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Philippe II Auguste

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Pour les articles homonymes, voirPhilippe de France etPhilippe II.

Philippe II
Illustration.
philippvs dei gratia francorvm rex (« Philippe, par la grâce de Dieu roi des Francs »).
Sceau de Philippe Auguste : on note la fleur de lys dans la main droite (moulage, 75 mm de diamètre, Paris,Archives nationales).
Titre
Roi des Francs puis roi de France

(42 ans, 9 mois et 26 jours)
Couronnement,
en lacathédrale de Reims
PrédécesseurLouis VII
SuccesseurLouis VIII
Biographie
DynastieCapétiens
Date de naissance
Lieu de naissanceParis (France)
Date de décès (à 57 ans)
Lieu de décèsMantes (France)
SépultureNécropole royale de la basilique de Saint-Denis
PèreLouis VII le Jeune
MèreAdèle de Champagne
ConjointIsabelle de Hainaut
(1180-1190)
Ingeburge de Danemark
(1193) (1201-1223)
Agnès de Méranie
(1196-1201)
EnfantsAvecIsabelle de Hainaut
Louis VIII
AvecAgnès de Méranie
Marie de France
Jean-Tristan de France
Philippe Hurepel de Clermont
Avec la « Dame d'Arras »
Pierre Charlot(illégitime)
ReligionCatholicisme
RésidencePalais de la Cité

Image illustrative de l’article Philippe II Auguste
Rois de France
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Prophétie de saint Valery : saint Valery apparaissant àHugues Capet.Enluminure ornant lesGrandes Chroniques de France, chroniques latines écrites entre lesXIIIe et XVe siècles, Paris,Bibliothèque nationale de France[1].

Philippe IIdit « Auguste »[2], né le àParis et mort àMantes le, est leseptième roi (1180-1223) de ladynastie desCapétiens et le premier monarque auquel est attribué le titre deroi de France. Il est le fils héritier deLouis VII et d'Adèle de Champagne.

Le surnom d'« Auguste » lui est donné par le moineRigord[3], après que Philippe II a ajouté audomaine royal, en juillet 1185 (traité de Boves), les seigneuries d'Artois, duValois, d'Amiens et une bonne partie duVermandois[4], et également parce qu'il naît aumois d'août. Référence directe auxempereurs romains, ce terme signifie qu'il a accru considérablement ledomaine royal.

Chapelain et biographe de Philippe II,Guillaume Le Breton le nomme « Philippe le Magnanime »[5], dans sa chroniqueLa Philippide, rédigée entre 1214 et 1224. Cette chronique est une continuation de celle deRigord, que Philippe II lui a demandé d'expurger, la jugeant moins laudatrice qu'il le souhaitait.

Philippe Auguste reste l'un des monarques les plus admirés et étudiés de la France médiévale, en raison non seulement de la longueur de son règne, mais aussi de ses importantes victoires militaires et des progrès essentiels accomplis pour affermir le pouvoir royal et contrôlerla hiérarchie féodale.

Philippe Auguste est le premier roi ayant fait porter sur ses actes, sporadiquement à partir de 1190, officiellement à partir de 1204[6],Rex Franciæ, « roi de France », au lieu deRex Francorum, « roi des Francs »[n 1], titre qui sera reconnu par lapapauté en juillet1205. Il faut cependant relever que les traités et conventions de paix signés entre les vassaux ou alliés et leroyaume de France mentionnent sans exceptionPhilippus rex Francorum (« Philippe, roi des Francs »), à la différence, par exemple, deRichardus rex Angliæ (« Richard, roi d'Angleterre »), mais commeHenri, roi des Romains.

Le règne

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Les débuts : une affirmation rapide (1179-1189)

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Roi à quinze ans

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PhilippeDieudonné offert par le Ciel à ses parents (Grandes Chroniques de France, v.1270),Paris, Bibliothèque Sainte-Geneviève.

La naissance de Philippe Auguste, en 1165, est accueillie comme unmiracle par la famille royale. En effet,Louis VII attend depuis près de trente ans un héritier et c'est sa troisième épouse,Adèle de Champagne, qui lui donne tardivement ce fils tant espéré. Cette attente vaut au futur Philippe II le surnom de Dieudonné[8],[9]. Il a une sœur,Agnès, futureImpératrice Byzantine, et 4 demi-sœurs, nées de précédentes unions de son père, à savoirMarie,Comtesse de Champagne,Alix,Comtesse de Blois,Marguerite,Reine d’Angleterre puisReine de Hongrie, etAdèle,Comtesse de Ponthieu. Il estbaptisé dès le lendemain de sa naissance dans lachapelle Saint-Michel-du-Palais aupalais de la Cité à Paris par l'évêqueMaurice de Sully en présence de trois parrains[10] et trois marraines[11],[12].

Comme tous les premiersrois capétiens depuisHugues Capet, Louis VII, accablé par la maladie, pense à associer son fils à la couronne au printemps 1179, puis à lui laisser le pouvoir le. Mais la cérémonie du sacre est retardée à la suite d'une mésaventure de chasse du jeune prince dont la vie est menacée[13].Jean Favier précise la nature de l'incident : le jeune Philippe s'est égaré dans la forêt et n'est retrouvé que deux jours plus tard tremblant de peur et passablement perturbé[14]. L'état de santé du prince est suffisamment grave pour que Louis VII se déplace enAngleterre, malgré sa santé déclinante, et aille se recueillir sur la tombe deThomas Becket[15], l'archevêque de Cantorbéry mort assassiné en1170 et devenu un saintthaumaturge[16].

Complètement remis sur pied et en l'absence de son père de plus en plus souffrant, Philippe est associé à la couronne et sacré le àReims par son onclel'archevêqueGuillaume aux Blanches Mains[17]. L'absence à la cérémonie de la reineAdèle ainsi que des trois autres oncles maternels, alors que les fils d'Henri II Plantagenêt y assistent et que surtout lecomte de FlandrePhilippe d'Alsace parraine l'adoubement, est symbolique du revirement des influences. LaMaison de Blois-Champagne prépondérante à la fin du dernier règne cède le pas à lamaison des comtes de Flandre[14].

Pour échapper à l'emprise de sa mère et de ses oncles maternels, Philippe II se rapproche de son parrainPhilippe d'Alsace, comte de Flandre, qui lui donne sa nièceIsabelle en mariage. Le 28 avril1180, l'évêque Roger de Laon bénit les jeunes époux en l'abbaye d'Arrouaise près deBapaume. Lejeudi de l'Ascension à Saint-Denis, lors de la consécration de son épouseIsabelle de Hainaut comme reine de France, il reçoit une seconde fois l'onction sainte par l'archevêque de Sens[18],Guy Ier de Noyers, successeur deGuillaume aux Blanches Mains, au grand dam de ce dernier, qui accuse d'usurpation sonpair. Isabelle, fille deBaudouin V de Hainaut lui apporte l'Artois en dot. Puis, le, trois mois avant la mort de son père, il signe letraité de Gisors avecHenri II d'Angleterre. Ces deux événements renforcent la position du jeune roi face aux maisons deFlandre et deChampagne[19].

La mort de son père survient le et laisse Philippe seul roi, à quinze ans. Confronté à l'affaiblissement dupouvoir royal, Philippe se révèle rapidement à la hauteur du défi.

Mariage

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Isabelle de Hainaut, enluminure ornant un manuscrit desChroniques de Hainaut,XVe siècle.

À la fin du règne de Louis VII, le comtePhilippe de Flandre avait proposé au vieux roi sa nièce Ide, fille de son frère Mathieu, comte de Boulogne. Pour renforcer son influence, il négocie au début de1180 lemariage de sa nièce Isabelle, fille de sa sœur Marguerite et de Baudouin, comte de Hainaut. Le parti flamand, rival du parti champenois, espérait ainsi disposer d'un membre influent à la cour, tout comme l'avait fait le parti champenois, son rival, avecAdèle de Champagne dans les dernières années du règne de Louis VII[20].

Le,Isabelle de Hainaut épouse donc Philippe, le mariage religieux est célébré par les évêques Henri de Senlis etRoger de Laon[21] en l'église de l'abbaye Saint-Nicolas d'Arrouaise, dédiée à laSainte-Trinité[22]. Les cérémonies sont célébrées au château de Bapaume[23] à proximité du territoire flamand.

Le lieu du mariage avait été tenu secret par Philippe II de France car sa mèreAdèle de Champagne, ses frères et tout le parti champenois étaient contre cette alliance mais Philippe II Auguste tenait à cette union et décida de choisir un lieu en dehors des terres champenoises. Ce désaccord valut à Isabelle de Hainaut un ressentiment profond de la part d'Adèle de Champagne[24].

Un nœud de rivalités

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Dès 1181, mené par le comte deFlandre,Philippe d'Alsace, avec lequel Philippe s'est brouillé, le conflit avec les barons est ranimé. Il parvient toutefois à contrer les ambitions du comte en brisant les alliances que ce dernier a nouées avec lelandgrave deBrabant,Godefroy de Louvain, et l'archevêque de Cologne, Philippe de Heinsberg[25]. En juillet 1185, letraité de Boves confirme au roi la possession duVermandois, de l'Artois et de l'Amiénois[26].

LesPlantagenêt sont l'autre préoccupation majeure de Philippe Auguste. Les possessions d'Henri II d'Angleterre, également comte d'Anjou, comprennent laNormandie, leVexin, et la vaste Aquitaine. De plus, par le mariage de Geoffroy, fils de Henri II, les Plantagenêt gouvernent aussi laBretagne. Après deux ans de combats (1186-1188), la situation reste indécise. Philippe cherche habilement à profiter des rivalités entre les fils du roi d'Angleterre,Richard, avec lequel il se lie d'amitié, et son cadetJean sans Terre. Une paix destatu quo est finalement négociée, alors que le papeGrégoire VIII, après la prise deJérusalem parSaladin en 1187, appelle à lacroisade. Philippe Auguste est peu motivé par une telle aventure mais ne peut opposer un refus au pape. Il prend la croix et invoque les dangers qui menacent son royaume pour surseoir. La mort d'Henri II en juillet 1189 clôt cet épisode. Le roi ne peut plus se dédire, il se prépare au départ enTerre sainte.

Expulsion des Juifs (1182)

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Article détaillé :Histoire des Juifs en France.
Carte du royaume de France en 1180.

À l'intérieur du domaine[27], l'une de ses premières décisions est totalement contraire à la politique suivie par son père : l'expulsion desjuifs et la confiscation de leurs biens[28] le[29],[30] tranche avec la protection que Louis VII avait accordée à lacommunauté juive[31]. La raison officiellement donnée désigne les juifs responsables de calamités diverses, mais l'objectif réel est surtout de renflouer les caisses royales, bien mal en point en ce début de règne[32]. Ces mesures ne dureront pas : l'interdiction du territoire cesse en1198, et l'attitude conciliatrice qu'avait adoptée Louis VII redevient bientôt la norme. Cependant, le pape Innocent III condamne quelques activités des juifs en France et exhorte Philippe Auguste dans la lettreEtsi non displiceat en 1205 à les sanctionner pour montrer la ferveur de sa foi chrétienne[33] (enlatin : « in eorum demonstret persecutione fervorem quo fidem prosequitur Christianam »)[34].

Du point de vue juif, la mesure fut ainsi perçue :« En l'année 4946, c'est-à-dire en1186[n 2], il fit saisir les Juifs dans toutes les provinces de son royaume, leur ravit leur argent et leur or et les chassa de son pays. Beaucoup abjurèrent alors leur foi et recouvrèrent par là leurs fortunes et leurs biens, se mêlèrent aux chrétiens et vécurent comme eux. Les synagogues Philippe en fit des églises pour son Dieu, et avec ce qu'il avait pris, il éleva de nombreux édifices, le palais de l'Hôtel-de-ville, le mur de la forêt de Vincennes près de Paris et les Champeaux, où se tient le marché de Paris. Les Juifs de France étaient alors deux fois plus nombreux que ceux qui sortirent d'Égypte : ils émigrèrent par sept chemins de ce pays devenu cruel pour eux, et Israël devint extrêmement malheureux[36] ».

Tentative de répudiation de la reine

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En1183, Philippe Auguste, pressé d'avoir un héritier et brouillé avecPhilippe d'Alsace etBaudouin V de Hainaut songe à se séparer d'Isabelle, qui n'a que treize ans.

En mars1184, la répudiation est décidée. Une assemblée de prélats et de seigneurs réunie àSenlis va se prononcer, quand Isabelle, raconte lechroniqueurGilbert de Mons[37], pieds nus et habillée en pénitente, fait à pied le tour des églises de la ville et imploreDieu devant le peuple qui l'aimait pour son grand cœur. Celui-ci prend fait et cause pour elle, et Philippe Auguste recule et la garde auprès de lui[38].

La troisième croisade et la rivalité avec Richard Ier dit « Cœur de Lion » (1190-1199)

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Une croisade écourtée

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Philippe Auguste et Richard Cœur de Lion recevant les clés d'Acre.Enluminure issue desGrandes Chroniques de France de Charles V (ca. 1370-1379),BnF,département des manuscrits.

Philippe Auguste etRichard partent ensemble pour latroisième croisade qui mobilise également la plupart des grands barons de France. Philippe embarque à la fin de l'été1190 deGênes, et Richard deMarseille, mais ils sont surpris par les tempêtes d'hiver enMéditerranée et doivent attendre plusieurs mois enSicile, àMessine. Là, la rivalité entre les deux rois se ranime autour des projets de mariage de Richard, qui rompt ses fiançailles avecAdélaïde (demi-sœur de Philippe) et s'engage avecBérengère de Navarre[39].

Philippe Auguste quitte Messine dès qu'il le peut, le. Il arrive àAcre le et participe au siège de la cité, contrôlée par les musulmans. Richard n'arrive qu'en juin, après un détour parChypre : les renforts anglais sont les bienvenus mais les querelles reprennent immédiatement entre les deux rois. Pour aggraver la situation, ils sont tous deux victimes de maladie[n 3], causant notamment une forte fièvre, ils perdent cheveux et ongles. Philippe Auguste perd également l'usage d'un œil. Les opérations militaires avancent toutefois : les Français percent une première fois les murs d'Acre le3 juillet, sans succès ; puis ce sont les Anglais qui échouent. Affaiblis, les assiégés capitulent le.

La croisade ne fait que commencer, pourtant Philippe décide de prendre le chemin du retour. La mort ducomte de Flandre survenue le1er juin lors dusiège de Saint-Jean-d'Acre rouvre le dossier sensible de la succession flamande[46]. Le fait qu'il n'ait qu'un seul héritier l'invite par ailleurs à la prudence. C'est dans un état de santé délabré et très atteint physiquement que Philippe passe parRome pour obtenir du pape l'autorisation de quitter la croisade. Le roi rentre à Paris le.

Article détaillé :Troisième croisade.
Hommage du comte de Flandre au roi de France Philippe Auguste, rendu à Compiègne, devant l'archevêque de Reims Guillaume aux Blanches Mains, en 1196. Acte en latin sur parchemin scellé de4 sceaux de cire jaune en navette (archiépiscopaux) pendant sur double queue de parchemin,Paris,Archives nationales.

La succession flamande

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Il s'agit là de la première préoccupation de Philippe à son retour de croisade. La mort ducomte de Flandre, sans descendance, suscite les convoitises de trois prétendants :Baudouin,comte de Hainaut,Éléonore de Vermandois, comtesse deBeaumont, et Philippe Auguste lui-même.

Au terme de tractations, Baudouin est désigné comme héritier ducomté de Flandre après paiement de cinq millemarcs d'argent[47]. Cependant, Philippe Auguste confirme par une charte de1192 le Valois et le Vermandois à Éléonore, qui doivent revenir au roi après la mort de celle-ci. Enfin, le roi reçoitPéronne et l'Artois, au nom de son fils Louis, comme héritage de la reineIsabelle de Hainaut morte en1190[48]. Les positions royales au nord sont donc considérablement renforcées.

L'affaire du mariage

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Après la disparition de la reineIsabelle, Philippe Auguste sait qu'il doit se remarier au plus vite. La succession dynastique n'est en effet pas assurée : son seul fils,Louis, n'a que quatre ans et vient de survivre à une grave maladie. Le choix d'Ingeburge de Danemark répond à la nécessité pour le roi Philippe de mettre un terme aux ambitions des souverains britanniques, essayant par là de réveiller les vieilles rivalités entre Danois et Anglais, mais en vain ; cette politique française a été menée depuis bientôt un siècle par ses prédécesseurs.

Sœur du roiKnut VI, âgée de dix-huit ans, Ingeburge n'est qu'une des nombreuses épouses possibles pour Philippe. Pourtant cette union avec la maison royale danoise lui permettrait de fragiliser la dynastie anglo-normande. En effet, Ingeburge descend par les femmes du roiHarold II mort à labataille d'Hastings contreGuillaume le Conquérant, futur roi d'Angleterre et fondateur de la dynastie anglo-normande. Philippe II pense avoir trouvé un moyen de pression avec l'antériorité des droits de sa future épouseIngeburge, droits qu'il aurait envisagé de faire valoir par la force et avec le concours des princes danois.

Un accord est conclu sur une dot de dix millemarcs d'argent dont une large partie est versée le jour du mariage par les plénipotentiaires danois présents à la cérémonie, la princesse est amenée en France, Philippe la rencontre àAmiens le 14 août1193 et l'épouse le jour même[49]. Le lendemain, Philippe fait écourter la cérémonie du couronnement de la reine et expédie Ingeburge aumonastère de Saint-Maur-des-Fossés. Le roi annonce qu'il souhaite faire annuler le mariage[50].

Les raisons de cette séparation précipitée, suivie pour Ingeburge de sept ans de captivité[n 4] et, pour Philippe, du refus absolu de reconnaître sa place de reine, sont restées inconnues et ont donné lieu à toutes les spéculations possibles de la part des contemporains comme des historiens. Les sources britanniques prétendent que le roi Philippe avait conçu un dégoût immédiat pour son épouse, ce qui est contredit par le fait qu'il se soumettra plus tard et à de nombreuses reprises à ses obligations d'époux, même lorsqu'il le nia pour n'avoir pas à reprendre Ingeburge à ses côtés en qualité de reine de France. Quant aux historiens français, ils ont pensé que les Danois avaient pour leur part rejeté tout projet d'envahir l'Angleterre, ce qui rendait le mariage de Philippe II subitement inintéressant pour lui, car d'une part il n'obtenait plus le concours des Danois pour envahir l'Angleterre et en plus il devait rendre la dot de son épouse, ce qui était au moins une aussi grande torture pour un roi qui comptait la moindre rentrée d'argent. C'est pourquoi la version selon laquelle le roi Philippe aurait été mal remis de la maladie qu'il avait contractée à la croisade ne peut être totalement écartée[52].

Toujours est-il que pour défendre l'annulation du mariage, Philippe souhaite faire valoir un lien de parenté prohibé par l'Église, comme il l'avait fait avec Isabelle de Hainaut dont il avait également souhaité se séparer avant de reculer devant la pression populaire. Ingeburge ne pourra faire appel à un soutien populaire, puisqu'elle ne parle pas un mot de français ; elle est tout juste capable de s'exprimer dans unlatin assez rudimentaire. Une assemblée d'évêques et de barons donne aisément raison au roi, qui se remarie à la hâte avecAgnès de Méranie, jeune noble bavaroise, dès juin1196.

Le nouveau papeInnocent III, élu en1198, oppose son désaccord. Souhaitant affirmer son autorité, il enjoint à Philippe Auguste de renvoyer Agnès de Méranie et de rendre sa place àIngeburge. En l'absence de réaction du roi, l'interdit est lancé sur le royaume à partir du et le pape excommunie Philippe Auguste[53]. Philippe laisse toutefois la cause en suspens, Ingeburge reste captive, désormais dans la tour d'Étampes. Le roi organise finalement une cérémonie de réconciliation, et l'interdit est levé par le légat pontifical Octavien lors du concile deNesle en Vermandois le[54]. Mais la cérémonie ne rend pas tout à fait sa place à Ingeburge, et la procédure d'annulation du mariage se poursuit, Philippe étant désormais bigame. Leconcile deSoissons qui se réunit en mars1201 se conclut cependant par l'échec de Philippe Auguste, qui abrège lui-même les débats et renonce à faire casser le mariage. Finalement, en juillet1201,Agnès de Méranie meurt à Poissy en donnant à Philippe un deuxième héritier mâle,Philippe (après avoir donné naissance à une fille,Marie, en1198), reconnu comme tel par le pape en novembre 1201. La crise est momentanément close et la succession dynastique est assurée.

Philippe reprend la procédure d'annulation du mariage en1205, cette fois sur motif de non-consommation dans le temps, un motif rejeté par l'Église catholique puisque Ingeburge put attester des visites régulières de son époux dans les lieux où il la retient captive. Il est probable que son opiniâtreté à obtenir la séparation tienne à la naissance en1205 de son troisième fils,Pierre Charlot, qui resta de ce fait illégitime et dont l'éducation fut confiée en1212 à l'Église catholique probablement après la mort de sa mère, la « dame d'Arras ».

Constatant définitivement que ces projets débouchent sur une impasse gênante, le roi met fin brutalement aux négociations de rupture en1212 (comme en1201) et, résigné, rend sa place, sinon d'épouse, du moins de reine en titre, à la malheureuseIngeburge.

La lutte contre Richard Cœur de Lion

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Article détaillé :Conflits féodaux dans les Marches de Normandie et d'Île-de-France.
Richard Cœur de Lion prisonnier (à gauche) et mortellement blessé àChâlus (à droite) (Effigies Regum Angliæ,XIVe siècle),Londres, British Library.

Richard Cœur de Lion poursuit la croisade après le départ de Philippe : il reprend les principaux ports palestiniens, jusqu'àJaffa, et rétablit le royaume latin deJérusalem, bien que la ville proprement dite lui échappe. Il négocie finalement une trêve de cinq ans avecSaladin et rembarque au mois d'. Les tempêtes d'hiver le surprennent de nouveau : échoué àCorfou, il est capturé par leduc d'AutricheLéopold V, qui le remet entre les mains de l'empereur germaniqueHenri VI, son ennemi. Pour la libération de Richard, l'empereur demande une rançon de cent mille marcs d'argent, plus cinquante mille marcs pour l'aider à conquérir laSicile[55].

Philippe profite de la situation pour négocier avec Jean sans Terre, le frère cadet de Richard, qui a pris le contrôle du royaume anglo-normand. Espérant récupérer la couronne anglaise grâce au soutien de Philippe, il prête hommage en 1193. Puis, alors que Philippe Auguste attaque les possessions desPlantagenêt, Jean cède au roi de France l'Est de laNormandie (leVexin normand),Le Vaudreuil,Verneuil etÉvreux, moyennant mille marcs d'argent, par un accord écrit, en. Par sa finesse diplomatique et militaire, Philippe tient son rival en respect.

Richard est finalement libéré le. Sa mère,Aliénor d'Aquitaine, a payé les deux tiers de la rançon demandée, soit cent mille marcs d'argent, le solde devant être versé plus tard[55]. Conscient de la valeur de son adversaire, Philippe Auguste aurait écrit à Jean sans Terre :« Prenez garde à vous maintenant, le diable est lâché »[56]. La riposte de Richard est immédiate : après deux mois passés en Angleterre, il débarque en Normandie le ; s'engage alors une guerre d'escarmouches. Le 10 mai, Philippe met le siège devantVerneuil, qui refuse de se soumettre. Quand lui parvient l'annonce du massacre de la garnison française d'Évreux, que Jean, réconcilié avec son frère, vient de lui livrer, il abandonne le siège, le 28 mai, et pousse vers Évreux, qu'il détruit. De son côté, Richard reprendLoches après huit jours de siège, le 14 juin. Puis, le 5 juillet, Philippe s'apprêtant à mettre le siège devant le château deVendôme, Richard lui dresse un guet-apens près deFréteval, au cours duquel il s'empare des bagages de Philippe, du sceau royal et de sonchartrier (événement à l'origine de la création de la garde des archives royales, appeléesTrésor des Chartes).

Article détaillé :Bataille de Fréteval (1194).

Les deux souverains conviennent d'une trêve le, mais celle-ci n'est pas respectée. En 1195, la guerre se déplace enBerry, où les deux armées se rencontrent, près d'Issoudun. Alors que l'on s'apprête au combat, Richard va trouver Philippe et lui prête hommage pour le duché de Normandie et les comtés d'Anjou et de Poitiers. Untraité de paix est signé àGaillon le : Richard cèdeGisors et leVexin normand à Philippe, qui lui abandonne les différentes conquêtes qu'il a faites enNormandie et ses prétentions sur leBerry et l'Auvergne.

Ayant perdu sa principale place forte avec Gisors, Richard entame la construction deChâteau-Gaillard, ce qui rallume la guerre. Richard prend et détruit le château deVierzon, dans le Berry, et se fait livrer à prix d'argent le château deNonancourt. De son côté, Philippe s'empare, à l'automne 1196, des châteaux deDangu et d'Aumale, et reprendNonancourt. Richard envahit leVexin (1197-1198), ravageant les bords de Seine au-dessous de Paris. Philippe est battu en entreGamaches etVernon. Le, Richard s'empare des châteaux deBoury et deCourcelles, puis bat près deGisors les troupes de Philippe, venu au secours de ces places fortes[57],[58]. Philippe manque de se faire tuer pendant la bataille. Chargeant à la tête de ses troupes, il aurait déclaré :« Je ne fuirai pas devant mon vassal »[59].

Article détaillé :Bataille de Gisors.

Les deux rois cherchent des soutiens, tandis que le nouveau papeInnocent III[60], qui souhaite mettre sur pied une nouvellecroisade, les pousse à négocier. Le, entreLes Andelys etVernon, ils conviennent en présence du légat d'une trêve de cinq ans, d'ailleurs mal respectée[61]. La situation se règle brusquement : lors du siège du donjon duchâteau de Châlus-Chabrol (Limousin) le, Richard est frappé par uncarreau d'arbalète. Il succombe à sa blessure quelques jours plus tard, le 6 avril, à quarante-et-un ans et au faîte de sa gloire.

Les grandes conquêtes (1199-1214)

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Les victoires face à Jean sans Terre

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Les ruines deChâteau-Gaillard aujourd'hui.
Capitulation de Rouen le.Pierre de Préaux et d'autres chevaliers normands, ainsi que le maire, les jurés et la commune de Rouen, concluent un accord avec le roi de France, qui prévoit la reddition de Rouen au roi Philippe Auguste si au bout de trente jours Jean sans Terre, roi d'Angleterre, n'a pas conclu la paix avec ce dernier. Charte en latin avec les fragments de deux sceaux pendants sur double queue de parchemin.Paris,Archives nationales.
Philippe Auguste traversant la Loire (Grandes Chroniques de France,XIVe – XVe siècle).

La succession deRichard Cœur de Lion ne va pas d'elle même. Face àJean sans Terre, le jeuneArthur de Bretagne (âgé de douze ans), fils de son frère aînéGeoffroy II de Bretagne, mort en 1186, est un prétendant sérieux. Philippe Auguste profite de cette rivalité et, comme il avait pris position pour Jean contre Richard, il prend cette fois position pour Arthur contre Jean. Il reçoit l'hommage du ducArthur Ier de Bretagne pour les possessions françaises des Plantagenêt au printemps1199[62]. Ceci lui permet de négocier en position de force avec Jean sans Terre, et letraité du Goulet, en mai1200, est favorable à Philippe Auguste. Le traité est scellé par le mariage entreLouis de France etBlanche de Castille, nièce de Jean.

Les hostilités ne cessent pas vraiment, et se concentrent désormais enAquitaine. Philippe se rapproche donc d'une part d'Arthur, et convoque Jean, son vassal au titre dutraité du Goulet, pour ses actions en Aquitaine et à Tours. Jean ne se présente naturellement pas et lacour de France prononce la confiscation de ses fiefs, le 28 avril 1202[63].

La suite se joue sur le terrain militaire. Philippe part dès le printemps1202 à l'assaut de la Normandie tandis qu'Arthur s'attaque auPoitou. Mais le jeune duc est surpris par Jean sans Terre lors du siège deMirebeau, et fait prisonnier avec ses troupes. Arthur de Bretagne disparaît dans les mois qui suivent, probablement assassiné début1203. Philippe s'assure alors le soutien des vassaux d'Arthur et reprend son action enNormandie au printemps 1203. Il démantèle le système des châteaux normands, prendLe Vaudreuil, et entame lesiège de Château-Gaillard en septembre 1203. De son côté, Jean fait l'erreur de quitter laNormandie pour rentrer en Angleterre, en décembre 1203. Château-Gaillard tombe le 6 mars1204.

Philippe Auguste peut alors envahir l'ensemble de laNormandie (à l'exception desîles de la Manche) :Falaise,Caen,Bayeux, puisRouen qui capitule et dont le capitaine et gouverneurPierre de Préaux signe l'acte de capitulation, après40 jours de siège, le en constatant que le secours deJean n'arrive pas.Verneuil etArques tombent immédiatement après et parachèvent le succès de Philippe, qui vient de prendre toute la Normandie continentale en deux ans de campagne. Philippe se tourne alors vers la vallée de laLoire, il prend d'abordPoitiers en août 1204, puisLoches etChinon en 1205. Jean et Philippe conviennent finalement d'une trêve àThouars, à compter du. Pour Philippe Auguste, l'objectif est désormais de stabiliser ces conquêtes rapides.

La consolidation des conquêtes

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Toute la période qui s'étale de1206 à1212 voit Philippe Auguste s'efforcer de consolider ses conquêtes territoriales. Le cas est particulièrement violent enAuvergne. Depuis les années 1190 les conflits entre le roi de France et le comteGuy II d'Auvergne sont récurrents. Le comte se déclare tantôt vassal desPlantagenêt tantôt indépendant et à la suite de la prise de l'abbaye royale de Mozac par les troupes du comte d'Auvergne, Philippe-Auguste saisit l'occasion et lance son armée à la conquête de l'Auvergne. La guerre dure entre deux et trois ans selon les sources mais se termine après lesiège de Tournoël en décembre 1213[64],[65].

La domination capétienne est acceptée enChampagne, enBretagne mais l'Auvergne, lecomté de Boulogne et laFlandre posent problème. À la suite de la conquête de 1213, lapopulation auvergnate prend mal cette annexion et de nombreux scribes auvergnats partisans du comteGuy II d'Auvergne vont réaliser dessirventès vengeurs. Parmi ces pamphlets contre le roi de France et ses vassaux ayant mené la guerre contre Guy se retrouvent ceux duXIIIe siècle cités dans leroman de Flamenca[66].

Renaud de Dammartin, comte deBoulogne, est une première source de préoccupation. Malgré les attentions de Philippe Auguste, qui marie notamment en1210 son filsPhilippe Hurepel àMathilde, fille de Renaud, ce dernier négocie avec le camp ennemi, et les soupçons de Philippe prennent corps lorsque le comte entreprend de fortifierMortain, enNormandie occidentale. En1211, Philippe passe à l'offensive, il prend Mortain,Aumale etDammartin. Renaud de Dammartin s'enfuit auprès du comte deBar-le-Duc et ne constitue plus un danger immédiat.

EnFlandre s'ouvre une période d'incertitude :Baudouin, comte de Flandre et deHainaut, prend part à laquatrième croisade à partir de l'été 1202, participe à la prise deConstantinople et est élu empereur du nouvel empire latin fondé en mai 1204. Mais il est fait prisonnier par les Bulgares en 1205 et tué peu après.Philippe, frère de Baudouin et comte deNamur, qui assure la régence en Flandre, jure finalement fidélité à Philippe Auguste, contre l'avis de ses conseillers. Le roi, pour stabiliser le comté, marie la seule héritière de Baudouin, sa filleJeanne, àFerrand de Portugal, en 1211. Philippe pense pouvoir compter sur son nouveau vassal[réf. nécessaire].

Enfin, les affaires germaniques constituent un autre enjeu majeur. Après la mort de l'empereurHohenstaufen,Henri VI, en 1197, un nouvel empereur doit en effet être désigné par le papeInnocent III. Deux candidats sont déclarés : d'une part,Otton de Brunswick, soutenu par son oncleJean sans Terre et favori du papeInnocent III et, d'autre part,Philippe de Souabe, frère d'Henri VI, soutenu par Philippe Auguste et couronnéroi de Germanie en 1205. Ce dernier est toutefois assassiné en juin 1208 : désormais sans rival, Otton est couronné empereur en octobre 1209. Innocent III regrette d'ailleurs vite son choix puisque le nouvel empereur exprime bientôt ses ambitions italiennes. Otton est excommunié en 1210, et Philippe Auguste négocie avecFrédéric II du Saint-Empire, le fils d'Henri VI, couronnéroi de Germanie àMayence en 1212 parSiegfried II von Eppstein,évêque de Mayence, un allié que Philippe Auguste espère bien opposer à l'ambition d'Otton.

Bouvines, l'apogée du règne

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Bataille de Bouvines : Philippe face àOtton,Grandes Chroniques de France de Charles V (ca. 1370-1379),BnF,département des manuscrits.

L'incroyable réussite de Philippe Auguste amène bientôt ses rivaux à s'unir. L'opposition se cristallise en 1214 : on y compte naturellementJean sans Terre etOtton de Brunswick.Renaud de Dammartin est le véritable artisan de la coalition : lui qui n'a plus rien à perdre se rend àFrancfort pour trouver l'appui d'Otton, puis en Angleterre où il fait hommage à Jean, qui le rétablit officiellement dans ses possessions anglaises. Les hostilités entre Philippe et Jean reprennent immédiatement[67].

À la même époque, les premières opérations de lacroisade contre les albigeois, menée par des barons, voient se quereller lecomte de Toulouse et les croisés. Philippe Auguste remet cette question à plus tard et se concentre sur le danger anglais. Il réunit ses barons àSoissons le 8 avril1213, charge son filsLouis de conduire l'expédition contre l'Angleterre[68] et obtient le soutien de tous ses vassaux, sauf un :Ferrand, le comte deFlandre qu'il a lui-même installé deux ans plus tôt. Philippe cherche alors de nouveaux soutiens, notamment auprès deHenri de Brabant. Après une période d'hésitation, le papeInnocent III choisit par contre de soutenir Jean, un soutien moral mais non négligeable. Les préparatifs du conflit se prolongent : le projet initial de Philippe, qui souhaite envahir l'Angleterre, prend l'eau lorsque sa flotte est assaillie et enpartie détruite par la coalition ennemie àDamme, en mai 1213[69]. Les mois suivants voient Philippe et Louis s'acharner contre les comtés de Boulogne et de Flandre. Les villes du Nord sont presque toutes ravagées.

Jean sans Terre à la chasse aux cerfs, enluminure duXIVe siècle,British Library.

En février1214,Jean sans Terre débarque enfin sur le continent, àLa Rochelle, espérant prendre Philippe à revers[70]. Une stratégie qui fonctionne d'abord, puisque Jean gagne des partisans parmi les barons duLimousin et dans lePoitou. En mai 1214, il remonte jusqu'à la vallée de laLoire et prendAngers. Philippe, toujours engagé enFlandre, confie alors àLouis la riposte contre Jean. Le jeune prince se tourne immédiatement vers la forteresse deLa Roche-aux-Moines[71]. À son approche, Jean est pris de panique : le soutien des barons poitevins vacille, tandis qu'on annonce que Louis est accompagné de800 chevaliers. Le roi d'Angleterre fuit le, la déroute anglaise est totale. Mais la coalition n'a pas encore perdu : c'est au nord que tout doit se jouer.

Philippe ramèneFerrand de Portugal etRenaud de Dammartin, tous deux faits prisonniers lors de la bataille de Bouvines,Grandes Chroniques de France de Charles V (ca. 1370-1379),BnF,département des manuscrits.
Articles détaillés :Bataille de la Roche-aux-Moines etBataille de Bouvines.
Plan de labataille de Bouvines en juillet 1214.

L'affrontement final entre les armées de Philippe et la coalition, conduite parOtton, est désormais inévitable, après plusieurs semaines d'approche et d'évitement. Philippe entend couper ses ennemis des renforts en provenance d'Allemagne et tente de surprendre Otton par le nord-est. L'empereur a vent de la manœuvre et se déplace à Mortagne, à quelques lieues de l'armée royale. Philippe Auguste est conscient de son infériorité numérique, une partie importante de son armée se bat près d'Angers contre les Anglais (Elle vient d'ailleurs de remporter, le 2 juillet, la victoire de La Roche aux Moines, avec le fils du roi, le futur Louis VIII Le Lion à sa tête). Philippe, ayant observé le terrain lors de son avancée, fait mine de se replier sur Lille. Otton pense qu'il veut éviter la bataille, et ses armées coalisées pensent que l'ennemi fuit. L'armée française se dirige vers le pont sur laMarque, àBouvines, le dimanche 27 juillet 1214, — pont que l'intendance franchit. Un dimanche, l'interdiction de combattre est absolue pour les chrétiens, mais Otton IV,excommunié en 1210, décide de passer à l'offensive, espérant surprendre l'ennemi sur ses arrières. Arrivée proche d'un étang sur sa droite et d'un bois sur sa gauche, un véritable entonnoir, l'armée française, après une pause, se retourne brusquement. Étang à gauche et bois à droite. On ne peut se battre ni dans l'un, ni dans l'autre. Elle se déploie en ligne, et sur cette ligne, l'infériorité numérique est effacée. Une perfection tactique. L'armée d'Otton, en effet, n'a plus l'espace nécessaire pour déployer ses effectifs, d'où un effet de surnombre. Entravée dans ses manœuvres, devenue bien trop nombreuse pour ne pas être obligée de se gêner puis de se piétiner, elle subit le retournement. L'aile droite française s'engage contre les chevaliers flamands, conduits parFerrand. Puis, au centre, Philippe et Otton se font face. Dans la mêlée de cavalerie, Philippe est désarçonné, il chute, mais ses chevaliers le protègent, lui offrent un cheval frais, et le roi reprend l'assaut. Ceux des gens d'armes d'Otton qui ne voient pas et ne comprennent pas ce qui se passe en première ligne commencent à voir des fuyards se débander. Otton est sur le point d'être capturé, il s'enfuit sous un déguisement. Enfin, sur l'aile gauche, les partisans de Philippe viennent à bout deRenaud de Dammartin, capturé après une longue résistance. Le sort vient de basculer en faveur de Philippe, malgré l'infériorité numérique de ses troupes (1 300 chevaliers et 4 000 à 6 000 sergents à pieds, contre 1 300 à 1 500 chevaliers et 7 500 sergents à pieds pour la coalition[72]). La victoire est totale : l'empereur est en fuite, les hommes de Philippe ont fait cent trente prisonniers, dont cinq comtes, notamment le traître honni,Renaud de Dammartin, et lecomte de Flandre,Ferrand.

Article détaillé :Conflit entre Capétiens et Plantagenêt#Jean sans Terre face à Philippe Auguste.

La coalition est dissoute dans la défaite. Le 18 septembre 1214, àChinon[73], Philippe signe une trêve destatu quo pour cinq ans avec Jean qui continue de harceler ses positions au sud. Le roi anglais retourne en Angleterre en1214, contraint par le papeInnocent III d'accepter le traité qui consacrait la perte de ses possessions au nord de la Loire. Par cetraité de Chinon,Jean sans Terre abandonne toutes ses possessions au nord de laLoire : leBerry et laTouraine, avec leMaine et l'Anjou, retournaient dans le domaine royal qui couvre désormais le tiers de la France, et, singulièrement agrandi, se trouve libéré de toutes les menaces. Il dut en outre payer60 000livres à Philippe. Il ne conservait que leduché d'Aquitaine.

Après la victoire (1214-1223)

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L'expédition anglaise de son fils Louis

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Philippe Auguste et sa flotte. Le princeLouis débarque d'abord avec succès en Angleterre, mais l'expédition échoue en 1217 avec lesdéfaites de Lincoln et desCinq-îles.

La victoire est totale sur le continent, et les ambitions royales ne s'arrêtent pas là. En effet, Philippe Auguste souhaite aller plus loin contre Jean d'Angleterre. Il fait ainsi valoir que Jean doit être privé du trône, rappelant sa trahison envers Richard en 1194, et le meurtre de son neveu Arthur. Faisant valoir une interprétation de la généalogie de son épouseBlanche de Castille, mais surtout parce que les barons, voulant écarter Jean sans Terre, lui avaient proposé la couronne, le fils de Philippe,Louis, conduit une expédition en Angleterre[74]. Le débarquement a lieu en mai 1216, et Louis, à la tête de troupes nombreuses (1 200 chevaliers, plus de nombreux rebelles anglais[75]),conquiert le royaume anglais, notammentLondres où il s'installe. SeulsWindsor,Lincoln etDouvres résistent. Mais malgré l'accueil chaleureux réservé à Louis par une majorité d'évêques anglais, le soutien du pape à Jean demeure ferme, et Louis est excommunié. Finalement, Jean meurt subitement d'une grave indigestion, le 19 octobre 1216. Les barons anglais — anciens alliés de Jean ou de Louis — font alors couronnerHenri III, âgé de neuf ans.Innocent III vient aussi de mourir, mais son successeurHonorius III continue de défendre les loyalistes. Les évêques retirent bientôt leur soutien à Louis et les rebelles s'assagissent. Le prince revient chercher des appuis en France début 1217 et retourne en Angleterre. Il est battu sur terre parGuillaume le Maréchal àLincoln, puis sur mer lorsque les renforts que lui envoie Blanche de Castille sont anéantis à labataille des Cinq-Ports[76]. Louis accepte de négocier la paix, celle-ci est conclue en septembre 1217 et son excommunication est levée.

L'attitude de Philippe Auguste quant à cette expédition est ambiguë. En tout cas, le roi ne la soutient pas officiellement. Blanche de Castille le convainc de payer pour lever une armée de secours, en menaçant de mettre ses deux fils en gage. Mais il est peu vraisemblable d'imaginer qu'il n'ait pas donné son assentiment à celle-ci, du moins à titre privé[77].

La croisade contre les Albigeois

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Article détaillé :Croisade des Albigeois.
Prise de Marmande par le princeLouis,Chanson de la croisade des albigeois parGuilhem de Tudèle, débutXIIIe siècle, Paris,BnF,département des manuscrits.

Déclenchée en1208, lacroisade contre les Albigeois a tourné à l'affrontement entreSimon IV de Montfort, qui conduit la croisade composée de barons du Nord, etRaymond VI,comte de Toulouse, qui soutient secrètement les hérétiques. Par ailleurs,Pierre II d'Aragon a des vues sur la région et encourage le camp du comte de Toulouse avant d'être lui-même défait et tué par Simon de Montfort à labataille de Muret, en1213[78].

Après labataille de La Roche-aux-Moines,Louis part une première fois pour le Midi en avril1215, et aide Simon de Montfort à consolider ses positions. Celui-ci devient finalement comte de Toulouse, avec l'accord du papeHonorius III et de Philippe Auguste, à qui il prête hommage. Mais la ville deToulouse résiste, son siège dure, et Simon y meurt en avril1218. Le pape désigne son filsAmaury de Montfort comme successeur et enjoint à Philippe Auguste d'envoyer une nouvelle expédition. Louis part en mai 1219, rejoint Amaury ausiège de Marmande, dont les habitants sont massacrés. Après quarante jours d'ost, Louis rentre sans avoir pu prendreToulouse[79]. Une nouvelle expédition est envoyée par Philippe en1221, sous les ordres de l'évêque deBourges et ducomte de la Marche, sans plus de succès[réf. nécessaire].

Cependant ces différentes expéditions sont de faible envergure. Malgré les appels réitérés de la papauté, Philippe se garde d'intervenir personnellement dans cette croisade intérieure[79] ; face au pape, il rappelle surtout et avec constance ses droits de suzerain sur leMidi. Il n'autorise son fils à se croiser qu'en 1219[79].

La paix

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AprèsBouvines, les opérations militaires se déroulent en Angleterre ou dans le Midi de la France. Le domaine, et plus largement l'ensemble du Nord de la Loire, reste en paix, selon les termes de la trêve conclue àChinon en1215, originellement pour cinq ans, et prolongée en 1220 avec la garantie deLouis, une association qui marque le début de la transition de Philippe à son fils et héritier.

Testament de Philippe Auguste donné à Saint-Germain-en-Laye, septembre 1222.Paris,Archives nationales, AE/II/214.

Si les conquêtes par les armes cessent, Philippe étend néanmoins son influence en profitant des successions problématiques. C'est le cas enChampagne lors de l'accession deThibaut IV, qui lui permet d'asseoir sa suzeraineté. C'est le cas surtout lorsque le roi récupère des terres, comme àIssoudun,Bully,Alençon,Clermont-en-Beauvaisis etPonthieu.

La prospérité du royaume à la fin du règne de Philippe Auguste est établie. On estime l'excédent annuel du Trésor à25 210 livres en novembre1221. À cette date, le Trésor a dans ses caisses157 036 livres, soit plus de 80 % du revenu annuel ordinaire global de la monarchie. Le testament de Philippe Auguste, rédigé en septembre 1222, confirme ces chiffres, puisque la somme de ses legs s'élève à790 000 livres parisis, soit près de quatre ans de revenus[80]. Ce testament est rédigé alors que la santé de Philippe fait craindre sa mort, qui survient dix mois plus tard.

Mort de Philippe Auguste

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Alors qu'il se trouve àPacy, Philippe décide d'assister à la réunion ecclésiastique organisée àParis pour la préparation de nouvellescroisades, contre l'avis de ses médecins. Après plus de 40 années de règne, Philippe Auguste ne survit pas à la fatigue de ce dernier voyage et s'éteint le, àMantes, à l'âge de 57 ans. Son corps est amené à Paris, et ses funérailles sont rapidement organisées, àSaint-Denis, en présence des grands du Royaume. Pour la première fois, le corps du roi de France revêtu de tous lesregalia est exposé à la vénération du peuple avant sa sépulture dans un rite solennel inspiré de celui des rois d'Angleterre[81]. C'est donc le premier souverain français dont la mort ait été mise en scène, marquant symboliquement le dernier acte de souveraineté du monarque[82].

Philippe Auguste et l'exercice du pouvoir : l'invention de la nation et de l'État

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Les conquêtes

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Article détaillé :Architecture philippienne.
Conquêtes territoriales de Philippe Auguste (en bleu le domaine royal, en rouge les fiefs anglais, en jaune les fiefs ecclésiastiques et en vert les autres fiefs).

À sa mort, Philippe II laisse à son fils et successeurLouis VIII undomaine royal considérablement agrandi.

Le contraste est saisissant entre l'avènement de Philippe, sous une quasi-tutelle des barons, avec un domaine qui fait de lui le roi de l'Île-de-France plus que de laFrance, et la fin de son règne, avec un domaine agrandi, auxquels il faut ajouter de nombreux territoires soumis par hommage de leurs possesseurs. Le rival anglais est repoussé dans uneGuyenne parcellaire, très loin deParis. Ces conquêtes sont notamment permises par le développement important de l'ost royal qui compte en 1202 : en temps de paix 3 043 hommes (257chevaliers, 2 000 sergents à pied et 267 à cheval,133 arbalétriers à pied et 86 à cheval,300 mercenaires) ; en temps de guerre, ce nombre s'accroît de 8 054 sergents[83].

Alors qu'à son avènement le pouvoir du roi sur ses suzerains est somme toute théorique, beaucoup de seigneurs du royaume ayant des domaines plus vastes et plus riches que le roi de France, la domination de ce dernier est surtout spirituelle. À la fin de son règne, la« réalité temporelle rejoignant la réalité spirituelle et symbolique, le Roi des Francs devint peu à peu le maître incontesté de son Royaume ». Ces gains territoriaux font de Philippe Auguste un roi rassembleur, dont l'œuvre est continuée parLouis VIII. Il faut attendre laguerre de Cent Ans pour assister à un recul important des possessions royales françaises.

Philippe sait aussi stabiliser ces conquêtes. Il parvient à raffermir le pouvoir royal dans ces nouvelles terres par de nouveaux modes d'administration du territoire, et par une politique defortifications et dechâteaux : il fait dresser leur inventaire et lance à ses frais des constructions dans le domaine et les fiefs. Lesmottes castrales disparaissent, remplacées par desdonjons en pierre que Philippe veut polygonaux ou cylindriques, pour une meilleure résistance auxengins de siège, et pour éviter les angles morts à la défense. De nombreuses tours sont ainsi construites. Vers la fin du règne, le plan évolue vers undonjon circulaire, surmontant une forteresse quadrangulaire avec des tours rondes à chaque coin, dont lechâteau du Louvre est le meilleur exemple(voirinfra)[Quoi ?].

Les conseillers du roi

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Reddition ausiège de Saint-Jean-d'Acre (1189-1191).
Articles connexes :Itinerarium regis Ricardi etTrésor des Chartes.

Le roi Philippe forme une véritable équipe dirigeante, cohérente, capable, efficace[84]. Il ne procède pas à son choix sur un coup de tête, ne revient pas sur ses décisions, possède cette qualité indispensable à un homme d'État de détecter les talents les plus utiles au royaume[85]. Il éloigne les Grands, désigne des hommes de moins haute naissance et même un fils de petites gens, précisément celui qui est monté le plus haut,Guérin (chancelier de France)[86]. Celui-ci aurait-il éclipsé Philippe Auguste ? La question ne se pose que pour la fin du règne[87]. Auparavant, et surtout pendant la dizaine d'années qui s'écoule après le retour de sacroisade, clôt leXIIe siècle et entame le suivant ; le roi commence à constituer son équipe, éprouve les qualités de ceux qu'il va décider de retenir mais conserve la fougue, l'ivresse du pouvoir et s'annonce comme le grand maître-d'œuvre des profondes réformes qui donnent un nouveau visage à son royaume[88].

C'est vers que commence la phase constructive et finalement triomphante du règne : avec la collaboration d'une équipe de conseillers - lechambrierGauthier de Villebéon, letemplierFrère Aymard[89],[n 5], le tout dévouéBarthélemy de Roye,Gauthier II de Nemours dit(Gautier le Jeune ou Le Maréchal)[90],Henri Ier Clément dit(Le petit Maréchal) et surtout l'infatigable et omniprésenthospitalierfrère Guérin -, le royaume est doté des structures administratives et financières qui lui faisaient tant défaut, tandis que l'initiative politique est constamment menée avec fermeté[91]. On ne saurait trop insister sur l'œuvre réalisée par Guérin, dont on retrouve la main partout, récompensé seulement par l'évêché de Senlis et qui n'accédera qu'après la mort du roi à la charge dechancelier, restaurée pour lui. Jouissant pourtant de sa complète confiance, il fut durant un quart de siècle, et sans titre officiel, celui queGuillaume le Breton qualifie de« conseiller spécial » du roi, celui qui, dit-il, « traitait les affaires du royaume, comme le second après le roi »[92],[93].

La révolution administrative : baillis, prévôts et sénéchaux

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Pour échapper à la tendance au morcellement, qui est le défaut dusystème féodal, Philippe Auguste entreprend très tôt de mettre sur pied une nouvelle structure administrative lui permettant d'exercer directement son pouvoir sur le territoire. De à, dans cette décennie que J.-W. Baldwin a qualifiée à juste titre de décisive, le roi Philippe procède à de grandes réformes[94].Il organise ce système à l'occasion de son départ en croisade, par uneordonnance-testament de 1190 réglant l'organisation du pouvoir en son absence. Il promeut lesbaillis, création d'origine anglo-normande dont le rôle, dans les territoires français, était mal défini. Il s'inspire aussi des réformes administratives qu'Henri II d'Angleterre a introduites en 1176 (comme enFlandre, qui se dote d'un corps similaire à la même époque).[réf. nécessaire] Il met en forme l'inventaire des fiefs ditScripta de feodis, lancé par les Anglo-Normands dans leur duché, et l'étend auVermandois et dans quelques châtellenies au sud de Paris. Cet inventaire recense les hommages des vassaux royaux, les services de garde de châteaux, la richesse immobilière des chevaliers et l'identité de leurs sous-vassaux[95].

Cette réforme s'achève aux alentours de1200, quand l'appellationbaillivi devient courante dans les actes royaux. Nommés par le roi, ils sont une douzaine qui parcourent son domaine au gré des besoins, afin de rendre la justice et, surtout dans la seconde moitié du règne, d'établir une comptabilité du royaume. À la différence dusystème féodal, lesbaillis n'ont pas d'attache géographique précise (cela évolue après Philippe Auguste). Leur activité n'est pas liée à la possession de terres, ils n'exercent pas de pouvoir en propre, mais représentent le roi. Ils sont rémunérés directement par le souverain et soumis à un contrôle strict, avec obligation de rendre des comptes trois fois l'an. Baldwin[96] relève que leur salaire se situe entre dix sous et unelivre, soit plus, par exemple, que leschevaliers mercenaires (dix sous) : indice à la fois de l'importance de leur statut et du prix de leur fidélité.

Lesbaillis sont assistés par lesprévôts, autre institution au rôle flou jusqu'alors. Ceux-ci sont par contre rattachés à une zone précise, où ils jugent les affaires courantes (lesbaillis jugeant surtout enappel) et dressent des comptes locaux[97].

Dans certaines des régions conquises pendant le règne (Anjou,Maine,Touraine,Poitou,Saintonge), Philippe Auguste confie les fonctions administratives à dessénéchaux. Mais leur titre, auparavant héréditaire, devient non transmissible à partir de 1191, pour pallier le risque de les voir prendre localement une importance rivalisant avec le pouvoir royal, comme dans lesystème féodal ; les sénéchaux sont aussi souvent supprimés, notamment enNormandie dès l'annexion, pour être remplacés par desbaillis.

La naissance d'une idéologie royale

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Le sacre de Philippe Auguste issu desGrandes Chroniques de France de Charles V, ca. 1370-1379.BnF.

Grâce à sa grande victoire deBouvines, Philippe Auguste achève son règne dans un enthousiasme populaire important. Dans ce contexte, l'idéologie royale progresse, signe peut-être le plus manifeste de l'émergence d'unÉtat sous le règne de Philippe.

On a beaucoup commenté l'utilisation croissante des termesFrancia etrex Franciæ (roi de France) dans les textes contemporains, ceux des chroniqueurs duXIIe siècle comme des princes étrangers et de ses propres sujets[98]. Selon Marie Thérèse Jones-Davies, la formulerex Franciæ remplace officiellement le titre derex Francorum (roi desFrancs) dès 1181, dans un acte où il est appeléPhilippus Dei gratia Franciæ rex[99]. Toutefois, nous ne disposons que d'une copie duXIIIe siècle de cet acte[100]. PourBernard Guenée et Anne Lombard-Jourdan, on rencontre les expressionsrex Franciæ à partir de 1190 etregnum Franciæ en 1205[101],[102]. Pour Alain Derville[103], c'est au début duXIIIe siècle qu'apparaît l'expressionrex Franciæ[104]. D'autres progrès idéologiques sont évidents.

Surtout, la fin du règne voit se développer une véritable tentative de propagande royale, à travers les chroniques officielles. Déjà, à partir de 1186,Rigord, moine deSaint-Denis rédige une chronique en latin, dans la tradition deSuger, qu'il offre à Philippe en 1196. CesGesta Philippi Augusti sont ensuite complétées jusqu'en 1208. Cette œuvre n'est pas une commande du roi, mais elle n'en reste pas moins une chronique quasi officielle, à la gloire de Philippe (sauf quelques critiques touchant à l'affaire du mariage). C'est d'ailleurs Rigord qui, le premier, donne à Philippe le surnom d'Augustus, en référence au mois de sa naissance et à ses premières conquêtes qui l'élèvent, pour l'auteur, au rang desempereurs romains. Rigord se fonde en fait sur une interprétation très personnelle de l'étymologie d'Augustus, qu'il rattache au verbeaugeo (augmenter, enrichir), en référence à l'agrandissement et à l'enrichissement du royaume par Philippe[105].

Philippe Auguste confie par la suite à un nouveau chroniqueur la tâche d'expurger la chronique deRigord de ses passages critiques, et de la continuer.Guillaume le Breton, clerc et proche du souverain, s'acquitte de cette tâche. Il se voit ensuite confier la rédaction d'un véritable monument à la gloire du roi, à partir de 1214 : une chronique en vers, laPhilippide, dans le style du poème épique, alors très en vogue (notamment depuis l'Alexandreis deGautier de Châtillon, épopée à la gloire d'Alexandre). Plusieurs versions de laPhilippide se suivent, la dernière étant achevée en 1224, un an après la mort du roi. Dans cette œuvre unique, Philippe est désormais représenté en héros, le vainqueur deBouvines y est célébré dans toute sa majesté. L'évolution au fil du règne est importante, bien que les deux chroniques officielles restent des témoignages très isolés dans l'ensemble de la production littéraire du règne de Philippe Auguste.

La chronique deRigord et sa continuation parGuillaume le Breton sont ensuite traduites parPrimat pour lesGrandes Chroniques de France. C'est dans cette forme, plutôt que dans celle de laPhilippide, que l'image de Philippe passe à la postérité.

Enfin, on peut également noter la contribution deGilles de Paris qui, dans sonKarolinus, poème à la gloire deCharlemagne écrit à l'intention du roiLouis VIII, fait descendre Philippe et Louis VIII de Charlemagne, unissant donc les dynastiescarolingienne etcapétienne, et faisant de lui le premier vrai représentant d'ungenus royal, à la base de l'idée de transmission de la royauté par le sang qui connaît après Philippe Auguste un essor important[106].

Contrairement à ses prédécesseurs, Philippe II n'a pas associé son fils au trône : à sa mort, le passage de la couronne à Louis VIII n'a pas fait l'objet d'un vote ni même d'une approbation de principe de la part des pairs du Royaume. On peut considérer que, d'une certaine façon, la couronne de France est devenue héréditaire ce[n 6].

Le bienfaiteur de Paris

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Vestige de l'enceinte de Philippe Auguste, dans le Marais (rue Charlemagne,quartier Saint-Gervais).

Le règne de Philippe Auguste est une période de vives améliorations pourParis. Si la cour est encore itinérante[n 7], Paris acquiert cependant un statut particulier dont les différents travaux accomplis témoignent. Un grand pas est effectué sous Philippe dans l'invention de la capitale. Quelques faits à retenir :

  • 1181 : Philippe Auguste transfère lafoire Saint-Lazare (située dans les faubourgs du nord de la ville, près de la léproserie Saint-Lazare) au centre de Paris, à l'emplacement même des futuresHalles[109]. Deux bâtiments couverts sont élevés pour assainir le nouveau marché en1183. Très intéressé par le développement de ce marché central, Philippe réglemente lui-même sur le commerce des denrées essentielles (viande, pain et vin).
  • 1186 : Philippe fait paver les rues principales de Paris[n 8].
  • 1187 : lecimetière des Saints-Innocents est assaini, drainé, nivelé et muni d'un mur d'enceinte.
  • 1190 : avant de partir à lacroisade, Philippe fait commencer la construction d'unmur d'enceinte sur la rive droite.
  • 1194 : après la perte des archives royales lors de labataille deFréteval et la récupération de celles-ci parRichard Cœur de Lion, Philippe les fait reconstituer. À partir de cette date, un exemplaire de ces archives restera en permanence à Paris.
  • 1200 : charte royale créant l'université de Paris, un statut qui permet aux maîtres et écoliers parisiens de disposer d'une liberté et d'une sécurité importantes ; désormais, ceux-ci relèvent en particulier de la juridiction ecclésiastique. Ces privilèges permettent un essor rapide des écoles parisiennes.
  • 1202 : achèvement de la construction de latour neuve, à l'entrée ouest de la ville, et duchâteau du Louvre.
Donation à l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés par Philippe II d'unepoterne des murs deParis, 1209,Archives nationales de France.

L'expansion deParis ne se résume pas aux travaux menés par Philippe Auguste. C'est également sous son règne que sont créés l'hospice Sainte-Catherine (1185) et l'hôpital de la Trinité (1202). Les travaux deNotre-Dame de Paris, entamés en1163, progressent aussi à bon rythme. En1182, le chœur est achevé et le maître-autel est consacré le. Puis, la façade ouest est décorée, la galerie des rois est achevée dans les années1220, la grande rose est entamée dans la foulée, tandis que le parvis est agrandi à la même époque.

L'essor de Paris est confirmé par les estimations démographiques, qui estiment que la population parisienne passe en quelques années de 25 000 habitants[Quand ?] à 50 000 vers1200, ce qui en fait la plus grande ville d'Europe, hors l'Italie[111],[112].

Témoignages

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En 1639, lebailli deNogent-le-Rotrou écrivit sur son registre d'audience :

« Le roi Philippe Auguste deffendit les jeux de hazard, juremens et bordelz, chassa les Juifs de son Royaume, institua le premier les maires et les eschevins. Il fist paver la ville de Paris, bastir les Halles et le Louvre et clore de murailles le bois de Vincennes qu'il peupla de bestes sauvages. Il fist achever le bastiment de l'église Nostre-Dame, à Paris, de laquelle il n'y mit que les fondements à fleur de terre. »

— Archives départementales d'Eure-et-Loir-B 2600.

Place dans la dynastie capétienne

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La mort du roi

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Homme courageux et croyant, le roi Philippe affronte la mort avec lucidité. Quand elle s'annonce, en avait-il encore peur comme en1191 ? Oui, si l'on en croit Payen Gastinel[113], chanoine de laBasilique Saint-Martin de Tours. Quand il ressent les premières atteintes de la maladie, il rédige auChâteau de Saint-Germain-en-Laye, en[114], un testament, le second en fait puisqu'il en avait déjà dicté un, l'Ordonnance-Testament de 1190 avant de partiroutre-mer[115],[n 9].

On y distingue en effet quelques remords et le roi veut réparer. Il constitue un fonds de50 000livres parisis (ou25 000marcs d'argent à 40 sous parisis le marc) destiné à la restitution de ce qu'il avait confisqué, perçu ou retenu injustement. La somme prévue est d'ailleurs fort insuffisante puisqu'en réponse aux enquêtes de[116], les spoliés, leurs veuves ou leurs descendants réclament beaucoup plus[117]. Philippe lègue ensuite10 000 livres à sa « très chère épouseIngeburge de Danemark ». Il reconnaît en 1222 qu'il aurait pu lui en attribuer davantage, mais il préfère laisser une très grosse somme d'argent afin de réparer ses abus envers ses sujets.

En nuances de vert, lesÉtats latins d'Orient auXIIe siècle.

Afin d'apaiser ses remords au sujet de la défense desÉtats latins d'Orient et de réduire les conséquences de l'échec de laCinquième croisade[118] dont il était absent, il attribue àJean de Brienne,roi de Jérusalem, auxHospitaliers et auxTempliers150 000marcs d'argent, pour qu'ils équipent en permanence 300 chevaliers. Le roi n'oublie pas les pauvres, les orphelins et leslépreux. Il leur lègue21 000livres parisis. Enfin, avec2 000 livres, il récompense une dernière fois ses serviteurs ; il donne10 000 livres à son second fils,Philippe Hurepel de Clermont, qu'il a eu d'Agnès de Méranie et réserve à son fils aîné,Louis, une somme d'argent dont il ne fixe pas le montant à condition qu'il la dépense pour la protection du royaume ou pour « une pérégrination lointaine » si Dieu lui en donne l'inspiration.

Qui désigne-t-il comme exécuteurs testamentaires ? Les survivants de son équipe fidèle. Au-delà de la tombe, il fait confiance àGuérin (chancelier de France), évêque de Senlis[119],Barthélemy de Roye, chambrier, etFrère Aymard, trésorier du Temple[120]. Tenace dans ses choix et ses amitiés, il donne ainsi le dernier témoignage de son affection et de sa reconnaissance envers ceux qui l'ont aidé à construire son royaume et son pouvoir[121].

Philipperex Francorum peut attendre la mort. Il ne s'était pas vraiment remis de l'alerte de où il avait souffert des premiers frissons d'unefièvre quarte. Malgré les assauts répétés de la maladie, il n'en poursuit pas moins son travail et ses chevauchées, mais il s'affaiblit peu à peu et, le, son état empire alors qu'il résidait dans son château dePacy-sur-Eure. Il recommande à son fils aîné la crainte de Dieu, la défense de l'Église, la justice envers son peuple et la protection des pauvres et des petits. Le jeudi, un léger mieux survient et lui permet de se diriger versParis où, depuis le, se tenait l'assemblée qui, sous la présidence ducardinal-légatConrad d'Urach, s'occupait de l'affaire albigeoise[122]. Une nouvelle et violente poussée de fièvre le contraint à s'arrêter àMantes où il meurt, sans véritable agonie, le lendemain, quelque trois semaines avant son cinquante-huitième anniversaire[123].

Le tombeau de Philippe Auguste

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Article connexe :Profanation des tombes de la basilique Saint-Denis.

Philippe II mourut sur la Seine, où il naviguait pour rejoindre Mantes, la ville où était enterrée sa troisième épouse Agnès de Méranie. Il fut inhumé en labasilique Saint-Denis près deParis[124].Guillaume Le Breton, source assez fiable, affirme qu'« une pierre recouvrait son corps à côté de celui de Dagobert ». Le Roi aurait été enterré au sud du maître-autel. Pourtant, une chronique composée par un ecclésiastique bien informé de Saint-Martin de Tours, et qui va jusqu'aux années 1225-1227, nous dit que Philippe Auguste était enterré devant le maître-autel. Le corps du Roi aurait donc été déplacé.

Lors de la réorganisation de la nécropole, sa tombe fut de fait placée au centre, avec celle de son filsLouis VIII, afin de symboliser l'union des lignéesmérovingienne (à droite) etcapétienne (à gauche), selon l'idée émise à l'origine parGilles de Paris (Philippe Auguste, descendant plusieurs fois de Charlemagne, ayant épousé en la personne d'Isabelle de Hainaut une descendante directe deCharles de Basse-Lotharingie, prétendant carolingien et rival d'Hugues Capet).

Le tombeau de Philippe Auguste[125] fut cité dans plusieurs chroniques mentionnant sa beauté.Richer de Senones, qui écrit entre1254 et1260, est très impressionné par le« tombeau en argent doré avec de nombreuses images » de Philippe Auguste. Le Ménestrel de Reims (vers 1260) décrit ainsi ce tombeau :« ombe de fin or et d'argent où il est tresgeteiz comme rois ; et sont quarante-huit evesques en quatre costeiz de la tombe, enlevei et figurei comme esvesque, revestu si comme pour chanteir messe, les mitres en chiés et les croces es mains ».

Ce tombeau a été détruit, de même que ceux deLouis VIII et deSaint Louis, sous l'occupation anglaise entre1420 et1435. L'or et l'argent ont été fondus pour les besoins de la guerre en France menée par le roi LancastreHenri VI et son oncle, leduc de Bedford. Après la fin de la guerre de Cent ans, il ne restait plus au sol que trois dalles marquant l'emplacement de ces somptueux sépulcres[126].

L'image de Philippe Auguste

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Bûcher des Amalriciens[127] en présence de Philippe II, roi de France. Dans : Chroniques de France (1487), Londres,British Library, Royal 20 E.III, f. 177v.

Plus généralement, la figure de Philippe II, telle que célébrée par les chroniqueurs du temps, a été en grande partie occultée par la concurrence deSaint Louis, devenu — et pour longtemps — le modèle royal par excellence dès la fin duXIIIe siècle. Il n'en reste pas moins que la victoire deBouvines reste parmi les éléments les plus essentiels de la mythologie nationale française, grâce auxGrandes Chroniques de France ou, bien plus tard, par les manuels scolaires de laIIIe République. L'église Saint-Pierre deBouvines, bâtie en1882, a d'ailleurs été pourvue entre1887 et1906, de vingt-et-un vitraux retraçant le déroulement de la bataille, des pièces aujourd'hui classées[128].

Les autres traces du règne de Philippe Auguste ont quant à elles disparu progressivement. L'enceinte de Philippe Auguste subsiste à l'état de vestiges qui parsèmentParis, leLouvre médiéval a été dégagé et intégré au musée dans les années1990. Enfin, toujours à Paris, uneavenue et unestation de métro continuent de commémorer le vainqueur de Bouvines[129].

La personnalité de Philippe II reste contrastée et énigmatique. Il n'a pas été inféodé ni soumis aux événements qu'il a pourtant souvent lui-même suscités. Il n'a jamais capitulé, et quand il a enduré du fait de ses propres erreurs, il a été capable de réparer pour le bien du Royaume[130].

Pour se libérer de la tutelle de sa mère et du clan champenois, il se marie alors qu'il est lui-même mineur avec une héritière non pubère qui lui amène dans sa corbeille une dot considérable, l'Artois. Soucieux de sa descendance, d'un tempérament très affirmé mais brouillon, il décide de se séparer d'Isabelle de Hainaut qui ne lui a pas donné d'enfant. Puis, il se ravise comprenant qu'il va commettre l'irréparable comme son pèreLouis VII le Jeune qui a perdul'Aquitaine pour avoir laissé partir laduchesse Aliénor. Il se rabiboche avec sa jeune épouse et garde l'Artois, en plus d'un héritier.

Philippe II poursuit un but unique : l'accroissement du Royaume et de ses possessions[131]. Il cherchera toute sa vie à récupérer l'Aquitaine et l'Anjou en jouant pour cela le ferment de la division entreHenri II et ses fils, jusqu'à l'achèvement complet de ses objectifs après Bouvines. D'autre part, il est un suzerain loyal et honnête qui n'use pas de sa puissance pour conquérir par les armes. Ainsi, il défend l'héritage artésien de son filsLouis VIII le Lion et même il cherche à accroître leComté d'Artois en rachetant des parcelles et en désintéressant les châtelains.

Denier[132] de Philippe II,Laon, 1180-1201.

Philippe II reste marqué par ce qu'il estime être une dépossession territoriale qui réduit le royaume de France au compromis permanent avec des barons plus puissants et plus riches que le roi de France[133]. À l'instar d'un bourgeois ou d'un hobereau, il fait grossir son capital en achetant des terres, contraint les serfs à payer leur affranchissement. Philippe II est l'initiateur de l'état français, pour autant le trésor du royaume est sa fortune personnelle dont il dispose à son gré. Ainsi, dans son testament il répartit la moitié du trésor à des œuvres caritatives de son choix et laisse l'autre moitié à son fils pour qu'il en dispose dans la gestion de l'État[134].

Ingeburge de Danemark fut une épine dans son talon. Il ne l'aimait pas, il chercha à s'en débarrasser le plus rapidement possible, ce fut sa plus grande erreur car elle tint bon jusqu'au bout dans ses réclamations. Par son refus du divorce, son refus d'entrer en religion, son refus de retourner au Danemark, elle l'empêcha de vivre auprès d'Agnès de Méranie dont il eut des enfants considérés comme illégitimes.

À cet égard, on peut observer qu'il se conduisit envers Ingeburge de Danemark de la même façon qu'il s'était conduit avec Isabelle de Hainaut, avec mépris et arrogance. Isabelle de Hainaut avait su lui tenir tête, elle s'était positionnée en victime n'hésitant pas à mettre le peuple de son côté. C'est sans doute ce qu'a voulu éviter Philippe II en enfermant immédiatement Ingeburge àÉtampes, en ne lui laissant pas le temps d'organiser auprès du peuple sa défense. Son rôle de victime serait apparu clairement, il aurait été contraint de la reprendre près de lui comme il l'avait fait avecIsabelle de Hainaut. Or, il ne voulait plus Ingeburge pour épouse et ne voulait pas cette fois se voir contraint à reprendre une épouse dont il ne voulait plus et qui cette fois ne lui rapportait aucune terre. C'est sans doute là qu'Ingeburge a joué de malheur. Ne rapportant qu'une dot assez faible pour un roi de France, et aucune terre, elle n'avait aucun moyen de pression dont elle aurait pu user pour obliger Philippe II à la respecter.

Vaincu àBouvines,Ferrand est fait prisonnier. Enluminure desGrandes Chroniques de France, vers 1330. Bibliothèque municipale de Chartres, BM 0003, fo 288[135].

Comme quelques historiens l'ont avancé, le rejet d'Ingeburge pourrait s'expliquer par le fait que ce mariage ne lui rapportait pas tant qu'il l'avait espéré, une alliance notamment pour battre les Plantagenêt. Il n'est pas exclu qu'il ait estimé avoir été filouté sur les termes d'un contrat non écrit entre le Danemark et la France. Toutefois, il faut observer queValdemar II de Danemark, le frère d'Ingeburge, intercédera sans relâche auprès de la France pour faire libérer sa sœur, et ira même plaider sa cause auprès du Pape, en vain. Secundo, Valdemar II de Danemark épouse en 1214, après la bataille de Bouvines et après la libération de sa sœur Ingeburge,Bérengère de Portugal, sœur de Ferrand de Portugal qui avait rejoint la coalition contre Philippe II à Bouvines. Ce mariage est intéressant car il se conclut à un moment oùFerrand de Flandre est captif dans les geôles du Louvre[136].

Ingeburge de Danemark n'a été reine de France qu'en titre puisqu'elle n'a jamais exercé et à aucun moment, les fonctions de reine ou de régente[137]. On peut voir le mariage de son frère Valdemar avec la sœur du prisonnier Ferrand de Flandre soit comme un remerciement tacite de la France pour la neutralité du Danemark à labataille de Bouvines, soit comme une ultime provocation de la part du souverain danois, quoi qu'il en soit la conclusion d'un long épisode de gel diplomatique.

Utilisation des mercenaires

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Articles détaillés :Mercenaire etGrandes compagnies.

À partir de la deuxième moitié duXIIe siècle, les mercenaires sont presque toujours présents dans les armées royales. Ils sont considérés comme les précurseurs de l'armée de métier. Philippe Auguste utilise les mercenaires après ses rivauxPlantagenêt. Mais il réussit par deux fois à retourner les troupes de routiers de ceux-ci. Aux alentours de1194, il récupéraLambert Cadoc, un Gallois recruté parRichard Cœur de Lion. Cadoc lui restera fidèle durant20 ans. Ensuite, au printemps 1204, en guerre contre le roiJean sans Terre, Philippe Auguste négocie le ralliement deLupicaire et de sa troupe[138],[139],[140].

Ascendance

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Ascendance de Philippe II Auguste de France
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
32.Robert II de France
 
 
 
 
 
 
 
16.Henri Ier de France
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
33.Constance d'Arles
 
 
 
 
 
 
 
8.Philippe Ier de France
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
34.Iaroslav Ier de Kiev
 
 
 
 
 
 
 
17.Anne de Kiev
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
35.Ingigerd de Suède
 
 
 
 
 
 
 
4.Louis VI de France
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
36.Thierry III de Frise occidentale
 
 
 
 
 
 
 
18.Florent Ier de Frise occidentale
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
37.Othelindis de Nordmark
 
 
 
 
 
 
 
9.Berthe de Hollande
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
38.Bernard II de Saxe
 
 
 
 
 
 
 
19.Gertrude de Saxe
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
39.Eilika de Schweinfurt
 
 
 
 
 
 
 
2.Louis VII de France
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
40.Othon Ier de Savoie
 
 
 
 
 
 
 
20.Amédée II de Savoie
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
41.Adélaïde de Suse
 
 
 
 
 
 
 
10.Humbert II de Savoie
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
42.Gérold de Genève
 
 
 
 
 
 
 
21.Jeanne de Genève
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
43.Gisèle de Bourgogne
 
 
 
 
 
 
 
5.Adélaïde de Savoie
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
44.Renaud Ier de Bourgogne
 
 
 
 
 
 
 
22.Guillaume Ier de Bourgogne
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
45.Adélaïde de Normandie
 
 
 
 
 
 
 
11.Gisèle de Bourgogne
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
46.Bernard II de Bigorre
 
 
 
 
 
 
 
23.Étiennette de Bourgogne
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
47.Clémence de Foix
 
 
 
 
 
 
 
1. Philippe II Auguste
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
48.Eudes II de Blois
 
 
 
 
 
 
 
24.Thibaud III de Blois
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
49.Ermengarde d'Auvergne
 
 
 
 
 
 
 
12.Étienne II de Blois
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
50.Herbert Ier du Maine
 
 
 
 
 
 
 
25.Gersende du Maine
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
51. ?
 
 
 
 
 
 
 
6.Thibaut IV de Blois
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
52.Robert le Magnifique
 
 
 
 
 
 
 
26.Guillaume Ier d'Angleterre
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
53.Arlette de Falaise
 
 
 
 
 
 
 
13.Adèle d'Angleterre
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
54.Baudouin V de Flandre
 
 
 
 
 
 
 
27.Mathilde de Flandre
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
55.Adèle de France
 
 
 
 
 
 
 
3.Adèle de Champagne
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
56.Siegfried Ier d'Ortenburg
 
 
 
 
 
 
 
28.Engelbert Ier d'Ortenburg
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
57.Richarde de Lavant
 
 
 
 
 
 
 
14.Engelbert II de Sponheim
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
58. ?
 
 
 
 
 
 
 
29.Edwige d'Eppenstein
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
59. ?
 
 
 
 
 
 
 
7.Mathilde de Carinthie
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
60.Rapoto IV de Cham
 
 
 
 
 
 
 
30.Ulrich Ier de Passau
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
61.Mathilde de Chiemgau
 
 
 
 
 
 
 
15.Ute de Passau (nl)
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
62.Kuno de Frontenhausen
 
 
 
 
 
 
 
31.Adélaïde de Frontenhausen
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
63.Mathilde d'Achalm
 
 
 
 
 
 
 

Dans les arts

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Miniature

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Statue de Philippe Auguste àVersailles.

Littérature

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Michel PagelLe Roi d'août (Roman Flammarion 2002- Les Moutons Électriques 2024): Basé sur des énigmes réelles de la vie du roi Philippe Auguste, Pagel leur donne une dimension mythique, sans s'éloigner de l'histoire et des faits réels.Grand Prix de l'imaginaire 2003

Au cinéma

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Webséries

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Notes et références

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Notes

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  1. « En 1190,Rex Francie apparaît dans quelques actes influencés par les traditions des Plantagenêt. Puis en 1196 l'expression se trouve dans des actes plus quelconques. En enfin,Philippus rex Francie est utilisé dans le protocole initial des lettres royales. Et en apparaît pour la première foisRegnum Francie[7]. »
  2. LaJewish Encyclopedia confirme la date de 1282 pour l'édit d'expulsion[35] ; son exécution put prendre plusieurs années.
  3. Les historiens débattent encore du fait que Richard et Philippe aient été atteints de la même maladie, et de la nature de cette maladie : appelée alors « léonardie »[40] ou « suette », il pourrait s'agir de la véritablesuette[41], de latyphoïde[42],[43] ou de lamalaria[44],[45].
  4. Elle est enfermée de 1193 à 1200 puis, après une réinstallation au château deSaint-Léger, résidence théorique des reines de France, est renvoyée auchâteau d'Étampes en grande solitude. Elle ne fut rappelée à la cour qu'en 1213[51].
  5. Parmi les compagnons du roi, frère Aymard, membre de l'ordre du Temple, fut l'un des meilleurs financiers parmi ces moines soldats qui ajoutèrent à leurs tâches militaires les transferts d'argent entre l'Orient et l'Occident afin de rendre service aux croisés et devinrent ensuite les banquiers occidentaux les plus renommés. Philippe II utilisa les services de frère Aymard pour les maniements d'argent.
  6. « Il pouvait encore y avoir, plus haut dans les mémoires, la mort du roi Philippe Auguste, le. Louis VIII lui succède, et devient roi : pour la première fois, un Capétien monte sur le trône sans y avoir été associé du vivant de son père. La monarchie héréditaire par ordre de primogéniture venait de naître, mais l'événement n'était pas commémoré[107]. »
  7. Baldwin relève que moins d'un tiers des actes de la cour sont rendus à Paris sur l'ensemble du règne, sans progression significative de cette proportion entre 1179 et 1223. Si Paris est la principale étape de la cour, la sédentarisation de celle-ci est encore inimaginable :« la complémentarité des deux organes fondamentaux de la justice — la cour centrale et le corps des agents locaux — est assurée par la mobilité de la première et par la sédentarité des seconds[108]. »
  8. « Quelques jours après, le roi Philippe, toujours auguste, dans un court séjour qu'il fit à Paris, se promenait dans la cour royale, songeant aux affaires de l'État, dont il était sans cesse occupé. Il se mit par hasard à la fenêtre de son palais, d'où il se plaisait souvent à regarder par passe-temps le fleuve de la Seine ; tout à coup des voitures traînées par des chevaux, au milieu de la ville, firent sortir, des boues qu'elles avaient soulevées sur leur passage, une odeur fétide, vraiment insupportable. Le roi, qui se promenait dans sa cour, ne put la soutenir lui-même, et dès lors il médita une entreprise dont l'exécution devait être difficile autant qu'elle était nécessaire, et dont les difficultés et les frais avaient toujours effrayé ses prédécesseurs. Ayant donc convoqué les bourgeois et le prévôt de la ville, il ordonna, en vertu de son autorité royale, que tous les quartiers et les rues de Paris fussent pavés de pierres dures et solides… »[110]
  9. Contrairement à ce que l'on prétendait parfois, le testament médiéval n'était pas stéréotypé et celui que nous donne Philippe II à la fin de sa vie incite à redécouvrir certains aspects de sa vie.

Références

[modifier |modifier le code]
  1. Baldwin 1991,p. 466.
  2. (en) « Généalogie de Philippe Auguste sur le site Medieval Lands », surfmg.ac.
  3. Pierre-Sébastien Laurentie,Histoire de France,vol. 6, Lagny,(lire en ligne),p. 234.
  4. Jean Flori,Philippe Auguste : la naissance de l'État monarchique, Paris,Éditions Tallandier,,p. 32 et 34.
  5. François Guizot et GuillaumeLe Breton,Vie de Philippe Auguste, librairie Briere,coll. « Collection des mémoires relatifs l'histoire de France »,(lire en ligne).
  6. André Burguière, Jacques Revel, Jacques Le Goff,Histoire de la France, éd. du Seuil, 1993,[lire en ligne].
  7. Bernard Guenée,Politique et histoire au Moyen Âge, Publications de la Sorbonne, 1981,390 pages,[lire en ligne],p. 158.
  8. Pysiak 2002,p. 1172.
  9. Pierre Chastang,Le passé à l'épreuve du présent, Presses Paris Sorbonne, 2008,[lire en ligne],p. 228.
  10. Les abbés de Saint-Germain-des-Prés, de Saint-Victor et de Sainte-Geneviève ainsi que Philippe d'Alsace, comte de Flandre. VoirSivéry 2003,p. 26.
  11. Constance, sœur du roi, épouse du comte de Toulouse, deux veuves parisiennes dont l'histoire n'a pas retenu le nom. VoirSivéry 2003,p. 26.
  12. Herveline Delhumeau,Le palais de la Cité, Du Palais des rois de France au Palais de Justice, éd. Actes Sud, 2011,p. 28.
  13. Rigord,Vie de Philippe Auguste,[lire en ligne],p. 12.
  14. a etbJean Favier,Les Plantagenêts, Fayard 2004pp. 516-518.
  15. Aryeh Graboïs, « Louis VII pèlerin »,Revue d'histoire de l'Église de France,t. 74,no 192,‎,p. 17-18(lire en ligne).
  16. Baldwin 2006,p. 120.
  17. Oncle maternel du roi, archevêque de Reims depuis 1176, cardinal et légat papal. VoirSivéry 2003,p. 40.
  18. Henri Martin,Histoire de France, depuis les temps les plus reculés jusqu'en 1789,vol. 3, Furne, 1855,[lire en ligne],p. 506.
  19. Baldwin 1991,p. 40.
  20. Baldwin 1991,p. 38.
  21. Gabriel Monod et Charles Bémont,Revue historique, volume 53, Librairie G. Bailleère, 1893,p. 273.
  22. Jean-Joseph Expilly,Dictionnaire géographique, historique et politique des Gaules et de la France, volume 1, chez Desaint et Saillant, 1763,p. 269.
  23. Bulletin bibliographique de la Société internationale arthurienne, 1955,p. 94.
  24. Adelaïde Celliez,Les Reines de France, Paris, Ducrocq libraire éditeur, 664 p.,p. 378-381.
  25. Philippe de Heinsberg (1167) et le denier (Dgs 354, Chestret 114) atelier de Maastricht.
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  53. François Neveux,La Normandie des ducs aux rois,Xe – XIIe siècle, Rennes, Ouest-France,, 611 p.(ISBN 2-7373-0985-9,présentation en ligne),p. 561,[lire en ligne],p. 561.
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  130. Surnommé « Auguste » par son biographe Rigord, pour avoir quadruplé le domaine royal, Philippe II a été le premier souverain capétien à concevoir sa fonction aux dimensions de la France.
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  140. Adolphe Poignant,Histoire de la conquête de la Normandie par Philippe-Auguste en 1204, 1854,[lire en ligne],p. 139-151.
  141. Étiquette : Dorian Demarcq.
  142. Le géant est une figure gigantesque qui représente un être fictif ou réel.
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  147. Ugo Bimar, « L'Histoire est une source d'humour inépuisable : rebondissements, personnages improbables… »,France Inter(consulté en).

Annexes

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Sources primaires imprimées

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