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Phosphate

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Ne doit pas être confondu avecRoche phosphatée.

Phosphate

Structure tridimensionnelle d'un ion phosphate
Structure d'un groupe phosphate lié à unradical R
Identification
No CAS14265-44-2
PubChem1061
SMILES
[O-]P(=O)([O-])[O-]
PubChem,vue 3D
InChI
InChI :vue 3D
InChI=1/H3O4P/c1-5(2,3)4/h(H3,1,2,3,4)/p-3/fO4P/q-3
Propriétés chimiques
FormuleO4PPO43−
Masse molaire[1]94,971 4 ± 0,001 2 g/mol
O 67,39 %, P 32,61 %,

Unités duSI etCNTP, sauf indication contraire.
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Le phosphore,oligo-élément indispensable à la vie, est inégalement réparti sur terre et dans les océans, les poissons et les oiseaux jouent un rôle important dans saconcentration et dans son retour à la terre (bioturbation)[2].
Phosphate dans une coupelle.

Unphosphate est un composé dérivé de l'acide phosphorique H3PO4 par perte ou substitution d'un ou plusieursatomes d'hydrogène, par d'autres atomes ou groupes fonctionnels.

Enchimie minérale, c'est unsel résultant de l'attaque d'unebase par cet acide, ou l'anion faisant partie de ce sel. Les ionsorthophosphates sont les formes chimiques les plus fréquentes du phosphate dans l’environnement (H2PO4, HPO42−, PO43−), tous dérivés de l'acide phosphorique par perte d'un à trois atomes d'hydrogène. Ils sont utilisés dans certainsengrais,lessives, commeinhibiteurs de corrosion ouadditifs alimentaires (ils portent alors lesnuméros E338 à E343 si ce sont des orthophosphates, E450 à E455 si ce sont des polyphosphates). Présents en excès dans l'eau, ils sont source d'eutrophisation (voire dedystrophisation).

Enchimie organique, un phosphate est un type decomposé organophosphoré ; les groupes substituants des hydrogènes de l'acide phosphorique peuvent alors être des chaînes carbonées, on parle parfois de phosphate organique.

Dosage

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La mesure de laconcentration en phosphate est basée sur l'apparition ducomplexephosphomolybdate d'ammonium qui est détecté parspectrophotométrie dans l'ultraviolet.Les ionschlorure peuvent gêner et doivent être éliminés en faisant bouillir avec deux gouttes d'acide nitrique ; l'addition au réactif molybdique detartrate améliore la spécificité.

Une solution d'orthomolybdate d'ammonium (NH4)2MoO4 mélangée à chaud à de l'acide nitrique 6M et à un phosphate, donne un précipité jaune de phosphomolybdate d'ammonium (NH4)3PO4(MoO3)2.

Les ions argent pour le phosphate donnent un précipité jaunâtre Ag3PO4. L'hydrogénophosphate de sodium donne avec l'ion Ag+ un précipité jaune dephosphate d'argent soluble dans l'acide nitrique et dans l'ammoniaque.

3Ag++2HPO42Ag3PO4+H2PO4{\displaystyle {\rm {3Ag^{+}+2HPO_{4}^{2-}\;\;\to \;\;Ag_{3}PO_{4\downarrow }+H_{2}PO_{4}^{-}}}}

Un protocole de dosage a été validé en France par l'AFNOR[3].

Caractéristiques moléculaires et chimiques

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L'ion phosphate (ouorthophosphate) est unanion polyatomique deformule chimique brutePO43− et demasse moléculaire de 94,97 daltons. Il se présente sous la forme d'untétraèdre dont les sommets sont formés par les quatreatomes d'oxygène encadrant un atome dephosphore.

Cet ion, qui comporte trois charges négatives, est labase conjuguée de l'ion hydrogénophosphate HPO42− (ouphosphate inorganique[4], noté « Pi ») qui est lui-même la base conjuguée de l'ion dihydrogénophosphate H2PO4 qui est lui-même la base conjuguée de l'acide phosphorique H3PO4. C'est unemolécule hypervalente sachant que l'atome de phosphore possède dixélectrons libres sur sacouche de valence.

Un sel de phosphate se forme lorsqu'uncation se lie à l'un des atomes d'oxygène de l'ion phosphate, formant uncomposé ionique. La plupart des phosphates sont insolubles dans l'eau auxconditions normales de température et de pression, excepté pour les sels demétaux alcalins.

Solubilisé dans unesolution aqueuse, le phosphate existe sous ses quatre formes selon le taux d'acidité. En allant du plus basique au plus acide :

  • la première forme à prédominer est l'ion phosphate (proprement dit) PO43− (fortement basique) ;
  • la seconde forme est l'ion hydrogénophosphate HPO42− (faiblement basique) ;
  • la troisième forme est l'ion dihydrogénophosphate H2PO4 (faiblement basique) ;
  • la quatrième est la forme phosphate de trihydrogène (à l'état cristallin non ionisé) ou acide phosphorique H3PO4 (fortement acide en solution).

Le pKa des couples acide/base précédents est[5],[6] :

  • HPO42− / PO43− : 12,32 ;
  • H2PO4 / HPO42− : 7,20 ;
  • H3PO4 / H2PO4 : 2,15.

L'ion phosphate peut former des ionspolymères, par exemple :

  • diphosphate P2O74− (aussi appelépyrophosphate) ;
  • triphosphate P3O105−.

Les phosphates formant descomplexes avec lecalcium (contrôle micro-environnemental pendant la (bio-)minéralisation), ils entrent souvent dans la composition deslessives. Riche en phosphore, les rejets lessiviels augmentent donc le risque d'eutrophisation. Depuis lesannées 1980, les fabricants utilisent donc de plus en plus des substituts, telles leszéolithes.

Formation et répartition

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Article détaillé :Roche phosphatée.

Laroche phosphatée (roche concentrée en sels de phosphate) est uneroche sédimentaire dite rocheexogène : elle se forme par concentration lorsque des ions phosphateprécipitent dans une roche endiagenèse. Les formes biogènes, telles lesguanos d'oiseaux et dechauve-souris, sont exploitées depuis des siècles.

Les gisements les plus importants se trouvent auMaroc, plus particulièrement àKhouribga, auSahara occidental[7], auxÉtats-Unis enFloride, enRussie, enTunisie, auTogo, auSénégal, enIsraël, enJordanie, enChine et sur certaines îles d'Océanie :Nauru,Banaba,Makatea...

De célèbres gisements insulaires sont aujourd'hui épuisés :île de la Navasse près d'Haïti,Nauru etBanaba (Micronésie),Îles Chincha (Pérou)… Celui deMakatea (Polynésie française) pourrait être relancé ou non[8].

Rôle biologique

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Les ions phosphate et lesliaisons phosphodiester sont très importants en biochimie.

Tous les êtres vivants contiennent des phosphates : ainsi les groupes phosphate sont des éléments de base de la chaîne composant l'ARN et les hélices de l'ADN ; les os et les dents sont essentiellement constitués d'hydroxyapatite (Ca5(PO4)3(OH))…

L'énergie chimique produite par larespiration, laphotosynthèse ou lafermentation est stockée dans tous les organismes vivants sous forme de molécules d'adénosine triphosphate qui sert de vecteur d'énergie dans les cellules.

Son hydrolyse est lente, sauf quand elle est catalysée par une enzyme. Dans beaucoup de réactions biochimiques desubstitution ou d'élimination, un phosphate oupyrophosphate joue le rôle degroupe partant[9].

Les phosphates sont impliqués dans lafermentation vinicole (type defermentation éthylique).

Ossements de chauves-souris contenus dans les gisements de phosphates du Quercy.

Les apatites contenues dans les os, dents, arêtes de poissons, coquilles d'œufs, coquilles de bivalves,tests de foraminifères mélangés aux excréments sont à l'origine de dépôts marins (parfois continentaux) accumulés à l'échelle des temps géologiques ; ces roches sédimentaires exondées constituent 80 % des gisements de phosphates exploités actuellement ; les gisements situés en mer ne sont pas encore exploités[10].

Synthèse industrielle

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Frédéric Kuhlmann chimiste français fondateur des Établissements Kuhlmann, en 1881

La synthèse dessuperphosphates fut développée à échelle industrielle par lesÉtablissements Kuhlmann déjà producteurs d'acide sulfurique, à partir des années 1840, d'abord pour satisfaire les besoins des producteurs de betteraves de la région de Lille[11].

Des composés du phosphates peuvent être industriellement synthétisés. AinsiRhodia produisait par exemple duTri-polyphosphate (TPP) en France (à Rouen) dans une unité de fabrication finalement fermée dans le cadre des restructurations industrielles[12].

Utilisation

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Granulés de superphosphate triple, engrais titrant 45 % de P2O5.
Ouvriers (probablement chinois) d'une mine de Nauru, 1917.
Mines de Nauru.
Grand four électrique de fusion de phosphate, utilisé pour produire du phosphore élémentaire dans une usine chimique de la TVA (Tennessee Valley Authority) dans la zone deMuscle Shoals en Alabama (États-Unis), juin 1946.
Diminution des ventes de phosphates en France, qui ne s'est pas partout traduite par une diminution des teneurs des sols (qui ont diminué dans 34 % des régions, sont restées stables dans 24 % et ont augmenté dans 43 % dont en Bretagne), en raison notamment des apports de lisiers et boues d'épuration.

Les phosphates sont utilisés dans l'agriculture et le jardinage commeengrais[13] pour fournir aux plantes (fruits, légumes…) une source dephosphore[14]. Les engrais phosphatés représentent, de loin, la principale utilisation des phosphates. Leminerai, en général des phosphates de calcium, peut être épandu directement sur les terres acides après avoir été finement broyé. Ayant tendance à se recombiner au calcium des sols, ce qui le rend moins assimilable, il doit être rendu plushydrosoluble avant d'être employé sur les sols calcaires, ce qui passe par la fabrication des superphosphates. Suivant l'origine du minerai et le traitement, ces engrais sont susceptibles d'apporter des éléments fertilisants variés outre le calcium et le phosphore. Ces engrais peuvent être d'origine organique (poudre d'os, arêtes de poissons, etc.) ou inorganique (attaque d'acide sur du minerai), ce qui est de plus en plus le cas, hormis enagriculture biologique où les engrais de synthèse sont interdits.

Le superphosphate simple peut être utilisé pour l'assainissement des litières en élevage. Il passe dans le fumier et joue à nouveau un rôle de fertilisant.

Lesdihydrogénophosphates H2PO4 de calcium ou sodium (E450) et le phosphate d'aluminium sodique acide (E541) sont utilisés associés aubicarbonate de sodium comme poudre à lever en boulangerie-pâtisserie. Ils ont fait partie des premièreslevures chimiques, ne laissent pas d'arrière-goût et ont en grande partie remplacé lalevure de boulanger.

Les polyphosphates sont utilisés comme prétraitement des eaux calcaires potables ou traitement préalable ou principal à l'adoucissement de l'eau en général. Ils ont été utilisés massivement comme composants deslessives

L'acide phosphorique est généralement obtenu comme coproduit de la fabrication dessuperphosphates (attaque des minerais phosphatés par l'acide sulfurique).

Laphosphatation et ses variantesbondérisation etparkérisation sont des traitements de protection de surface des aciers. On y utilise des bains d'acide phosphorique pour produire une couche superficielle dephosphate de fer.

Des orthophosphates (OP) ajoutés à une eaupotabilisée permet de déposer des complexes stables (ex. :pyromorphite, Pb5(PO4)3) avec le fer, le plomb ou le cuivre issu de la corrosion de conduites métalliques. Ces complexes forment un film qui diminue le contact entre l'eau (et son oxygène dissous) et le métal toxique de la paroi interne d'une canalisation métallique. La corrosion est alors inhibée ou ralentie. Un tel traitement est permis au Royaume-Uni et aux États-Unis depuis lesannées 1990 puis a été utilisé au Canada, et plus récemment en Irlande. En Belgique et en République Tchèque il est utilisé pour protéger les canalisations en fer.

Utilisé dans lesaccumulateurs LFP (ou Li-FePO4 : Lithium-Fer-Phosphate, apparu en 2007). Les batteries LFP sont moins cher à produire que les batteries NMC ([Li]-NiMnCo) et leurimpact environnemental est moindre (fer et phosphate au lieu de nickel, manganèse et cobalt). Leur densité énergétique est plus faible mais leur durée de vie plus longue.

En France : Les branchements publics etcanalisations intérieures en plomb doivent être remplacés par des tuyaux sans plomb, pour lutter contre le saturnisme et mieux respecter la réglementation sur la potabilité de l’eau (directive européenne 98/83/CE relative à la qualité des« eaux destinées à la consommation humaine » (EDCH). La limite de qualité (LQ) pour le paramètre plomb (Pb) est passée de 50 à 25 μg/L en décembre 2003, puis de 25 à 10 μg/L en décembre 2013, conformément aux préconisations de l’OMS.En complément à ces mesures qui prennent du temps, et à certaines conditions, une circulaire permet un traitement filmogène des canalisations par ajout à l'eau d'acide phosphorique ou d’orthophosphates (OP). Ceci peut limiter le relargage de plomb à partir des tuyauteries, des soudures et des éléments de robinetterie (le laiton contient du plomb).Ainsi, alors que les tuyauteries des maisons anciennes tardaient souvent à être changées, de 2003 à 2013, en France dix usines de production d’EDCH ont testé un traitement par OP (avec autorisation préfectorale)[15].
En 2012 et 2013, la Direction générale de la santé (DGS) puis le ministère de l’environnement et le CGDD ont demandé auHaut Conseil de la santé publique (HCSP) d’évaluer l’efficacité de ce type de traitement et de prendre position sur l’intérêt de le poursuivre ou de le généraliser à d’autres réseaux de distribution (et si oui et à quelles conditions… sachant qu’un arrêt du traitement pourrait peut être aussi déséquilibre les équilibres microbiens des biofilms déposés sur les tuyaux)[15].Cette demande a été traitée par un groupe de travail dénommé « Traitement des EDCH par des orthophosphates » dont les conclusions ont été adoptées le 4 juillet 2017[15].Outre l'acide phosphorique (NF EN 974) des polyphosphates utilisables pourraient être selon l'ANSES[15] :

  • des dihydrogénophosphates de sodium (NF EN 1198) ;
  • des phosphates trisodiques (NF EN 1200) ;
  • des dihydrogénophosphates de potassium (NF EN 1201) ;
  • des hydrogénophosphates de potassium (NF EN 1202) ;
  • des phosphates tripotassiques (NF EN 1203).

En France le dosage devrait être de 2 mg/L de PO43− en injection continue dans l'eau le temps que la couche protectrice se forme (jusqu’à 6 mois), puis à1 mg/L de PO43− (soit 0,3 mg/L de Phosphore)[15]. Ailleurs les taux varient (selon les pays) de 0,5 à 6 mg/L environ de PO43−[15].

Retours d'expérience : ils montrent une certaine réduction du relargage[16],[17],[18] mais non sa suppression totale[15] ; dans un cas étudié en France 1 mg/L en PO43− a suffi à réduire le plomb en solution de 60 %« sans pour autant que la LQ de10 μg/L soit systématiquement respectée au robinet en raison de particularités dans certaines constructions »[15] ; l'effet varie beaucoup selon la concentration en plomb et selon la qualité de l’eau (pH, dureté et TAC et présence éventuelle de couples galvaniques plomb-cuivre…). En février 2007 l'AFSSA notait« que la mise en place de traitements de phosphatation de l'eau ne constitue qu'une étape transitoire pour ramener les teneurs en plomb de l'eau au robinet du consommateur sous25 μg/L mais qu'elle ne saurait se prolonger au - delà de 2013, date à laquelle la limite de10 μg/L ne pourra être respectée que par le remplacement de ces canalisations en plomb dans les réseaux publics et privés[15]. »

Impacts environnementaux liés à l'agriculture

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Pages plus générales :Écologie du sol etHistoire de l'agriculture#Les progrès de l'agronomie, la maîtrise de la fertilisation et la mécanisation au XIXe siècle

Engrais phosphatés utilisés en agriculture

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Justus von Liebig, chimiste allemand, fondateur de l’agrochimie, vers 1886

L'utilisation d'engrais est une des bases de la production agricole moderne. Parallèlement au développement de la production industrielle dessuperphosphates (Établissements Kuhlmann), les fondements de l'utilisation des engrais sont explicités et vulgarisés par le chimiste allemandJustus von Liebig dans son ouvrage :La chimie organique appliquée à la physiologie végétale et à l'agriculture, objet de nombreuses rééditions de 1840 à 1865[19].

Cependant des problèmes concrets concernant l'utilisation du phosphore (la plus grande partie du phosphore du sol se trouve sous forme insoluble bloquée par la matière minérale ou organique[20]) et les particularités de son assimilation sont mis en lumière par les agronomes et les agriculteurs (surtout par les praticiens de l'agriculture biologique). Ils seront peu à peu élucidés par les travaux sur lastructure du sol et les interactions plantes-microorganismes. Ces interactions sont encore aujourd'hui l'objet de recherche[21].

Les phosphates naturels minéraux (guano ou phosphates d'originesédimentaire) ont été très utilisés, notamment dans les sols acides où le phosphore est un des nutriments limitant pour les plantes mais facilement mobilisable. Laminette lorraine (minerai de fer) contient aussi de l'apatite ; leprocédé Thomas permettait d'obtenir un acier de qualité et de récupérer un coproduit, lesscories Thomas, contenant des silicophosphates et phosphates de calcium (12 à 18 % de P2O5 ) et d'autres éléments (magnésium, oxydes métalliques). Il fut l'engrais phosphaté le plus utilisé en France (40 % de la consommation en 1966)[19]. La minette n'est plus exploitée depuis 1997.

Dans les sols à pH neutre ou basique, on utilise plutôt les superphosphates plus facilement assimilables. Ce sont des phosphates naturels traités à l'acide phosphorique, à l'acide sulfurique, à l'ammoniac , selon :

  • super phosphate triple ouTriple Super Phosphate (TSP), principalement Ca(H2PO4)2, titrant 45 % de P2O5.Il est fabriqué avec du phosphate et de l'acide phosphorique ;.

On utilise ces engrais seuls ou plus souvent associés à de l'azote et du potassium (NPK)

Conséquences

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Sydney G. Thomas, scientifique et philanthrope britannique, inventeur du procédé Thomas

La fertilisation phosphatée est considérée comme indispensable à l'agriculture actuelle. Les phosphates naturels et superphosphates simples sont loin d'être des produits purs et peuvent comporter des éléments autres que le phosphore dont la présence peut être souhaitable ou non. La présence de calcium, magnesium, soufre et d'oligo-éléments (zinc, manganèse…) est généralement considérée comme bénéfique.

Si les phosphates sont normalement présents et utiles à faible dose dans l'eau et lessols, leur excès est (avec celui des teneurs ennitrates) une des causes majeures de l'eutrophisation voire dedystrophisation de l'environnement. Les transferts horizontaux ou verticaux de phosphates vers les eaux de surface varient fortement (de 0,1 à 2,5 kg ha−1 an−1), selon le type de sol, sonpH, sa teneur en humus, et ses usages (labour, prairie permanente, etc.). En moyenne, 9 % du phosphore (dont la moitié apporté par les engrais) est emporté par les eaux de ruissellement[22].

Ils contribuent notamment aux problèmes deturbidité liés au verdissement des eaux (dont lors deblooms planctoniques) et aux phénomènes dezones marines mortes en aval desestuaires.

Ils sont aussi source de « métaux lourds », qui sont pour certains éventuellementradioactifs, car le phosphore d'origine minérale est souvent, dans les engrais, associé à des métaux toxiques (cadmium (jusqu'à87 mg·kg-1 dans lephosphal produit auSénégal[23], lechrome (Cr), lemercure (Hg) et leplomb (Pb), et à des éléments radioactifs, dont l'uranium (U). Certains engrais phosphatés contiennent des quantités importantes d'uranium, donc deradium et conduisent à une émanation plus importante de gazradon,[réf. nécessaire]. Les teneurs atteignent jusqu'à390 mg·kg-1 dans les minestanzaniennes de Minjingu contre12 mg·kg-1 dans le gisementtunisien deGafsa[23], or le phosphate de Minjingu estagronomiquement très efficace, et peu coûteux, et donc très utilisé sur des sols acides cultivés, ce qui pose des questionstoxicologiques etsanitaires concernant les ouvriers des mines[24],[25] etécotoxicologiques concernant les stériles minières (dont crassiers dephosphogypse radioactif). L'uranium des phosphates est parfois récupéré[26] et compte pour environ 5 % de la production mondiale d'uranium en 2010 (extraction de l'uranium).

Le cadmium dont la première source dans un champ est souvent l'engrais phosphaté peut poser de graves problèmes[27], et il est particulièrement bioassimilable dans le cas d'engrais phosphatés hydrosolubles, alors que, parce que lié à l'apatite, il est moins soluble dans les engrais non hydrosolubles[28]. Il est encore plus bioassimilable dans les sols acides[28] et/ou en présence d'une carence en certains autresoligo-éléments (fer…).
Les engrais phosphatés minéraux sont aussi très riches enfluor (provenant de l'apatite qu'ils contiennent). Le fluor dépasse souvent 3 % du poids total. Ce fluor peut causer unefluorose aux animaux qui pâturent les sols traités, probablement pas parce qu'ils absorbent ce fluor via les plantes (qui le bioconcentrent peu), mais parce qu'ils ingèrent de la terre ainsi enrichie en fluor, avec leur nourriture ou en se léchant[29].

Affiche vantant l'utilisation des superphosphates avec la liste des usines Kuhlmann, 1916

Cependant le traitement de l'apatite à l'acide phosphorique pour la fabrication des superphosphates triples entraîne la réaction suivante :

Ca5(PO4)3F + 7 H3PO4 → 5 Ca(H2PO4)2 + HF, HF réagit avec la silice du minerai pour formerH2SiF6 utilisé dans la métallurgie de l'aluminium, ce qui permet de soustraire le fluor à l'engrais.

Dans les cultures, le phosphore est normalement absorbé par les plantes par l'intermédiaire desmycorhizes. Cette voie concerne la plupart des familles à l'exception notable descrucifères et deschénopodiacées. Or, les apports excessifs d'engrais phosphatés conduisent les plantes à se passer des mycorhyzes qui se développent peu, rendant inopérante cette étape clé ducycle du phosphore[20]. Les plantes cultivées ne peuvent ainsi plus profiter de ce mécanisme, et ne peuvent plus assimiler le phosphore autrement que par de nouveaux apports massifs de phosphates[30]. Le phosphore des engrais excédentaire, lessivé par les pluies peut s'accumuler dans les sédiments des étangs où il reste plus longtemps disponible que les nitrates (plus ou moins selon la concentration du sédiment en fer sous forme d'oxyhydroxyde de fer(III) FeO(OH) et selon lepH de ce sédiment[31],[32].

En France, selon le bilan[22] publié en 2009 sur les phosphates dans les sols de la France métropolitaine, en 2001, 775 000 tonnes ont été apportées aux sols français sous forme d'engrais minéraux. Six ans plus tard (en 2007) sur 2 372 points de mesure, près de la moitié des sols analysés en France posent encore problème : 2 % sont de qualité mauvaise, 4 % médiocre, 12 % moyenne, 55 % bonne et 27 % très bonne.

Les engrais minéraux restent la première source de phosphore perdu dans les eaux (50 %) en France, devant les déjections animales (directement ou plus souvent via lesfumiers et épandages delisier) (40 %). Viennent ensuite les effluents urbains domestiques (environ 5 %) et industriels (2 %) ainsi que lesboues d'épuration (2 %)[22].

En France et dans d'autres pays d'Europe, les agriculteurs ont globalement acheté moins d'engrais minéraux phosphatés (deux tiers en moins de1972 à2008), mais cette diminution concerne surtout les zones de déprise agricole ou d'agriculture biologique ; les analyses montrent que des teneurs en phosphore de certains sols agricoles ont fortement augmenté (+ 43 % des cantons étudiés, notamment enBretagne,Pays de la Loire,Champagne-Ardenne etAquitaine)[22]. Avec le développement des stations d'épuration et de l'élevage hors-sol, les quantités de boues et fumiers ou lisiers épandus ont fortement augmenté depuis les années 1970. Ces boues sont le plus souvent épandues, comme les fientes d'élevage avicoles sur les sols agricoles.

Évolution possible

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Voir aussiMycorhize#Applications

En France, lesmesures agroenvironnementales telles que le « couvert environnemental permanent » ou les « bandes enherbées » peuvent contribuer à piéger une partie des phosphates ruisselant à partir des champs afin qu'ils ne soient pas emportés par les cours d'eau. Lelagunage naturel peut aussi contribuer à mieux traiter les nitrates et le phosphore, éventuellement en traitement tertiaire en aval d'unestation d'épuration « classique ».

Au vu des connaissances acquises sur les organismes du sol et en particulier sur les mycorhizes depuis 1990, une nouvelle approche de la fertilisation phosphatée semble possible. En favorisant le développement des mycorhizes[20] et éventuellement en lesinoculant, technique déjà éprouvée[33], il serait envisageable de réduire drastiquement le niveau de la fertilisation phosphatée[33],[21]. Des biologistes commeMarc-André Selosse proposent d'étudier précisément cette voie.

Recyclage

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Articles connexes :Traitement des eaux usées : déphosphoration etStruvite dans le traitement des eaux usées.

La récupération des phosphates contenus dans les eaux usées améliore le fonctionnement desstations d'épuration, limite l'eutrophisation des cours d'eau et constitue un complément de ressource phosphatée. Cette activité, encore peu développée, fait l'objet de nombreuses recherches. Le traitement le plus répandu consiste à faire précipiter le phosphore en ajoutant des composés magnésiens pour obtenir de lastruvite utilisable comme engrais (4 % en N, 30% min en P2O5, 8 % min en Mg, traces de fer) ; coûteux, il pourrait à terme être remplacé ou associé à des traitements biologiques[34].

Pour lesexcréments humains, lestoilettes à litière bio-maîtrisée constituent une alternative : d'une mise en œuvre simple et peu coûteuse, elles contournent le problème de l'assainissement de l'eau et permettent de produire un compost bon marché.

Législation

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Depuis le1er juillet 2007, les phosphates sont interdits dans leslessives en France[35]. Grâce à l'utilisation d'autres molécules actives, la qualité des eaux de nombreux lacs polluées par les eaux urbaines s'est améliorée. C'est maintenant l'agriculture qui est devenue la première source de pollution par les phosphates. En Belgique et en Suisse, les phosphates sont déjà interdits dans les lessives depuis plusieurs années.

Production et réserves

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Train transportant du minerai,Métlaoui, Tunisie, 2012.

LaChine, leMaroc et lesÉtats-Unis sont les trois principaux pays producteurs de phosphate, ils assurent plus de 70 % de la production mondiale. Plus des trois quart des réserves mondiales confirmées se trouvent auMaroc. Le phosphore est une ressource finie qui, dans les conditions d'utilisation actuelles, connaîtra éventuellement unpic de son exploitation.

Production (parfois estimée) et réserves mondiales par pays de phosphate naturel en 2022
(USGS, 2024)[36]
PaysProduction
(kt)
Réserves
(kt)
Drapeau d'Afrique du SudAfrique du Sud19901500000
Drapeau de l'AlgérieAlgérie18002200000
Drapeau de l'Arabie saouditeArabie saoudite90001400000
Drapeau de l'AustralieAustralie25001100000
Drapeau du BrésilBrésil62001600000
Drapeau de la République populaire de ChineChine930003800000
Drapeau de l'ÉgypteÉgypte50002800000
Drapeau des États-UnisÉtats-Unis198001000000
Drapeau de la FinlandeFinlande9231000000
Drapeau de l'IndeInde174031000
Drapeau d’IsraëlIsraël217060000
Drapeau de la JordanieJordanie113001000000
Drapeau du KazakhstanKazakhstan1500260000
Drapeau du MexiqueMexique44230000
Drapeau du Maroc Maroc3900050000000
Drapeau de l'OuzbékistanOuzbékistan900100000
Drapeau du PérouPérou4200210000
Drapeau de la RussieRussie140002400000
Drapeau du SénégalSénégal260050000
Drapeau de la SyrieSyrie1100250000
Drapeau du TogoTogo150030000
Drapeau de la TunisieTunisie35602500000
Drapeau de la TurquieTurquie90071000
Drapeau de la République socialiste du Viêt NamVietnam200030000
Autres pays750800000
Total (arrondi)22800074000000

Commerce

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La France est importatrice de phosphate[37].

Importation de phosphate en 2016
PaysValeur en
milliers d’euros
Tonnage
importé
Drapeau de la LituanieLituanie
52 433
150 486
Drapeau de la RussieRussie
35 574
105 884
Drapeau du Maroc Maroc
33 449
103 333
Drapeau de la TunisieTunisie
18 220
48 080
Drapeau de la BelgiqueBelgique
5 399
11 877
Drapeau du MexiqueMexique
3 391
8 998
Drapeau de l'AllemagneAllemagne
1 645
4 241
Autres pays
4 286
11 479

Notes et références

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Voir aussi

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