LePinatubo est unstratovolcan actif situé dans l'ouest de l'île deLuçon auxPhilippines, à moins d'une centaine de kilomètres au nord-ouest de la capitaleManille. Considéré comme éteint et recouvert d'une épaisseforêt tropicale habitée par des milliers de personnes de l'ethnieAeta, levolcan se réveille en après 500 ans de sommeil.
Cetteéruption volcanique qui s'achève le est une des plus importantes duXXe siècle avec des conséquences à l'échelleplanétaire. Le volume de matériaux émis est estimé à 10 km3 dont une grande partie est éjectée dans l'atmosphère, provoquant unrefroidissement général d'environ un demi-degré de moyenne pendant un à deux ans, le reste retombant sur une bonne partie de l'Asie du Sud-Est. Les abords du volcan sont bouleversés avec la formation d'unecaldeira, une perte d'altitude considérable pour lamontagne, la destruction de la forêt et desespèces animales qui y vivaient et le comblement desvallées sur des centaines de mètres d'épaisseur par des matériaux qui provoquent deslahars des années après la fin de l'éruption. Le bilan humain, qui s'élève à moins de 1 000 morts, est relativement limité grâce à l'évacuation efficace des populations et à leur information sur les risques courus une fois l'éruption terminée. Néanmoins, le bilan économique est lourd puisque des villes et villages entiers ont disparu, des zonesagricoles sont rendues impropres aux cultures, des milliers d'animaux domestiques sont morts et des infrastructures privées, publiques et de transport ont été détruites.
Après son éruption de 1991, le Pinatubo commence à redevenir un atout pour la région puisque de nombreuxtouristes, notamment philippins, désirent gravir la montagne pour admirer ses paysages et surtout sonlac de cratèreacide rempli dès la fin des éruptions.
Toponymie
Pinatubo est un terme aussi bien utilisé entagalog ou ensambal et qui signifie enfrançais « qui a fait grandir », ce qui tendrait à prouver qu'il existe une connaissance du caractèrevolcanique de lamontagne aux alentours desannées 1500. Cependant, il n'y a pas de tradition orale au sujet d'éruptions violentes encore plus anciennes chez les autochtones. Il pourrait simplement être interprété comme une région fertile où lescéréales poussent[3].
Géographie
Situation
Carte desmonts Zambales avec le Pinatubo dans leur moitié méridionale.
Le Pinatubo s'élève à la limite desprovinces deTarlac,la Pampangue etZambales, lacaldeira se trouvant intégralement dans cette dernière. Il se situe à proximité des villes deManille (90 kilomètres au sud-est, 1 660 000 habitants),Quezon City (90 kilomètres au sud-est, 2 680 000 habitants),Ángeles (20 à 25 kilomètres à l'est, 264 000 habitants),Tarlac (50 kilomètres au nord-est, 262 000 habitants) etSan Carlos (80 kilomètres au nord, 154 000 habitants). Dans un rayon de 40 kilomètres autour du volcan se concentre une population de plus de 500 000 personnes, soit unaccroissement démographique de plus de 130 000 personnes depuis 1991. Au nord-ouest d'Ángeles se trouve en particulier la nouvellezone franche de Clark, à la place de l'anciennebase aérienne de l'United States Air Force, abritant près de 20 000 personnes.
Topographie
Carte indiquant l'emplacement du Pinatubo et les régions recouvertes par les dépôts decendres volcaniques en 1991.
Avant la catastrophe de 1991, le Pinatubo est unemontagne paisible et son sommet culmine à 1 745 mètres d'altitude, dominant de seulement 600 mètres la plaine environnante et d'à peine 200 mètres tous les sommets alentour. À ses pieds, principalement dans desbarangays, vivent plus de 30 000 personnes, essentiellement desAetas, un peuple indigène dechasseurs-cueilleurs qui ont fui lesplaines pour échapper aux persécutions desEspagnols vers1565. Grâce à leurs terres fertiles et à l'abondance desprécipitations, les flancs duvolcan sont propices à l'agriculture et les Aetas y font pousser dublé, de l'orge et duriz. La majeure partie de la montagne est recouverte d'une densevégétation tropicale où ils vivent en symbiose.
Plusieurs systèmes hydrologiques prennent leursource au Pinatubo, les principaux étant constitués des rivières Bucao, Santo Tomas, Maloma, Tanguay ou encore Kileng. Avant l'éruption, ils formaient desécosystèmes riches mais les dépôts decendres ont comblé lesvallées sur une épaisseur importante. Des études montrent qu'il faudra de nombreuses années pour qu'ils retrouvent leur apparence[4].
Dans le même temps, à cause de la violence de l'éruption, le sommet de la montagne est décapité et perd une hauteur de plus de 250 mètres. Désormais son altitude atteint 1 486 mètres et un grandlac de cratère, dont le niveau varie entre 820 et 840 mètres d'altitude selon lesprécipitations, comble le fond de lacaldeira qui mesure 2,5 kilomètres de diamètre[1].
Le Pinatubo est unvolcan complexe formé dedômes de lave imbriqués dans unstratovolcan d'andésite et dedacite[3]. Il repose sur un socle composé à l'ouest deroches océaniques appelé complexe d'ophiolites deZambales et à l'est de rochessédimentaires etvolcaniques antérieures au Pinatubo et faisant essentiellement partie de la formation deTarlac. Ses pieds sont noyés sous une masse de débris déposés par desnuées ardentes et deslahars[3]. À l'est du sommet, ces dépôts datent du Pinatubo primitif formé entre un million d'années et environ 45 000 à 35 000 ans[3],[5]. À l'ouest et autour du sommet, ces dépôts datent du Pinatubo moderne formé depuis 35 000 ans dont l'histoire éruptive est entrecoupée de grandeséruptions explosives dacitiques[3].
De par sa nature volcanique, le Pinatubo est en outre une source de matières premières tels desminerais etmétaux comme ceux relâchés lors de l'éruption de 1991 : 800 000 tonnes dezinc, 600 000 tonnes decuivre, 550 000 tonnes dechrome, 300 000 tonnes denickel, 100 000 tonnes deplomb, 10 000 tonnes d'arsenic, 1 000 tonnes decadmium et 800 tonnes demercure[7].
Climat
Leclimat desPhilippines est de typetropical influencé par lamousson. Celle-ci provient de masses d'air venant soit du nord-est et donnant une « mousson sèche » de fin octobre à mars, soit venant du sud-ouest avec d'importantes quantités depluies de mai à octobre tandis qu'en avril et début mai, lesalizés dominants duPacifique nord soufflent sur l'archipel. Hormis leur impact sur lestempératures, plus basses qu'enplaine en raison de l'altitude, lesmonts Zambales orientés selon un axe nord-sud agissent surtout sur le niveau des précipitations en formant une barrière à la circulation des masses d'air principales. Lesversants exposés auvent reçoivent ainsi des quantités d'eau sensiblement accrues[8]. Ainsi, le Pinatubo est soumis à desprécipitations approchant quatre mètres par an en moyenne, soit le double d'une ville commeÁngeles. En août, il tombe quotidiennement 36 millimètres d'eau en moyenne et cette valeur peut atteindre 180 millimètres certains jours. Le record date du avec 442 millimètres en 24 heures[4]. En outre, le nord du pays est plus encore que le sud exposé au passage destyphons, durant la période de juin à décembre[8].
Le Pinatubo commence à se former il y a environ un million d'années[3],[5]. Lestratovolcan est alors composé d'andésites et dedacites et ne semble pas avoir connu d'explosion majeure[3]. Il culmine à environ 2 300 mètres d'altitude sous la forme d'un dôme[5]. Beaucoup dereliefs qui entourent le Pinatubo moderne, comme le mont Negron, le mont Cuardrado ou le Mataba, sont des anciennesbouches périphériques formées à partir desdômes de lave ou des restes du volcan original ayant résisté à l'érosion[3],[5].
Il y a environ 45 000 à 35 000 ans au plus tard, le Pinatubo acquiert au fur et à mesure deséruptions pliniennes qui y produisent sa structure actuelle, celle d'unvolcan complexe formé de dômes de lave imbriqués dans un stratovolcan d'andésites et de dacite, le tout entouré par des dépôts delahars et denuées ardentes[3]. Ces dépôts qui entourent le volcan au point de masquer sa base sont le résultat de grandeséruptions explosives dacitiques[3] qui semblent avoir été suffisamment importantes pour éjecter plus de 10 km3 de matériaux chacune[5]. Ces éruptions se sont produites il y a 17 000 ans, 9 000 ans, 6 000 à 5 000 ans et 3 900 à 2 300 ans[3]. Elles se sont raréfiées dans le temps au point d'être espacées parfois pendant plusieurs centaines ou milliers d'années et leur puissance a aussi décru[3]. L'éruption de 1991 constitue ainsi une des plus petites éruptions identifiées sur ce volcan et survenant après 500 ans de repos soit une période relativement courte[3],[2]. Cette période de repos permet au Pinatubo d'acquérir son aspect tel qu'avant 1991, avec uneérosion ayant creusé de profondesravines sur ses flancs recouverts d'une épaisseforêt tropicale. Son aspect postérieur à 1991 est bouleversé par l'éruption ayant marqué son réveil avec plus d'une centaine de mètres d'épaisseur de dépôts dus aux coulées pyroclastiques et aux lahars sur ses flancs et la formation d'unecaldeira de 2,5 kilomètres de diamètre à la place ducratère sommital[3].
Bien qu'il n'y ait pas de mémoire populaire d'éruptions antérieures à celle de 1991, certainsAetas rapportent que leurs anciens avaient observé de petites explosions par le passé. Ces observations ont très bien pu avoir lieu puisque l'éruption antérieure à celle de 1991 remonte auXVe siècle[2] et que la région était déjà habitée depuis des milliers d'années. De type plinien, cette éruption, vraisemblablement d'indice d'explosivité volcanique de 5, a produit des dômes de lave au sommet du volcan qui sont à l'origine de puissantes explosions, de nuées ardentes et de lahars qui ont très certainement occasionné des dégâts, au moins à l'écosystème environnant[2]. La naturegéothermique autour du volcan était connue avant 1991 mais ce n'est qu'après l'éruption que lesgéologues se sont intéressés à l'histoire volcanique de la région.
Éruption de 1991
Prémices
Le, unséisme demagnitude 7,8 sur l'échelle de Richter secoue l'île deLuçon et fait 1 450 morts. Sonépicentre se trouvant à une centaine de kilomètres au nord-est du Pinatubo, certainsvolcanologues ont considéré que c'était peut-être l'événement déclencheur de l'éruption de 1991. Deux semaines après cette secousse, des habitants rapportent avoir vu de lavapeur sur le volcan mais les scientifiques qui inspectent la montagne concluent que cela provient d'un petitglissement de terrain plutôt que d'une quelconqueactivité volcanique[12].
Le, une succession de secousses est ressentie par des villageois sur le bord nord-ouest du volcan. Dans les deux semaines qui suivent, ces secousses s'intensifient et il devient clair qu'une activité volcanique se prépare. Le, le volcan se réveille et uneéruption phréatique se produit le long d'unefaille de 1,5 kilomètre à proximité du sommet. Dans les semaines qui suivent, de petitesexplosions phréatomagmatiques se produisent, déposant descendres volcaniques tout autour du volcan. Des centaines de séismes sont détectés chaque jour[12].
L'activité volcanique s'intensifie au cours des mois d'avril et de mai. Les mesures d'émission dedioxyde de soufre montrent une augmentation très rapide, de 500 tonnes par jour le à 5 000 tonnes par jour le, preuve de la remontée dumagma à l'intérieur du volcan. Après le, le taux de dioxyde de soufre émis chute, le dégazage du magma semblant bloqué dans le volcan. L'augmentation de lapression dans lachambre magmatique est alors à craindre, ce qui présenterait le risque d'une éruption explosive[12].
Devant les signes de plus en plus évidents d'uneéruption majeure, lePhilippine Institute of Volcanology and Seismology et les organismes volcanologiques internationaux tentent de convaincre les autorités locales du danger réel. La difficulté majeure tient dans la bonne évaluation de ce risque : un catastrophisme trop grand peut discréditer les autorités compétentes, alors que la négation du danger peut entraîner des milliers de morts[12].
Après de multiples concertations, trois zones d'évacuation sont définies : une zone centrale de dix kilomètres de diamètre centrée sur le sommet duvolcan, une zone intermédiaire entre dix et vingt kilomètres depuis le sommet et une troisième zone entre vingt et quarante kilomètres, recouvrant notamment labase aérienne de Clark et la ville d'Ángeles. Plus de 40 000 personnes vivent dans les deux premières zones et près de 331 000 dans la troisième[12]. Cinq niveaux d'alertes sont définis et chaque jour un bulletin émis par lesjournaux, lesradios et lestélévisions quantifie pour chaque zone le niveau d'alerte[12].
Beaucoup d'Aetas qui vivent sur les flancs duvolcan quittent leurs villages de leur propre chef. La première évacuation officielle débute dans la première zone le. L'évacuation de la deuxième zone est décrétée le après que le niveau 4 d'alerte a été atteint. Le, le niveau 5 est atteint dans la troisième zone entraînant l'évacuation de 60 000 personnes. La plupart se réfugient àManille et àQuezon City et plus de 30 000 personnes sont installées auStadium Amoranto de Quezon City[12].
Début, lescapteurs de déformation montrent que levolcan se dilate, apportant la preuve de la remontée dumagma sous la montagne. Dans le même temps, l'épicentre desséismes se rapproche de plus en plus de la surface et du sommet. Le débute l'éruption avec la première sortie du magma qui entraîne la formation d'undôme de lave au sommet du volcan. Ce dôme grossit durant les cinq jours suivants jusqu'à atteindre 200 mètres de diamètre et 40 mètres de hauteur[12].
À3 h 41 le matin du, une petite explosion marque le commencement d'une phase plus violente detype plinien. Quelques heures plus tard, de grosses explosions qui durent plus de trente minutes génèrent unecolonne éruptive atteignant 19 kilomètres d'altitude et descoulées pyroclastiques qui ravagent les vallées sur quatre kilomètres. Quatorze heures plus tard, une explosion de quinze minutes génère un panache de 24 kilomètres d'altitude[12].
Vue aérienne du Pinatubo le : la vallée Marella (au premier plan) est obstruée par les matériaux émis par lesnuées ardentes et lespanaches volcaniques depuis lacaldeira (au dernier plan à droite) au cours d'explosions.
Une troisième éruption démarre à8 h 41 le matin du, elle dure cinq minutes et une colonne de 24 kilomètres d'altitude se forme à nouveau. Après trois heures d'accalmie, l'activité sismique s'intensifie au cours des 24 heures suivantes jusqu'à l'explosion du à13 h 9 qui forme une colonne éruptive de 21 kilomètres d'altitude[12].
Une quantité remarquable decendres volcaniques est éjectée au sud-ouest du volcan durant ces quatre explosions majeures. Deux heures après la dernière de ces quatre explosions, une série d'explosions se déroule sur une période de 24 heures et génère d'importantes coulées pyroclastiques qui parcourent lesvallées sur des kilomètres[12].
Paroxysme
Vue dupanache volcanique au-dessus du Pinatubo juste après l'explosion principale le.
Le même jour, letyphon Yunya atteint l'île deLuçon à 75 kilomètres au nord duvolcan. Lespluies diluviennes empêchent l'observation directe de l'éruption mais les mesures montrent que les particules sont éjectées jusqu'à 34 kilomètres d'altitude et que desnuées ardentes déferlent sur plus de seize kilomètres durant le paroxysme qui dure trois heures. En se mêlant auxcendres volcaniques en suspension ou tombées à terre, les pluies forment descoulées de boue volcanique appeléeslahars[12].
Vers22 h 30, soit neuf heures après le début de la phase paroxysmique, la pression atmosphérique décroît vers des valeurs normales. Lesvolcanologues considèrent cet horaire comme marquant la fin de l'apogée éruptif[12].
Fin de l'éruption
Vue aérienne du début de l'explosion du. En plus de la colonne blanche composée degaz volcaniques s'élèvent des volutes grises decendres volcaniques qui retombent en recouvrant le fond du cratère.Image prise depuis lanavette spatiale Atlantis en 1992 au-dessus du Pinatubo. De lacaldeira et de ses abords recouverts decendres (au centre) rayonnent desvallées encombrées par des matériaux déposés par deslahars (en gris) jusque dans lamer de Chine méridionale (à droite) et labaie de Manille (en haut à gauche).
Environ 300 personnes sont mortes directement à cause de l'éruption, la plupart dans l'effondrement des toits sous le poids de lacendre humide. Ce bilan relativement faible pour une éruption de cette importance est dû à la bonne prévision des risques par les volcanologues et à la décision d'évacuer les populations.
Malheureusement, la saison des pluies qui a suivi a créé d'autreslahars ce qui a contraint les populations à rejoindre des camps de réfugiés. Des centaines de personnes y sont mortes en raison des mauvaises conditions sanitaires.
Photomontage comparatif de vues aériennes des vallées Maloma et Marella avant (en haut) et après (en bas) la phase paroxysmique de l'éruption et montrant leur comblement sur 200 mètres d'épaisseur par des matériauxpyroclastiques. Le sommet du Pinatubo (non visible) est au dernier plan.
Toute vie a disparu dans un rayon de quatorze kilomètres autour du volcan. L'agriculture a souffert : des centaines d'hectares deterre arable ont été rendus impropres à laculture et des milliers de paysans ont tout perdu. LesÉtats-Unis possédaient deuxbases militaires dans la région, labase navale de Subic Bay à 75 kilomètres au sud-ouest et labase aérienne de Clark à 25 kilomètres à l'est. Elles furent toutes les deux abandonnées après avoir été sévèrement endommagées par l'éruption, notamment par les dépôts de cendres volcaniques.
L'éruption du Pinatubo a fortement pesé sur le développement économique de la région. Cette région représentant 10 % de la richesse nationale, la catastrophe a aussi pesé sur l'économie nationale, l'augmentation duPIB philippin a été d'à peine 2 % pour l'exercice 1990-1991 contre 5 % les années précédentes. La destruction des bâtiments et des infrastructures a coûté des milliards depesos à l'État et les efforts furent immédiatement portés sur l'édification dedigues et debarrages pour se prémunir deslahars[15].
Au total, 364 communautés et 2,1 millions de personnes furent touchées par l'éruption. Huit mille maisons furent complètement détruites et plus de 73 000 endommagées. Lesnuées ardentes ont détruit les routes et les moyens de communication, le coût estimé des dommages sur les infrastructures est de 3,8 milliards de pesos[15].
Les nombreux efforts faits antérieurement en matière dereboisement furent annihilés par la destruction de 150 km2 deforêt représentant une valeur de 125 millions de pesos. Huit cents kilomètres carrés derizières furent rendus impropres à touteculture et 800 000 têtes debétail et devolailles furent tuées. Le coût pour l'agriculture est estimé à 1,5 milliard de pesos[15].
La destruction des équipements de santé et les mauvaises conditions d'hygiène dans lescamps de réfugiés expliquent l'augmentation dutaux de mortalité dans les mois qui suivirent l'éruption. Les dommages sur lesécoles ont perturbé la scolarité de milliers d'enfants[15].
LesAetas ont été les plus touchés par le réveil du volcan, la destruction de nombre de leurs villages ayant complètement bouleversé leur mode de vie. Relogés pour la plupart dans des campements, leurs conditions de vie demeurent difficiles. Incapables de subvenir à leurs besoins alimentaires avec les petites parcelles offertes par le gouvernement, beaucoup d'Aetas travaillent de ferme en ferme pour le compte des grands propriétaires des plaines, fragmentant leur société et la rendant dépendante de l'économie régionale[16].
Impacts sur le climat mondial
Photographie prise de lanavette spatiale (mission STS 43) au-dessus de l'Amérique du Sud le et montrant la double couche du nuage d'aérosols (en gris foncé au-dessus des nuages).
Le Pinatubo a émis lors de sonéruption une importante quantité d'aérosols et decendres volcaniques dans lastratosphère. Lesvolcans rejettent en particulier des mégatonnes dedioxyde de soufre. Celui-ci réagit avec l'eau pour former des aérosols d'acide sulfurique qui se sont répandus dans toute la stratosphère dans l'année qui a suivi l'éruption. Cet apport d'aérosols dans la stratosphère est le plus important depuis l'éruption duKrakatoa en1883, avec un total estimé à 17 millions de tonnes de dioxyde de soufre. C'est la quantité la plus importante jamais enregistrée par les instruments modernes[17].
Les cendres volcaniques et les aérosols envoyés dans l'atmosphère terrestre jusque dans la stratosphère se sont dispersés et ont fait plusieurs fois le tour de laTerre pendant près de trois ans. Ces fines particules et aérosols ont produit descouchers de soleil aux couleurs inhabituelles pendant plusieurs semaines dans l'hémisphère nord. Le temps pluvieux sur l'Amérique du Nord en 1992 et l'inondation de 1993 du Midwest américain sont en partie attribuables à l'augmentation de ces poussières atmosphériques qui ont servi à unensemencement des nuages plus prononcé que la normale[18].
Cette éruption a aussi eu un effet sur lacouche d'ozone, en augmentant de manière significative son taux de destruction. Dans leszones tempérées, les niveaux d'ozone ont atteint un minimum historique alors que dans l'hémisphère sud durant l'hiver 1992, le trou dans la couche d'ozone au-dessus de l'Antarctique a atteint la plus grande taille jamais observée. L'éruption dumont Hudson auChili en a aussi contribué à cette destruction de la couche d'ozone[17].
Graphique des mesures durayonnement solaire (courbe rouge) effectuées à l'observatoire duMauna Loa àHawaï. Ce rayonnement solaire connait depuis 1958 quatre réductions importantes causées par quatreéruptions dont celle du Pinatubo.
Graphique des mesures atmosphériques des émissions dedioxyde de soufre causées par deséruptions volcaniques dont celles du Pinatubo en 1991 (au centre).
L'activitééruptive reste faible de la fin de l'éruption le jusqu'en lorsqu'un nouveaudôme de lave se forme à l'intérieur de lacaldeira. Ce dôme semble se composer delave fraîche en provenance d'un réservoir profond plutôt que des reliquats de lave de l'éruption de 1991. Lesvolcanologues émettent alors l'hypothèse de nouvelles explosions violentes et certaines zones sont de nouveau évacuées. Cette éruption terminée le sera finalement peu violente avec unindice d'explosivité volcanique de 1[19],[2]. Entre et, une faible activité volcanique reprend dans lacaldeira avec de petites explosions et uneexplosion phréatique de faible intensité survient le[2].
Gestion du risque volcanique
Bien que l'éruption de 1991 du Pinatubo soit une des plus importantes duXXe siècle en termes de puissance et de dégâts, elle reste relativement peu marquante comparée à d'autres éruptions historiques. Ceci est notamment dû au fait que la crise a été bien gérée avec une évaluation des risques efficace puisqu'elle a permis de sauver des milliers de personnes qui ont été évacuées à temps.
Cette protection de la population passe aussi par son information des risques encourus. Ainsi, dès le soit au moment du paroxysme de l'éruption, la population évacuée est informée du risque que représentent leslahars grâce à la projection d'une vidéo sur lacatastrophe d'Armero en 1985 qui a fait plus de 20 000 morts à cause des lahars, puis par des affichages expliquant les conseils à suivre. Ces campagnes d'information orchestrées par lesvolcanologues sont animées par desjournalistes, des officiels experts et élus et des membres des forces de la police et de l'armée. Ces informations de la population se sont poursuivies les années suivant le réveil duvolcan grâce à des cartes établies par des scientifiques et les autorités, notamment lorsque les niveaux d'alerte étaient modifiés en fonction de l'activité éruptive[20].
Ces cartes sont réalisées en fonction de la nature de la menace et des niveaux d'alerte. Pour une meilleure efficacité, ces niveaux d'alerte ont été modifiés en. Ils sont au nombre de cinq : le niveau 1 correspond au plus bas niveau d'alerte avec de légers signes d'activitétectonique,magmatique ouhydrothermale ; le niveau 2 correspond à une activitésismique modérée avec des signes de remontée de magma pouvant amener à une éruption ; le niveau 3 correspond à un risque relativement élevé avec des déformations du sol et des émissions degaz volcaniques importantes avec probabilité forte d'une éruption sous quelques jours à quelques semaines ; le niveau 4 ramène cette probabilité à quelques heures avec l'intensification des secousses et l'apparition de petites explosions et le niveau 5, le plus élevé, est déclenché lorsqu'une explosion majeure est déclarée avec des risques pour les populations. Le niveau 3, le niveau le plus élevé déclenché depuis cette modification, est atteint pour la dernière fois en 1993[21].
Néanmoins, des incertitudes demeurent sur l'activité éruptive future du Pinatubo, notamment en ce qui concerne la durée d'une accalmie et l'arrivée d'une nouvelle éruption majeure. Ces questions sont essentielles pour les populations et les autorités qui veulent savoir si elles peuvent se réinstaller dans les zones sinistrées ou si ces dernières sont condamnées pour des années.
Sur la volonté du ministère philippin dutourisme datant de 1994, le Pinatubo est devenu une destination touristique populaire bénéficiant à l'économie de la région. Les visiteurs paient 500pesos pour bénéficier des services d'un des trente guides ou vingt porteurs et 20 pesos de taxes au profit de la conservation de la nature. Ces devises permettent également de financer des projets communautaires, des services publics et des rénovations de bâtiments religieux mais aussi la construction de centres d'accueil des touristes. Des itinéraires sont tracés vers le volcan à la fin desannées 1990 : l'approche s'effectue en une heure envéhicule tout-terrain jusqu'à cinq kilomètres de lacaldeira représentant par la suite approximativement trois heures de marche. Une fois l'objectif atteint, labaignade est autorisée dans lelac avec certaines restrictions. En 2000, ces itinéraires sont déjà empruntés en moyenne par 1 200 randonneurs par mois et parfois une centaine par jour durant la saison haute de mars à mai. Environ 80 % viennent de l'agglomération deManille, les étrangers étant principalementEuropéens. Le, les autorités ont organisé une procession vers la montagne, similaire au pèlerinage dumont Fuji, afin de célébrer le dixième anniversaire de l'éruption de 1991 et offrir desfleurs et desfruits auxdivinités desAetas[22]. Depuis, tous les ans, une « marche de la paix et de la tranquillité » a lieu. Un centre de relaxationcoréen comprenant unterrain de golf s'est installé au pied du volcan. Un projet detéléphérique a été envisagé mais a été abandonné.
Recherches géothermiques
Des prospectionsgéothermiques sont menées en surface entre 1982 et 1986 puis en profondeur entre 1988 et 1990. En effet, des étudesgéologiques en surface, hydrogéochimiques et géoélectriques laissent entrevoir des possibilités de développement dans la géothermie comme nouvelle source deproduction d'électricité grâce à desaquifères abritant de l'eau à une température de plus de200 °C, principalement au nord-ouest duvolcan, au niveau de systèmes defailles. Des résultats décourageants, en raison de la faible perméabilité des nappes et de l'acidité de leurs eaux, contraignent finalement à l'arrêt des recherches environ un an avant le début de l'éruption. Une des principales leçons tirées du Pinatubo concerne la nécessité de prendre en compte la pertinence pour le développement à long terme de systèmes géothermiques associés à de jeunes volcans. Un des moyens de s'assurer de leur pérennité est de suivre les compositionschimique etisotopique de l'eau et desgaz qui sont un bon indice des remontées demagma dans les systèmes hydrothermiques, mais ce suivi n'est généralement possible qu'après avoir dépensé d'importantes sommes d'argent dans leforage[23].
Le, alors qu'il est très populaire à huit mois des élections où il est donné favori à sa propre succession[25],[26], de retour d'un discours àCebu et accompagné de plusieurs officiels gouvernementaux et militaires ainsi que de lapresse, son avion s'écrase peu après le décollage contre le mont Manunggal, une montagne de l'île de Cebu dans le centre du pays[27]. Le bilan est de 25 victimes et un seul survivant, Néstor Mata, un journalistephilippin[28]. Après des rumeurs desabotage, notamment en raison de l'implication de Magsaysay en tant que ministre de la Défense lors du précédent gouvernement contre une révoltecommuniste[27], les enquêtes concluent à une défaillance mécanique due à une fatigue de la structure de l'avion[29]. Le vice-présidentCarlos Polistico Garcia assure l'intérim[27] et remporte les élections suivantes. Deux millions de personnes assistent auxfunérailles de Ramon Magsaysay le.
La version du 5 août 2009 de cet article a été reconnue comme « bon article », c'est-à-dire qu'elle répond à des critères de qualité concernant le style, la clarté, la pertinence, la citation des sources et l'illustration.