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| Pierre Favre | |
Pierre Favre, premier prêtre jésuite. | |
| Saint catholique | |
|---|---|
| Date de naissance | |
| Lieu de naissance | auVillaret (duché de Savoie, dans leSaint-Empire Romain Germanique)[1],[2] |
| Date de décès | (à 40 ans) |
| Lieu de décès | àRome (États pontificaux) |
| Nationalité | Savoyard |
| Ordre religieux | Compagnie de Jésus |
| Vénéré à | Savoie |
| Béatification | 5 septembre1872 parPie IX |
| Canonisation | 17 décembre2013 parFrançois |
| Vénéré par | Jésuites |
| Fête | 2 août |
| Saint patron | chrétiens desAravis |
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Pierre Favre, né le au Villaret, hameau deSaint-Jean-de-Sixt, dans leduché de Savoie, et mort le àRome, est unprêtre de laCompagnie de Jésus,savoyard et compagnon d'Ignace de Loyola.
Il est le premierprêtre de laCompagnie de Jésus[1], et est le créateur des premiers collèges jésuites.
Il estbéatifié le 5 septembre 1872 par le papePie IX, puiscanonisé le[3] par le papeFrançois. Il est fêté liturgiquement le de chaque année[4],[5].
Pierre Favre naquit dans le village du Villaret, dans lemassif des Aravis (alors dans lediocèse de Genève), unhameau de montagne[6] dans une famille d'agriculteurs. Pierre décrit ses parents comme de« vertueux catholiques et très pieux »[6].
Il commence ses études dans la commune de laThônes puis au collège deLa Roche-sur-Foron[6] avec le maitre Pierre Veillard, érudit vertueux qui exercera une grande influence sur lui[7]. Il est également encouragé par son oncle paternel, Mamert Favre, prieur du monastère de lachartreuse du Reposoir qui finançera la suite de ses études à l'université de la Sorbonne (Paris).
Fidèle en amitié, Pierre Favre restera toute sa vie en contact avec leschartreux, surtoutceux de Cologne (notammentLanspergius[8] et le prieur Peter Blommeveen), dont le soutien durant ses voyages apostoliques enAllemagne lui fut très précieux.

En 1525, il part étudier à Paris[1], d'abord aucollège de Montaigu, puis aucollège Sainte-Barbe où il aFrançois Xavier comme camarade de chambre. Peu après un troisième étudiant,Ignace de Loyola, les rejoint. Alors que François Xavier est plus réservé, une profonde amitié se lie entre Pierre Favre et Ignace de Loyola. Le premier devient lerépétiteur du second et Ignace, qui a déjà34 ans et une grande expérience spirituelle, aide Pierre à surmonter ses tentations et ses scrupules.
En 1530, Favre estbachelier ès arts et poursuit une licence enthéologie. En 1534, il fait lesExercices spirituels sous la direction d'Ignace de Loyola et pénètre si profondément dans cette voie vers Dieu que, plus tard, Ignace le considérera comme celui qui les donne le mieux.
Le, le groupe des sept « amis dans le Seigneur »[9] rassemblés parIgnace de Loyola monte à lachapelle Saint-Denis àMontmartre — alors à l'extérieur de Paris — pour se consacrer à Dieu par les vœux depauvreté et dechasteté, c’est Pierre Favre, tout juste ordonné prêtre le, qui célèbre la messe et reçoit leurengagement religieux et apostolique. Peu après, il remplace également Ignace à la tête du groupe lorsque ce dernier doit retourner dans son pays natal pour des raisons de santé. Pierre Favre reçoit pendant ce temps là trois nouveaux compagnons :Jean Codure,Claude Le Jay etPaschase Broët.
En 1536, Favre obtient unemaîtrise en arts.
En, tous les « amis dans le Seigneur » (qui sont alors au nombre de onze) se retrouvent avec Ignace àVenise. Ceux qui sont prêts y sont ordonnés prêtres. Le séjour à Venise, avec une aide portée aux malades des hôpitaux des villes avoisinantes, est la dernière préparation spirituelle avant de se rendre à Rome pour se placer au service de l'Église et du pape.
Arrivé à Rome en 1538, Pierre Favre enseigne la théologie à l'université La Sapienza tout en préparant avec les autres le projet de fondation de laCompagnie de Jésus qui sera approuvé le 27 septembre 1540 par le papePaul III dans labulle pontificaleRegimini militantis ecclesiæ.
Immédiatement après — fin 1540 —, Favre commence une vie itinérante missionnaire, parcourant plusieurs pays d'Europe et travaillant au renouvellement spirituel et à la réforme du catholicisme. Il est d’abord àParme où durant18 mois il donne lesExercices spirituels et réforme plusieurs couvents et monastères.
Le pape l’envoie ensuite aux colloques deWorms etRatisbonne, en Allemagne. Les contacts avec lesprotestants n'étaient pas encore rompus : on espérait y trouver un accord qui éviterait le schisme. Le colloque fut un échec mais le séjour de Favre en Allemagne lui ouvrit les yeux : l'ignorance religieuse du peuple chrétien et l'immoralité du clergé étaient les causes principales du progrès duprotestantisme. Ce sont les lettres de Favre à Ignace qui firent comprendre à ce dernier l'étendue de la désaffection des Allemands vis-à-vis de Rome et les dangers du protestantisme. Ce fut un tournant dans les premières orientations apostoliques de laCompagnie de Jésus.
En 1541[10], il vient passer le mois d'août dans la vallée de Thônes ou il retrouve sa famille et son village natal duVillaret. À cette occasion il séjourne deux jours auchâteau d'Alex.
Favre fait ensuite un voyage enEspagne où son sens de l’amitié lui permit d’établir des contacts utiles pour la Compagnie de Jésus :Saragosse,Madrid, Ocaña etTolède.
En 1542, il est de retour en Allemagne, àSpire etMayence, où il donne les Exercices spirituels, entre autres, au printemps 1543, àPierre Canisius qui entrera plus tard dans la Compagnie de Jésus. À Mayence qu'il vénérait particulièrement lacroix sainte de Mayence, qui a été conservée aujourd'hui au grandséminaire de Mayence. Il a mentionné à plusieurs reprises dans son Memoriale, le journal spirituel. En 1544, il fonde le collège deCologne avec l’aide deschartreux. Il visite égalementAnvers etLouvain.
À la demande du papePaul III, Pierre Favre se rend à la cour duPortugal pour une mission spéciale. En Espagne, en 1545, il fonde des communautés jésuites àValladolid etAlcala ; mais ces voyages incessants minent sa santé. Rappelé à Rome pour s'y préparer à participer comme légat du pape auconcile de Trente, Pierre Favre s’éteint épuisé le dans les bras même — dit-on — d'Ignace de Loyola. Il est premièrement enterré dans l'église Notre-Dame du Chemin. Lorsque celle-ci fut démolie pour permettre la construction de l'actuelleéglise du Gesù, ses restes et ceux d'autres parmi les premiers jésuites furent exhumés pour y être réenterrés ensuite.
Il reposait depuis dans la crypte de l'église tout près de l'entrée, mais en l'église a été détruite par une inondation et la dépouille de Pierre Favre a été emportée sans avoir pu être retrouvée.
Mort à40 ans, Favre est moins connu que d’autres parmi les premiers compagnons jésuites. Cependant, il occupe une place très importante dans l’histoire de la fondation de la Compagnie de Jésus ; d'abord parce qu'il faisait partie du noyau initial des trois « amis dans le Seigneur » fondé dans la chambre ducollège Sainte-Barbe à Paris avec Ignace de Loyola et François Xavier, ensuite parce qu'Ignace de Loyola avait la plus grande confiance en lui — Pierre Favre fut chargé de guider le petit groupe lorsqu'il s'absenta pour un long séjour de santé dans son pays de 1535 à 1536. De plus, au moment de l'élection du premiersupérieur général de la Compagnie, il apparut clairement que Pierre Favre faisait l'unanimité comme second choix, si Ignace de Loyola avait persévéré dans le refus de son élection[11].
Simon Rodrigues, un des premiers compagnons et par ailleurs très différent de Favre, laissa de lui ce souvenir :« Il avait une rare et délicieuse douceur de rapports, que je n’ai trouvé chez personne à ce degré ». Il avait ainsi une manière charmante de converser qui lui faisait gagner cœurs et esprits, y compris parmi les luthériens. Instinctivement Pierre Favre préférait le contact personnel et la conversation amicale auxsermons dans les églises ou aux cours à donner à de grands auditoires. Son intégrité morale et sa sincérité évidente facilitaient le contact ; il persuadait sans avoir besoin d’insister. Il entra ainsi sans difficulté dans l’esprit desExercices spirituels — un apostolat typique de l’amitié et de laconversation spirituelle — et les donnait remarquablement bien — aux dires même d'Ignace de Loyola.
Pierre Favre n’était ni un philosophe, ni un théologien, au sens technique du mot. Les seuls écrits qu'il nous ait laissés sont ses lettres et un Mémorial[11] qui est une autobiographie spirituelle, rédigée de 1542 à 1545 dans laquelle il fait une approche du divin par le biais de l'affection intime et du sentiment. Il n'hésitait pas à s'adresser directement au Christ et aux anges, comme dans l'extrait ci-dessous, où il raconte son installation dans une nouvelle demeure[12] :
« Dans chaque pièce et dans chaque salle de la maison, je dis à genoux cette prière : « Visitez cette demeure, nous vous en prions, Seigneur ; écartez d'elle toutes les embûches de l'ennemi, pour que vos saints anges y habitent et nous gardent dans la paix, et que votre bénédiction soit sur nous à jamais, par le Christ notre Seigneur. » Je le fis avec une vraie dévotion et avec le sentiment qu'il était convenable et bon d'agir ainsi en entrant pour la première fois quelque part. J'invoquai ensuite les anges gardiens des voisins et je sentis que cela était convenable et bon quand on change de quartier. Je priai pour que mes compagnons de logis et moi, nous n'ayons à subir aucun mal de la part des mauvais esprits du voisinage et tout spécialement celui de la fornication. »
Niccolò Orlandini a écrit la Vie du P. Favre dans la1re partie de l’Historia Societatis Jesu, Rome, 1615, in-fol., et on l’a réimprimée à part à Lyon, 1617, in-8°, ornée d’un portrait de ce saint religieux, au-dessous duquel on lit ces deux vers :
« Pastor, virgo, pius ; pavit, domuit, coluitque,
Fronde, fame, votis, agmina, membra, Deum. »
Cette Vie a été traduite enitalien par le P.Terenzio Alciati, jésuite, sous le nom d’Emilio Tacito, Rome, 1629, in-8°.