Pour les articles homonymes, voirPierre Massé (homonymie) etMasse (homonymie).
| Pierre Masse | |
Pierre Masse, photographiestudio Harcourt. | |
| Fonctions | |
|---|---|
| Sénateur français | |
| – (4 ans, 8 mois et 22 jours) | |
| Circonscription | Hérault |
| Député français | |
| – (5 ans, 6 mois et 6 jours) | |
| Élection | 26 avril 1914 |
| Circonscription | Hérault |
| Législature | XIe(Troisième République) |
| Groupe politique | Gauche radicale |
| Prédécesseur | Paul Pelisse |
| Successeur | Circonscription supprimée |
| Sous-secrétaire d'État à la Guerre chargé de la justice militaire | |
| – (2 mois et 3 jours) | |
| Gouvernement | Painlevé I |
| Conseiller général de l'Hérault | |
| – (33 ans) | |
| Circonscription | Canton de Lunas |
| Prédécesseur | Paul Vigné d'Octon |
| Successeur | Vacant |
| Biographie | |
| Date de naissance | |
| Lieu de naissance | Ribérac |
| Date de décès | (à 62 ans) |
| Nationalité | Française |
| Profession | Avocat |
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Pierre Masse, né le àRibérac (Dordogne), est unavocat français,sénateur etsecrétaire d'État, déporté par leconvoino 39 du, vers lecamp d'extermination d'Auschwitz où il meurt, sans doute en octobre 1942.
Fils de Charles Édouard Masse (1850-1920), originaire deStrasbourg, et de SarahLucie Simon (1855-1942), née àMontpellier, Pierre Masse estdocteur en droit, puis premier secrétaire de laConférence des avocats en 1906[1].
Il est éludéputé de l'Hérault en 1914. Quelques mois plus tard, il part pour lefront où sa conduite valeureuse est récompensée par lacroix de guerre et laLégion d'honneur.
En 1917,Paul Painlevé l'appelle dans son nouveau gouvernement. Il est sous-secrétaire d'État à la Guerre chargé de la justice militaire du au dans le premiergouvernement Paul Painlevé.
En 1919, il abandonne la vie parlementaire pour se consacrer à sa carrière professionnelle. Devenu l'un des plus grands civilistes de sa génération et un éminent avocat d'assises, il siège auconseil de l'Ordre de 1928 à 1934[1].
L'année1939 voit son retour en politique : il est élu sénateur de l'Hérault et adhère au groupe de la gauche démocratique. Le àVichy, il tente vainement, avecJean Boivin-Champeaux, d'obtenir dePierre Laval l'inscription dans la nouvelle Constitution de la garantie des libertés individuelles et vote finalement en faveur despouvoirs constituants pour lemaréchal Pétain. Il avait pourtant reçu de la part de Pierre Laval, la réponse suivante[2]:
« […] si vous entendez par libertés individuelles, le droit pour tous les métèques, les étrangers […], je préciserai, par exemple, que personne ne pourra être député s’il n’est pas français depuis plusieurs générations. C’est notre manière à nous, je vous ai bien compris n’est-ce pas, de faire de la politique raciale. »
En, lors de la parution de laloi chassant de l'Armée les officiers d'origine israélite, Pierre Masse envoie au maréchal Pétain une lettre de protestation lui demandant s'il doit aller enlever leurs galons à son frère (officier, tué àDouaumont en1916), à son gendre et son neveu (officiers, tués enmai 1940), s'il peut laisser lamédaille militaire à son frère (mort àNeuville-Saint-Vaast), si son fils (officier, blessé enjuin 1940) peut garder son galon[3] et si« on ne retirera pas rétrospectivement lamédaille de Sainte-Hélène à son arrière-grand-père »[4]. Peu de temps après, il accepte d'être l'avocat de l'auteur dramatiqueHenri Bernstein, grossièrement diffamé pour ses origines juives parAlain Laubreaux, critique de théatre du journalJe suis partout, dans un article de[5],[6],[7]. Sa brillante plaidoirie lui fait une publicité redoutable[8]. Condamné pour diffamation en par défaut, Laubreaux fit opposition au jugement et devait être à nouveau jugé en juin 1940 mais ni Bernstein, réfugié à New York, ni Laubreaux, emprisonné, ne vinrent à l'audience. Il est jugé une nouvelle fois, en, et se défend sans avocat. Il est acquitté[9].
En, Pierre Masse reçoit une circulaire adressée à tous les parlementaires leur demandant de préciser s'ils sont d'ascendance juive. Dans une seconde lettre adressée au maréchal Pétain, il exprime avec vigueur son refus d'être traité en« Français de deuxième catégorie »[8].

Il est arrêté à son domicile par la police française, sur ordre des Allemands, le[8] en compagnie d'autres confrères, tous juifs et parmi les plus célèbres du barreau de Paris, Jean Weill,Théodore Valensi, Maurice Azoulay, Albert Ulmo, Gaston Crémieux etEdmond Bloch[10]. Il est ensuite séquestré aucamp de Drancy, puis àCompiègne. Un quotidien collaborationniste,Paris-Soir, publie un reportage antisémite consacré à Masse et ses collègues sous le titre« Je les ai vus, ces juifs millionnaires, ex-célébrités du barreau parisien internés dans un camp proche de notre capitale »[11].
Dans l'un et l'autre camp, sa préoccupation première est d'aider ses camarades de captivité, consolant les uns, partageant avec les autres les quelques colis qui lui parviennent. Il collabore pour cela avecAnnette Monod, une assistante sociale relevant de laCroix-Rouge qui a organisé un service social dans le camp et parvient à entrer et sortir du camp avec des messages ou des colis. Pour essayer de le soustraire à cette antichambre de la déportation, des amis ingénieux imaginent de toutes pièces un prétenduabus de blanc-seing dont se serait rendu coupable Pierre Masse. Leur but, gagner du temps en suscitant une enquête approfondie, est partiellement atteint : il est ramené à laprison de la Santé et incarcéré comme détenu administratif[1]. Mais lenon-lieu prononcé par le procureur de l'ÉtatMaurice Gabolde le renvoie à Drancy, puis à Compiègne[8]. Le maréchal Pétain adresse, tardivement, une demande de libération aux autorités d'occupation. Celles-ci donnent une fin de non recevoir en s'étonnant que le cabinet civil du maréchal s'inquiète du sort d'un« Juif particulièrement dangereux… ». Le, il est déporté àAuschwitz, par leconvoino 39[12], où il meurt, probablement au cours du mois d'octobre[13].
Marié avec Marie Arrault, le couple a trois enfants : Jacques (1910-2002), Marie-Thérèse et Philippe.
Gouvernement Painlevé I (12 septembre 1917 - 16 novembre 1917) | |||||
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| Sous la présidence deRaymond Poincaré | |||||
| Guerre | Paul Painlevé | Paul Painlevé Président du Conseil | |||
| Justice | Raoul Péret | ||||
| Affaires étrangères | |||||
| Intérieur | Théodore Steeg | ||||
| Finances | Louis-Lucien Klotz | ||||
| Marine | Charles Chaumet | ||||
| Instruction publique et Beaux-Arts | Daniel Vincent | ||||
| Travaux publics et Transports | Albert-André Claveille | ||||
| Ravitaillement | Maurice Long | ||||
| Commerce, Industrie et PTT | Étienne Clémentel | ||||
| Agriculture | Fernand David | ||||
| Colonies | René Besnard | ||||
| Travail et Prévoyance sociale | André Renard | ||||
| Armement et Fabrications de guerre | Louis Loucheur | ||||
| Ministres d'État | |||||
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