Pour l'ancienne région administrative, voirPicardie (ancienne région administrative). Pour la région culturelle, voirPicardie (région culturelle). Pour les homonymes, voirPicardie (homonymie).
| Picardie | |
Blason de la Picardie. | Drapeau de la Picardie. |
Carte de la Picardie de l'Ancien Régime en France.
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| Administration | |
|---|---|
| Pays | |
| Statut | Entité géographique et culturelle |
| Territoires actuels | Hauts-de-France Île-de-France |
| Capitale | |
| Villes principales | |
| ISO 3166-2 | FR-HDFFR-IDF |
| Démographie | |
| Gentilé | Picard,Picarde |
| Géographie | |
| Coordonnées | 49° 30′ nord, 2° 50′ est |
| Régions et espaces connexes | Île de France Normandie Flandres Picardie wallonne Champagne |
| Divers | |
| Devises | « Fidelissima » (Très fidèle) « On ne relève pas Picardie » (militaire) |
| Hymne | Réveillez-vous Picards |
| Langues | français,picard Anciennement :flamand, vieux néerlandais |
| modifier | |
LaPicardie (enpicard :Picardie, prononcé [pika(ː)rdi]) était durant l'Ancien Régime, une région située au nord-ouest de laFrance, bordée par laManche. Les premières mentions de cette province datent duMoyen Âge : elle connaît sa première existence officielle auXIIIe siècle à travers la nation de Picardie de l'université de Paris, et rentre dans l'administration française auXIVe siècle[1]. Contrairement à des régions comme laNormandie, laBretagne ou laChampagne, la Picardie ne fut jamais érigée enduché,comté, ouprincipauté, et les définitions de la Picardie fluctuèrent ainsi au cours des siècles du fait de l'ancienne instabilité politique de la zone qu'elle recouvre.
Par exemple pendant l'Ancien Régime, la Picardie est en général définie par treizepays traditionnels, Cette description de la Picardie, que l'on retrouve auXIXe et auXXe siècle dans les mémoires et compte-rendus de lasociété des antiquaires de Picardie[2], et de laSociété historique de Haute-Picardie[3], s'étend deSenlis jusqueCalais, deSoissons etLaon, jusqueAbbeville etBoulogne-sur-Mer.
Chez des historiens et des géographes commeRobert Fossier,Albert Demangeon ouPhilippe Pinchemel, on substitue à la Picardie d'Ancien régime, l'idée d'une Picardieethnique, qui comprendrait doncSenlis etSoissons, que la tradition populaire attribuait historiquement à la Picardie en raison de leur parler[4], et dont la limite septentrionale serait la frontière linguistique avec leflamand, s'étendant donc surCalais etTournai.
La province de Picardie était bordé au nord par lecomté d'Artois et la province deFlandre française[Note 1], à l'est par laprovince de Champagne, au sud par la province d'Île-de-France, et à l'ouest par leduché de Normandie.
L'ancienne province se situe sur les départements de laSomme, duPas-de-Calais, de l'Aisne et de l'Oise. Quelques communes font partie aujourd'hui duNord, duVal-d'Oise et desArdennes.
La Picardie se caractérise sur le plan géo-morphologique par l'omniprésence de lacraie dans sa partie septentrionale et par le calcaire dubassin parisien dans sa partie méridionale.
Albert Demangeon, dans sa thèse sur la Picardie, appelle la plaine picarde le grand plateau de craie s'étendant deBeauvais jusqueLens etLille, d'Abbeville etMontreuil jusqueVervins etLaon, et passant parCambrai,Arras,Saint-Quentin etAmiens[5]. Cette plaine s'étend pour l'essentiel sur les départements de laSomme, duPas-de-Calais, et sur des parties non négligeables de l'Oise, l'Aisne et duNord.

La Picardie se caractérise par l'importance numérique de sa population rurale et l'absence de très grandes agglomérations. La ville la plus importante estAmiens avec 133 448 habitants (270 000 hab. pour lacommunauté d'agglomération Amiens Métropole). L'économie de l'ancienne province de Picardie reposait très largement sur l'agriculture : céréales, plantes tinctoriales ou textile qui alimentaient une industrie textile à la fois urbaine et très répandue enmilieu rural.
« Picard » désigne des hommes avant de désigner un territoire. À la fin duXIe siècle, le mot « Picard » apparaît pour la première fois dans un texte avec la mention de la mort de « Guillaume le Picard » en 1098 au cours de lapremière croisade[6].
AuXIIIe siècle, les étudiants des diocèses deBeauvais,Noyon,Amiens,Laon,Arras,Thérouanne,Cambrai,Tournai, ainsi qu'une partie des diocèses deLiège et d'Utrecht de l’Université de Paris sont regroupés dans un groupe appelé « nation picarde », basé sur des critères linguistiques.
Le mot signifie en picard « piocheur », au sens de laboureur. LesParisiens appelaient « piocheurs » tous les agriculteurs vivant au nord des zones forestières du Senlisis et duValois (où les paysans étaient bûcherons).
ÀParis, le néologisme fit florès parce qu'il associait en un jeu de mots la pique et une province réputée pour sa hardiesse militaire (sa milice s'était illustrée àBouvines en 1214, quelques années avant l'apparition du mot). Il perdura dans ce sens les siècles suivants à cause du caractère montré par lesPicards, du genre « tête de pioche », dans leur attachement aux libertés communales acquises par les villes drapières défendues par une milice bourgeoise.
La définition des territoires composant la Picardie est variable au cours du temps, les descriptions viennent différer d'une époque à une autre, voire au sein d'une même époque[7].
La première description géographique de la Picardie nous est due àBarthélémy l'Anglais, celui-ci inclut alors les villes d'Amiens,Arras,Beauvais,Tournai etThérouanne. Son traducteur, Jean Corbechon, rentre dans une description plus précise à la fin duXIVe siècle, dans laquelle il inclut les villes deSaint-Quentin,Clermont,Douai,Abbeville,Noyon,Saint-Omer ouBéthune[8]. Paradoxalement, les deux dernières villes mentionnées seront décrites vers les époquesmoderne etcontemporaine comme faisant partie d'une section traditionnelle de l'Artois intitulée Artois« flamingant » et composé des bailliages de Béthune, Aire et Saint-Omer[9], par opposition à un Artois dit« wallon », c'est-à-dire roman, composé du reste du comté, et où le dialecte local fut de tout temps lepicard[10].
Jean Lestocquoy écrit dans sonHistoire de la Picardie que« les gens du Moyen Âge placent tout naturellement en Picardie les côtes de l'actuel Pas-de-Calais, Boulogne, Hesdin, Audincthun, Saint-Omer, Thérouanne, Enguinegatte, Aire-sur-la-Lys, Saint-Pol, Arras et l'Artois, le Pays de l'Alleu, Lille et Douai, Hornaing, Valenciennes et Tournai. »[11]
De même, de 1347 à 1558, lesanglais appelleront« Picardy » leur enclave deCalais et duCalaisis[12].
On atteste de manière sûre qu’Arras est considérée comme ville de Picardie à cette époque, on peut lire chezJean Froissart[13] :
« Si se départirent sur la darraine semaine d'août ; et s'en virent à Arras en Picardie et de là à Saint-Omer. »
Ou encore[14] :
« grand plaisir à voir draps et hautes lices ouvrés à Arras en Picardie »
DuXe siècle auXIIIe siècle, Arras fut un centre culturel important[15], la ville s'élève au rang de capitale littéraire de la Picardie à cette époque[16],[17].
AuXVe siècle, le poèteFrançois Villon parle de« Picardes de Valenciennes »[18]. Le calendrier deLouis XI, rédigé àTournai en 1507, indique par ailleurs que« le Roi Loys étant allé vers Boulogne, Hesdin et autres lieux de Pycardie pour les réduire et mettre en son obéissance, ceux d'Arras..... se tournèrent contre lui »[19].


Après leMoyen Âge tardif, vers laRenaissance et leXVIIe siècle, on qualifie désormais de Picardie tout ce qui appartenait au roi de France et qui se situait au sud desanciens Pays-Bas, et le terme de Picardie se« restreint à la seule partie du domaine linguistique incluse dans le royaume de France avant le rattachement de l'Artois et de la Flandre auXVIIe siècle »[20].Albert Demangeon l'appelle la Picardieroyale dans sa célèbre thèseLa Plaine picarde[21]. Tandis que l'Artois, la Flandre romane, le Hainaut et le Cambrésis, étaient vues après leur annexion comme des« provinces réputées étrangères »[22],[23], bien qu'elles fussent intégrées au royaume de France, et fassent également partie du domaine picard. Ces dernières restèrent séparées par une frontière à la fois douanière et fiscale du reste du royaume par ce que l'on appelait alors lescinq grosses fermes[22], et dont la Picardie « royale », « non étrangère » par opposition, faisait partie
La Picardie, à l'instar de plusieurs autres provinces, était subdivisée en Haute et en Basse-Picardie. La carte de 1694 de Jean-Baptiste Nolin nous donne la décomposition suivante[24] :
Cette définition est partagée avec leDictionnaire universel de la France deRobert de Hesseln. Elle est aussi reprise parAuguste Janvier dans saPetite Histoire de Picardie.

L'agrégée de lettres etdocteur d’ÉtatFrançoise Morvan conforte par ailleurs cette description de la Picardie dans sa préface auxContes de Picardie d'Henri Carnoy, publiée en 2016[25].
« Carnoy prend soin de rappeler à ce sujet que la province de Picardie comportait, avant la Révolution, trois régions : la Haute-Picardie, les pays réunis à l'Île-de-France et la Basse-Picardie. Chacune de ces trois régions comprenait quatre ou cinq subdivisions : pour la Haute-Picardie, l'Amiénois (autour d'Amiens), le Santerre (autour de Péronne), le Vermandois (autour de Saint-Quentin), la Thiérache (autour de La Fère) ; pour les pays réunis à l'Île-de-France, le Laonnais (autour de Laon), le Noyonnais (autour de Noyon), le Beauvaisis (autour de Beauvais), le Valois (autour de Compiègne), le Soissonnais (autour de Soissons) ; pour la Basse-Picardie, les pays reconquis (autour de Calais), le Boulonnais (autour de Boulogne), le Ponthieu (autour d'Abbeville), le Vimeu (autour de Saint-Valéry) »
— Françoise Morvan, Contes de Picardie, Introduction


À cette définition à treize pays, s'ajoutent plusieurs définitions incluant aussi l'Artois en Picardie à la même époque. On peut citerCharles du Fresne du Cange etPierre Nicolas Grenier[26], ou encore l'Armorial de La Planche. On peut aussi remarquer dans ce dernier que les comtés deFlandre gallicane et d'Artois, ainsi que les châtellenies deHainaut, y sont présentés comme des« Additions au Gouvernement de Picardie »[27],[28],[29].Adrien de Valois, dansNotitia Galliarum ordine litterarum digesta, inclut dans la Picardie leTernois en plus des treize pays cités plus haut. Il y détaille aussi ce qu'il appelle leSenlisien, à savoir pays deSenlis, il décompose aussi leBeauvaisis enVendelais, pays deBreteuil, enChambliois, pays deChambly, et enBray[30]. AuxXVIIe et XVIIIe siècles, plusieurs descriptions duHainaut notent que cette région s'appelait antérieurement laPicardie inférieure[31],[32].

« Le Pays de Picardie est un nom général, on ne trouve point dans l'Histoire aucun Seigneur qui en ait jamais porté le titre, mais seulement des membres qui le composent, comme étaient les Comtes de Vermandois, d'Artois, de Boulogne, de Ponthieu, et de Thiérache ; le vulgaire y met aussi les villes de Laon, Soissons, Senlis, Noyon, Beauvais et Compiègne, à cause du langage des habitants qui en approche, comme faisant aussi partie de la Gaule belgique, mais étant du Gouvernement de l'Île-de-France. »
— Armorial de La Planche
En 1905,Albert Demangeon publie une thèse sur la Picardie qu'il intituleLa Plaine picarde, cette thèse, restée célèbre, est considérée dès sa publication comme un modèle de géographie régionale[33]. Michèle etJean Sellier notent en 1973 dans leurGuide politique de Picardie qu'« Albert Demangeon a donné de la Picardie, sous le terme de plaine picarde, une définition fondée sur la nature de son sol »[34]. Demangeon définit la Picardie comme étant la vaste étendue de plaine de craie, s'étendant duBoulonnais à laThiérache, dupays de Bray à laFlandre. À la Picardie d'Ancien Régime se substitue chez Demangeon une Picardie géographique, dans laquelle figure les cinq départements de la Somme, de l'Oise, du Pas-de-Calais, de l'Aisne et du Nord, en partie ou en totalité. La Plaine picarde s'étend donc sur leCambrésis, leBeauvaisis, l'Amiénois, lePonthieu et leVimeu, mais encore l'Artois dans sa majeure partie, leVermandois et leLaonnois dans sa moitié nord. LeValois et leSoissonnais, quant à eux, ont une agriculture similaire à celle de la« plaine picarde » bien qu'ils en soient géologiquement distincts[35].
Demangeon écrit d'abord que« La Picardie est un domaine linguistique. L'instinct populaire et les documents historiques la définissent comme l'extension d'un dialecte. » Et il énonce« Le populaire a toujours attribuéSenlis à la Picardie. »[36]Jacques de Wailly note en 1968 dans son ouvrageLe folklore de Picardie qu'on doit, avec Demangeon,« rechercher une Picardie moins officielle, mais plus ethnique, une Picardie linguistique. »[37]
Robert Fossier, dans sonHistoire de la Picardie, partage la même idée qu'Albert Demangeon[38] :
« La Picardie n'est-elle pas tout d'abord une province linguistique, un ensemble de « pays » où s'entend « un dialecte rude et âpre, plein et lourd, aux syllabes sonores... ». AuXIXe siècle, le parler picard est encore communément employé dans les campagnes : de ce fait la coutume populaire a toujours attribuéSenlis à la Picardie. Il s'agit d'un parler d'origine romane, stabilisé entre leXe et le XVe siècle, aux règles phonétiques complexes, aux adjectifs expressifs et nuancés, et dont l'accent peut changer d'un village à un autre. C'est en dialecte picard que se transmettent et se répètent dans les veillées d'hiver au cœur des communautés villageoises légendes, contes, dictons, chansons et comptines. »
— Robert Fossier, Histoire de la Picardie, p.371
Philippe Pinchemel écrivait à ce sujet dansVisages de la Picardie, qu'il existe trois Picardie : selon la linguistique, selon la géographie, et enfin la Picardieroyale, il écrit donc :« Première en date, une Picardie linguistique, illustrée par cette « nation picarde » de la Sorbonne, qui ne trouve sa limite septentrionale qu'au contact du Flamand, et englobe, vers le sud,Senlis etSoissons, villes de la haute Picardie. »[39]
À travers les différentes définitions de la Picardie, on observe une multitude depays traditionnels cités comme des pays picards ou de Picardie. À l'époque moderne, laprovince de Picardie se voit définie, dans le contexte militaire et politique de cette époque, selon treize pays du Valois jusqu'au Calaisis, du Boulonnais jusqu'au Soissonnais, neuf sont dits de Haute-Picardie, et quatre de Basse-Picardie[40]. Huit de ces pays relevaient du gouvernement de Picardie, et cinq de celui d'Île-de-France, circonscriptions administratives alors en vigueur[40].
Le géographe Albert Demangeon indique qu'il arrive que l'on désigne commewallon un payspicard, il en tient l'exemple de l'Artoiswallon[41], et dans cet« essaim de dénominations » concernant les pays liés à la Picardie, il écrit[42] :
« A côté de la Picardie, se rangent le Boulonnais, le Ternois, l'Artois, le Cambrésis, le Vermandois, l'Amiénois, le Ponthieu, le Beauvaisis, Le Noyonnais, le Laonnais ; puis l'on rencontre l'Arrouaise, le pays de Thelle ; puis d'autres comme le Vimeu, le Santerre, la Thiérache, le Bray; d'autres enfin, plus jeunes, le Nord, le Pas-de-Calais, la Somme, l'Aisne, l'Oise. »
— Albert Demangeon, La Plaine Picarde, p.419
L'expression de« pays picard » est, par exemple, aussi employée parRobert Loriot pour qualifier le Hainaut[43] ; de même, Corblet cite leTournaisis parmi les pays de la Picardie duMoyen Âge tardif[44].
Un axiome primordial à prendre en compte, lorsque l'on analyse la Picardie, est qu'elle ne fut jamais érigée en duché ou en comté, ses frontières ne furent ainsi jamais véritablement fixées et fluctuèrent à chaque époque en fonction des aléas politiques.
« Depuis un siècle et plus, dit-on, un prix attend l'historien ou le géographe qui pourra, sans défaut, définir les limites de la Picardie : car on la cherche en vain parmi les principautés médiévales ; aucun bailliage royal ne l'engloba toute ; généralités et gouvernements de la royauté moderne en déplacèrent les limites au gré de l'avance ou du recul des frontières militaires ; peu de régions françaises y subirent un arbitraire plus flagrant [...]
Une telle indécision, une si réelle confusion dont pâtit jusqu'à la répartition même des cadres de cette collection, pourraient n'avoir qu'une explication : la Picardie n'existe pas. Pourtant, il ne s'agit pas d'un mythe commodément imaginé pour désigner ce qui n'est ni la Flandre, ni la Normandie, ni la « France » »
— Robert Fossier, Histoire de la Picardie
La première trace attestée de la Picardie se situe à l'extrême fin duXIe siècle, lorsqu'un « Guillaume le Picard » meurt àJérusalem[45].

À la suite de la conquête desGaules par lesRomains, de nouvelles cultures vont voir le jour, les langues celtiques locales vont disparaitre au profit de nouvelles langueslatines, les languesgallo-romanes. Là où certaines régions verront une latinisation de leur langue (Poitevin pour lesPictons,Limousin pour lesLémovices), les différentes civitas de la future Picardie se verront unies par une nouvelle langue, ce que l'on nommera plus tard lepicard.

Cette langue romane fait partie deslangues d'oïl, et se verra influencée par leslangues germaniques au nord (francique) en raison de l'installation deFrancs dans la région, et de proximité avec les autres tribus germaniques au nord.
Dès 486, le Nord de la Gaule passe sous le contrôle du cheffrancClovis. La colonisation franque fut assez dense dans la partie est et quasiment nulle en Picardie. À l'inverse, c'est au début duhaut Moyen Âge que s'installent des tribus thioises dans le nord du territoire des Atrebates, des Morins et des Menapiens, ce qui laisse une toponymie flamande très vivace (par exempleBéthune, Nortkerque, Mazingarbe, Westrehem, Oblinghem, Isbergues, etc.).
En revanche, leBoulonnais se verra colonisé par lesSaxons, tribu germanique différente des Francs. Malgré cela, la région a très tôt été picardisée, dès lesVIIIe – IXe siècles.
On doit la première apparition officielle de la Picardie à l'Université de Paris. AuXIIIe siècle, vers 1259[46], celle-ci répartissait jadis ses étudiants entrequatre nations, à savoir les Nations de France, de Normandie, d'Angleterre et enfin de Picardie. Ces Nations regroupaient les étudiants en fonction de leur diocèse d'origine, ainsi la Nation de Picardie regroupait dix diocèses, puis douze à partir duXVe siècle. On y trouve les diocèses d'Amiens,Arras,Beauvais,Cambrai,Laon,Noyon,Thérouanne,Tournai, et enfinLiège etUtrecht. La Nation était elle-même divisée en Haute et Basse Picardie. La Haute contenait les diocèses d'Amiens, Arras, Beauvais, Noyon et Thérouanne, tandis que la Basse contenait ceux de Cambrai, Tournai, Laon, Utrecht et Liège[47].
AuXVe siècle, plusieurs universités se formèrent dans les anciensPays-Bas bourguignons, attirant bon nombre d'étudiants, et notamment ceux issus de leur ressort, à savoir des diocèses composant aussi ladite Nation de Picardie de l'Université de Paris, ce qui fit un grand tort à cette dernière. Afin de pallier ce manque d'étudiants en la Nation picarde, et ne pouvant s'opposer à la croissance des universités des Pays-Bas, l'Université de Paris choisit de permettre aux élèves des diocèses deSoissons et deSenlis, originellement contenus dans la Nation de France, et qui voudraient devenir agrégés au Corps de l'Université, de rejoindre la Nation qu'ils aimaient le mieux entre celles de France et de Picardie. Les étudiants hésitèrent peu et choisirent la Nation de Picardie, en raison de la facilité de parvenir plutôt aux charges dans une Nation moins nombreuse[48]. Ainsi les diocèses de Soissons et Senlis rejoignirent également la Nation de Picardie.
Jusqu'à ce que l'Université de Paris donne vie à cette Nation, le nom de Picardie n'était qu'une expression populaire[47]. C'est par la Nation que le nom de Picardie passa en usage, devint plus fréquent, et devint employé par les savants[47].
Blanche Wissen, professeure à l'Université de Montréal[49], énonce que le rôle des universitaires picards à cette époque est fortement documenté, et que la Nation de Picardie s'illustre assez vite par sa langue et son sens critique, ainsi que par un esprit batailleur[50]. Elle énonce par ailleurs qu'« Arras, son histoire, ses éléments culturels constitutifs et sa configuration représente la clé de voûte de l'identité linguistique picarde, et littéraire »[51].
Au point de vueecclésiastique, le territoire« picard » faisait partie, auMoyen Âge, de laBelgica secunda, ou« Deuxième Belgique », c'est-à-dire de laprovince ecclésiastique de Reims, composée des diocèses d’Amiens,Arras,Beauvais,Cambrai,Châlons,Laon,Noyon,Reims,Senlis,Soissons,Thérouanne etTournai[52].
La Picardie n'entrera qu'auXIVe siècle dans la nomenclature administrative[53].Dom Grenier, dans sonIntroduction à l'histoire générale de la province de Picardie, explique qu'il y eut un gouvernement militaire de Picardie auMoyen Âge, comprenant d'abord lesbailliages d'Amiens,Lille etDouai, alors qualifiésfrontières d'Artois et de Flandre[54].
Selon les lettres des premiers lieutenants-généraux et gouverneurs de la province, leurs provisions et lesChroniques de Jean Froissart, la Picardie se limitait à ce qui était au-delà de laSomme. Le 28 mai 1319,Gaucher V de Châtillon devientlieutenant du Roi monseigneur en frontières d'Artois et de Flandres.Pierre de la Palu devient gouverneur des bailliages d'Amiens, Lille et Douai sous le nom decapitaine des frontières de Flandres, autrement dit degouverneur des Marches de Flandres[54].

En 1349,Charles Ier de Montmorency est faitcapitaine-général pour sa Majesté sur les frontières de Flandre et de la Mer et en toute la langue picarde. En 1350,Édouard Ier de Beaujeu est faitcapitaine pour le Roi aux parties de Picardie, de Boulogne et de Calais[55].
De 1350 à 1352,Geoffroi de Charny est faitcapitaine-général des guerres de Picardie et visita à cette occasion en 1351Boulogne,Guînes et des frontières[55]. En 1351, le comte d'Angoulême,Charles de la Cerda, est qualifiélieutenant pour le Roi en parties de Picardie, de Boulonnais et d'Artois.Gui de Nesle est ensuitecapitaine général et souverain en parties d'Artois et de Boulonnais. Le gouvernement militaire de Picardie comprenait alors, à cette époque, les bailliages d'Amiens,Lille, etDouai, ainsi que l'Artois, leBoulonnais et leCalaisis[55].
Tandis que le RoiJean II le Bon est en captivité,Charles V le Sage, duc de Normandie, est fait régent du royaume de France. Il décide de réunir le Beauvaisis, le Vermandois et d'autres lieux voisins au gouvernement militaire de Picardie. C'estRobert de Fiennes qui en est fait gouverneur en 1358. Les lettres du régent lui donnentpouvoir par-dessus tous les autres lieutenants et capitaines desdits pays. En sa qualité de lieutenant du Roi et de M. le Régent du royaume de France en pays de Picardie, de Vermandois et de Beauvaisis[55].
De même, en 1359,GuyV de Châtillon-Saint-Pol, comte de Saint-Pol, qui est lieutenant en parties de Picardie, de Beauvaisis et de Vermandois outre la rivière d'Oise. Les lettres qui le confirment dans cette lieutenance indiquent aussi que Tournai était alors partie de Picardie[56].
Il est aussi à préciser que si aucune entité administrative ne portait le nom de Picardie en dehors du domaine militaire, on retrouvait les bailliages d'Amiens et de Vermandois auxXIIIe et XIVe siècles. Celui d'Amiens semble s'être étendu sur les actuels département de la Somme, de l'Oise et du Pas-de-Calais[57]. Le bailliage de Vermandois s'étendait principalement surNoyon,Saint-Quentin,Laon etSoissons, soit une partie de l'Oise et l'Aisne[58].
Letraité d'Arras, signé le, mit fin à la guerre civile entreArmagnacs etBourguignons. Il joue un rôle important dans le destin du futur gouvernement de Picardie. Par ce traité, le roi Charles VII cédait àPhilippe le Bon lesvilles de la Somme, lecomté de Mâcon et lecomté d'Auxerre. LeComté de Vermandois, occupait une partie importante de la Picardie comme le dit l'Armorial de La Planche, il avait pour capitaleSaint-Quentin, incluse dans les villes de la Somme, mais il possédait aussi leValois, leLaonnois et leSoissonnais dont les villes resteraient, suivant le traité, des possessions françaises. Le comté se retrouve ainsi démembré entre la France et lesPays-Bas bourguignons. Ce traité donnait surtout une indépendance de fait au duc de Bourgogne.
La mort de Charles le Téméraire en 1477 mit fin à la rivalité franco-bourguignonne, Louis XI récupérant leduché de Bourgogne et lesvilles de la Somme, la Picardie se trouva définitivement rattachée au royaume de France, et audomaine royal en 1482. Cette rivalité se ranima auXVIe siècle avec les descendants deMarie de Bourgogne, fille du Téméraire et deMaximilien de Habsbourg, les monarchies deHabsbourg d'Autriche etHabsbourg d'Espagne.
L'Ordre des Chartreux subdivise le territoire en différentes provinces ditescartusiennes, la Picardie a alors donné son nom à l'une d'entre elles. Correspondant a peu près aux contours de la Nation picarde en1411, laprovince de Picardie se partage en deux, l'une reçoit le nom de province de Picardie rapprochée,Picardia propinquior, et l'autre prend celui de Picardie éloignée ou extérieure ou encore Picardie du Nord, enlatin :Provincia Picardiae remotioris. Après1474, cette dernière est appeléeTeutonie,latin :Provincia Teutoniae.
La province cartusienne de Picardie compte de nombreuses chartreuses répertoriés dans leNord, lePas-de-Calais, laSomme, l'Aisne, l'Oise mais aussi dans lesArdennes. Parmi elles, leVal-Saint-Esprit et leMont-Sainte-Marie deGosnay,Notre-Dame de Macourt deValenciennes, leMont-Saint-André deTournai, mais aussi leMont-Renaud deNoyon ou leVal-Saint-Pierre deBraye-en-Thiérache. La première chartreuse de la province est fondée en 1132 auMont-Dieu, située dans leRethélois auxArdennes[59].
| Statut | Gouvernement général militaire |
|---|---|
| Capitale | Amiens |
| Langue(s) | Picard,français,flamand |
| Religion | Catholicisme |
| 1557 | Bataille de Saint-Quentin |
|---|---|
| 1790 | Dissolution des gouvernements généraux |
Entités précédentes :
Entités suivantes :

La Picardie sera entre 1477 et 1790 unGouvernement général militaire duroyaume de France, situé au nord-ouest du territoire et bordé par laManche. Ce gouvernement administratif aurait comporté à sa création :
LeCalaisis après sa reconquête de 1558, puis l'Artois en 1678, seront rattachés à ce gouvernement général lors de leurs annexions définitives à la France. Le Calaisis y restera attaché et sera compté comme un pays de la province de Picardie tandis que l'Artois finira par en être détaché pour avoir son propre gouvernement en 1764. Le Calaisis sera donc considéré comme partie de la province de Picardie quand l'Artois sera considéré comme partie desPays-Bas français. Ce terme, qui ne désignait aucune entité administrative en soit, est un terme qu'on employait pour regrouper l'Artois, leHainaut, leCambrésis et laFlandre française qui étaient les provinces conquises par la France vers le nord sur les Pays-Bas, ces « Pays-Bas » devenant ainsi les « Pays-Bas français ».
Il semblerait qu'à un moment donné, le gouvernement de Picardie ait fini par perdre une partie des territoires de la Haute-Picardie au profit du gouvernement de l'Île-de-France, afin d'accroître le rayon d'influence de la capitale. Les pays concernés seraient donc le Soissonnais, le Valois, le Laonnois, le Beauvaisis et le Noyonnais. Certains documents donnent la date de 1624, tandis que d'autres indiquent plutôt le début duXVIIIe siècle.
Certaines cartes permettent de retracer une certaine évolution du gouvernement de Picardie au cours duXVIIe siècle.
Les cartes ci-dessus, réalisées par un certain Jocudus Hondius en 1600 et mises à disposition par laBNF, montrent un gouvernement de Picardie en possession des villes deSoissons,Laon,Compiègne etNoyon. En revanche, il ne comprend pas encore leBoulonnais ni leCalaisis. Plus étonnant, des villes commeRethel, ainsi que l'actuel département desArdennes sont affichés comme des villes du gouvernement de Picardie sur cette carte. On observe même une pointe qui s'étend dans l'actuelleWallonie, et qui montre que la commune d'Orchimont, actuellement dans laProvince de Namur enBelgique, se trouvait à cette époque dans le gouvernement de Picardie. D'autres villes commeCrèvecœur-le-Grand figurent enÎle-de-France alors qu'on les retrouve dans le gouvernement militaire picard à la veille de laRévolution française.
La carte ci-dessus[Où ?] aurait été réalisée au milieu duXVIIe siècle, quelques décennies après celles de Jocudus Hondius.[pas clair] On peut supposer qu'elle date d'après 1624, en suivant ce qui a été évoqué précédemment. On y observe une Haute-Picardie plus réduite, le gouvernement a, cette fois-ci, perdu Soissons,Noyon,Laon, ainsi que le morceau d'Ardenne qu'il possédait.Rethel est finalement revenue au gouvernement deChampagne tandis que le morceauwallon est à présent soit une possession luxembourgeoise ou bien indiqué commepartie d'Allemagne. À défaut d'en avoir perdus, le gouvernement a cependant gagné des territoires, notamment leBoulonnais et leCalaisis, ainsi que leCambrésis. Ces différentes cartes nous montrent une évolution récurrente des territoires inclus dans le gouvernement militaire, impliquant une certaine instabilité quant à des frontières qui semblent évoluer assez arbitrairement.
Ainsi, de nombreux documents se chargeant d'exposer des descriptions des provinces de Picardie et d'Île-de-France ne manqueront pas de souligner cette nuance. Car le gouvernement général était une entité administrative qui avait la particularité, contrairement aux généralités ou aux diocèses, d'emprunter le nom d'une province et non celui d'une ville, ce qui pouvait être source de confusion. AinsiRobert de Hesseln, dans sonDictionnaire universel de la France, citait la Picardie comme une "province dont la plus grande partie forme un des grands gouvernements généraux militaires du royaume. La Picardie septentrionale est celle qui compose le gouvernement général militaire de Picardie ; et la méridionale fait partie du gouvernement général militaire de l'Île-de-France". Ce dernier nous fait d'ailleurs dans son ouvrage le commentaire suivant sur ce dernier gouvernement : "L'Île-de-France, considérée commegouvernement général militaire, est beaucoup plus étendue que ne l'est la province ; outre toute l'étendue de l'Île-de-France, il comprend une grande partie de la haute Picardie : à savoir, le Beauvaisis, le Valois, le Soissonnais, le Noyonnais et le Laonnois"[61].
| Dates | Changements apportés | Constitution | Illustrations |
|---|---|---|---|
| 1477 | À la suite de la reconquête des villes de la Somme, le Gouvernement de Picardie est recréé. | ||
| 1483 | Beauvaisis,Senlisis et une partie duVermandois rejoignent l'Île-de-France[62]. | Amiénois, Laonnois, Ponthieu, Santerre, Soissonnais, Valois (en partie), Vermandois (en partie), Vimeu, Thiérache | |
| Vers1545 | Perte duLaonnois, duSoissonnais, du Valois et de laThiérache pour la Picardie[63]. | Amiénois, Ponthieu, Santerre, Vermandois (en partie), Vimeu | |
| 1567 | Retour duBeauvaisis à la Picardie[63]. | Amiénois, Beauvaisis, Ponthieu, Santerre, Vermandois (en partie), Vimeu | |
| 1569 | Charles IX donne àLéonor d'Orléans-Longueville, gouverneur de Picardie, leBoulonnais et le pays Reconquis (Calaisis)[62]. | Amiénois, Beauvaisis, Boulonnais, Calaisis, Ponthieu, Santerre, Vermandois (en partie), Vimeu | |
| De1585 à1600 |
| Amiénois, Beauvaisis, Laonnois, Ponthieu, Santerre, Soissonnais, Thiérache, Valois (en partie), Vermandois, Vimeu | |
| Vers1614 |
| Amiénois, Boulonnais, Boulonnais, Calaisis, Calaisis, Ponthieu,Rémois, Santerre, Thiérache, Vermandois (en partie), Vimeu | |
| Vers1622-1624 | Amiénois, Boulonnais, Calaisis, Cambrésis, Ponthieu, Santerre, Thiérache, Vermandois, Vimeu | ||
| 1640 | À la suite de l'annexion de l'Artois à la France, celui-ci est annexé au Gouvernement de Picardie[63]. | Amiénois, Artois, Boulonnais, Calaisis, Cambrésis, Ponthieu, Santerre, Thiérache, Vermandois, Vimeu | |
| De1668 à1694 | En 1668, les communes de Gravelines en Calaisis, Landrecies et Le Quesnoy en Cambrésis, passent toutes les trois du Gouvernement de Picardie au Gouvernement de Flandre française[63]. | Amiénois, Artois, Boulonnais, Calaisis, Cambrésis, Ponthieu, Santerre, Thiérache, Vermandois, Vimeu | |
| Vers1753 | Le Boulonnais semble devenir un Gouvernement autonome mais restera assimilé au Gouvernement de Picardie par bon nombre de cartographes. | Amiénois, Artois, Calaisis, Cambrésis, Ponthieu, Santerre, Thiérache, Vermandois, Vimeu | |
| Entre1753 et1765 | Le Cambrésis quitte le Gouvernement de Picardie pour être rattaché au Gouvernement de Flandre française, de même que le Hainaut français | Amiénois, Artois, Calaisis, Ponthieu, Santerre, Thiérache, Vermandois, Vimeu | |
| De1765 jusque1789 | L'Artois quitte le Gouvernement de Picardie et devient un gouvernement autonome[63]. | Amiénois, Calaisis, Ponthieu, Santerre, Thiérache, Vermandois, Vimeu |
La Picardie fut, en juillet 1789, le point de départ de laGrande Peur qui prit naissance dans les villages autour d'Estrées-Saint-Denis, sur le Plateau picard.
Lors de la création desdépartements, en1790, la majeure partie des régions de la Picardie forma le département de laSomme, le reste étant partagé entre les départements de l’Aisne (Thiérache et partie du Vermandois), de l’Oise (parties de l’Amiénois et du Santerre) et duPas-de-Calais (Artois propre, Ternois, Boulonnais, Calaisis, parties du Ponthieu et du Marquenterre).
Le département de l'Aisne nouvellement crée se révéla être une pépinière d'acteurs de la Révolution :Condorcet,Camille Desmoulins,Saint-Just,Fouquier-Tinville etGracchus Babeuf furent parmi les acteurs les plus influents de cette période.
LesCarmélites de Compiègne, par contre furent victimes de laTerreur, tandis queAndré Dumont, député montagnard de laConvention nationale fut envoyé du 30 juin 1793 au 28 juillet 1794, en mission dans les départements de la Somme et de l'Oise où il mena une lutte constante contre le clergé et les aristocrates.
LaGrande Guerre fut, pour la Picardie, un véritable cataclysme. La partie de la région comprise entre Arras, Cambrai, Amiens, Montdidier, Noyon et Saint-Quentin fut anéantie. Des centaines devillages furent détruits dont 200 lors de la seuleopération Alberich de février-mars 1917. Plusieurs batailles majeures de la guerre se déroulèrent en Picardie notamment en 1916, 1917 et 1918.
L'entre-deux-guerres est une période de reconstruction pour la Picardie. Certains secteurs classésZone rouge ne devaient pas être reconstruits, mais, la détermination des habitants de retour dans leur village, obligea les autorités à engager des opérations de déminage puis de reconstruction.Saint-Quentin,Chauny,Noyon,Albert,Saint-Pol-sur-Ternoise,Péronne,Ham,Roye,Montdidier,Moreuil, n'étaient plus qu'un amas de ruines. La reconstruction se déroula des années 1920 jusqu'au début des années 1930.

Créée par décret du 2 juin 1960, regroupant lesdépartements de l'Aisne, de l'Oise et de laSomme, dont lechef-lieu étaitAmiens, la région Picardie ne correspondait pas à la Picardie culturelle, Arras, Montreuil ou encore Boulogne étaient rattachées à la régionNord-Pas-de-Calais.
En Picardie, la Délégation régionale au Tourisme, les Comités départementaux et régional du Tourisme, ainsi que les offices de tourisme et syndicats d'initiative ont mis en place le label Tourisme et Handicap depuis 2003. En leur apportant la garantie d'un accueil adapté, le label Tourisme et Handicap répond à la demande des personnes à besoins spécifiques qui veulent pouvoir choisir leurs vacances, se distraire, partir seules, en famille ou entre amis, où elles le souhaitent et comme tout le monde. Plus de cent-quarante structures touristiques et de loisirs sont labellisées en Picardie en 2010.
La Picardie compte 72 parcs et jardins ouverts au public. Le Comité régional du tourisme a développé une série d'outils[65] pour assurer la promotion de cette filière ainsi qu'un festival[66].
Dans le cadre de laréforme territoriale de 2015, la région Picardie a fusionné avec la régionNord-Pas-de-Calais, le1er janvier 2016. La nouvelle région ainsi formée s'appelle lesHauts-de-France, après avoir porté provisoirement le nomNord-Pas-de-Calais-Picardie.
Lepicard fait partie de l'ensemble linguistique de lalangue d’oïl (comme lefrançais) et appartient à la famille deslangues gallo-romanes. Certains linguistes classent le picard dans le sous-groupe septentrional de la langue d'oïl[67].
L'aire linguistique du picard s'étend sur les trois départements de l'anciennePicardie administrative, les départements duPas-de-Calais et duNord (excepté larégion de Cassel) et une partie de laWallonie (province de Hainaut). Aussi, le Picard était encore parlé jusqu'au début des années 1980 dans le« hameau Picard » deFriedrichsdorf enAllemagne[68].
« La Picardie est la terre de nos origines littéraires, écritAd. van Bever. La littérature en langue d'oïl, si riche, si diverse, témoigne du plaisir qu'hommes et femmes, quelle que soit leur appartenance sociale, ont ressenti à écouter ces histoires et ces chansons. »[69]
— Chantal Vieuille, Histoire régionale de la littérature en France.
La Picardie a vu naître plusieurs grands auteurs au cours de son Histoire.

On peut citer plusieurs grands noms de musiciens de la mouvance picarde parmi lesquelsJosquin des Prés, originaire duVermandois et queJacques Chailley cite comme« l'un des plus grands musiciens de tout les temps » ouGuillaume Dufay, originaire de Cambrai ou Laon, et qui est un des plus importants musiciens de son époque[113].Gilles Binchois,Jacob Obrecht,Roland de Lassus[114],Jean Mouton,Loyset Compère,Antoine Busnois,Antoine Brumel ouAntoine de Févin sont encore plusieurs noms se rattachant à la production picarde[113].
Vers 1140, àBeauvais, la jeunesse de la ville compose un drame musical,Le jeu de Daniel, pièce entièrement chantée et jouée aux instruments et que l'on a parfois qualifier de« premier opéra »[113].

Le chantRéveillez-vous Picards, composé auXVe siècle près deBeauvais, fait office d'hymne régional[115]. Parmi les autreschants folkloriques originaires de Picardie, on trouve notammentLa belle est au Jardin d'amour, etJésus-Christ s'habille en pauvre. Ce dernier s'est d'ailleurs fait connaître enAngleterre et dans le monde anglo-saxon sous le nom dePicardy[116].
On peut aussi citerRoses of Picardy, une chanson populaire britannique de laPremière Guerre mondiale ; celle-ci rend hommage à la flore picarde[117],[118].

DuMoyen Âge, et ce jusqu'auXVIIIe siècle, laConfrérie du Puy Notre-Dame d'Amiens est une confrérie de laïcs présentant chaque année des poèmes en l'honneur de laVierge Marie qui se voyaient ensuite adaptés en tableau. Plusieurs villes picardes connaîtront de telles assemblées, commeAbbeville, proposant également des puys, dont certains sont exposés aumusée de Cluny[119].
Vers la fin duMoyen Âge, la Picardie se voit aussi représentée au sein du mouvement desPrimitifs flamands avecSimon Marmion, peintre originaire d'Amiens. AuXVIe siècle,François Dubois peint le célèbre tableauLe Massacre de la Saint-Barthélémy, illustrant les barbaries du.

La ville deBeauvais offre deux peintres de renoms illustrant lemaniérisme du Nord, duXVIe au XVIIe siècle, avecAntoine Caron etQuentin Varin. Au siècle suivant, le peintrePierre Patel sera un représentant majeur de l'Atticisme en peinture.
LesFrères Le Nain, originaires deLaon au tournant desXVIe au XVIIe siècle produisent des œuvres illustrant souvent des scènes paysannes appeléesbambochades, issues des peintures hollandaise et italienne[120].
AuXVIIIe siècle, les peintres picards s'inscrivent dans le mouvementrococo avecQuentin de La Tour. En plus de sonautoportrait au jabot de dentelle, il a notamment peint les portraits de personnages illustres commeRousseau,Voltaire,D'Alembert, deMadame de Pompadour ou d'Isabelle de Charrière.
Les peintres les plus connus duXIXe siècle sont le senlisienThomas Couture et sesRomains de la décadence, œuvre monumentale exposée aumusée d'Orsay. S'ajoute également le célèbreHenri Matisse, élevé àBohain-en-Vermandois.
Les armoiries de la Picardie se blasonnent ainsi : |
Une autre version des armoiries de la Picardie se blasonne ainsi : |


Ledrapeau picard reprend fidèlement les armoiries picardes qui ont été établies à partir des armes de la « nation picarde » de l'université de Paris. Les fleurs de lys symbolisent l'appartenance auroyaume de France, les lions rappellent les liens de la Picardie avec les provinces du nord :Flandre,Brabant,Luxembourg.
Réveillez-vous Picards est un ancien chant guerrier picard, actuellement hymne régional de Picardie, et serait issu de l'air chanté avant 1479 par lesbandes de Picardie, qui sont à l'origine, entre autres, durégiment de Picardie.
La devise de la Picardie est identique à celle de la ville d'Abbeville, « Fidelissima »[121],[122], en français « très fidèle »[123], sous entendu « à la France ».
« de cette Picardie qui s'étend de Calais à Senlis et de Vervins à la mer »
« Les limites de la Picardie ont varié »
« Valois et le Soissonnais ont une agriculture similaire à celle de la « plaine picarde » de Demangeon bien qu'ils en soient géologiquement distincts »
« L'auteur assignait pour pays d'origine à ces mots le Hainaut, pays picard »
« Les régionalismes que nous avons relevés dans le lexique laissent supposer que l'auteur était vraisemblablement originaire de Picardie ou du Nord. »
« C'est à elle que l'auteur anonyme picard dédie le roman deGuillaume de Palerne »
« On peut avancer que l'auteur vit aux confins de la Picardie et de l'île-de-France »
« qui confirment la provenance nordique - picarde en fait - de ces Évangiles »
« C'est au caractère picard, sans doute le lecteur s'en souvient-il, que Gustave Lanson attribue l'humeur parfois pointilleuse de Sainte-Beuve. Né d'une famille très anciennement établie au bourg de Moreuil, près de Péronne, est-ce à sa province qu'il doit cette humeur ? Il lui doit, plus sûrement semble-t-il, son esprit non-conformiste, cette faculté critique, cette curiosité d'un ordre nouveau qui caractérisent les grands Picards : Calvin, Lamarck Condorcet, Saint-Simon, Babeuf et, en fin de liste, modeste parmi ces noms éclatants, Béranger dont On sait quel immense retentissement politique eurent ses chansons, au grand dommage des Bourbons. On ne dira donc pas avec négligence que Sainte-Beuve est né dans cette Picardie si fortement caractérisée ; et on le soulignera : il est originaire de Boulogne-sur-Mer. »