La science des plantes est labotanique, qui dans son acception classique étudie aussi lesalgues et lescyanobactéries (qui n'appartiennent pas au règne desPlantae)[3]. L'ancien « règnevégétal » n'existe plus dans les classifications modernes (cladistes ouévolutionnistes)[4].
Les plantes ont été jusqu'au milieu duXXe siècle l'un des trois grands groupes dans lesquels les êtres vivants étaient traditionnellement répartis, les deux autres groupes étant celui desanimaux et celui desFungi plus connus sous le nom dechampignons. La division remonte aux environs du temps d'Aristote (384 av. J.-C. –322 av. J.-C.) qui différenciait les plantes, celles-ci ne se déplaçant pas, et les animaux souvent en mouvement pour attraper leurs proies. Dans sonHistoria Plantarum,Théophraste (371-288 av. J.-C.) décrit près de 480 plantes et est le premier à proposer une classification basée sur des caractères propres aux végétaux et non sur des caractères anthropocentriques. Il en envisage d'ailleurs plusieurs : selon lui, les végétaux peuvent être répartis en quatre groupes selon leur hauteur : lesarbres (dendron, d'où ladendrologie), arbrisseaux (thamnos), sous-arbrisseaux (phruganon) et plantes herbacées (poa) parmi lesquelles il classe les plantes potagères et les céréales. Le savant grec considère également possible de distinguer à l'intérieur de ces grandes catégories les espèces domestiques et les espèces sauvages ou encore les espèces terrestres et les espèces aquatiques[7]. Il désigne le végétal et la plante de la même manière, avec le terme grecphytos (d'où laphytologie) alors que lesRomains emploient les termes latins d’arbores etherbae[8].
Au cours duMoyen Âge apparaissent des usages botaniques pour les termesplanta etvegetabilis : le premier désigne les végétaux selon leur usage, c'est-à-dire à des fragments que l’on « plante », le second faisant référence au verbevegetare utilisé dans le vocabulaire religieux au sens de fortifier, vivifier, faire croître (d’un point de vue spirituel). À partir duXVIe siècle, les deux termes sont utilisés indistinctement ou alternativement pour désigner ce qui est vivant et immobile, par opposition àanimalia (vivant et mobile) et àmineralia (non vivant et immobile)[8]. À cette époque, desbotanistes, notamment les frèresJean etGaspard Bauhin, entament une réflexion sur le classement des plantes[9]. Ils cherchent à établir des groupes naturels de plantes à partir de leur ressemblance mais c’est le botanisteAndrea Cesalpino qui fait progresser la classification des plantes. Dans son livre intituléDe plantis libri, paru en 1583, il propose quinze classes qui se basent sur des critères stables, tels que le caractère ligneux ou herbacé de la tige (« Arbores, Fructices, Suffructices et Herbae », les arbres, arbustes, arbrisseaux et herbes), la présence ou l'absence de graines, la forme du fruit, la présence ou l'absence d'une enveloppe autour d'elle, la forme de la racine. Cette classification commode est employée durant deux siècles[10].
John Ray (1628-1705), naturaliste anglais, propose d'établir un nouveau système de classification ayant pour fondement le plus grand nombre possible de caractères de lafleur, dufruit ou de lafeuille[11]. Puis,Pierre Magnol (1638-1715), inventeur du termefamille, répertorie 76 familles de plantes.Joseph Pitton de Tournefort (1656-1708) établit un classement des végétaux suivant la structure des fleurs et introduit les notions d'espèce et degenre. Enfin,Carl von Linné (1707-1778), botaniste duroi de Suède, crée la base du système moderne declassification scientifique et codifie lanomenclature binominale des végétaux et des animaux. Ces deux groupes deviennent desrègnes, végétal et animal. Saclassification des plantes basée sur le« système sexuel » (nombre d'étamines) divise les groupes naturels, et est encore un obstacle au progrès en systématique[10]. En1763,Michel Adanson publieFamilles des Plantes, dans laquelle il présente une classification naturelle basée sur« l'ensemble de toutes les parties de la plante » (65 caractères végétaux). Cette classification naturelle est poursuivie par lesde Jussieu et par laclassification de Candolle qui améliore le système de Jussieu, en introduisant notamment les caractères anatomiques, qui permettent de distinguer lesvégétaux vasculaires qui présentent un système de circulation de la sève, des végétaux cellulaires[10].
Un certain nombre d'espèces anciennement considérées comme des plantes, tels leschampignons, les algues unicellulaires voire les algues pluricellulaires, commencent à être exclus de ce groupe pour former des catégories propres dès la fin duXIXe siècle[8].
Aujourd'hui la communauté scientifique francophone privilégie le terme végétaux plutôt que celui de plante, mais dans le même temps ces deux termes ne désignent plus vraiment un groupe homogène dans les classifications phylogénétiques[8].
Les végétaux sont des organismes généralement fixés au sol par leursracines (mais il y a des exceptions), ce qui les rend très dépendants des conditions de leurenvironnement ; cet état est lié à la naturecellulosique des paroiscellulaires, aux tissus de soutien de la plante (collenchyme etsclérenchyme) et à certaines molécules particulières comme lalignine qui rend les tissus rigides.
Les végétaux sont des organismes peudifférenciés. Il existe peu de types detissus ou d'organes différenciés, ce qui entraîne des propriétés particulières : une dimension potentiellement indéfinie et une capacité derégénération importante (d'où la possibilité demultiplication végétative).
Les plantes ont besoin de différents éléments rassemblés pour survivre et pousser. Le premier est la lumière, utile pour le processus de photosynthèse, qui apporte de l'énergie. Ensuite viennent l'eau et la terre d'où sont tirés les nutriments, et l'air dont elles extraient le dioxyde de carbone, permettant également la photosynthèse. Les conditions exactes varient selon le type de plante. Au sein du règne végétal les plantes sont des organismes qui possèdent des racines et une partie aérienne.
Le biologisteMarc-André Selosse estime la définition du terme végétal discutable et arbitraire. Si on réunit tous les eucaryotes capables de photosynthèse, alors ce terme « flou » correspond à un groupepolyphylétique dans lequel sont rassemblées des espèces de nombreuses lignées évolutives diverses qui ont acquis (parfois parconvergence) unplaste photosynthétique[16]. Chez plusieurs de ces lignées, la distinction animal/végétal est d'ailleurs ténue. Le système descinq règnes deWhittaker[17] comprend les « Plantae » comme des eucaryotes photosynthétiques pluricellulaires (notion de métaphytes, conception non valide mais présente encore dans les manuels scolaires)[18]. Selon une autre conception fonctionnelle macrocentrée, on peut restreindre cette définition auxArchaeplastida, comprenant lesvégétaux terrestres, lesalgues vertes et lesalgues rouges, ou plus restrictivement encore n'y inclure que lesplantes vertes, la limiter auxplantes terrestres voire auxplantes à fleurs[19].
Enclassification classique, traditionnellement, seules lesalgues vertes ouChlorophytes étaient considérées comme plantes, et ne formaient donc pas un sous-règne. La classification des autres algues dans le règne des plantes est une introduction de la classification scientifique amorcée depuis leXIXe siècle. Auparavant, elles ont été classées de façon variable avec lesprotistes. Les progrès de la phylogénie ont fait récemment disparaître certaines classes et des rapprochements morphologiquement étonnants s'opèrent dans la classification.
Enclassification classique ou traditionnelle, le sous-règne desBryophytes(Bryobiotina, Bryophyta lato sensu) comprend trois divisions (ou embranchements) de végétaux terrestres non vasculaires : la division des Hépaticophytes(Hepaticophyta) : 6 000 espèces de planteshépatiques ; la division des Anthocérotophytes(Anthocerotophyta) : 100 espèces d’anthocérotes ; et la division des Bryophytes(Bryophyta stricto sensu) : 9 500 espèces de mousses.
Les associations symbiotiques avec desmycorhizes concernent environ 90 % desplantes vasculaires. Ces champignons mycorhiziens assurent l'essentiel de la nutrition hydrominérale des plantes. Par provocation, il est tentant de dire que« les plantes, dans leur état naturel, ont desmycorhizes plutôt que des racines »[29].
Une hypothèse est que les plantes ont évolué morphologiquement et physiologiquement pour purger l'excès de carbone atmosphérique par le processus dephotosynthèse[30].
Il existe des plantes presque partout sur laTerre - dans ledésert, sous l'eau, dans lesforêts tropicales et même enArctique. Toutefois, leur répartition à la surface de la Terre est fonction des conditionsclimatiques. Ainsi, pour rendre compte des principaux groupes de végétaux, le climatologue et botaniste allemandWladimir Köppen a établi uneclassification des climats. Cette classification, publiée pour la première fois en 1901 et remaniée à plusieurs reprises depuis, est la plus ancienne et la plus connue.
La classification de Köppen comprend cinq groupes de climats eux-mêmes divisés en cinq types climatiques. Le contour de chaque groupe correspond à la satisfaction d'un critère lié à la température de l'air ou combinant à la fois la température de l'air et le niveau des précipitations.
Les plantes des régions tropicales
Lazone tropicale s'étend de part et d'autre de l'équateur entre letropique du Cancer (23° 27' de latitude nord) et letropique du Capricorne (23° 27' de latitude sud). Elle représente l'une des grandes zones climatiques nées de la circulation générale de l'atmosphère et de son déplacement saisonnier. Cette zone couvre environ 45 % de la surface globale des forêts. La température moyenne du mois le plus froid est supérieure à + 18 degrés Celsius. La végétation correspondante est la forêt tropicale ou lasavane.
Plantes des régions sèches et désertiques
Ces régions sont essentiellement caractérisées par la présence d'arbustes et d'herbes qui se sont adaptés à l'environnementdésertique et qui, par un système deracines souterraines peu profond mais étendu à proximité de la surface (fasciculé), arrivent à récolter une quantité d'eau suffisante à leur croissance. Lavégétation est très peu développée et recouvre peu d'espace. Les espèces sont appeléesxérophytes (du grecxero = sec, etphytos = plante), il existe descactus, des plantes à cuticule épaisse pour limiter l'évapotranspiration, des plantes en coussinets, des succulentes (exemple famille des Crassulassées, dont le Sedum ou lajoubarbe). La plupart des plantes chlorophylliennes de ces régions fonctionnent grâce à la photosynthèse en C4.
Plantes des régions tempérées
En Europe, cette forêt s'étend de la forêt boréale à la forêt méditerranéenne (entre 40° et 55° nord). Le régime thermique est modéré avec en hiver un peu de gel sur la partie supérieure des sols, et un été modérément chaud. Il existe trois espèces dominantes.
La classification des types biologique, selonChristen Christiansen Raunkiær, est une classificationécologique, qui classe les plantes selon la manière dont elles protègent leurs bourgeons à la mauvaise saison (froide ou sèche) ; elle distingue cinq groupes ou types biologiques de végétaux :
phanérophytes : ce sont essentiellement les arbres, arbustes et arbrisseaux, dont les bourgeons sont situés en haut d'une tige ; les feuilles tombent ou non et les zones les plus sensibles (méristèmes) sont protégées par des structures temporaires de résistance : les bourgeons ;
chamaephytes : ce sont des plantes basses dont les bourgeons sont proches du sol ; les feuilles tombent ou non, les bourgeons les plus bas bénéficient de la protection de la neige ;
cryptophytes ougéophytes : ces plantes passent la mauvaise saison protégées dans le sol, la partie aérienne meurt ; ce sont les plantes à bulbe, à rhizome et à tubercule ;
thérophytes : ce sont lesplantes annuelles, qui disparaissent pendant la mauvaise saison et survivent sous la forme de graines ;
hémicryptophytes : stratégie mixte qui combine celles des géophytes et des chaméphytes ; ce sont souvent des plantes à rosette.
Les plantes : la biomasse dominante en termes de carbone
Yinon et ses collègues ont en2018 publié[31] une évaluation quantitative du carbone stocké dans le vivant, montrant que si les plantes comptent bien moins d'espèce que le règne animal (moins que le seul groupe desarthropodes par exemple), en revanche elles constituent au sein du Vivant le « règne » qui domine largement en termes de poids de carbone, puisqu'elles sont constituées de 80 % de tout le carbone stocké par des organismes. Le carbone de tout le Vivant terrestre et marin pèserait aujourd'hui environ 550 gigatonnes (Gt) dont 450 Gt sont des plantes, loin devant les bactéries (70 Gt) et les champignons (12 Gt), et très loin devant la faune. En effet, la faune dont l'Homme fait partie ne compte que pour 2 Gt de Carbone (dont 50 % sont sous forme d'arthropodes), loin devant les humains qui avec 0,06 gigatonnes sont comparables aux termites ou au krill et des termites ; cependant, ajoutent les auteurs, la pression de l'Homme sur le reste de la biomasse terrestre et marine est depuis 10 000 ans énorme : L'humanité a beaucoupdéforesté et elle utilise une grande quantité de végétaux pour nourrir ses troupeaux de bovins, porcs et autres animaux domestiques ou de compagnie dont le poids en carbone est aujourd'hui environ 20 fois plus élevé que celui que tous les mammifères sauvages (tout comme nos volailles domestiquées dépassent en poids l'ensemble des autres oiseaux). L'humanité aurait déjà divisé par deux la biomasse végétale[32],[31] (qui joue aussi un rôle majeur pour le climat local et global, commepuits de carbone et source d'évapotranspiration).
Les plantes vivant dans les milieux où l’eau est une source limitante ont dû développer plusieurs mécanismes afin de limiter leur perte d’eau. Certaines sont en dormance lors de la saison sèche et en germination lors de la saison de pluie, tandis que d’autres perdent une partie de leurs feuilles pendant la saison sèche, conservant ainsi quelques feuilles pour la photosynthèse. Les racines des plantes utilisant des stratégies d’évitement de la sécheresse sont plus profondes et plus épaisses et certaines possèdent des tiges souterraines leur permettant de stocker de la nourriture (principalement les hydrates de carbone) et de l’eau pendant de longues périodes. Leurs feuilles sont souvent épaisses et coriaces et possèdent peu de stomates. Ceux-ci sont habituellement situés sur la face abaxiale (dorsale) de la feuille, ce qui ralentit la vitesse de transpiration. Certaines feuilles possèdent des trichomes laineux réfléchissant ainsi la lumière et empêchant les feuilles de s’échauffer et de perdre leur eau trop vite. Les stomates des plantes adaptées dans les milieux arides ou semi-arides sont souvent dans des cryptes de la surface foliaire, ce qui réduit la vitesse de transpiration[33].
On appellexérophytes les plantes capables de vivre et grandir dans des conditions de sécheresse marquée ; c’est le cas, entre autres, desplantes succulentes, qui survivent en constituant des réserves d’eau lors de pluies et en les utilisant lors de périodes de sécheresse[34].
Les plantes de montagne ont développé plusieurs stratégies face à un milieu où la neige persiste longtemps au sol, où il y a une courte saison végétative, une extrême sécheresse, du vent, de fortes amplitudes thermiques, etc. Le refroidissement ralentit notamment la photosynthèse et la croissance[35]. Ces plantes, ainsi que ceux vivant dans la toundra, ont alors développé des adaptations afin d’éviter le froid et d’en limiter ses effets. Tout d’abord, certaines sont de petites tailles, leur permettent de profiter de la chaleur à la surface du sol et d’une protection contre le vent par le recouvrement de la neige. D’autres végétaux, dans la toundra notamment, comme le bouleau et le saule, forment une couverture au sol, c’est-à-dire qu’ils poussent à l’horizontale et non à la verticale[36]. La forme des plantes peut aussi être différente. Un motif en coussinet réduit l’évaporation et emprisonne la chaleur des rayons du soleil. Les feuilles de certaines plantes peuvent être réduites et épaisses et leur surface épaisse et cireuse empêchant la perte d’eau par des vents desséchants. D’autres plantes poussent comme une rosette, un tapis épais ou tout simplement blotties ensemble pour conserver leur chaleur et les aider à croître. Un duvet peut aussi les protéger du froid. Cette pilosité forme un écran qui limite la déshydratation provoquée par les vents et réfléchit une partie des rayonnements solaires en excès. Les plantes adaptées au froid ont habituellement un cycle de reproduction rapide pour contrer le fait que l’été soit court et que l’hiver soit long et un système racinaire peu profond.
Toute plante qui est en contact avec des concentrations anormalement fortes en sel se nommehalophyte[37]. Afin de pouvoir survivre dans ces conditions, les racines de ces plantes ont un potentiel osmotique très faible pour pouvoir maintenir un gradient entre la plante et les racines. De plus, le sel peut se concentrer dans les feuilles les plus basses, celles qui tombent avant les autres, ce qui permet d’éviter les effets toxiques du sel. Il peut aussi s’accumuler dans des organes, tels que des glandes à sels ou des vésicules, qui s’occupent de l’excréter.
Un autre type de plante peut se développer dans les milieux salés, il s’agit desglycophytes. Ceux-ci excluent les ions de leurs feuilles et les accumulent dans les racines et les tiges[38].
Leshydrophytes représentent le groupe de végétaux vivant entièrement ou partiellement dans l’eau[38]. L’ensemble de leur appareil végétatif est donc en contact avec l’eau. Comme la concentration du dioxygène dans ce milieu ne se retrouve pas à la même concentration que dans l’air, ces plantes ont développé des stratégies d’acquisitions. Entre autres, elles possèdent desaérenchymes, un tissu parenchymateux (constitué de cellules vivantes) comportant de larges espaces intercellulaires remplis d’air, servant à transporter le dioxygène des parties hors de l’eau vers celles sous l’eau[39]. De plus, ces plantes absorbent l’eau directement du milieu extérieur grâce à la surface de leur feuille qui n’est pas ou peucutinisée (substance prévenant les pertes d’eau). Il n’y a alors aucune transpiration effectuée[38].
Toutefois, ériger des structures de défense a un coût. Par exemple, à la suite de l’apparition d’un polluant atmosphérique, une plante présentera des signes de faiblesse allant d’une baisse de rendement aux nécroses, parce qu’elle a dû consacrer beaucoup d’énergie à la construction de structures de défense[41].
Les plantes présentent diverses défenses contre lesherbivores. Ces dernières peuvent être physiques, chimiques, mais également symbiotiques. Elles peuvent ériger des structures qui préviendront l’herbivorie telles que desépines, des trichomes, ou posséder des parois cellulaires composées delignine, une substance n’étant pas digestible par lesmammifères[42]. Elles peuvent aussi produire des composés qui auront mauvais goût, qui seront toxiques ou qui attireront les prédateurs des herbivores (surtout pour lesinsectes). La production decanavanine par les plantes, par exemple, peut être toxique pour les insectes qui l’ingèrent car cetacide aminé prend la place de l’arginine dans lesprotéines de la victime, altérant ainsi leurs fonctions. Avec le temps, cette stratégie limite l’herbivorie de ces insectes qui trouvent de nouvelles sources de nourriture, ce qui protège les plantes[43].
Certaines plantes sont aussi capables de s’adapter à l’apparition d’un polluant dans leur environnement. Parmi ces polluants, on retrouve entre autres l’acide fluorhydrique, qui perturbe le métabolisme du calcium des végétaux, ainsi que l’ozone, qui oxyde les composés des plantes et donc, qui leur est très néfaste. En réponse à cette dernière substance, une plante peut produire des composés phénoliques ou augmenter la production de cire cuticulaires pour se défendre[41].
Les plantes ne sont pas toutes exposées aux mêmes conditions. Certaines ont développé des adaptations leur permettant de résister au froid. L’une d’entre elles consiste à avoir une très petite taille et donc à se situer le plus près du sol possible où la température est habituellement de quelques degrés plus élevée. De plus, lorsqu’il y a de la neige, ces plantes se retrouvent protégées du froid et du vent par cette dernière. Une autre façon de réduire les dommages causés par le froid est d’adapter une forme circulaire. Non seulement cette forme procure une meilleure protection contre le froid, elle permet aussi de limiter les pertes d’eau puisque c’est celle qui a le plus petit rapport surface/volume[44].
Évolution des principales structures et desplans d'organisation chez les plantes.
Il existe, selon leur degré de différenciation, quatre grands types d'organisation incluant lesthallophytes, plantes vivant en milieux humides, caractérisées par unthalle, appareil végétatif peu différencié en forme delame -algues ; lesbryophytes : ce sont lesmousses et leshépatiques, dont l’appareil végétatif commence à se différencier entige etfeuille. Ils constituent une nouvelle étape vers le passage de lavie aquatique à lavie terrestre ; lestracheophyta (anciennement appeléescormophytes ou « végétaux supérieurs ») : ce sont les plantes vasculaires ou plantes à racines (rhizophytes), qui comprennent lesptéridophytes (fougères) et lesspermaphytes (plantes à graines). L’appareil végétatif est maintenant bien différencié enracine,tige, feuille et surtout vaisseaux conducteurs desève (phloème etxylème). C’est grâce à ces vaisseaux conducteurs et à leur port dressé et rigide (par synthèse de lacellulose dans l’espace intercellulaire de ces vaisseaux, pour la construction d’un squelette debois) que ces plantes sont adaptées au milieu terrestre.
Lapathologie végétale étudie les maladies dont souffrent les végétaux. Le terme phytopathologie sous-entend des maladies causées par des agents infectieux externes à la plante. Il peut s’agir demicro-organismes (bactéries etchampignons), devirus, ou encore d’insectes. Ainsi, il existe différents types de maladies (bactériennes, virales, cryptogamiques, à phytoplasmes, à nématodes…) qui dépendent de l’agent infectieux de départ. Les maladies parasitaires des végétaux sont aussi générées par des problèmes environnementaux, la pollution ou encore par la destruction de certaines biodiversités qui génèrent des modifications de notre écosystème.
Pathologies végétales résultant de l’action d’un champignon
Toutes les espèces végétales peuvent être sujet à des phytopathologies. Par conséquent, les cultures exposées peuvent développer des symptômes très différents tels que :
lacloque du pêcher : il s’agit d’un champignon pathogèneTaphrina deformans, qui attaque les parties aériennes de l’arbre fruitier et altère les tissus foliaires en provoquant des boursouflures et des cloques caractéristiques de cette maladie ;
lagraphiose de l'orme : c’est à l’origine un insecte, le scolyte, qui est vecteur d’un champignon pathogèneCeratocystis ulmi. Le coléoptère en forant l’écorce de l’orme transmet le champignon parasite aux tissus de l’arbre ;
lechancre coloré : également appelé cancer de l’arbre, cette maladie vasculaire incurable est généralement causée par le champignonCeratocystis platani et s’avère être le résultat d’une mauvaise coupe. Un nettoyage scrupuleux de ses outils de coupe ainsi que des coupures propres permettront une lutte accrue contre ce type de maladie ;
l'oïdium : c’est une maladiecryptogamique qui se développe lorsque les conditions lui sont favorables à savoir humidité, chaleur, et ventilation restreinte. La pathogénicité est révélée par l’apparition de taches blanches sur les feuilles des végétaux. Il est donc préconisé de limiter les arrosages excessifs afin de conserver un milieu avec une humidité moyenne ;
lafumagine : c’est une maladie cryptogamique qui est dû à des piqûres de prédateurs parasites tels que lacochenilles ou les pucerons. À l'issue de ces piqûres, le végétal réagit mal et c’est à ce moment que le champignon peut se développer sur les excréments des parasites appelés miellat. Pour se débarrasser de la maladie, il faut donc avant tout supprimer les parasites[45].
Pathologies végétales résultant d’une action virale
Les phytovirus ont la particularité de pénétrer lacellule végétale de leur hôte afin de tirer profit des mécanismes de la cellule et donc pouvoir, par la suite, se reproduire.
C’est notamment le cas duvirus de la mosaïque du tabac qui s’attaque aux plants de tabac. Constitué d’un brin d’ARN spiralé autour duquel se développe des sous-unités protéiques, il a été le premier virus identifié. Cet ensemble de protéines constitue la capside du virus. Une fois la plante infectée, les feuilles de cette-dernière vont prendre l’apparence d’une mosaïque, d'où le nom du virus. Il est généralement transmis par voie mécanique notamment grâce aux vêtements ou aux structures de serres, voie qui s'avère être très efficace. Pour limiter la propagation de ce virus, il est recommandé de pratiquer laprophylaxie poussée.
Pathologies végétales résultant d’une action bactérienne
Les bactéries peuvent être à l’origine de nombreusesphytopathologies et engendrer différents symptômes tels que des pourritures, des chancres, des nécroses, des jaunissements… Pour s’introduire dans la plante, les bactéries se faufilent par des ouvertures naturelles (stomates) ou bien par des blessures.
Il résulte de la colonisation de la plante par différentes bactéries telles que Clavibacter michiganensis sepedonicus ouRalstonia solanacearum. Ce type d’infection fait des ravages sur les cultures de pommes de terre, de tomates ou encore de riz.
Par exemple, chez la tomate, l’agent pathogène estRalstonia solanacearum. Cette bactérie vit enfouie dans le sol à une profondeur d’environ 30 cm. Elle peut donc être disséminée par les pratiques d’irrigation ou encore par les pratiques culturales pouvant blesser la plante et faciliter son infiltration. Son mode d’action est d’empêcher la circulation de la sève brute, constituée d’eau et de sels minéraux. Les feuilles de la plante sont alors privées de nutriments et se flétrissent. Lorsque la charge bactérienne est élevée, le flétrissement affecte toute la plante qui se rabougrit et meurt[46].
La chlorose est une maladie qui est générée par un manque defer ou demagnésium et qui se manifeste par un manque de coloration sur les feuilles dû à un déficit enchlorophylle, mais une coloration très prononcée sur les nervures.
↑Robin Bosdeveix, « Les raisonnements classificatoires de futurs enseignants de SVT sur le groupe des végétaux »,Recherches en Didactique des Sciences et des Technologies,no 16,,p. 71.
↑Le module ouramet est chez les plantes l'unité de croissance clonale qui, si elle est séparée de la plante mère, peut avoir une existence indépendante.
↑Ces propriétés mécaniques rendent possible la réalisation d'organismes de très grandes dimensions et, surtout, à très vastes surfaces, capables de s'approprier l'espace en dépit du manque de mobilité active, car les plantes sont soumises à une fonctionnalité de compétition pour la lumière (source d'énergie nécessaire à laphotosynthèse) qui s'exprime chez tous les groupes de végétaux (fougères arborescentes,prêles,lycopodes,plantes à graines) ;« une très grande surface par rapport à un modeste volume, c'est là une des caractéristiques essentielles des plantes, et l'une de leurs différences majeures par rapport aux animaux ». CfFrancis Hallé,Éloge de la plante,Le Seuil,,p. 137