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Son règne, marqué dans un premier temps par laguerre de Succession et l'affermissement de son trône, inaugure aussi une ère de réformes, modifiant profondément l'organisation territoriale des royaumes hispaniques par l'abolition des royaumes deCastille et d'Aragon. Deroi des Espagnes, il le devient à la suite desdécrets de Nueva Planta en 1716roi d'Espagne.
Son père et son frère aîné étant les héritiers présomptifs de la couronne, le duc d'Anjou n'est pas élevé dans la perspective de régner. Après avoir été confié aux soins de lagouvernante des enfants de France,Louise de Prie, Philippe passe aux hommes en 1690 : leduc de Saint-Aignan est désigné comme son gouverneur, et celui-ci s'adjoint un précepteur, le grand théologien et pédagogueFénelon. La même année, le duc d'Anjou perd sa mère, ladauphineMarie-Anne de Bavière.
À la fin desannées 1690, le problème de lasuccession d'Espagne devient aigu[4]. Le dernier souverain espagnol de lamaison de Habsbourg,Charles II, surnomméel Hechizado (« l'Ensorcelé »), est un homme malingre et contrefait, de santé très délicate, victime de la politique matrimoniale endogamique de son lignage. Incapable d'engendrer des enfants malgré deux mariages consommés, il n'a pas d'héritier direct. Avant même sa mort, les grandes puissances européennes tentent de s'entendre pour partager ses nombreuses couronnes, ne pouvant se satisfaire que soit conservée l'intégrité de l'immenseempire espagnol[a].
Quoique arrière-petit-fils et petit-fils de deuxinfantes d'Espagne,Anne d'Autriche etMarie-Thérèse d'Autriche[b], les droits du duc d'Anjou à la succession espagnole ne sont tout d'abord pas envisagés. En effet son père le dauphin et son frère aîné le duc de Bourgogne détiennent davantage de droits que lui, si était remise en cause la validité de la renonciation de Marie-Thérèse à ses droits sur la couronne espagnole au moment de son mariage avecLouisXIV. D'ailleurs, ce dernier et les autres monarques européens s'étaient accordés pour déclarer que l'héritier du trône d'Espagne serait, dans le cas de la mort sans héritier deCharlesII,Joseph-Ferdinand de Bavière.
Ce premier traité de partition, confirmé àLa Haye en 1698, accordait à Joseph-Ferdinand les royaumes de la péninsule espagnole (sauf leGuipuscoa), laSardaigne, lesPays-Bas espagnols et lesterritoires américains ; à la France revenait le Guipuscoa,Naples et la Sicile ; à l'Autriche, leMilanais. À la mort prématurée du candidat bavarois en 1699, fut conclu un nouveau traité de partition, àLondres, en 1700, sans l'accord de l'Espagne. La France, la Hollande et l'Angleterre reconnaissaient comme roi l'archiducCharles d'Autriche, à qui étaient dévolus les royaumes de la péninsule, les Pays-Bas et les Indes occidentales ; leduc de Lorraine,LéopoldIer (gendre deMonsieur, frère de Louis XIV), recevait le Milanais à condition de céder laLorraine et leBarrois audauphin, qui recevait par ailleurs Naples, la Sicile et la Toscane. Mais l'archiduc Charles protesta, réclamant la totalité de l'héritage espagnol.
Cependant, pressé par son principal conseiller, lecardinal Portocarrero, et après avoir demandé l'avis du papeInnocentXII,CharlesII opte pour la solution française. Son espoir et celui de ses ministres était que la puissance française saurait prémunir l'empire espagnol de tout éclatement et que Louis XIV pourrait préserver cette intégrité au profit de son petit-fils.
Le, Charles II d'Espagne fait du jeune duc d'Anjou,16 ans, son légataire universel[c]. Il meurt peu de temps après, le.
La nouvelle de la mort deCharlesII parvient à la cour de France, qui séjournait alors auchâteau de Fontainebleau[6], le. Le, de retour àVersailles,LouisXIV annonce publiquement qu'il accepte le testament de son« cousin, beau-frère et neveu[d] ». Il présente alors son petit-fils, âgé de16 ans, à la cour, par ces mots : « Messieurs, voici le roi d'Espagne ». Puis il déclare à son petit-fils :« Soyez bon Espagnol, c'est présentement votre premier devoir ; mais souvenez-vous que vous êtes né Français pour entretenir l'union entre nos deux nations ; c'est le moyen de les rendre heureuses et de conserver la paix de l'Europe. » Le marquis de Castel dos Rios, ambassadeur d'Espagne, aurait ajouté :« Il n'y a plus de Pyrénées »[e]. À la suite de l'événement, toutes les monarchies européennes, à l'exception de l'Empire, reconnaissent le nouveau roi.
Immédiatement, Louis XIV traite son petit-fils en souverain : Philippe V quitte son appartement de l'aile du Nord, et loge au sein dugrand appartement, installant sa chambre à coucher dans lesalon de Mercure. Associé par son grand-père aux séances duconseil, le nouveau roi d'Espagne n'a que quelques semaines pour bénéficier des enseignements de son grand-père. Ces dernières semaines françaises sont aussi l'occasion de la commande de deux portraits emblématiques : l'un deLouis XIV en costume de sacre, et l'autre de Philippe V vêtu à l'espagnole. Ces œuvres, peintes parHyacinthe Rigaud, étaient destinées pour la première à suivre Philippe en Espagne, en forme de souvenir de son grand-père, et pour la seconde à jouer le même rôle à Versailles[7].
Philippe quitte finalement le palais de son enfance le, quelques jours avant son dix-septième anniversaire, pourvu d’Instructions en33 articles, écrites parLouisXIV lui-même et résumant sa conception du pouvoir. Accompagné d'une suite française, il pénètre en territoire espagnol le par la ville d'Irun, et fait son entrée triomphale dansMadrid le 18 février suivant.
Le jeune homme de 17 ans, propulsé sur l'un des plus importants trônes d'Europe, ne parle pas la langue de ses sujets et découvre à l'Alcazar de Madrid une atmosphère pesante. Au fil des années, suivant le modèle versaillais et sous l'influence de laprincesse des Ursins, Philippe parviendra à imposer ses réformes à la cour : dès 1703, il introduit les audiences royales, le dîner en public, les concerts ouverts à tous ; en 1705, il instaure une garde du corps et exige que le capitaine de cette unité soit assis à ses côtés à la chapelle, ce qui irrite lesgrands ; en 1709 enfin, une nouvelleétiquette est adoptée, compromis entre les anciens usages et ceux de lacour de France.
Le coup de tonnerre diplomatique constitué par l'accession au trône d'Espagne (et de ses possessions en dehors de la péninsule) d'un prince français[8] est accentué, au cours des mois suivants par une accumulation de motifs de tensions, notamment avec l'empereurLéopoldIer :
le, leParlement de Paris rappelle parlettres patentes, quePhilippeV conserve tous ses droits à la couronne de France[9]. Quand bien même le risque de réunion des couronnes française et espagnole semble minime[f], les monarchies européennes craignent de voir l'Espagne devenir un protectorat français ;
toujours au mois de février,LouisXIV, à la demande du conseil de régence espagnol, envoie des troupes occuper des garnisonshollandaises sur la frontière desPays-Bas espagnols, garnisons installées en vertu d'un traité bilatéral signé en1698 ;
par surcroît, à la mort en exil deJacques II Stuart au mois de septembre 1701, Versailles reconnaît le fils de celui-ci,Jacques-François, comme nouveau roi d'Angleterre et d'Écosse, causant le courroux de Londres ;
Le sursaut prend et le rapport de forces bascule : àMalplaquet, en septembre 1709, l'armée française commandée parVillars, bien que vaincue tactiquement, inflige de telles pertes aux Anglo-Prussiens qu'elle les oblige à se replier et à abandonner l'invasion de la France. Une contre-offensive permet aux forces françaises de repasser le Rhin et de prendreFribourg-en-Brisgau en 1713.
La guerre de Succession d'Espagne est non seulement un conflit international entre puissances européennes mais également une graveguerre civile :
de l'autre, la majeure partie de lacouronne d'Aragon, et notamment laCatalogne, donne son appui au candidat autrichien.
En Espagne, les combats sont favorables aux troupes « philippistes », parfois au prix de massacres et de destructions, comme lors dusiège de Xàtiva, ville incendiée en 1707.PhilippeV sauve ainsi son trône, grâce aux victoires d'Almansa en 1707 (due aumaréchal de Berwick), deVillaviciosa et deBrihuega en 1710 (dues augénéral duc de Vendôme).
En1713, les puissances européennes, épuisées par la guerre et craignant, comme l'archiducCharles vient d'être éluempereur, que lesHabsbourg obtiennent un pouvoir trop important, retirent leurs troupes et signentla paix d'Utrecht.PhilippeV est confirmé sur le trône d'Espagne, conserve l'immenseempire colonial, et sa couronne lui est reconnue par toutes les chancelleries européennes[g]. Le traité lui impose cependant d'importantes concessions :
la renonciation au trône de France pour lui et pour ses descendants ;
la renonciation au trône d'Espagne de tous les membres français de la maison de Bourbon ;
de lourdes pertes territoriales :Gibraltar etMinorque passent sous domination britannique, les territoires d'Italie sont attribués aux maisons de Savoie et de Habsbourg, et lesPays-Bas espagnols deviennent également autrichiens.
L'Espagne reste cependant sous influence française, par l'intermédiaire deJean Orry, chargé des finances, qui mène une politique de centralisation administrative.
La guerre de succession d'Espagne, 1701-1705.
Carte de la guerre de succession d'Espagne en 1706.
Carte de la guerre de succession d'Espagne de 1707 à 1709.
Carte de la guerre de succession d'Espagne de 1710 à 1715.
Jusqu'en 1736, la restauration de l'influence espagnole enItalie constitue l'axe principal de la politique extérieure du roi. Sous l'influence de sa seconde épouseÉlisabeth Farnèse et de son Premier ministreGiulio Alberoni,PhilippeV développe une ambitieuse politique, qui se concrétise par l'invasion de laSardaigne autrichienne en 1717, puis de laSicile des Savoie en 1718. En réaction, laQuadruple-Alliance[11], à laquelle se joint leduché de Savoie, entre enguerre contre l'Espagne. Cette dernière est vaincue : par letraité de La Haye de1720,PhilippeV doit éloigner Alberoni, mais il obtient cependant la reconnaissance des droits dynastiques sur les duchés italiens pour son second fils, l'infantCharles.
L'Espagne se rapproche alors de laFrance par une politique de triple mariage, conclue par un traité de fiançailles signé àParis le : le jeuneroi de FranceLouisXV, douze ans (neveu de Philippe), est promis à l'infanteMarie-Anne-Victoire d'Espagne, sa cousine de quatre ans ; l'héritier du trône espagnolLouis et l'héritier des duchés italiens Charles sont promis à deux filles durégentPhilippe d'Orléans, respectivementLouise-Élisabeth etPhilippine-Élisabeth. Le prince Louis épouse effectivement Louise-Élisabeth en 1722, et, deux ans après,PhilippeVabdique en sa faveur, mais le nouveau roi d'Espagne meurt de lavariole, après seulement sept mois de règne, contraignant son père à reprendre la couronne[12].
Le, les Français rompent les fiançailles deLouisXV avec l'infante Marie-Anne-Victoire[h], et en représailles la reine Louise-Élisabeth, veuve deLouisIer d'Espagne, et Philippine-Élisabeth, la fiancée de Charles, sont renvoyées en France. Élisabeth Farnèse décide alors de traiter avec l'Autriche qui est le principal obstacle à l'expansion espagnole dans la péninsule italienne. Elle propose de fiancer ses fils aux filles de l'empereurCharlesVI : l'infant Charles avec l'archiduchesseMarie-Thérèse etPhilippe, son second fils, avec l'archiduchesseMarie-Anne. L'alliance entre les deux puissances est confirmée par letraité de Vienne du, qui prévoit la renonciation définitive deCharlesVI au trône d'Espagne au profit dePhilippeV et son soutien à une tentative pour libérerGibraltar de l'occupation britannique. Mais laguerre anglo-espagnole (1727-1729) se conclut par le maintien de la souveraineté britannique sur le rocher et, au cours des négociations de paix,CharlesVI abandonne le principe du mariage de ses filles avec les infants espagnols.
Par conséquent,PhilippeV rompt l'alliance avec l'Autriche et conclut avec la Grande-Bretagne et la France, le, letraité de Séville qui garantit à son fils Charles le droit d'occuper leduché de Parme et Plaisance et legrand-duché de Toscane, au besoin par la force. Justement, le ducAntoine Farnèse meurt le, mais il a nommé comme successeur le« ventre enceint » de son épouseEnrichetta d'Este, ce qui écarte provisoirement Élisabeth Farnèse de la succession. La duchesse est examinée par un groupe de médecins et de sages-femmes qui la déclarent enceinte de six mois, mais la reine d'Espagne fait constater qu'il s'agit d'une mise en scène. En adhérant, le, audeuxième traité de Vienne, elle obtient de l'empereur, qui a fait occuper le duché par le comte Carlo Stampa, son lieutenant en Italie, la cession de Parme et Plaisance au jeune infant[i]. Le, le gouvernement du duché est confié àDorothée-Sophie de Neubourg, grand-mère maternelle et tutrice de l'infant Charles.
Le règne dePhilippeV est également marqué par la rivalité maritime avec laGrande-Bretagne. L'Espagne se bat contre les avantages acquis par les Anglais au traité d'Utrecht, et le règne dePhilippeV est émaillé d'incidents maritimes, comme en 1739-1748, lors de laguerre de l'oreille de Jenkins.
Au cours du règne de Philippe, l'Espagne redevient une grande puissance maritime. La marine tient laMéditerranée occidentale, bien que les Anglais occupent toujoursGibraltar etMinorque.
La France et l'Espagne passent plusieurs accords d'alliance, appelés communément « pactes de famille », dont le but est principalement l'opposition à l'Autriche ou à la Grande-Bretagne :
La politique du règne dePhilippeV est marquée par le modèle « louis-quatorzien » de l'État absolutiste etcentralisateur. Les réformes engagées représentèrent un changement radical par rapport au système précédemment mis en place par lamaison d'Autriche. Ils marquent une étape fondamentale dans l'élaboration d'un esprit national, notamment par l'imposition ducastillan comme langue exclusive dans l'administration et le gouvernement, et la modernisation de l'appareil d'État espagnol.
Mais il faut remarquer que, siPhilippeV tenta de se comporter en monarque absolu, il ne le fut jamais véritablement. Il était sujet, depuis l'adolescence, à des crises dedépression, deneurasthénie et demélancolie — que sa femmeÉlisabeth Farnèse prétendit soigner en faisant venir lechanteurcastratFarinelli.PhilippeV ne put, à plusieurs reprises, assumer personnellement la charge du pouvoir, et il fut alors le jouet de ses ministres ou de courtisans, comme laprincesse des Ursins. Le àGuadalajara, il épouse grâce à l'entremise de l'abbéGiulio Alberoni la nièce duduc de Parme,Élisabeth Farnèse, qui fait renvoyer prestement la princesse des Ursins.PhilippeV passe alors sous la coupe de son épouse et d'Alberoni, nommé ministre.
Le gouvernement fut recomposé desecrétaires d'État, dont les charges étaient occupées par des fonctionnaires nommés par le roi.
Décret de Nueva Planta.
Mais l'exemple le plus éclatant de réforme centralisatrice et autoritaire sont lesdécrets de Nueva Planta, pris entre 1707 et 1716 (décret de 1707 pour l'Aragon etValence, de 1715 pourMajorque et de 1716 pour laCatalogne), qui sont une série d'ordonnances royales (reales cédulas) établissant la « nouvelle base » (« nueva planta ») des audiences royales contrôlant les territoires des deux couronnes. Les décrets furent précédés de l'abolition des institutions propres à chaque région : abolition desfors des royaumes de la couronne d'Aragon qui avaient pris parti contre lui lors de la guerre, dissolution de l'organisation territoriale des royaumes de la couronne de Castille et annulation des privilèges en vigueur dans ses municipalités. Ces décrets imposaient ensuite un modèle juridique, politique et administratif commun à toutes les provinces d'Espagne[j].
L’État fut organisé en provinces, gouvernées par unCapitaine général (Capitán General) et une Cour de justice, chargés de l'administration et devant répondre directement au gouvernement de Madrid. Pour l'administration économique et financière furent établies, sur le modèle français, lesIntendances provinciales (Intendencias provinciales). Les Conseils des territoires disparus ou perdus par la Couronne, c'est-à-dire d'Aragon, de Flandre et d'Italie, furent abolis, et concentrés dans le seulConseil de Castille ; seuls perdurèrent les Conseils de Navarre et des Indes. Progressivement, lesCortes de Castille intégrèrent les représentants des anciens territoires aragonais ; le pouvoir des Cortes en tant que tel, vu comme un frein au pouvoir royal, diminua.
PhilippeV fut confronté à la situation économique et financière d'un État ruiné. Il lutta contre lacorruption. Dans le domaine fiscal, il s'efforça de ne pas établir de nouveaux impôts afin de rendre plus équitable la charge fiscale.
Dans le domaine économique, il opta pour des positionsmercantilistes :
il favorisa l'agriculture, et interdit l'exportation des grains ;
il interdit l'importation de produits textiles et créa desmanufactures royales ;
il s'efforça de réorganiser le commerce colonial par la création de compagnies de commerce dotées de privilèges, sur les modèles anglais etnéerlandais.
Comme conséquence des nécessités de la guerre et suivant le modèle français,PhilippeV réalisa une profonde réorganisation de l'armée. Il substitua aux ancienstercios une nouvelle organisation militaire enbrigades,régiments,bataillons,compagnies etescadrons. On introduisit plusieurs nouveautés, comme lesuniformes ou lesfusils à baïonnette.
PhilippeV s'attaqua également à la reconstruction de la marine espagnole. Il fit construire de nouveaux navires modernes et mieux équipés. Il regroupa également les différentes flottes dans l'Armada Española en 1717. Dans cette œuvre, il s'appuya particulièrement sur l'action de son intendant général de la Marine,José Patiño Rosales.
PhilippeV a favorisé et promu le commerce atlantique de l'Espagne avec sespossessions américaines. Au cours de ce commerce atlantique se sont élevées des figures importantes de l'histoire navale de l'Espagne, parmi lesquelles se distingue lecorsaireAmaro Pargo.PhilippeV couvrit fréquemment les incursions commerciales du corsaire : il donna un ordre royal auPalais du Pardo àMadrid en, dans lequel il le nomma capitaine d'un navire commercial à destination deCaracas[13]. Le roi intercéda également dans la libération d'Amaro pendant sa détention par laCasa de Contratación deCadix[14],[15] et l'autorisa à construire un navire à destination deCampeche, qui était armé comme un bateau corsaire[14].
Palais royal de la Granja de San Ildefonso.Première édition des statuts de la « Real Academia Española » (1715).
Suivant l'exemple deLouisXIV, qui considérait la culture et les arts comme un moyen de montrer la grandeur royale,PhilippeV s'efforça de développer les arts. Il ordonna ainsi la construction dupalais royal de la Granja de San Ildefonso, inspiré par lestyle classique français. Pour décorer la Granja,PhilippeV fit l'acquisition de la collection de sculptures deChristine de Suède. Il s'occupa aussi de la reconstruction dupalais royal de Madrid, après l'incendie de l'Alcázar, et dupalais d'Aranjuez. Le goût italien fut cependant prépondérant à la cour espagnole, sous l'influence d'Élisabeth Farnèse. Le règne dePhilippeV correspond également à l'introduction dustyle rococo.
PhilippeV s'occupa enfin de la fondation d'institutions culturelles chargées d'établir un contrôle sur l'évolution des sciences et des arts, comme l'Académie royale espagnole, approuvée en 1714, dont la tâche consiste à normaliser lalangue espagnole, dans l'intention de« fixer les sons et les mots de la langue castillane dans leur plus grande propriété, élégance et pureté »[16], ou encore l'Académie royale d'histoire, chargée d’étudier l’histoire« antique et moderne, politique, civile, ecclésiastique, militaire, de la science, des lettres et des arts, c’est-à-dire, des diverses branches de la vie, de la civilisation et de la culture du peuple espagnol », fondée en 1735. Il faut remarquer que ces fondations se font sur le modèle français[k].
Le,PhilippeV confirma par décret qu'il abdiquait en faveur de son filsLouisIer. Le prince reçut les documents le 15 et les fit publier le lendemain. Les motifs de cette abdication ne sont pas véritablement éclaircis. Certains historiens ont pu avancer qu'il se préparait à monter sur le trône de France, profitant de la mort attendue deLouisXV ; d'autres qu'il était conscient de son incapacité à gouverner à cause de sa maladie. MaisLouisIer étant trop jeune et insouciant, ce sont ses parents qui continuèrent à s'occuper du gouvernement.
LouisIer ne régna que sept mois. À sa mort,PhilippeV redevint roi, malgré les droits de son deuxième fils,Ferdinand, alorsprince des Asturies.
PhilippeV meurt le et, contrairement à la tradition qui, depuisCharles Quint, veut que les monarques espagnols soient enterrés au palais de l'Escurial, est enterré en sonpalais San Ildefonso.
PhilippeV épouse le àFigueras (à lafrontière franco-espagnole, enCatalogne)Marie-Louise de Savoie. De cette union naissent quatre fils : les trois premiers reçoivent des prénoms d'origine française inusités à la cour d'Espagne, le quatrième un prénom remontant à l'époque d'avant lesHabsbourg, en hommage au premier roi espagnol canonisé par l'Église[18] (FerdinandIII de Castille) :
LouisIer (Madrid, - Madrid,), roi des Espagnes et des Indes (1724) ;
CharlesIII d'Espagne (Madrid, - Madrid,), duc de Parme et Plaisance (1731-1736),roi des Deux-Siciles (1735-1759) et roi des Espagnes et des Indes de 1759 à 1788 ;
Louis Antoine d'Espagne ( -), archevêque de Tolède, primat d'Espagne et cardinal jusqu'à l'âge de 8 ans, il devint comte de Chinchon ; en 1776, il épousa Marie-Thérèse Vallabriga (1758-1785) par unmariage inégal ;
À sa naissance, en qualité defils de France, le futur Philippe V n'avait pas d'autre nom que celuide France. S'il avait vécu dans son royaume d'origine et qu'il y avait fait souche, sa descendance aurait alors pris le nomd'Anjou, en référence à son apanage. À la différence de lamaison d'Autriche, appelée indifféremmentcasa de Austria oucasa de Habsburgo en espagnol, l'usage du nom de Bourbon s'est cependant imposé en Espagne plutôt que celui de France, et lamaison royale a adopté ce nom (Casa de Borbón en espagnol). L'appellation de maison de Bourbon-Anjou (Casa de Borbón-Anjou) est également fréquemment utilisée s'agissant de sa descendance à lanationalité espagnole issue desmâles.
↑En cas de mort sans descendance légitime ou d'accession au trône de France du duc d'Anjou, la couronne espagnole devait revenir à son frère cadet, leduc de Berry, puis à l'archiduc Charles, et à défaut auduc de Savoie, au détriment de « Monsieur », duc d'Orléans, dont les droits hérités de sa mère l'infante Anne auraient dû lui assurer d'être placé juste après le duc de Berry et avant l'archiduc Charles. Le frère deLouisXIV protestera contre cette injustice par devant deux notaires le[5].
↑CharlesII etLouisXIV étaient cousins car la mère deLouisXIV, Anne d'Autriche, et le père deCharlesII,PhilippeIV, étaient frère et sœur.CharlesII était le beau-frère deLouisXIV, car sa sœur Marie-Thérèse avait épousé le roi français. Enfin,CharlesII était neveu deLouisXIV pour avoir épousé en premières noces la nièce de ce dernier,Marie Louise d'Orléans, fille dePhilippeIer d'Orléans, frère du roi.
↑Cette phrase, attribuée par leMercure galant au marquis de Castel dos Rios, n’a vraisemblablement jamais été prononcée.
↑LeGrand Dauphin est en âge de régner et en parfaite santé, et son filsLouis, grand-frère dePhilippeV et père du futurLouis XV, est lui aussi marié et en âge de régner.
↑Excepté l'Autriche, qui maintient ses réclamations jusqu'en 1725.
↑Âgée de sept ans, l'« infante-reine » Marie-Anne-Victoire est trop jeune pour être mère, alors que la France a rapidement besoin d'undauphin.
↑En contrepartie, elle reconnait laPragmatique Sanction, document qui permet à l'archiduchesse Marie-Thérèse de succéder à son père sur le trône des Habsbourg. La Pragmatique Sanction devait être reconnue par toutes les puissances européennes pour prendre effet. C'est pourquoiCharlesVI, déterminé à assurer l'avenir de sa dynastie, fut amené à faire des compromis en vue d'obtenir une approbation générale du document.
↑Seules les provinces basques, navarraises et aranaise, qui avaient démontré leur fidélité durant la guerre, purent conserver leurs institutions forales anciennes.
↑L'Académie royale espagnole est clairement fondée sur le modèle de l'Académie française.
↑CatherineDésos,« Chapitre 1. L’Espagne de 1701 offre-t-elle un terreau favorable à une implantation française ? », dansLes Français de Philippe V : Un modèle nouveau pour gouverner l'Espagne (1700-1724), Presses universitaires de Strasbourg,coll. « Sciences de l’histoire »,, 21–57 p.(ISBN979-10-344-0425-4,lire en ligne)
↑[réf. nécessaire]En droit français de l'époque, la couronne n'appartient pas à la personne du roi, elle est au-dessus de la personne royale ; en conséquence de quoiPhilippeV n'avait pas le droit de renoncer à la couronne si celle-ci devait lui échoir, et il était en théorie obligé de l'accepter. En pratique il y renoncera en1712, car c'était une conditionsine qua non des négociations de paix imposées par laGrande-Bretagne après onze années de guerre. La renonciation dePhilippeV, discutable d'un point de vue juridique mais enregistrée dans lestraités d'Utrecht, est l'une des pierres d'achoppement dans la querelle entreorléanisme etlégitimisme.[réf. nécessaire]
↑Philippe Erlanger, « Philippe V d'Espagne : un roi baroque, esclave des femmes », Paris, Perrin, 1978, 408 p.(ISBN2-262-00117-0)
[Collectif],Du Duc d'Anjou à Philippe V, 1993, (catalogue de l'exposition présentée à l'orangerie du domaine de Sceaux), Musée de l'Ile de France, 221 pages ;
Philippe Erlanger,PhilippeV d'Espagne, Librairie Académique Perrin, ;
(es)Henry Kamen,FelipeV. El rey que reinó dos veces [« PhilippeV, le roi qui régna deux fois »], Madrid, Temas de Hoy,
Jean-François Labourdette,PhilippeV, réformateur de l'Espagne, Sicre Editions, ;
(es)Ricardo García Cárcel(es),FelipeV y los españoles. Una visión periférica del problema de España [« PhilippeV et les Espagnols : une vision périphérique du problème de l’Espagne »], Barcelone, Plaza & Janés,, 350 p.(ISBN84-01-53056-3)
Suzanne Varga,PhilippeV, Roi d'Espagne Petit-fils deLouisXIV, Pygmalion,
Catherine Désos,Les Français dePhilippeV : Un modèle nouveau pour gouverner l'Espagne 1700-1724, Presses universitaires de Strasbourg,.