Lephotojournalisme est une forme dejournalisme combinant un texte journalistique et une série de photos de reportage légendées. Une personne qui pratique le photojournalisme est appelée unphotojournaliste ou un reporter-photographe[1].
À son apparition, l’image photographique a rapidement séduit le monde de lapresse et de l’information par son apparente objectivité. Impossible à imprimer en même temps que le texte, elle est longtemps reproduite engravure, et sert d’illustration à l’écrit. L'image reste longtemps en décalage par rapport à l’événement qu’elle relate à cause du délai important entre laprise de vue et la publication.
La photographie garde le statut d’image illustrative jusqu’en1890, date de l'invention de lasimiligravure à partir de laquelle la presse illustrée connaît un développement mondial. La société de la fin duXIXe siècle a soif de « nouvelles ».« Avec la photographie une fenêtre s’ouvre sur le monde », selonGisèle Freund, l’étranger devient familier.
Les duosjournaliste/photographe dont les célèbresAlbert Londres/Moreau ouJoseph Kessel/Zucoon sont de plus en plus souvent remplacés par le reporter-photographe qui traite seul son sujet. Il devient journaliste à part entière et n’a plus besoin de la caution d’une « plume ». L'appareil joue le même rôle que le feront aussi le micro et la caméra de télévision. À l'aune du photojournalisme, le reportage de guerre réalisé par l'écrivain Gaston Chérau missionné parLe Matin en Tripolitaine pour suivre leconflit italo-turc (1911-1912) et constitué de plus de 200 photographies et d'une trentaine d'articles est un exemple rare d'une "plume" se révélant photographe sur le théâtre de la guerre[2].
Les grands magazines illustrés commeLife,Fortune ouParis Match ont des équipes de plusieurs dizaines de reporters-photographes qui sillonnent le monde ou utilisent des photoreporters d'agence de presse. On dit alors qu'ils sont « en mission » (assignment en anglais).
Après la Seconde Guerre mondiale, cesreporters intègrent les agences de presse car les journaux réduisent le nombre de leurs salariés. De plus, ils veulent avoir un droit de regard sur l’utilisation de leur travail. C’est la grande époque du« news » dontRobert Capa est l’archétype légendaire[pas clair].
Aujourd’hui se pose la question de l’avenir de ce métier avec la mondialisation des moyens de communication et leur concentration au sein de quelques grands groupes internationaux. L'âge d'or du photojournalisme se termine et pourtant, celui-ci n'a jamais été tant courtisé par le grand public, lesmédias, les festivals et les milieux culturels[3]. Depuis plus de dix ans, les nouvellestechnologies et l'apparition dunumérique ont redéfini les pratiques de la profession[4]. De profonds changements se sont opérés dans les domaines de la production, de la diffusion et de la consommation de la photographie d'information. Le photojournalisme est à la croisée des chemins, néanmoins, des jeunes agences telles que l'Agence VII, l'Agence VU',L'Œil Public,Transit,Agence Zeppelin ouTendance floue continuent à l'inscrire dans l'histoire en lui faisant don d'un nouveau chapitre[réf. nécessaire].
En 2011,Le Bal organise une exposition,Topographies de la guerre,qui renouvelle le photojournalisme de guerre[Interprétation personnelle ?]. L'exposition met en scène sur ce qui ne se voit pas, ou pas immédiatement[5].
En France, depuis 1989, en septembre, le festivalVisa pour l'image est le rendez-vous international du photojournalisme àPerpignan[6].
En 2015, l'université PerpignanVia Domitia a créé deux diplômes universitaires (DU) : « Photographie documentaire et écritures transmédias » (fermé en 2020) et « Photojournalisme, captation et images aériennes »[7] qui est devenu en 2021 une licence professionnelle "Métiers du journalisme et de la presse" parcours "photojournalisme, médias numériques et images audiovisuelles". C'est le seul diplôme en France à proposer un tel parcours.
Fin 2023,Motaz Azaiza, âgé de 24 ans, devient l'un des photojournalistes les plus connus dans le monde à la suite de son suivi périlleux de la situation à Gaza[8].
↑Pierre Schill,Réveiller l'archive d'une guerre coloniale. Photographies et écrits de Gaston Chérau, correspondant de guerre lors du conflit italo-turc pour la Libye (1911-1912), Ivry-sur-Seine, Créaphis,, 478 p.(ISBN9782354281410)
Olivia Colo, Wilfrid Estève et Mat Jacob,Photojournalisme, à la croisée des chemins, coédition EMI-CFD/Marval, 2005(ISBN2-8623-4375-7).
Louis Mesplet, « La photographie est un média. 1965-1975. Le photojournalisme : l’apogée », dans :L’Aventure de la photographie contemporaine de 1945 à nos jours, Le Chêne, 2006, p. 94-103.
Maxime Fabre,Photographie de presse. Régimes de croyance, Academia/L’Harmattan, 2020.
Hubert Henrotte,Le photojournalisme peut-il sauver la presse ? (entretiens avec des dirigeants de presse, journalistes et photographes), Paris, MJW Fédition,, 261 p.(ISBN979-10-90590-93-9).
Bacot Jean-Pierre, « La naissance du photo-journalisme . Le passage d'un modèle européen de magazine illustré à un modèle américain », Réseaux 5/2008 (n° 151) , p. 9-36lire en ligne sur cairn.info DOI : 10.3917/res.151.0009.