Pour les articles homonymes, voirLuna.
Naissance | |
---|---|
Décès | |
Nom de naissance | |
Nationalité | |
Domicile | |
Formation | |
Activité | |
Période d'activité |
Distinction | J. C. Harrington Award(en)() ![]() |
---|
Pilar Luna Erreguerena, née en1944 àTampico dans l'État mexicain deTamaulipas et morte le àMexico[1], est unearchéologuemexicaine qui a fondé la division d'archéologie sous-marine de l'Institut national d'anthropologie et d'histoire (INAH).
Elle a travaillé avec une équipe internationale de spécialistes en archéologie sous-marine pour les aider à développer, à faire ratifier et à mettre en œuvre laConvention sur la protection du patrimoine culturel subaquatique de 2001 et a été honorée pour son travail en 2016 par laSociety for Historical Archaeology et l'Advisory Council on Underwater Archaeology. Elle est la première femmelatino-américaine et la deuxième archéologue sous-marine à avoir reçu lamédaille J. C. Harrington et est considérée comme la pionnière dans l'archéologie sous-marine au Mexique.
Pilar Luna Erreguerena est née en 1944 àTampico dans l'État deTamaulipas auMexique[2].
Son père aimmigré au Mexique depuisSahagún, dans laprovince de León enEspagne, où il réussit à ouvrir unebijouterie. Luna est la plus jeune de cinqenfants[3].
À ses six ans, sa familledéménage àMexico. Elle obtient sonbrevet de secourisme avec laCroix-Rouge à 8 ans[4].
Pilar Luna commence sa carrière en travaillant comme secrétaire dans l'entreprise familiale et travaille ensuite en tant que professeure dans un centre sportif. Elle passe douze ans à enseigner la natation à des enfants handicapés. À l'âge de 27 ans, alors qu'elle travaille comme monitrice de natation, elle décide de retourner à l'école[3], débutant un cursus en anthropologie[2].
Pilar Luna, qui suit des cours à l'Institut national d'anthropologie et d'histoire, prend une option en archéologie générale[5] donnée par leMusée national d'anthropologie[4].
Lors d'une conférence sur lestemples d'Abou Simbel re-découverts lors de la construction dubarrage d'Assouan, elle commence à s'interroger sur le sort du patrimoine subaquatique du Mexique[2].
À la recherche d'informations, Pilar Luna découvre le livreArchaeology Under Water de George F. Bass et décide de se spécialiser en archéologie sous-marine. Vers la fin de ses études, elle contracte l'histoplasmose après avoir étudié deschultuns dans une grotte près d'Acapulco[4],[3]. Sa guérison a été un lent processus qui a pris plus d'un an[2].
Privée d'activités sous-marines en raison de sa maladie, Luna commence à travailler dans leTemplo Mayor deTenochtitlan, où le disque deCoyolxauhqui vient d'être trouvé. Elle est approchée par Manuel Gandara, alors à la tête de l'Institut national d'anthropologie et d'histoire pour organiser un cours sur l'archéologie sous-marine. Elle contacteGeorges Bass pour l'aider dans la préparation des conférences et des programmes et il accepte de venir avec un de ses élèves, Donald H. Keith. Dans le cadre de ce cours, les étudiants exhument à Media Luna, une source à San Luis Potosí, des crânes de mammouth vieux de 20 000 ans. À la fin de la formation, Bass lui demande de l'accompagner sur une plongée pour explorer les côtes turques enMéditerranée. Après avoir reçu l'accord de son médecin, Luna accepte le voyage qui inclut de nombreuses plongées sur un bateau de lapériode byzantine et un autre navire grec datant de l'ère chrétienne[4].
En 1978[2], dès son retour de Turquie, Pilar Luna reçoit un message de Keith, qui travaille à l'Institute of Nautical Archaeology, au Texas. Il la prévient du fait que des plongeurs ont trouvé des armes à feu dans leGolfe du Mexique. Ce conseil lui permet de découvrir deux canons et une plaque de bronze datant de 1552, qui seront plus tard exposés auMusée de San José el Alto, à Campeche[4].
Peu de temps après, Pilar Luna entend parler dunaufrage du Nuestra Señora del Juncal quand Burt Webber, un plongeur et un chasseur de trésor ayant fait d'autres trouvailles dans lesCaraïbes, demande un permis de récupérer les reliques. Après 18 mois de bataille, le Mexique finit par refuser ce type de permis pour les entreprises commerciales[2],[6],[7],[8] et, en, Luna fonde, sous la direction de l'INAH, la Subdirección de Arqueología Subacuática (SAS)[9].
En 1990, une équipe d'archéologues sous-marins, comprenant des chercheurs américains comme James P. Delgado etLarry Nordby, travaille avec Luna pour fouiller l'épave de l'USS Somers, découverte en 1986 parGeorge Belcher. Ce dernier avait été embauché pour chercher des artefacts pour un nouveau musée d'État àXalapa, dans les eaux côtières de l'État de Veracruz. En localisant le navire, Belcher rapporte la trouvaille au National Park Service, en raison de son importance dans l'histoire des États-Unis dans le cadre de la "Somers Affair" (dont s'est inspiré Herman Melville pour son roman Billy Budd). L'aventure est l'un des rares projets archéologiques sous-marins réalisés conjointement par deux gouvernements. L'équipe confirme l'identité du navire, coulé pendant laguerre mexico–américaine, et documente de nombreuses caractéristiques restées intactes de l'épave, qui est depuis devenue un site protégé[10].
Peu de temps après, Pilar Luna recueille une large adhésion en luttant contre les chasseurs de trésors travaillant pourOdyssey Marine Exploration. Les cadres d'Odyssey essaient en effet différentes méthodes pour s'implanter et exercer leur influence dans les eaux mexicaines. Luna se pose la question de céder mais finit par tenir ferme dans son refus de permettre l'excavation commerciale. Réalisant que le fait d'avoir le site désigné comme site du patrimoine mondial de l'UNESCO permettrait de le protéger, Luna rédige en 1995 une proposition visant à protéger l'ensemble de la flotte de laNouvelle-Espagne de 1630 à 1631. Avec l'aide des archivistes espagnols[6] et celle des pêcheurs, Luna commence ses recherches sur l'ensemble de la flotte, les pertes ayant été plus nombreuses finalement que le seul navire amiral. L'équipe est en mesure d'identifier de nombreuses épaves sans l'utilisation de la technologie moderne, mais seules quelques-unes datent desXVIe et XVIIe siècles[2].
Pilar Luna est impliquée dans de nombreux projets, y compris leManita Galleon, au large des côtes de Basse-Californie, leNevado de Toluc, près du littoral de l’État de Mexico, etBanco Chinchorro, du Quintana Roo. Elle est le fer de lance d'un groupe pour l'étude et la conservation des grottes et descenotes de lapéninsule du Yucatán, qui travaille sur des projets de conservation et de protection du patrimoine culturel subaquatique mexicain[11].
Pilar Luna travaille avec l'UNESCO à l'élaboration de laConvention sur la protection du patrimoine culturel subaquatique, qui est adoptée en 2001 et signée la même année par le Mexique. Le traité est ratifié en 2005 et entre en vigueur en 2009[4].
En 2014, le Mexique et l'Espagne signent un accord de collaboration pour développer conjointement leurs patrimoines sous-marins. Ce sont les deux premiers pays à signer un tel accord et ce dernier est l'un des rares exemples dans lesquels une colonie et un colonisateur ont travaillé ensemble afin de préserver leur patrimoine culturel commun[3].Pour Luna, cet accord représente l'espoir de pouvoir un jour conduire la localisation et la fouille de laJuncal[2].
Pilar Luna est la première latino-américaine à recevoir le J. C. Harrington Award de la Society for Historical Archaeology en 2011, la quatrième femme dans le monde, et la deuxième archéologue sous-marine (le premier étant son mentor Bass)[3],[11].
En 2016, Luna reçoit le prix de la Recherche de laSpanish Geographical Society pour son travail dans l'étude et la préservation du patrimoine immergé. Le prix a été présenté lors de la Mutua Madrileña dans l'auditorium de Madrid en mars[12].
Cette même année, elle est honorée avecToni Carrell,Dolores Elkin etMargaret Leshikar-Denton en recevant le Society for Historical Archaeology's Award of Merit. Le prix, décerné en collaboration avec le Advisory Council on Underwater Archaeology, a reconnu les quatre femmes pour leur rôle dans la ratification et la mise en œuvre de la Convention de l'UNESCO pour l'archéologie sous-marine[13],[14].