Après une jeunesse passée àRostov-sur-le-Don le jeune Wrangel étudie d'abord à l'École des Mines deSaint-Pétersbourg et obtient son diplôme d'ingénieur en1901. En1902, il abandonne cette carrière et s'inscrit à l'école de cavalerie de Saint-Pétersbourg où il est vite promu au rang d'officier. En1904, il prend part à laguerre russo-japonaise.
En1917, il est commandant de la2e brigade de la division desCosaques de l’Oussouri. En mars1917, il est l'un des seuls commandants de l'armée à préconiser l'envoi de troupes àPetrograd pour y rétablir l'ordre. Il croit que non seulement l'abdication du tsar ne règlera pas les problèmes mais les multipliera au contraire.
Comme il n'est que subalterne, on ne l'écoute pas. Legouvernement provisoire, qui n'aime guère ses points de vue, le démet vite de ses fonctions. Wrangel se retire enCrimée avec sa famille.
Peu après larévolution russe, il est arrêté par des marins bolcheviks àYalta et ne doit la vie qu'à sa femme, qui les supplie de l'épargner. Libéré, il reste en Crimée jusqu’à l’arrivée des troupes allemandes qui mettent provisoirement fin à la terreur bolchévique. Intéressé par la volonté duhetmanSkoropadksy de rétablir un pouvoir étatique il se rend àKiev pour rencontrer ce dernier. Déçu par l’entourage ukrainien nationaliste et l’attitude des Allemands envers Skoropadsky, Wrangel rejoint leKouban où il retrouve le généralDénikine en septembre1918. Celui-ci le charge de prendre en main une division de Cosaques sur le point de se mutiner. Non seulement parvient-il à les mettre en confiance mais il en fait une division disciplinée capable de remporter des succès sur le champ de bataille.
Affiche blanche célébrant le commandant de l'armée du Caucase après la prise de Tsaritsyne.
Au cours de l'hiver1918-1919, il conquiert à la tête de l'armée du Caucase leKouban et le bassin duTerek, prendRostov-sur-le-Don puis s'empare deTsaritsyne en juin. Ses rapides victoires prouvent qu'il est très à l'aise dans cette nouvelle façon de faire la guerre, tentant de limiter les violences et sévissant contre le vol et les exactions. Malgré une stricte discipline, il parvient à se faire respecter.
À l'été1919, alors queKoltchak à l'est etIoudenitch au nord attaquent la Russie bolchévique,Dénikine pousse à l'offensive par le sud. Trois armées, par des directions différentes, doivent se diriger versMoscou. Wrangel est à la tête de l'une d'elles et Dénikine le charge de passer parSaratov etNijni Novgorod. Cependant, il a subi de grosses pertes lors de la prise de Tsaritsyne et il doit se contenter de défendre les places conquises.
Déjà, il ne se gêne pas pour critiquer le plan deDénikine déclarant qu'une division des troupes desForces Armées du Sud de la Russie ne mènerait qu'à une série de défaites. Lui aurait plutôt préconisé un regroupement de toutes les forces armées puis une attaque conjointe sur Moscou.
L'armée de Dénikine est finalement écrasée par l'Armée rouge. Wrangel est envoyé àKharkov pour limiter le désastre. Lorsqu'il y arrive, il ne peut que constater que l'Armée blanche n'existe plus.
À la fin de1919, le désaccord entre Wrangel et Dénikine éclate au grand jour. Wrangel reproche à son chef son implication minimale dans la politique ainsi que son manque d'audace, d'agressivité et de charisme. Il complote même pour le remplacer mais celui-ci, informé, le relève de son commandement et le renvoie auKouban. Wrangel demande d'être mis à la retraite pour des raisons de santé, ce qui lui est accordé. Il s'exile alors àIstanbul, qui sert de base arrière pour l'armée blanche.
En mars1920, l'Armée blanche subit de nouvelles défaites et est refoulée vers laCrimée. Dénikine n'a plus le choix ; il doit démissionner. Le, àSébastopol, Wrangel participe au grand Conseil des généraux blancs et reçoit les pleins pouvoirs. À la tête de l'Armée russe, il combat lesbolcheviks ausud de laRussie.
Wrangel, tente de trouver une solution non seulement militaire mais aussi politique à la situation de son pays. Il croit à une république disposant d'un exécutif fort et d'une classe dirigeante compétente. En Crimée, il crée une république provisoire qui, selon lui, pourrait attirer les populations déçues du régime bolchévique. Son programme politique consiste à donner les terres à ceux qui y travaillent et à garantir la sécurité du travail aux plus défavorisés.
Malgré l'avertissement des Britanniques lui annonçant qu'ils cessent leur assistance, il réorganise l'Armée blanche de Crimée, qui ne comprend que 25 000 hommes.Moscou est alors en guerre contre laPologne dePilsudski et il compte sur des victoires de ce dernier pour consolider son pouvoir.
Le, une première attaque rouge sur l'isthme de Perekop est aisément repoussée. Il lance alors une contre-attaque et parvient à s'emparer deMelitopol et de laTauride du Nord.
En juillet, Wrangel parvient à mettre en échec une nouvelle offensive des Rouges venue duCaucase mais, en septembre, la fin de la guerre avec la Pologne voit affluer les troupes de l'Armée rouge enCrimée. Leurs divisions comprennent 100 000 fantassins et 33 600 cavaliers. Le rapport de forces est maintenant de quatre contre un et Wrangel le sait parfaitement. Les Blancs évacuent laTauride et se retirent en direction de l'isthme de Perekop.
Une première offensive de l'Armée rouge est arrêtée le mais Wrangel comprend que c'est reculer pour mieux sauter. Il commence à préparer l'évacuation de ses troupes et des civils qui voudront partir. Le, l'Armée rouge entre en force en Crimée. Pendant que les troupes du généralAlexandre Koutiepov parviennent à contenir l'attaque, Wrangel commence une opération d'embarquement dans cinq ports de lamer Noire. En trois jours, il réussit à évacuer 146 000 personnes dont 70 000 soldats, casés sur 126 bateaux. La flotte française de la Méditerranée a même décidé d'aider à l'évacuation en envoyant le croiseur cuirasséWaldeck-Rousseau. Tous ces gens sont dirigés vers laTurquie, laGrèce, laYougoslavie, laRoumanie et laBulgarie. Parmi les évacués, des fonctionnaires, des intellectuels, des savants, qui trouvèrent asile àGallipoli, puis enYougoslavie. Parmi les exilés russes qui choisirent la France, beaucoup s'installèrent àBoulogne-Billancourt.
Installés à Boulogne-Billancourt, les hommes du général Wrangel entrèrent à l'usineRenault où ils travaillaient à la chaîne. Parmi les ouvriers exilés, on pouvait reconnaître des ex-diplomates, des ex-soldats de l'armée impériale russe. À Boulogne-Billancourt, les Wrangel vivaient dans des baraquements occupés lors de la Première Guerre mondiale par des Chinois remplaçant les Français mobilisés sur le front. Les ouvriers en exil étaient encadrés par les officiers du général.
Wrangel décide de s'établir àBelgrade d'où il dirige l'émigration russe et tente de réorganiser des forces, fondant l'Union générale des combattants russes. Il abandonne la lutte en1925 et s'établit comme ingénieur àBruxelles. Il meurt le. Selon sa famille, il aurait été empoisonné par le frère de son majordome, qui était un agent de laGuépéou[1]. Il a laissé desMémoires.
Il a été inhumé dans l'église orthodoxe russe de laSainte-Trinité àBelgrade le à la demande de la forte communauté russe émigrée enSerbie et enVoïvodine.
Il est désigné comme le « baron noir », allusion à son titre de noblesse et sa prédilection pour le port d’unetcherkeska noire, dans la chanson soviétiqueL'Armée rouge est la plus forte.