À la suite d'uncoup d'État non-violent, il est à la tête du Pakistan du au, mais officiellement président de la République seulement du au.
Après être entré dans l'armée pakistanaise en 1964, Pervez Musharraf ne cesse de progresser dans la hiérarchie, jusqu'à être nommé chef de l'armée par le Premier ministreNawaz Sharif en. Le, il est l'instigateur du coup d’État militaire contre le gouvernementélu de Nawaz Sharif peu après leconflit du Kargil, dans un contexte tendu entre le pouvoir civil et le pouvoir militaire et alors que Nawaz Sharif avait tenté de nommer un autre chef de l'armée. Pervez Musharraf devient ainsi le dirigeant duPakistan alors que la loi martiale est instaurée et laConstitution suspendue.
En 2001, alors que laConstitution est rétablie, il devient officiellement président de la République. Il est confirmé dans sa position par laCour suprême puis après la courte victoire auxélections législatives de 2002 du parti le soutenant, laLigue musulmane du Pakistan (Q), il obtient la confiance du collège électoral en 2004. Son mandat coïncide avec un rapprochement entre son pays et lesÉtats-Unis, alors que Pervez Musharraf promet de lutter contre le terrorisme après lesattentats du 11 septembre 2001. D'un autre côté, il permet une libéralisation des médias et améliore relativement les droits des femmes. Il est réélu par le collège électoral en octobre 2007 alors que dans le même temps son pouvoir est de plus en plus contesté, notamment par lemouvement des avocats. Après la défaite du parti politique le soutenant auxélections législatives de 2008, il démissionne alors que la coalition au Parlement entendait entamer une procédure de destitution contre lui.
Il s'est exilé début 2009 àDubaï puisLondres, et a lancé le àLondres un nouveau parti politique, laLigue musulmane de tout le Pakistan. Évoquant plusieurs fois son retour pour participer aux futures élections, il rentre finalement le malgré les menaces de mort de talibans et les risques d'arrestation par la justice en raison de sa négligence supposée de la sécurité deBenazir Bhutto lorsqu'il était au pouvoir.
Second de trois enfants, Pervez Musharraf est donc né en Inde à Daryaganj, près de Delhi. Après l'indépendance et lapartition de l'Inde britannique (Empires des Indes) en1947, sa famille émigre alors vers le nouvel état pakistanais et s'installe àKarachi, dans la province duSind. Musharraf est ainsi unmuhadjir. Le frère de Musharraf est médecin àChicago.
Pervez Musharraf passe une partie de son enfance enTurquie où il apprend à parler couramment leturc, son père diplomate reste plusieurs années en poste à l'ambassade du Pakistan àAnkara. Par la suite, ce dernier intègre le ministère pakistanais des Affaires étrangères, progressant au fil de sa carrière jusqu'à la position de chef de section.
Musharraf et sa femme Sehba rencontrant leurs homologues polonaisMaria etLech Kaczyński.
Pervez Musharraf est marié à labégum Sehba Musharraf. Ils ont deux enfants mariés (parents eux aussi de deux enfants chacun) :
une fille, Ayla Raza, qui travaille comme architecte àKarachi.
En2006, il écrit ses mémoires intitulésIn the Line of Fire : A Memoir, ce qui lui a valu diverses controverses et polémiques dans son propre pays, mais aussi chez les plus hauts dirigeants politiques américains.
Leconflit du Kargil précipite les événements : du 9 mai au, des combats ont lieu entre des troupesislamistes pakistanaises infiltrées en territoireindien et soutenues par le pouvoir, et l'Inde. Ce conflit se solde par une défaite duPakistan, désavoué de surcroît par ses alliés traditionnels, comme lesÉtats-Unis.
Cette défaite débouche sur uncoup d'État militaire auPakistan le. L'armée renverse le gouvernement civil deNawaz Sharif, qui est remplacé par legénéral Pervez Musharraf, nommé chef de l'exécutif. Ce dernier devient officiellementprésident de la République le.
Le, le présidentMuhammad Rafiq Tarar est relevé de ses fonctions et remplacé par Pervez Musharraf, après avoir refusé de démissionner[3]. Musharraf conserve la direction du gouvernement, alors que le ministre des FinancesShaukat Aziz était pressenti pour lui succéder[4]. Il prête serment pour être président jusqu'au 11 octobre 2002[5].
Il est confirmé dans ses fonctions de président le, lors d'un référendum qui recueille 99,7 % de « oui » selon les chiffres officiels, avec une participation de 80 %, taux inhabituellement élevé dans le pays. Alors que des irrégularités sont dénoncées, Musharraf présente ses excuses lors d'une allocution télévisée concernant les irrégularités ayant entaché l'élection.
Sa présidence est marquée, entre autres, par le vote par le Parlement, le, de laloi de protection des femmes, qui amende lesordonnances Hudood promulguées en 1979 par le régime deZia-ul-Haq. Il permet également en 2002 la libéralisation du secteur des médias, ce qui conduit à la multiplication du nombre de chaînes télévisées (plus de cent) dont de nombreuses chaines d'information en continu, alors que pays profite d'une croissance économique[8]. Il fait par ailleurs adopter une réforme constitutionnelle renforçant ses pouvoirs au détriment duParlement[9].
Il abandonne le poste de chef des armées au lendemain de sa réélection (671 voix contre 8 et 491 abstentions) au poste de président, le. Alors queBenazir Bhutto etNawaz Sharif rentrent auPakistan à la fin de l'année2007 en vue des élections législatives, ceux-ci se situent dans l'opposition à Musharraf dont la popularité est alors en baisse.
Cultivant une image de dirigeant modéré et connu pour sa consommation dewhisky et decigares dans un pays musulman conservateur, son image se dégrade à partir de mars 2007 lorsqu'il tente de limoger un juge de la Cour suprême, ce qui provoque des manifestations[10].
Benazir Bhutto estassassinée le et des émeutes suivent l'annonce de sa mort. Les partisans de Bhutto accusent Musharraf d'être responsable de sa mort. Musharraf réunit alors son gouvernement ensituation d'urgence et annonce trois jours de deuil national. Le, le parti soutenant Musharraf perd lesélections législatives et le 25 mars un nouveau gouvernement, dirigé parYoussouf Raza Gilani, entre en fonction.
Le, les partis de coalition annoncent qu'ils sont parvenus à un accord de principe pour lancer une motion de destitution contre le président Musharraf[11]. Le 18 août suivant, Pervez Musharraf annonce sa démission lors d'une allocution télévisée[12].
Le, alors que Musharraf vit àLondres, le rapport d'enquête sur l'assassinat deBenazir Bhutto le remet en cause son gouvernement en l'accusant d'avoir négligé la sécurité de l'ancienne Première ministre. Ce rapport est un coup dur pour l'ancien président, et leRoyaume-Uni décide quelques jours plus tard de retirer le service de protection dont Musharraf bénéficiait jusqu'ici[13].
Le, il annonce sa volonté de revenir auPakistan pour retourner sur la scène politique[14]. Il communique souvent viaFacebook. Il a annoncé vouloir créer un nouveau parti politique, mais ne réussit pas à obtenir un soutien suffisant parmi les personnalités politiques de son pays. Il vivrait la majeure partie de son temps auxÉmirats arabes unis, refusant de retourner auPakistan pour le moment[15].
Le, il lance àLondres son nouveau parti laLigue musulmane de tout le Pakistan. Il a alors réitéré ses excuses pour avoir commis des « erreurs » durant son mandat. Quelques jours auparavant, il a prévenu qu'un nouveau coup d'État militaire était probable auPakistan et il a critiqué l'action du gouvernement pakistanais dans salutte contre les insurgés islamistes. Dans un entretien le auSpiegel, il déclare que« Le Pakistan a besoin de trouver une stratégie pour continuer à exister, pour faire face à la situation avec des gens commeSeraj Haqqani,Gulbuddin Hekmatyar (chefs de guerre afghans), les talibans pakistanais etmollah Omar. Quand les Occidentaux partiront, nous nous retrouverons seuls », en clair, qu'une offensive généralisée n'est pas à l'ordre du jour selon lui[16].
Pervez Musharraf est cité à comparaître devant le Tribunal anti-terroriste deRawalpindi le, dans le cadre de l'enquête sur l'assassinat deBenazir Bhutto[17]. Il est accusé d'avoir négligé la sécurité de l'opposante, alors que cinq personnes sont également suspectées d'avoir joué un rôle dans l'assassinat, dont des membres duTehrik-e-Taliban Pakistan et des officiels de la police.
Il rentre finalement au Pakistan le pour conduire la campagne de son parti auxélections législatives du 11 mai 2013[18] alors qu'il est menacé de mort par les talibans. Par ailleurs, sa candidature auxélections législatives de 2013 a été invalidée par la Commission électorale, ce qui pousse le parti à boycotter le scrutin[19]. Toutefois, certains candidats du parti refusent de suivre le boycott ou ne peuvent retirer leur candidature, faute de temps, c'est ainsi qu'un des candidats est élu dans ledistrict de Chitral, à l'Assemblée nationale, tandis qu'un autre est élu à l'Assemblée provinciale de Khyber Pakhtunkhwa.
Enjanvier 2016, alors qu'il est placé en résidence surveillée dans l'attente de ses procès dans plusieurs affaires, il est relaxé pour le meurtre d'un chef rebelle tribal[20]. Le, il quitte lePakistan pourDubaï, officiellement pour des raisons de santé[21]. Ne se présentant pas à certaines audiences, il est de nouveau menacé d'arrestation s'il rentre au Pakistan. LaCommission électorale refuse sa candidature pour lesélections législatives de 2018 puis Pervez Musharraf abandonne la présidence de son parti, expliquant ne pas pouvoir le diriger depuis l'étranger. Mohammad Amjad le remplace au poste de président[22].
Jugé parcontumace le, il est condamné à mort pour haute trahison mais reste à Dubaï pour raisons de santé[23]. Le, cette condamnation est suspendue par la justice[24]. La Cour suprême du Pakistan confirme la condamnation à mort prononcée en 2019 contre l'ancien dirigeant Pervez Musharraf, qui vivait en exil à Dubaï, aux Émirats arabes unis, jusqu'à sa mort[25].