Selon leCanon Muratorien duIIe siècle[7] et leCatalogus Liberianus[8], Pie est le frère d'Hermas, auteur d'un célèbre recueil devisions[9] connu sous le nom dePasteur d'Hermas, l'ouvrage le plus répandu et le plus pertinent parmi ceux despères de l'Église. Son auteur s'identifie comme un ancienesclave, ce qui laisse penser qu'Hermas et Pie sont desaffranchis. Cependant, la déclaration d'Hermas selon laquelle il est esclave pourrait simplement signifier qu'il appartient à une familleplébéienne de bas rang[10]. Si les informations fournies par l'auteur sur ses conditions personnelles étaient historiquement vraies, il existerait plus d'informations sur les origines du pape, son frère. Il est très probable que l'histoire qu'Hermas raconte sur lui-même doive être considérée comme un procédé littéraire.
On ne sait pas comment il entre en contact avec la nouvellereligion ; peut-être a-t-il rencontré lechristianisme àRome, où il est arrivé avec son frère.
Son pontificat est marqué par le développement des idéesgnostiques, qui se sont déjà propagées sous le pontificat précédent avecCerdon etValentin d'Égypte. Ceux-ci reçoivent un renfort de poids avecMarcion duPont, qui remet en cause l'unicité de Dieu, l'Ancien Testament, ainsi que la double nature humaine et divine duChrist. Lemarcionisme est dénoncé commehérésie etMarcion estexclu de l'Église vers 144 lors du synode probablement présidé par Pie[9]. On pense qu'ilexcommunie les deux autres[11]. Lesapologistes catholiques y voient un argument en faveur de la primauté duSiège romain auIIe siècle[4].
La lutte contre les idées défendues par lesgnostiques reçoit sur le plan intellectuel etphilosophique le renfort d'un vraidialecticien en la personne deJustin de Naplouse, qui vient au secours de l'évêque de Rome moins à l'aise que son prédécesseur Hygin dans ce genre de controverses. Justin enseigne ladoctrine chrétienne à Rome pendant son pontificat, mais le récit de sonmartyre ne nomme pas Pie. Compte tenu de la brièveté du récit, cela n'a cependant rien d'anormal[12].
Les relations avec lesJuifs sont également importantes : PieIer prescrit que les membres dessectes juives convertis au christianisme soient accueillis par les communautés chrétiennes et baptisés.
Bien qu'il ait ordonné la publication duLiber Pontificalis[8], en réalité la compilation de ce document ne commence pas avant le début duVIe siècle[13].
Selon la tradition, il futmartyrisé dans la ville de Rome, une conjecture qui figure dans les éditions antérieures duBréviaire romain ; il n'y a pas suffisamment de preuves confirmant cette affirmation, notamment parce que pendant la période de son pontificat, sous l'empereur tolérant Antonin le Pieux, il n'y a eu aucunepersécution des chrétiens. Certaines traditions infondées, beaucoup plus tardives, émettent l'hypothèse que, en raison d'unrigorisme excessif qui le rendait particulièrement impopulaire dans certains milieux, il aurait été assassiné, mais il n'en existe aucune preuve documentée[14].
L'étude qui a produit la révision de 1969 ducalendrier liturgique romain a déclaré qu'il n'y avait aucune raison pour qu'il soit considéré comme un martyr[15] et il n'est pas présenté comme tel dans l'actuelmartyrologe romain[16].
La seule donnée chronologique dont nous disposons pour établir la durée de son règne est l'année de la mort dePolycarpe de Smyrne, qui, avec un certain degré de certitude, peut être 155 ou 156 : lors de sa visite à Rome, l'année précédant sa mort, Polycarpe rencontre le papeAnicet, successeur de Pie etévêque de Rome ; par conséquent, Pie a dû mourir vers 154.
Sa dépouille mortelle aurait été ensevelie non loin de celle de l'apôtre Pierre sur lacolline du Vatican.
Bien qu'il ne soit pas prouvé qu'il soit mort pour safoi chrétienne, il est vénéré comme un saint-martyr et fêté le11 juillet[17].
Église dédiée à saint Pie àZollstock enAllemagne, avec une statue du saint.
PieIer est célébré le 11 juillet. Dans leCalendrier romain tridentin, on lui donnait le rang de « Simple » et il était célébré comme martyr. Le rang de la fête a été réduit à une commémoration dans le calendrier général romain de 1955 du papePie XII et dans leCalendrier romain général (1960). Bien qu'il ne soit plus mentionné dans le calendrier général romain, saint Pie Ier peut désormais, selon les règles dumissel romain actuel, être célébré partout le jour de sa fête en guise demémoire, à moins que dans une localité une célébration obligatoire soit assignée ce jour-là[18].