Peter Robert Jackson est né àWellington et grandit dans une banlieue au nord dans labaie de Pukerua[2]. Son père, William « Bill » Jackson, est comptable, sa mère, Joan Jackson (née Ruck), est ouvrière ainsi que mère au foyer. Ses parents sont des émigrants d'Angleterre. Tout juste âgé de huit ans, il trouve sa vocation : avec la caméraSuper 8 de ses parents, il fait ses premières armes en réalisation. Il montre déjà un attrait pour leseffets spéciaux puisqu'il crée, avec peu de moyens, des trucages inspirés par ceux deWillis O'Brien etRay Harryhausen. À l'âge de neuf ans, la vision deKing Kong le marque à jamais et il se sent dès lors une âme de réalisateur. À treize ans, il tourne dans le jardin familial une mini-reprise de sonfilm culte avec une figurine deKing Kong, une maquette de l'Empire State Building et des petits jouets, reconstituant fidèlement la célèbre scène finale dans laquelle le gorille monstrueux livre bataille à une escadrille d'avions.
Après avoir réalisé quelques courts métrages, il obtient les subsides suffisants pour mettre en chantier son premier long métrage,Bad Taste, sorti en 1987. Il s'agit d'unecomédiehorrifique etgore qui raconte la venue sur Terre d'une bande d'extraterrestres anthropophages. Ce film, tourné avec ses amis durant les fins de semaine sur une période de quatre années, deviendra culte. C'est aussi à cette époque qu'il rencontreFran Walsh, sa future épouse et mère de ses enfants, et aussi une importante collaboratrice.
Il poursuit sur sa lancée et tourne en 1989Les Feebles, une parodie érotique et « sale » qui se veut une relecture iconoclaste duMuppet Show. Le film est tourné en douze semaines dans un hangar où les gentilles marionnettes deviennent paradoxalement d'horribles individus s'adonnant à la drogue, à la corruption et au meurtre.
En 1992, Peter Jackson réaliseBraindead, unfilm gore à l'humour décapant qui le révèle aux amateurs de cinéma fantastique. Il s'agit d'unfilm de zombies aux activités sanglantes et outrancières, peuplé de morts-vivants stupides et animé de scènes de tueries qui vont devenir cultes pour les amateurs du genre. Ce film est son premier long métrage réalisé avec des acteurs professionnels, et remporte le Grand Prix dufestival d'Avoriaz. Cependant, pour beaucoup la réputation de Jackson semble faite et les critiques le considèrent comme un jeune réalisateur peu sérieux, capable de s'acquitter exclusivement de films d'horreur aux scènes extrêmes et à l'humour déjanté.
En 1993, il s'associe àRichard Taylor — fondateur deWeta Workshop, studio d'effets spéciaux spécialisé en prothèses et maquillages (qui avait déjà travaillé surLes Feebles) — pour fonder une nouvelle division,Weta Digital, dédiée quant à elle aux effets spéciaux numériques.
Cinéma fantastique et révélation critique (années 1990)
En 1994, il surprend en réalisantCréatures célestes (Heavenly Creatures), un drame poétique, déchirant et onirique, inspiré d'une vraie affaire criminelle qui en son temps passionna laNouvelle-Zélande dans lesannées 1950. C'est l'histoire d'un matricide commis par deux jeunes filles dont l'une deviendra la romancièreAnne Perry. Ce film obtient un Lion d'Argent aufestival de Venise, récolte une moisson de prix dans divers festivals et se retrouve en nomination pour l'Oscar du meilleur scénario. Il révèle également l'actriceKate Winslet (l'héroïne du filmTitanic).Heavenly Creatures propulse Peter Jackson au rang des cinéastes respectés par les critiques professionnelles et prouve qu'il peut raconter des histoires plus sérieuses que celles d'un mystérieux rat, ou des dérives sexuelles de marionnettes...
En 1995, il co-réaliseForgotten Silver, véritable coup de maître. Ce faux documentaire, dans l'esprit de ceux d'Orson Welles, porte sur un cinéaste néo-zélandais, Collin McKenzie, qui aurait inventé la majorité des techniques du cinéma moderne — film parlant, film en couleur, etc. — affirmations cautionnées par de nombreux témoignages. Le public y croit et se laisse berner même si McKenzie n'a jamais existé. La supercherie est officiellement révélée quelques jours plus tard et le film assure à Peter Jackson une place définitive dans le cœur des Néo-Zélandais.
Hollywood le courtise, et il signe chezUniversal pour la réalisation deFantômes contre fantômes (The Frighteners), une comédie mettant en vedetteMichael J. Fox (Retour vers le futur) dans le rôle d'un chasseur de fantômes. Réticent toutefois à tourner à Hollywood, le réalisateur propose à Universal de délocaliser la production enNouvelle-Zélande, siège de ses studios et de sa société d'effets spéciaux (et de paysages quasi-vierges sur le plan cinématographique), où il a l'habitude de travailler. Ces conditions sont acceptées, car Jackson fait par ailleurs la preuve que les coûts de production en seront diminués.
En cours de tournage, il reçoit plusieurs propositions des studios hollywoodiens pour d'autres projets, dont une reprise deLa Planète des singes, une adaptation duSeigneur des anneaux et une autre reprise, celui deKing Kong. Alors que la réalisation deLa Planète des singes est finalement dévolue àTim Burton, Peter Jackson prend une option sur leSeigneur des anneaux, et choisit de se consacrer àKing Kong, son amour de jeunesse. Cependant, l'échec commercial deFantômes contre fantômes, puis la sortie imminente de deux films concurrents —Godzilla deRoland Emmerich etMon ami Joe — incitentUniversal à annuler le projet. Jackson s'attaque donc à l'ambitieuse adaptation cinématographique de la saga deJ. R. R. Tolkien, à laquelle il consacrera plus de sept ans de sa vie.
Consécration avecLe Seigneur des anneaux etKing Kong (1999-2005)
Pour écrire le scénario, Peter Jackson s'adjoint son épouseFran Walsh, de même quePhilippa Boyens etStephen Sinclair. Les films sortis au cinéma, d'une durée variant de deux heures cinquante et une minute à trois heures et douze minutes, sont tournés simultanément de septembre1999 à décembre2000 enNouvelle-Zélande. Il existe une version longue de chaque film (228, 235 et 263 minutes).
Lancés en,2002 et2003, ils bénéficient d'une sortie simultanée dans de nombreux pays, notamment aux États-Unis, en Nouvelle-Zélande et dans les pays européens. Le succès est total, tant sur le plan artistique que commercial : une critique internationale très positive, plus de trois milliards de dollars de recettes mondiales pour une mise de départ de trois cent millions et 17Oscars (sur 29 nominations) pour l'ensemble de la trilogie. À titre personnel, Peter Jackson remporte l'Oscar du meilleur réalisateur en 2004 pourLe Seigneur des Anneaux : Le Retour du Roi. Cette trilogie a surpassé les pronostics les plus optimistes, en plus de remettre au goût du jour un genre cinématographique, lafantasy, jusqu'alors mal-aimé.
Après le succès remporté par leSeigneur des anneaux, Peter Jackson est immédiatement relancé parUniversal pour le projet deKing Kong, la reprise dufilm original de 1933. Il signe un important contrat pour un budget de plus de 200 millions de dollars US, avec un salaire de 20 millions pour lui et ses coscénaristes plus 20 % d'intéressement sur les bénéfices, faisant de lui un des metteurs en scène les mieux payés d'Hollywood. Pour porter la nouvelle version deKing Kong au grand écran, il fait appel à ses collaborateurs habituels :Frances Walsh etPhilippa Boyens qui signent avec lui le scénario, puisRichard Taylor qui assure la conception des effets spéciaux.
Il s'agit d'un film de trois heures, véritable reprise du film original deMerian C. Cooper, tourné dans la baie de Wellington avec reconstitution duNew York de1933, 3 000 plans reconstitués dans les moindres détails grâce aux effets spéciaux, un réseau de rues amovibles, 1 700 figurants et 1 300 techniciens. La distribution comprendNaomi Watts (Mulholland Drive),Jack Black (L'Amour extra-large),Adrien Brody (Le Pianiste) etAndy Serkis, l'interprète deGollum dans leSeigneur des anneaux. Le tournage débute un mois après le décès de l'actriceFay Wray qui avait joué dans le film original et que Jackson souhaitait voir apparaître dans sa reprise pour prononcer la réplique finale. La première mondiale deKing Kong a eu lieu le àNew York pour une sortie mondiale fin2005. Le film sera régulièrement cité comme l'un des meilleurs films de l'année et remportera 3 Oscars lors de la78e cérémonie des Oscars en 2006. Les recettes mondiales s'élèvent à 556 millions de dollars, faisant de lui le cinquième plus grand succès cinématographique de 2005. Le film fit 3,5 millions d'entrées en France.
Peter Jackson a caressé pour un temps l'idée de produire l'adaptation cinématographique du populaire jeuHalo, dont le tournage devait avoir lieu en 2007. Le projet fut abandonné puisque les deux studios qui s'étaient engagés à le financer,20th Century Fox etUniversal, ont finalement trouvé l'aventure trop risquée[réf. nécessaire].
Le réalisateur au San Diego Comic-Con 2009, l'année de sortie deLovely Bones.
AprèsKing Kong, Peter Jackson se consacre à un projet moins ambitieux et plus intimiste que ses précédents films. Doté d'un budget de 65 millions de dollars et d'une campagne mercatique virale, le filmLovely Bones est l'adaptation cinématographique du romanLa Nostalgie de l'ange d'Alice Sebold. La distribution inclutSaoirse Ronan etMark Wahlberg ; le film est coproduit parDreamWorks. Le film sort fin 2009 en Nouvelle-Zélande et début 2010 dans le reste du monde. Le succès ne sera pas vraiment au rendez-vous. Commercialement, avec 93 millions de dollars au Box-Office, le film ne comble pas les dépenses publicitaires, le film ne dépasse les 300 000 entrées en France, la concurrence fut particulièrement élevée (La Princesse et la Grenouille etAvatar). Artistiquement, la critique fut très mitigée sur le film, s'égarant entre drame et thriller, le film tombe dans la maladresse.
Le procès avec New Line,Le Hobbit etles aventures de Tintin
En, Peter Jackson poursuit en justiceNew Line, affirmant qu’il avait perdu les recettes de marchandisage deLa Communauté de l’anneau, premier volet de la trilogie. Bien que le réalisateur ait estimé la poursuite mineure et qu’il pensait que la New Line le laisserait diriger le film encore une fois, son cofondateurRobert Shaye a été très affecté par le procès et a déclaré en que le réalisateur ne dirigera aucun nouveau film pour la New Line, l’accusant d’être trop « gourmand » et allant même jusqu’à le qualifier d’« individu myope et arrogant », regrettant « la perte d’un ami. » Il est donc écarté du projetLe Hobbit, préquelle duSeigneur des anneaux. La production cherche alors un nouveau réalisateur en pour une sortie en 2009.
Dès, les tensions s’atténuent entre le réalisateur et la production, en partie grâce au projet, que les fans et les acteurs n’imaginent pas sans lui. C’est pourquoi l'adaptation cinématographique duHobbit est officiellement lancé en décembre de la même année pour une sortie en 2010 (le film sera finalement retardé d’un an), Peter Jackson occupant le poste deproducteur etcoscénariste, refusant celui de réalisateur de peur d’être insatisfait du résultat final face à l’ampleur de sa « trilogie » et de rivaliser avec cette dernière.Sam Raimi entame alors de sérieuses négociations avec la New Line, étant le préféré de Peter Jackson, avant queGuillermo del Toro ne soit nommé en tant que réalisateur. Cependant, le,Guillermo del Toro démissionne de son poste de réalisateur à la suite des nombreux retards et problèmes financiers accumulés par laMGM. Toutefois, il reste à son poste de coscénariste.
Après ce flou artistique, on annonce que Peter Jackson occupera finalement le rôle de réalisateur. Ce dernier confirme à la mi-octobre2010 que le tournage des deux voletsen relief débutera en mars2011. Finoctobre le feu vert est lancé pour la production des deux films, les acteurs sont dévoilés et les dates confirmées. En juillet2012, Jackson annonce que l'adaptation est prolongée et devient une trilogie.Le Hobbit : Un voyage inattendu,Le Hobbit : La Désolation de Smaug etLe Hobbit : La Bataille des Cinq Armées sortent en décembre2012,2013 et2014. La trilogie sera un triomphe commercial, rapportant près de trois milliards de dollars de recettes mondiales, ce qui rentabilise largement le budget de 250 millions pour chaque volet. Cependant, la réception critique est dans l'ensemble mitigée, contrairement à celle duSeigneur des Anneaux qui fut très positive.
De concert avecSteven Spielberg, Peter Jackson produit l'adaptation cinématographique deTintin. Pour animer les personnages de la célèbre bande dessinée deHergé,Weta Digital utilise un nouveau procédé de capture de mouvement. Spielberg réalise le premier film et Jackson le second. Il s'agit d'une production d'envergure dont le budget avoisine les 100 millions de dollars. Le premier opus,Les Aventures de Tintin : Le Secret de La Licorne, est sorti sur les écrans belges et français le.
Dans le cadre de la sortie de son dernier film comme réalisateur, le, Steven Spielberg déclare que Peter Jackson s'attèlera au tournage du deuxième film après la sortie de son documentaire, en fin d'année 2018. Il faut prévoir la post-production, donc« pas de sortie de film avant 2021 » (soit 10 ans après le premier film)[3]. Dans le cadre des 90 ans de la série de bande-dessinéeTintin, le, le projet d'un second filmTintin est confirmé par le directeur éditorial de Casterman[4]. Aucune nouvelle depuis tant de la part de l'éditeur que des producteurs. Près de dix ans après le premier film, le projet semble de nouveau au point mort.
Dès 2017, Peter Jackson est recruté parApple Corps, la compagnie desBeatles, afin de réaliser un nouveau documentaire sur le groupe. Jackson, qui est un très grand admirateur de longue date de ce grouperock britannique, a été le premier à pouvoir visionner toutes les images tournées durant le mois de pendant que les musiciens répètent et enregistrent des chansons, sous l'œil des caméras deMichael Lindsay-Hogg qui tournent presqu'en continu, se concluant par unconcert privé sur le toit de l'immeuble de leursiège social. En 1970, l'albumLet It Be et lefilm homonyme en avaient été tirés. Durant plus de cinquante ans, la grande majorité de la soixantaine d'heures d'images étaient restées inédites[5]. Jackson et son équipe passent plus de trois ans à les restaurer et à les monter. Sa société a même créé un logiciel qui utilise unalgorithme d'intelligence artificielle afin séparer les sons et les rendre plus audibles[6].
Le résultat est un documentaire de près de huit heures, divisé en trois épisodes, intituléThe Beatles: Get Back. Il est diffusé à partir du sur la plateformeDisney+[7]. Alors que le film de 1970, sorti au moment de la rupture du groupe, avait une ambiance sombre où l'on voyait les membres quelques fois tendus ou en désaccord, Peter Jackson entend« casser le mythe ». Il déclare :« J'ai été soulagé de découvrir que la réalité est différente du mythe. Après avoir passé en revue les images et les sons réalisés parMichael Lindsay-Hogg dix-huit mois avant leur séparation, j'ai découvert un document historique inestimable. Bien entendu, il y a des tensions, mais rien de la discorde qui est souvent associée à ce projet. Regarder John, Paul, George et Ringo travailler ensemble à la création de ces classiques est non seulement fascinant, mais aussi drôle, exaltant et étonnamment intime »[8]. Il dit aussi« C'est une sorte de rêve de fan impossible. J'aurais aimé entrer dans une machine à remonter le temps et m'assoir dans un coin pendant qu'ils travaillaient. Juste un jour, juste les regarder, et je serais là, assis, vraiment tranquille. Eh bien savez-vous quoi ? La machine à remonter le temps est là, maintenant ! »[5].
Dans les années qui suivent, Jackson et son équipe participent d'autres projets du groupe. Pour sa dernière chanson,Now and Then, ils effectuent la séparation de la voix deJohn Lennon de l'enregistrement démo et Jackson réalise sonclip[9]. Ils s'occupent de la séparation du son pour les remixages de l'albumRevolver, des compilations étargiesThe Beatles 1962–1966[10] et d'Anthology, cette dernière qui inclus la restauration de la voix de Lennon des chansonsFree as a Bird etReal Love. Ils prennent en charge la restauration des images et du son des documentairesBeatles '64[11] etAnthology pour lequel il réalise un neuvième épisode traitant des séances de 1994 et 1995[12].
N.B. : avant d'entreprendre son premier long métrage,Bad Taste, Peter Jackson a réalisé quatre courts métrages :The Dwarf Patrol,The Valley,Coldfinger etCurse of the Gravewalker. Il réalisa un cinquième court métrage en 2008,Crossing the Line.
2001 :Le Seigneur des anneaux : La Communauté de l'anneau : un vagabond dans les rues amenant à l'auberge du « poney fringant ». Il apparaît sur la droite de l'écran mangeant une carotte. Il est également affiché sur le mur dans la maison de Bilbo, à côté d'un portrait de sa femme.
Le, Peter Jackson est fait Chevalier de l'Ordre du Mérite de Nouvelle-Zélande, le premier titre de noblesse britannique. Ce prix lui a été attribué pour ses « services rendus au cinéma[13] ».
1989 : prix d'audience au festival Fantafestival pourBad Taste
1990 : nomination pour le meilleur film au festival International Fantasy Film Award pourBad Taste
1993 : grand prix du festival d'Avoriaz pourBraindead
1995 : grand prix du jury au festivalFantastic'Arts pourCréatures célestes
Les films de Peter Jackson ont remporté 6,65 milliards de dollars de recettes dans le monde entier, il est le troisième cinéaste le plus rentable de l'histoire du cinéma derrièreJames Cameron (8,74 milliards) etSteven Spielberg (12,04 milliards).