Cet article concerne l'élément chimique, le corps simple et les composés de combinaison. Pour les autres significations du mot « platine », voirPlatine (homonymie).
H228 : Matière solide inflammable P210 : Tenir à l’écart de la chaleur/des étincelles/des flammes nues/des surfaces chaudes. — Ne pas fumer. P240 : Mise à la terre/liaison équipotentielle du récipient et du matériel de réception. P241 : Utiliser du matériel électrique/de ventilation/d’éclairage/…/antidéflagrant. P280 : Porter des gants de protection/des vêtements de protection/un équipement de protection des yeux/du visage. P370+P378 : En cas d’incendie : utiliser … pour l’extinction.
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Divulgation à 1,0% selon la liste de divulgation des ingrédients Commentaires : La dénomination chimique et la concentration de cet ingrédient doivent être divulgués sur la fiche signalétique s'il est présent à une concentration égale ou supérieure à 1,0
LesConquistadors hispaniques nomment d'emblée le métal « platina » (petit argent) quand ils le découvrent sousforme native enColombie actuelle. Les savants le considèrent par principe comme une impureté de l'argent, une sorte de « petit argent brillant » par mépris, et les autorités régaliennes espagnoles, ayant le monopole du bon minerai et des métaux recherchés, s'empressent de le mettre au rebut et de le rejeter dans les fleuves car ils redoutaient les fraudes diverses, telles l'imitation de pièces d'argent[8]. Les Indiens et les colons à l'esprit pratique (il s'agit d'un métal inaltérable, relativement malléable et très ductile) s'en servaient pour de multiples usages, ustensiles divers, balles, pierres à fusils, en théorie illégaux et interdits sous peine de mort.
À son retour en Europe (1744), le navire français dut se rendre auxautorités britanniques duport de Louisbourg[9]. Quoiqu’il fût bien traité en Angleterre et admis plus tard comme membre de laRoyal Society,d'Ulloa captif n'eut pas le droit de publier avant1748[réf. nécessaire].Charles Wood rapporta en Angleterre les premiers échantillons natifs de ce métal en1741[8], avant que le médecin et chimisteWilliam Brownrigg[10], avec l’aide de Ulloa, le décrive enminéralogie en 1748. Mais il fallait disposer de l'usage d'unchalumeau performant, mis au point plus tard par les chimistes et minéralogistessuédois à la fin duXVIIIe siècle, pour initier les rudiments de lachimie du platine, comme sa mise en forme enjoaillerie. Il faut donc se résigner à admettre, sans oublier l'héritage savant, que c’est le chimiste anglaisWollaston qui a démontré en 1803 que le corps simple métallique est bien issu d'un élément particulier, nomméplatinum enlatin ou enanglais savant, soitplatine enfrançais,Platin enallemand,platino enitalien ou enespagnol.
Symbole alchimique du platine
Le symbolealchimique du platine a été créé tardivement après par « fusion » ou accolement des symboles, respectivement lunaire et solaire, de l'argent et de l'or.
Cemétal de transition fait partie du sous-groupe ou triade du nickel, avec le nickel et le palladium, et dans un sens plus large, au sous-groupe deséléments du groupe 10. Ce métal lourd figure, avec l'osmium et l'iridium, parmi leséléments de la période 6.Mais le nickel se distingue des deuxplatinoïdes Pd et Pt : il possède des formes ioniques simples et se révèle globalement plus réactif.
Histoire des unités métriques, électrochimiques et d'éclairage
Le platine naturel est un mélange de sixisotopes, dont cinqstables (192Pt,194Pt,195Pt,196Pt et198Pt) et unradioactif primordial. Ce dernier,190Pt, a une très longuedemi-vie (650 milliards d'années) et une abondance très faible (0,01 %, soit 100ppm). On connaît de nombreux autresradioisotopes, dont le plus stable après190Pt est193Pt, dont la demi-vie est de 50 ans.
Abondance naturelle, minéralogie et géologie, gisement et production
Présent dans la nature, le platine et ses alliages sont connus depuis longtemps. Le platine est unmétal noble résistant à lacorrosion, on le trouve souvent associé à certains minerais decuivre ou denickel, plus rarement sous forme de dépôts natifs (enAfrique du Sud notamment).
Platine natif (grains et petites pépites roulés des placers en haut, amas de gisement quasi-primaire en bas)
Le platine se trouve à l'état natif dans les gisements dits primaires, avec ses principaux minerais et/ou les roches magmatiques ultrabasiques tels que lesdunites, leplatine natif est le plus souvent allié avec d'autres métaux (Ir, Pd, Au, Fe, Cu, Ni...). Comme il est quasi-inaltérable et dense, ce platine se retrouve sur les gisements secondaires, en l'occurrence desplacers souvent très proches de ces premières zones primaires.
Notons qu'aujourd'hui leminerai à base desperrylite (arséniure de platine, PtAs2) est la source principale dumétal. L'alliage platine/iridium naturel qu'est leplatiniridium se trouve aussi dans lecoopérite minéral (sulfure de platine, PtS).
Le platine, outre son occurrence à l'état natif souvent très localisée, est présent comme sous-produit intéressant à récupérer dans les minerais de nickel ou de cuivre.Le platine est en effet le plus souvent produit commercialement comme sous-produit du traitement du minerai denickel, qui en contient parfois deux grammes par tonne.
Ce corps simple est unmétal de transition de couleur blanche à gris-blanche, à reflet métallique, brillante[13]. Ce platinoïde lourd a une densité élevée avoisinant 21,4 ; il est assez mou et malléable, très ductile (il peut être tréfilé en fil très fin), rare et précieux et très résistant à la corrosion.
Il s'agit d'unmétal noble (avec l'argent et l'or), d'unmétal précieux non magnétique (pur), bon conducteur de la chaleur et de l'électricité. Son coefficient de dilatation thermique est proche de celui du verre.
Le platine natif ne s'altère pas à l'air et reste très stable sur un plan chimique. Il est possible de le chauffer au chalumeau sans ternissement de sa surface, même dans une zone en fusion partielle. Il s'agit d'un métal réfractaire.« Le platine roche », c'est-à-dire qu'il cloque, mousse ou forme des cloques en se solidifiant. En réalité, sa résistance à l'oxydation est relative, l'oxyde de platine PtO se forme à haute température et haute pression.
Néanmoins ce corps simple est globalement plus réactif que l'osmium ou l'iridium métallique.
Le platine est inattaquable par les bases fortes etacides forts, à l'exception notable de l'eau régale où il forme facilement un ion complexe hexachloroplatinique soluble, l'ionhexachloroplatinate [Pt(Cl6)]2−, ainsi en milieu aqueux acide, où existe l'acide hexachloroplatinique H2[Pt(Cl6)].
Citons ses propriétés physico-chimiques remarquables, en ce qui concerne l'adsorption et lacatalyse. Un fil fin de platine peut initier et favoriser la décomposition de la vapeur deméthanol en gazdihydrogène et enméthanal. Il s'agit d'un des premiers métaux précieux utilisés en catalyse dans la synthèse de l'acide sulfurique. Il est parfois présent dans les pots d'échappement à l'état finement divisé, sous l'aspect d'une matière dénommée mousse de platine. Notons que les diverses éponges ou mousses de platine étaient fabriquées à l'origine par divers procédés thermiques, au contraire dunoir de platine obtenu par réduction de corps organo-platiniques en solution aqueuse et précipitation chimique en fines particules.
À température ambiante, une éponge ou mousse de Pt peut adsorber, c'est-à-dire fixer sur sa grande surface spécifique, cent fois son poids de gaz dihydrogène, et parfois jusqu'à vingt fois son poids de gaz dioxygène. De plus la mousse de platine chauffée libère ses gaz, sans les dénaturer. Ce métal d'adsorption est connu depuis les travaux pionniers deSirHumphry Davy en 1817, cette reconnaissance ayant ouvert le champ de lacatalyse en chimie.
L'état d'oxydation IV est beaucoup plus stable que dans le cas du palladium. Il existe le monoxyde de platine PtO et le dioxyde de platine PtO2. Le platine réagit avec le fluor au-delà de300 °C :
Ptsolide cristal + 2 F2gaz → PtF4
Elle peut d'ailleurs se poursuivre en obtenant PtF5 et PtF6.
L'attaque par le gaz dichlore nécessite une haute température. On obtient PtCl2 et PtCl3. De même avec les autres halogènes plus lourds, PtBr2 et PtBr3 ou PtI2 et PtI3.
Le platine, à l'instar des autres platinoïdes, est attaqué par les corps simples soufre et phosphore, ainsi que de nombreux semi-métaux As, Se, Te, Sb, Pb...
Le platine a une nette propension à former des complexes.
Le platine interagit avec de nombreuses molécules, ce qui en fait uncatalyseur très recherché. À température ambiante, il résiste cependant à de nombreuses attaques chimiques : il ne s'oxyde pas à l'air libre, et n'est corrodé que par lescyanures, leshalogènes, lesoufre et lesmétaux alcalins caustiques. Sauf à l'état de micro- ou nanoparticules, il est insoluble dans l'acide chlorhydrique HCl et dans l'acide nitrique HNO3, mais il se dissout dans l'eau régale (mélange de ces deux acides). Le platine ne s'oxyde ni à l'air ambiant ni en présence d'oxygène O2 pur, mais, en faisant réagir de l'acide chloroplatinique H2PtCl6·6H2O avec divers sels azotés, on obtient un nitrate de platine qui, une fois réduit, donne unoxyde hydraté de platine qui pourra être encore réduit endioxyde de platine PtO2, un oxyde lamellaire stable semblable aurutile TiO2 d'un point de vuecristallographique[14], qui a également un pouvoir catalytique (catalyseur d'Adams), et qui peut être réduit en platinecolloïdal par l'hydrogène H2 afin d'obtenir par exemple un catalyseur beaucoup plus puissant appelénoir de platine, très réactif de par sa surface particulière. On peut obtenir aussi, par un procédé en partie semblable, uneéponge de platine, un autre type de catalyseur en platine pur, qui offre de même une large surface, comparable au noir de platine.
Les caractéristiques catalytiques du platine, comme celles des six autres métaux dugroupe du platine, sont exceptionnelles. Ainsi, un mélange d'hydrogène H2 et d'oxygène O2 explose en présence de platine : le platinecatalyse la réaction, qui est exothermique, l'élévation de température consécutive provoque alors un emballement de la réaction, d'où l'explosion. Sous certaines formes, le platine est un puissant toxique (il détruit l'ADN en empêchant ladouble hélice de se dérouler), ce pourquoi il est utilisé pour traiter certainscancers (chimiothérapie) en bloquant le processus de division rapide normal de certaines cellules (dont celles qui font pousser les cheveux, d'où unechute des cheveux lors de certaineschimiothérapies).
Il est utilisé enbijouterie, en horlogerie, dans les équipements de laboratoire, en médecine dentaire (réalisation de fausses dents en alliage or-platine), pour certains contacts électriques et surtout dans lespots catalytiques des véhicules.
Bague de diamant avec monture en platine.
Le platine est très utilisé en bijouterie, dans les contacts électriques, dans lescreusets et dans les fourneaux électriques à haute-température.
La photographie : laplatinotypie est un procédé de tirage photographique breveté par William Willis en 1873 et, amélioré dans les années soixante parIrving Penn, est devenu ce que l'on appelle couramment letirage platine-palladium.
Il peutadsorber une grande quantité dedihydrogène, qu'ilrelâche lorsqu'il est chauffé. Son utilisation dans la conception d'un conteneur d'hydrogène associé à despiles à combustible est à l'étude.
L'industrie chimique utilise une quantité significative de platine ou d'alliage platine-rhodium sous forme degaze (filet fin) pour catalyser l'oxydation partielle de l'ammoniac pour produire de l'oxyde nitrique, qui entre dans la composition d'engrais, d'explosifs et de l'acide nitrique.
Des catalyseurs au platine sont utilisés dans le raffinage et la transformation dupétrole, ainsi que dans d'autres processus de la production d'essence et decomposés aromatiques dans l'industrie pétrochimique.
Utilisé pour recouvrir le nez desmissiles, les injecteurs desmoteurs à réaction et des dispositifs qui doivent pouvoir fonctionner durablement à haute température.
Un fil de platine fin porté à incandescence est un catalyseur de la réaction de transformation duméthanol (vapeur) enformaldéhyde. Ce phénomène a eu une application commerciale dans la fabrication de briquets ou de chaufferettes à alcool.
Lecisplatine [PtCl2(NH3)2] et lecarboplatine sont certaines des substances les plus efficaces dans le traitement de certains types decancer dont laleucémie, lecancer du testicule ou lecancer de la vessie. Ces composés se lient à l'ADN de manière bifonctionnelle (deuxliaisons covalentes avec deuxbases puriques sur le même brin d'ADN ou deux brins différents). Ces liaisons créent une torsion dans la double hélice et entraînent donc l’inhibition de latranscription et donc la mort de lacellule (apoptose). L'utilisation de ces complexes de platine est efficace mais entraîne de lourds effets secondaires car ils ne s'attaquent pas seulement aux cellules cancéreuses. Parmi eux on compte la néphrotoxicité (attaque des reins), l'ototoxicité (perte d'audition) ou encore des allergies. C'est pourquoi d'autres composés, de formule cis-[Pt(NH3)2(N-hétérocycle)Cl]Cl[16], sont à l'étude. Ces autres complexes de platine sont monofonctionnels et inhibent la transcription grâce à la gêne stérique créée par l'hétérocycle.
Si sa dureté et sa rareté sont prisées, par symbolisme, pour les fiançailles et les mariages, il est donc sévèrement concurrencé par l'or. Avant lacrise financière de 2008, l'once de platine valait environ 2 000 dollars, contre 1 000 à l'or. Une décennie plus tard la tendance s'est inversée[17].
Le platine offre surtout un gros avantage sur l'or pour la joaillerie sur le plan de la durabilité parce que trois fois plus résistant aux frottements. Par conséquent c'est un métal bien plus durable que l'or pour des bijoux fins tels que les chaînes pour bracelets ou colliers.
Le platine se différencie facilement de l'or jaune et de l'or blanc par son aspect blanc gris et sa densité supérieure à l'or ainsi que par sa température de fusion bien plus importante que celle de l'or. Le platine est 10 % plus dense que l'or pur et 56 % plus dense que l'or14 carats. Il se différencie également facilement de l'argent par sa couleur plus grise et moins brillante que l'or et par sa densité presque deux fois plus élevée que celle de l'argent.
Quand il est pur et massif, le platine ne posea priori aucun problème desanté environnementale.
Mais depuis qu'il est abondamment utilisé comme catalyseur on commence à le trouver dans tous les compartiments de l'environnement et notamment dans l'air urbain[18].La pluie lessive l'air, et les eaux de ruissellement l'apportent aux stations d'épuration urbaine, où il s'ajoute à celui qui provient des urines (dont celles de patients traités contre le cancer), des excréments et de certains rejets industriels. Dès le milieu des années 1990, on le retrouvait dans des boues d'épuration, avec des variations importantes liées à la météo (il y en a moins quand le temps est sec, et plus quand il est pluvieux[19]). Localement, l'industrie est une source qui, pour ce qui concerne la contamination des eaux usées, dépasse les apports automobiles (cela a été vérifié dans une grande zone industrielle de Munich[19]). Comparées à ceux des analyses de boues d'épuration de 15 stations d'épuration de petites villes rurales allemandes, les taux de platine des boues d'épuration munichoises étaient nettement plus élevés[19].
Le taux de platine augmente jusque dans l'urine humaine, et tous ses composés sont hautementtoxiques.
Sous leurs formesbiodisponibles, les platinoïdes se sont montrés bio-assimilables chez les plantes et animaux expérimentalement exposés. Ceci a été démontré chez diverses plantes terrestres ou aquatiques, pour des composés solubles et pour des particules liées au platine, au palladium et au rhodium[20].
Le platine des pots catalytiques, rare et coûteux tend à être remplacé par le palladium (ou associé à ce dernier). Dans les mêmes conditions, le palladium semble aussi bio-assimilable que le platine, voire plus que ce dernier.
Le palladium et le platine ont été dosés chez 22 espèces d'algues du littoral californien, avec une technique analytique nouvelle, très sensible[21] ; les teneurs dans ces algues variaient de0,09 à 0,61 ng/g pour le palladium et0,25 à 1,75 ng/g pour le platine (en matière sèche)[21].
Le ratio moyen de Pt/Pd trouvé dans ces algues était de 3,5 alors qu’il était de 4,5 dans la mer. On suppose donc que ces algues accumulent le palladium et le platine de l'eau de mer, sans discrimination, en raison de la similitude chimique de ces métaux[21].
Chez les animaux (espèces aquatiques principalement) expérimentalement exposés à des sels solubles ou à des substances catalytiques, la bioconcentration est également démontrée[20].
Les animaux filtreurs y sont notamment vulnérables : à titre d'exemple et de comparaison avec d'autres "métaux lourds", pour lamoule zébrée (Dreissena polymorpha) vivant en eau douce, la biodisponibilité des platinoïdes issus de poussières routières se situe entre celle ducadmium et duplomb[20], avec, peut-on supposer, deseffets synergiques.
Des versparasites des poissons ont également montré une capacité à bioaccumuler les platinoïdes (ils pourraient donc être utiles à la biosurveillance fine de milieux aquatiques[20]).
La bioassimilabilité et bioconcentration sont également observées quand ce sont des sédiments de rivières urbaines, de la poussière routière ou detunnel qui sont utilisés comme sources de platinoïdes pour l'expérience[20].
Parmi les platinoïdes, le platine semble moins bio-assimilable que le palladium, pour la faune comme pour la flore[20]. Cependant, sous forme de micro ou nanoparticules, le platine devient très actif, même à très faible dose.
Les composés du platine biodisponibles étaient très rares dans la nature. Mais ils sont maintenant produits en grandes quantités par l'industrie et largement répandus dans l'environnement, notamment via l'incinération, l'épandage de boues d'épuration[19] et lors du vieillissement despots catalytiques.
Par exemple, des analyses de166 échantillons d'air et des urines de 178 personnes (non exposées par leur profession) ont été faites à Munich de 1993 à 1996. Elles ont montré une très forte augmentation (triplement) des teneurs de l'air en trois ans (passant de 7,3 ± 6,5 pg/m3 en 1993-1994 à 21,5 ± 13,8 pg/m3 pour 1995-1996), avec jusqu'à 62 pg/m3. Le taux moyen de platine urinaire pour les 178 personnes était de6,5 ng/g de créatinine. La distribution anormale de ce platine dans la population (96 % des personnes testés avaient moins de 20 ng/g de créatinine (SD = 6,4; MEDIAN 4,3 =; MAX = 45 ng/g de créatinine) alors que quelques personnes en présentaient 3 à 4 fois plus. L'étude a montré que ces derniers étaient en faitcontaminés par des alliages dentaires or-platine qu'ils portaient[23].
On en trouve une quantité croissante dans les poussières des zones où la circulation automobile est importante. Par exemple à Mexico où les véhicules n'ont commencé à être équipés de pots catalytiques qu'en 1991[24].
Il en allait de même à Boston aux États-Unis, les taux de platinoïdes sont en forte augmentation parmi les particules PM10 inhalées par la population[25].
Plus la circulation était intense, plus le taux de ces métaux était élevé.
La cartographie de la pollution était fortement corrélée à celle du réseau routier et de la densité de circulation[26].
Bien qu'ils ne soient obligatoires en Europe que depuis 1993, l'identité et les proportions respectives de platinoïdes (Pt / Pd / Rh) correspondent à celles des pots d'échappement catalytiques, ce qui laisse supposer qu'ils sont bien à l'origine des valeurs de plus en plus élevées (même en Italie où l'État a autorisé les pots non-catalytiques jusqu'en[26].).
Les tunnels sont des zones où l'air est - plus qu'ailleurs-« enrichi » en particules de platinoïdes de petite et très petite taille (PM10 and PM2.5)[27], ce qui laisse penser qu'elles peuvent pour partie passer dans le sang via les poumons. Dans un tunnel étudié en Autriche, les taux variaient selon le point de prélèvement (distance par rapport à l'entrée), le taux de renouvellement de l'air par la ventilation, et le nombre de véhicules empruntant le tunnel. Les taux variaient de 38 ± 5,9 à 146 ± 13 ng émis en moyenne par véhicule et kilomètre, alors que les facteurs d'émission de palladium variaient de 13 ± 2,1 à 42 ± 4,1 ng.veh-1.km-1. La plus grande partie du Pt et Pd était présente forme d'aérosol dont la taille particulaire dépassait le PM10, mais 12 % et 22 % respectivement de ces platinoïdes était émis sous forme de particules assez fines (PM2)[27] pour être inhalées et passer dans le système sanguin et d'autres organes.
Les platinoïdes ont également augmenté dans lessédiments de rivières ou de lacs. Par exemple, dans un lac proche deBoston[28].
L'analyse de trois platinoïdes (Pt, Pd, Rh) dans les couches de sédiment montre une nette augmentation depuis l'apparition des pots catalytiques (teneurs6 à 16 fois plus importantes en 1992-2002 qu'avant l'introduction des catalyseurs)[28]. Les rapports de proportion entre ces éléments signent leur origineautomobile (c'est la même que celle de ces produits dans les pots catalytique des environ 500 millions de véhicules équipés de pots catalytiques circulant dans le monde vers 2004. Les teneurs eniridium et leruthénium (Ru) ont aussi augmenté après l'introduction des catalyseurs[28].
Le platine, le palladium et le rhodium ont été dosés dans des échantillons de neige fraîche prélevés à14 endroits de lavallée d'Aspe (Pyrénées, France) durant deux hivers, ( et)[29]. Les limites de détection étaient de 0,05, 0,45, et 0,075 pg/g respectivement pour le Pt, Pd et Rh[29].
La neige fraîche contenait de0,20 à 2,51 pg/g pour le Pt, de1,45 à 14,04 pg/g pour le palladium et de0,24 à 0,66 pg/g pour Rh. les teneurs les plus élevées étaient dans la plupart des cas trouvées près des axes routiers, sans lien direct ou évident avec le trafic routier. Durant l'étude la direction et l'origine des masses d'air atteignant la vallée ont été enregistrées, de manière à fournir des indices sur l'origine de ces platinoïdes[29].
Les teneurs étaient plus élevées en 2004 qu'en 2003. Les auteurs estiment que les platinoïdes trouvés dans la neige des Pyrénées en 2004 provenait du parc des véhicules européens, et de certaines activités minières russes[29].
Le taux de platine et platinoïdes catalytiques mesuré dans les neiges et glaces dupôle Nord a fortement augmenté entre1990 et2000 ; et les taux mesurés dans les couches deneige formées au milieu des années 1990 sont 40 à 120 fois plus élevés que ceux mesurés dans laglace datant de 7 000 ans, ce qui indique une contamination à large échelle de toute la troposphère de l'hémisphère Nord par les platinoïdes. Ici aussi, le rapport massique Pt/Rh des échantillons de neige la plus récente est proche du rapport moyen de ces catalyseurs dans les pots catalytiques, ce qui suggère aux auteurs de cette étude« qu'une grande partie de l'augmentation récente du Pt et Rh pourrait provenir de convertisseurs catalytiques d'automobiles »[30].
Alors que la contamination par l’osmium (Os) était autrefois associée aux tanneries, les changements récents de composition isotopique de l'osmium (également présent dans les pots catalytiques neufs, comme impureté) montrent une autre source anthropique pour cet élément. L’hypothèse que les catalyseurs automobiles sont une source d’iridium et d’osmium est encore renforcée par le fait que ces éléments sont les plus concentrés dans la poussière de tunnels routiers[28].
Bien que leur potentiel toxicologique et écotoxicologique soit encore mal connu, et qu'on n'ait pas encore détecté d'effets écologiques majeurs ou aigus attribuables avec certitude à ces platinoïdes anthropiques[20], des effets chroniques sur la biosphère sont suspectés, notamment car[20] :
sous forme de très petites particules, ce sont de puissants catalyseurs ;
leur augmentation est rapide et cumulative (effets synergiques potentiels) ;
leur augmentation semble déjà concerner tous les compartiments de l'environnement, et au moins tout l'hémisphère-nord[31] ;
leur disponibilité biologique est bien plus importante qu'on ne le pensait il y a quelques décennies ;
leur bioaccumulation est avérée pour de nombreuses espèces et plausible pour les autres.
La question d'éventuels effets sanitaires - via l'alimentation ou via l'inhalation de particules - se pose donc.
Dans tous les cas, les études sont compliquées par les difficultés techniques d'analyse des traces de Pt, Pd et Rh (bien que des techniques récentes permettent des mesures très précises en Pg/g d'échantillon) et surtout par d'importantes lacunes en matière de connaissance de leurs impacts environnementaux[20],[32].
De plus, les émissions (industrielles ou des pots catalytiques) changent dans leur composition. Par exemple, à Mexico, on a noté un pic en 1993, puis une moindre augmentation des taux de Pt-Pd-Rh[24], ce qui suggère que les premiers pots catalytiques perdaient plus rapidement qu'aujourd'hui une partie de leurs catalyseurs, soit parce que la technologie ne permettait pas une bonne adhésion des catalyseurs à la matrice du pot, soit parce que les conducteurs utilisaient des carburants inappropriés, ou pour ces deux raisons à la fois.
En 2014, la France est nette importatrice de platine, d'après les douanes françaises. Le prix moyen augramme à l'import était de 34 €[35].
Le platine est maintenant considéré comme un métal plus précieux que l'or, de telle sorte qu'une récompense de platine est symboliquement supérieure à une récompense d'or.
Le code ISO 4217 de l'once de platine est XPT[36].
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