres de Platon[15]. Ce dernier a également eu pourmaître de gymnastique (ou pédotribe) lelutteurargien Ariston d'Argos[Note 2] qui aurait surnommé son élève « Platon » en raison de sa constitution robuste (πλατύς /platús signifie « large » et « il avait les épaules larges »[8]). Il aurait été aussi l’élève deThéodore de Cyrène, disciple deProtagoras[Note 3], deSocrate, et deThéétète qui lui enseigne les mathématiques.

SelonOlympiodore le Jeune, Platon aurait remporté deux prix auxJeux olympiques et auxJeux isthmiques[p. 5],[p. 6] auxquels il aurait participé en tant que lutteur[15].

Enfin, selonPlutarque[16], lamusique constituait en effet aux yeux de Platon une pièce maîtresse de l’éducation[Note 4].

Il ne fait aucun doute que Platon a reçu l'éducation traditionnelle correspondant à son statut social, il semble que le détail du cursus avancé parDiogène Laërce relève d'une« illustration narrative des principales influences théoriques qui se seraient exercées sur Platon »[p. 7]. Ceci revient à dire que la biographie du jeune Platon serait une invention conçue pour s'accordera posteriori avec ses œuvres.Apulée rapporte qu'il a d'abord été fortement influencé par les principes des penseursioniens commeHéraclite,Parménide,Zénon etAnaxagore ; c'est après la mort de Socrate que Platon s'est appliqué à ladoctrine de Pythagore.

Il a durant sa formation pour condiscipleIsocrate, qui selon Diogène Laërce a six ans de plus que lui[17].

Platon et la vie politique

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Platon, par ses origines, est en relation étroite avec le partioligarchique que par ailleurs il honnit[18]. Il semble qu'il n'ait pas été insensible à la célébrité de sa famille, qu'il mentionne dans leCharmide[p. 8] et dans leTimée[p. 9]. DansLa République, il considère lapolitique comme étant un honneur, le plus grand devoir d'un bon citoyen et le couronnement de la vie philosophique[p. 10].

Malgré tout, Platon abandonne de bonne heure la vie politique, carrière par excellence de l'homme libre àAthènes. D’après laLettre VII, dont l'authenticité est généralement acceptée, il s'est essayé à la politique, et a même pris quelque part au gouvernement desTrente tyrans, ungouvernement despotique et sanguinaire qui aurait procédé à près de 1 500 exécutions sommaires. Il aurait renoncé à la vie publique, dégoûté par les excès et les fureurs des partis[p. 11].

« Du temps de ma jeunesse, je ressentais en effet la même chose que beaucoup dans cette situation : je m'imaginais qu'aussitôt devenu maître de moi-même, j'irais tout droit m'occuper des affaires communes de la cité. Et voilà comment le hasard fit que je trouvai les choses de la cité. Le régime d'alors était en effet l'objet de virulentes critiques de la part du plus grand nombre, et une révolution éclata. […] Et moi, voyant donc cela, et les hommes qui s'occupaient de politique, plus j'examinais en profondeur les lois et les coutumes en même temps que j'avançais en âge, plus il me parut qu'il était difficile d'administrer droitement les affaires de la cité. Il n'était en effet pas possible de le faire sans amis et associés dignes de confiance, et il n'était pas aisé d'en trouver parmi ceux qu'on avait sous la main, car notre cité n'était plus administrée selon les coutumes et les habitudes de nos pères. »

— Lettre VII, 324.

En 403 av. J.-C., ladémocratie est rétablie à Athènes parThrasybule de Stiria etAnytos, un des accusateurs de Socrate quatre années plus tard.

Rencontre avec Socrate

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À vingt ans, vers -407, Platon fut mis en relation avecSocrate ; d’aprèsÉlien le Sophiste, Platon aurait résolu de quitterAthènes pour aller rejoindre l'armée. Socrate, l'ayant surpris en train d'acheter des armes, l'aurait fait changer d'avis et persuadé de se tourner vers la philosophie[19]. Élien précise cependant qu'il s'agit d'un ouï-dire, et avoue ne pas savoir si l’histoire est vraie.

Socrate, négligeant les problèmescosmologiques, s'attachait uniquement à l'homme et aux principes qui doivent diriger sa vie ; Platon se passionne dès lors pour lamorale et adopte l'art socratique d'interroger et de philosopher, ladialectique. À la suite de cette rencontre, Platon abandonne l'idée de concourir pour latragédie grecque et brûle toutes ses œuvres[20]. Il commence à écrire ses dialogues durant le vivant de Socrate :Hippias mineur etIon, entre autres.« Socrate, qui venait d'entendre Platon donner lecture duLysis, s'écria : ParHéraclès, que de faussetés dit sur moi ce jeune homme ! »[p. 12]. Platon est le disciple de Socrate durant neuf ans, de 407 à la mort du maître, en399 av. J.-C. Malade, plein de regrets déchirants et d'indignation après le procès et la condamnation de Socrate, il ne peut assister à la mort du philosophe[p. 13]. SelonHermodore de Syracuse, inquiet sur le sort des disciples de Socrate, il se réfugie en compagnie de quelques amis chezEuclide de Mégare[p. 14].

Voyages de formation

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Platon aurait fait un voyage en Égypte, selon les témoignages dePlutarque[21], deStrabon, deCicéron et d'Hermodore de Syracuse. Diogène Laërce[22] écrit :« À l'âge de vingt-huit ans, selon Hermodore, il [Platon] s'en alla àMégare, chezEuclide, accompagné de quelques autres élèves de Socrate, mort à l'époque. » Il se rend ensuite àCyrène, auprès deThéodore de Cyrène (appelé également Théodore le mathématicien), et de chez lui en Italie, chezPhilolaos de Crotone etEurytos de Tarente, deuxpythagoriciens. Le voyage en Égypte aurait eu plus d'importance et sans doute de durée[23]. On sait qu'il a séjourné enÉgypte chez les prêtres du haut clergé d'Héliopolis[p. 15]. Toutefois, la réalité du voyage en Égypte est parfois controversée[24] car sa connaissance de ce pays paraît indirecte et stéréotypée ; son œuvre est parsemée de souvenirs qui en sont autant de témoignages[p. 16],[25],[26],[27],[28],[p. 17],[29]. D’après Plutarque, Platon aurait vendu de l’huile en Égypte pour financer son voyage de retour. Il aurait été en Italie du Sud, àTarente dans ce qui est alors appelé laGrande-Grèce. Là, il rencontre lepythagoricienPhilolaos de Crotone, et ses auditeurs,Timée de Locres et peut-êtreArchytas de Tarente. Cependant, laLettre VII laisse entendre que Platon ne rencontre Archytas qu'au cours du deuxième voyage enSicile ;Photios dit qu'il devint alors son disciple[30]. À cette occasion, qui s'étale de 388 à 387av. J.-C., il approfondit l'opposition entre l'âme et le corps, sa connaissance des nombres, et s'initie à l'idéal du philosophe-roi[p. 18],[31].

Fondation de l'Académie et crise intellectuelle

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Article détaillé :Académie de Platon.
Plan de l'Athènes antique. L'Académie se situe au nord de la ville.

Après l'échec politique à Syracuse, Platon fonde, en387 av. J.-C., à Athènes, près deColone et dugymnased'Acadèmos, une école nommée « l'Académie », selon le modèle despythagoriciens. Il y enseigne pendant quarante ans. Sur lefronton de l'Académie la devise« Que nul n'entre ici s'il n'est géomètre »[32] n'est qu'une légende. Dans cette institution, l'enseignement des sciences exactes prépare à l'étude de la philosophie tant en elle-même que dans ses applications politiques. Des philosophes illustres sont formés à l'Académie :

L'école a subsisté pendant neuf siècles, jusqu'au règne de l'empereur byzantinJustinien en 529[37].

Vers 370 av. J.-C., Platon traverse[38], une longue crise intellectuelle, durant laquelle il s'interroge sur sathéorie des Idées (interrogation qui traverse les dialogues duParménide et duSophiste)[39].

Il prend conscience de la difficulté d'association (engrec ancien :σύμμιξις) des idées entre elles et notamment :

En même temps, il semble admettre, sous l'influence d'Eudoxe de Cnide, l'idée d'un ordre dans le sensible, et s'orienter vers undualisme de type oriental :« Cet univers, tantôt la Divinité guide l'ensemble de sa marche, tantôt elle l'abandonne à lui-même »[p. 20].

Derniers voyages et derniers écrits

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Sites etdialectes deGrande-Grèce.

Laissant la direction de son école à son élèveEudoxe de Cnide, au début de367 av. J.-C., il fait un deuxième voyage politique enSicile. Là,Dion de Syracuse lui demande d'enseigner la philosophie à son beau-frèreDenys II, fils deDenys l'Ancien. Mais rapidement son élève bannitDion, soupçonné de comploter, et place Platon en détention pendant un an à la citadelle d'Ortygie[p. 21]. Platon aurait été en Sicile, avec les dispositions d'un réformateur, pensant créer une cité qui serait gouvernée selon les principes philosophiques exposés dans les dialogues deLa République (372)[40].

Le troisième et dernier voyage politique de Platon en Sicile a lieu en 360 av. J.-C. En 361, Denys II le Jeune promet d'accorder la grâce de Dion à condition que Platon revienne une troisième fois en Sicile. Platon, âgé de soixante-huit ans, confie alors l'Académie àHéraclide du Pont, et accepte[p. 22], pour remplir cette fois un devoir d'amitié. Mais Denys ne tient pas ses promesses concernant Dion qu'il soupçonne de nourrir de funestes desseins. Platon est de nouveau privé de liberté[41]. Sa vie étant en danger, lepythagoricienArchytas de Tarente doit envoyer un vaisseau pour libérer Platon. C'est l'occasion d'un second contact approfondi avec lepythagorisme. À cette occasion (ou à la mort dePhilolaos), vers 380, il achète« àPhilolaos de Crotone trois livres sur la doctrine de Pythagore pour cent mines d'argent »[p. 23]. LeTimée dans ses considérations sur l'Âme du monde, et sur les notions d'harmonie et demédiété (35-44 ; 54-55) est pythagorisant, et l'on trouve dans lePhilèbe (16 c-d) l'opposition pythagoricienne Limité - Illimité. Pendant les treize dernières années de sa vie, de 360 à 347, Platon ne semble pas avoir quitté Athènes ; au sein de l'Académie, il continue à écrire et à étudier, rédigeant leTimée,Les Lois, et leCritias, ces deux derniers ouvrages restés inachevés.

D’après un récit deNéanthe de Cyzique, à Olympie, lors desJeux Olympiques de 360 av. J.-C., il retrouveDion de Syracuse et lui conseille de renoncer à une expédition contreDenys II[p. 24]. Quatre ans plus tard, Dion renverse Denys II, mais est assassiné par un ami, le rhéteur d'origine athénienneCallippe d'Athènes. Platon, âgé de 80-81 ans, meurt à Athènes en 347 ou 346 av. J.-C., « au cours d'un repas de noces »[p. 25]. La tradition symbolique veut qu'il soit mort à l'âge de 81 ans, 81 étant lecarré de 9[p. 26]. Platon est traditionnellement supposé inhumé à l'Académie. En avril 2024,l'agence de presse italienne ANSA révèle les conclusions d'une équipe de chercheurs[42] qui situe son lieu d'inhumation de manière plus précise, et ce, grâce au déchiffrement d'un papyrus carbonisé, peut-être écrit par le philosophePhilodème de Gadara, retrouvé à Herculanum, qui semble indiquer que Platon aurait été enterré dans un jardin privé, près d'un sanctuaire dédié aux Muses dans l'Académie platonicienne[43].

Sources de la pensée de Platon

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Dans son étude sur Platon, la philosopheSimone Weil[44] affirme que« contrairement à tous les autres philosophes, Platon répète constamment qu'il n'a rien inventé, qu'il ne fait que suivre une tradition. Il s'inspire tantôt dephilosophes antérieurs dont nous possédons des fragments et dont il a assimilé les systèmes dans une synthèse supérieure, tantôt de son maître Socrate, tantôt de traditions grecques secrètes dont nous ne savons presque rien sinon par lui, la traditionorphique, la tradition desmystères d'Eleusis, la traditionpythagoricienne qui est la mère de la civilisation grecque, et très probablement des traditions d'Égypte et d'autres pays d'Orient ».

Socrate et lessophistes sont vraisemblablement les figures qui ressortent le plus nettement des dialogues de Platon, le premier comme interlocuteur principal, les seconds comme adversaires[45]. Ils ne sont pas cependant les seuls penseurs ou écrivains présents dans les dialogues, qui reflètent à maints égards la culture de son temps.

Mais il n'est pas toujours possible de déterminer précisément dans quelle mesure tel ou tel aspect de cette culture alimente lapensée de Platon, ni d'y repérer avec certitude telle ou telle allusion. Les références faites par Platon sont en effet souvent allusives, et il ne fait jamais, au contraire de son élèveAristote, d'exposédoxographique sur une question donnée[46].

Parmi les auteurs importants qui marquent l'environnement culturel de l'œuvre de Platon, outre Socrate et les sophistes, il convient d'évoquer les philosophesprésocratiques, ainsi qu'Homère.

Pythagore

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Crotone où a vécu Pythagore à la fin de sa vie.

Pythagore, ou plus largement lespythagoriciens, ont exercé une forte influence sur Platon, même s'il est difficile de dire avec précision sur quels points ; l'enseignement pythagoricien était réservé à des initiés et il n'y a que deux références explicites dans lesdialogues de Platon, références qui n'apprennent pas grand-chose sur ce que Platon pourrait avoir emprunté au pythagorisme[47].

Aristote dans saMétaphysique indique que la philosophie de Platon suit étroitement les enseignements des pythagoriciens[48].Cicéron reprend ce thème :Platonem ferunt didicisse Pythagorea omnia, « On dit que Platon doit tout à Pythagore »[49].Bertrand Russell, dans sonHistoire de la philosophie occidentale, affirme que l'influence de Pythagore sur Platon et d'autres est si grande qu'il peut être considéré comme le philosophe le plus influent de l'Occident[50].

Selon R. M. Hare[51], la pensée des pythagoriciens a fortement marqué celle de Platon sur trois principaux points :

  • LaRépublique de Platon peut être vue comme un projet lié à l'idée de communauté hautement organisée de penseurs comme celle que Pythagore avait instaurée àCrotone.
  • Platon partage avec Pythagore l'idée que les mathématiques et plus généralement la pensée abstraite sont la base de tout y compris la philosophie, la science et la morale.
  • Platon et Pythagore ont une approche mystique de l'âme et de sa place dans le monde matériel (voir à ce propos lasection sur l'âme[Où ?]). Il est probable qu'ils ont tous deux été influencés par l'orphisme[52],[50].

Parménide et Héraclite

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DansLe Sophiste, Platon considèreParménide comme le père de laphilosophie qu'il faut « tuer » pour rendre compte du discours faux. Puisqu'en effet, selon Parménide, seul l'être est, il est impossible de tenir des discours sur ce qui n'est pas. Or le discours faux, celui dessophistes, existe ; par conséquent, il faut emprunter la voie interdite par Parménide, voie selon laquelle lenon-être est, d'une certaine façon[53].

Sa pensée s'inspire de celle d'Héraclite[54] :« Platon, dès sa jeunesse, s'était familiarisé dans le commerce deCratyle[55], son premier maître, avec cette opinion d'Héraclite que tous les objets sensibles sont dans un écoulement perpétuel, et qu'il n'y a pas de science possible de ces objets »[56]. Platon reprend par exemple la thèsehéraclitéenne d'un fluxperpétuel, mais y ajoute sathéorie des Idées ; l'étendue et la nature exacte de ces influences sont mal connues[57].

Socrate et Platon

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Buste deSocrate, maître de Platon et personnage central de la quasi entièreté de ses dialogues.
Article détaillé :Socrate.

Platon fut le « disciple »[Note 6],[58],[59] de Socrate, mais la nature exacte des relations entre Socrate et Platon nous est mal connue.Plutarque dit dansOpinions des Philosophes[60] que les opinions de Socrate et de Platon, de quelque chose que ce soit, sont toutes unes. Selon toute vraisemblance, Platon rencontra Socrate vers 407 av. J.-C., à l'âge de vingt ans, et il le fréquenta pendant huit ou neuf ans. À la mort de Socrate, il avait donc environ vingt-huit ans[61]. La place ou le rôle que Platon occupait parmi les disciples de Socrate est inconnu[Note 7].

Tous les dialogues de Platon, saufLes Lois etLe Sophiste, mettent en scène Socrate, quoiqu'en ne lui donnant pas toujours le premier rôle ; cette omniprésence atteste quelle influence Socrate exerça sur Platon. Du vivant de Socrate, tous les disciples du cercle socratique, venus de tous les points de l'horizon philosophique,« communiaient non pas dans l'acceptation d'une doctrine philosophique, mais dans une sorte de culte sentimental à l'égard du caractère du Maître, dans la confiance en sa direction spirituelle »[62]. C'est donc la personne même de Socrate qui explique la nature du lien qui l'unit à Platon : pour lui comme pour les autres fidèles du cercle, la conduite de Socrate constitue un exemple surhumain, et sa pensée, un objet de méditation et d'examen. Quand, dans lePhédon[p. 13], Platon fait la liste des proches de Socrate ayant assisté à sa mort, il souligne sa propre absence : « Platon,je crois, était malade » dit Phédon ; la formulation hypothétique (je crois) dans la bouche du mieux informé est l'affirmation implicite que le récit de la mort du Maître est infidèle[63]. Les dialogues comportent certes plusieurs louanges envers Socrate, mais prononcées par des personnages dont nous ne savons pas avec certitude si l'on doit les considérer comme des porte-parole de Platon, bien que cela soit probable. Le seul passage où Platon parle de Socrate en sonnom propre, est laLettre VII, dont on admet généralement l'authenticité[p. 27] :

« Entre autres choses, Socrate, mon ami, qui était plus âgé que moi, et dont, je pense, je ne rougirais pas de dire qu'il était l'homme le plus juste de cette époque, ils [les Trente] l'envoyèrent avec d'autres chercher un citoyen, pour l'amener de force, en vue de le mettre à mort, dans le but évident de le rendre complice de leurs agissements, de gré ou de force ; mais lui, refusa d'obéir et préféra courir le risque de tout endurer, plutôt que d'être associé à leurs œuvres impies. »

La mise en scène de Socrate par Platon est en revanche des plus explicites. Socrate apparaît, par exemple, comme l'ami véritable dans leLysis, comme un hommecourageux dans leLachès, comme unsage dans leCharmide. Une autre caractéristique, plusieurs fois remarquée par ses interlocuteurs et mise en scène par Platon, est l'άτοπία /atopía de Socrate, autrement dit son caractère déroutant[64] dont fait partie cette manœuvreironique qui consiste à feindre la naïveté, et à prétendre reconnaître lesavoir de son interlocuteur. Mais peu importe que Platon, transfigurant parfois le Socrate réel, l'ait dans une certaine mesure, présenté comme un « surhomme ». Bien des traits de Socrate, manifestement pris sur le vif, contribuent à dresser de lui un portrait saisissant, bien loin du Sage abstrait des stoïciens[65].

Contexte et modes d'expression de la pensée de Platon

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Contexte philosophique

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La pensée de Platon s'inscrit dans un contexte philosophique où l'on trouve lesprésocratiques, lessophistes, et unsavoirtraditionnel transmis par les poètes, savoir qui constitue l'essentiel de l'éducation grecque. Platon construit sa philosophie par opposition à chacun de ces prétendants aux savoirs, cherchant à résoudre les difficultés philosophiques qu'ils soulèvent, mais il s'en approprie également certaines parties, en les formulant dans un cadre nouveau, défini par ladialectique et lathéorie des Idées.

Les présocratiques ont proposé des théories de la nature, expliquant l'origine, la constitution, l'organisation et le devenir du monde, en excluant les explications recourant à ladivinité. Mais ces théories sont pour Platon insuffisantes, car, en faisant du monde un ensemble de choses sensibles constituées d'éléments, elles n'en expliquent pas la raison d'être, ni ne parviennent à surmonter certaines contradictionsontologiques etépistémologiques. Platon adopte plusieurs attitudes à cet égard, selon la nature de l'explication. Ainsi, dans lePhédon, Socrate critique-t-il la thèse d'Anaxagore de l'organisation du monde, du fait de l'insuffisance de son explication des causes de cette organisation. En revanche, Platon adhère à la thèse héraclitéenne du devenir, mais en montre les limites : d'une part, cette thèse produit des discours contradictoires sur les choses, d'autre part elle ne rend pas compte de la régularité observable au sein même du changement. D'une manière générale, les philosophes de la nature ont confronté la pensée grecque à cette difficulté de savoir comment il pouvait être possible de penser les réalités, alors que celles-ci n'ont aucune stabilité. C'est dans ce contexte que Platon tente d'apporter une solution originale, qui a pour but d'expliquer l'intelligibilité du sensible et de garantir à l'homme un authentique pouvoir de connaître.

Mais la pensée grecque se trouve également en butte à des difficultés du côté des conduites humaines, c'est-à-dire enmorale et en politique. Certains sophistes ont en effet affirmé leconventionnalisme de la loi, qui, dès lors, dépend de lavolonté humaine et se trouve donc être variable, relative, sans véritable fondement autre que le droit du plus fort[Note 8]. C'est alors la justice qui devient un effet de point de vue, et la vie en commun se transforme en un conflit permanent, qu'aucune valeur ne peut stabiliser, unifier, en sorte d'assurer la paix et le bonheur des citoyens. Là encore, Platon va tenter de trouver une solution originale dans le but de mettre un terme aurelativisme moral, de fonder la politique et d'établir les conditions de la cité juste. Tant dans le domaine de laconnaissance que dans ceux de la morale et de la politique, les problèmes rencontrés touchent aux changements et à l'instabilité des réalités. La résolution de ces difficultés pourra donc prendre aux yeux de Platon la forme d'une hypothèseontologique unique, appelée « théorie des Idées » (ou des « Formes intelligibles »).

Il y a, entre les historiens grecs et Platon, des points de ressemblance et des différences qui sont susceptibles d'éclairer quelque peu l'originalité du projet philosophique platonicien au sein de la culture grecque. À l'instar d'Hérodote et deThucydide, Platon s'intéresse en premier lieu aux affaires humaines et à lapolitique, tant d'un point de vue philosophique que d'un point de vue qui peut passer aujourd'hui poursociologique, ce qui est illustré par exemple par sa description de la genèse des sociétés dansLa République[p. 28]. Il ne fait cependant pas œuvre d’historien, comme en témoignent les libertés chronologiques et historiques de ses dialogues.

La principale différence est d'ordre philosophique : contrairement à ces deux historiens, Platon cherche en effet ce qui est toujours, alors que Thucydide et Hérodote écrivent sur des réalités dont ils savent qu'elles ne sont pas fixes et qu'elles sont vouées à la destruction. Ainsi, bien que Platon partage avec eux le souci d'éclairer le devenir, ce souci ne conduit pas aux mêmes méthodes d'investigations du monde sensible, ni aux mêmes causes explicatives. Bien que les enquêtes historiques et philosophiques soient rétrospectivement distinguées, c'est bien dans les deux cas le même amour du savoir qui pousse ces trois prosateurs dans leur enquête sur le devenir. Mais la pensée de Platon ne saurait permettre d'attribuer le titre de philosophes aux deux historiens, car on ne saurait posséder un savoir stable en s'attachant à ce qui est instable par nature, ce qui les disqualifie également pour ce qui concerne la compétence politique, qui est, aux yeux de Platon, la compétence philosophique par excellence[66].

Dialogues

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Parmi les grands intervenants dans les dialogues de Platon, Socrate n'a jamais rien écrit. Platon n'est pas le seul à faire deSocrate un des principaux interlocuteurs de ses dialogues.Xénophon fait de même dans sonApologie de Socrate ;Aristophane en fait le personnage central — et parodié — de sa comédieLes Nuées. À l'exception de l’Apologie de Socrate, la plupart des ouvrages de Platon sont rédigés sous forme de dialogue[67]. PourMonique Dixsaut, un des paradoxes du corpus platonicien réside dans son existence[68] ; il est vrai que Platon diffère de la plupart des autres philosophes : méprisant délibérément la forme ordinaire du traité philosophique en prose, il choisit d'utiliser ledialogue. Dans le cadre de l'Académie, il est très probable qu'il proposait un enseignement oral, et il donna une conférence « Sur le Bien », mais ses seules œuvres publiées sont des dialogues, d'une étonnante variété. Cette forme littéraire traduit d'abord un certain détachement, en introduisant une distance entre l'auteur et tout ce qui se dit dans ses œuvres[69]. Platon n'abandonnera jamais la forme du dialogue ; jusqu'à la fin il gardera le rôle de l'homme qui avance des arguments sans prendre position sur ces arguments ni sur leursprémisses. Mais ce rôle a de moins en moins de sens dans les derniers dialogues, comme leSophiste ou leTimée[70]. La forme dialoguée doit surtout être mise en relation avec l'influence exercée par Socrate sur Platon, et avec ladialectique, qui est la méthode de recherche philosophique par excellence pour Platon ; engrec ancien :διαλέγομαι, qui est à l'origine du motdialogue, signifie « s'entretenir avec quelqu'un, conférer ». La dialectique est une recherche en commun par questions et réponses. Ainsi, pourAlexandre Koyré, si Platon écrit des dialogues, c'est parce qu'il veut faire participer le lecteur, parce que les dialogues ont un côté dramatique, parce que pour lui« la science véritable, seule digne de ce nom, ne s'apprend pas dans les livres, n'est pas imposée à l'âme du dehors ; c'est en elle-même, et par elle-même, par son propre travail intérieur que celle-ci l'atteint, la découvre, l'invente »[71]. PourMonique Dixsaut comme pourAlexandre Koyré, ce qui distingue les dialogues platoniciens des dialogues d'autres philosophes, c'est que« penser ne s'y réduit pas à énoncer des thèses. Les personnages de Platon sont l'incarnation d'une attitude possible envers ce que c'est que penser »[72]. C'est que le dialogue est d'abord celui de l'âme avec elle-même[68], un « discours que l’âme se tient à elle-même », comme cela est énoncé par le personnage de Socrate dans leThéétète[73].

Dialectique

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Article détaillé :Dialectique.

Platon utilise la dialectique selon plusieurs méthodes de conduite du raisonnement[74] : méthode des conséquences, qui consiste à examiner et à éprouver toutes les conséquences d'une hypothèse[75], et méthode de division, qui consiste à diviser l'objet que l'on cherche à définir, en procédant à l’analyse des espèces et des différences qu’il contient[76].

Mythe (Représentation)

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Schéma du concept de l'allégorie de la caverne.
Articles détaillés :Allégorie de la caverne,Anneau de Gygès,Mythe d'Er le Pamphylien etAtlantide.

D’après Platon, tout commeXénophane, Socrate rejetait lesmythes qui faisaient deZeus et des autres dieux des personnages immoraux et dévergondés[p. 29]. Platon utilise le mythe à plusieurs reprises. C'est le cas notamment de sa célèbre allégorie de la caverne. Cette utilisation, dans le cas de la description dumonde, s'explique par la difficulté suivante : si, pour connaître une chose, il faut connaître sa causalité, comment connaître l'acte créateur de lacause ?

L'acte deconnaissance doit en effet être le reflet d'un acte créateur qui est inconcevable : comment, dans ce cas, parler de l'origine du monde ? L'acte créateur n'est-il pas au-delà de tout discours rationnel ? Pourtant, l'acte créateur fonde la possibilité de larationalité. C'est ainsi que Platon se demande comment parler de l'origine du monde sensible, puisque la connaissancedialectique, qui articule les Formes intelligibles, est ici inopérante. On ne peut parler du monde que par undiscours qui lui ressemble : unmythe vraisemblable, apparenté ausensible. Le mythe vraisemblable décrit une situation en transposant dans l'espace et letemps les relations que la pensée conçoit, sans pouvoir les exposer dialectiquement ; le mythe doit donc être interprété, il ne doit pas être confondu avec la réalité. Il faut traduire en rapport d'idées ce que le mythe a assemblé en fait. Le récit de l'organisation ducosmos par le démiurge en donne un exemple[77].

D'autre part, les mythes, représentations de la tradition, véhiculent des sentiments, des valeurs et des savoirs partagés par toute une communauté. Leur importance est éthique et politique. En cohérence avec ce fait sociologique, Platon a utilisé le mythe pour faire passer des idées difficilement acceptables par ceux de ses contemporains, la grande majorité, peu préoccupés par la recherche de la vérité[p. 30]. Si la raison doit toujours avoir la première place, Platon sait que le savoir est réservé à une élite. Le mythe est une façon de persuader l'ensemble des citoyens de suivre telle ou telle règle, d'accepter telle ou telle valeur. Ces deux usages du mythe chez Platon se recouvrent partiellement, l'essentiel étant de se frotter aux Idées ou encore de faire effort vers cette source de lumière qu'est le Bien. « Le mythe désigne l’obligation qui est faite à la philosophie de considérer son projet, celui d’une explication rationnelle de toutes choses, à l’aune de ce qui semble se dérober à la raison. Le recours aux mythes n’est pas le signe d’un renoncement, mais plutôt celui d’une stratégie de contournement : dans la mesure où la vie humaine doit trouver dans la connaissance du monde et du divin le principe de sa perfection, son modèle, le mythe donnera aux hommes une représentation vraisemblable de ce modèle, sans laquelle il ne pourrait vivre convenablement[78]. »

Philosophie de Platon

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Pour certains philosophesgrecs, le monde est un flux perpétuel. Le cas vraisemblablement le plus connu est celui d'Héraclite, pour qui l’être même est devenir. Même s'il divise le monde enêtre etnon-être,Parménide tient également pourvrai que le sensible est un changement continuel, bien qu'il ne lui accorde, au contraire d'Héraclite, aucun être. Or, Platon renvoie dos-à-dos ces deux théories contradictoires, en estimant qu'elles ne peuvent ni l'une ni l'autre établir des conditions satisfaisantes pour la connaissance. D'autre part, parce que les sophistes ne cultivent plus la science pour elle-même, mais pour son utilité, parce que certains font même de l'utile le critère du vrai, Platon doit répondre au relativismeépistémologique dont le pragmatisme est la principale forme[79].

Réalité sensible et opinion

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Références principales :Théétète ;Timée.

La connaissance est pour Platon une activité de l'âme au contact de différents objets[80]. Parmi ces objets se trouve l'ensemble des choses sensibles dont la totalité constitue le monde. Le vivant, que Platon définit comme un corps animé, c'est-à-dire doté d'une âme, est affecté par ces objets sensibles, ainsi que par les processus internes à l'organisme. Platon nomme les impressionspathêmata, et les considère comme des mouvements provoqués dans le corps par les objets extérieurs au sujet qui perçoit. Toutes les impressions ne sont pas perçues par l'âme, seules le sont lessensations (aisthêsis) qui consistent en jugements de l'âme sur les objets qui l'entourent. Platon nie le vide,Épicure l'admet, etAristote demeure entre négation et affirmation.

Dans leThéétète, Socrate et Théétète recherchent une définition de la science et examinent en premier lieu si la connaissance trouve sa source dans ce contact de l'âme au sensible. Les deux premières définitions considérées sont en effet que la science est la sensation et que la science est l'opinion. La première définition se heurte à l'objection suivante : le monde sensible est devenir, c'est-à-dire un ensemble d'objets qui naissent et qui se corrompent, s'accroissent et décroissent. Monde sensible et devenir sontsynonymes. Mais si toute réalité est un devenir, alors elle se transforme sans cesse et il est donc impossible d'y trouver la stabilité nécessaire à uneconnaissancevraie et certaine ; en effet, dans le sensible, un objet a tantôt telle qualité, tantôt telle autre, ou bien les deux en même temps, si bien que l'on en arrive à trouver des qualités contradictoires dans la même réalité. La conceptionhéraclitéenne du monde sensible anéantit donc la connaissance, en soutenant que la nature du réel est d'être contradictoire. Mais cette conception fait également dépendre la connaissance, à la manière deProtagoras[81], des étatsempiriques de l'individu, selon la célèbre formule : « l'homme est la mesure de toute chose ». Ce relativisme, en posant que c'est de l'être-même des choses, et non seulement de leur connaissance, que chaque individu est le critère, fait de la connaissance un simple point de vue, et abolit toute possibilité devérité.

Les impressions sensibles ne donnent donc pas le vrai, et Platon peut ainsi réfuter la thèse selon laquelle la science est sensation. Il est alors aussi impossible que l'âme parvienne à des jugements vrais à partir des impressions : ces jugements, qui sont des opinions, ne peuvent en effet se justifier par aucun critère, si ce n’est par une autre impression. La réfutation de l’idée d'une connaissance à partir du monde sensible en tant que devenir permet à Platon d'opposer au mobilisme héraclitéen et aurelativismesophistique l’idée d’une science qui ne porte pas sur les impressions des sens ni sur les opinions que l’âme peut former sur elles, mais sur une réalité qui sera seulement perçue par une puissance intellectuelle, et qui recevra, pour cette raison, le nom de réalité intelligible[p. 31]. Cette réalité et la puissance de l’âme qui la connaît doivent être postulées afin de maintenir la possibilité d’une connaissance vraie. Ce faisant, Platon suppose deux choses : que la fondation du savoir présuppose l’équivalence entreêtre etvérité ; que l’âme doit être une réalité parente des réalités intelligibles, afin de pouvoir les contempler. Sans cette hypothèse d'une appréhension, par l'intellect de l'âme, de réalités non sensibles, toute pensée et tout discours seraient impossibles.

Il y a, sur la sensation, de nombreuses opinions, qui peuvent se réduire à deux générales : les uns la font produire par le semblable, les autres par le contraire.Parménide,Empédocle et Platon sont au nombre des premiers ;Anaxagore soutient la seconde thèse[82].Théophraste, au livre VI desCauses des plantes, fait à peu près la même division des saveurs que Platon : la douce, l’acide, l’aigre, l’austère, la salée, l’acre, et l’amère[83].

Les Idées ou les Formes intelligibles (la doctrine centrale)

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Articles détaillés :Théorie des Idées etPhédon (Platon).

Si connaître, c'est connaître quelque chose qui est, seul ce qui est absolument peut être véritablement connaissable[p. 32]. L'objet de la connaissance réelle ne peut donc être le monde sensible, et doit présenter des propriétés différentes du devenir. Ceraisonnement a une double conséquence : d'un point de vueépistémologique, c'est par uneréalité seule, véritable, que l'on connaît et que l'on peut répondre aux questions de Socrate, en donnant desdéfinitions : qu'est-ce que le Beau ? qu'est-ce que le Courage ? etc. Alors que la plupart des interlocuteurs de Socrate se tournent vers les choses sensibles, pour, comme réponse, lui présenter une multiplicité d'exemples, Socrate réplique qu'aucune de ces choses n'a depropriété par elle-même, mais qu'il faut, pour connaître ces propriétés, rassembler le multiple dans l'unité d'une réalité non sensible, de laquelle chaque chose sensible reçoit ses qualités. D'un point de vueontologique, ces réalités doivent avoir, d'une part, une existence objective, distincte du monde sensible, et, d'autre part, doivent être la cause des qualités dans les choses. Lorsque Socrate demande ce qu'est le Beau, sa question est précisée également de manière à demander par quoi les choses belles sont dites belles, et elles sont belles dans la mesure où l'on trouve en elles la présence d'une réalité non sensible, qui seule est définissable et connaissable.

Platon nomme Forme ou Idée (traduction deἰδέα /idéa, depuisεἶδος /eîdos, « aspect ») l'hypothèse de ces réalités intelligibles. Ces Formes sont les véritables objets de ladéfinition et de laconnaissance. De l'échec de l'idée d'une connaissance sensible et des exigences de la connaissance, Platon peut déduire leurspropriétés : les Formes sont des réalités immatérielles et immuables, demeurantéternellement identiques à elles-mêmes, universelles et intelligibles, seules réellement étant, et indépendantes de lapensée. Ainsi, contrairement aux choses sensibles, dont laréalité est changeante, les Formes sont l'unique et vraie réalité. Cette réalité est désignée par Platon en ajoutant desadjectifs: réalité vraie, par exemple, ou par descomparatifs : « Ce qu'il y a de plus réel », afin de la distinguer de la réalité sensible, qui n'est cependant réelle qu'en tant qu'elle possède un certain rapport à la réalité authentique. Ainsi Socrate dit-il :« Car je ne vois rien de plus clair que ceci, c’est que le beau, le bien et toutes les autres choses de même nature dont tu parlais tout à l’heure existent d’une existence aussi réelle que possible »[84]. Si les choses sensibles ont quelque réalité, elles doivent la recevoir de ces Formes :« Mais si l’on vient me dire que ce qui fait qu’une chose est belle, c’est ou sa brillante couleur, ou sa forme, ou quelque autre chose de ce genre, je laisse là toutes ces raisons, qui ne font toutes que me troubler, et je m’en tiens simplement, bonnement et peut-être naïvement à ceci, que rien ne la rend belle que la présence ou la communication de cette beauté en soi ou toute autre voie ou moyen par lequel cette beauté s’y ajoute »[85].

Les Formes sont également immuables, stables et éternelles pour la mêmeraison. Elles sont aussi universelles, parce que si le sensible reçoit ses qualités d'elles, alors ces qualités introduisent de la ressemblance entre les choses sensibles, c'est-à-dire que ces qualités sont présentes dans plusieurs choses déterminées par une même Forme qui s'apparente alors à uneclasse. Enfin, les Formes sont indépendantes de la pensée : objets du savoir, elles doivent en effet exister hors de nous, sans quoi elles seraient subjectives, autrement dit relatives à unsujet, et changeantes selon les affections sensibles de celui-ci, ce qui les rendrait particulières et dépendantes de nosopinions. Cettethéorie des Idées, outhéorie des Formes intelligibles, qui constitue l'essentiel du platonisme, peut donc être résumée à deux notions, celle de Forme, qui désigne l'être intelligible, et celle de participation, qui désigne le rapport de l'être intelligible au devenir sensible, rapport par lequel ce dernier est déterminé et est connaissable. Du vivant de Platon, cette théorie s'est heurtée à des objections, que l'on retrouve formulées parAristote dansLa Métaphysique. Platon a lui-même formulé un ensemble d'objections, dans leParménide, sans toutefois remettre en cause l'existence même de ces Formes, car elles sont à ses yeux des conditions nécessaires du discours et de la conduite humaine. Ces objections portent essentiellement sur l'impossibilité pour une Forme de se trouver en plusieurs réalités sensibles sans perdre son unité ou sonidentité, et sur la difficulté de doter les Formes d'une puissance causale qui, d'une part, contredit leur immuabilité, et, d'autre part, les fait entrer au contact du sensible, en leur faisant perdre de ce fait leur statutontologiquement supérieur. Platon tentera de répondre à ces objections en reformulant le rapport des Formes auxréalités sensibles, par l'introduction de l'activité d'undémiurge, qui est décrite dans leTimée, c'est-à-dire par un récitmythique de la mise en ordre de l'univers en un tout ordonné.

On désigne souvent la réalité intelligible par l'expression « monde des Idées ». Cette expression est impropre et provient d'une surinterprétation des dialogues par Philon d’Alexandrie. Platon parle plutôt du « lieu sensible » et du «lieu intelligible» d’un même monde[86]. Le monde, explique Platon dans leTimée, estunique.

Degrés de connaissance

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Article détaillé :Analogie de la ligne.
L'ensemble de ces divisions peut être visualisé sur une ligne.

L'opposition entre le sensible et l'intelligible est une séparationontologique ; à cette stricte séparation correspond une hiérarchieépistémologique, tout aussi stricte : l'opinion porte sur le monde sensible tandis que la science est la connaissance des réalités intelligibles. Cette division de la connaissance est exprimée par Platon au moyen de l'analogie de la ligne :« Prends donc une ligne coupée en deux segments inégaux, l'un représentant le genre visible, l'autre le genre intelligible, et coupe de nouveau chaque segment suivant la même proportion ; tu auras alors, en classant les divisions obtenues d'après leur degré relatif de clarté ou d'obscurité, dans le monde visible, un premier segment, celui des images – j'appelle images d'abord les ombres, ensuite les reflets que l'on voit dans les eaux, ou à la surface des corps opaques, polis et brillants, et toutes les représentations semblables ; […] pose maintenant que le second segment correspond aux objets que ces images représentent, j'entends les animaux qui nous entourent, les plantes, et tous les ouvrages de l'art. […] Examine à présent comment il faut diviser le monde intelligible. […] De telle sorte que pour atteindre l'une de ses parties l'âme soit obligée de se servir, comme d'autant d'images, des originaux du monde visible, procédant, à partir d'hypothèses, non pas vers un principe, mais vers une conclusion ; tandis que pour atteindre l'autre — qui aboutit à un principe anhypothétique — elle devra, partant d'une hypothèse, et sans le secours des images utilisées dans le premier cas, conduire sa recherche à l'aide des seules idées prises en elles-mêmes »[87].

Cette représentation de la connaissance par une ligne a une portée à la foisontologique etépistémologique : l'âme, au contact d'une réalité, se trouve affectée selon la nature de cette réalité. Il y aura donc autant de manières d'être affecté qu'il existe de modes d'être, et ces manières d'être affecté définissent des manières de parler d'un objet ou de le penser. Les modes de connaissance et les réalités qui leur correspondent sont décrits dans ce texte et ils sont les suivants : la conjecture (εἰκασία /eikasía) porte sur lesimages et les illusions ; la foi ((πίστις /pístis) porte sur les êtres vivants et les objets fabriqués ; lapensée ((διάνοια /diánoia) porte sur les notions et les nombres ; l'intellect ((νόησις /nóêsis) porte sur les Formes. On peut ajouter à cela l'ignorance, bien que ce ne soit pas un mode de connaissance : l'ignorance correspond au non-être.

Les choses sensibles sont l'objet de la conjecture (εἰκασία /eikasía) et de la foi ((πίστις /pístis), et Platon désigne ces deux modes de connaissance comme opinion (doxa). L'opinion est ainsi un jugement qui porte sur des sensations. L'objet de l'opinion est instable, et celle-ci ne peut, pour cette raison, trouver en elle-même le critère de savérité et de sa fausseté. Les réalités intelligibles sont elles l'objet de la pensée et de l'intellect, et Platon les désigne par le nom de science. La pensée correspond aux raisonnements discursifs, se fondant sur deshypothèses, et elle comprend toutes les sciences particulières, comme lesmathématiques. L'intellect est au contraire uneintuition de ce qui est, de manière inconditionnelle, et cette intuition est donc la science par excellence, que Platon nomme dialectique, c’est-à-dire la science des Formes et de leurs rapports. À cette Forme la plus haute de la connaissance, à proprement parler la seule connaissance vraie, correspond l'activité par excellence de l'âme, qui est l'activité de l'intellect.

L'analogie de la ligne répond ainsi aux questions de savoir ce qui est connu et quels types de connaissance correspondent aux différentes sortes de réalités connues. Mais il faut encore savoir quelles méthodes y correspondent et quelles sont les facultés de l'âme qui permettent la connaissance. Les dialogues présentent plusieurs moyens par lesquels il est possible d'acquérir un savoir, ou du moins d'avancer dans l'initiation philosophique ; ce sont, en premier lieu, leressouvenir, laréfutation, et la dialectique, cette dernière n'étant rien d'autre que la philosophie elle-même. Platon utilise par ailleurs plusieurs procédés d'exposition de sa pensée, qui sont la dialectique, lemythe et leparadigme.

Âme

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Le mot « âme », engrec ancien :ψυχή, est de loin celui qui revient le plus fréquemment dans les dialogues de Platon, en particulier dansPhèdre,La République etPhédon. Dans les rares dialogues où il n'est pas employé, on trouve toujours un ou plusieurs discours y faisantallusion. Malgré l'omniprésence de cette notion, Platon n'en a jamais donné dedéfinition complète. En revanche, il en donne des descriptions nombreuses et variées, qui privilégient chacune telle ou telle qualité ou propriété. Ainsi, à défaut de pouvoir fournir une définition précise de l'âme chez Platon, il est possible d'établir une classification de ces descriptions. Néanmoins, certaines propriétés semblent plus essentielles que d'autres : c'est le cas de la conception de l'âme comme principe du mouvement, et de lapensée[p. 33],[p. 34],[88].

Pour Platon, l'âme est un être apparenté aux Idées, au divin, qui a un mouvement propre. Elle est immortelle et se compose de trois puissances : l’épithumía (ἐπιθυμία, en grec ancien), l'« appétit », élément concupiscible, désirant, le siège du désir (faim, sexualité), des passions ; lethumós (θυμός), la « colère », élément irascible, agressif, ce pourrait être traduit par « cœur », il est cette partie de l'âme susceptible d'emportement, de colère, de courage ; lelogistikón (λογιστικόν), le « raisonnable » ou esprit, élément rationnel, immortel, divin, c'est un « démon » (daimon).

Platon expose cette constitution tripartite de l'âme dans lePhèdre et dansLa République. Lenoûs, ou la raison, en tant qu'il a seul rapport à l'intelligible, est le plus noble des trois. Le second, caractéristique de la volonté d'enrichissement personnel, de bonne réputation, et des tentatives de prouesses qui en découlent, n'est utile que s'il se met au service de l'élément raisonnable, afin de maîtriser le troisième, qui mène irrémédiablement au vice. En d'autres termes, la bonne vie suppose que s'établisse, entre ces trois parties de l'âme, une hiérarchie : lenoûs gouverne lethumos, qui gouverne l’épithumia. Chacune de ces parties possède ainsi unevertu qui lui est propre : lasagesse pour l'esprit, lecourage pour l'élément agressif, et latempérance, pour l'élément désirant ; l'harmonie de ces trois parties est la vertu dejustice. La pensée de Platon a également évolué : d'abord, dans lePhédon, il admet une âme[89] ; ensuite, dansLa République (vers 370), il admet trois parties de l’âme[90]. DansPhèdre, Platon compare l'âme à un attelage ailé, avec comme cocher la raison, l'esprit, l'intelligence (noûs), comme cheval obéissant à la volonté, le cœur, la partie irascible (thumos), et comme cheval rétif les désirs, le « bas-ventre » (épithumia)[91]. Dans leTimée, à la fin de sa vie, Platon admet trois âmes différentes[92]. Ce tripartisme remonte, selonDiogène Laërce, àPythagore[p. 35]. Platon croyait l'âme immortelle et chercha, sans prétendre pouvoir y parvenir, à le prouver dans lePhédon, qui raconte les derniers instants de Socrate. Cette immortalité se lie à la thèse de la migration des âmes et de leur purification après la mort, qu'il décrit dans trois mythes, à la fin duGorgias, deLa République et duPhédon. Platon admet cinq formes d'âmes : celles des dieux, des démons, des héros, des habitants de l'Enfer, des humains[p. 36].

Dans le domaine de l'anthropologie, comme dans celui de lamétaphysique, de la médecine et de la politique, Platon n’est pas dualisteNote externe : sa réflexion porte sur la soudure ou la dissociation de l'âme et du corps qui sont nettement liés[93]. L'âme a existé avant d'être incarnée sur terre, de la même manière qu'elle existera après la mort. Elle provient de la sphère duNoûs, du divin et du raisonnable, et prend une forme corporelle après chacune de ses incarnations, où elle est enfermée dans le corps (soma), lui-même « semblable à une maladie » ou à une « tombe » (sèma). Le but de l'existence terrestre devient alors le retour de l'âme à son état originel par l'anamnèse, capacité que possède l'âme de rechercher et retrouver les Idées dont elle a conservé la connaissance virtuellement.

Amour de la connaissance

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Éros (bobine attique à figures rouges v. 470–450 av. J.-C, musée du Louvre). L'œuvre de Platon accorde une place fondamentale au désir.
Article détaillé :Le Banquet (Platon).

La philosophie de Platon ne peut être approchée sans comprendre le rôle fondamental d'undésir violent et multiforme qui s'empare tant de l'âme que du corps : l'amour (engrec ancien :ἔρως)[94]. L'amour est une forme de possession et de délire divins[p. 37] qui se manifeste par un attachement à une personne, à un objet ou même à une idée, accompagné de la pensée que la satisfaction de ce désir peut être une source de modification et d'élévation de l'existence. Cet amour se manifeste de nombreuses manières, qui vont de l'accouplement ou de la débauche, à l'amour de l'élève pour le maître, ou encore à l'excitation frénétique de l'âme poursuivant une idée, telle que leBien[p. 38]. Il n'y a pas, pour Platon, plusieurs natures du désir érotique qui se manifesteraient dans plusieurs formes d'amour, qui n'auraient qu'un nom en commun. Platon distingue et hiérarchise l'amour selon les différentes finalités que l'on peut observer, mais cette variété des fins du désir n'est qu'une variété dans un même genre. Ainsi, si Platon condamne l'amour charnel ou bestial, et s'il place au plus haut cette forme de délire de l'âme qui possède le philosophe en quête du savoir, la véritable différence entre ces deux orientations se trouve, non dans la nature du désir même, mais dans la capacité de contempler leBeau. C'est pourquoi cette différence dans la finalité de l'amour se manifeste au contact de ce dernier :

« La beauté seule jouit du privilège d’être l’objet le plus visible et le plus attrayant. L’homme pourtant dont l’initiation n’est point récente ou qui s’est laissé corrompre, ne s’élève pas promptement de la beauté d’ici-bas vers la beauté parfaite, quand il contemple sur terre l’image qui en porte le nom. Aussi, loin de se sentir frappé de respect à sa vue, il cède alors au plaisir, à la façon des bêtes, cherche à saillir cette image, à lui semer des enfants, et, dans la frénésie de ses fréquentations, il ne craint ni ne rougit de poursuivre une volupté contre nature. Mais l’homme, qui a été récemment initié, ou qui a beaucoup contemplé dans le ciel, lorsqu’il aperçoit en un visage une belle image de la beauté divine, ou quelque idée dans un corps de cette même beauté, il frissonne d’abord, il sent survenir en lui quelques-uns de ses troubles passés ; puis, considérant l’objet qui émeut ses regards, il le vénère comme un dieu. »

— Phèdre, 250-251.

Cette poursuite de la Beauté pose plusieurs questions que Platon aborde au fil des dialogues[95], dans lesquels l'âme s'engage en tendant tout son désir vers un « là-bas » : la question du statut du monde sensible comme reflet de modèles intelligibles (cf.Théorie des Formes), la question de l'accès intellectuel à ces modèles, et la question de leurnature. Outre ces questions d'ordreépistémologique, il faut garder à l'esprit que c'est le destin de l'âme qui se joue ici, et qui est le premier et même le seul souci du philosophe ; aussi sa nature, comme ses vertus, doivent-elles également faire l'objet d'une recherche. Mais, cette recherche touche tant à l'éthique, qui est l'excellence de l'âme, qu'à la politique, c’est-à-dire l'éducation de l'âme, et à lacosmologie — qui est la place et structure de l'âme dans le tout ordonné ; ces domaines ont besoin d'une explication et d'un fondement, que les contemporains qualifieraient d'ontologiques.

Réminiscence

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Article détaillé :Réminiscence (philosophie).

Platon a montré que la connaissance sensible est moins vraie : l'âme ne peut en effet parvenir à l'être par le moyen des sensations. Il faut donc, aux yeux de Platon, qu'une certaine puissance de l'âme soit au contact des réalitésvraies pour produire une science authentique, ce qui implique également que l'âme participe d'une certaine manière à l'intelligible. Ce rapport de l'âme à l'intelligible est décrit à travers leressouvenir et les mythes que Platon lui rattache. La réminiscence (engrec ancien :ἀνάμνησις, également traduit parressouvenir) est le ressouvenir par l'âme, à l'occasion d'une perception sensible, de connaissances qu'elle a acquises en dehors de son séjour dans un corps, et qu'elle a perdues lors de sa réincorporation. L'acquisition de la connaissance doit alors débuter par une re-connaissance, avant de se poursuivre par l'épreuve de la réfutation. Cette thèse suppose l'immortalité de l'âme, et l'existence de réalités intelligibles, puisque c'est en séjournant dans un monde intelligible, supérieur au monde empirique, que l'âme a contemplé les réalités divines. L'un des exemples les plus célèbres de cette idée se rencontre dans leMénon :

« Ainsi, immortelle et maintes fois renaissante, l’âme a tout vu, tant ici-bas que dans l’Hadès, et il n’est rien qu’elle n’ait appris ; aussi n’y a-t-il rien d’étonnant à ce que, sur la vertu et sur le reste, elle soit capable de se ressouvenir de ce qu’elle a su antérieurement »

— Ménon, 81 b

Cosmologie de Platon

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Référence principale :Timée.

LeTimée est considéré comme le dialogue le plus important par lesmedio-platoniciens, alors que selon lesnéo-platoniciens ce serait leParménide[96].

Présentation duTimée

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On considère en général que leTimée et leCritias ont été écrits entre 358 et 356av. J.-C., soit une douzaine d'années avant la mort de Platon, après leThéétète, leParménide,Le Sophiste etLe Politique et avant lePhilèbe etLes Lois[97]. Platon pensait écrire une trilogie comprenant leTimée, leCritias et l’Hermocrate (non réalisé) pour décrire l'origine de l'univers, de l'homme et de la société[98]. Ce projet, selonLuc Brisson, s'insère dans une tradition ancienne dont le poèteHésiode est un représentant. LeTimée recourt au mythe, c'est-à-dire à« un discours qui se déploie dans le temps et qui décrit ce que font non point des entités abstraites, mais des personnages qui présentent une identité individuelle plus ou moins marquée »[99]. Parallèlement on trouve aussi chez Platon une volonté de démonstration « scientifique ». De sorte que sa pensée est marquée par une contradiction que certains constatent, tels Luc Brisson et d'autres critiques commeAristote. LeTimée est triplement novateur, par sa volonté de trouver une explication scientifique qui dépasse les données purement sensibles ; par son utilisation d'axiomesa priori ; enfin, parce que« Platon fait des mathématiques l'instrument lui permettant d'exprimer certaines des conséquences qui découlent des axiomes qu'il a posés »[100].

Formes intelligibles, démiurge, matériau et nécessité

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Formes intelligibles

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Pour Platon, une forme intelligible est« une entité non sensible », éternelle, pure, non composée,« qui entretient avec les réalités particulières […] un rapport de modèle à image »[101].

Sur ce sujet d'un monde pur et non composé,Norhtrop Frye faisait remarquer que Platon dansLeTimée avait une opinion sur ce qui n'allait pas dans le monde des arts. Selon lui, Platon voyait ce monde comme rempli d'imitations de la nature et que cela donnait une note péjorative à l'art. Les artifices et les imitations contenus dans les productions humaines sont des échecs vis à vis la notion du monde meilleur à construire[102]. En plus, Frye rappelle que Platon ramène l'existence d'une narration où l'humain se retrouve en héritier des erreurs des hommes à l'origine de son espèce. Cet héritier est aussi incapable d'agir envers ou contre ces erreurs car elles font partie de son passé: il en subit le fardeau[103].

Démiurge

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Buste d'Aristote. Pour ce philosophe le monde n'est pas fabriqué par un démiurge, il est naturel.

Ledémiurge, à la différence des dieux grecs traditionnels, n'est pas jaloux. Il est fondamentalement bon, une qualité qui, chez Platon, est liée à la rationalité. Le démiurge est un intellect (noûs) qui réfléchit (logizesthai)[104],« prend en considération »[105],« prévoit »[106],[107], parle et fait acte de volonté. À la différence de ce qu'on trouve chez Hésiode, le démiurge n'engendre pas ; il est vu enTimée 28 c comme« père et fabricant » de l'univers[108]. Le démiurge est potier lorsqu'il crée le squelette humain, modeleur de cire lorsqu'il le recouvre de chair. Il est paysan lorsqu'il sème les âmes, métallurgiste lorsqu'il fabrique l'univers, etc. Platon évoque le démiurge tantôt en utilisant le singulier, tantôt le pluriel, de sorte queLuc Brisson se demande s'il ne s'agit pas d'abord de« la fonction productrice de l'univers considérée tantôt dans sa généralité tantôt dans un de ses aspects »[108]. Pour Luc Brisson, l'activité du démiurge s'apparente à celle de l'artisan pour au moins trois raisons : 1° elle a un début et une fin ; 2° elle consiste à façonner des matériaux en partant d'une Forme intelligible ; 3°« elle obéit à une intention, une finalité ». Lorsque le démiurge a créé le monde, il se retire ;« C'est l'âme du monde qui prend le relais, en garantissant le maintien d'un ordre surtout mathématique dans le cours d'un changement incessant »[109]. De sorte que leTimée est« la seule cosmologie de type artificialiste dans l'Antiquité »[110]. Cet artificialisme sera attaqué parAristote pour qui« la nature qui explique la production du cosmos »[111] ne délibère pas comme l'artisan[112].Aristote sur ce point sera suivi parPlotin, lesnéoplatoniciens et par lestoïcisme[110].

Matériau et nécessité

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Selon Platon, pour connaître le monde, il faut : des formes intelligibles immuables et universelles ; des choses sensibles, images des formes intelligibles ; un matériau (Chôra) qui rend compte de la différence entre forme intelligible et image. Chez lui, le matériau a son propre mouvement, sa propre agitation[113] et il est toujours lié à la nécessité (ananké) : c'est-à-dire à un enchaînement de mouvements. Chez Platon, ce mouvement est« dépourvu d'ordre et de mesure »[114] de sorte que le démiurge va devoir mettre de l'ordre dans le matériau« en persuadant la nécessité, dans la mesure du possible, de permettre la production du beau et du meilleur »[115]. Mais cette nécessité continue à se manifester même quand le démiurge a fini son œuvre, et que l'âme du monde perpétue son œuvre. La nécessité pousse à des contradictions qu'Aristote a dénoncées et qui ont conduit lesmédio-platoniciens à voir leTimée comme un drame[115].

Fabrication du monde

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Platon voit le monde comme un être vivant, avec une âme, et un corps[116].

Âme du monde

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Le démiurge commence par créer l'âme du monde qui est issue de trois notions fondamentales : l'Être, le Même et l'Autre. L'âme du monde est un intermédiaire entre le sensible et l'intelligible, entre l'indicible caractéristique de l'intelligible et le divisible caractéristique du monde sensible[117]. L'âme du monde a une structure mathématique constituée de cercles, elle est« le principe de l'ensemble des changements ordonnés dans tout l'univers »[118] et témoigne de la conviction de Platon qu'il existe une régularité non seulement dans le monde supralunaire, mais également dans le monde sublunaire. Toutefois, concernant ce dernier, ni le démiurge, ni l'âme du monde n'arrivent à vaincre complètement la nécessité issue de la matière[119].

Corps du monde

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Le démiurge ne fabrique pas le corps du monde, il se contente d'y instaurer ordre et mesure sans vraiment y arriver totalement[120]. Pour Platon, comme pour les Grecs depuisEmpédocle, le monde est constitué par quatre éléments : le feu, l'air, l'eau et la terre. Ce qui est propre à Platon, c'est d'une part sa volonté de montrer mathématiquement pourquoi il n'y a que quatre éléments et, d'autre part, le rapprochement qu'il établit entre les quatre éléments et quatrepolyèdres réguliers : tétraèdre, hexaèdre, octaèdre, icosaèdre[121]. De sorte que pour Platon,« dans le monde sensible, tous les phénomènes observables — c'est-à-dire tout ce qui change suivant la terminologie platonicienne — se réduisent à des interactions entre les mêmes composantes élémentaires, qui peuvent être exprimés en termes de rapports mathématiques »[121].

polyèdres
TétraèdreHexaèdreOctaèdreDodécaèdreIcosaèdre
TétraèdreCubeOctaèdreDodécaèdreIcosaèdre
FeuTerreAirÉtherEau

Le monde est peuplé de quatre espèces vivantes : les dieux associés au feu, les oiseaux associés à l'air, les animaux à la terre et les animaux y vivant à l'eau. En outre, il existe des végétaux qui servent de nourriture aux êtres humains et qui sont associés à l'aspect appétitif de l'âme[118].

Ces cinq polyèdres, dont le terme qui est resté estsolide de Platon, ont été étudiés parSpeusippe etEuclide[122].

Fabrication de l'être humain

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La vie humaine est conçue par Platon comme l'union de l'âme et du corps humain, le point de contact privilégié entre les deux étant la « moelle »[123].

Âme humaine

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Les âmes des dieux, des démons et des êtres humains, dans ce qu'elles ont d'immortel, sont fabriquées par le démiurge à partir du mélange qui a servi pour l'âme du monde. Il en résulte que les âmes des hommes ont les mêmes caractéristiques que l'âme du monde en ce qui concerne l'aspect mathématique et les fonctions, mais qu'elles sont moins pures, qu'elles sont plus imparfaites. La partie immortelle de l'âme est fabriquée par le démiurge. Au contraire, la partie mortelle est fabriquée par les assistants du démiurge et comprend deux sous-parties :« une partie irascible (thumos), le « cœur » et une partie désirante (epithumia), l'« appétit » ». La partie irascible cherche l'estime, la victoire dans la compétition. La partie désirante est liée à la nourriture et au sexe, c'est celle que Platon aime le moins. Dans le livre IV de laRépublique et dans lePhèdre[124], Platon compare l'âme à un attelage avec deux chevaux (voir ci-dessus :L'âme).

Le motnoûs est utilisé pour la première fois dans l’Iliade.

Corps humain

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Le corps est formé de triangles rectangles qui donnent naissance aux os et à la chair. La moelle est constituée de triangles pouvant produire du feu, de l'eau et de l'air. Pour produire les os, il est ajouté à ce mélange de la terre pure. La peau est faite par un« mélange d'eau, de feu et de terre, auquel il ajoute un levain formé de sel et d'acide »[125]. Pour Platon, l'être humain est en bonne santé s'il respecte l'ordre du monde[126]. Les corps sont fabriqués par de jeunes dieux sur instruction du démiurge. Ils enferment dans le corps la partie rationnelle de l'âme (noûs).

Union de l'âme et du corps

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La vie humaine est conçue par Platon comme étant l'union de l'âme et du corps humain. Le point de contact privilégié entre les deux étant la moelle[123]. La partie rationnelle de l'âme a pour mission de dominer le chaos venant de la matière qui domine à la naissance et dans l'enfance. La coopération entre la partie rationnelle de l'âme et le corps, est réalisée au moyen des sensations. Pour Platon, les sens (vue, odorat, ouïe, etc.) captent des signaux venant de l'extérieur et les communiquent à l'âme où ils deviennent des sensations[127]. Chez lui, les maladies de l'âme viennent d'un dysfonctionnement du corps ou d'une mauvaise éducation[128].

Le problème est que vivre veut aussi dire user le corps, la vie pour Platon est l’alternance entre deux mouvements types, soit laréplétion et ladéplétion[129]. Pour rester en vie, il faut constamment rendre équivalents les gains par rapport aux pertes. Quand il y a plus de sorties que d’entrées, la corruption s’impose[130]. La vieillesse est la multiplication des ouvertures ou espacement entre les triangles qui composent la moelle. Cette vieillesse est donc la marque de l’environnement hostile qui agresse l’homme depuis sa naissance.

Cité et vertu : philosophie politique

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Articles détaillés :Philosophie politique (Platon),La République,Le Politique etLes Lois.

Platon aborde la politique dans trois livres :La République,Le Politique, etLes Lois. PourMonique Dixsaut, le premier ouvrage« s'attache à une réforme de la culture et trace le plan d'une constitution modèle » tandis queLes Lois« sont destinées à fonder une cité de second rang dont elles déterminent la législation et les institutions »[131] etLe Politique traite de la science nécessaire au bon politique[131].

Origine et développement de la cité

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Pour Platon, contrairement à Aristote, l'homme n'est pas un animal politique (ζῷον πολιτικόν /zôon politikón)[132] fait pour vivre dans une cité.« Tout homme est pour tout homme un ennemi et en est un pour lui-même »[133]. Aussi considère-t-il que le rôle de la politique consiste à créer l'unité, par la vertu et l'éducation notamment[134].

Quant à la Cité, elle naît de l'économie. Socrate, au livre II deLa République, attribue sa naissance au besoin des hommes de s'associer pour produire et à la nécessité de recourir à une division des tâches[135]. PourAlexandre Koyré, ce n'est pas la crainte, comme le soutient Glaucon anticipantHobbes, qui est à l'origine du contrat social : c'est la solidarité[136]. La Cité s'agrandissant entre en conflit avec ses voisins de sorte qu'une classe nouvelle apparaît : les guerriers[136]. Pour Platon, le guerrier doit être à la fois le défenseur et le protecteur de la cité, c'est-à-dire le Gardien deLa République[137].

Le rôle du Gardien est fondamental dans la citéplatonicienne idéale et constitue le sujet de préoccupation principal des dix livres deLa République[138]. Les gardiens sont choisis dans l'élite intellectuelle, morale et physique, quel que soit leur sexe. Leur éducation est particulièrement soignée car Platon reproche à Athènes de ne pas donner aux meilleurs« une éducation réglée et contrôlée » à la manière des Spartiates[139]. La cité idéale que Platon dessine dansLa République bannit les fables et les livres qui peuvent tromper[140]. PourMonique Dixsaut, si la critique de Platon envers la poésie peut« sembler être la preuve irréfutable de son “totalitarisme” », elle peut s'expliquer par le fait que, agissant directement sur l'âme, la poésie peut être vue comme neutralisant l'intelligence[141].

Meilleure manière de gouverner la vie commune

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Platon explique la nature et la portée de sa penséepolitique au livre I desLois[p. 39], à l'aide d'unmythe, lemythe des marionnettes. Ce mythe présente l'homme comme une marionnette fabriquée par les dieux ; mais, à la différence des marionnettes habituelles, les fils qui servent à la manipuler sont, dans le cas des vivants, à l'intérieur du corps parce qu'ils symbolisent lesaffects :plaisir, douleur, crainte et raisonnement, qui tirent leshommes en des sens contraires ; parmi ces affects, celui du raisonnement est le plus faible. Ce mythe reprend les différents mythes représentant l'âme comme une réalité composée de parties, lesquelles ne sont pas spontanément en harmonie. Cette représentation de l'homme comme une marionnette, c'est-à-dire comme uneréalité vivante, qui n'est pas, par nature, guidée par la raison, justifie pour Platon le rôle de la politique : l'âme a en effet besoin d'être éduquée pour être en mesure de réaliser son bien et cette éducation passe par les lois conçues comme un discours rationnel, que lacité adresse auxcitoyens.

Cette représentation anthropologique explique que la recherche de la meilleureconstitution soit le principal souci de Platon : le but d'unecité bien constituée est de faire mener à ses citoyens une vie conforme au Bien, vie qui est heureuse et qui ne peut se réaliser qu'en fonction de l'état de l'âme et dans le cadre d'une vie commune. L'âme est ainsi toujours la finalité des spéculations, tant politiques quemétaphysiques, de Platon.

Le point commun des différentes réflexions politiques que l'on trouve dans les dialogues est la question de savoir comment unifier la multiplicité des éléments, des fonctions et des forces composant une cité, autrement dit la question de savoir ce que doit être une vie commune. La politique est alors conçue comme unetechnique qui, dans un territoire donné et face à des éléments hétérogènes, doit prendre soin de réaliser l'unité de la cité, en la dotant d'unrégime politique (politeia, également traduit parconstitution). Ce soin de l'unité, c'est la philosophie, et le philosophe est celui qui, de droit, doit gouverner la cité[142].

La recherche de ce régime constitue l'essentiel deLa République et desLois, mais les dialogues socratiques témoignent déjà de l'orientation politique de Platon, puisqu'il s'y livre à de virulentes critiques des rhéteurs. Cette recherche écarte d'emblée toutes les formes de cités existantes, tant démocratiques qu'aristocratiques : les dissensions qui marquent en effet les cités réelles, dissensions entre des partis, entre des classes, sont aux yeux de Platon un symptôme de corruption, et l'on ne saurait donc tenir pour politiques des régimes qui ne peuvent parvenir à faire vivre ensemble des citoyens.

DansLa République, Socrate est engagé dans la recherche d'une définition de lajustice[p. 40]. Cherchant cette définition au niveau de la cité, il étudie la répartition des fonctions en son sein, pour montrer que le meilleur régime ne dépend pas tant de tel groupe de la cité que de l'exercice approprié de chaque fonction dans la cité, considérée comme un tout. La cité juste est ainsi composée de trois groupes, les gouvernants, les gardiens et les producteurs. À chaque groupe correspond particulièrement une vertu, mais tous les groupes ne possèdent pas seulement une seule et unique vertu : si les gouvernants possèdent la vertu de sagesse, ils sont aussi tempérants et courageux ; les gardiens sont courageux, mais également tempérants, et puisque les gouvernants sont choisis dans ce groupe, les gardiens reçoivent aussi une éducation à la sagesse ; enfin, les producteurs, c'est-à-dire le plus grand nombre, possèdent la vertu de tempérance.

DansLes Lois, Platon fait discuter plusieurs vieillards sur la valeur de la constitution de plusieurs cités. Selon Jean-Jacques Chevallier, Platon y « abandonne l'État parfait, mené autocratiquement par la seule sagesse ». Il propose donc une constitution mixte, entre la monarchie qui représente le principe de sagesse et la démocratie qui représente celui de liberté[143]. Mais la tradition a plutôt retenu« les fascinantes et dangereuses rêveries de laRépublique sur l'État parfait […] le gouvernement autocratique des Sages, des Meilleurs ».

Classification des régimes politiques

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Au livre VIII deLa République[144], Platon décrit la manière dont on passe d’unrégime politique à un autre. Cet enchaînement n’a pas, pour Platon, une valeur historique : comme dans leTimée, il s’agit de présenter une succession essentiellement logique, selon des degrés de perfection. Platon en distingue donc cinq : l’aristocratie, c’est-à-dire le gouvernement des meilleurs, est le seul régime parfait selon lui. Il correspond à l'idéal du « philosophe-roi », qui réunit pouvoir et sagesse entre ses mains. Ce régime est suivi de quatre régimes imparfaits : latimocratie ou timarchie, régime fondé sur l'honneur qui est naturellement porté à entreprendre des guerres ; ensuite on trouve l’oligarchie, régime fondé sur les richesses qui mène à rechercher une richesse toujours plus considérable au détriment de la vertu ; ladémocratie, régime fondé sur l'équivalence des convictions où chacun ne se voit soumis à aucune obligation de gouverner[145]. Enfin, il y a latyrannie, régime fondé sur le désir : ce dernier régime marque la fin de la politique, puisqu'il abolit les lois.

Le déséquilibre dans les cités, par lequel on passe d'un régime à un autre, correspond au déséquilibre qui s'inscrit dans la hiérarchie entre les parties de l'âme. De même qu'une vie juste suppose que lenoûs gouverne lethumos, et que celui-ci contrôle l’épithumia, la cité juste implique le gouvernement des philosophes, dont lenoûs, la raison, est la vertu essentielle. Au contraire, le régime timocratique correspond au gouvernement duthumos, le courage et l'ardeur guerrière, vertus essentielles des soldats, ou gardiens de la cité, et le régime tyrannique à celui de l’épithumia : la tyrannie est donc un régime où seules dominent les passions du tyran.

Mythe de l'Atlantide

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Article détaillé :Atlantide.

Dans les dialoguesTimée etCritias, Platon raconte l'histoire d'une île en avance technologiquement et socialement nomméeAtlantide, qui aurait existé 9 500 ansav. J.-C. Critias explique que cette histoire lui a été racontée par son grand-père Critias, qui la tenait de son père, Dropidès, qui la tenait de Solon, qui l'avait rapportée d'Égypte. Platon utilise un mythe permettant une réflexion sur sa conception d'une société juste et hiérarchisée : les Atlantes auraient été divisés en trois castes, comme les citoyens de la « ville en discours » de la République platonicienne.

Philosophe roi

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Article détaillé :Philosophe roi.

Lephilosophe, représenté par le personnage deSocrate[146], est une des figures centrales des dialogues de Platon[147],[148]. Pourquoi Platon lie-t-il philosophe et roi ?

« À moins que, dis-je, les philosophes n'arrivent à régner dans les cités, ou à moins que ceux qui à présent sont appelés rois et dynastes ne philosophent de manière authentique et satisfaisante et que viennent coïncider l'un avec l'autre pouvoir politique et philosophie ; à moins que les naturels nombreux de ceux qui à présent se tournent séparément vers l'un ou l'autre n'en soient empêchés de force, il n'y aura pas, mon ami Glaucon, de terme aux maux des cités ni, il me semble, à ceux du genre humain »

— La République, V, 473 c-e.

PourLuc Brisson, le fait que Platon établisse une division des tâches entre les membres de la Cité d'une part et, d'autre part, le fait que, pour lui, peu nombreux sont les êtres humains capables d'acquérir le« savoir et la maîtrise de soi qu'exige l'exercice du pouvoir »[149] expliqueraient la conception platonicienne du philosophe-roi.

Mesure

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Platon très tôt s'est intéressé à la notion de mesure. Dans leGorgias, Socrate reproche à Calliclès son indiscipline, qu'il impute à son absence d'intérêt pour la géométrie. S'adressant à lui, il déclare« vous n'avez pas remarqué qu'uneégalité géométrique (geometriké isotês) avait un grand pouvoir parmi les dieux et les hommes »[150]. Dans leProtagoras, Platon fait dire à Socrate que la vertu est l'art de mesurer (metrêtikê techné). Selon Dorothea Frede, cela ne veut pas dire que Platon soit unutilitariste[151] : il n'y a aucune indication que jusqu'au dialogue de maturité, Platon prenne au sérieux l'idée de quantification de l'excellence. C'est avec leTimée etLe Politique que se trouve« une exploration systématique du fait que la mesure et la proportion sont les conditions fondamentales du Bien »[151]. DansLe Politique, l'Étranger distingue deux types de mesure : la mesure quantitative et la mesure en tant que qualité, en tant que juste mesure :

« Il est clair que nous allons diviser la technique de la mesure en deux comme nous l'avons dit : en posant comme l'une de ses portions toutes les techniques pour lesquelles le nombre, la longueur, la profondeur, la largeur et la vitesse se mesurent par rapport à leurs contraires, et comme autre portion toutes les techniques qui se réfèrent à la juste mesure, à ce qui est convenable, opportun, requis, à tout ce qui tient le milieu entre les extrêmes. »

— Gorgias, 408 a

La mesure en tant que qualité est liée à ce qui est adéquat (prepon), au bon moment (kairion), à ce qui devrait être (deon), à ce qui n'est pas extrême (meson)[151]. La mesure en tant que quantité est développée dans lePhilèbe. Toutefois, après avoir mis l'accent sur la nécessité de la précision numérique, notamment dans la procédure dialectique qui repose sur la division et sur la collection des données, Socrate affirme que la bonne vie repose sur un mélange de plaisir et de connaissance et distingue quatre classes« (a) la limite (peras), (b) l'illimité (apeiron), (c) le mélange (meixis) de limite et d'illimité, ou (d) la cause (aitia) d'un tel mélange »[151]. Pour Socrate, dans ce dialogue,« la raison divine est la source ultime de tout ce qui est bon et harmonieux dans l'univers, tandis que la raison humaine est seulement sa pauvre copie »[151]. Selon Platon, alors que le plaisir tend à être illimité, la raison au contraire est la cause des mélanges efficaces. Chez lui, le plaisir n'est qu'un remède partiel au manque de bien. De plus, les plaisirs peuvent être trompeurs, nocifs et violents si celui qui poursuit les plaisirs s'est trompé sur l'objet du plaisir ou sur la quantité[151]. Dans lePhilèbe, Platon voit les plaisirs comme nécessaires à l'équilibre physique et psychique des êtres humains mais le plaisir n'est jamais chez lui qu'une compensation à l'imperfection humaine[151].

« Le plaisir ne serait qu'au cinquième rang de valeur… Et non au premier, même si tous les bœufs et les chevaux et toutes les bêtes à l'envi témoignent du contraire par leur chasse à la jouissance ; le vulgaire s'y fie, comme les devins aux oiseaux, pour juger que les plaisirs sont les facteurs les plus puissants de la vie bonne, et regarde les amours des bêtes comme des témoins plus autorisés que ne le sont les amours nourries aux intuitions rationnelles de la muse philosophique. »

— Philèbe, 67 b

Dans ces derniers écrits, Platon emploie l'idée de mesure droite dans son sens littéral en lien avec l'idée des progrès de l'astronomie de son temps. Les bonnes proportions donnent des entités et des mouvements stables.

« Il n'en reste pas moins que, lorsque les hommes s'interrogent sur les lois, toute leur enquête, ou peu s'en faut, porte sur les mœurs relatives aux plaisirs et aux douleurs qu'éprouvent aussi bien les cités que les particuliers. Ce sont là en effet les deux sources auxquelles la nature donne libre cours ; si l'on puise à ces sources auxquelles la nature donne libre cours où, quand et autant qu'il le faut, c'est le bonheur. »

— Lois, I, 636 e

Le second livre des lois est consacré à l'étude de l'éducation qui fournit les bonnes habitudes nécessaires à la juste mesure entre les plaisirs et les peines. Dans ce livre, Platon anticipe Aristote qui verra la vertu comme la bonne mesure entre un excès et un manque[151].

Platonisme après Platon

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Platonisme

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Article détaillé :Théorie des Formes.

Du fait d’une histoire deux fois millénaire, l’œuvre de Platon est passée par des processus de réfutations, de reprises et de développements en des sens très variés qui ont largement influé sur sa réception à travers lesâges. Ce que l’on appelle la philosophie de Platon se présente moins sous la forme d'un système que d'un ensemble de thèmes qui apparaissent dispersés dans des dialogues dont les qualités littéraires font parfois oublier qu'ils possèdent aussi des qualités philosophiques[152]. C'est le cas, par exemple, jusqu'aux dernières décennies duXXe siècle, desdialogues socratiques qui, au moins en France, ont longtemps été étudiés dans le cadre deslettres classiques[153], les autres dialogues étant en revanche considérés comme relevant de la philosophie[154].

Certains de ces thèmes sont devenus célèbres en dehors même du cercle des philosophes, non sans déformations : c'est le cas de l'amour platonique. D'autres thèmes font partie d’une vulgate, d'unimaginaire philosophique duplatonisme qui est parfois loin de rendre compte de la complexité de l'œuvre ; parmi ces thèmes, les plus connus et étudiés sont :

  • la séparation de la réalité en deux mondes, le sensible et l'intelligible, le premier étant l'image, le reflet, la copie du second, qui est paradigme, modèle, vraie réalité, appelée rétrospectivementdualisme[Note 9] ;
  • la séparation de l'âme d'avec le corps et l'ascétismemortifiant qu'on lui suppose lié, lesIdées (Égal, Beau[155], Bon, Juste), laréminiscence ;
  • lesmythes inventés par Platon[156] dans le but de faire comprendre certaines pensées difficiles d'accès sont profondément ancrés non seulement dans lapensée occidentale, mais aussi dans son art : ce sont, entre autres, l’allégorie de la caverne, l'allégorie de la Terre, leMythe d'Er le Pamphylien, récit de la destinée des âmes.

Cette grande richesse de l'œuvre de Platon ainsi que la variété des interprétations rendent difficile, sinon impossible, toute exposition générale et les monographies sont de fait assez rares[157]. Néanmoins, dans un article,Harold Cherniss[158] a proposé de voir dans lathéorie des Idées une hypothèseéconomique permettant de résoudre les questions ontologiques,éthiques, épistémologiques qui se sont posées à Platon. Cette théorie a donc pour fonction, dans une telle lecture, d'unifier les problèmes et les solutions formulés par Platon. Ce dernier en effet explique au livre X deLa République que l'œuvre d'art n'est qu'une imitation d'imitation, la copie d'une copie, car l’artiste ne fait qu’imiter l’objet produit par l’artisan ou par la nature, objet sensible étant lui-même la copie ou l'imitation de son essence (l'Idée ou Forme). L’art pour Platon, en tant que production d’objet, n’est donc qu’une imitation de second ordre, copie de la copie de l'Idée. L'œuvre d'art est ainsi de piètre valeur, car doublement éloignée de la vérité, et l'artiste lui-même apparaît comme un danger pour la réalisation de la République, puisqu'il est un illusionniste qui fait tenir pour vrai ce qui est faux et peut ainsi renverser dans l'apparence qu'il construit l'ordre des valeurs.

Statue présumée de Platon àDelphes.

Platon marqua de façon durable la philosophie de l’Antiquité par l’influence qu’il exerça, surPlotin notamment, ou parce qu’on le considérait comme le philosophe par rapport auquel on devait se situer. Il fut aussi une source d’inspiration ainsi que la cible de bien des critiques.Aristote,Épicure ou lesStoïciens, par exemple, développèrent une critique plus ou moins systématique de l’éthique, de la théorie de la connaissance ou encore de la philosophie politique de Platon. Quant à Plotin ou aux Pères de l’Église, ils n’ont pas manqué de voir en Platon un philosophe quasi divin (Plotin) ou, en tout cas, une source d’inspiration importante. Plus généralement, son influence sur toute l'histoire de la philosophie a fait qu'on a pu voir en lui l'inventeur de cette discipline[159].

La signification des œuvres de Platon a fait l'objet de nombreuses controverses depuis l'Antiquité. Certains ont fait de Platon un dogmatique ; d'autres un sceptique. Platon fut tantôt récupéré par des courants mystiques (élévation de l'âme vers le bien, au-delà de l'être…), tantôt par des philosophies purement rationalistes. La diversité de ses dialogues, leurs formes variées, les nombreusesapories qui y sont soulevées, les questionnements qu'ils suscitent, expliquent ces importantes divergences d'interprétation. Dans l'Antiquité, l'ensemble des dialogues fut organisé d'après un ordre progressif de lecture, alors que les modernes, qui prétendent à un savoir plus critique, se sont surtout efforcés d'établir l'ordre réel de leur composition, ainsi que leur authenticité. Ces essais d'organisation du corpus dépendent en fait toujours de l'idée que l'on se fait du platonisme, ce qui a conduit des critiques à exclure plus ou moins arbitrairement certains dialogues, et tous les dialogues à être remis en question.

Favorinus disait deLysias et de Platon :« Modifiez, ou supprimez une expression dans le discours de Platon ; si adroitement que vous fassiez ce changement, vous altérerez l'élégance : faites la même épreuve sur Lysias, vous altérerez la pensée »[160].

Traditions platoniciennes

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Articles détaillés :Académie de Platon,moyen-platonisme etnéoplatonisme.

Le mouvement platonicien se multiplie en divers courants, écoles ou périodes :Académie de Platon,moyen-platonisme,néoplatonismeetc. On appelleplatonisme mathématique ou réalisme mathématique une théorie philosophique sur les mathématiques, qui croit que les entités mathématiques, nombres, figures géométriques, ne sont pas abstraites par l'esprit humain, mais indépendantes de lui, avec une existence propre. Déjà, pour Platon, les« Nombres, Lignes, Surfaces et Solides » ont une existence en soi, ce sont des substances éternelles, séparées des êtres connus par les sens. Le platonisme mathématique traite de« deux types de questions : la première est ontologique, et concerne le mode d'existence des objets mathématiques, et la seconde est épistémologique, portant sur la question de savoir comment nous identifions les objets mathématiques » expliqueJacques Bouveresse. Des conceptions modernes se rapprochent de celle de Platon avecCharles Hermite[161],Albert Lautman[162] ouAlain Connes[163].

Commentateurs de Platon

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Il semble queCrantor ait composé, vers 350av. J.-C., un commentaire duTimée. Dès leIIe ouIer siècle av. J.-C., Platon fut commenté systématiquement. On sait queCrassus avait lu leGorgias àAthènes, en 110av. J.-C., sous la direction du philosophe académicienCharmadas. Le commentaire philosophique prit de l'importance à partir duIIIe siècleapr. J.-C. Les cours dePlotin consistaient avant tout en l'explication des textes de Platon et d'Aristote, étudiés avec l'aide des textes des commentateurs antérieurs : Sévère, Cronius,Numénios d'Apamée,Gaius,Atticus pour Platon[164]. Les néoplatoniciens ont donné de nombreux et amples commentaires des dialogues, dontPorphyre,Jamblique,Proclos. Parmi les monuments, il faut citer, traduits en français, Proclos (Commentaires sur le Timée,Commentaires sur la République),Damascios (Commentaires sur le 'Parménide' de Platon). L. G. Westernink a publié les commentaires grecs duPhédon, parOlympiodore le Jeune etDamascios[165].

Traductions médiévales de Platon

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Timée, traduit en latin parCalcidius (IVe siècle). Manuscrit duXe siècle.

Seule une infime partie des textes de Platon furent traduits en latin et accessibles auMoyen Âge[166]. Ils ont été publiés dans leCorpus Platonicum Medii Aevi[167], qui est divisé en deux sections, l'une consacrée aux traductions latines, l'autre aux traductions en langue arabe :

Dans le cadre du projet éditorial duCorpus Platonicum Medii Aevi, quelques autres études concernant l'histoire du platonisme ont été élaborées et publiées. Au Moyen Âge, d'autres passages des œuvres de Platon étaient accessibles grâce aux citations faites notamment par Aristote,Macrobe, Augustin, Némesius,Boèce etAverroès.

La traduction en latin des dialogues de Platon est accomplie parMarsile Ficin dans la seconde moitié duXVe siècle[166].

Platon dans la philosophie analytique

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Les thèses platoniciennes, leur problématisation et leurs enjeux philosophiques soulevés par Platon lui-même[Note 10] ont eu une immense postérité et sont encore discutés et défendus de nos jours au sein du courant de laphilosophie analytique[2], comme leplatonisme mathématique. SiKarl Popper a critiqué le « communisme de Platon »[168], certains aspects du platonisme furent réactualisés parFrege[169] etRussell[170], etGilbert Ryle a souligné l'importance de dialogues comme leThéétète pour les études philosophiques contemporaines[171].Imre Toth s'est opposé auplatonisme selon lui« scolaire » de Frege, qui hypostasie les lois logiques, pour soutenir un platonisme plus libre et plus ouvert (inspiré des dialogues tardifs de Platon), relu à la lumière desgéométries non euclidiennes[172].

Œuvres

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Enseignement oral de Platon

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Platon aurait dispensé« un enseignement oral et ésotérique à l'Académie », mais ses motivations demeurent inconnues. Aristote[p. 41] parle des « enseignements non écrits » (άγραφα δόγματα /ágrapha dógmata) de Platon, et il mentionne une leçon intituléeSur le Bien (Περί τάγαθου /pérí tágathou) que prononça Platon, qui, à la surprise des auditeurs dont Aristote, Hestiée,Héraclide du Pont,Speusippe,Xénocrate[173], portait« sur les mathématiques, c'est-à-dire sur les Nombres, sur la Géométrie, sur l'Astronomie, et sur le fait que le Bien, c'est l'Un »[p. 42].

Platon reconnaît la valeur limitée de l'écrit[174] :

« L’écriture, Phèdre, a un grave inconvénient, tout comme la peinture. Les produits de la peinture sont comme s’ils étaient vivants ; mais pose-leur une question, ils gardent gravement le silence. Il en est de même des discours écrits. »

— Phèdre, 275 d

DansLa pharmacie de Platon, le philosopheJacque Derrida commente la pensée de Platon concernant la prédominance de la parole sur l'écrit qui se trouve dans le mythe de Thot (Theuth) dansPhèdre. Derrida expose ainsi lelogocentrisme présent dans la pensée platonicienne[175].

Platon fait allusion à des connaissances secrètes[p. 43] et à une connaissance plus fondamentale[176]. Cet enseignement oral peut être contemporain de la fondation de l'Académie selon H. J. Krämer, alors qu'il est plus tardif (vers-350) pour K. Gaiser[177].

La philosophe Marie-Dominique Richard résume ainsi le contenu de cet enseignement oral[178] :« Le platonisme non écrit est unedoctrine émanatiste, engendrant, par l'action réciproque des deuxprincipes, l'Un-Limite et la Dyade indéfinie du Grand et du Petit, les Nombres idéaux d'abord, puis les Idées, et, à partir des Idées, par un processus mathématique de détermination, le sensible lui-même ». Dans ses enseignements non écrits, Platon pose deux principes en dualité, c'est-à-dire opposés comme Bien et Mal, et ne dérivant pas l'un de l'autre : l'Un et la Dyade indéfinie du Grand (Excès) et du Petit (Défaut). Entre ces deux principes se placent donc des êtres intermédiaires oumetaxu. Platon identifie ici les Idées et les Nombres idéaux. Les objets mathématiques ne sont pas à la frontière de l'intelligible et du sensible, mais ils couvrent ces deux lieux. Platon établit cette hiérarchie :

  1. L'Un, le premier principe, Monade, identique au Bien ;
  2. Les Idées supérieures ou Nombres idéaux, les Nombres de la Décade : 1, 2, 3, et 4, qui correspondent respectivement aux dimensions du Tout (nombre, ligne, surface, volume) ;
  3. Les Idées particulières, faites de forme, la Monade, et de matière, la Dyade;
  4. L'Âme du monde, les êtres mathématiques, le système des âmes singulières ; à ce niveau agit le démiurge, qui compose les quatre Éléments avec des triangles (Timée, 55) ;
  5. Le sensible, le monde des corps visibles, le Tout, vivant et ordonné, représenté par un dodécaèdre ;
  6. Enfin, en bas, le second principe, la Dyade, le Grand-et-Petit, matière informe, cause matérielle de tous les êtres.

C'est le futur schéma dePlotin, avec ses troishypostases ou principes divins (Un, Intellect, Idées supérieures et Idées particulières, Âme). Les Nombres idéaux sont antérieurs aux Idées, et, semble-t-il, les Idées, qui procèdent donc des Nombres de la Décade, sont des Nombres. Cette théorie a été étudiée parLéon Robin (La théorie platonicienne des Idées et des Nombres d'après Aristote, 1908), et les témoignages ont été regroupés, édités et traduits par Marie-Dominique Richard[179],[180]. Aristote soutient que la théorie de l'Un et de la Dyade préfigure sa propre distinction de la cause formelle et de la cause matérielle[181] ; les néoplatoniciens pythagorisants, commeSyrianos,Nicomaque de Gérase,Jamblique, ont assimilé le Un à laMonade, ils identifient l'opposition Limite – Illimité duPhilèbe (16 c) avec la Monade – Dyade des pythagoriciens[182]. Certains spécialistes, dont Harold Cherniss[183], nient cet enseignement oral. D’aprèsThéophraste, Platon[184] tendait à identifier l’Idée du Bien avec le Dieu suprême. Le bien est lavaleur normative de lamorale, avec comme opposé lemal.

Chronologie des dialogues de Platon

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Article détaillé :Dialogues de Platon.

Platon aurait écrit 35 dialogues. On s'accorde en général à reconnaître trois grands groupes de dialogues : les dialogues socratiques et brefs, où Socrate joue le premier rôle, les dialogues intermédiaires marqués par de vastes schèmes métaphysiques, commeLa République etLe Banquet, et les dialogues tardifs, telsLes Lois, où Socrate perd son rôle de protagoniste et où Platon traite de problèmes philosophiques de manière plus détaillée[185]. Les spécialistes de stylistique, de statistique lexicale[186] et d'histoire des idées ont classé les 35 dialogues attribués à Platon en grands « groupes », sans toujours s'entendre sur la stricte succession de chacun ou sur la périodisation par groupes[187]. Ce classement en groupes, par le moyen de lastylométrie, se résume fondamentalement aux quatre groupes suivants[188],[189] :

  1. Première période, premières œuvres (399-390) : tous les dialogues qui ne sont pas dans les trois groupes suivants et sont rédigés peu après la mort de Socrate :Apologie de Socrate,Criton,Protagoras,Lachès.
  2. Première période, période de transition (390-385) :Ménon,Gorgias,Hippias Majeur,Euthydème,Lysis,Ménexène
  3. Deuxième période (maturité, 385 -370) :Le Banquet,Cratyle,Phédon,La République,Phèdre
  4. Troisième période (370-347) :Parménide,Théétète,Les Lois,Philèbe,Le Sophiste,Le Politique,Timée,Critias.

Cependant, Platon est un écrivain et un poète plein de ressources, et il paraît vain de vouloir classer chronologiquement ses œuvres à partir de critères stylistiques.

Détails de l'œuvre

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Catégorie principale :Œuvre de Platon.

L'ensemble des œuvres de Platon se compose de plus d'une trentaine de dialogues, de lettres, d'un livre de définitions et de six dialogues apocryphes. La liste suivante suit l'ordre chronologique proposé parLuc Brisson. Les sous-titres, donnés entre parenthèses, ne sont pas de Platon, mais dePomponius Atticus, selon Luc Brisson.

Éditions

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Consulter laliste des éditions des œuvres de cet auteurliste des éditions.

  • Omnia Platonis Opera, Venise, 1513.
  • Platonis omnia Opera cum commentariis Procli in Timaeum et Politica, Bale, 1534.
  • Platonis Opera quae extant omnia, ex nova Joan. Serrani interpretatione, perpetuis ejusdem notis illustrata, 3 vol., Genève, H. Estienne, 1578.
Cette édition marque le commencement des travaux philosophiques modernes sur Platon[190].

Traductions

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Les traductions d'Émile Chambry sont considérées comme imprécises, celles deLéon Robin comme les plus rigoureuses ; d'aprèsLuc Brisson,« quand on a le texte grec devant les yeux, on s’aperçoit qu’il ne manque rien à ces traductions, et qu’elles ont un souci de rendre compte de tous les mots »[153]. Cette exactitude tend toutefois à rendre le texte français difficile à lire. Pour les notices sur la vie de Platon et sa philosophie, Émile Chambry s'est très fortement inspiré d'Alcinoos de Smyrne, qui a composéEnseignement des doctrines de Platon.

On peut retrouver un certain nombre de textes traduits surWikisource.

Il existe également des conseils pour la lecture surWikibooks.

Honneur

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L'astéroïde(5451) Platon porte son nom.

Notes et références

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Notes

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  1. En raison de sa largeur d'épaules : l'adjectifπλατύς /platús signifie « large et plat ».
  2. Les lutteurs argiens étaient réputés.
  3. Il figure dans leThéétète, 143-144.
  4. La musique joue un rôle important pour préserver, perfectionner ou ruiner les institutions :Platon,Les Lois[détail des éditions][lire en ligne], II, 659 b-c et III, 701 a ;La République, 401 d.
  5. EnTurquie actuelle, à l'embouchure de l'Hèbre.
  6. Disciple est entre guillemets à dessein : le terme pourrait être exagéré, si l'on en croit Platon quand il fait dire à Socrate :« Pour ma part, je n'ai jamais été le maître de personne ».
  7. Diogène Laërce mentionne le fait suivant :« On raconte que Socrate eut un songe : il vit sur ses genoux uncygne [oiseaututélaire d'Apollon] qui se couvrit de plumes et s’envola. Le lendemain, Platon vint se joindre à lui comme disciple. Et Socrate déclara que Platon était l'oiseau qu'il avait vu en songe ».
  8. Platon aborde cette question dans le premier livre de laRépublique et dans leGorgias.
  9. L'interprétation « dualiste » de Platon est illustrée par des philosophes qui, commeNietzsche, voient en Platon un contempteur du devenir. Il n'y a toutefois qu'une et une seule réalité chez Platon, qui est la réalité dite intelligible, le monde sensible étant toujours perçu et pensé par l'intermédiaire de cette réalité qui le constitue comme monde sensible.
  10. Platon propose ainsi une réfutation de la possibilité de la connaissance desIdées dans leParménide. DansLe Sophiste, il montre que l'absence de modèle intelligible menace de transformer, dans sa totalité, le monde sensible ensimulacre.

Œuvres philosophiques citées

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Les passages cités engrec ancien sont tirés de l'édition John Burnet.
  1. D'aprèsDiogène Laërce :« Platon naquit la quatre-vingt-huitièmeolympiade, le sept mai, jour anniversaire de la naissance d'Apollon àDelphes. […] Platon [naquit] sous l'archontat d'Aminias, vers le temps de la mort de Périclès. Il était du dème de Collytos ».
  2. Timée,20e.
  3. Diogène Laërce, III, 1,p. 391.
  4. « Platon fut ainsi nommé à cause de son extérieur » (Apulée,De Platone et dogmate eius, I).
  5. Olympiodore le Jeune,Commentaire sur le Premier Alcibiade de Platon (VIe siècle).
  6. Diogène Laërce, III, 4,p. 395.
  7. Diogène Laërce, 1999,p. 373.
  8. Charmide,155 a.
  9. Timée 20 d.
  10. Platon,La République[détail des éditions][lire en ligne], VI, 496 a ; VII, 519.
  11. Lettres,lettre VII, 324.
  12. Diogène Laërce, III, 35,p. 416.
  13. a etbPhédon, 59 b.
  14. Diogène Laërce, III, 6.
  15. Diogène Laërce, III, 6,p. 396.
  16. La République, IV, 436 a ; V, 470 c.
  17. Diogène Laërce,Vies, doctrines et sentences des philosophes illustres[détail des éditions], III, 8.
  18. Phédon, 108-110.
  19. Parménide, 127-136 ;Le Sophiste, 249-253. Solution mythique :Timée, 29-47.
  20. Le Politique, 269 c ;Théétète, 176 a.
  21. Lettre VII, 329 c-330 a.
  22. Plutarque,Vies parallèles,Dion, 20-22.
  23. Diogène Laërce, III, 9,p. 398.
  24. Lettre VII, 350.
  25. Diogène Laërce, III, 2,p. 392.
  26. Censorinus,Du jour natal ; Sénèque,Lettres à Lucilius, 53, 31.
  27. Lettre VII, 324 d-325 a.
  28. La République, Livre II, VIII, IX.
  29. La République, livre II, 381 e etsq., III, 383 a etsq..
  30. Dans laRépublique, III, 414 b-c et sq., par exemple, le mythe des trois âges est présenté comme une histoire à raconter aux enfants pour leur faire accepter l'ordre social qu'il proposait d'instaurer.
  31. La République,509 d-511 e.
  32. La République, 476 d – 480 a.
  33. « Toute âme est immortelle. Tout ce qui se meut soi-même est immortel »,Phèdre 245 c.
  34. « Ce qui porte le nom d'âme, quelle est la définition ? (…) le mouvement qui est capable de se mouvoir lui-même ».
  35. Diogène Laërce, VIII, 30.
  36. La République, III, 392 a.
  37. Phèdre, 245.
  38. Phèdre, 230 e–257 b.
  39. Lois, 644 d–645 c.
  40. La République (Platon), 427 d etsqq..
  41. Aristote,Physique, IV, 2, 209 b 15.
  42. Aristoxène,Éléments d'harmonie, II, 10.
  43. Lettre VII, 341 c-d ;Phèdre, 274-278.

Références

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  1. Prononciation engrec ancienretranscrite selon lanorme API.
  2. a etb« Plato (427-347 B.C.) stands at the head of our philosophical tradition, being the first Western thinker to produce a body of writing that touches upon the wide range of topics that are still discussed by philosophers today under such headings as metaphysics, epistemology, ethics, political theory, language, art, love, mathematics, science, and religion »(en)The Cambridge Companion to Plato,p. 1.
  3. Alfred North Whitehead,Procès et réalité,,p. 63.
  4. Sur la vie de Platon, tous les documents ont été rassemblés dans(en) A. Swift Riginos,Platonica. The Anecdotes concerning the Life and Writings of Plato, Leyde,Éditions Brill,.
  5. « De Platone et eius dogmate - Wikisource », surla.wikisource.org(consulté le).
  6. Olympiodore, philosophenéoplatonicien, a placé une biographie de Platon au début de sonCommentaire de l'Alcibiade.
  7. Diogène Laërce,Vies et doctrines des philosophes illustres, Le livre de poche,coll. « La Pochothèque »,,p. 372.
  8. ab etcRobin 1935,p. 2.
  9. Élien,Histoires variées[lire en ligne], III, 17.
  10. Brisson 2008,p. IX.
  11. Maurice Croiset, Introduction auxŒuvres complètes de Platon, éditions des Belles Lettres, 1970,p. 2.
  12. Pierre Pellegrin,Platon : Apologie de Socrate,Nathan,coll. « Les Intégrales de philo »(lire en ligne).
  13. Entretiens, I, 8, 13.
  14. Iconoq. grecq., I, 169, pl. XVIII.
  15. a etbVies, doctrines et sentences des philosophes illustres, III, 1.
  16. Plutarque,De Musica, XVII.
  17. Diogène Laërce,Vies, doctrines et sentences des philosophes illustres, III, 1.
  18. « Platon et les régimes politiques », surphilosciences.com(consulté le).
  19. Élien,Histoires variées[lire en ligne], III.
  20. Élien,Histoires variées[lire en ligne], II, 30.
  21. Plutarque,Vies parallèles[détail des éditions][lire en ligne],Solon, 2.
  22. Diogène Laërce,Vies, doctrines et sentences des philosophes illustres[détail des éditions]Platon, III, 6.
  23. L'Égypte, la Grèce et l'école d'Alexandrie, L'Harmattan, 2005,p. 101-121.
  24. Frédéric Mathieu 2014,p. 24-106.
  25. Timée, 21-24.
  26. Critias, 108 d, 110 b, 113 a.
  27. Les Lois (V, 747 c).
  28. Luc Brisson, « L'Égypte de Platon »,Les Études philosophiques, 1987,p. 153-168 ; « les quatre« topoi » (lieux communs) qui figurent dans leBusiris de son amiIsocrate ».
  29. B. Mathieu, « Le voyage de Platon en Égypte »,in Annales du Service des antiquités d'Égypte (ASAE), 71 (1987),p. 153-167.
  30. Photios, la Bibliothèque : notice 249.
  31. Timée, 58 d.
  32. Jean Philopon (VIe siècle),Commentaire sur le De anima d’Aristote, trad., Louvain, 1966.Tzétzès (XIIe s.),Chiliades, VIII, 973. H. D. Saffrey, « Une inscription légendaire »,Revue des études grecques, Paris, Tome LXXXI, 1968,p. 67-87.
  33. Aulu-Gelle,Nuits attiques, III, 13 :« Démosthène, pendant sa jeunesse, lorsqu'il était disciple de Platon, ayant entendu, par hasard, l'orateurCallistrate prononcer un discours dans l'assemblée du peuple, quitta l'école du philosophe pour suivre l'orateur. Démosthène, dans sa première jeunesse, allait souvent à l'Académie, où il suivait assidûment les leçons de Platon. Un jour Démosthène, sortant de chez lui pour se rendre, selon sa coutume, à l'école de son maître, voit un nombreux concours de peuple ; il en demande la cause : on lui répond que cette multitude court entendre Callistrate. Ce Callistrate était un de ces orateurs publics d'Athènes que les Grecs appellent démagogues. Démosthène se détourne un instant de sa route pour s'assurer si le discours qui attirait tant de monde était digne d'un tel empressement. Il arrive, il entend Callistrate prononcer son remarquable plaidoyer sur Oropos. Il est si ému, si charmé, si entraîné, qu'aussitôt, abandonnant Platon et l’Académie, il s'attache à Callistrate ».
  34. Aristote,Politique(lire en ligne), V, X, 1311 b 21.
  35. Pierre Pellegrin 2014,p. 2464.
  36. Diogène Laërce,Vies, doctrines et sentences des philosophes illustres[détail des éditions], III, 46.
  37. Brisson 2008,p. XII.
  38. SelonLéon Robin dansLa Théorie platonicienne des Idées et des Nombres, publié en 1908, etPierre-Maxime Schuhl.
  39. Pierre-Maxime Schuhl,L'Œuvre de Platon,Vrin, 1961[Où ?].
  40. Eduard Zeller,La philosophie des Grecs, trad. É. Boutroux, 1877.
  41. Maurice Croiset, Introduction auxŒuvres complètes de Platon, éditions des Belles Lettres, 1970,p. 9.
  42. (en) ANSA, « ANSA/Herculaneum papyri reveal Plato's burial place »(consulté le)
  43. Mathilde Ragot, « La tombe perdue de Platon localisée grâce à un papyrus calciné d'Herculanum », surgeo.fr,(consulté le)
  44. Simone Weil,La Source grecque, Gallimard, collection Espoir, 1953,p. 77 à 136.
  45. LaetitiaMonteils-Laeng,« La figure du sophiste selon Platon. Protagoras ou les ambivalences du savoir public », dans Arnaud Macé (dir.),Le Savoir public : La vocation politique du savoir en Grèce ancienne, Besançon, Presses universitaires de Franche-Comté,(ISBN 978-2-84867-456-8,DOI 10.4000/books.pufc.23682,lire en ligne),p. 265–282
  46. Brisson et Fronterotta 2006,p. 13.
  47. Brisson et Fronterotta 2006,p. 15.
  48. Aristote,Métaphysique, I, 6, 1, 987 a 30.
  49. Tusculanes Disput. 1, 17, 39.
  50. a etb(en)Bertrand Russell,History of Western Philosophy : and its connection with political and social circumstances from the earliest times to the present day, Londres,Routledge,, 842 p.(ISBN 0-415-07854-7),p. 122-124.
  51. (en) R. M. Hare, « Plato » in C.C.W. Taylor, R.M. Hare and Jonathan Barnes,Greek Philosophers, Socrates, Plato, and Aristotle, Oxford : Oxford University Press, 1999 (1982), 103–189, ici 117–199.
  52. C.C.W. Taylor, R.M. Hare, Jonathan Barnes :Greek Philosophers, Socrates, Plato, and Aristotle, Oxford University Press, Oxford, 1999,p. 103ff, ici 17-9.
  53. Brisson et Fronterotta 2006,p. 17.
  54. Aristote,Métaphysique, A, 987a 32.
  55. Pellegrin 2014,p. 1749, note 2..
  56. et de celle dePythagore : Diogène Laërce, III (Platon) :« Il fit une synthèse des théories de Pythagore, d'Héraclite et de Socrate, prenant à Héraclite sa théorie de la sensation, à Pythagore sa théorie de l'intelligence, à Socrate sa politique. » (traduction R. Grenaille).
  57. Brisson et Fronterotta 2006,p. 16.
  58. Apologie de Socrate, 33 a.
  59. Brisson 2008,p. 113.
  60. Chapitre III.
  61. Léon Robin, Notice à l’Apologie de Socrate, éditions des Belles Lettres, 1967,p. 131.
  62. Léon Robin, Notice duPhédon, éditions des Belles Lettres, 1967,p. XIX.
  63. Lire Platon de Luc Brisson,p. 24 ;Léon Robin, Notice auPhédon, éditions des Belles Lettres, 1967,p. XII.
  64. Brisson et Fronterotta 2006,p. 26.
  65. Jules Humbert, Henri Berguin,Histoire de la Littérature grecque, Didier,p. 256-257.
  66. Brisson et Fronterotta 2006,p. 3-11.
  67. Kraut 2013,p. 1.
  68. a etbMonique Dixsaut 2012,p. 17.
  69. Julia Annas, « Platon », dansJacques Brunschwig etGeoffrey Lloyd,Le Savoir grec, Flammarion, 1996,p. 734.
  70. Julia Annas, « Platon », dansJacques Brunschwig etGeoffrey Lloyd,Le Savoir grec, Flammarion, 1996,p. 753.
  71. Koyré 2004,p. 20.
  72. Monique Dixsaut 2012,p. 27-28.
  73. Platon (trad. Émile Chambry), « Théétète »[PDF], surBibliothèque électronique du Québec,(consulté le),p. 237.
  74. Voir pages 5 et suivantes dans « Money of the Mind : Dialectic and Monetary form in Kant and Hegel », Marc Shell, inIntimate conflict : contradiction in literary and philosophical discourse : a collection of essays by diverse hands, SUNY Press, 1992.
  75. Voir pages 99 et suivantes inPlato on Knowledge and Reality, Nicholas P. White, Hackett Publishing, 1987.
  76. Boethius's in Ciceronis Topica : An Annotated Translation of a Medieval Dialectical Text, Anicius Manlius Severinus Boethius, (traduction et contribution : Eleonore Stump), Cornell University Press, 2004,p. 25.
  77. Timée, 38 a 3.
  78. J.-F. Pradeau,Les mythes de Platon, Paris, GF, 2004 (« Introduction »,p. 31).
  79. Édouard Zeller,La Philosophie des Grecs t. 2, Paris, 1882,p. 482 et sq.
  80. VoirDictionnaire Platon,Luc Brisson et L.F. Pradeau[réf. non conforme].
  81. Protagoras proposait d'enseigner quoi que ce soit, après avoir demandé à l'intéressé une évaluation du prix de l'enseignement de la science souhaitée.
  82. Vors. 146, 1-4,Sur les Sensations, 1.
  83. D’aprèsAlcinoos de Smyrne :De la Doctrine de Platon, VI.
  84. Phédon, trad. É. Chambry, 77 a.
  85. Phédon, 100 c-d.
  86. Jean-François Pradeau,« Ce que Platon n’a pas dit », Platon, Le Point, Hors-série no 2, Presses universitaires de France,,p. 100.
  87. Platon,La République[détail des éditions][lire en ligne], VI, 509et passim.
  88. Lois, X, 895 e-896 a.
  89. Phédon, 65 a, 77 a, 80 a, 105 c.
  90. Livre IV, 436-441.
  91. 246 a, 253 c.
  92. Timée, 69 c, 89 e.
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  152. Léon Robin (1935, p. v) affirme que si Platon est un grand artiste, il ne faut pas oublier qu'il a également enseigné une doctrine, ce qui suppose un réel effort de systématisation, voire une dogmatique, dont les dialogues seraient le reflet littéraire.
  153. a etbEntretien avec Luc Brisson (5) : Traduire Platon.
  154. Luc Brisson, « Introduction » à l’Apologie de Socrate, GF, 1997,p. 80-81.
  155. CommeSocrate,Aristote etThéophraste, Platon avait sa définition de la beauté :« le privilège de la nature » (Diogène Laërce,Vies, doctrines et sentences des philosophes illustres[détail des éditions], V, 220).
  156. LétitiaMouze,« Le style allégorique de Benjamin et de Platon », dansLe style des philosophes, Besançon, Presses universitaires de Franche-Comté,(ISBN 978-2-84867-192-5,DOI 10.4000/books.pufc.26662,lire en ligne),p. 171-181
  157. L'une des plus connues étant celle deLéon Robin. Cf.Robin 1935.
  158. « L'économie philosophique de la théorie des idées », inPradeau 2001.
  159. Brisson et Fronterotta 2006, Avant-propos.
  160. Nuits attiques (L.1, V).
  161. « Les nombres entiers me semblent exister en dehors de nous et en s'imposant avec la même nécessité, la même fatalité que le sodium, le potassium, etc. » inCorrespondance avecStieltjes, janvier 1889, Paris, Gauthiers-Villars, 1905, t. I,p. 332.
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  168. Karl Popper,La Société ouverte et ses ennemis [« The Open Society and Its Enemies »],t. 1 :L'ascendant de Platon,.
  169. Notamment l'idée que la pensée (sous sa forme logique) est indépendante des représentationspsychologiques subjectives.cf.Gottlob Frege,« 1 - Recherches logiques », dansÉcrits logiques et philosophiques, Seuil,coll. « Points-Essais »,.
  170. « Comme chez Frege, l'affirmation russellienne de l'autonomie ducontenu propositionnel simplement considéré par rapport àtout acte réel de jugement n'est à vrai dire qu'une facette d'un objectivisme logique plus large qui confine au réalisme platonicien. »Bruno Leclercq (préf. Ali Benmakhlouf),Introduction à la philosophie analytique,De Boeck,, 311 p.(ISBN 9782804156749,OCLC 300231395,BNF 41262968),p. 53.
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Bibliographie

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Biographies de Platon

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Philosophie et politique chez Platon

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  • EricBrown,« Plato's Ethics and Politics inThe Republic », dansThe Standford Encyclopedia of Philosophy,(lire en ligne)
  • ChrisBobonich et KatherineMeadows,« Plato on utopia », dansThe Standford Encyclopedia of Philosophy,(lire en ligne)
  • DorotheaFrede,« Plato's Ethics : An Overview », dansThe Standford Encyclopedia of Philosophy,(lire en ligne)
  • LucBrisson,Introduction : Timée et Critias, GF Flammarion,, 450 p.
  • LucBrisson,Introduction : Platon : La République, GF Flammarion,, 799 p.
  • LucBrisson et Jean-FrançoisPradeau,Introduction : Politique (Platon), GF Flammarion,, 319 p.
  • MoniqueDixsaut,Platon, Vrin,, 272 p.
  • AlexandreKoyré,Introduction à la lecture de Platon, nrf Gallimard,, 229 p.

Études

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Ouvrages généraux

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Sur les dialogues
Sur Platon, les mathématiques et les sciences
Sur les Formes Intelligibles
Études diverses

Sur Socrate et Platon

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Éthique et politique

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Livres-audio

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Voir aussi

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Articles connexes

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En1935, l'Union astronomique internationale a donné le nom dePlaton à uncratère lunaire.

Liens externes

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Papyri

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Éditions et traductions en ligne

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Bibliographie

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Répertoires de ressources philosophiques antiques

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Articles

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Ressources

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