Fils de Louis-Joseph Prieur, greffier et procureur fiscal de la justice, et de Marie Reine Hémard (morte en1761), frère de Louis Basile (né à Sommesous le)[5],[6], Prieur suit les cours du collège deChâlons-en-Champagne, avant d'étudier le droit àReims (-)[7], puis en 1781[8]. Il y loge chez l'ancien boulanger Fouet. Le fils de ce dernier, François Joseph[9], également étudiant en droit à Reims, épouse sa sœur aînée, Marie Reine (1753-1790), avec laquelle il a un fils, Louis Joseph, le, qui sera plus tard adjoint titulaire aux commissaires ordonnateurs des guerres. Reçu lui-même avocat enparlement à Châlons, Prieur y devient membre de laloge « Saint-Louis de la bienfaisance »[10] et administrateur du collège de Châlons[11].
Le, il est élu député dutiers état par cebailliage auxÉtats Généraux, premier sur deux, avec 257 voix sur 323 votants au troisième tour[12],[13]. À l'Assemblée constituante, il n'intervient guère dans les débats entremai et, mais défend à la fin de l'année des positions avancées et se spécialise dans les questions financières[14]. Élu secrétaire de l'assemblée, il fait également partie des comités de mendicité () et des monnaies ()[15].
Il prend une part active dans les discussions sur l'organisation judiciaire, propose des mesures de rigueur contre lesémigrés (29 mai et), réclame la destruction des monuments rappelant l'Ancien Régime, s'oppose à toute condition pécuniaire pour l'éligibilité des représentants, défend les sociétés populaires, le rattachement d'Avignon à laFrance ou le droit des pauvres de ramasser le bois mort dans les forêts, ainsi qu'une amélioration du traitement des religieux septuagénaires ou infirmes[12]. Il se range ainsi dans le petit groupe de députés autour deRobespierre dès début1791[16].
Au moment de lafuite du roi, il obtient que le nom du monarque soit supprimé de la formule du serment à laconstitution et demande la mise en jugement ducomte de Provence[14]. De même, il s'oppose au principe de l'inviolabilité du roi dans la constitution. Après ces événements, il est l'un des quinze commissaires envoyés aux frontières, devant se rendre avecSinéty etRamel-Nogaret dans leFinistère[12],[17]. Leur mission est cependant suspendue avant leur départ[18]. Du 29 mai au, il préside leclub des Jacobins[14],[19],[20]. Il passe ensuite brièvement aux Feuillants avant de revenir aux Jacobins le[21].
Après la fin de la session, il est élu, le, administrateur du département de la Marne puis, le 13 décembre, membre du directoire et substitut du procureur général syndic de laMarne[22]. Il est également choisi comme accusateur public deVersailles (Seine-et-Oise)[23] et vice-président du tribunal criminel de Paris le 11 novembre par 201 voix sur 350 votants, mais donne sa démission le 14 décembre[14],[24].
Le, il est élu, le premier sur dix avec 386 voix sur 442 votants, député de la Marne à laConvention[12]. Envoyé en mission avec legirondinCarra et le député de laPlaineSillery dès le 24 septembre à Châlons pour accélérer la mobilisation et l'organisation de l'armée, il se rend ensuite àVerdun pour y enquêter sur la capitulation de la place, quelques jours plus tôt[14],[25]. Au cours de cette mission, il rend visite, le, à la loge maçonnique « La Triple Union » à Reims[26].
De retour à Paris, il se rapproche peu à peu de laMontagne, votant contre l'appel au peuple, pour la mort et contre le sursis dans leprocès de Louis XVI[14] et demandant le« qu'un voile fût jeté » sur lesmassacres de Septembre, qu'il regrette, mais dont il juge impolitique de rechercher les auteurs, avant d'intervenir dans les débats sur l'organisation dutribunal révolutionnaire, dans lesquels il défend, contreGuadet etBuzot, la disposition suivant laquelle les jurés sont tenus de voter à voix haute[12]. Élu membre ducomité de défense générale le 26 mars suivant, il n'y siège guère, étant envoyé en mission[14] àOrléans avecBourbotte etJulien de Toulouse par décret du[27], avec la charge de remonter l'esprit public dans cette commune déclarée en état de rébellion après un attentat contre le député Léonard Bourdon. Prieur est nommé pour remplacerMatthieu le 28 mars et arrive à Orléans au plus tard le 31 mars[28]. Il est rappelé par décret le 30 avril et de retour dans la capitale le 4 mai. Puis, conformément au décret du 30 avril, il part avecLaurent Lecointre etGilbert Romme (rejoints le parPrieur de la Côte-d'Or) à l'armée des côtes de Cherbourg[27] pour organiser cette armée et veiller plus généralement à la défense des côtes normandes. Ils se répartissent en deux équipes le, Prieur de la Marne et Lecointre se rendant dans la Manche. Ils y sont lorsque éclatent les révoltes fédéralistes et finissent par être expulsés de ce département, d'où ils se rendent à Rouen. Ils sont chargés de la répression de la révolte dans l'Eure et auCalvados par décret du 3 juillet[27], mais Prieur part pour Paris le pour solliciter des subsistances pour la Seine-Inférieure[29].
Le Comité de salut public l'envoie par arrêté du 9nivôsean II () dans leMorbihan et enLoire-Inférieure pour y organiser le gouvernement révolutionnaire[27]. Arrivée à Lorient le 19 nivôse an II (), il reste dans le Morbihan jusqu'au rappel deJean-Baptiste Carrier. Mandé à Nantes par le Comité de salut public pour le remplacer, Prieur partage son temps entre les deux départements de ventôse en floréal an II (février-), sauf une brève excursion avec l'armée qui le mène jusqu'àMontaigu le 4 ventôse an II ()[32].
Jeanbon Saint-André devant partir avec la flotte, une lettre du Comité de salut public en date du 21floréalan II () renvoie Prieur à Brest[27]. Absent de Paris lors de lachute de Robespierre, il est remplacé au Comité de salut public le 13thermidor (31 juillet)[14] et rappelé par décret du 26thermidor (13 août), parmi une trentaine d'envoyés suspectés d'avoir servi de relais àRobespierre en province[33]. Toutefois, il ne quitte Brest qu'à l'arrivée de son successeur,Gilbert-Amable Faure-Conac, le 20fructidor (6 septembre)[27]. Il est de retour à Paris au plus tard le 30 fructidor an II ()[34].
Le 15vendémiairean III (), il est réélu au Comité de salut public, où ce montagnard, fidèle à ses idées, siège jusqu'au 15pluviôse (). De même, il préside la Convention du1er au 16brumaire (22 octobre-)[14].
Le 25prairial (13 juin), lesAnnales patriotiques colportent une rumeur (qui s'avère sans fondement) selon laquelle,« Prieur (de la Marne), échappé de sa maison d'arrêt, s'est rendu, sur les dix heures du soir, auJardin des Plantes ; il essaya de se brûler la cervelle d'un coup de pistolet ; une femme, attirée au bruit du coup, le conduisit chez elle, où il se cacha ; cependant cette femme, effrayée des suites que pouvait avoir l'hospitalité qu'elle venait de donner au proscrit, l'a dénoncé au Comité civil de la section, qui l'a fait conduire au Comité de salut public »[38].
En fait, Prieur parvient à se cacher jusqu'à l'amnistie générale votée le 4brumairean IV ()[7]. Sorti de la clandestinité mais déclaré inéligible, suivant le décret qui y interdit le séjour des anciens conventionnels amnistiés du 21 floréal an IV (), il se retire chez une parente à la campagne entreChâteau-Thierry etLa Ferté-Milon[39]. De retour dans la capitale après lecoup d'État du 18 fructidor an V, il devient défenseur officieux[39].
Proposé le 30germinalan VI () par l'assemblée-mère siégeant à l'Oratoire du Louvre le dernier jour de sa session pour siéger comme député auConseil des Cinq-Cents, il n'obtient que 194 voix sur 395 votants, contre les 198 nécessaires[14]. L'année suivante, il est membre duclub du Manège[40], dont il est élu « vice-régulateur » le 18thermidor an VII ()[41].
Le 13thermidoran VII (), il est nommé administrateur des hospices civils de Paris[42], fonction dont il est destitué d'après lui peu après Brumaire à cause de « ses principes »[39].
Retiré de la vie publique sous l'Empire, il adhère à l'Acte additionnel en1815[43]. Forcé de s'exiler par la loi du contre lesrégicides, Prieur de la Marne quitte Paris le 6 février[12],[44] et se retire àBruxelles, où il loge d'abord chezJoseph-Augustin Crassous de Médeuil, qu'il côtoie également au sein de la loge « Les Amis philanthropes », dont il est un membre actif à partir de1817, de même queRené Levasseur[10] ouPierre Joseph Cambon[45]. Installé rue de Louvain, puis rue de Namur, il y exerce les fonctions d'avocat consultant. Quelques semaines après son installation rue de Namur[46], il meurt dans la pauvreté le[14],[47], à l'âge de 70 ans, sans avoir jamais renié ni trahi ses idées de révolutionnaire. Ses anciens collègues doivent se cotiser pour payer son enterrement[14].
Unerue à Reims et à Châlons-en-Champagne porte son nom ainsi qu'une salle aumusée de la Révolution française àVizille. Une loge maçonnique d' Epernay, du Grand Orient de France, s'appelle également Prieur de la Marne.
Mémoire pour les jurés, syndic, adjoints et maîtres de la communauté des boulangers de Chaalons-sur-Marne, intervenans dans la cause en délibéré, pendante... entre les sieur Deletrée, Bonvallet, Félix Galland, François Henriet, Jacq. Gaillard, Étienne Galland, Étienne Carré, Nicolas Galland, défendeurs, et M. le procureur-fiscal de l’échevinage, demandeur, Châlons, Imprimerie de Mercier, 1785, in-4°.
Rapport sur l'établissement des sourds-muets, fait à l'Assemblée nationale au nom des comités de l'extinction de la mendicité, 1791, 10 p.
Rapport des opérations administratives des citoyens Carra, Sillery et Prieur, commissaires de la Convention nationale à l'armée du Centre, par P.-L. Prieur..., Paris, Imprimerie nationale, s. d. (1792), 22 p.
Opinion de P. L. Prieur, député du département de la Marne à la Convention nationale sur le jugement de Louis Capet, Paris, Imprimerie nationale, 1793, 15 p.
Rapport fait a la Convention nationale par Lecointre de Versailles & Prieur de la Marne, représentans du peuple, près l'armée des côtes de Cherbourg, Imprimerie nationale, 1793, 84 p.
Rapport... par les citoyens Prieur, de la Marne et Jean-Bon St-André, relativement à la mission dont ils avaient été chargés, par décret du, auprès des armées, Paris, Imprimerie nationale, s. d. (1793), 70 p.
Compte rendu par Prieur (de la Marne), Lecointre, Prieur (de la Côte-d'Or) et Romme, de ce qu'ils ont reçu et de ce qu'ils ont dépensé pendant leur mission près de l'armée des côtes de Cherbourg pendant les mois de mai, juin, juillet de l'an II de la république, Imprimerie nationale,germinalan III, 6 p.
Observations pour Arnoux Souffrein et compagnie, armateurs à la Guadeloupe, défendeurs, contre Richard S. Hallet, négociant de New-York, se disant propriétaire-armateur du navire américain « la Favorite », et autres prétendus intéressés, demandeurs Imprimerie C.-F. Patris, 1802, 41 p.
Mémoire pour les sieurs Gilbert et Cie, intimés, contre Me Bousquet, avocat appelant d’une sentence arbitrale du [Signé : Prieur (de la Marne), avocat], Paris, imprimerie C. F. Patris, s. d., 29 p.
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↑François-Joseph Fouet, né dans la paroisse Saint-Pierre de Reims le, s'établit comme notaire et conseiller du roi à Reims. Installé à Châlons-en-Champagne en1786, après le décès de son épouse en 1790, il est élu maire de la ville (1797-1799). Il retourne à Reims sous le Consulat et y meurt le 2 mars 1827 VoirNotes et souvenirs inédits de Prieur de la Marne: publiés avec une introduction et des notes, 1912,p. 2 et 36.
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Suzanne Levin, « Prieur de la Marne. Défendre une République de droit naturel (apports de la thèse) », intervention au séminaire « L’Esprit des Lumières et de la Révolution », Paris I,Regarder en ligne
Travaux universitaires inédits
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Claire Blondet,Prieur de la Marne ou le défi de la liberté pour tous, Mémoire de maîtrise (dir. F. Gauthier), Paris VII-Diderot, 1997.
Suzanne Levin,Défendre une République de droit naturel. Prieur de la Marne et ses missions, 1792-an III, Thèse d’Histoire (dir. M. Belissa), Paris Nanterre, 2019.