Pour les articles homonymes, voirPhilippiques etPhilippiques (Cicéron).
| Format | Groupe de textes littéraires(d) |
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| Date de création | 351-341 av. JC. |
LesPhilippiques (engrec ancienΚατὰ Φιλίππου /Katà Philippou, littéralement « Contre Philippe »), sont une série de quatre discours prononcés par l'orateur athénienDémosthène entre351 et341 dans lesquels il dresse une harangue contrePhilippe II. Démosthène y dénonce les ambitions du roi deMacédoine. Il y critique avec véhémence la passivité des Athéniens, tout en éveillant chez eux des sentiments patriotiques. Ces discours marquent l'apogée de larhétorique athénienne. Le terme « philippique » désigne de nos jours une exhortation belliqueuse.
Cette série de discours s'étale sur plusieurs années et sont empreints de références au contexte propre à chaque discours. Il existe quatrePhilippiques :
Depuis357 av. J.-C., date à laquellePhilippe II s'est emparé d'Amphipolis,Athènes est formellement en état de guerre contre le roi deMacédoine. En352, les troupes athéniennes s'opposent avec succès à Philippe auxThermopyles. Mais, la même année l'armée macédonienne fait campagne enThrace et remporte, durant latroisième guerre sacrée, une victoire décisive sur lesPhocidiens enThessalie. Ce fut un événement qui ébranlaDémosthène au point qu'il qualifia Philippe de pire ennemi d'Athènes[1]. À la même époque, le roi de Macédoine lance sa première attaque contre laLigue chalcidienne et s'empare deStagire.
Démosthène exhorte lesAthéniens à se préparer à la guerre contre laMacédoine[2]. Il propose une réforme duthéoricon, une allocation versée par l'État aux citoyens pauvres pour leur permettre d'assister aux représentations théâtrales ou d'accéder aux sanctuaires, afin que ses excédents aillent dans la caisse militaire, lestratioticon[3]. Il encourage ses concitoyens en essayant de les convaincre que les défaites qu'ils subissent sont dues à leurs erreurs plus qu'à la compétence de Philippe. Il s'oppose à l'utilisation de mercenaires dans l'armée athénienne et propose la création d'une force militaire qui resterait en Macédoine et harcèlerait l'armée macédonienne. Malgré le style passionné de l'orateur, l'Ecclésia n'a pas épousé ses vues, obligeant Démosthène à répéter la même argumentation dans lesOlynthiennes.
En346 av. J.-C., lapaix de Philocrate conclut latroisième guerre sacrée. Démosthène tente alors de détacher le plus possible lePéloponnèse de l'influence macédonienne car la plupart des Péloponnésiens considèrentPhilippe II comme le garant de leur indépendance et ne considèrent pas que la liberté des Grecs soit directement liée à la puissance athénienne, d'autant plus que les Athéniens sont alliés auxSpartiates. Ainsi, Philippe et certaines cités du Péloponnèse, dontArgos ainsi que laMessénie et l'Arcadie, envoient une ambassade conjointe à Athènes pour exprimer leurs griefs. La position des Athéniens est difficile à tenir, car ils souhaitent garder leur amitié avec Sparte mais en même temps éviter d'accuser Philippe d'avoir violé la paix de Philocrate.
En réponse aux plaintes des cités du Péloponnèse,Démosthène livre une attaque véhémente contrePhilippe II et ses partisans athéniens[4]. L'accusation la plus grave exprimée contre le roi deMacédoine est qu'il violerait les termes de lapaix de Philocrate. Selon Démosthène, ses compatriotes ont été induits en erreur par les partisans de Philippe qui les ont convaincus que le roi de Macédoine sauverait lesPhocidiens et humilieraitThèbes. Néanmoins, cette oraison n'est pas aussi passionnée que la premièrePhilippique, Démosthène préférant adopter une politique prudente.
Cette deuxièmePhilippique a pour conséquence, au printemps336 av. J.-C., le rassemblement d'une force navale parAthènes dans le but d'empêcherPhilippe II de conquérir les territoires autour de l'Hellespont, région stratégique car elle est le point de passage qui permet l'approvisionnement d'Athènes en denrées alimentaires. Philippe II envoieParménion etAttale à la tête de 10 000 hommes pour s'emparer de cette région[5]. Cette manœuvre est un succès pour les Athéniens qui parviennent à gêner les volontés expansionnistes de la Macédoine. Mais Démosthène est loin de s’imaginer l'ampleur que prendront les conquêtes macédoniennes avec le successeur dePhilippe II,Alexandre le Grand.
La troisièmePhilippique a suivi de près le discours sur lesAffaires de Chersonèse[6] . Celui-ci a été prononcé vers mars341 av. J.-C.Denys d'Halicarnasse et Didyme nous apprennent que la troisièmePhilippique a été prononcée sous le mêmearchontat, soit avant la fin de juin de la même année. Mais nous constatons dans le discours, par les paroles même de l'orateur, qu'elle est antérieure à la libération d'Oraioi par les Athéniens. Or, celle ci a eu lieu, d’après le témoignage dePhilochore, au mois de juin. C'est par conséquent au mois de mai 341 qu'il convient de placer ce discours.
La situation générale est sensiblement la même que lors du précédent discours.Philippe II occupeCardia enChersonèse de Thrace, menaçantByzance qui est pourtant encore son alliée. De plus, il installe des tyrans enEubée, presque aux portes d'Athènes. En face de ce danger grandissant,Démosthène voit la nécessité d'obtenir du peuple un nouvel effort et surtout de lui faire sentir la gravité de la menace. Il apporte donc à la fois une proposition précise et des avertissements pressants. La proposition est formulée dans un projet de décret, annoncé vers la fin du discours, mais dont le texte ne nous est pas parvenu. On peut supposer, d'après ce qui en est dit par l'orateur, qu'il demande la formation d'un flotte et d'une armée, en somme une contribution extraordinaire, et aussi l'envoi de députés dans lePéloponnèse, àChios, àRhodes et même auprès du roi dePerse. Ce n'est pas encore la déclaration de guerre, mais cela en est la préparation. L'essentiel du discours étant constituée d'avertissements et d'admonestations véhémentes. L'idée qui domine c'est que face à l'ambition de Philippe II, les Grecs doivent s'unir pour défendre la liberté, une initiative qui ne peut venir que d'Athènes. Jamais Démosthène n'a encore dégagé aussi nettement les pensées directrices de sa politique et ne les a développées avec autant de force.
La troisièmePhilippique est considérée comme étant le discours deDémosthène ayant le plus d'ampleur. C'est une harangue politique dans la plénitude de sa force, nourrie de faits qu'il interprète et commente. On y observe une sincérité ardente du patriote inquiet qui voit l'imminence du danger, les avantages de l'adversaire, l'affaiblissement des volontés autour de lui, les difficultés intérieures et extérieures. Démosthène veut compter sur le réveil des consciences. Pour cela, il évoque plusieurs sujets susceptibles de réveiller les consciences des Athéniens. Par exemple, il met en avant la tradition grecque et les gloires passées, en particulier des Athéniens. À cela il oppose l'immoralité dePhilippe II, indigne à ses yeux d'être un Grec. Il se permet également des remarques véhémentes sur ce qu'il considère comme l'avilissement des Grecs.
Par ce discours, Démosthène entend montrer aux Athéniens que la seule porte de sortie pour échapper au gouffre dans lequel ils semblent tomber, c'est de combattre Philippe. Dans le cas contraire, la chute serait inévitable. Il se fait donc également prédicateur pour pousser à l'action. S'ajoutent donc aux pensées, les sentiments : amour de la liberté, sens de l’honneur, appel aux plus nobles traditions, mais aussi tristesse devant l'inaction flagrante.
La quatrièmePhilippique serait apocryphe. Sa réalisation est souvent attribuée àAnaximène de Lampsaque, contemporain deDémosthène, qui a écrit des dialogues et des discours imaginaires de personnages réels[7]. S'il s'agissait d'un véritable discours de Démosthène, il est probable qu'il ait été publié sous forme de pamphlet plutôt que sous forme de discours. Dans cette quatrième Philippique, Démosthène demande à Athènes d'envoyer une ambassade aux Perses afin que ceux-ci donnent de l'argent en prévision d'une guerre contre laMacédoine ; mais les Perses rejettent cette ambassade. Cette Philippique comprend deux passages importants copiés des discours antérieurs de Démosthène (Sur les affaires de Chersonèse etDeuxième Philippique), ce qui conduit à des doutes sur sa paternité.
LesPhilippiques ont été traduites en français par Jean Lalemant en 1549 et parLouis Le Roy (1555) qui traduit égalementLes Olynthiennes (1551). En espagnol une traduction du discoursSur la Couronne a été faite par Pedro Simón Abril (1595). En italien les traductions des discours de Démosthène sont plus nombreuses :Felice Figliucci, notamment, fait uneparaphrase desPhilippiques, desOlynthiennes et du discoursSur les affaires de Chersonèse (1550). Les traductions françaises les plus importantes sont :