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| Activités | Historien, historien du mouvement ouvrier,écrivain,professeur d'université,soviétologue |
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Pierre Broué, né le àPrivas (Ardèche) et mort le àLa Tronche (Isère), est unhistorien et militant trotskistefrançais, auteur de nombreux ouvrages surTrotski et letrotskisme, et plus largement sur l'histoire du communisme. Docteur en lettres, il fut aussi un militant syndical dans le monde enseignant ; il a été professeur en région parisienne, puis à l'Institut d'études politiques de Grenoble.
Né dans une famillerépublicaine, son premier engagement politique se fait pendant l'Occupation allemande au sein des jeunesses duParti communiste français (PCF), alors clandestin, dont il sera exclu. Mais il est déjà influencé parLéon Trotsky dont il a découvert l'œuvre chez un de ses professeurs d'histoire,Elie Reynier. Ce dernier était militant à laCGT, dans laFédération de l'Éducation nationale avecPierre Monatte et à laLigue des droits de l'homme ; à l'été 1940, le vieux militant-pédagogue est assigné à résidence, où il invite le lycéen à piocher dans sa bibliothèque, pour se plonger dans les livres deMarc Bloch, deGeorges Lefebvre et l'Histoire de la révolution russe de Léon Trotsky.
À la rentrée 1942, il intègre l'hypokhâgne dulycée Thiers. Il cherche et trouve un contact avec la Résistance, par l'intermédiaire d'un surveillant, Paul Cousseran, qui l'incorpore aux Mouvements Unis de la Résistance (MUR), dans un groupe chargé de collecter des renseignements, remettre des colis aux prisonniers et transporter armes et explosifs[1].
Il poursuit des études de khâgne à Paris aulycée Henri-IV en. Il s'engage dans la voie de laRésistance. Après des contacts avec les MUR (Mouvements unis de résistance, groupant des gaullistes et des socialistes), Pierre Broué, qui veut combattre plus résolument, adhère à une cellule du PCF. Choqué par les retournements de veste de laLibération, il intervient dans sa cellule contre le mot d'ordre « À chacun son boche » et se fait exclure pourtrotskysme, bien qu'il ne le soit pas encore.
En1944, il rencontre les militants duParti communiste internationaliste (PCI), deMichel Raptis ditPablo, en voie de reconstitution, par la fusion des deux courants qu'étaient le POI (Parti ouvrier internationaliste) et le CCI (Comité communiste internationaliste), soit 700 adhérents, et milite en son sein. Il sera pendant plus de quarante ans un des intellectuels les plus importants du « courant lambertiste » au sein du mouvement trotskiste.
À la fin des années 1940, il est l'un des dirigeants des Jeunesses Communistes Internationalistes et fera partie d'une délégation en camp d'été enYougoslavie, alors en rupture avec l'URSS. Pierre Broué fait partie de la majorité qui, avec Marcel Bleibtreu, Pierre Lambert et Daniel Renard, s'oppose à Pablo qui veut forcer le PCI à enterrer ses positions et son histoire pour se lancer dans l'entrisme dans le PCF, et se fait exclure de laIVe Internationale en1952. À cette époque, Pierre Broué, devenu professeur de lycée, s'éloigne de l'Ardèche : il enseigne àNyons dans laDrôme, puis part àBeaune en Côte-d'Or. En1953, il soutient son Diplôme d'Études Supérieures, consacré à un historien ardéchois de la Révolution française,Paul Mathieu Laurent, intitulé :Un Saint-Simonien dans l'arène politique : Laurent de l'Ardèche, 1848-1852. Ce dernier avait entrepris en1828 de réfuter l'histoire officielle sur la Révolution. C'est le premier travail historique important de Pierre Broué, qui signe la même année sa première brochure pour l'Organisation communiste internationaliste (OCI) sur la situation enBolivie.
Le groupe des exclus, qui se sépare lui-même de Marcel Bleibtreu, Michel Lequenne et quelques autres en1955, devient le « Groupe Lambert », aux effectifs très réduits (50 personnes). Mais le groupe est en contact avec des personnalités commeMessali Hadj, des dirigeants deFO, ou encoreAndré Marty, dirigeant qui vient d'être exclu du Parti communiste. Dans les années qui suivent, Broué est avec Robert Chéramy un des principaux responsables du PCI dans leSyndicat national des enseignements de second degré (SNES), d'abord dans la majorité, puis dans la tendanceÉcole émancipée, dont il est en 1964 tête de liste dans sa discipline.
De1960 à1965, il estprofesseur certifié d'histoire-géographie àMontereau-Fault-Yonne. À la rentrée de1965, il prend la direction de l'enseignement universitaire et devient assistant, puis professeur d'histoire contemporaine à l'Institut d'études politiques de Grenoble, en 1965-66. Il organise l'OCI dans la région et forme une génération de militants, que l'on retrouvera aprèsmai 68 à l'UNEF-US (et organisations proches comme l'Alliance des jeunes pour le socialisme (AJS) et laFédération des étudiants révolutionnaires (FER) et plus tard pour certains auPS. En1969, il est l'un des acteurs de la scission de l'École émancipée, entre l'EE « courant historique » et l'EE-Front unique ouvrier (FUO), dirigé par l'OCI. Puis il est de la formation du Comité d'organisation pour la reconstruction de laIVe Internationale (le CORQI). Mais, surmené et moins en phase avec Lambert, il quitte le bureau politique en1973, puis le comité central de l'OCI en1975. L'OCI se bat pour l'union PS-PCF et le « front unique ouvrier ».
En mai1989, il est exclu du PCI, qui avait succédé à l'OCI en1982. À partir de 1990, il anime la revueLe Marxisme aujourd'hui. Il collabore àDémocratie et Socialisme.
Il est le père du mathématicienMichel Broué, né en 1946 de Simone Charras, fille du directeur du cours complémentaire de Privas. Le père de Pierre Broué était lui fonctionnaire des impôts.
Parallèlement, il continue son travail d'historien et publieLa Révolution et la guerre d'Espagne, dont il a écrit la première partie, celle qui va jusqu'à l'écrasement de la révolution dans laSeconde République espagnole.Émile Temime, par la suite historien de la ville de Marseille et des migrations, a écrit la seconde partie, celle de la guerre qui suit la tentative de révolution, qui est donc perdue devant lesfranquistes. Pierre Broué est aussi à l'origine de nombreuses rééditions et préfaces : l'ABC du communisme deBoukharine et d'Evgueni Preobrajensky chezMaspero (dès avant 68, repris dans la « petite collection Maspero »), lesSoviets en Russie d'Oscar Anweiler à la NRF en 1972, le dossier desProcès de Moscou chez Julliard en 1964, celui de laQuestion chinoise dans l'Internationale communiste chez EDI en 1965, et un début d'édition de tous les textes de ses congrès (deux volumes parus en 1969 et 1970, chez EDI).
En 1963, il publieLe Parti bolchevique et explique l'élimination de la génération de Lénine par les staliniens, qui font du PCUS un parti n'ayant plus rien à voir avec le parti révolutionnaire de 1917. Il y dénonce les crimes du stalinisme et ses erreurs, déjà pointés du doigt dans son ouvrage de 1961. Cette dénonciation est restée une constante dans ses travaux :
« Si les trotskystes avaient été des « sectaires » impénitents ou des « rêveurs » utopistes, coupés de la réalité, croit-on vraiment qu'il aurait été nécessaire, pour venir à bout de leur existence – qui était en elle-même déjà une forme de résistance – de les massacrer jusqu'au dernier àVorkouta ? Sur les millions de détenus libérés des camps de concentration après la mort de Staline, (...) les trotskystes survivants peuvent se compter sur les doigts d'une seule main ? Est-ce vraiment par hasard ? »
— Pierre Broué, Cahiers Léon Trotsky, n° 6, 1980.
En 1967 paraît chez MinuitLe Mouvement communiste en France, choix d'articles de Léon Trotsky sur la France, avec un important appareil critique et des présentations de Pierre Broué. En 1969, sa troisième épouse, Andrée, et mère de quatre enfants avec Pierre Broué, traduit en 1969 le premier tome deLa Révolution bolchevique de l'historien anglaisEdward Hallett Carr, que l'on ne peut dissocier des travaux de son mari.
En 1972, il publie son ouvrage majeurLa Révolution en Allemagne (1917-1923)[2], qui fut aussi sa thèse, obtenue malgré l'hostilité politique du président de juryAnnie Kriegel, où il montre la réalité d'affrontements révolutionnaires au cœur de l'Europe.
Il fonde en1977 l'Institut Léon Trotsky, avec de nombreux militants anglais ou historiens commeMichel Dreyfus, qui s'assigne pour but l'édition des œuvres complètes de Léon Trotsky et la publication deCahiers Léon Trotsky ; 27 volumes des œuvres sont parus du vivant de Broué. En 1980, Pierre Broué est l'un des premiers à pénétrer dans la Hougthon Library deHarvard (États-Unis), lorsque les archives de Trotsky sont ouvertes.
Sans cesser de travailler sur lestalinisme, il suit tous les événements de la politique mondiale. Il écrit des ouvrages sur leputsch de Moscou en 1991, sur leBrésil deCollor et duPartido dos Trabalhadores, sur l'URSS, sur lemouvement communiste international. Il écritMeurtres au maquis, livre sur l’assassinat de trotskistes dans les maquis de Haute-Loire par les staliniens français, avec Raymond Vacheron. Ils montrent notamment que « quatre militants trotskistes ont été abattus en connaissance de cause par des membres du PCF, non loin duPuy en Velay »[3].
Son dernier ouvrage majeur estHistoire de l'Internationale communiste, 1919-1943, nourri de l'ouverture des archives de l'URSS.