Pour les articles homonymes, voirPhilomène.
| Philomène Sainte catholique | |
LeCouronnement de sainte Philomène par Jules Jolivet,cathédrale Notre-Dame-de-l'Assomption de Montauban. | |
| Sainte,martyre de la pureté | |
|---|---|
| Date de naissance | |
| Lieu de naissance | Corfou (Grèce),province romaine de Macédoine |
| Date de décès | |
| Lieu de décès | Rome,Empire romain |
| Autres noms | Philomena |
| Vénéré à | sanctuaire de Sainte Philomène àMugnano del Cardinale |
| Canonisation | 30 janvier1837 par le papeGrégoire XVI |
| Vénéré par | l'Église catholique I'Église orthodoxe orientale[1] |
| Fête | le11 août (non officielle depuis 1961) le10 août / 4 misra (I'Église orthodoxe orientale)[1] |
| Attributs | jeunesse, palme du martyre, couronne, couronne de fleurs,lys, robe,flèche(s),ancre |
| Saint patron | enfants, jeunes, causes désespérées ou délaissées, préservation de la virginité, jeunes filles,vocation sacerdotale des jeunes,Enfants de Marie Immaculée, Association universelle du Rosaire Vivant |
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Philomène est le nom d'unesainte,vierge etmartyre de l'Église catholique, qui a fait l'objet d'un culte de 1805 à 1961, culte qui provient des restes trouvés en 1802 dans lacatacombe de Priscille, àRome. Une inscription « Filumena » (transcrite en Philomène) fut prise pour le nom de la personne enterrée là ; on imagina ensuite que cette personne était une vierge martyre.
Lesrestes sont apportés àMugnano del Cardinale enCampanie en 1805 et font l'objet d'une vénération importante. Plusieursmiracles leur sont attribués, comme la guérison dePauline Jaricot en 1835, qui reçut une large publicité. SaintJean-Marie Vianney attribue à sonintercession des guérisons miraculeuses, que d'autres attribuent à sa propre intervention.
En 1833, une religieuse napolitaine assure qu'elle a eu unevision lui révélant que sainte Philomène était une princesse grecque martyrisée à l'âge de 13 ans, sousDioclétien.
De 1837 à 1861, une fête liturgique est célébrée en son honneur en certains endroits, mais elle n'est pas incluse dans lecalendrier catholique universel. Dans l'édition typique 1920 duMissel romain on en introduit une mention (sous la date de) dans la section Missæ pro aliquibus locis (messes en certains endroits), avec l'indication qu'on célèbre la messe commune des vierges martyres, sans textes propres à la sainte[2].
Le, leSaint-Siège ordonne que le nom de sainte Philomène soit retiré de tous les calendriers liturgiques[3],[4]. Par conséquent, leMissel romain de 1962 ne la mentionne pas[5]. Autrefois, elle était fêtée le, ou selon les régions[6].
Néanmoins, ses reliques àMugnano del Cardinale font encore l'objet de pèlerinages de nombreux pays ; il existe unearchiconfrérie en son honneur, et elle fait l'objet de dévotion en différents endroits dans le monde. En France, le nom de la sainte est attaché à plusieurs établissements privés catholiques (sous contrat) : le collège Sainte-Philomène deCouëron[7], l'école Sainte-Philomène deSaint-Omer-de-Blain ou l'Institution Sainte Philomène[8] deHaguenau (Alsace).

Le, alors qu’on recherchait des tombes de martyrs romains dans lescatacombes de Priscille, on découvrit un tombeau[9]. On l’ouvrit le.

Trois dalles en terre cuite avaient été placées devant le tombeau. Elles comportaient des inscriptions peintes en rouge dans l'ordre suivant : LUMENA - PAXTE - CUM FI. Par ailleurs sur ces trois dalles, étaient également peints en rouge plusieurs emblèmes : uneancre (symbole de la foi stable et du salut), unepalme (symbole de vie paradisiaque, avant de devenir l'emblème du triomphe des martyrs), deuxflèches, orientées vers le haut et le bas, ainsi qu'unelance et unlys (symbole de pureté).
Le tombeau ouvert, on découvrit des restes humains ainsi qu'une ampoule de verre dont on crut qu'elle contenait du sang desséché (c'était en réalité un balsamaire)[10]. Les médecins présents constatèrent que le crâne avait été fracturé et que les restes étaient ceux d'une jeune fille âgée entre 12 et 15 ans. En raison des emblèmes (mal interprétés) et de ce que l'on prit pour une « fiole de sang », on s'imagina que la tombe était celle d'une martyre.
Le, les reliques furent transférées à l'église deMugnano del Cardinale, dans lediocèse de Nola (près deNaples) et conservées sous un desautels. LeLéon XII fit présent à l'église des trois dalles en argile, avec l'inscription que l'on peut voir dans l'église encore aujourd'hui. D'abord de son propre chef, puis (dans les éditions ultérieures) en se fondant sur des révélations privées faites à une religieuse de Naples et sur une explication possible des emblèmes peints sur les blocs à côté de l'inscription, Francesco Di Lucia, l'humble chanoine de l'église de Mugnano, qui avait rapporté les reliques de Rome et se donnait le titre deCustode del Corpo di S. Filomena (« Gardien du Corps de sainte Philomène »), composa le récit dumartyre supposé de Philomène. Une première édition de ce roman hagiographique parut en 1824, suivie de nombreuses autres (1827, 1829, 1834 etc.)[11]
À la suite de merveilleuses faveurs (guérisons, miracles de toute sorte) obtenues après desprières devant les reliques de la sainte à Mugnano, sa dévotion se diffusa rapidement et le papeGrégoire XVI, lui-même témoin de la guérison miraculeuse dePauline Jaricot, mais après avoir prudemment fait mener des enquêtes sur la question, finit par autoriser le culte de la sainte in honorem s. Philumenæ virginis et martyris. Initialement fixée au la fête de sainte Philomène fut déplacée au sousLéon XIII.
En 1961, l'Église supprime la fête de Philomène des calendriers liturgiques. En effet, on ne sait finalement pas grand-chose d'elle, à commencer par l'ordre des trois dalles devant son tombeau qui a jeté une certaine suspicion. La première dalle aurait dû être placée en dernier de manière à donner : « Pax tecum Filumena » (La paix soit avec toi, Philomène), voeu banal dans l'épigraphie paléochrétienne concernant tout fidèle (mais non les martyrs, pour lesquels on ne priait pas, mais auxquels on demandait de prier). Philomène a-t-elle été enterrée à la hâte ?, comme certains le soutiennent, ou bien les dalles ne correspondent tout simplement pas avec le corps enterré, comme d'autres le prétendent, et conclure au martyre dans de telles conditions serait impossible.
Mais c'est surtout le nom de Philomène qui a posé un problème : on retrouva quelque temps plus tard une autre plaque qui donnaitphiloumenè theou (φιλουμένη Θεοῦ), « aimée de Dieu ». Philomène n'apparaissait plus comme un nom propre, mais seulement un qualificatif : « bien aimée ».

Saint Pie X, pape, disait d'elle le :« Ah ! Sainte Philomène ! Je suis bien attristé par ce que l’on écrit à son sujet. Est-ce possible de voir de telles choses ? Comment ne voient-ils pas que le grand argument en faveur du culte de sainte Philomène, c’est leCuré d’Ars ? Par elle, en son nom, au moyen de son intercession, il a obtenu d’innombrables grâces, de continuels prodiges. Sa dévotion envers elle était bien connue de tous, il la recommandait sans cesse. On lut ce nomFilumena sur sa tombe. Que ce soit son propre nom ou qu’elle en portât un autre […] peu importe. Il reste, il est acquis que l’âme qui informait ces restes sacrés était une âme pure et sainte que l’Église a déclarée l’âme d’une vierge martyre. Cette âme a été si aimée de Dieu, si agréable à l’Esprit Saint, qu’elle a obtenu les grâces les plus merveilleuses pour ceux qui eurent recours à son intercession… ».
En tout état de cause, Philomène est le nom que l'Église catholique continue de donner à la jeune fille dont les restes sont vénérés à Mugnano. Elle est lasainte patronne duRosaire Vivant dePauline Jaricot et desEnfants de Marie Immaculée. Elle est aussi vénérée comme patronne desbateliers, et l'on trouve sa représentation avec l'ancre de sonmartyre àClamecy (statue, collégiale St-Martin),Roanne (vitrail, église Ste-Anne),Montauban (vitrail, cathédrale) et d'autres endroits où la batellerie a été ou reste importante. Elle est également guide despèlerinages nationaux àLa Salette.

Selon le roman hagiographique composé par Francesco Di Lucia dans les années 1824-1834, Philomène serait unemartyre victime de l’empereurDioclétien qui la désirait. Se refusant à lui, elle aurait d’abord étéflagellée, puis jetée dans leTibre attachée à une ancre. Ceci lui vaudra de devenir une sainte patronne des bateliers. Sauvée par desanges, elle est rattrapée et criblée de flèches mais reste vivante. Elle serait mortedécapitée.
Le sanctuaire deMugnano del Cardinale enItalie n'est pas le seul lieu de vénération. Par exemple, il y a ungisant à lacathédrale Notre-Dame-de-l'Immaculée-Conception d'Antibes. Un autre se trouve àLisbonne dans l'église Notre-Dame de la Conception (en portugais : Nossa Senhora da Conceição Velha), ainsi que dans l'église deMolve enCroatie, Notre-Dame de l'Assomption.À Poussan, dans l'Hérault (34560, près de Sète), se trouve également ungisant de sainte Philomène.

L'existence de sainte Philomène en tant que martyre a été mise en doute à partir du début duXXe siècle, concomitamment aux progrès de l'archéologie chrétienne et de l'hagiologie. La publication par l'archéologue Orazio Marucchi de ses découvertes archéologiques[12] fut le point de départ de la réévaluation du dossier de Philomène. Marucchi montra que le bouleversement de l'ordre des plaques funéraires (ici : LUMENA - PAXTE - CUM FI) était une pratique courante chez lesfossores duIVe siècle qui voulaient avertir les fidèles que le corps renfermé dans la tombe n'était pas celui du défunt dont le nom était encore visible sur la plaque, mais celui d'un chrétien obscur qui n'aurait pas d'épitaphe.Hippolyte Delehaye, dans sa recension très élogieuse de l'article de Marucchi, en tira deux conclusions : 1. Le corps trouvé en 1802 n'est pas celui de « Filumena », mais celui d'une personne anonyme. 2. Le corps trouvé en 1802 n'est pas celui d'une martyre, mais celui d'une personne qui a vécu probablement au quatrième siècle et en pleine paix[13]. Ces conclusions attristèrent le papePie X. Mais la démonstration fit son chemin : l'Encyclopédie Catholique[14] n'hésitait pas à écrire dans son édition de 1911 : « En se fondant sur de prétendues révélations faites à une religieuse de Naples et sur une explication fantaisiste et indéfendable des peintures allégoriques trouvées sur les blocs à côté de l'inscription, Di Lucia, un chanoine de l'église de Mugnano, composa dans le goût romantique un récit purement imaginaire du martyre supposé de sainte Philomène, qui n'est mentionné dans aucune source antique ». Cette position rejoignait l'unanimité des milieux scientifiques (archéologues, historiens, historiens des religions). Peu à peu, l'idée que les restes de Mugnano n'étaient peut-être pas ceux d'une martyre remporta de plus en plus d'adhésion au sein même de l’Église catholique.
Jusqu'au papeJean XXIII, le culte de la sainte continua malgré tout, même s'il était de plus en plus sujet à caution.
En 1961, la sainte fut rayée du calendrier par laSacrée Congrégation des rites. Cette instruction était une directive liturgique qui n'interdit en aucune manière la dévotion privée envers elle. Sainte Philomène a conservé de nombreux fidèles. Des messes en son nom ont encore lieu enBelgique.
Une légende raconte que sainte Philomène aurait protégé les hommes deVandeuil partis à la guerre[15], avec une efficacité telle que ce petit village près deReims fait aujourd’hui partie descommunes de France sans monument aux morts.
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