Poterie peinte de type philistin, aux aspects égéens et chypriotes marqués mais produite àCanaan, témoignage de l'arrivée des Philistins dans la région.XIIe – XIe siècleav. J.-C.Musée d'Israël.
Les Philistins apparaissent sous le nom dePeleset dans des sourceségyptiennes auXIIe siècle av. J.-C. et sont présentés comme des ennemis de l'Égypte, mélangés à d'autres populations hostiles désignées collectivement par les historiens modernes sous le nom de« Peuples de la mer ». Leurs origines sont débattues, mais l'opinion dominante les considère comme un amalgame de populations aux origineségéennes,anatoliennes etchypriotes, parlant deslangues indo-européennes.
Après leurs affrontements avec les Égyptiens, les Philistins se sont installés sur la bande côtière du sud-ouest de la terre deCanaan, dans une région longeant la Méditerranée depuis l'actuellebande de Gaza jusqu'àJaffa. Ils y ont fondé des entités politiques, qui, au fil du temps, sont devenues descités-États dirigées par des rois (Éqron,Ashdod,Ashkelon,Gaza,Gath), apportant avec eux des traits de la culture de leurs régions d'origine, tout en s'intégrant aux populations locales. Après une première période de constitution d'une identité philistine, la culture qui en résulte est majoritairement de typelevantin etouest-sémitique, cependant elle a conservé quelques traits rappelant leur héritage égéen et chypriote durant les premiers siècles duIer millénaire av. J.-C.
Les Philistins sont surtout connus par laBible, où ils sont les ennemis mortels et « incirconcis » desIsraélites, pour qui ils constituent une menace militaire et culturelle de premier ordre dès leur installation, s'emparant de terres de leurs adversaires. Bien que le récit de ces luttes, qui comprend des épisodes célèbres tels que l'histoire deSamson etDalila et le combat deDavid contre le PhilistinGoliath, soit généralement tenu pour peu fiable historiquement dans le détail, on considère que ces guerres ont fortement contribué à l'émergence de l'identité et de laroyauté israélites.
Le Levant méridional est ensuite dominé par lesAssyriens, qui prennent le contrôle des cités philistines dans les dernières décennies duVIIIe siècle av. J.-C. Sous leur domination, ces royaumes se révoltent à plusieurs reprises, mais ils semblent globalement avoir connu une période de prospéritééconomique. Celle-ci s'achève vers-, quand les troupesbabyloniennes détruisent plusieurs grandes cités philistines et dominent à leur tour la région. Il est considéré qu'après cette date, il n'y a plus de Philistins au sensethnique du terme, même si le nom de la région qu'ils occupaient est à l'origine du terme « Palestine » qu'a utilisé en 135 de notre ère l'empereur Romain Hadrien en rebaptisant toute la région du nom deSyria-Palestina.
Le terme« Philistins » est dérivé de l'hébreupĕlištī(m), qui apparaît à de très nombreuses reprises dans leTanakh (Bible hébraïque). La Bible hébraïque contient également quelques occurrences du motpĕlešet, désignant unerégion, la« Philistie ». Dans les versionsgrecques du texte biblique, se trouve parfois le motphulistiim, mais leur appellation la plus fréquente estallophuloi, engrec ancien :ἀλλόφυλοι,« étrangers »[1].
Plusieurs étymologies ont été proposées pour le terme« Philistins ». Si c'est bien le nom que ce peuple se donnait (autoethnonyme), on y note« un radical qu'on retrouve dans le nom de la ville dePalaisté (apparenté àPalaïte etPalestine), enÉpire, [… dans]Palaistinos,Παλαιστῖνος, donné comme ancien nom du fleuveStrymôn, [ou dans] le termepelastai oupelaistai désignant les cultivateurs de l'Attique »[2]. Beaucoup d'auteurs ont défendu un rapprochement entre les Philistins et le« peuple que les Grecs appelaient lesPélasges,Πελασγοί,Pelasgoi »[3], une population installée enAttique, mais qui serait d'après certains textes originaires deCrète.« Les sources anciennes (l’Iliade,Hérodote[4]) mentionnent les Pélasges comme un peuple dispersé en divers points du pourtour de lamer Méditerranée. Il y a coïncidence entre lesformes de l'ethnique[Quoi ?] en -t- (Pelastai, *Pelaistini) et les formes en -g- (Pelasgoi)[5]. »
Une autre hypothèse, moins soutenue mais renvoyant à une originegéographique proche, suggère que le nom« Philistin » est une déformation du grecphyle histia,φυλή ἱστία« tribu des foyers », avec lagraphieionienne dehestia,ἑστία (foyer)[6].
Ces deux premières hypothèses restent fondées sur l'idée quePeleset est bien le nom d'origine que se donnait ce peuple. Il a aussi été suggéré que le nom aurait été donné à ce peuple auProche-Orient, et qu'il ne peut donc renseigner sur une origine. Dans cette optique, le terme dériverait de laracine sémitiquep-l-š qui signifie« traverser » ou« envahir »[7].
Plusieurs éléments généraux semblent établis quant aux origines des Philistins :
ils font partie d'un groupe de« Peuples de la mer », tels que désignés dans un texte égyptien, arrivant sur les rivages d’Égypte et du Levant au début duXIIe siècle av. J.-C. ;
ils sont organisés autour de personnes originaires du monde égéen et/ou d'Asie mineure ;
ils s'implantent sur le littoral méridional deCanaan, où leurs chefs prennent le contrôle de plusieurs cités, ce qui inaugure un processus de mélange avec les populations autochtones et aboutit à la culture philistine de l'âge du fer.
Pour ce qui est du détail, en revanche, bien des incertitudes demeurent. Cela s'explique notamment par le fait que ces évolutions s'inscrivent dans le contexte des bouleversements affectant le Proche-Orient au moment de la transition entre l'âge du bronze récent et l'âge du fer, autour de- et aux débuts de l'âge du fer I (abrégé en Fer I, qui va environ de-). Ils sont, quoi qu'il en soit, perceptibles dans la culture matérielle du futur pays philistin. C'est durant cette période que la domination égyptienne qui durait depuis trois siècles environ s'effondre àCanaan, et laisse place à plusieurs entités ethniques :Phéniciens auLiban,Israélites dans les hautes terres de Cisjordanie, et donc Philistins sur la côte méridionale, en plus de cités cananéennes semblant rester un temps indépendantes malgré la progression territoriale des précédents. La civilisation philistine se forme à Canaan au cours de ces années, avec l'arrivée de populations depuis diverses régions de la Méditerranée, qui se mêlent progressivement avec les populations locales.
La première mention des Philistins apparaît sous le nom dePeleset, dans une inscription du temple deMedinet Habou[8], oùRamsès III (v. à à) célèbre une victoire maritime et terrestre, remportée dans sa huitième année de règne sur un groupe assaillant le territoire égyptien, que les historiens nomment« Peuples de la mer » (à partir d'une formulation égyptienne qui signifie littéralement« Gens des pays étrangers de la Mer »[9]), parce qu'ils arriveraient depuis des îles lointaines, même si certains semblent venir par la terre[10]. L'inscription du deuxièmepylône du temple indique :
« Les pays étrangers firent une conspiration dans leurs îles. Tous les pays furent sur le champ frappés et dispersés dans la mêlée. Aucun pays n'avait pu se maintenir devant leurs bras, depuis le Hatti, Karkemish, Arzawa et Alashiya. Ils ont établi leur camp en un lieu unique, le pays d'Amurru. […] L'ensemble (de ces peuples) comprenait les Peleset, les Tjeker, les Shekelesh, les Denyen et les Weshesh. Tous ces pays étaient unis, leurs mains (étaient) sur les pays jusqu'au cercle de la terre, leurs cœurs étaient confiants et assurés :« Nos desseins réussiront ! » »
La mention des« Peleset » (ou« Poulasti » ;Pršt(w), dans la version égyptienne d'origine, non vocalisée) est généralement reconnue comme la plus ancienne attestation des Philistins[12]. Ces attaques ont un précédent dans une inscription du règne du pharaonMérenptah (v.-), attaqué par une autre coalition réunissant certains des futurs« Peuples de la mer », mais pas les Peleset. Des textes provenant d'Ougarit, datés en gros de la même période, mentionnent également des attaques menées par des ennemis embarqués sur des bateaux. Et dans ces mêmes années, plusieurs ports du Levant, dontOugarit, sont détruits ou subissent des attaques[13]. De ce fait, les« Peuples de la mer » ont pu être interprétés, suivant le modèle ancien des« invasions barbares », comme une vague de conquérants déferlant sur l'Égypte, vaincue parRamsès III qui les aurait ensuite installés ou laissés s'installer au sud du Levant, alors dominé par les Égyptiens. D'autres nuancent les propos du Pharaon, vus en grande part comme de lapropagande royale, qui aurait exagéré les assauts subis et donc sa victoire. De même, les causes des mouvements de ces populations sont obscures : sont-elles surtout motivées par la rapine et attirées par les richesses de l’Égypte et du Levant, ou bien cherchent-elles une nouvelle terre où vivre après une crise les ayant poussés à fuir leur(s) région(s) d'origine ? Il apparaît néanmoins difficilement contestable que de nouvelles populations caractérisées par une culture matérielle présentant des affinités avec le monde égéen, derrière lesquelles il faut manifestement voir lesPeleset et d'autres Peuples de la mer, s'installent à la même période au Levant méridional, dans la future Philistie[14], le tout, dans un contexte de bouleversements qui affectent à peu près toutes les régions de la Méditerranée orientale et du Proche-Orient[15].
L'origine des Philistins et des autres Peuples de la mer est traditionnellement plutôt recherchée du côté de lamer Égée, surtout laGrèce continentale et laCrète, mais d'autres fois l'Anatolie orientale, ou encore àChypre[16]. Par le passé, il a pu être proposé qu'ils viennent d'Illyrie, sur l'Adriatique , et soient passés par lesBalkans, puis l’Égée avant d'arriver auProche-Orient, parce que les sources classiques mentionnent dans cette région (et dans plusieurs endroits du monde égéen) un peuple appelé « Pélasges » dont le nom a rappelé à certains celui des Philistins, et qu'ils situaient dans cette région[17].
Les arguments pour une origine égéenne reposent en premier lieu sur des sources écrites. L'inscription du site deMédinet Habou fait venir lesPeuples de la mer, dont font partie lesPeleset/Philistins, depuis des« îles situées au milieu de la Mer », interprétées comme laCrète et/ou des îles de lamer Égée, tandis que leLivre d'Amos[18], qui fait partie de la Bible, situe l'origine des Philistins dans un pays appelé « Caphtor », terme qui semble désigner les mêmes régions[19].
Du point de vue matériel, la période de fin de la domination égyptienne àCanaan, coïncidant avec l'attaque des Peuples de la mer, s'accompagne de l'apparition sur plusieurs sites (Tell Miqné/Éqron,Ashdod,Ashkelon, etc.) d'unepoterie aux accents égéens et chypriotes très prononcés, inspirée de celle de la période de lacivilisation mycénienne finale (« helladique récent IIIC » dans la terminologie savante, consécutive à l'effondrement des palais mycéniens), mais fabriquée localement. Cette poterie est définie comme« philistine », car on la relie traditionnellement à l'arrivée des Philistins et d'autres Peuples de la mer, qui sont mentionnés dans les sources écrites des périodes suivantes comme occupant les sites de la région[20].
La vision actuelle est moins tranchée : une origine géographique précise ne peut être attribuée à la culture matérielle de la période, qui se présente plus comme un amalgame marqué par des traditions différentes dont les modèles peuvent être localisés enGrèce continentale (mycéniennes), enCrète (minoennes), àChypre et aussi enAnatolie littorale (en plus d'éléments locaux cananéens). Les chefs philistins sont nommésseren dans laBible, ce qui pourrait transcrire le termetarwanis,« général », de la languelouvite parlée enAnatolie orientale (également apparenté au mot grectyrannos /τύραννος, qui a donné« tyran »). Peut-être s'agissait-il de groupes formés sur le modèle des sociétés depirates de l'époque moderne, mêlant des personnes venues de divers horizons[21]. En tout état de cause, si la langue de ces premiers« Philistins » était bienindo-européenne, l'idée répandue par le passé selon laquelle c'était une langue similaire au grecmycénien n'est plus soutenue[22].
Les premières étudesgénétiques versées au dossier tendent à confirmer quoi qu'il en soit la vague origine géographique admise au regard des textes et de laculture matérielle. En 2016, une expédition internationale dans l'ancienne ville portuaire méditerranéenne d'Ashkelon mène à la découverte des premièressépultures philistines et permet d'envisager des études génétiques sur les ossements découverts[23].
Desanalyses génétiques publiées en 2019 d'ossements exhumés sur le site, datant desâges du bronze (environ 1650-1200 av. J.-C.) etdu fer (Xe -IXe siècle av. J.-C.), semblent confirmer les suppositions des historiens concernant l'origine des Philistins. Les scientifiques ont découvert que les Philistins, qui étaient présents à l'âge du fer, avaient une partie de leurgénome qui n'existait pas chez les peuples qui vivaient auparavant à l'âge du bronze dans la région. Selon Michal Feldman, chercheur à l’Institut Max Planck,« cette partie du génome semble être dérivée du génome européen »[24]. La population philistine du début de l’âge du fer était distincte par sa forte affinité génétique avec les populations d’originesud européenne (Grèce,Crète,Sardaigne etpéninsule Ibérique) et par la forte variation de cette affinité, ce qui suggère qu’un flux degènes provenant d'unpatrimoine génétique lié à l'Europe est entré à Ashkelon à la fin de l'âge du bronze ou au début de l'âge du fer[25],[26]. Cette empreinte génétique européenne n'étant plus détectable dans la population ultérieure de l'âge du fer, cela indique qu'elle a été « diluée » dans la population locale liée auLevantin ou que les Philistins ont connu un épisode migratoire ; leurs gènes n'ont donc eu qu'un impact limité sur la structure démographique à long terme des habitants d'Ashkelon[25].
Implantation et formation de la culture philistine
Selon ce qui est généralement admis, des groupes issus desPeuples de la mer dont les Philistins se sont installés àCanaan durant la période finale duBronze récent. On considère qu'en plus d'avoir été des guerriers, ils ont constitué une véritable population migrante, puisque des femmes et des enfants sont représentés sur lesbas-reliefs égyptiens accompagnant l'inscription du site deMédinet Habou[19]. On débat pour savoir dans quelles conditions cette installation s'est faite : pour certains, les Peuples de la mer défaits parRamsès III auraient été installés de force par ce dernier à Canaan (qu'il dominait encore), d'autres en revanche en font de véritables conquérants[27]. Le débat est alors de savoir s'ils ont évincé les Égyptiens, ou bien leur ont succédé après leur retrait. La chronologie de l'implantation des Philistins à Canaan est débattue, les positions allant d'une chronologie haute qui situe les faits autour de, aujourd'hui largement rejetée, à une chronologie moyenne (dominante) qui les place autour de 1175, et une chronologie basse les situant jusqu'à/[28],[29]. De plus, certains estiment qu'il faudrait envisager plusieurs vagues migratoires étalées sur plusieurs décennies voire un siècle[27].
Sur le terrain, les traces de destruction ou d'abandon sont présentes, mais elles se font suivant diverses modalités, au point que le processus à l’œuvre est débattu. Deux exemples marquants sont la fin du niveau VIIA àMegiddo qui voit une destruction de la ville, ensuite réoccupée de façon plus modeste, et la fin du niveau VI àLakish, également violente. Selon l'archéologueDavid Ussishkin, elles auraient été détruites par les Philistins, venus en nombre s'implanter dans la région après le retrait des Égyptiens[30]. Mais les cas de destruction généralisée d'un site comme Lakish (incendié) sont minoritaires. Ce sont avant tout les centres de pouvoirs visés par les destructions (notamment les implantations égyptiennes), et cela peut aussi bien s'expliquer par desraids venus de l'extérieur que par des conflits locaux, en particulier dans la partie nord de Canaan où semblent se dérouler des guerres intestines. Du reste, toutes ces destructions ne semblent pas se produire à la même époque et donnent l'image d'une crise étalée dans le temps ou de deux cycles de crise. Pour les futures cités philistins de la côte méridionale, se repère surtout un phénomène de transition sans destruction durant la toute fin de l'âge du bronze. Il a pu être proposé d'expliquer cela par le fait que les habitants cananéens aient fui devant l'arrivée des Peuples de la mer, qui auraient alors pris leur place sans détruire les sites puisqu'ils recherchaient un lieu où s'installer et non pas à piller[31]. D'autres en revanche considèrent que les destructions et abandons n'ont pas une origine violente, et que l'émergence de la culture philistine relève plutôt d'un phénomène d'intrusion pacifique[32].
Pour beaucoup, il n'y a guère qu'un groupe limité en nombre qui s'installe à Canaan pour devenir une élite« philistine » qui domine les populations locales qui restent très largement majoritaires, puis progressivement les deux populations se mêlent. D'autres envisagent une force d'invasion plus nombreuse, 25 000 à 50 000 personnes[33]. A. Killebrew considère qu'il y a eu une véritable « colonisation » à grande échelle de groupes de populations, selon elle venus deChypre et des régions voisines (Cilicie). Elle passerait d'abord par des arrivées en petit nombre, précédant le début d'une véritable vague de colonisation durant un bon siècle, avec ensuite la formation d'une nouvelle culture, parcréolisation puisacculturation avec les populations locales cananéennes, donnant naissance aux Philistins connus par les sources bibliques et la culture matérielle de l'âge du fer II[34]. Les modèles plus récents sont plus complexes.A. Maeir(en) admet un volet brutal à l'arrivée des nouvelles populations, donc une véritable« invasion » par endroits, mais pas seulement. S'il y a des traces de destructions à la fin duBronze récent sur certains sites, à d'autres endroits en revanche, on serait plutôt en présence d'une infiltration pacifique précédant le phénomène d'acculturation et d'hybridation avec la population locale. Avec A. Yasur-Landau, Maeir reprend l'idée de plusieurs vagues migratoires (des pionniers précédant un plus grand nombre de migrants), mais au total, pas plus de quelques milliers d'individus[35]. Dans ce type de scénario, des chefscharismatiques auraient uni des sortes de bandes depirates formées, peut-être par étapes, dans les régions occidentales, qui élaborent la culture matérielle amalgamant plusieurs éléments des diverses régions d'où ils viennent et qu'ils traversent, qui se retrouve finalement à Canaan quand ils y arrivent. Là, se constitue une culture« emmêlée » (entangled), à partir de ces éléments extérieurs et dusubstrat local, donc une nouvelle culture originale, celle que l'on désigne à la suite de laBible comme la culture« philistine »[21]. Il faut dans ce cas se garder d'une lecture simpliste des origines des Philistins, même à la lumière desétudes génétiques récentes qui prouvent la venue de populations depuis l'ouest, car selon Maeir,« ces composantes étrangères n'avaient pas une origine unique, et, ce qui n'est pas moins important, elles se sont mélangées avec les populations locales levantines à partir du début de l'âge du fer[36]. »
De plus, pour rajouter à la complexité de la situation, les sources égyptiennes mentionnent aux côtés des Peleset/Philistins d'autres« Peuples de la Mer » qui se sont installés à Canaan. C'est en premier lieu le cas desTjeker (Ṯkr/Skl) qui apparaissent dans plusieurs textes de l'époque de transition Bronze récent/Fer I en plus de l'inscription deRamsès III (Onomasticon d'Aménémopé,Histoire d'Ounamon,Papyrus Harris I) et semblent s'être implantés au Levant sud, dont A. Gilboa veut voir la présence dans les niveaux contemporains des sites deTel Dor etMegiddo[37]. Plus au nord, enSyrie, un royaume du nom de « Palistin » est attesté auxXIe – IXe siècleav. J.-C. : il a pu être proposé, sur la base de la similitude entre les deux noms et de la présence decéramique « mycénisante » sur les sites locaux (notamment la capitale,Tell Tayinat), que ce soit une fondation de Philistins, une « Philistie du Nord » qui n'aurait pas eu la postérité de celle du sud. Mais cela est débattu, car ces éléments sont insuffisants pour arriver à une telle conclusion, d'autant plus que le nom de ce royaume est parfois écrit Walistin[38],[39],[40].
La période d'implantation des populations migrantes à Canaan et d'ethnogenèse des Philistins est donc marquée par une culture matérielle fortement empreinte d'éléments d'origineégéenne et autres, traduisant ces arrivées. Progressivement cependant, ces traits s'estompent, signe de la fusion des populations, même s'ils restent visibles selon certains jusqu'auVIIe siècle av. J.-C. (voir plus bas)[34].
Laplaine côtière méridionale connaît donc de profonds changements démographiques et culturels, comme tout le sud du Levant, durant le début de l'âge du fer. Cette période est divisée par les archéologues en deux phases, un âge du fer I A (v./-), et un âge du fer I B (-/), dont les datations absolues sont débattues là encore entre tenants d'une chronologie moyenne et d'une chronologie basse[41]. En raison des différents éléments à l'origine de la culture philistine de cette période, celle-ci présente un profil très éclectique[42].
Sur le plan du peuplement, les prospections conduites parI. Finkelstein dans le pays philistin constituent la base des connaissances, même si elles n'ont pas donné lieu à des interprétations concordantes. Cette région est caractérisée par des villages et des grosbourgs érigés sur des tells, avec une hiérarchie peu marquée entre les sites. Le nombre de sites repérés dans la partie sud est moins élevé que durant la phase précédente, ce qui pourrait aussi bien témoigner d'undéclin démographique entraînant l'abandon de sites, que d'un mouvement de concentration du peuplement sur un nombre plus limité d'agglomérations sans qu'il n'y ait pour autant moins d'habitants. Les sites de la partie nord sont les plus importants : Tell Miqné/Éqron, Tell es-Safi/Gath,Ashdod, et leurs alentours. La première est uneville fortifiée d'environ20 hectares ; les autres sites sont moins importants et lesfortifications ne sont pas clairement attestées, il semble que des constructions défensives des phases précédentes soient réutilisées[43].
À l'intérieur de ces sites, l'habitat semble dense, planifié, s'affranchissant souvent du tracé des constructions des périodes précédentes. L'architecture est de typecananéen, avec des bâtiments àcours, tandis que se remarque àTel Qasile l'intrusion demaisons à quatre pièces originaires des hautes terresproto-israélites[44].Éqron a livré une architecture probablement religieuse (le« temple 350 »): une construction à une pièce au départ, qui se complexifie par la suite pour former un véritable complexe, avec une entréein antis (les murs latéraux dépassent le mur de la façade vers l'extérieur), un grand hall àcolonnes, ouvrant sur des chambres disposant d'autels ou banquettes. L'édifice est parfois désigné comme un« mégaron », certains éléments rappelant l'architecturehelladique. ÀTel Qasile, un édificecultuel connaît une évolution similaire, formant un ensemble organisé autour de deuxtemples, aux caractéristiques architecturales cananéennes, avec un matériel archéologique témoignant d'héritages divers (étendards cylindriques, masques etnaoi cananéens-égyptiens,kernoi chypriotes, coupes en forme de tête de lion de typesyro-anatolien). On repère aussi une possible fonction cultuelle (ou plus largement rituelle) dans d'autres édifices à colonnes avec foyers, aussi dans des contextes domestiques. Se repère à plusieurs endroits la présence de bassins en pierre outerre cuite. Ces éléments ont des parallèles àChypre voire dans le monde égéen[45],[46]. La documentation considérée comme rituelle de la période comprend aussi desfigurines présentant des influences égéennes, en forme de« psi », rappelant celles de la phase mycénienne finale, et des figurinesbovines. Elles se raréfient avec le temps[47].
Les pratiques funéraires du Fer I, peu documentées sur les sites les plus importants, se poursuivent suivant les tendances du Bronze récent : il s'agit surtout de tombes individuelles àciste (délimitées par des briques ou des pierres), parfois des inhumations dans desjarres, aussi descrémations. ÀTell el-Farah sud, cinq tombes voisines ont été creusées dans la roche, desservies par un long corridor (dromos), suivant une configuration qui rappelle les traditions chypriotes voire égéennes. Des restes desarcophages anthropomorphes et de la poterie bichrome philistine y ont été mis au jour[48].
Laculture matérielle des premiers temps philistins est caractérisée avant tout par sapoterie dite« philistine » :
la forme la plus ancienne,« philistine I », datée approximativement de la période- est une production locale considérée comme une imitation de la poteriemycénienne tardive (en particulier celle de l'Helladique récent IIIC), qui a des parallèles dans le monde égéen, l'Anatolie côtière etChypre, aussi bien au regard des formes que du décor peint (monochrome), surtout géométrique et linéaire, parfois des personnages et scènes. Les mêmes niveaux ont livré en quantités aussi importantes de lacéramique de typeégéen non peinte, et de type cananéen ;
dans le courant de la seconde moitié duXIIe siècle av. J.-C., apparaît la poterie« philistine II », reprenant des formes de type égéen, mais avec une évolution dans le décor, cette fois-ci bichrome (rouge et noir en général, surengobe blanc épais) représentant des formes linéaires, géométriques, végétales, animales (notamment des oiseaux à la tête tournée vers l'arrière), témoignant d'inspirations égéennes mais aussilevantines, chypriotes,égyptiennes ;
la poterie« philistine III » qui se développe environ un siècle plus tard est souvent vue comme une forme« dégénérée » des précédentes, les formes changeant beaucoup, le décor étant simple, monochrome, et de nombreux aspects du répertoire levantin sont intégrés ;
cette tendance s'affirme par la suite, après une phase de céramique philistine dite« tardive » qui apparaît auXe siècle av. J.-C., mêlant des héritages« philistins » plus anciens à d'autres influences, en premier lieuphéniciennes ; la majorité des céramiques des régions philistines est sans décor, et de formes très similaires à celles du reste du Levant sud, dont elles représentent des variations locales[49].
Poteries peintes bichromes de type« philistine II », avec motifs géométriques et animaux. Musée de la culture philistine.
Les études concernant cette période se sont aussi intéressées aux pratiquesculinaires, là encore pour y déceler des influences extérieures. Les préférences en matière d'aliments évoluent (porc,chien, nouvelles plantes), également les méthodes de cuisson avec une nouvelle céramique culinaire, et divers types de foyers (ronds, à galets, plâtrés en forme de trou de serrure) auxquels on attribue des origines mycéniennes ou chypriotes[50].
L'aspect« emmêlé » de la culture du premier âge du fer philistin se retrouve encore ailleurs: la vaisselle enivoire comprend des pièces de type égéen et cananéen ; les« sceaux-ancres » (« anchor seals », appelés ainsi parce qu'ils ont une forme de pyramide tronquée qui rappelle celle desancres antiques) caractéristiques de la période représentent souvent un répertoire iconographique de type levantin, avec des inspirations égyptiennes ; du côté des quelques objets en métal connus pour la période, une doublehache de type égéen a été mise au jour àÉqron, ainsi qu'unétendard ayant des parallèles chypriotes[51].
En revanche, aucun exemplaire d'écriture égéenne n'a été retrouvé sur les sites de la période, pour laquelle les informations sur les langues et l'écriture sont extrêmement limitées[52].
L'âge du fer II (abrégé en Fer II) du Levant méridional est divisé en trois sous-périodes, A, B et C. Selon la chronologie moyenne, la première dure d'environ/ à Les deux autres phases constituent un second ensemble, marqué par la dominationassyrienne auLevant. La phase B couvre environ leVIIIe siècle av. J.-C., et la phase C le siècle suivant, jusqu'aux destructions provoquées par lesBabyloniens entre-[53].
Dès le début de la période, la culture matérielle des Philistins a perdu une grande partie de ses caractéristiques égéennes et chypriotes, pour se fondre dans l'ensemble culturel levantin. Les Philistins sont ainsi héritiers des traditions cananéennes duIIe millénaire av. J.-C., aux côtés de leurs voisins du nord, lesPhéniciens, et de l'est, lesHébreux. En raison de ces évolutions, il y a des discussions sur la nature culturelle et ethnique de cette population, et plus largement sur ce qui fait un peuple antique. Ainsi pour certains, il n'y aurait plus lieu de considérer les Philistins comme tels après en raison de la perte des principaux traits culturels hérités de leurs origines extérieures qui les feraient en quelque sorte « changer de nature ». Pour d'autres en revanche, les Philistins survivent bien en tant qu'entité nationale jusqu'en, préservant certains traits de leuridentité, mais en les adaptant aux évolutions culturelles et politiques, sans avoir été à proprement parler assimilés par les autres groupes voisins[54]. Certains ont avancé que de nouvelles vagues de migrations depuis les régions égéennes aient eu lieu durant le fer II, ou bien la venue demercenaires de laGrèce archaïque, qui auraient constitué un nouvel apport culturel extérieur. Il est possible qu'une identité culturelle liée aux origines migratoires soit préservée un temps parmi les cités philistines. Mais la culture matérielle de la période reste trop mal connue pour que cela puisse être tiré au clair[55].
Ces tendances ressortent également de l'étude génétique de 2019 déjà citée, qui conclut sur des continuités ethniques. Selon celle-ci,« au bout de deux siècles ou moins, l’empreinte génétique introduite au début de l’âge du fer n’est plus détectable et semble être diluée par le pool de gènes levantin local, ce qui, selon les chercheurs, suggère un mélange intense entre populations locales et étrangères. Pourtant, il y avait une continuité dans leur appartenance ethnique.« Les Philistins sont restés Philistins », a expliqué [le directeur de l'expédition Daniel M.] Masters.« Plus tard, les gens qui s’appelaient Philistins ressemblaient beaucoup à ceux qui les entouraient. Leur appartenance ethnique n'a pas changé même si, si nous examinons leur génome, nous constatons beaucoup plus d'influence levantine qu'auparavant[56]. » »
Carte des sites philistins et des principales villes voisines.
La première phase de l'âge du fer II est essentiellement documentée par l'archéologie. Du côté des sources textuelles, une inscription du roiassyrienAdad-nerari III (-) mentionne qu'il a prélevé untribut sur la Philistie (Palaštu) durant sa cinquième année de règne (donc tout à la fin du Fer II A)[57]. La documentation écrite la plus abondante sur les Philistins qui soit rattachable à cette période est celle présente dans laBible hébraïque, relative à leurs relations avec lesIsraélites, dont l'historicité est débattue (voir plus bas)[58].
À tout le moins, pour ce qui concerne les Philistins seuls, on en retient une organisation encités-États, notamment cinq villes principales, la« Pentapole » :Ashdod,Ashkelon,Éqron,Gath etGaza[59],[60]. Elles dominent chacune un territoire comprenant d'autres agglomérations, et sont dirigées par des rois portant le titre deseren (tel que transcrit enhébreu ; pl.serānîm), terme philistin apparenté au grectyrannos (« tyran », terme désignant une autorité, qui à l'origine n'a pas le sens péjoratif qu'il a de nos jours)[61]. D'autres reconstructions proposent pour le Fer II une organisation plus centralisée[62].
Des cités de la Pentapole, seuleGaza n'a pas fait l'objet de fouilles ayant permis de révéler des niveaux de la période.Éqron, le site de Tell Miqné, est le mieux connu. Il connaît une destruction à la fin duFer I (niveau IVA), et la partie basse de la ville est abandonnée, laissant la seule ville haute, l'acropole, occupée durant leFer II A et B sur environ4 hectares. À l'inverse,Ashdod connaît un développement au début du Fer II, couvrant de nouveaux espaces. Laville est fortifiée, et couvre environ22 hectares. Ses fortifications semblent consolidées durant leFer II B, mais elle est détruite à la fin duniveau VIII, manifestement par les troupesassyriennes deSargon II.Gath, le site deTell es-Safi, est encore plus vaste puisqu'il couvrirait autour de50 hectares durant la phase 3A, vers la fin duIXe siècle av. J.-C. Néanmoins, ce niveau présente des traces de destruction, imputables à une campagne duroyaume de Damas, et les traces d'unetranchée longue de 2 kilomètres probablement creusée par les assaillants. Durant leFer II B, la ville n'occupe plus que25 hectares environ.Ashkelon est moins bien connue pour cette période, les fortifications érigées au Fer I restent en usage. D'autres sites philistins ou voisins ont livré de la documentation du Fer II A et B :Tel Batash(en),Bet Shemesh,Tel Qasile,Gezer,Tell el-Hesi(en), etc. D'une manière générale, les prospections conduites en Philistie et dans laShéphélah voisine semblent indiquer une expansion du nombre de sites habités[63].
Samson capturé par les Philistins,Le Guerchin, 1619.
Les Philistins sont présentés comme les ennemis mortels des Israélites, suscitant leur mépris le plus profond, que ce soit au regard du fait qu'ils soient violents,mécréants, etincirconcis[59]. Dès qu'ils arrivent àCanaan, ils deviennent des adversaires des Israélites, les chassent à plusieurs reprises de territoires qu'ils occupaient, avant d'aboutir à une sorte d'état de tension permanent marqué par des affrontements épisodiques. Ils sont présentés comme de redoutables guerriers, à l'image du géantGoliath deGath que défaitDavid, comme une menace permanente sur le plan militaire, mais aussi culturel. Cependant, des échanges ont également lieu, comme l'indiquerait l'histoire du mariage deSamson etDalila, même si le propos biblique est justement de condamner ce type d'unionexogame[65].
Les mentions des Philistins dans laTorah (Genèse 21:32, 34 ;Exode 13:17, 15:14, 23:31) sont considérées commeanachroniques même chez les tenants des positions les moins sceptiques vis-à-vis de l'historicité de la Bible[66]. En revanche, les luttes entre Israélites et Philistins relatées dans lesLivres des Juges etde Samuel sont considérées par certains comme reflétant une situation ayant eu lieu lors de l'arrivée des Philistins. La première phase de combats décrite par la Bible est marquée par la supériorité militaire des Philistins, en dépit des revers que leur infligeSamson. Ils s'emparent du pays de latribu de Juda (Juges 15:11) et remportent une victoire àEben Ezer, s'emparant de l'Arche d'alliance, emportée àAshdod dans le temple deDagon (Samuel I 4). Ils sont présentés comme des combattants redoutables, bien équipés en chariots, chevaux, disposant d'armes sophistiquées. Après cette phase initiale qui voit les Philistins conquérir des territoires jusqu'à l'ouest duJourdain et y installer des garnisons (par exemple à Geba dans le pays deBenjamin), les Israélites remportent des victoires sous la direction deSamuel et deSaül, reprenant le terrain perdu. Mais la bataille dumont Gilboa voit la défaite cinglante des Israélites et la mort de Saül et de ses fils, permettant aux Philistins de dominer lavallée de Jezreel[67]. Avec l'avènement duroi David, dont l'ascension a débuté par sa victoire contre le guerrier philistinGoliath, et l'époque de lamonarchie unifiée, l'hégémonie philistine est renversée parIsraël. Un roi égyptien, allié deSalomon, conquiert la ville philistine deGezer qu'il offre endot au roi d'Israël lorsque celui-ci épouse sa fille (Rois I 9:16-17)[68]. Les intrusions extérieures se répètent par la suite durant la période de la division entreroyaumes d'Israël etde Juda. C'est d'abord la campagne du pharaonSheshonqIer, dont les troupes traversent le pays philistin et atteignentJérusalem, capitale de Juda. Puis ce sont les expéditions du roiaraméenHazaël deDamas, qui s'empare de la ville philistine deGath (événement également documenté par l'archéologie comme vu plus haut). Les conflits frontaliers entre les Philistins d'un côté et Israël et Juda de l'autre se poursuivent. Le roiOzias de Juda est ainsi crédité par le secondLivre des Chroniques d'une campagne victorieuse en pays philistin (26:6-7), mais son second successeurAchaz subit unraid philistin dans son royaume (28:18). C'est à cette époque que lesAssyriens commencent à mettre en place leur domination au Levant sud, modifiant les rapports entre les royaumes de la région[69].
Pour l'âge du fer II A, la documentation archéologique ne permet pas de dire grand-chose sur ce sujet. On retient au moins l'idée d'une progression des Philistins en direction de laShéphélah qui serait passée sous leur contrôle. Tenant d'une position plus sceptique au regard de l'historicité des textes bibliques,I. Finkelstein estime que les Philistins étaient loin d'avoir occupé pleinement la région côtière, et donc qu'ils n'avaient pas besoin d'entamer une conquête des hautes terres israélites. L'initiative des affrontements pourrait alors venir des Israélites. Les conflits seraient plutôt des raids que de véritables guerres faites de batailles rangées[75]. Il relève vers l'époque supposée de David (Xe siècle avant J.-C.) une« prolifération graduelle de poteries philistines aux décorations égéennes, sur les contreforts des hautes terres [de la Judée], et jusque dans la vallée de Jezréel, au nord, […] preuve de l'expansion progressive de l'influence philistine à travers le pays. » La destruction du site deTel Qasile, où se trouve une culture matérielle philistine, a été attribuée par son fouilleurB. Mazar aux conquêtes de David, ce qui est contesté par ceux minimisant la taille du royaume de ce dernier[76]. Plus récemment,Yosef Garfinkel a interprété le site deKhirbet a-Ra'i(en) dont il a dirigé les fouilles comme l'antiqueZiklag, ville philistine mentionnée dans l’histoire biblique du roi David, lui servant de refuge alors qu'il est poursuivi par leroi Saül. Le site a livré des niveaux d'occupation des premières phases philistines (XIIe – XIe siècleav. J.-C.) puis une occupation duXe siècle av. J.-C. qui témoignerait de la prise de contrôle par David. A. Maeir a critiqué cette interprétation, estimant que la ville en question devait être localisée plus au sud[77].
Les cités philistines ont dominé le sud de la bande côtière auIXe siècle av. J.-C. et dans la première moitié duVIIIe siècle av. J.-C., malgré la progression duroyaume d'Israël, et aussi les campagnes lancées par l'AraméenHazaël deDamas (fin duIXe siècle av. J.-C.), qui atteintGath[78]. L’irruption de l'Assyrie à compter du règne de l'AssyrienTiglath-Phalazar III (-) change totalement la donne, les anciens rivaux (Philistins, Araméens, Israël, Juda et les royaumes deTransjordanie) étant désormais souvent alliés pour faire face à la puissance dominatrice. L'empiremésopotamien avait alors placé sous sa coupe laSyrie, et s'étend dans la foulée vers le Levant méridional. En 734, les troupes assyriennes s'emparent deGaza, dont le roiHanno choisit de se soumettre, en même temps que son homologue d'Ashkelon,Mitinti. Les deux villes deviennent alors destributaires de l'Assyrie. Hanno de Gaza participe cependant à la révolte contre l'Assyrie, alors dirigée parSargon II, qui embrase le Levant méridional, et subit les représailles en : il est exilé et la cité paye à nouveau un tribut. En Sargon dépose à son tourAzuri d'Ashdod qui lui était hostile, et le remplace par son frèreAhimiti. Ce dernier est ensuite renversé par un certainYamani (un Grec ?), qui s'allie avec d'autres cités philistines, et aussiJuda,Édom etMoab. Les troupes assyriennes matent les insurgés, s'emparent d'Ashdod et deGath. Dans ces mêmes années,Éqron est passée sous la domination assyrienne, dans des conditions qui nous échappent[79]. Gath disparaît de la documentation textuelle biblique et assyrienne après cela, et n'a pas livré de niveau notable duVIIe siècle av. J.-C., ce qui semble indiquer la fin de sa puissance[80].
« Azuri, roi d'Ashdod, prémédita en son cœur de ne pas livrer de redevance et envoya aux rois de son voisinages des messages hostiles à l'Assyrie. Parce qu'il avait fait du mal, je l'écartai du pouvoir sur les gens de son pays ; j'installai à leur tête Ahimiti son frère et pair (?) comme roi. Les Hittites (Syriens), qui (ne) disent (que) des fourberies, furent hostiles à son autorité et élevèrent à leur tête Yamani, (personnage) sans droit au trône, qui comme eux ne connaissait pas le respect de mon autorité. Dans le sursaut de mon cœur je ne rassemblai pas la masse de mon armée et je n'organisai pas mon corps expéditionnaire ; j'aillai à Ashdod avec (seulement) mes guerriers qui ne quittèrent pas mon côté là où il y a des ennemis. Et lui, Yamani, quand il apprit la venue de mon expédition (alors que j'étais encore) loin, il s'enfuit à la frontière de l’Égypte aux confins du pays de Meluhha (Koush ?) en un lieu introuvable. J'assiégeai (et) je conquis les villes d'Ashdod, de Gath (et) d'Ashdod-sur-mer ; je comptai pour butin ses dieux, son épouse, ses fils, ses filles, (ses) biens (et) possessions, le trésor de son palais ainsi que les gens de son pays. Je réorganisai les villes elles-mêmes ; j'y fis résider des gens des pays conquis de ma (propre) main dans la montagne du lever du soleil ; [je mis à leur tête un mien fonctionnaire comme gouverneur,] je les comptai parmi les gens d'Assyrie et ils tirèrent mon joug. Le roi de Meluhha (…) [apprit de loin] la force des dieux Assur, Nabû (et) Marduk ; mon éclat royal terrible le recouvrit et l'effroi se déversa sur lui ; il le (Yamani) jeta dans des entraves, [des anneaux] (et) des attaches de fer et on l'amena en Assyrie même - un long voyage ! - jusque devant moi. »
— La soumission d'Ashdod d'après une inscription deSargon II[81].
Après la mort de Sargon en, Ashkelon et Ekron participent à une nouvelle révolte contre l'Assyrie, apparemment organisée par le roiÉzéchias de Juda. Dans la seconde, le roiPadi est chassé par des nobles qui le livrent au roi de Juda. Le nouveau roi assyrien,Sennachérib, intervient donc dans la région en, reçoit la soumission d'Ashdod, et prend Ashkelon dont il remplace le roi. Puis il s'empare d'Ekron, où ceux qui ont participé à la rébellion sont exécutés, avant de forcer le roi de Juda à libérer Padi, qui est réinstallé à Ekron. Les rois d'Ekron, d'Ashdod et de Gaza, qui étaient restés fidèles à l'Assyrie, sont récompensés par l'attribution de territoires appartenant auparavant à Juda[82],[83].
Ces royaumes philistins disposent d'un statut de faveur dans l'empire assyrien, et sont jugés importants avec l'accroissement de la rivalité entre ce dernier et l'Égypte voisine, qui est attaquée par le roi assyrien suivant,Assarhaddon, en. Deux ans plus tard les rois des cités philistines (Gaza, Ashkelon, Ekron et Ashdod) sont convoqués en Assyrie en même temps que des rois de Syrie, pour y apporter du tribut et des travailleurs corvéables pour le cœur de l'empire. Une dizaine d'années plus tard, les Philistins sont mentionnés parmi les royaumes soutenant le roi assyrien suivant,Assurbanipal, lors de sa campagne enÉgypte[84].
Les cités philistines semblent avoir conservé un important degré d'autonomie sous la domination assyrienne, du moment qu'elles payaient le tribut qui leur était demandé, et connu une phase de prospérité, notamment grâce à leur position d'intermédiaire dans le commerce entre les cités dePhénicie et l'Égypte[85]. Ainsi, Gaza devient dès les débuts de sa soumission uncomptoir commercial contrôlé par l'Assyrie,kāru, servant pour le commerce international[86]. Destablettes mises au jour en Assyrie documentent des livraisons de tribut depuis des cités philistines, notamment des chevaux, de l'argent, des étoffes, des poissons et du blé, et des émissaires philistins venus en Assyrie[87].
En Philistie, la domination assyrienne se repère àAshdod, où une forteresse-palais dans le style assyrien des conquérants est érigée après la prise de la ville en (à laquelle semblent également liées desfosses communes mises au jour ailleurs sur le site). D'autres bâtiments qui semblent liés à l'emprise assyrienne ont été identifiés à Ruqeish etTel Gamma (Tell Jemmeh)[88]. L'archéologie indique aussi qu'Éqron, peu importante durant les phases précédentes, connaît un important essor durant l'âge dufer II C, qui correspond auVIIe siècle av. J.-C. : l'acropole est reconstruite, la ville s'étend à nouveau dans la ville basse pour couvrir environ20 hectares, de nouvellesfortifications sont érigées. L'ensemble monumental majeur est un complexe comprenant unpalais et untemple, où ont été trouvées des inscriptions au nom duroi Padi. Il comprenait des magasins ayant livré des milliers dejarres et autres céramiques, des caches d'objets en métal. Une importante activité depresse d'huile d'olive s'est développée dans la ville, puisque pas moins de 115 installations consacrées à celle-ci ont été identifiées autour d'Ekron. La production d'huile est aussi documentée àTel Batash. ÀAshkelon également, les traces de prospérité sont évidentes : un quartier commercial et un atelier destiné aupressage du vin ont été mis au jour ; unostracon et des céramiques documentant le commerce du vin[89].
Les derniers temps de la domination assyrienne sur les cités philistines ne sont pas bien documentés. Seul l'historien grecHérodote (Ve siècle av. J.-C.) fournit des informations, qui sont à prendre avec précautions car il s'agit d'une source indirecte, écrite bien après les faits. Il évoque ainsi un siège d'Ashdod par les troupes égyptiennes dePsammétiqueIer, qui aurait duré 29 ans, et la destruction du temple d'Astarté de cette même cité pas lesScythes lors de leur invasion de la région. On ne connaît aucune autre mention écrite de ces événements, et aucune trace archéologique n'en a été retrouvée[90],[91].
La culture matérielle de la Philistie de l'âge du fer II est avant tout définie par sacéramique :
la période Fer II A est caractérisée par une céramique polie àengobe rouge (Red Slipped Burnished Ware) qui supplante les poteries bichromes du Fer I final, la céramique« philistine » n'étant plus présente sur des niveaux duFer II que sous des variantes considérées comme« dégénérées ». Pour ce qui est des formes, aux bols carénés etcalices déjà présents durant la période précédente s'ajoutent des bols ouverts à crête et divers types decratères, des jarres globulaires. Une tradition de poteries sans décor s'affirme en Philistie durant cette phase, qui voit sur sa fin la disparition des poteries de la tradition« philistine » ;
pour le Fer II A et B, un type courant est la céramique dite d'Ashdod, ou poterie philistine tardive à décor, avec un décor àengobe rouge épais, unpolissage vertical, des décors linéaires noir et blanc. Des vaseszoomorphes apparaissent avec ce style. Cette céramique semble caractéristique de la culture philistine de l'époque puisqu'elle se trouve avant tout sur les sites de cette région, aussi dans son voisinage, et servirait de céramique raffinée pour la table des élites. Lesanalyses pétrographiques indiquent qu'elle est fabriquée surtout à Ashdod et Gath. La poterie phénicienne du Fer II A est rarement attestée en Philistie malgré la proximité géographique ;
vers la fin du Fer II B apparaissent de nouvelles formes d'inspiration assyrienne, telles que des bols carénés et des bouteilles, des pots de cuisson à rebords et de petites jarres. Laproduction de masse semble se développer, l'engobe rouge se raréfie, la céramique d'Ashdod aussi. Les similarités entre cette production et celles de laShéphélah voisine s'affirment. Les imports occidentaux (grecs) et égyptiens se font plus présents durant le Fer III C[92].
Dans le domaine religieux, la Bible indique que le principal dieu des Philistins estDagon, d'origine ouest-sémitique, qui dispose de temples à Gaza et Ashdod. Elle évoque aussiBaal-zebub (le « Belzébuth » biblique), le dieu d'Ekron, un des avatars du dieuBa'al dont le culte est très répandu au Levant[93]. Les inscriptions retrouvées sur des jarres de ce site confirment la présence d'un culte au dieu Ba'al, patronné par le roi Padi[94], et d'autres jarres ont été vouées à la déesseAstarté[95].
Une inscription du roiAchish/Ikausu, fils de Padi, commémorant la construction d'un temple, indique qu'il est dédié au culte de la déessePtgyh (Patgayah), interprétée comme la déesse grecqueGaïa, ce qui serait une réminiscence de l'héritage égéen à l'origine de la culture philistine[96].
L'inscription du temple d'Éqron.Musée d'Israël. Traduction :« Le temple qu'il a construit,ʾkyš (Achish, Ikausu) fils de Padi, fils deYsd, fils d'Ada, fils de Yaʿir, seigneur d'Ekron, pourPtgyh sa dame. Puisse-t-elle le bénir, le protéger, prolonger ses jours et bénir sa terre. »[97]
Le lieu de découverte, le« complexe 650 », un plan de type néo-assyrien, mais lesanctuaire à piliers est plutôt de type phénicien. Y ont été retrouvés des jarres, ainsi que des objets en ivoire égyptiens rapportés des pillages perpétrés par les Assyriens[98]. En dehors de cet exemple, on ne connaît pas de façon assurée de temple philistin pour l'âge du fer II, même s'il existe peut-être des pièces cultuelles dans des édifices à vocation domestique et industrielle dégagés à Ashdod. Des objets cultuels en terre cuite ont été mis au jour sur des sites de cette période, notamment des sortes de supports et d'étendards, ou des calices, en terre cuite, comportant parfois des représentations animales et humaines, ainsi qu'architecturales et pastorales, dans un style plutôt cananéen et syrien, mais parfois des éléments rappelant l'iconographie de typeégéen de la période précédente. Celle-ci transparaît aussi dans des figurines féminines mises au jour à Ashdod[99].
Du point de vue des pratiques funéraires, la situation est similaire à celle de la période précédente, notamment à la fin du Fer I et au début du Fer II A à Azor : tombes à fosse, en briques, parfois multiples, plus rarement dans des jarres. La crémation apparaît aussi dans des contextes du Fer II B et C (Ruqeish,Tell el-Farah sud), ce qui refléterait une influence phénicienne[100]. Le cimetière du Fer II A d'Ashkelon comprend également des inhumations dans des tombes à fosses, et aussi des tombes maçonnées rectangulaires faites avec des blocs de pierre. La crémation y est peu attestée, les corps des défunts sont orientés dans un sens est-ouest (perpendiculaire à la côte), il n'y a pas de stèle funéraire ou autre marqueur extérieur de la présence de la tombe, ni de matériel indiquant la pratique d'un culte ancestral comme cela se fait enPhénicie ou dans les hautes terres deJudée[101].
Les quelques inscriptions provenant des sites philistins sont écrites dans unelangue ouest-sémitique, difficile à distinguer de l'hébreu, même si certains la considèrent comme undialecte indépendant du groupe« cananéen » (qui comprend notamment, en plus de l'hébreu, lephénicien). En tout cas, la langue philistine originelle,indo-européenne, est manifestement tombée dans l'oubli[103]. Ces inscriptions emploient une écriture proche de celles des régions voisines, les formes des lettres et les répertoires n'étant alors pas figés, lesscribes développant des traditions locales à partir de celles déjà accessibles. Les deuxostraca mis au jour à Ashkelon sont pour l'un enalphabet phénicien, pour l'autre en alphabet dit« néo-philistin »[104], les inscriptions d'Ekron sont plutôt de type phénicien, aussi avec des affinités avec l'hébreu ancien[105], attestées par d'autres inscriptions. L'araméen est aussi écrit par endroits[106].
La période de prospérité des cités philistines s'achève avec la fin de l'empire assyrien, détruit par lesMèdes et lesBabyloniens dans les années- La domination assyrienne sur la région prend fin dans ces années de conflit qui obligent les Assyriens à se concentrer sur la défense de leur pays d'origine. L'Égypte, qui s'allie alors à son ancien ennemi assyrien, en profite pour tenter d'étendre son influence auLevant, et à tout le moins, elle parvient à y faire passer ses troupes pour les envoyer combattre enMésopotamie du nord. En, les troupes du pharaonNékao II s'emparent deGaza selon les dires deHérodote. Le triomphe desBabyloniens face aux Assyriens puis aux Égyptiens leur permettent de mettre la main sur les cités philistines à partir de, au début du règne deNabuchodonosor II[107]. Les destructions causées par les armées babyloniennes sont clairement identifiées par l'archéologie àÉqron (niveau IB,),Ashdod (Niveau VI, v.) etAshkelon (). Elles marquent la fin de la période du Fer II[89]. Une partie de la population est déportée en Babylonie, avec en premier lieu son élite, les fils duroi Aga d'Ashkelon étant mentionnés dans des tablettes babyloniennes comme bénéficiaires de rations délivrées par l'administration royale, et les rois d'Ashdod et de Gaza sont présents lors de l'inauguration d'un palais de Nabuchodonosor II en. Des descendants de déportés d'Ashkelon et de Gaza sont encore attestés dans les tablettes deNippur de la seconde moitié duVe siècle av. J.-C. Ce sont les dernières attestations de populations qui pourraient être considérées comme ethniquement philistines[108],[109]. Durant lapériode achéménide (-) puis lapériode hellénistique (v.-) qui lui succède,« la Philistie était sans doute encore vue comme une entité géopolitique, mais les Philistins en tant que peuple avaient cessé d'exister » (D. Ben-Shlomo)[110].
Après leur disparition, les Philistins deviennent alors un motif littéraire, transmis par laBible. Leurs successeurs continuent à jouer un rôle d'adversaire servant à renforcer laconscience nationale desJuifs après leur retour de l'Exil babylonien, ravivant la vieille rivalité entre les deux régions : dans leLivre de Néhémie, les gens d'Ashdod s'opposent à la reconstruction duTemple de Jérusalem, et leprophète éponyme du livre proscrit de se marier avec des femmes de ce pays (comme avec celles d'autres peuples voisins). Par la suite, peut-être vers l'époque hellénistique, le terme« Philistins » devient une façon générique de désigner un ennemi d'Israël[111].
Cette connotation négative perdure à l'époque moderne. Ainsi, dans la littérature allemande duXIXe siècle (à la suite notamment deGoethe etSchiller), les« Philistins » (allemand :Philister) sont des individus étrangers aux universités, vulgaires, ennemis du savoir, du génie[112],[113]. Ce mot désigne plus généralement une personne à l'esprit obtus ayant une posture anti-intellectuelle, c'est une manière de dénigrer legroupe bourgeois et il est repris avec un usage similaire dans d'autres pays, par exemple en France parGérard de Nerval etThéophile Gautier[114], ouGeorges Brassens dans l'adaptation du poèmeLes Philistins deJean Richepin.
Le nom géographique« Palestine » dérive de celui des Philistins.
Le terme géographique« Palestine » (Palaistinè, engrec ancien :Παλαιστίνη) apparaît pour la première fois sous la plume de l'historien grecHérodote, auVe siècle av. J.-C., qui en fait un district de laSyrie[115]. C'est sans doute une forme dérivée de l'araméenpelištaʾīn, ou de l'hébreupĕlištīm,« Philistins ». Par extension, le pays entre Gaza et leMont Carmel où ils vivent est parfois désigné comme le« pays des Philistins » (hébreuʾereṣ pĕlištīm) ou la« Philistie » (hébreupĕlešet oupalašat), notion qui se retrouve aussi dans les textes assyriens (KURPalastu/Pilišta/Pilište). Les sources grecques suivantes diffusent le terme géographiquePalaistinè Syria, puis le mot est transmis aux Romains sous la forme latinePalæstina, anciennementprovince de Judée. La région désignée est alors beaucoup plus ample que l'ancien territoire des Philistins, et recouvre en gros la région du Levant située entre l'Égypte et laPhénicie. L'historienFlavius Josèphe (Ier siècle) est le premier à relier clairement le terme « Palestine » aux Philistins, puisqu'il désigne ces derniers (en grec) comme desPalaistinoi,Παλαιστινοί, alors que laSeptante les appellePhilistieim, ce qui est une transposition phonétique du terme hébreu correspondant[116],[117],[118]. D. Jacobson a également proposé qu'une interprétation secondaire du terme ait existé, par une sorte dejeu de mots en grec, le reliant à la désignation géographique« Israël » (qui la recoupe en partie) :Palaistinè rappelle engrec ancien :παλαιστής,palaistès,« lutteur », or l'étymologie biblique d'Israël (Yisraʾel) est« celui qui lutte avec Dieu »[119].
Sous la domination romaine, ladeuxième révolte juive (-) aboutit à l'expulsion des Juifs deJudée sous l'empereurHadrien. La région est intégrée dans la province de « Syrie-Palestine » (Syria Palæstina), nouvelle dénomination, calquée sur le grec, de ce qui était auparavant appelé en latinSyria Judaea (« Syrie Judée » ou« Syrie juive ») par les vainqueurs désireux de faire disparaître tout rattachement symbolique de la région aux anciens rebelles juifs. AuVe siècle, le Levant méridional est divisé en trois provinces appelées « Palestine » (Palaestina Prima,Palæstina Secunda etPalæstina Tertia(en) ouPalæstina Salutaris(en)). Puis le terme passe enarabe sous la formeFilasṭīn[120] (فلسطين).
↑« During the Persian and Hellenistic periods, Philistia was probably still viewed as a geopolitical entity, although the Philistines as a people ceased to exist. » :Ben-Shlomo 2013,p. 719.
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