Cet article concerne l'ancienne région administrative. Pour la région culturelle, voirPicardie (région culturelle). Pour les homonymes, voirPicardie (homonymie).
Dernier logo de la région Picardie. | |
| Statut | Région française |
|---|---|
| Préfecture de région | Amiens |
| Langue(s) | Français |
| Population | 1 932 422 hab. (2016) |
|---|---|
| Densité | 100hab./km2 |
| Gentilé | Picard, Picarde |
| Superficie | 19 399 km2 |
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| 1960 | Création de la région Picardie |
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| 1er janvier 2016 | Fusion dans lesHauts-de-France. |
| 2004-2015 | Claude Gewerc (PS) |
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| 2014-2015 | Nicole Klein |
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Entités suivantes :
LaPicardie (prononcé[pi.kaʁ.ˈdi]) est une anciennerégion administrative française, créée par décret du, regroupant lesdépartements de l'Aisne, de l'Oise et de laSomme, dont lechef-lieu étaitAmiens.
Dans le cadre de laréforme territoriale de 2015, la région Picardie a fusionné avec la régionNord-Pas-de-Calais, le[1]. La nouvelle région ainsi formée s'appelle lesHauts-de-France, après avoir porté provisoirement le nomNord-Pas-de-Calais-Picardie.
Le nom et la majeure partie du territoire de cette ancienne région administrative sont issus de laprovince de Picardie, unerégion culturelle au nord de Paris, correspondant audépartement de la Somme, de l'Oise (exempté leVexin et leMultien) et de l'Aisne (exempté l'Orxois, l'Omois et leTardenois). Une partie de cette région culturelle était en dehors de cette région administrative, dans leNord, lePas-de-Calais et laprovince de Hainaut. La langue régionale est lepicard, unelangue d'oïl.
Au sortir de laguerre de Cent Ans (1477-1482), est constitué legouvernement militaire de Picardie qui correspond à la partie méridionale desPays-Bas bourguignons redevenuefrançaise. Ce gouvernement, militaire puis civil (généralité d'Amiens) ne doit pas être confondu avec la notion de province qui est culturelle.
Lagénéralité d'Amiens, regroupe divers territoires au nord de l'Île-de-France :comté de Boulogne en partie,comté de Ponthieu,comté d'Amiens,comté de Vermandois,comté de Guise (Thiérache) puisCalais après sa reconquête en 1558. La région d'Arras en fit partie pendant 125 ans, de même pour leCambrésis, près de 131 ans[2].
A la veille de laRévolution, lagénéralité d'Amiens, formant le cœur de la Picardie, s'étend de laManche orientale à laChampagne et de l'Île-de-France à l'Artois et auHainaut.
L’étymologie du mot Picardie est géographique et historique. Le mot apparaît une première fois sous la plume deNicolas de Bray dans saGestes de Louis VIII à propos dePhilippe Hurepel devenu en1216 par mariagecomte de Boulogne puis en1218 par apanagecomte de Clermont, qualifié d'« honneur de la Picardie ». Ces deux villes en sont effectivement les portes nord et sud. Quelques années plus tard, en1248, il réapparait sous la plume deGuillaume de Nangis.
Le terme devait être entré récemment dans l'usage et était dérivé du mot « picard », popularisé par la révolte des étudiants de1229. C'est ainsi queMatthieu Paris qualifie en effet dans saChronica Maiora écrite vraisemblablement entre1236 et1248 les étudiants originaires de la région « voisine de la Flandre » dans son récit concernant cette année.
Le mot signifie en picard « piocheur », au sens delaboureur. Les Parisiens appelaient « piocheurs » tous les agriculteurs vivant au nord des zones forestières du Senlisis et duValois (où les paysans étaient bûcherons), et dans le Nord on appelait « Picards » tous ceux qui ne parlaient pas leflamand :Arras,Boulogne,Calais,Tournai étaient des villes « picardes ».
À Paris, le néologisme fit florès parce qu'il associait en un jeu de mots la pique et une province réputée pour sa hardiesse militaire (sa milice s'était illustrée àBouvines en1214, quelques années avant l'apparition du mot). Il perdura dans ce sens les siècles suivants à cause du caractère montré par lesPicards, du genre « tête de pioche », dans leur attachement aux libertés communales acquises par les villes drapières défendues par une milice bourgeoise.
Les étudiants des diocèses deBeauvais,Noyon,Amiens,Laon,Arras,Thérouanne,Cambrai,Tournai ainsi qu'une partie des diocèses deLiège et d'Utrecht formaient àParis,Orléans etBoulogne la « Nation picarde ». Celle-ci représentait les domaines linguistiquespicard etflamand.
Larégion Picardie regroupait administrativement troisdépartements :Aisne,Oise,Somme. Elle a pour régions limitrophes le Nord-Pas-de-Calais au nord, la Haute-Normandie à l'ouest, l'Île-de-France au sud et la Champagne-Ardenne à l'est. La préfecture est Amiens.
La Picardie s'étend aussi en Belgique aux villes deTournai etMouscron où l'on parle le picard tournaisien et non lech'ti, ce dernier étant un des dialectes du picard à proprement parler.
Les délimitations du gouvernement dePicardie duXVIIIe siècle ne correspondent pas à celles des trois départements composant l'ex Picardie administrative de 1960 (voirAnciennes provinces de France). Seuls la totalité de la Somme, le nord de l'Oise, le nord de l'Aisne (Vermandois,Thiérache) et la partie côtière du Pas-de-Calais, leBoulonnais, constituaient l'ancien gouvernement militaire puis civil à la fin duXVIIIe siècle, dit Gouvernement général de Picardie, mais certaines parties (ex :Laonnois,Noyonnais,Beauvaisis...) avaient peu à peu été détachées au profit du gouvernement d'Île-de-France[3]. À cet ensemble s'ajoutaient quelques communes du département du Nord, certaines étant en bordure dudépartement de la Somme de 1790, d'autres frontalières dudépartement de l'Aisne de 1790.
En effet, la majorité de l'Oise (Beauvaisis,Valois,Vexin, ...) faisait partie dudomaine royal duroi de France, c'est-à-dire l'Île-de-France. On y trouvait alors leVexin français au sud-ouest (en opposition auVexin normand), leValois (au sud-est), le comté deClermont (au centre), dans le nord-est de l'Oise et une fraction de l'Aisne relevait de l'évêché de Noyon. Dans l'Aisne, leSoissonnais et leLaonnois appartenaient aussi à la couronne (province d'Ile-de-France) tandis que l'extrême-sud (Brie) dépendait du comté deChampagne.

Le territoire du futur gouvernement de Picardie (constitué à la fin duXVe siècle) vit auIIIe siècle av. J.-C. s'imposer par les armes la domination des cités belges (cf.sanctuaire de Ribemont) sur lesarmoricains refoulés dans ce qui deviendra laLyonnaise III puis laNormandie. Sur ce territoire, vivaientdes peuples belges de premier plan pendant laguerre des Gaules (Morins,Ambiens,Suessions,Vermands,Rèmes). Le territoire des futurs Picardie, Artois, Flandre constituait ce qui est désigné[4] par certains auteurs sous le nom de Belgium[5], cœur[6] de la future province de laGaule belgique (ou Belgique Seconde), étendue jusqu'à la Meuse, et noyau de l'alliance anti monarchiste[7] avec lesEduens[8] plus ou moins en rivalité pour la suprématie (cf.Diviciac) avec l'état desSuessions associés[9] auxRèmes, lesquels étaient peut être, compte tenu de l'ancienneté de leur implantation, non des Belges mais desCeltes. La seule cité desBellovaques, le Beauvaisis, composait en effet au temps de César, si on se réfère à l'effectif militaire, un tiers de la population totale de la future province de Belgique[9].
À la fin de l'Empire ou au début du haut Moyen Âge, les territoires des futurs Picardie-Artois-Flandre font plus ou moins partie (les sources sont ténues) duduché de Dentelin dont le centre se trouvait[10] dans l'actuelle région Nord-Pas-de-Calais.
Autraité de Verdun de 843, les comtés de Boulogne, d'Arras, d'Amiens ... sont placés dans le royaume deFrancie occidentale. À partir duXVe siècle, sa partie nord est occupée par laBourgogne (entrevue de Péronne) puis, avec leComté de Flandre, par l'Espagne.
Le premier témoignage duXIIIe siècle relatif à une langue picarde nous vient deMathieu Paris. Celui-ci semble avoir toujours vécu aumonastère de Saint-Albans, en Angleterre, où il termina sa chronique en 1235. À propos de l’année 1229, il rappelle les actes de violence impliquant des étudiants, qui ont conduit à la première grève de l’université [de Paris]. Il en désigne les responsables comme étant :« de partibus conterminis Flandriae, quos vulgariter Picardos appellamus » (des régions frontalières de la Flandre, que nous appelons communément Picard).
Nous devons àBarthélemy l'Anglais (franciscain anglais qui étudia àParis vers 1220-1230), la première mention concernant la géographie relative à une langue picarde dans sonDe proprietatibus rerum[11] qu’il termina vers 1240. Le livre XV (consacré à la géographie) décrit une grande diversité de régions selon l’ordre alphabétique des toponymes. La Picardia y est présentée comme une province de la Gaule belge comprenant les villes de Beauvais, Amiens, Arras, Thérouanne et Tournai, et elle s’étend depuis le Rhin jusqu’à la mer. Elle se subdivise en deux : la haute Picardie qui jouxte la France, et la basse qui touche la Flandre et le Brabant. Il note comme dernière caractéristique que ses habitants parlent un« idiomatis grossi magis aliarum Galliae nationum », une langue plus rude que celle des autres nations de France[12]. Il dit que d'après la description des pays parErodoc (parfois orthographiéErodocus ouErodoccs) la picardie est« une province de la Gaule belgique, qui tire son nom d'un certain bourg ou château, jadis appeléPonticon[13] ou a aussi pu désigner le fruit d'un arbre,« assez semblable à une fève », dont se nourrissait lesArgippéens évoqués parHérodote[14], et qui se nomme aujourd'hui Pichen. on assure qu'il commandait autrefois tout le pays jusqu'à la mer Britannique, et que c'est de lui que le peuple de cette contrée a tiré son nom. Le territoire de la Picardie est très-fertile en grains et en fruits ; il est arrosé par un grand nombre de fontaines et de rivières : il est très-peuplé, et couvert de grandes villes, de châteaux et de bourgs remarquables et très forts ; tels que Belgis ou Beauvais, Amiens, Arras, Morite (Terouenne) et Tournai ».

Au moment dumassacre de la Saint-Barthélemy (août-), legouverneur Longueville y empêche le massacre desprotestants[15]. Au début de la guerre de laLigue, l'exemple deMontmorency-Thoré qui prendSenlis (1589), pousse les nobles picards à s’engager dans l’armée royale[16], alors que le roiHenri III n’a pratiquement plus de soutiens.
La fidélité des Picards à la famille régnante sera notamment récompensée dans le cadre des défilés militaires où le régimentRoyal Picardie est en première place.
Jusque sousLouis XIV, le gouvernement militaire de Picardie constitue les limites nord duroyaume de France. Le Roi Soleil étendra jusqu'à la Flandre royale les nouvelles frontières du gouvernement militaire de Picardie et d'Artois avec la prise deLille en 1667.
La Picardie, du fait de sa situation géographique, fut souvent une terre de champs de bataille et le chemin des invasions.
Les deux guerres mondiales de 1914-1918 et de 1939-1945 y laissèrent de nombreuses traces qui constituent désormais un patrimoine historique parcouru par les touristes du monde entier (notamment : australiens et anglais pour la Grande Guerre de 1914-1918).





La devise de la Picardie est celle de la ville d'Abbeville, « très fidèle »[17], sous entendu « à la France ». La Picardie n'ayant pas été un fief, aucun seigneur de Picardie n'ayant jamais existé, la Picardie n'avait pas au Moyen Âge comme d'autres provinces un blason propre. Les armes du seigneur local le plus puissant du moment ont toutefois occasionnellement été utilisées, et finalement l'or à trois bandes d'azur.
En1118, la maison deVermandois, soutenue par le roi de France dans sa politique de protection des libertés communales, acquiert, aux dépens du comte deBoves opposé aux libertés d'Amiens, le comté d'Amiénois par mariage et prend ainsi la prééminence dans la région. En1185, l'ensemble tombe dans le domaine royal de sorte que le blason deVermandois servira, quelques siècles plus tard, à marquer la possession royale de la région. Son échiqueté d'or et d'azur, qui sont une brisure reprenant le métal et l'émail des capétiens dont elle est une branche cadette, a ainsi été repris à plusieurs occasions pour la Picardie par exemple vers1610[18]. De fait, ce blason correspond plutôt à la Haute-Picardie.
En1254,Édouard Plantagenêt épouse l'infante d'Espagne, héritière du comté dePonthieu. Ce comté, qui inclut celui du Boulonnais, et formera auXVIe siècle la Basse Picardie, devient alors la tête de pont des prétentions anglaises, en particulier de souveraineté monétaire, sur le continent et donne son blason apparu sur les monnaies d'Abbeville auXIIIe siècle[18], d'or à trois bandes d'azur, à une Picardie revendiquée au cours de laguerre de Cent Ans. C'est probablement, bien qu'aucune documentation ne permet de le confirmer, une autre brisure des lys capétiens adoptée par les héritiers de la fille d'Hugues Capet, Gisèle de Ponthieu. Ce sera le blason qui sera reconnu augouvernement de Picardie jusqu'à la Révolution tel qu'il apparait dans un armorial publié en1750[18].
Le, letraité de Brétigny signé quelques mois plus tôt contraint le roi de France à rendre lePonthieu au roi d'Angleterre. Les habitants d'Abbeville refusèrent cet abandon à un seigneur qui se comportait en étranger. En juin1369, pour remercier les Abbevillois de cette fidélité,Charles V accorda à la ville d'ajouter à son blason unchef de France[19], c'est-à-dire d'azur aux lys d'or. Une devise « fidelissima » apparut ultérieurement[19]. C'est ce mêmechef, en version moderne de trois lys à la place de l'ancien semé, qu'on voit aujourd'hui sur le blason de la région reproduit ci-contre enquartiers opposés aux lionceaux.
En1513, la nation picarde de l'université de Paris eut à choisir un nouvel emblème, non plus allégorique mais conforme aux règles de l'héraldique. La « Nation picarde » était une administration de l'université chargée principalement de transporter les courriers des étudiants vers leurs familles restées au pays et les bourses que celles-ci versaient à leurs enfants installés àParis. C'est à ce titre qu'elle eut à choisir unsceau qui garantissait l'authenticité des plis et des paquets transportés ainsi que ses actes.
Elle adopta à cette date cette devise « fidelissima » et ce blason dePonthieu auchef de France mais comme elle accueillait en son sein, en plus des étudiants francophones de Picardie, huit tribus (c'était le terme employé) d'étudiants venant des diocèses néerlandophones des Pays-Bas et de Frise, elle remplaça, apparemment, car tout cela est déductif, lechef en quartiers et Ponthieu en huit lions[19]. En effet, les huit diocèses deFlandre,Brabant,Namur,Limbourg,Hainaut,Luxembourg,Gueldres,Frise (diocèse d'Utrecht, Pays-Bas actuel) ont tous un lion dans leur blason. Le choix de l'argent répond, selon la grammaire héraldique, à l'or des lys de France, de même que la couleur de gueules des lions répond à l'azur de l'écu de France. C'est ce blason qui apparait sur les sceaux de l'Université pour représenter la Picardie à partir duXVIe siècle.
Le blason dont il est resté une trace en est une altération qui a perdu deux lions de deux diocèses desProvinces-Unies, peut-être à la suite des guerres deLouis XIV. L'écartelé des fleurs de lys et des lions exprime la position frontalière entre la France et les Pays-Bas, position qui valait à la nation picarde d'accueillir des étudiants des deux zones linguistiques. Il représente donc la Picardie étendue à toute la zone picardophone,Boulonnais,Artois,Flandre française (Lille) etHainaut compris, et à l'actuelle Belgique bilingue.
Les nations et les provinces avaient un blason civil de leur seigneur et souvent une bannière militaire. Par exemple la Bourgogne avait en plus de son blason, la croix de Saint André de gueules comme bannière, la Bretagne en plus de son semé de mouchetures d'hermines, la Croix Noire, l'Écosse en plus du lion de gueules, la Croix de Saint André sur champ d'azur, le Pays de Galles, en plus Dragon de gueules, la Croix de Saint David, etc.
Dans le gouvernement de Picardie, soit approximativement l'actuelle région et le département du Pas-de-Calais, l'armée était représentée par lerégiment de Picardie, qui avait été institué en1558, à partir d'une légion créée en1534 parson père. Ce régiment portait, lui, de gueules à la croix d'argent.
La croix de l'archange militaire Saint Georges portée par Angleterre est en fait la « Vera Crux » défendue par le bras armé de l'Église, l'empereur, dont elle a la couleur de la pourpre romaine. C'est cette prétention à l'Empire qui la fit adopter à l'imitation de l'empereur romain d'Orient tant par les Plantagenêt que par les Hasbourg. À labataille de Loyes en1339, l'armée desConfédérés arbora la même inversion que la croix de Picardie, de gueules à la croix d'argent, face aux troupes impériales des Habsbourg. La Savoie, également jalouse de son indépendance, l'arborant également, la Suisse adopta au moment de sa fondation, en1815, une croix alésée, c'est-à-dire que l'écu est bordé de sa propre couleur. La croix d'argent traversante sur écu de gueules, apparue de ci de là occasionnellement et en particulier en Savoie, a été adoptée définitivement par cette dernière, abandonnant son écu d'or à l'aigle de sable originel, au début duXIVe siècle, ce qui semble lui donner une petite antériorité sur la Picardie, dont le régiment remonte aux bandes duXVe siècle, et vraisemblablement à des traditions relatives aux guerres franco-anglaises de la fin duXIVe siècle[20]. Les miliciens bourgeois d'Arras par exemple portaient en ceinture une écharpe rouge.
L'exrégion Picardie administrative de 1960 ne correspondait pas au Gouvernement général de la fin duXVIIIe siècle, mais qui avait en réalité été modifié de nombreuses fois depuis sa création auXVe siècle (voirTerritoires du royaume de France), ce qui a pendant longtemps alimenté le débat sur les « frontières » de la région. La Picardie incluait à la fin duXVIIe siècle leBoulonnais et leTernois, détachés du diocèse deThérouanne, et ne comprenait plus leLaonnois, leSoissonnais, leValois (Compiègne etSenlis), leBeauvaisis et leNoyonnais qui avaient été rattachés à l'Île-de-France[21]. Les premiers témoignages écrits, auXIIIe siècle, concernant cette zone sud-est du département de l'Aisne montrent un français proche, certes par destination, des habitudes de Paris, mais en tout état de cause sans les caractéristiques les plus nettes du picard[22], cette affirmation est contredite par l'Armorial de La Planche qui nous indique que dans l'usage, en dépit de leur appartenance au Gouvernement de l'Île-de-France, les habitants de Soissons, Laon, Senlis, Noyon, Beauvais ou Compiègne étaient considérés comme Picards en raison de leur langage qu'il énonce proche dupicard.
Une nuance indispensable à apporter pour évaluer correctement les frontières de la Picardie en tant que territoire culturel nous est apportée par la Société académique de Laon dans un bulletin daté du 1er janvier 1912[23]. Effectivement, si certains pays tels que leLaonnois sont parfois cités comme faisant partie de l'Île-de-France, il s'agit en réalité d'une erreur de confusion des termes. Le document disserte sur le fait que la province n'a pas d'existence officielle. Administrativement, avant la création des départements lors de la Révolution française, la France se divisait en Gouvernement généraux tels que le gouvernement général dePicardie, le gouvernement général d'Île-de-France, le gouvernement général deChampagne, etc. Il y avait aussi les généralités qui étaient un type d'entité administrative bien distinct des gouvernements généraux dont elles étaient indépendantes. Pour conclure, la province n'a pas de statut officiel, mais est respectée par tradition, et est représentée par diverses entités administratives. Exemples : généralités et élections pour le judiciaire, diocèses pour le religieux, gouvernements généraux pour le militaire puis pour le civil. LeLaonnois ou leValois par exemple, étaient dans le gouvernement général d'Île-de-France, mais comme le document de la Société académique de Laon le rappelle, si l'on observe l'Almanach royal, les élections de ces territoires sont citées comme picardes, de même pour leBeauvaisis, leSoissonnais et ainsi de suite.Mathias Robert de Hesseln citait donc la Picardie comme une « province dont la plus grande partie forme un des grands gouvernements généraux militaires du royaume. La Picardie septentrionale est celle qui compose le gouvernement général militaire de Picardie ; et la méridionale fait partie du gouvernement général militaire de l'Île-de-France ». Ce dernier nous fait d'ailleurs dans son ouvrage le commentaire suivant sur ce dernier gouvernement : « L'Île-de-France, considérée commegouvernement général militaire, est beaucoup plus étendue que ne l'est la province ; outre toute l'étendue de l'Île-de-France, il comprend une grande partie de la haute Picardie : à savoir, le Beauvaisis, le Valois, le Soissonnais, le Noyonnais et le Laonnois »[24].
Amiens (Somme) et Saint-Quentin (Vermandois/Aisne), sont toujours les plus grandes villes de la région actuelle, comme naguère de la région historique et ont une riche culture picarde.
Il est à mentionner que les entités administratives n'étaient pas forcément représentatives des espaces culturels, ainsi on observe sur une carte de 1723 réalisée parAlexis Hubert Jaillot de laGénéralité de Soissons[25], que l'on nous indique clairement que les élections deLaon,Noyon, Crespy (aujourd'huiCrépy-en-Valois),Clermont etGuise sont issues de laPicardie, la généralité serait donc composée de territoires picards à l'exception de Château-Thierry qui serait issue de la Brie.
Une autre carte de 1694 et réalisée parJean-Baptiste Nolin vient nous indiquer que la Province de Picardie, en tant que territoire culturel donc, est répartie entre plusieurs entités administratives à savoir[26] :

Sur d'autres cartes duXVIIe siècle, la région d'Arras, l'Artois propre peut aussi être incluse dans les territoires culturellement picards[27]. Cette région s'est vu écartée de la Picardie à partir de 1640, elle faisait jusqu'à ce moment partie de la Picardie, pendant 125 ans[2].
LeCambrésis a aussi fait partie de la Picardie, durant 131 ans[2].
Cet éclat des territoires de culture picarde dans l'Île de France est expliquée par J.-F. Hardel[28] dans un document de 1941 indiquant qu'autraité d'Arras de 1435,Charles VII fut contraint de léguer une partie de la Picardie correspondant aux villes bordant laSomme, soitSaint-Quentin,Péronne,Amiens ouAbbeville, à son cousin. Ce qui restait alors de ladite Haute-Picardie se trouva rattaché à l'Île de France, ce qui semble expliquer pourquoi des villes commeBeauvais ouLaon étaient juridiquement dans son gouvernement jusqu'à la fin duXVIIIe siècle. Hardel rajoute que plusieurs auteurs stipulaient que Laon et Soissons étaient bien des villes picardes, il cite Meréri ou Hesseln, on peut aussi rajouterMichelet qui disait que son père, originaire de Laon, venait de « l'ardente et colérique Picardie ».
À la suite de laRévolution française, les gouvernements généraux furent démantelés, et le territoire de la France fut partagé en départements de tailles plus ou moins équivalentes.
L'exrégion Picardie avait été créée avec le décret[29] du (voirRégion française) qui a délimité les circonscriptions régionales. La Picardie regrouperait désormais lesdépartements de l'Aisne, l'Oise ainsi que laSomme.
En2009, le débat est ravivé, à la suite de la publication des travaux duComité pour la réforme des collectivités locales, qui proposait de réduire le nombre derégions françaises, notamment en favorisant leurs regroupements. L'idée de faire disparaître larégion Picardie en tant que telle a alors été soulevée ; ledépartement de l'Oise aurait rejoint l'Île-de-France, la moitié sud étant dansl'Aire d'attraction de Paris, et laSomme aurait intégré larégionNord-Pas-de-Calais. L'Aisne quant à elle, aurait été rattachée soit à larégionChampagne-Ardenne, soit auNord-Pas-de-Calais.À la suite de cette annonce, une partie des élus locaux et de la population s'est mobilisée contre ce projet. D'autres voix de leur côté, prônaient la fusion de l'ensemble de larégion Picardie avec leNord-Pas-de-Calais, évitant ainsi son démantèlement. D'autres encore, se déplaçant à Paris quotidiennement pour aller y travailler, encourageaient ce projet.
Finalement en2014 (dans le cadre de laréforme territoriale), le parlement décide que les régions Picardie et Nord-Pas-de-Calais doivent fusionner dans un nouvel ensemble à cinq départements (sans démantèlement), baptiséHauts-de-France.
Administration de l'ex région Picardie :
La Picardie bénéficie d'un riche environnementlittoral (dont l'estuaire de la Somme), de quelques grandesforêts, mais, probablement en raison d'une agriculture intensive, elle est la région où le rythme de disparition des espèces végétales, enregistré par lesconservatoires botaniques nationaux a été la plus rapide dans les 30 dernières années[réf. nécessaire]. Cependant, un vaste programme de plantation de haies et le nombre croissant de domaines utilisant l'agriculture biologique sont en train d'inverser cette tendance.Un réseau de réserves naturelles et de sites protégés est mis en place pour la gestion, restauration et protection de la biodiversité, objectifs confirmés par le Grenelle de l'Environnement. Uneaire marine protégée, leParc naturel marin des estuaires picards et de la mer d'Opale, se situe sur ce territoire.
Cette région, bien ventée, fait partie de celles qui ont le plus développé leur parcéolien, avec des retombées fiscales (impôts fonciers, taxe professionnelle) intéressantes pour les communes rurales. Un investissement éolien de 2,8 millions d’euros génère un produit de 18 800 euros par an pour la commune qui a fait cet investissement[30].

On y parle, sauf dans sa partie sud, une langue régionale : lepicard. Cette langue, que l'on différencia du « francien » que l'on sait maintenant être une exagération de linguiste d'Île-de-France, connaît son apogée auXIIIe siècle : elle est parlée alors dans toute la Picardie actuelle (sauf dans les franges sud-est, leValois, et Sud-Ouest de l'Oise, partie duVexin, ainsi que le Sud de l'Aisne,Laonnois etSoissonnais hormis l'ancienne forêt de Cuise entre Soissons et l'Oise), dans les départements actuels duPas-de-Calais, duNord (sauf leWesthoek), une partie duHainaut belge (région deMouscron et deTournai).
La langue picarde a été durant tout le bas Moyen Âge jusqu'à la Renaissance la langue officielle des municipalités et des offices notariés et ecclésiastiques du Nord de la France et des Pays-Bas (Belgique actuelle). C'était une langue écrite mais le développement de l'imprimerie, partant de la littérature, lui a été moins favorable qu'à la langue de la Cour. Elle constituait avec le français, l'anglais, l'allemand et le néerlandais une des langues vulgaires d'enseignement ou du moins d'explication de l'université de Paris en complément du latin, d'où son nom de collège des Quatre Nations (France, Normandie, Picardie incluant les étudiants des Pays-Bas et de Frise, Angleterre renommée Allemagne après la guerre de Cent Ans et regroupant tous les autres étudiants du nord de l'Europe), par opposition aux collèges royaux, comme celui de Robert de Sorbon, ou épiscopaux, par exemple le collège de Tréguier.
À partir du début duXIXe siècle, le picard perd de sa vivacité au sud deBeauvais,Noyon,Vervins. Il demeure cependant encore très vivace jusque dans les années 1970-1980, même en ville. Aujourd'hui, dans l'usage et en pratique, tous connaissent au moins quelques mots ou expressions en picard, ce malgré :
Malgré cela, la languepicarde est l'une des langues régionales de France la mieux maintenue avec 500 000 locuteurs actifs et un peu plus d'1 500 000 capables de comprendre un ou plusieurs mots de cette langue, telle que le rapporte la mission Cerquiglini en 1999[31].
Les sports issus du jeu de paume sont encore très présents sur les places de Picardie. On peut citer laballe à la main, leballon au poing, lalongue paume et laballe au tamis. Le grand rassemblement de ces sports picards a lieu depuis 200 ans àAmiens au parc de laHotoie, tous les.
En Picardie, la Délégation régionale au Tourisme, les Comités départementaux et régional du Tourisme, ainsi que les offices de tourisme et syndicats d'initiative ont mis en place le label Tourisme et Handicap depuis 2003. En leur apportant la garantie d'un accueil adapté, le label Tourisme et Handicap répond à la demande des personnes à besoins spécifiques qui veulent pouvoir choisir leurs vacances, se distraire, partir seules, en famille ou entre amis, où elles le souhaitent et comme tout le monde. Plus de cent-quarante structures touristiques et de loisirs sont labellisées en Picardie en 2010.
La Picardie compte 72 parcs et jardins ouverts au public. Le Comité régional du tourisme a développé une série d'outils[32] pour assurer la promotion de cette filière ainsi qu'un festival[33].
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