Pierre Curie, né le àParis et mort le dans la même ville, est unphysicienfrançais, connu pour ses travaux enradioactivité, enmagnétisme et enpiézoélectricité. AvecMarie Curie, son épouse, ils furent les pionniers de l'étude desradiations (rayonnement corpusculaire naturel), et reçurent une moitié duprix Nobel de physique de 1903 (l'autre moitié a été remise àHenri Becquerel)« en reconnaissance des services extraordinaires qu'ils ont rendus par leur effort conjoint de recherches sur les phénomènes des radiations découvertes par le professeur Henri Becquerel[1] ».
Il s'inscrit à lafaculté des sciences de Paris et en à18 ans, il y passe brillamment salicence ensciences physiques. Il prend ensuite en le poste de préparateur-adjoint au laboratoire d'enseignement de la physique dePaul Desains, l'un des deux professeurs du cours de physique à la faculté. Il est nommé préparateur deux ans plus tard et mène une des premières études derayonnement du corps noir.
Page couverture dePropriétés magnétiques des corps à diverses températures, thèse de Pierre Curie publiée en 1895.Le diplôme du prix Nobel de physique 1903, dont il partage la moitié avec son épouseMarie Curie, l'autre moitié étant attribuée àHenri Becquerel.
En 1883[4], il devient préparateur puis chef de travaux dans la nouvelleÉcole municipale de physique et de chimie industrielles de la ville de Paris auprès du professeur Fernand Dommer. Il étudie l'effet piézoélectrique inverse et conçoit le dynamomètre piézoélectrique. Il entreprend une étude théorique de la symétrie en cristallographie et en physique. Dans sa thèse pour ledoctorat ès sciences physiques, soutenue le à la faculté des sciences de l'université de Paris, portant sur les propriétés magnétiques des corps à diverses températures, il énonce laloi de Curie et définit lepoint de Curie, température au-delà de laquelle certains matériaux perdent leurs propriétés magnétiques.
En, Pierre Curie est nommé à un nouveau poste de professeur chargé de la partie théorique du cours d'électricité et magnétisme, au côté d'Édouard Hospitalier. Pierre Curie est responsable du laboratoire de physique de l'école de 1882 à sa mort et chargé de l'organisation de l'enseignement de la physique. En tant que professeur, il forme de nombreux physiciens (dontAndré-Louis Debierne,Georges Urbain,Paul Delorme ouPaul Langevin) avec lesquels il collabore au cours de ses recherches. Il se lie d'amitié avec le physicien suisseCharles Édouard Guillaume et avecGeorges Sagnac,Paul Langevin,Jean Perrin etAndré-Louis Debierne qui deviennent des intimes de la famille Curie.
Grâce à un financement inespéré, ils font venir une tonne depechblende deJoachimsthal, en Bohême, dans leur laboratoire de Paris[5]. Par des étapes de raffinage précises et dangereuses, ils isolent successivement les sels radioactifs de la roche brute. En 1898, ils publient leurs premiers résultats et annoncent la découverte de deux nouveaux radio-éléments : lepolonium et leradium. Ils utilisent pour la première fois le terme de « radioactivité ». Leur travail, y compris le fameux mémoire de doctorat de Marie, s'appuie sur unélectromètre piézoélectrique précis construit par Pierre et son frère Jacques.
Pierre etAndré-Louis Debierne font la première découverte de l’énergie nucléaire, en identifiant l'émission continue dechaleur par desparticules deradium. Il étudie également les émissions de substances radioactives par radiation et, en utilisant des champs magnétiques, il montre que certaines émissions sont chargées positivement (radiationsalpha,bêta+), d'autres négativement (bêta-), et d'autres neutres (radiationsgamma).
Jusqu'en 1902, Pierre et Marie tentent d'extraire une quantité suffisante de radium pour en déterminer lamasse atomique, tentative réussie en 1902. À la suite des résultats de cette recherche, Pierre et Marie reçoivent conjointement la moitié duprix Nobel de physique en 1903« en reconnaissance des extraordinaires services qu'ils ont rendus par leurs recherches communes sur les phénomènes de radiation découverts par le ProfesseurHenri Becquerel[1] ». Cette même année, ils sont tous deux lauréats de lamédaille Davy.
Professeur à la faculté des sciences de l'université de Paris
Le, Pierre Curie est nommé répétiteur auxiliaire de physique à l'École polytechnique. Il démissionne en octobre suivant à la suite de sa nomination à la faculté des sciences de l'université de Paris comme chargé d'un cours complémentaire de physique pour l'enseignement au certificat d'études de physique, chimie et sciences naturelles (année préparatoire aux études de médecine) en, avec un traitement annuel de 6 000 francs, en remplacement deLucien Poincaré. En, après l'obtention du prix Nobel, il est nommé professeur titulaire d'une nouvelle chaire de physique générale à la faculté et obtient la construction d'un laboratoire dans la cour de l'annexe de la faculté dédiée au certificat PCN située 12,rue Cuvier.Marie Curie obtient en le poste de chef de travaux de la chaire avec un traitement annuel de 2 400 francs. Il est élu membre de l'Académie des sciences en 1905.
Pierre Curie meurt subitement le, à l'âge de 46 ans, dans un accident de la circulation à hauteur duno 2 de larue Dauphine dans le6e arrondissement deParis. Ayant déjeuné avec Jean Perrin et en compagnie de confrères et d'amis dontPaul Langevin etJoseph Kowalski à l'hôtel des sociétés savantes, 8rue Danton[6], il quitte ses convives à 14 heures, pour se rendre à la librairieGauthier-Villars, 55quai des Grands-Augustins, afin de relire les épreuves de son dernier article[7]. Trouvant porte close en raison d'unegrève[6], il se dirige vers lequai de Conti. Arrivé à l'angle de larue Dauphine, où le trafic est dense, il veut traverser la chaussée pour gagner lequai de Conti, mais, courant pour éviter unfiacre qui se dirige vers lepont Neuf, il se heurte au cheval de gauche d'un camion hippomobile arrivant en sens inverse, chargé de près de quatre tonnes d'effets militaires[8],[9]. Pierre Curie glisse sur lemacadam mouillé et tombe devant le camion, dont une roue arrière le blesse mortellement à la tête[10],[6] malgré les efforts immédiats du conducteur pour arrêter ses chevaux.
L'ancienne tombe de Pierre et Marie Curie au cimetière de Sceaux (Haut-de-Seine).
Ève Curie, qui écrit une biographie mondialement connue de sa mère, et qui épouseHenry Labouisse qui, en sa qualité de directeur exécutif de l'UNICEF, reçoit leprix Nobel de la paix attribué à cette organisation en 1965.
Dès l'année 1880, Pierre et son frèreJacques Curie découvrent le phénomène piézoélectrique de certains cristaux comme lequartz, latourmaline ou lapechblende[13]. Ils établissent les conditions de symétrie nécessaire à sa production dans les cristaux et déterminent les caractéristiques du dégagement électrique[14]. Ils expliquent le phénomène ainsi que lapyroélectricité étudiée parCharles Friedel en devinant l'existence d'unepolarisation électrique primordiale des molécules. À la suite d'un article deGabriel Lippmann paru en 1881, les deux frères démontrent l'effet piézoélectrique inverse en augmentant les petits déplacements des cristaux soumis à unchamp électrique au moyen d'un levier amplificateur observé aumicroscope[15]. Il conçoit ledynamomètre piézoélectrique pour mesurer de faibles masses ou déterminer de très petites quantités d'électricité statique.
Pierre Curie transpose les outils théoriques développés en cristallographie parAuguste Bravais etArthur Moritz Schoenflies à l'étude de la physique. Il introduit les notions de plans de symétries rotatoires et de translation. Il complète les définitions introduites parWoldemar Voigt devecteurs polaires (pour décrire lechamp électrique) ou axiaux (pour décrire lechamp magnétique) et detenseurs (pour décrire les tensions mécaniques élastiques sur un corps solide)[16]. Il énonce un grand nombre de théorèmes généraux pour étudier les symétries en physique théorique dont leprincipe de Curie[17].
Pierre Curie a une importante activité de conception d'instruments scientifiques. Il met au point lequartz piézoélectrique, conçoit desélectromètres performants (électromètre apériodique et à bilame de quartz[22]) et unebalance de précision apériodique capable de mesurer le centième de milligramme[23].
Lauréat, à titre posthume, duprix Jean-Reynaud de l'Institut, décerné en 1906 par l'Académie des sciences, pour ses travaux sur lapiézoélectricité et les propriétés des corps radioactifs[29].
Le, sur décision du présidentFrançois Mitterrand, ses cendres et celles de sa femme Marie sont transférées du cimetière familial de Sceaux auPanthéon de Paris[30]
Lecurie est une unité de radioactivité (3,7 × 1010 désintégrations par seconde) dont le nom est un hommage rendu à Pierre Curie par le Congrès de radiologie de 1910.
Lepoint de Curie est la température où un corps perd ses propriétés magnétiques.
↑P. Curie et J. Curie, « Contractions et dilatations produites par des tensions électriques dans les cristaux hémièdres à faces inclinées », dansComptes rendus de l'Académie des sciences, vol. XCIII, séance du 26 décembre 1881,p. 1137
↑P. Curie. « Sur les répétitions et la symétrie. »Comptes rendus de l'Académie des sciences,p. 1393. (1885)
↑Pierre Curie, « Sur la symétrie dans les phénomènes physiques, symétrie d'un champ électrique et d'un champ magnétique. »Journal de physique, tome III (1894)
↑P. Curie,M. Curie,G. Bémont.Sur une nouvelle substance fortement radio-active contenue dans la pechblende Comptes rendus de l'Académie des Sciences, (1898) 1215-1217 (Manuscrit de la note)
↑P. Curie,A. Debierne.Sur la radio-activité induite provoquée par des sels de radium, Comptes rendus de l'Académie des sciences, (1901) 931-934
↑Sur la charge électrique des rayons déviables du radium, Comptes rendus de l'Académie des sciences, (1900) 647-650
↑P. Curie.Sur un électromètre à bilame de quartz. Comptes rendus de l'Académie des sciences, (1888) 1287-1289
↑P. Curie.Sur une balance de précision apériodique et à lecture directe des derniers poids. Comptes rendus de l'Académie des sciences, (1889) 663-666
(en)Biographie sur le site de lafondation Nobel (le bandeau sur la page comprend plusieurs liens relatifs à la remise du prix, dont un document rédigé par la personne lauréate — leNobel Lecture — qui détaille ses apports)
Untimbre-poste est mis en circulation en 1938 à l'occasion des 40 ans de la découverte duradium par Pierre etMarie Curie.