Pour les articles homonymes, voirSéguin.
| Philippe Séguin | |
Philippe Séguin en 1997. | |
| Fonctions | |
|---|---|
| Premier président de la Cour des comptes | |
| – (5 ans, 5 mois et 17 jours) | |
| Prédécesseur | François Logerot |
| Successeur | Alain Pichon(intérim) Didier Migaud |
| Président duRassemblement pour la République | |
| – (1 an, 9 mois et 10 jours) | |
| Prédécesseur | Alain Juppé |
| Successeur | Nicolas Sarkozy(intérim) Michèle Alliot-Marie |
| Président de l'Assemblée nationale | |
| – (4 ans et 19 jours) | |
| Élection | 2 avril 1993 |
| Législature | Xe(Cinquième République) |
| Prédécesseur | Henri Emmanuelli |
| Successeur | Laurent Fabius |
| Ministre des Affaires sociales et de l'Emploi | |
| – (2 ans, 1 mois et 20 jours) | |
| Président | François Mitterrand |
| Premier ministre | Jacques Chirac |
| Gouvernement | Chirac II |
| Prédécesseur | Georgina Dufoix (Affaires sociales) Michel Delebarre (Travail) |
| Successeur | Michel Delebarre |
| Maire d'Épinal | |
| – (14 ans, 7 mois et 22 jours) | |
| Prédécesseur | Pierre Blanck |
| Successeur | Michel Heinrich |
| Vice-président de l'Assemblée nationale | |
| – (4 ans, 8 mois et 29 jours) | |
| Élection | 3 juillet 1981 |
| Président | Louis Mermaz |
| Législature | VIIe(Cinquième République) |
| Député français | |
| – (13 ans, 11 mois et 26 jours) | |
| Élection | 12 juin 1988 |
| Réélection | 21 mars 1993 1er juin 1997 |
| Circonscription | 1re des Vosges |
| Législature | IXe,Xe etXIe(Cinquième République) |
| Groupe politique | RPR |
| Prédécesseur | Proportionnelle par département |
| Successeur | Michel Heinrich |
| – (7 ans, 11 mois et 30 jours) | |
| Élection | 19 mars 1978 |
| Réélection | 21 juin 1981 16 mars 1986 |
| Circonscription | 1re des Vosges(1978-1981) Vosges(1986) |
| Législature | VIe,VIIe etVIIIe(Cinquième République) |
| Groupe politique | RPR |
| Prédécesseur | Marcel Hoffer |
| Successeur | Alain Jacquot |
| Biographie | |
| Nom de naissance | Philippe Daniel Alain Séguin |
| Date de naissance | |
| Lieu de naissance | Tunis (Tunisie) |
| Date de décès | (à 66 ans) |
| Lieu de décès | Paris 16e (France) |
| Nature du décès | Crise cardiaque |
| Sépulture | Bagnols-en-Forêt (France) |
| Nationalité | Française |
| Parti politique | UNR,UDR,RPR |
| Enfants | Quatre, dontCatherine Séguin |
| Diplômé de | IEP d'Aix-en-Provence ENA |
| Profession | Conseiller-maître à la Cour des comptes |
| Religion | Catholicisme |
| Présidents de l'Assemblée nationale Maires d'Épinal | |
| modifier | |
Philippe Séguin[se.gɛ̃][1], né le àTunis (Tunisie) et mort le àParis, est un magistrat ethomme d'Étatfrançais.
Il estdéputé desVosges entre 1978 et 2002,maire d’Épinal de 1983 à 1997 etministre des Affaires sociales et de l'Emploi pendant lapremière cohabitation. Il est une figure emblématique du « non » auréférendum de 1992 sur le traité de Maastricht.
Président de l'Assemblée nationale de 1993 à 1997, il apporte son soutien àJacques Chirac lors de l'élection présidentielle de 1995, avant de prendre ses distances avec lui. Il préside ensuite leRassemblement pour la République (RPR) jusqu'en 1999 et se présente sans succès à lamairie de Paris auxélections de 2001.
De 2004 à sa mort soudaine en 2010, il estpremier président de la Cour des comptes. Dénonçant les dérives des finances publiques, il donne de la visibilité à cette institution et mène une importante réforme des juridictions financières.
Orateur redouté, il se présente comme ungaulliste social et incarne une droite souverainiste souvent en décalage avec les lignes dominantes de sa famille politique.
Philippe Séguin est né sous les bombardements le, à Tunis, à la limite du quartier moderne et du quartier israélite[2]. Sa mère, Denise, est la fille du Niçois Joseph Danièle, arrivé en Tunisie à vingt-huit ans pour devenir directeur du Crédit lyonnais à Sousse, puis à Bizerte et agent d'affaires à Tunis, et d'Adèle Nicolas, fille d'un entrepreneur de travaux publics important de Tunis[3].
Le père de Philippe Séguin, Robert Séguin, est un athlète puisqu'il est champion d'Afrique du Nord du cent dix mètres haies et vice-champion de France[4]. S'étant engagé dans le4e régiment de tirailleurs tunisiens au moment de la libération de la Tunisie, intervenue quelques jours après la naissance de son fils, il meurt pour la France à l'âge de vingt-trois ans dans les combats, en, àGlainans[5] dans le Doubs, alors que Philippe Séguin est âgé d'un an[6].
Mais selonMichel Taubmann, le réel géniteur de Philippe Séguin serait Albert Hayat, commerçant juif de Tunis[3] et employeur de Denise. Cette thèse est contestée par la famille Séguin[7].La question est cependant décrite comme bien connue dans l'entourage de Philippe Séguin. Un ancien ministreUMP explique : « On ne peut rien comprendre à Philippe, si on ignore à quel point il était coupé en deux. L’homme politique voulait incarner un patriotisme inspiré par l’exemple d’un père, Robert Séguin, mort au champ d’honneur. Mais l’homme privé souffrait d’avoir appris à l’âge adulte l’existence d’un autre père, moins glorieux. »[3] Jean-Pierre Allali, historien du judaïsme tunisien, commente sur cette rumeur connue depuis des décennies: « Est-ce vrai ? Je ne sais pas. Est-ce plausible ? Bien sûr. À cette époque, il y a eu des cas de substitution de père ou demariages arrangés pour sauver l’honneur d’une jeune fille. »[3]
Dans ses Mémoires, Philippe Séguin écrit quelques lignes, dans le cadre d’une réflexion générale sur la cohabitation entre communautés, qui pourraient être interprétées comme une allusion à la situation de sa mère : « Rien ne faisait plus scandale dans la bonne société, que la rumeur d’une liaison, réelle ou supposée, d’une Française avec un juif – fût-il français – ou, pis encore, avec un Arabe »[3]. À la mort d'Albert Hayat en août 1995, Séguin écourte ses vacances pour assister à son enterrement dans le carré juif d'un cimetière parisien, où la présence de cette figure publique à la maigre cérémonie, dans un Paris vidé de ses habitants à ce moment de l'année, ne passe pas inaperçue, la famille Hayat comprenant ainsi un lien secret avec Séguin[3].
Pupille de la Nation, il étudie aulycée Carnot deTunis. À l'indépendance de laTunisie, sa mère, Denyse Séguin Daniele, institutrice, décide de rentrer enFrance pour vivre àDraguignan, où son fils la rejoint à douze ans[8]. Philippe Séguin poursuit ses études à l'École normale d'instituteurs duVar puis de Nîmes, où il passe son baccalauréat (section philosophie) en 1959[9].
Licencié en histoire et diplômé d'études supérieures d’histoire à la faculté des lettres d'Aix-en-Provence, il milite au cours de ces premières années d'études au sein de l'UNEF Aix-en-Provence, à un moment où celle-ci dénonce la poursuite de la guerre d'Algérie ; il en est vice-président en 1962. Il travaille une année comme pigiste au journalLe Provençal (1963-1964), où Gaston Defferre le remarque et lui propose de l'embaucher.
Il préfère toutefois poursuivre ses études à l'Institut d'études politiques d'Aix-en-Provence, dont il sort diplômé en 1967, avec la plus haute moyenne jamais atteinte alors (16/20 dont 16/20 au Grand Oral)[10]. Il y enseignera par la suite[11], et présidera son conseil d'administration de à sa mort.
Séguin prépare le concours de l'École nationale d'administration afin de devenir haut fonctionnaire. Il passe le concours en 1966 pour la première fois, alors qu'il n'a pas fini son cursus à l'IEP d'Aix, et n'est pas admis[12]. Il repasse le concours l'année suivante ; il est admissible parmi les derniers, mais réussit une remontée nette et est admis[12].
Il étudie au sein de lapromotion « Robespierre » (-)[12]. Il effectue son stage préfectoral enPolynésie française[12]. Il en sort septième sur cent six, ce qui lui permet de choisir la Cour des comptes en juin1970, en tant qu'auditeur de seconde classe. En, il devient auditeur de première classe.
En 1968, Philippe Séguin épouse Marie-Violaine Loniewska, avec qui il a trois enfants : Patrick,Catherine[13] et Pierre. D'un second mariage avec Béatrice Bernascon (1939-2011), ancienne épouse deJacques Toubon, il a une fille, Anne-Laure[14].
Membre de l'Union pour la nouvelle République (UNR) puis de l'Union des démocrates pour la République (UDR), Philippe Séguin commence sa carrière politique en travaillant dans différents cabinets ministériels. En, il est chargé de mission au secrétariat général de la présidence de la République sousGeorges Pompidou. Puis, sous la présidence deValéry Giscard d'Estaing, il devient, en, adjoint au directeur de l'éducation physique et des sports auprès du secrétaire d'État auprès du ministre de la Qualité de vie.
Il enseigne par ailleurs à l'IEP d'Aix-en-Provence puis à l'Institut d'études politiques de Paris[11].
En, Philippe Séguin réintègre la Cour des comptes, avant de revenir en politique en, comme chargé de mission au secrétariat d'État aux Relations avec le Parlement puis d'être chargé de mission au cabinet duPremier ministreRaymond Barre, d' à. Entretemps, il est nommé, en, conseiller référendaire de seconde classe à la Cour des comptes. Pourtant, il peine à trouver ses marques : ferventgaulliste, il ne se reconnaît pas dans la politique deGeorges Pompidou, deRaymond Barre ou deValéry Giscard d'Estaing : il crée donc peu à peu son propre style, le « séguinisme ».
Enavril 1978, Philippe Séguin est élu député de la1re circonscription des Vosges, mandat qu'il conserve jusqu'en 1986, date de son entrée au gouvernement. Il est également vice-président duconseil régional deLorraine de 1979 à 1983, puis est élu, au premier tour,maire d'Épinal en (il sera réélu en 1989 et 1995). Entre 1984 et 1986, il occupe les postes de secrétaire national duRPR pour les affaires sportives, pour les problèmes des rapatriés, puis chargé de la décentralisation.
En 1981, il prononce, à l'Assemblée nationale, un discours pour soutenir l'abolition de lapeine de mort. Il est, avecJacques Chirac, un des rares députés d'opposition à soutenir cette réforme emblématique du nouveau présidentFrançois Mitterrand. En tant que vice-président de l'Assemblée nationale, c'est lui qui annonce le résultat du vote le[15].
En, il est nommé ministre des Affaires sociales et de l'Emploi dans legouvernement Jacques Chirac, lors de lapremière cohabitation. Se présentant alors comme un « libéral de progrès », il va défendre des projets de loi marquées par plus de dérégulation, mais aussi par une certaine influence de son affinité « gaulliste sociale ».
Confronté à unchômage en hausse (situé à hauteur de 10,5 % des actifs en1986), le gouvernement décide de rendre le marché du travail plus flexible et c'est Philippe Séguin qui est chargé de préparer et de défendre la loi qui, dès le, supprime l'autorisation administrative delicenciement. Celle-ci lui vaut les critiques de certains syndicats tels que laCGT dont le secrétaire généralHenri Krasucki dit « qu’il est pieds et poings liés par le grand capital » tandis que l'opposition l'accuse d'être au service d'un patronat « revanchard et opportuniste »[16].
La loi du d'aménagement du temps de travail, dite « loi Séguin », va aussi dans le sens d'une plus grande flexibilité en abandonnant l’objectif deréduction du temps de travail qui devient une contrepartie facultative de lamodulation. Elle permet de recourir au travail en continu pour raisons économiques et assouplit le régime des repos compensateurs, tandis que le module hebdomadaire, jugé trop rigide, est éclaté[17]. Dans un contexte marqué par une meilleure conjoncture internationale et une baisse du prix dupétrole, le nombre de demandeurs d'emploi diminue légèrement entre1986 et1988, avec un taux de chômage passant de 10,5 % en1986 à 10,3 % en1987 puis à 9,8 % en1988, sans obtenir toutefois une réelle stabilisation[18].
En contrepartie de ces mesures d'inspirationlibérales, Philippe Séguin va également soutenir plusieurs textes visant à renforcer le poids des salariés dans l'entreprise, ou à réduire certaines inégalités. Il fait ainsi partie des ministres, comme celui de l'Économie et des Finances,Édouard Balladur, qui élaborent les ordonnances du allant dans le sens du vieux projet gaulliste de laparticipation des salariés aux résultats des entreprises. Elles prévoient de nouvelles exonérations fiscales sur laparticipation, notamment en matière d'impôt sur les sociétés, le report des déficits antérieurs, ainsi que la prise en compte du personnel temporaire pour la détermination des seuils, tout en assouplissant les règles de l'intéressement et de l'abondement de l'entreprise auPEE[19]. Philippe Séguin est à l'origine de plusieurs autres mesures sociales en faveur de l'emploi, dont l'ordonnance du subordonnant le recours autravail intermittent par les entreprises à la signature d'un accord préalable, ainsi que de la loi du pour la lutte contre le chômage de longue durée et de celle, entrée en vigueur le même jour, en faveur de l'emploi des travailleurs handicapés qui introduit pour la première fois dans lecode du travail la notion d'« Obligation d'emploi » pour ces derniers, avec une politique de discrimination positive instaurant un quota de 6 % d'employés handicapés dans les entreprises de plus de 20 salariés. 710 000 stages « emploi-formation » pour les jeunes de 16 à 25 ans sont également créés.
Après la réélection deFrançois Mitterrand en1988, Philippe Séguin retrouve son mandat de député, jusqu'auxélections législatives de 2002.
La défaite deJacques Chirac à l'élection présidentielle de 1988 sur fond d’affrontements avecValéry Giscard d’Estaing etRaymond Barre sème le doute au RPR et dans le reste de la droite. Philippe Séguin saisit l'occasion pour prendre, en 1989 puis 1990, deux initiatives qui vont échouer.
Après lesélections municipales de mars 1989, et avant lesélections européennes prévues pour juin de la même année, douze jeunesdéputés de l'opposition (six RPR et sixUDF) se retrouvent réunis par un ressentiment partagé envers les trois « anciens » leaders (Barre, Chirac, Giscard), devenus à leurs yeux synonymes de « machine à perdre ».
Il s'agit, pour le RPR, de Philippe Séguin,Michel Noir,Alain Carignon,Étienne Pinte,Michel Barnier etFrançois Fillon, et pour l'UDF deDominique Baudis,François Bayrou,Charles Millon,François d'Aubert,Philippe de Villiers etBernard Bosson. Lesrénovateurs ambitionnent alors de présenter une liste unique d’opposition aux élections européennes de[20],[21].
La popularité de Dominique Baudis et Michel Noir (récemment élu maire de Lyon) vaut un certain succès, notamment médiatique, au mouvement. Toutefois des dissensions apparaissent, en particulier sur l'Europe, où les positions souverainistes de Philippe Séguin s'avèrent incompatibles avec l'approche fédéraliste de François Bayrou. Finalement, la tentative des « rénovateurs » échoue, la liste conduite parSimone Veil auxélections européennes recueillant seulement 8,43 % des voix.
Début 1990, à l'approche des assises duRPR où pour la première fois, la formation gaulliste va désigner ses instances dirigeantes à la proportionnelle, Philippe Séguin fait alliance avecCharles Pasqua[22] pour « régénérer le RPR » en s'inspirant « du message du général de Gaulle ». Ils sont notamment accompagnés dans leur démarche parFrançois Fillon,Michel Barnier, Étienne Pinte,Franck Borotra,Élisabeth Hubert,Jean de Boishue etJacques Kosciusko-Morizet. Tous défendent une lignesouverainiste sur les questions européennes et se réclament d'une position authentiquement gaulliste.
Sentant le danger,Jacques Chirac, qui avait initialement prévu de se tenir au-dessus de la mêlée, s'engage fermement en faisant sien le texte proposé parAlain Juppé. Finalement, le courant Pasqua-Séguin n'obtient que 31,68 % des voix lors des assises du RPR auBourget, le, contre 68,32 % pour la motion d'Alain Juppé, permettant à Jacques Chirac de rester président du parti[23].

En 1992, la carrière politique de Philippe Séguin connaît un tournant, lorsqu'il s'engage avecCharles Pasqua pour le « non » auréférendum sur le traité de Maastricht, alors que les dirigeants de sa famille politique sont majoritairement en faveur de l'adoption. Fidèle à la tradition gaulliste et attaché à l'implication de l'État dans le domaine social, il estime que letraité européen est une menace pour l'indépendance de laFrance.
Le, il prononce un discours remarqué à l'Assemblée nationale, dans lequel il pourfend la « logique » fédérale du traité et réclame un référendum[24]. LeprésidentFrançois Mitterrand lui donne satisfaction le suivant. Le, ce dernier accepte undébat télévisé avec celui qui est considéré comme le leader du « non », au grand amphithéâtre de laSorbonne[25].
Malgré la courte victoire du « oui » (tout juste 51 %), qui était pourtant crédité de 70 % au début de la campagne[26], la notoriété de Philippe Séguin en sort renforcée[27]. Ce dernier poursuit alors, sur un mode plus discret, un lobbying dans les milieux économiques et financiers, pour trouver une solution aux excès de la politique dite du "franc fort", sur fond de dévaluations au sein dusystème monétaire européen, qui selon lui se traduit par destaux d'intérêt maintenus trop longtemps à un niveau trop élevé[réf. nécessaire].
Enavril 1993, après la large victoire de la Droite dans le cadre de l'UPF auxélections législatives, Philippe Séguin est éluprésident de l'Assemblée nationale par 389 voix contre 59 àAndré Labarrère[28], atteignant l'apogée, quatre ans durant, de sa carrière politique. Son combat consiste à protéger l'autonomie des parlementaires face au gouvernement. Il instaure levote électronique, rendant impossible la pratique jusqu'alors tolérée de vote par procuration en masse, et obtient la session unique en 1995.
En février 1994, un mouvement de jeunesse, lerassemblement pour une autre politique, est créée pour soutenir Séguin face aux tendances opposées du RPR[29].
Par ailleurs, Philippe Séguin montre sa sympathie pour lemouvement souverainiste du Québec[30] en aidant les indépendantistes lors de lavictoire en 1994 duParti québécois deJacques Parizeau, puis lors duréférendum de 1995 sur la souveraineté du Québec. Séguin fut invité à la Chaire Raoul-Dandurand en études stratégiques et diplomatiques et enseigna alors à l'Université du Québec à Montréal. Il publiaPlus Français que moi, tu meurs !, un livre sur le Québec, son histoire et son avenir de coopération avec la France dans le contexte actuel d'accélération de lamondialisation.
Lors de lacampagne présidentielle de 1995, Philippe Séguin apporte un franc soutien àJacques Chirac.
Il joue un rôle-clé puisqu'il est l'un des inspirateurs de son discours sur la fameuse « fracture sociale », avecHenri Guaino. Mais contrairement aux pronostics, Philippe Séguin n'est pas nomméPremier ministre une fois Jacques Chirac élu président de la République, et c'est l'un de ses concurrents de toujours,Alain Juppé, qui est nommé à Matignon[31]. Il reste doncprésident de l'Assemblée nationale jusqu'en.
Après la dissolution de l'Assemblée nationale décidée par Jacques Chirac, et ce malgré son avis défavorable, Philippe Séguin, au cours de la campagne électorale deslégislatives anticipées, se rapproche des libéraux du RPR, tout en défendant son idée d'une « Europe sociale ». Après la victoire de lamajorité plurielle, le socialisteLaurent Fabius lui succède au « perchoir ».
Après l'échec de la droite auxélections législatives, Philippe Séguin est élu à la tête du RPR avec 78,85 % des suffrages, face à cinq autres candidats, le[32]. Ayant démissionné de la mairie d'Épinal pour se consacrer à sa nouvelle fonction[33], il souhaite notamment rénover le parti en proposant de nouveaux statuts aux membres du parti. Ainsi, il propose que les militants votent de façon directe pour élire le président : seul candidat, il est réélu à la tête du parti avec 95,07 % des voix des adhérents[34].
Toutefois, il est très vite confronté à de nombreux obstacles : certains le soupçonnent de se mettre déjà en campagne pour l'élection présidentielle 2002. Le parti se divise également au sujet de lamonnaie unique et de la construction de l'Europe à propos de la ratification dutraité d'Amsterdam[35].
Ne parvenant pas à établir une liste unique auxélections européennes et sous la pression des chiraquiens, Philippe Séguin abandonne la direction du RPR en, dénonçant les déclarations deBernard Pons et un « manque de loyauté » de Jacques Chirac à son égard[36]. Dans son ouvrageLibre, publié en 2000,Nicolas Sarkozy écrit qu'« il vivait sa présidence comme un homme de sacrifice[37] ».
Roselyne Bachelot a affirmé que, lors des débats sur lePACS à l'Assemblée nationale en, Philippe Séguin l'avait aidée à écrire le discours, dans lequel elle prenait, seule, la défense de ce projet de loi contre l'avis de son camp[38], lui-même s'est distingué des autres députés de l'opposition en s'abstenant lors du vote final[39].
Après quelques mois de retraite politique (qu'il passera principalement au Québec), Philippe Séguin revient en tant que candidat à la mairie deParis. Alors qu'Édouard Balladur etFrançoise de Panafieu lui ont laissé le champ libre, Philippe Séguin est désigné à l'unanimité comme candidat duRPR. Afin de mettre fin à lapolémique des « faux électeurs », il propose une loi sur la refonte des listes électorales deParis.
Mais la campagne se complique, le maire sortant, Jean Tiberi, refusant de retirer sa candidature. Philippe Séguin refuse de fusionner leurs listes entre les deux tours, souhaitant un soutien clair deJacques Chirac qui ne lui viendra jamais en aide[40]. Finalement, les listes conduites par Philippe Séguin (34,8 %) sont devancées au second tour par celles duParti socialiste (49,6 %), menées parBertrand Delanoë, tandis que celles deJean Tiberi le font échouer, et arrivent troisième (12,3 %).
En 2002, au lendemain du premier tour de l'élection présidentielle, et à la veille desélections législatives, Jacques Chirac décide de créer un nouveau parti, l'Union pour la majorité présidentielle (UMP), dans le but de rassembler les forces gaullistes, libérales et centristes. Philippe Séguin, à la tête du RPR auconseil de Paris, qui souhaitait réformer le parti, refuse d'intégrer l'UMP. Il démissionne du conseil de Paris en et se retire de la vie politique.
Au cours de sa carrière, Philippe Séguin s'est entouré de collaborateurs dont certains ont travaillé aux côtés deNicolas Sarkozy quand il étaitprésident de la République. C'est le cas deFrançois Fillon (Premier ministre de 2007 à 2012), d'Étienne Pinte, deJean de Boishue, deRoger Karoutchi, son ancien directeur de cabinet, ou de ses «plumes»,Henri Guaino etNicolas Baverez.

En, Philippe Séguin réintègre laCour des comptes. Il est aussi nommé, en octobre de la même année, chef de la délégation gouvernementale française au conseil d'administration duBureau international du travail (BIT). En, il devient conseiller maître à la Cour des comptes, et prend la présidence du conseil d'administration duBIT, en.
Le, Philippe Séguin est nommé Premier président de laCour des comptes parJacques Chirac, sur proposition deNicolas Sarkozy[41]. Quand en 2007, ce dernier pense à lui pour devenir ministre dans le gouvernementFrançois Fillon, il refuse, préférant son poste de Premier président.
Étant donné son passé politique, Philippe Séguin est médiatiquement reconnu. Sa nomination a donc permis à l'institution de revenir sur le devant de la scène, même si les rapports de la Cour des comptes n'ont aucun caractère contraignant pour l'État. Malgré tout, la publication des rapports et la médiatisation qui en est faite par Philippe Séguin renforcent la légitimité et l'impact de la Cour des comptes. Son indépendance également[42], car il a, à plusieurs reprises, critiqué les comptes de l'Élysée et la politique budgétaire deNicolas Sarkozy[43].
Grand amateur defootball, Philippe Séguin a présidé la commission nationale tripartite de laFédération française de football et a pris la présidence, en, de la commission Grands stades Euro 2016[44], créée par le secrétariat d'État aux Sports afin d'évaluer les stades de football existants, ainsi que les atouts et les faiblesses du projet de candidature de la France à l'organisation de l'Euro 2016 de football. Il est également président de la Fondation du football à partir de[45].
Philippe Séguin meurt d'unecrise cardiaque le à son domicile du16e arrondissement de Paris, à l'âge de66 ans[46],[47]. Quelques mois avant sa mort, il n'excluait pas un retour en politique[48]. Sa disparition provoque un vif émoi dans toute la classe politique, qui lui rend un hommage unanime et qui regrette la perte d'un« grand serviteur de l'État »[49].
Unhommage national a lieu le auxInvalides, où un portrait géant de Philippe Séguin est affiché. Ses obsèques sont célébrées par le cardinalAndré Vingt-Trois, en présence notamment de sa famille, du président de la République,Nicolas Sarkozy, et de son épouse,Carla Bruni-Sarkozy, du Premier ministre,François Fillon, de la plupart des membres du gouvernement, des anciens présidentsValéry Giscard d'Estaing etJacques Chirac, des anciens Premiers ministresJean-Pierre Raffarin,Alain Juppé etLaurent Fabius, des présidents de l'Assemblée nationale et duSénat,Bernard Accoyer etGérard Larcher, et d'anciens ministres, dontSimone Veil etCharles Pasqua. À la fin de la cérémonie, le président Sarkozy prononce l'éloge funèbre de son « ami[50] ». Le cercueil, recouvert dudrapeau français, à la sortie de l’église Saint-Louis-des-Invalides, entre dans la cour d'honneur des Invalides sur laMarche funèbre deFrédéric Chopin et en sort sur la musique duChant des Africains.
Le, l’Assemblée nationale observe une minute de silence.
Philippe Séguin est inhumé, le, dans le caveau familial deBagnols-en-Forêt, dans leVar.
Le, le conseil municipal d'Épinal décide à l'unanimité de donner le nom de Philippe Séguin à la rue du Merle Blanc, située dans un quartier où la mixité sociale a été privilégiée. C'est Philippe Séguin lui-même qui en avait émis le souhait. Cette première rue Philippe-Séguin est inaugurée le par le Premier ministreFrançois Fillon.
Les étudiants deSciences-Po dédient à sa mémoire le concours d'éloquence de l'IEP en remettant pour la première fois, le, jour anniversaire de sa naissance, le prix Philippe-Séguin pour les arts oratoires[51], en présence de sa famille et de son successeur à la tête de la Cour des comptes,Didier Migaud.
La bibliothèque personnelle de Philippe Séguin a été léguée à la ville d’Épinal, conformément à son souhait.
Depuis, les 6 800 documents qui la composent, majoritairement des livres, sont conservés à labibliothèque multimédia intercommunale d'Épinal et apparaissent à son catalogue. Les pièces les plus remarquables ont été présentées au cours d’une exposition intitulée « La bibliothèque de Philippe Séguin » du au[52].
En 2018, l'ancien présidentNicolas Sarkozy inaugure une rue Philippe-Séguin àNice[53].
L'Institut d’études politiques d'Aix-en-Provence a baptisé « espace Philippe Séguin » une partie des bâtiments, avenue Jean Dalmas et abritant la bibliothèque Recherche de l'établissement.
Philippe Séguin s'est vu proposer laLégion d'honneur, qu'il refusa, déclarant que son père est mort sans la recevoir[58].
Sa documentation personnelle, considérée comme abondante, est versée en 2013 auxArchives nationales principalement sous la cote 697AP[62],[63].
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| * En 2010,Alain Pichon occupe par interim la fonction en tant que doyen des présidents de chambres après le décès de Philippe Séguin ;Sophie Moati fait de même en 2020 après le départ de Didier Migaud. |
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