Pour les articles homonymes, voirLouis.
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Nom de naissance | Pierre Félix Louis |
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Fratrie | Georges Louis(d) ![]() |
Conjoint | Louise de Heredia(d)(de à) ![]() |
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Archives conservées par | Archives départementales des Yvelines (166J, Ms 7377, 1,-)[1] ![]() |
Pierre Félix Louis, ditPierre Louÿs, est unpoète etromancierfrançais, né le àGand (Belgique) et mort le àParis16e[2].
Il est également connu sous les noms de plumeChrysis,Peter Lewys etPibrac[3].
Pierre Louÿs est le fils de Pierre Philippe Louis (1812-1889) et de sa deuxième épouse, Claire Céline Maldan (1832-1879), petite-fille de Louise Junot (1772-1820), sœur duduc d'Abrantès, et dudocteur Sabatier, médecin de Napoléon. Il est peut-être en réalité le fils deGeorges Louis (1847-1917), son demi-frère[4],[5], diplomate en Égypte en qualité de délégué de la France à la Commission de la dette égyptienne (1893-1903), puis ambassadeur de France en Russie (1909-1913), etgrand-croix de la Légion d'honneur en 1913[6], fils né d'une première union de leur père. Jusqu'à ce que la mort les sépare, ils échangeront une correspondance quasi quotidienne.
Louÿs fait ses études à l'École alsacienne de Paris, où il se lie d'amitié avec son condiscipleAndré Gide. Il rédige ses premiers textes durant son adolescence et tient un journal. Encore jeune homme, il commence à s'intéresser au mouvement littéraire duParnasse, fréquentant les poètes emblématiques,Leconte de Lisle,José-Maria de Heredia (dont il épousera en 1899 la plus jeune fille, Louise). Il évolue aussi dans le réseausymboliste[7], mais Gide écrivait en 1892 :« Louÿs n'est pas symboliste du tout[8]. »
Pierre Louÿs fonde en la revue littéraireLa Conque, où sont publiées les œuvres d'auteurs parnassiens et symbolistes, des maîtres servant de modèles, commeMallarmé,Moréas,Leconte de Lisle ouVerlaine, mais également de jeunes poètes encore inconnus commeValéry,André Gide et Louÿs lui-même[9].
Son premier recueil de poésies,Astarté, paraît enà compte d'auteur, puis aux Arts indépendantsChrysis ou la cérémonie matinale en,Poésies de Méléagre, traduction, en,Lêda ou la louange des bienheureux ténèbres en,La maison sur le Nil ou les Apparences de la Vertu en,Scènes de la vie des courtisanes deLucien de Samosate, traduction, en, et la même annéeLes Chansons de Bilitis qui reste son œuvre la plus connue, et un exemple de mystification littéraire. En effet, Louÿs a fait passer ces poèmes pour une traduction d'une poétesse grecque contemporaine deSappho.
Ce recueil de courts poèmes en prose est marqué par les influences du Parnasse hellénisant et du symbolisme avec un profond goût de la sensualité, du bucolique (dans sa première partie) et de l'érotisme élégant. Les évocations naturelles et précieuses y côtoient ainsi des scènes érotiques. Ces poèmes inspirèrent certains musiciens, dontClaude Debussy qui en tira trois compositions, avec la collaboration amicale de Louÿs.
Son premier roman,Aphrodite (mœurs antiques), est publié en au Mercure de France. D'un style associant raffinement extrême, évocations sensuelles et décadentisme recherché, il est, selon Yves-Gérard Le Dantec[10], « le drame sans remède d'une adolescence passée à la recherche de l'amour vrai[11] ». Ce roman connaît un grand succès, aussi bien dans les milieux littéraires post-parnassiens qu'auprès du grand public, grâce à un article louangeur deFrançois Coppée.
Son roman suivant,La Femme et le Pantin (), inspiré des mémoires deCasanova, se déroule à l'époque contemporaine. Soulignant les aspects dramatiques de la sensualité, il est souvent considéré comme le chef-d'œuvre de Louÿs, avecTrois filles de leur mère. Dans un style plus sobre que celui des œuvres précédentes, il allie pessimisme et cruauté mentale dans une atmosphère complexe d'affects torturés. De ce livre seront tirés d'abord une pièce de théâtre,La Femme et le Pantin, écrite par Pierre Louÿs etPierre Frondaie, créée en, puis un drame musical,Conchita () deMaurice Vaucaire etCarlo Zangarini sur une musique deRiccardo Zandonai, puis plusieurs films,La Femme et le Pantin, deJacques de Baroncelli avecConchita Montenegro (muet, 1929),La Femme et le Pantin (The Devil is a Woman) deJosef von Sternberg avecMarlène Dietrich (),La Femme et le Pantin deJulien Duvivier avecBrigitte Bardot (), etCet obscur objet du désir deLuis Buñuel avecFernando Rey etCarole Bouquet ().
AvecFrançois Coppée, et bien d'autres artistes ethommes de lettres (dontJosé-Maria de Heredia,Jules Verne, les peintresEdgar Degas,Auguste Renoir, le compositeurVincent d'Indy, etc.), il est membre de laLigue de la patrie française, ligueanti-dreyfusarde modérée[12]. Il écrit encore un ouvrage d'une ironique grivoiserieLes Aventures du roi Pausole (,roman, adapté sous la forme d'uneopérette, parArthur Honegger, en 1930). À partir du début duXXe siècle, accablé de difficultés financières, Louÿs a beaucoup de mal à écrire et plus encore à publier. Il donne alors essentiellement des recueils d'articles et de nouvelles, préalablement publiés dans les journaux. Ses nouvelles sont teintées de fantastique comme celles du recueilSanguines, publié en, qui fait apparaîtreHonoré de Balzac dialoguant avec un de ses personnages :Esther Gobseck.
Après 1906 il écrit très peu, mais vers 1917 fait paraîtreIsthi (publié sans nom d'auteur à quelques centaines d'exemplaires),Poétique et surtout son chef-d'œuvre lyrique, lePervigilium mortis, longtemps resté inédit. SesDerniers vers, très amers, ne sont pas non plus publiés de son vivant. En, il publie dans la revue littéraireComœdia un article intitulé « Molière est un chef-d'œuvre de Corneille », annonçant avoir mis au jour une supercherie littéraire, qui est à l'origine du débat de lapaternité des œuvres de Molière[13].
Tout au long de sa vie, Louÿs a écrit un très grand nombre decuriosa, doublant notamment ses œuvres publiées d'une version érotique. D'autres textes, souvent ironiques, reprennent sous une forme coquine, voire pornographique, des œuvres sérieuses comme les quatrains dePybrac ou leManuel de civilité pour les petites filles à l'usage des maisons d'éducation. Il a également raconté ses difficiles relations avec les trois filles Heredia et leur mère dansTrois filles de leur mère, publié sous le manteau après sa mort, puis officiellement dans le catalogue deJean-Jacques Pauvert.
Grand connaisseur de la littérature ancienne, Pierre Louÿs était aussi un bibliophile, qui possédait une bibliothèque de plus de 20 000 volumes (dont desunica). Passionné de bibliographie, il publia plusieurs articles sur ces questions et rédigea des milliers de fiches qu'il céda à son amiFrédéric Lachèvre, auteur d'uneBibliographie des recueils collectifs de poésies publiés de 1597 à 1700 qui fait encore référence aujourd'hui. Frédéric Lachèvre a lui-même publié les lettres qu'il a reçues de Pierre Louÿs, après la mort de ce dernier sous le titre,Pierre Louÿs et l'histoire littéraire (Paris, 1925).
Pierre Louÿs fut également photographe et dessinateur. L'éditeurGeorges Briffaut publia par exemple en 1938 le recueilLa Femme, poèmes accompagnés d'une suite de 16phototypies d'après ses compositions[14].
Il épouse en 1899 la plus jeune fille deJosé-Maria de Heredia, Louise, après avoir été l'amant de sa seconde fille,Marie, épouse d'Henri de Régnier.
À partir de 1917, il vit avec Aline Steenackers (1895-1979), qu'il épouse en 1923. Elle lui donne possiblement[15] trois enfants : Gilles (Paris 15e, 1920 -L'Escarène, 1993), Suzanne (Paris, 1923) et enfin Claudine (Paris 16e, 1925 -Saint-Cloud, 2020).
Parmi ses différentes demeures, il demeura au 147boulevard Malesherbes àParis 17e de 1897 à 1902.
La fin de sa vie est difficile ; ruiné, paralysé et atteint de cécité partielle, il vit ses dernières années retiré dans la solitude. Mort d'une crise d'emphysème, il est inhumé àParis, aucimetière du Montparnasse (division 26)[16].
L'œuvre de Pierre Louÿs est entrée dans le domaine public en 2000.
Pierre Louÿs est nomméchevalier de la Légion d'honneur le en qualité d'homme de lettres, puis promu officier le[17].
« Ici gît le corps délicat de Lydé, petite colombe, la plus joyeuse de toutes les courtisanes, qui plus que toute autre aima les orgies, les cheveux flottants, les danses molles et les tuniques d’hyacinthe.
Plus que toute autre, elle aima les glottismes savoureux, les caresses sur la joue, les jeux que la lampe voit seule et l’amour qui brise les membres. Et maintenant, elle est une petite ombre.
Mais avant de la mettre au tombeau, on l’a merveilleusement coiffée et on l’a couchée dans les roses ; la pierre même qui la recouvre est tout imprégnée d’essences et de parfums.
Terre sacrée, nourrice de tout, accueille doucement la pauvre morte, endors-la dans tes bras, ô Mère ! et fais pousser autour de la stèle, non les orties et les ronces, mais les tendres violettes blanches. »
— Tombeau d'une jeune courtisane (Les Chansons de Bilitis)
Jacques-Émile Blanche a fait son portrait en 1893 (coll. privée) ; œuvre exposée à la fondation Pierre Bergé-Yves Saint-Laurent à Paris, d' à.
Beaucoup d'artistes ont illustré les œuvres de Pierre Louÿs, notamment :Édouard Chimot,Antoine Calbet,Carlos Schwabe,Louis Icart,Marcel Vertès,Rojan,Paul-Émile Bécat,Mariette Lydis,Milo Manara,Claire Wendling,Georges Pichard,Willy Pogány,Silvio Cadelo,Laure Albin-Guillot,Erich von Götha,Jacobsen.
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